Sombre

“Only the mob and the elite can be attracted by the momentum of totalitarianism itself. The masses have to be won by propaganda.” (Hannah Arendt) IN GIRUM IMUS NOCTE ECCE ET CONSUMIMUR IGNI

  • https://lundi.am/Un-orage-pret-a-eclater-6131

    Romain Huët répond ici au texte de l’historien Anton Jäger L’échec des protestations de masse à l’ère de l’atomisation paru dans la revue Le Vent Se Lève.
    . Alors que certains déplorent l’absence de parti ou de syndicats consistants et y voient le résultat de « l’atomisation » des manières d’être au monde, Romain Hüet pose, au contraire, que les dernières luttes doivent nous forcer à assumer un autre constat : nous sentons un désir de retour plus massif au monde.

    Depuis quelques années, le perfectionnement et la radicalisation des techniques répressives montrent bien la crainte des pouvoirs. Ces derniers ne cessent de commander des enquêtes sur l’acceptabilité sociale de leurs mesures. Ils s’inquiètent de la « radicalisation » et de toutes ces vies saturées d’énergies insatiables. Partout en Europe, ils renforcent les effectifs et les équipements de la police. Ils savent que ça déborde. Ça ne tient que par la force. Sur ce point, les récents mouvements sociaux ont obligé les pouvoirs à une pure dépense physique de la force pour contenir ce qui les dépasse. Les techniques répressives s’attaquent à au moins deux choses : aux corps et aux joies explosives des révoltes. Les institutions policières sont désormais tenues de se mettre en spectacle. Par là même, elles ne sont pas renversées, elles sont dépotentialisées. Pendant ce temps-là, les réactionnaires expriment sans relâche leur « panique morale ». C’est l’ultime geste de résistance du vieillard sénile qui annule tout ce qui commence. Il ne comprend plus grand-chose des nouvelles attentes morales qui s’expriment un peu partout. Alors, il s’agite, braille, s’épuise jusqu’à retourner dans son sinistre chez lui, rongé par la petite mort lente du cynisme. Il n’a su résister au « devenir con » : celui qui annule les commencements.

    Revoir https://seenthis.net/messages/1049118

  • 50 nuances de brun : quelques pistes d’autodéfense | Mediapart | 14.04.24

    https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/140424/50-nuances-de-brun-et-un-desir-de-transgression

    Repérer les circulations et les généalogies des idéologies

    Concrètement, cette tenaille, obligeant à ne pas tout confondre si l’on veut discerner les motifs qui font gagner – ou, plus rarement, perdre – ces droites dures tout en prenant la mesure de ce qui les relie, exige de repérer les circulations et les généalogies qui existent entre elles, même si les contextes nationaux sont bien sûr toujours spécifiques.

    L’élection de Javier Milei en Argentine en constitue un exemple parlant. L’homme est un pur produit de l’échiquier politique et de l’équation économique du pays : il a réussi à incarner à la fois le rejet viscéral du péronisme qui a gouverné l’Argentine pendant des décennies et une prétendue réponse à une situation inflationniste inédite.

    En cela, il semble impensable qu’une figure similaire soit exportable sous d’autres latitudes. En revanche, on peut souligner qu’il a fait campagne en important dans un pays historiquement étatiste une pensée libertarienne – dans sa version marginale incarnée par Murray Rothbard – qui en était totalement absente.

    Certaines circulations des thématiques d’extrême droite sont d’ores et déjà bien identifiées, à l’instar du « grand remplacement » qui prétend que l’on encourage la disparition des populations blanches des pays occidentaux au profit des populations racisées venues d’ailleurs.

    • On peut enfin distinguer une troisième catégorie de circulations, souvent plus difficiles à repérer car elles opèrent sous les radars ou conduisent à des ponts a priori surprenants. Le livre récent des sociologues Kristina Stoeckl et Dmitry Uzlaner, The Moralist International. Russia in the Global Culture Wars (L’Internationale moraliste. La Russie dans les guerres culturelles globales) explore ainsi la généalogie d’un récit commun entre la droite chrétienne états-unienne et l’Église orthodoxe russe. Retraçant précisément les origines et les raisons de la similitude des discours du Kremlin et des extrêmes droites états-uniennes et européennes sur les valeurs traditionnelles, la famille, l’avortement et la « décadence de l’Occident ».

      Le livre explore la manière dont l’extrême droite chrétienne états-unienne a exporté ses thèses en Russie dans la décennie 1990 en fondant le Congrès mondial des familles (WCF, World Congress of Families), une organisation abritée par un think tank conservateur, le Howard Center for Family, Religion and Society, devenu depuis l’Organisation internationale pour la famille.

      Dans le même ordre d’idées, on pourrait citer la façon dont le « mythe boréaliste » est régulièrement mobilisé par l’extrême droite européenne afin de justifier ses délires racialisants. Dans un précédent papier de la Revue du crieur, Lionel Cordier montrait que cette utopie du Grand Nord catalysant une promotion de la blanchité se retrouvait dans plusieurs pays d’Europe aux traditions politiques et histoires coloniales distinctes.

      Aux Pays-Bas, le nationaliste néerlandais Thierry Baudet, leader du parti de droite radicale FvD, avait affirmé lors de son discours de victoire aux élections provinciales et sénatoriales de mars 2019 que, « comme tous les autres pays de notre monde boréal, nous sommes en train d’être détruits par les personnes qui devraient nous protéger ».

      En France, la référence a été employée à plusieurs reprises par Jean-Marie Le Pen, lui-même inspiré par le théoricien d’extrême droite Dominique Venner, adepte d’un éloge répété de l’Europe boréale. « Au-delà du Nord qu’elle prétend désigner, écrit Cordier, l’expression se fait nom de code, terreau fertile des fantasmes les plus débridés des extrêmes droites européennes. »

    • Une autre rationalité

      Repérer ces circulations, ces passages, ces métabolisations et ces thématiques qui s’enracinent est une priorité. Mais le geste rencontre une limite, au-delà de l’impossibilité de cartographier définitivement les cinquante nuances de brun qui nous entourent puisque celles-ci sont mouvantes et sans cesse recomposées.

      Cette limite tient à ce que ces droites extrêmes, même si c’est à des degrés divers, relèvent d’une autre rationalité que celle qui a longtemps organisé le champ politique, autour d’une dialectique principale entre progrès et réaction ou entre révolution et réaction.

      Cette « alter-rationalité » permet notamment à des réactionnaires et des nostalgiques d’un ordre ancien mythifié de se présenter comme les derniers ou les nouveaux révolutionnaires. La plupart des acteurs et actrices du champ, quelles que soient les stratégies de respectabilisation déployées, sont des « ingénieurs du chaos », pour reprendre le titre du livre de l’essayiste Giuliano da Empoli.

      En 2018, ce dernier exposait le travail des spin doctors, idéologues, scientifiques ou expert·es du Big Data ayant permis l’arrivée au pouvoir de leaders « disruptifs » qui ont transformé leurs défauts apparents en qualités auprès de celles et ceux qui adhèrent à leurs campagnes et discours : inexpérience censée prouver leur non-appartenance aux élites ; fake news témoignant de leur liberté de penser ; ruptures géopolitiques vues comme des gages d’indépendance…

      Ces personnages et ces idées répondent ainsi, en partie, à un désir de transgression qui semble avoir remplacé l’espoir de changement, réformiste ou révolutionnaire, dans une époque marquée par un avenir bouché par les impasses écologiques et le verrouillage inégalitaire des ressources disponibles.

  • Comprendre le retour de l’inflation dans la crise globale du capitalisme | Le Club
    https://blogs.mediapart.fr/romaric-godin/blog/150424/comprendre-le-retour-de-linflation-dans-la-crise-globale-du-capitali

    Le point de départ de Paul Mattick est donc la question de la profitabilité. Sa vision est conforme à celle de son père et de Henryk Grossman : le capitalisme est bel et bien soumis à une contradiction majeure : pour être plus rentable, il faut augmenter la productivité et donc mécaniser. Mais en mécanisant, on réduit la possibilité de créer suffisamment de surplus productif au regard de la consommation du capital nécessaire. C’est la fameuse « baisse tendancielle du taux de profit », si discutée dans les milieux marxistes mais qui, il faut le souligner, découle assez logiquement de la théorie de la valeur travail de Marx.

    Le capitalisme sait faire face à cette tendance. Il mobilise des contre-tendance permettant de retrouver des moyens d’augmenter le taux de profit. Mais ces moyens sont toujours temporaires et doivent toujours être renouvelées. L’analyse de Grossman, c’est que chaque contre-tendance mobilisée finit par affaiblir encore davantage le système qui doit, finalement, accélérer l’exploitation du travail (et l’on pourrait ajouter aujourd’hui, de la nature) pour produire toujours moins de croissance. Et c’est dans cette dynamique qu’il faut comprendre les apparitions de l’inflation.

  • BALLAST • 1767 : une belle grève de femmes à Poullaouen
    https://www.revue-ballast.fr/1767-une-belle-greve-de-femmes-a-poullaouen

    « Nous nous embar­ras­sons peu de leur révolte ; nous sommes per­sua­dés qu’elle ne tien­dra pas, et quand il en devrait être autre­ment, nous nous en met­tons peu en peine, nous y remé­die­rons1. » C’est en ces termes qu’il y a 257 ans, les action­naires pari­siens de la Compagnie des mines de Basse-Bretagne dis­cu­taient, avec une insou­ciance et une suf­fi­sance bour­geoises, des ouvrières des ate­liers de Poullaouen et du début de leur lutte.

  • Petit thread rigolo mais tellement pertinent par les temps qui courent : ou les nuisances de « l’externalisation » de l’intelligence et de la raison ...

    Thread by Sonic_urticant on Thread Reader App – Thread Reader App
    https://threadreaderapp.com/thread/1779618615211262454.html

    [THREAD]
    1/ On me fait souvent remarqué (et encore à l’instant...) que les maths ça sert pas souvent, tout de même. Et ce qui revient en général c’est « combien de fois t’as utilisé Pythagore dans ta vie » ?
    Voici pourquoi cette question est piégeuse.⏬

  • La fin de l’innocence, par Frédéric Lordon (Les blogs du Diplo, 15 avril 2024)
    https://blog.mondediplo.net/la-fin-de-l-innocence

    […] Que le poisson pourrisse par la tête, c’est même deux fois vrai. Car on peut d’abord entendre la tête en un sens métaphorique : la tête, ce sont les dirigeants et plus généralement les dominants — et à cet étage, en effet, la pourriture est désormais partout. Mais on peut aussi l’entendre en un sens métonymique : la tête : comment ça pense — dans l’événement ; la tête : les opérations de pensée, et en l’occurrence plutôt le dérèglement des opérations de pensée — en fait : l’effondrement des normes qui sont supposées les gouverner.

    Ici, l’effondrement des formes de l’argumentation n’est pas imputable à la bêtise pure (qui fait rarement une bonne hypothèse) : il est imputable à la bêtise intéressée. Les intérêts matériels déterminent, même si c’est par une médiation très étirée (jusqu’à en être méconnaissable), des intérêts de pensée, ou disons des inclinations à penser comme ceci et à interdire de penser comme cela. C’est ici même que la tête pourrie du poisson articule ses deux sens : la violence du front bourgeois (c’était la métaphore) déchaînée dans l’imposition de ses formes de pensée (c’était la métonymie).

    […] les bourgeoisies occidentales sont viscéralement du côté d’Israël. Les bourgeoisies occidentales considèrent que la situation d’Israël est intimement liée à la leur, liaison imaginaire, à demi-consciente qui, bien plus qu’à de simples affinités sociologiques (entre start-up nations par exemple), doit souterrainement à un principe de double sympathie, lui parfaitement inavouable : sympathie pour la domination, sympathie pour le racisme — qui est peut-être la forme la plus pure de la domination, donc la plus excitante pour les dominants. Deux sympathies qui se trouvent exaspérées quand la domination entre en crise : crise organique dans les capitalismes, crise coloniale en Palestine, c’est-à-dire quand les dominés se soulèvent de n’en plus pouvoir, et que les dominants sont prêts à l’écrasement pour réaffirmer.

    Cependant, il y a plus encore, bien plus profond et plus fascinant pour les bourgeoisies occidentales – je dois cette idée à Sandra Lucbert, qui a vu ce point précis en élaborant le mot que je crois décisif : innocence. Le point de fascination de la bourgeoisie occidentale, c’est l’image d’Israël comme figure de la domination dans l’innocence, c’est-à-dire comme « point fantasmatique réalisé » (1). Dominer sans porter la souillure du Mal est le fantasme absolu du dominant. Car « dominer en étant innocent est normalement un impossible. Or Israël réalise cet impossible ; et en offre le modèle aux bourgeoisies occidentales » (2).

    • L’effort pour ne pas voir

      Les humains ont plusieurs moyens pour ne pas regarder en face leur propre violence et pouvoir s’établir dans l’innocence quoiqu’en se livrant à toutes leurs autres passions, notamment à leurs passions violentes, à leurs passions de domination. Le premier consiste à dégrader les autres humains sur qui ces passions s’exercent : ils ne sont pas véritablement des humains. Par conséquent le mal qu’on leur fait est, sinon un moindre mal, un mal moindre. En tout cas il n’est certainement pas le Mal, et l’innocence n’est pas entamée.

      Le deuxième moyen, sans doute le plus puissant et le plus communément applicable, est le déni. C’est à cela par exemple que ne cesse de servir la catégorie de « terrorisme ». Elle est une catégorie faite pour empêcher de penser, pour écarter la pensée, et notamment la pensée que ex nihilo nihil : que rien ne sort de rien. Que les événements ne tombent pas du ciel. Qu’il y a une économie générale de la violence, qu’elle fonctionne à la réciprocité négative, c’est-à-dire la réciprocité pour le pire, et qu’on pourrait en paraphraser le principe selon Lavoisier : rien ne se perd, rien ne se crée, tout revient. Les innombrables, les ahurissantes violences infligées au peuple palestinien depuis presque quatre-vingts ans étaient vouées à revenir. Seuls ceux qui, pour toute opération intellectuelle, ne possèdent que la condamnation étaient assurés de ne rien voir venir avant ni de ne rien comprendre après. Or il est des cas où ne pas comprendre n’est pas une faiblesse de l’intellect mais un tour de la psyché : son impératif catégorique. Il faut ne pas comprendre pour pouvoir ne pas voir : ne pas voir qu’on a part à la causalité – par conséquent qu’on n’est pas si innocent.

      Avoir voulu faire commencer au 7 octobre la séquence d’après le 7 octobre est la malversation intellectuelle la plus vicieuse et la plus caractéristique de ce type général de situation, malversation à laquelle ne pouvaient adhérer que des innocents ontologiques, et tous ceux qui, les enviant, adorent croire avec eux aux effets sans cause. Il ne faut même pas s’étonner que ceux-là, après ça, continuent d’utiliser sans ciller le mot terrorisme pour parler d’écoterroristes ou de terrorisme intellectuel, quand ils devraient se cacher sous terre, écrasés par une honte sacrilège. Ils ne respectent même pas les morts dont ils affectent d’honorer la mémoire et de soutenir la cause. Mais c’est que « terrorisme » est le bouclier de l’innocence bourgeoise et de l’innocence occidentale.

      La situation du mot antisémitisme s’analyse dans des coordonnées très similaires. Dans ses usages, il faudrait plutôt dire dans ses dévoiement présents — qui évidemment n’en épuisent pas tous les cas, puisque de l’antisémitisme, il y en a ! —, dans ces dévoiements présents, donc, l’accusation est faite pour être tournée contre tous ceux qui auraient le projet offensant de rétablir les causalités — et voudraient donc mettre en cause l’innocence.

      Abaissements

      En tout cas, la pourriture par la tête c’est d’abord ça : la corruption intéressée des catégories et des opérations de pensée — parce que ce qu’il y a à protéger est trop précieux. C’est la corruption des catégories, et c’est par conséquent l’abaissement — en de nombreuses instances on pourrait même dire l’avilissement — du débat public. Ça n’est pas un hasard que le poisson pourri ait parlé par la bouche d’Attal puisque cet avilissement est l’un des produits les plus typiques du processus de fascisation dans lequel le macronisme, soutenu par la bourgeoisie radicalisée, a engagé le pays. Un processus qu’on reconnaît à l’empire croissant du mensonge, de la déformation systématique des propos, de la désinformation ouverte, voire de la fabrication pure et simple. Avec, comme il se doit, la collaboration, au moins au début, de tous les médias bourgeois. Un processus qu’on reconnaît donc aussi à sa manière d’arraisonner le débat public en lui imposant ses passages obligés et ses sens interdits.

      Tous les dénis et toutes les compromissions symboliques du monde cependant, toutes les intimidations et toutes les censures, ne pourront rien contre l’énorme surgissement de réel qui vient de Gaza. De quoi le camp du soutien inconditionnel se rend-il solidaire, et à quel prix, c’est ce que lui-même, obnubilé par ses points de réaffirmation, n’est à l’évidence plus capable de voir. Pour tous les autres qui n’ont pas complètement perdu la raison et l’observent, effarés, la perdition idéologique où sombre le gouvernement israélien est sans fond, entre racialisme biologique et eschatologie messianique. Ce que nous savions avant le 7 octobre, et en toute généralité, c’est que les projets politiques eschatologiques sont nécessairement des projets massacreurs. Dont acte.

      Comme l’a montré Illan Papé, le propre d’une colonisation quand elle est de peuplement, c’est qu’elle enveloppe l’élimination de toute présence du peuple occupé — dans le cas du peuple palestinien soit par l’expulsion-déportation, soit, nous le savons maintenant, par le génocide. Ici comme en d’autres occasions pourtant dûment archivées par l’Histoire, la déshumanisation aura de nouveau été par excellence le trope justificateur et permissif de la grande élimination — et nous en avons désormais d’innombrables attestations, aussi bien dans les bouches officielles israéliennes que dans le flot boueux des témoignages de réseaux sociaux, sidérants de monstruosité heureuse et d’exultation sadique. Voilà ce qui surgit quand le voile de l’innocence est levé, et comme toujours, ça n’est pas beau à voir.

      Un point, dans ce paysage d’annihilation, retient l’attention, c’est la destruction des cimetières. C’est peut-être à cela qu’on reconnait le mieux les projets d’éradication totale : à leur jouissance portée jusqu’à l’annihilation symbolique qui, si c’est un paradoxe, n’est pas sans faire penser aux termes du herem de Spinoza (4) : « Que son nom soit effacé dans ce monde et à tout jamais ». En l’occurrence, ça n’a pas été une réussite. Ça ne le sera pas davantage ici.

      Bascule

      De tous ces éléments on peut d’ores et déjà faire la récapitulation en faisant voir le tableau qui en émerge. C’est le tableau d’un suicide moral. Jamais sans doute on n’aura vu dilapidation aussi fulgurante d’un capital symbolique qu’on croyait inattaquable, celui qui s’était constitué autour du signifiant Juif après la Shoah.

      Mais, solidarité pour le pire oblige, l’heure des comptes symboliques s’apprête à sonner pour tout le monde, notamment pour cette entité qui se fait appeler l’Occident en revendiquant le monopole de la civilisation, et qui aura surtout répandu la violence et la prédation enrobées dans ses principes avantageux. Supposé qu’il ait jamais flotté, son crédit moral est désormais envoyé par le fond lui aussi. Il faut l’arrogance des dominants bientôt déchus mais qui ne le savent pas encore pour croire pouvoir soutenir sans dommage ce qu’ils soutiennent actuellement. Des gens qui demeurent ainsi passifs, souvent complices, parfois même négateurs d’un crime aussi énorme, en train de se commettre sous leurs yeux et sous les yeux de tous, des gens de cette espèce ne peuvent plus prétendre à rien. Le monde entier regarde Gaza mourir, et le monde entier regarde l’Occident regardant Gaza. Et rien ne lui échappe.

      On a immanquablement à ce moment une pensée pour l’Allemagne, où le soutien inconditionnel atteint un degré de délire tout à fait stupéfiant, jusqu’au point d’être fait « raison d’État », et dont un internaute à l’humour noir a pu dire : « Décidément, en matière de génocide, ils sont toujours du mauvais côté de l’Histoire ». Il n’est pas certain que « nous » — la France — valions beaucoup mieux, mais il est certain que l’Histoire attend tout le monde au tournant. L’Histoire, en effet : voilà avec quoi l’Occident a rendez-vous à Gaza. Si, comme il n’est pas interdit de le penser, c’est le rendez-vous de sa déchéance et de sa destitution, alors viendra bientôt un temps où nous pourrons nous dire que le monde a basculé à Gaza.

  • Russia raises stakes with moves along Israel’s borders
    https://www.ynetnews.com/article/ryw21svya

    Analysis: While relations have experienced strain since October 7, they have not reached a breaking point, leaving room for potential diplomatic maneuvering in the near future

    As Russian warships from the Pacific Fleet enter the Red Sea amid heightened tensions, and with Russian forces establishing new observation posts along the Israel-Syria border, questions arise about Russia’s intentions in the Middle East.

    The Russian Ministry of Defense announced that a missile cruiser and a frigate have crossed the Bab-el-Mandeb Strait and reached the Red Sea amid ongoing Houthi attacks, though the purpose of their mission remains unclear.

    This move follows the Kremlin’s denial of receiving security assurances from the Houthis to prevent attacks on their ships, raising concerns about Russia’s strategic goals.
    Simultaneously, Russian forces continue to expand their presence in the Syrian Golan Heights, with plans to inaugurate an 11th observation post soon.

    The recent surge in Russian involvement in the region, particularly concerning Israel, since October 7, prompts two main interpretations.

    Firstly, Russia appears to be asserting itself in the Red Sea, aligning its actions with its rhetoric. By deploying ships to the Red Sea amidst escalating tensions, Russia is signaling its willingness to engage in the volatile maritime arena, potentially altering the dynamics of the region significantly.

    Moreover, Russia’s increased presence along the Israel-Syria border could serve to bolster its position in the event of a broader conflict, positioning itself as a key player in regional affairs.

    The second interpretation suggests that Moscow is sending a clear message to Jerusalem. Recent tensions between the two nations, particularly regarding Russia’s support for Hamas and Israel’s statements in support of Ukraine, may have prompted Russia to increase its military presence along Israel’s borders as a form of diplomatic pressure.

    • l’entrée du croiseur et de la frégate en mer Rouge
      https://seenthis.net/messages/1047919

      les Russes sur le Golan (chez i24, la première partie de l’article traitait des navires en mer Rouge)

      Russia Raises Stakes With Moves Along Israel’s Borders - Analysis - I24NEWS
      https://www.i24news.tv/en/news/analysis-opinion/artc-russia-raises-stakes-with-moves-along-israel-s-borders-analysis

      Simultaneously, Russian forces continue to expand their presence in the Syrian Golan Heights, with plans to inaugurate an 11th observation post soon.

      The recent surge in Russian involvement in the region, particularly concerning Israel, since October 7, prompts two main interpretations.

      Firstly, Russia appears to be asserting itself in the Red Sea, aligning its actions with its rhetoric. By deploying ships to the Red Sea amidst escalating tensions, Russia is signaling its willingness to engage in the volatile maritime arena, potentially altering the dynamics of the region significantly.


      View of the snow-covered peaks of the Israeli and Syrian Hermon mountain range, Golan Heights on February 8, 2024.
      Michael Giladi/Flash90

      Moreover, Russia’s increased presence along the Israel-Syria border could serve to bolster its position in the event of a broader conflict, positioning itself as a key player in regional affairs.

      The second interpretation suggests that Moscow is sending a clear message to Jerusalem. Recent tensions between the two nations, particularly regarding Russia’s support for Hamas and Israel’s statements in support of Ukraine, may have prompted Russia to increase its military presence along Israel’s borders as a form of diplomatic pressure.

      avec une carcasse de ce qui semble bien être un Panzer IV, ce qui nous ramène à 1967

    • je me perds un peu dans le décompte des postes militaires russes : dans le commentaire précédent, il est question du projet d’un onzième poste, ci-dessous, il y a 15 jours, c’est un troisième poste (de police militaire)

      Russia Installs 3rd Military Post At Israel-Syria Border While Iranian Embassy Was Being Attacked - YouTube
      https://www.youtube.com/watch?v=Uh3W5p4TMAA

      Russia has installed a third military post near the Golan Heights at the Israel-Syria border. The post was installed on the same day as the missile strike on Iran embassy in Damascus, which has been blamed on Israel. Watch this video to find out the significance of Russia Army presence in Syria

    • quant à la future base navale russe au Soudan, elle est reportée indéfiniment du fait de la crise politique du pays

      Russian Navy Base in Sudan Postponed Indefinitely - Militarnyi
      https://mil.in.ua/en/news/russian-navy-base-in-sudan-postponed-indefinitely
      https://mil.in.ua/wp-content/uploads/2024/02/Znimok-ekrana-2024-02-13-222351.png
      Port Sudan. Image : Google Map

      The creation of the long-awaited base of the Russian Navy in Sudan is postponed indefinitely due to the political crisis in the country.

      This was announced by Andrei Chernovol, Russian Ambassador to Sudan.

      The construction of the base of the Russian Navy in Sudan, which has been discussed for more than four years, is postponed due to the inability of the local government to ratify the agreement on the base of the Russian Navy.

      “Due to the dissolution of parliament, the Sudanese side has not yet been able to complete the necessary internal ratification procedures,” Chernovol said.

      Plans for the creation of Russian military infrastructure on the shores of the African continent in Port Sudan date back to 2017.

  • Israël – Iran : “agression” ou “riposte” ?
    https://www.frustrationmagazine.fr/iran-israel

    Le 1er avril 2024, Israël, cherchant une stratégie pour ressouder le soutien occidental à son massacre à Gaza, a attaqué frontalement l’Iran en détruisant son consulat à Damas, tuant seize personnes. Le 13 avril 2024, l’Iran a lancé en riposte une attaque de drones contre Israël qui a fait un blessé. Depuis, une large partie […]

  • La baudruche des JO commence à se dégonfler

    Sa suffisance 1er vient de casser le morceau, y a un plan B et un plan C pour la cérémonie inaugurale, le Stade de France et le Troca, les flics ont mis la pression, ça a marché, voulaient pas porter le chapeau si ça foire...

    Voir aussi l’infâme Darmanin à la chasse au dahu lors d’un exercice anri-drône qui a lamentablement foiré...

    https://www.marianne.net/societe/terrorisme/apres-un-premier-echec-un-deuxieme-quand-le-systeme-antidrone-des-jo-est-d

    Coté baignades en Seine le couple de seconds couteaux d’Hidalgo, les cadors se planquent, une certaine Brigitte Légaré pour le Cojo et l’illustre Pierre Rabadan pour la mairie, aka « Les égarés du Ramadan » commencent à numéroter leurs abattis.

    Ca commence bien :-)

    • Après un premier échec, un deuxième… Quand le système anti-drone des JO est défaillant
      https://www.marianne.net/societe/terrorisme/apres-un-premier-echec-un-deuxieme-quand-le-systeme-antidrone-des-jo-est-d


      « Nous sommes face à un vrai problème : comment arrêter les drones potentiellement hostiles ? »
      J.E.E/SIPA

      Officiellement, le dispositif de lutte anti-drone est opérationnel pour les jeux Olympiques et Paralympiques de 2024. Telle est la conclusion de l’exercice « Coubertin LAD 2 », qui a regroupé une série de cinq tests effectués du 11 au 15 mars. L’enjeu : déployer le dispositif et éprouver son efficacité. Censé identifier, détecter et neutraliser les drones, le système Parade en est le produit phare. Problème : « Sur deux des sites où Parade a été testé, ça n’a pas fonctionné selon les performances attendues », confie à Marianne un observateur de l’exercice. « C’est-à-dire que Parade arrête les drones mais dans un périmètre bien plus restreint qu’attendu. »

      En clair, Parade n’a pas fait le boulot. C’est d’autant plus problématique que l’un de ces deux tests a eu lieu aux abords d’un ministère, en plein Paris. Réalisé à portée de vol de la place de la Concorde et du Champ-de-Mars, en plein cœur de la capitale, le déploiement du système Parade n’a pas fonctionné, nous assure une source proche du dossier. Ce que nous confirme une huile de l’armée de l’air.

      A LIRE AUSSI : JO de Paris 2024 : un test antidrones confidentiel réalisé au-dessus d’un ministère... a foiré

    • Le joujou dans les mains de Gégé, ce n’est pas Parade, c’est un SkyWall Patron.

      Parade, c’est ça (déc. 2022, quand ça marchait…)
      https://www.youtube.com/watch?v=v1UdZ6zkZmI

      et SkyWall, ça
      Drone explosif, attaque de la flamme : Gérald Darmanin inspecte la sécurité des Jeux olympiques | 78actu
      https://actu.fr/ile-de-france/beynes_78062/drone-explosif-attaque-de-la-flamme-gerald-darmanin-inspecte-la-securite-des-je


      À Beynes (Yvelines), Gérald Darmanin s’est essayé au maniement du Skywall, un engin capable de capturer un drone.
      ©François Desserre

      On chassait deux types de gibier sur le camp de la gendarmerie de Beynes (Yvelines), ce lundi 18 mars 2024. D’abord ceux qui pourraient s’en prendre à la flamme olympique. Ensuite ceux qui songeraient à utiliser un drone pour nuire à ce qui s’annonce comme l’événement sportif du siècle en France.
      […]
      Aucun drone ne devra voler, sinon…
      De ce côté-là, le commandant de la section de protection et d’appui drones (SPAD) ne semble pas démuni en solutions. Il dispose de plusieurs pistolets et fusils permettant de brouiller le signal des appareils en les maintenant sur place. Il peut même les renvoyer à leurs expéditeurs. Portée : 1000 mètres.

      En dernier recours il peut dégainer le Skywall ; 80 000 euros l’unité. « Il s’agit d’un engin qui lance un filet jusqu’à 100 mètres. Il capture le drone si le brouillage se révèle inefficace ou si le drone a été trafiqué. Un parachute se déploie pour une récupération sans danger. Nous l’aurons certainement avec nous pour la cérémonie d’ouverture. Rien ne sera autorisé à voler dans le ciel », prévient le lieutenant Nicolas Belec, le patron de la SPAD.

      en démo, il y a 2 ans
      https://www.youtube.com/watch?v=5DkEwVHI9zk

      Openworks Engineering est une société britannique

  • C’est pas le gros drame, mais ça me semble la suite du psycho-drame de Carnon qui veut faire payer le parking du Grand Travers, mais qui est (était ?) bloqué parce que le terrain ne lui appartient pas (ça appartient au Littoral)… : hier donc il faisait 28°, alors évidemment entre les vacances, le week-end et la chaleur, tout #Montpellier s’était donné rendez-vous à la plage. Et la plage familiale de Montpellier, c’est le Grand Travers, entre Carnon et la Grande Motte.

    Arrivé là, le parking du Grand Travers (le grand parking gratuit de 1000 places que la municipalité rêve de rendre payant) est fermé, depuis des mois, pour cause de « travaux ». Et l’autre parking (le payant, un peu plus petit), hé ben il est fermé aussi (pourquoi ? on ne sait pas).

    Donc hier, toutes les familles de Montpellier en train d’errer pour réussir tenter de trouver une place pour se garer. (Mission impossible : j’ai déposé la familia à la plage et je suis allé dessiner à La Grande Motte.)

    (Et pour les ceusses qui ne suivraient pas : Carnon, c’est aussi un de ces bleds qui ne veulent surtout pas faire partie de la Métropole de Montpellier et qui refusent absolument que le tram aille jusqu’à la mer. J’y ai habité pendant mes études : c’est même pas vraiment une ville qui existe avec des habitants : c’est une station balnéaire vide la plupart de l’année, avec des studios à louer l’été. Le reste du temps, c’était la même ambiance que dans 28 Jours plus tard. La seule raison d’être de ce truc, c’est de maximiser le pognon soutiré aux touristes, mais en ne vivant surtout pas là. Et donc, autant que possible, éviter que les habitants de Montpellier et la région viennent profiter de la plage, parce que ce ne sont pas les consommateurs captifs dont on veut.)

  • Du STO au SNU
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-nuits-de-france-culture/l-histoire-en-direct-le-s-t-o-service-du-travail-obligatoire-1ere-diffus

    Privé d’ouvriers et de paysans enrôlés dans une guerre totale depuis 1939, le régime nazi embauche plus de dix millions de travailleurs dans les pays qu’il occupe, en échange de prisonniers. En 1993, cinq anciens du #STO dont le dessinateur #François_Cavanna racontent leur départ pour l’ Allemagne.

    Slogan du régime de Vichy : « Ils donnent leur sang, donnez votre travail pour sauver l’Allemagne du bolchévisme »

    Dans la tête du soldat Attal, 1er sinistre du régime macroniste, ça donne : « Ils donnent leur force de travail, donnez votre jeunesse pour sauver la France du punkàchiennariat ».

  • SNU : jusqu’à présent, j’avais héroïquement résisté à l’appel du point Godwin sur le sujet – auquel, au moins @marielle avait cédé –, mais là, les titillements de @biggrizzly forment la goutte de trop, je craque…

    Exclusif : voici l’uniforme du Service national universel
    https://www.parismatch.com/Actu/Societe/Exclusif-voici-l-uniforme-du-Service-national-universel-1618817

    Gabriel Attal dévoilera jeudi [18 avril 2019] la tenue officielle du SNU aux côtés des premiers jeunes volontaires qui testeront ce service national en juin. Paris Match vous la présente en exclusivité.
    Gabriel Attal, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Education nationale, pose avec les 13 premiers volontaires du SNU.
    © Philippe Petit

    Le projet des jeunes du lycée Le Corbusier à Tourcoing, l’a emporté. Avec une cocarde tricolore et un slogan : « Jeunesse engagée. » Une idée des élèves de première de la filière architecture et design. Ils ont gagné le concours lancé par Gabriel Attal, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Education nationale , en charge du Service national universel (SNU). Une tenue faite par des jeunes pour des jeunes.


    Les volontaires du SNU et le secrétaire d’Etat Attal au pied de l’Arc de Triomphe. [variante sans le blouson, « tenue de travail » ?]
    © Philippe Petit

    [EDIT : comme l’adresse de la photo de Match ne passe pas (présence d’une virgule), j’ai été piocher sur le site de Révolution permanente ;-)
    mêmes photos du service de presse, mais titre un peu différent :
    Embrigadement. Service National Universel : bientôt les jeunes déguisés en policiers
    deux salles, deux ambiances]

    et donc, l’évident :


    BNF Gallica, via WP


    Le Maréchal Pétain passe en revue un groupe des chefs des Chantiers de Jeunesse.
    Source : Collection particulière.

    via : https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/index.php/fr/les-chantiers-de-la-jeunesse

    mais aussi, avec les déclinaisons
    les chefs


    Tenue de sortie, Tenue de travail, Chef musulman [pour l’Afrique du nord], Chantiers de la Marine
    mais aussi, pour la troupe [к рядовым членам, les « membres ordinaires » dit le texte

    Tenue de sortie, Musique, Tenue de travail, Garde du drapeau
    via https://catherine-catty.livejournal.com/832198.html (en russe…)

  • Burn-out : les uns profitent, les autres payent - Mon blog sur l’écologie politique
    https://blog.ecologie-politique.eu/post/Burn-out-les-uns-profitent-les-autres-payent

    La déresponsabilisation des entreprises en matière de santé est au diapason de cette iniquité : ceux qui nous rendent malades ne paient pas et laissent l’ardoise à d’autres. Les assurances privées, la Sécurité sociale assurent petitement et au final ce sont les travailleuses et travailleurs qui paient. Touché·es dans leur corps, il leur faut encore subir la pauvreté. La responsabilité de ces patrons pathogènes serait difficile à établir, qu’il s’agisse de cancers sans rapport (aucun !) avec les substances cancérogènes auxquelles les personnes sont exposées sur le lieu de travail ou de maladies psychiques qui tiennent aussi (n’est-ce pas ?) à la personnalité des travailleuses et travailleurs subissant des surcharges de travail. À ce compte-là, nous rendre malades peut en effet être pour eux un calcul très rationnel et on comprend bien que les arrêts-maladie aient explosé de 30 % entre 2021 et 2022 : l’intensification, jusqu’à l’épuisement, du travail, c’est tout bénéfice pour leurs gueules. D’autres en assumeront les conséquences. La « difficulté » à faire le lien entre des conditions de travail dégueulasses et les maladies des personnes qui les subissent ne tient pourtant qu’aux arbitrages faits par la puissance publique au profit du capital et à nos dépens. Il nous appartient de les dénoncer et de les combattre.

    La prochaine fois que vous vous sentez à deux doigts de craquer, ne rentrez pas chez vous sur les bons conseils de votre n+1 qui craint plus que tout que vous ne vous effondriez sur son tapis à elle. Acceptez de reconnaître que vous êtes à bout et exigez que des pompiers viennent constater votre effondrement et vous emmener en lieu sûr. C’est un accident du travail comme un autre.

    • Aujourd’hui on la trouve encore très répandue auprès de travailleuses et travailleuses du soin, au sens large, qui ont des scrupules à ne faire que leurs heures ou à ne travailler qu’à 100 % de leurs ressources si cela signifie que des personnes vulnérables seront privées d’aide, qu’il s’agisse du public d’une association de solidarité ou des patient·es d’une institution de santé. L’étendue des missions et la médiocrité des financements font le grand écart et c’est les employé·es qui le comblent au milieu d’injonctions contradictoires (prends soin de toi mais ne laisse pas tomber les personnes qui dépendent de toi). Le management contemporain et la recherche de taux de profit élevés ont répandu cette pathologie jusque chez des employé·es dont le travail n’a pas plus de sens que ça et qui n’y sont pas particulièrement dévouées, par des injonctions qui ne sont plus intériorisées et morales mais externes et franchement crapuleuses.

      Au vu de l’hécatombe que provoque le #burn_out chez de nombreux enseignants, on peut raisonnablement penser que cette catégorie professionnelle fait partie des « travailleurs du soin ».

      Mais sinon, oui, c’est un très bon billet qui fait mal à tout le monde, du petit cheffaillon toxique aux institutions toutes catégories non moins toxiques ... Merci Aude !

  • Rachat des turbines Arabelle : la soumission française aux États-Unis continue
    https://lvsl.fr/rachat-des-turbines-arabelle-la-soumission-francaise-aux-etats-unis-continue

    Deux ans après le discours de Belfort d’Emmanuel Macron au cours duquel le Président de la République annonçait un accord d’exclusivité entre EDF et General Electric (GE) pour l’acquisition des activités nucléaires de GE afin de garantir le plein contrôle de la technologie de turbine Arabelle, rien ne se passe comme prévu. Ce qui apparaît comme la poursuite d’un échec industriel, débuté avec la vente de la branche énergie d’Alstom à GE en 2014, est révélateur de l’inefficacité de la politique industrielle du chef de l’État.

    • débuté avec la vente de la branche énergie d’Alstom à GE en 2014, est révélateur de l’inefficacité de la politique industrielle du chef de l’État.

      « inefficace », ça dépend du point de vue ; et de l’objectif réel.

    • #haute_trahison, comme on dit dans certains milieux sérieux.

      Ces faits, de haute trahison, en continu depuis son arrivée, perdurent et empirent. En quelque sorte. Mais c’est Assange qui est en prison.

      A côté de ça, il te prétend qu’il nous faut dépenser collectivement des centaines de milliards pour de nouveaux EPR qu’on est incapable de construire, faute de compétences et de formation à ces compétences.

      Et #en_même_temps, il te détruit nos structures de formation, du plus jeune âge jusqu’aux plus hauts niveaux de nos structures de recherche. Comme si les deux choses étaient parfaitement indépendantes.

      Comme s’il était désirable de ne plus mettre en œuvre que des projets dispendieux qui n’aboutissent plus vraiment, mais qui coûtent horriblement chers, sans que personne ne soit jamais capable de savoir où est parti l’argent.

    • La vente des turbines Arabelle d’Alstom à l’américain GE, une tache qui ne s’efface pas - Transitions & Energies
      https://www.transitionsenergies.com/vente-turbines-arabelle-alstom-americain-ge-tache-efface-pas

      Annoncée en février 2022, en prélude à la soudaine conversion d’Emmanuel Macron à l’énergie nucléaire, la vente des activités nucléaire de l’américain General Electric (GE) à EDF et notamment de la fabrication des surpuissantes turbines à vapeur Arabelle tarde toujours à se concrétiser. Elle aurait dû être enfin finalisée le 1er décembre dernier mais a été une fois encore reportée. Elle permettrait d’effacer la vente désastreuse de cette activité à GE en 2015 par le français Alstom orchestrée par le ministre de l’Economie de l’époque, un certain Emmanuel Macron. La transaction bloque pour des raisons officielles, la présence parmi les acheteurs des turbines Arabelle du russe Rosatom, et officieuses… Avec la relance du nucléaire dans le monde, Washington a beaucoup moins envie de voir la France remettre la main sur les turbines Arabelle.

      C’est comme un Sparadrap dont le « Mozart de la finance » n’arrive pas à se débarrasser. La vente désastreuse des activités nucléaires d’Alstom à l’américain General Electric (GE), orchestrée et voulue par Emmanuel Macron en 2014 quand il était Secrétaire général adjoint de l’Elysée et en 2015 quand il était ministre de l’Economie et des Finances de François Hollande, n’est toujours pas effacée. Une opération qui a tourné au fiasco. GE n’a jamais tenu ses engagements en matière de technologie comme d’emplois. Au lieu de développer la société, le groupe américain n’a cessé de tailler dans ses effectifs. En huit ans, le conglomérat américain a supprimé 5.000 postes en France dont 1.200 dans l’usine de Belfort. Là même où Emmanuel Macron a acté sa soudaine conversion à l’énergie nucléaire dans un discours en février 2022… après l’avoir affaiblie pendant une décennie.

    • Eolien : General Electric va diviser par deux ses effectifs dans son usine de Montoir - France Bleu
      https://www.francebleu.fr/infos/economie-social/eolien-general-electric-va-diviser-par-deux-ses-effectifs-dans-son-usine-

      INFO FRANCE BLEU LOIRE OCEAN- Après avoir recruté à tour de bras, les Américains de l’usine d’éoliennes GE à Montoir (Loire-Atlantique) vont réduire les cadences et quasiment diviser par deux les effectifs d’ici juillet. Les intérimaires sont les premiers visés. Les syndicats disent leur inquiétude.

      Sur les 939 personnes qui travaillent aujourd’hui pour GE à Montoir, la direction nous a dit qu’il en resterait 489 d’ici juillet dont 429 CDI" raconte encore le syndicaliste. Les intérimaires, sous-traitants et prestataires sont comme toujours la première variable d’ajustement. Ils sont 500. Il en restera quelques dizaines. « Aucun CDI n’est menacé nous dit la direction, mais ne pas s’inquiéter serait irresponsable ». C ertains contrats sont en suspend et officiellement, le carnet de commande est à zéro après 2026.

      Rien de rassurant quand on sait que les Américains de General Electric sont, depuis cette année, déliés de leur engagement pris au moment du rachat d’Alstom il y a 10 ans. Celui notamment de conserver le site de Montoir-de-Bretagne.

      L’usine d’un géant qui, en attendant, va fermer ses portes pour quatre longues semaines cet été. Du jamais vu.

    • à Grenoble, Alstom avait un beau bureau d’étude plein de spécialistes des turbines ; vendu à GE par Macron. GE a maintenu un peu d’activité - genre, ils ont viré seulement la moitié des gens - quelques années, le temps de transférer la compétence aux US - peut-être. Et ont ensuite fermé le site.

      Merci Macron ! Grande constance dans la stratégie industrielle.


      Et sinon, trouvé au hasard des internets, un article du Figaro, qui te ferait acheter un manuel de conspi pour les nuls :

      https://www.lefigaro.fr/vox/politique/le-bilan-de-la-vente-d-alstom-est-catastrophique-pour-l-emploi-et-pour-notr (déjà cité ici)

  • La guerre des mots - Selim Derkaoui, Nicolas Framont, Antoine Glorieux -
    https://www.avoir-alire.com/la-guerre-des-mots-selim-derkaoui-nicolas-framont-antoine-glorieux-crit

    Dans un petit livre presque rouge, les auteurs appellent à la révolution. La prise de conscience suffit-elle à renverser la tendance ? Cet ouvrage tantôt militant, tantôt caustique, adopte un point de vue sans nuances, mais assurément contemporain.
    Résumé : Les auteurs réhabilitent la lutte des classes à travers la bataille du vocabulaire. Avec des exemples concrets, ils établissent les contours d’une domination politico-médiatique visant à asseoir leur pouvoir.
    Critique : Prendre la parole est en soi une forme de lutte, de revendication, d’incarnation. Le choix des mots revêt un sens particulier pour soutenir la pensée que l’on exprime. C’est ce que l’on appelle l’idéologie. Avec ce petit livre simple et rapide à lire, les auteurs cherchent à rétablir un équilibre : face aux expressions trop lisses et par là même éloignées de la réalité, ils dénoncent ces mots qui ont envahi les discours et qui offrent, selon eux, une vision déformée. Appeler un riche un riche et un pauvre un pauvre ne change rien à leur condition intrinsèque, mais cette dénomination témoigne d’une vision plus brute de la réalité, préférable, selon les auteurs, à une partition entre l’"entrepreneur qui a pris des risques" par rapport à celui "qui n’en prend pas".
    Les « lunettes » que nous proposent les auteurs, selon la métaphore employée par le couple Pinçon-Charlot dans la préface – référence à l’excellent film de Carpenter Invasion Los Angeles – cherchent à convaincre, mais la démonstration ne parviendra pas à séduire ceux qui ne le sont pas déjà. Nous sommes donc face à un argumentaire, davantage destiné à aiguiser la conscience de ceux qui partagent le point de vue des auteurs qu’à démontrer scientifiquement l’omniprésence du vocabulaire bourgeois.

    Le livre ne fait pas dans la nuance
    L’ouvrage dénonce la classe « politico-médiatique », qui serait forcément à la botte du néolibéralisme. Les auteurs reviennent aussi sur des termes employés aujourd’hui qui leur paraissent dévoyés (on ne parle plus de « salariés » mais de « collaborateurs »). Par ailleurs, ils reprennent des concepts chers à Bourdieu, par exemple les catégories socio-professionnelles, en analysant comment elles se déterminent et pourquoi cette approche demeure pertinente. Enfin, l’ouvrage évoque la dévalorisation monétaire du travail manuel, la question de la « résilience » qui, selon les auteurs, constitue une forme de violence pour culpabiliser les individus.
    Mais le texte tend aussi vers une subversion qui légitime le recours à la violence, ce qui peut sembler contradictoire, lorsqu’on appelle à prendre le pouvoir par les mots. (« C’est en ce sens que la lutte des classes est nécessairement violente » (p.226). Enfin, le dernier chapitre se consacre à la gauche, d’où elle vient, ce qu’elle devrait incarner.

    Le livre est bien évidemment un manifeste politique, militant, et l’on regrette qu’il ait renoncé à l’humour, ce qui aurait permis de retenir l’attention des non convaincus. La guerre des mots est donc à découvrir si l’on veut aiguiser son esprit critique, réfuter un argumentaire ou y adhérer, réfléchir aux concepts contemporains de nos sociétés. Après la lecture, on porte une attention plus forte aux discours médiatiques. Mais corriger notre langage suffit-il à changer les pensées ? Les auteurs veulent y croire…

  • Le "dôme de fer" : un pognon de dingue

    Attaque de l’Iran contre Israël : comment le « Dôme de fer » a-t-il permis de contrer les missiles ?
    https://www.ouest-france.fr/monde/israel/attaque-de-liran-contre-israel-comment-le-dome-de-fer-a-t-il-permis-de-

    Attaque de l’Iran contre Israël : comment le « Dôme de fer » a-t-il permis de contrer les missiles ?

    L’Iran a mené une attaque sans précédent contre Israël en lançant plus de 200 drones et missiles sur l’État Hébreu. Celui-ci s’est quant à lui félicité d’avoir « déjoué » l’attaque grâce à son système de défense aérien et l’aide de ses alliés. Au cœur de ce système : le fameux « Dôme de fer ».

    C’est une attaque directe de l’Iran sans précédent. Plus de 200 drones et missiles lancés contre Israël, son ennemi juré. L’État hébreu s’est lui félicité d’avoir « déjoué » l’attaque en interceptant « 99 % des tirs » . Au cœur de son arsenal défensif : le « Dôme de fer ». Comment fonctionne ce parapluie qu’Israël utilise aussi contre les roquettes du Hamas ? On fait le point.
    Un système performant

    Le système de défense aérienne israélien « Dôme de fer » a intercepté des milliers de roquettes depuis sa mise en service en 2011, offrant une protection essentielle en période de conflit, rappelle l’AFP.

    Il a été largement utilisé pour protéger les sites militaires et civils des tirs fréquents de roquettes en provenance de Gaza et du Liban dans le cadre de la guerre actuelle entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.

    Israël a d’abord développé seul le « Dôme de fer » après la guerre du Liban de 2006, avant d’être rejoint par les États-Unis, qui ont apporté leur savoir-faire en matière de défense et des milliards de dollars de soutien financier.

    Le système a un taux d’interception d’environ 90 %, selon l’entreprise militaire israélienne Rafael, qui a participé à sa conception. Toutefois certains spécialistes remettent en question les chiffres fournis par Rafael.
    Un système en trois parties

    « Le Dôme de fer » est l’un des éléments du système israélien de défense antimissile à plusieurs niveaux. Il est conçu pour abattre des roquettes d’une portée allant jusqu’à 70 kilomètres, précise l’AFP.

    Chaque batterie de ce « Dôme de fer » se compose de trois parties principales : un système de détection radar, un ordinateur qui calcule la trajectoire de la roquette entrante et un lanceur qui tire des intercepteurs si la roquette est susceptible de toucher une zone bâtie ou stratégique.

    Il s’accompagne d’autres systèmes de défense antimissile tels que le système Arrow, destiné à contrer les missiles balistiques, et le système David’s Sling, dont l’objectif est de contrer les attaques de roquettes ou de missiles à moyenne portée.
    Des tirs coûteux

    La facture du Dôme de fer, pour laquelle les États-Unis contribuent largement, est salée. Chaque intercepteur du « Dôme de fer » coûte entre 40 000 et 50 000 dollars (37 500 à 46 900 €) à produire, selon le Centre d’études stratégiques et internationales, basé à Washington. Un système complet, comprenant le radar, l’ordinateur et trois ou quatre lanceurs - chacun contenant jusqu’à 20 intercepteurs - coûte environ 100 millions de dollars à produire.

    Israël dispose de 10 systèmes de ce type, selon le groupe américain d’aéronautique et de défense RTX (ex-Raytheon), qui participe à la construction du « Dôme de fer ».

    Selon d’autres estimations, ce chiffre est légèrement plus élevé.
    Un système au cœur de l’alliance américano-israélienne

    Le « Dôme de fer » est l’un des piliers stratégiques de l’alliance américano-israélienne, qui a été suivie par les administrations démocrates et républicaines successives.

    En août 2019, l’armée américaine a signé un contrat pour l’achat de deux batteries de « Dôme de fer » afin de renforcer ses propres capacités de défense contre les missiles à courte portée.

  • La Belgique confrontée à une flambée de l’absentéisme au travail en 2023

    D’après une enquête de la société spécialisée Securex, les défections d’un jour ont crû de plus de 44 % à la suite d’une réforme prévoyant une dispense de certificat médical pour une première journée d’absence.
    Par Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)

    Ils ne sont sans doute pas tous paresseux ou en mauvaise santé, mais ils sont peut-être finauds : les travailleurs belges savent apparemment profiter de tous les avantages que leur octroie la loi. Leurs patrons, eux, sont un peu moins satisfaits ; c’est ce que vient de révéler une étude de Securex, une société spécialisée dans les ressources humaines.

    La grande enquête, menée auprès d’environ 24 000 employeurs et 198 000 travailleurs, confirme une flambée de l’#absentéisme en 2023, à la suite d’une réforme adoptée l’année précédente. Elle prévoyait une dispense de certificat médical pour une première journée d’absence. Résultat : une augmentation spectaculaire (+ 44,2 %) de ces défections d’un jour. Et une hausse importante aussi (+ 16 %) du nombre de ceux qui se sont déclarés malades pendant un jour trois fois dans l’année, en conformité avec les nouvelles dispositions.

    « Certains semblent considérer tout cela comme une nouvelle forme de congé », déplore le Voka, la principale organisation d’employeurs flamande. « Les entreprises nous indiquent que des employés estiment avoir droit à ces #arrêts_de_travail et les planifient, parfois des semaines à l’avance. C’était le risque. Aujourd’hui, il est démontré », explique Matthieu Dewèvre, conseiller à l’Union des classes moyennes.

    Réorganisation des tâches

    Les syndicats, en revanche, refusent d’évoquer un quelconque abus. « Un jour d’absence, c’est un signal d’alarme. [Le patron] qui investit dans son personnel et assure un bon équilibre entre travail et vie privée sera, lui, récompensé », affirme, dans le quotidien De Morgen, Raf De Weerdt, secrétaire général du syndicat socialiste ABVV.
    Du côté de Securex, on préfère parler de « proactivité » et de prévention. Détecter un malaise au #travail, la fatigue ou les erreurs éventuelles commises par un employé permet souvent d’éviter les absences, commente la société. Qui souligne aussi qu’impliquer les collègues d’un absent dans la recherche de solutions est une démarche à privilégier.

    Les spécialistes observent par ailleurs que les absences d’un jour, même répétées et forçant à une réorganisation des tâches, sont, en définitive, moins pénalisantes pour les #entreprises que celles, souvent plus longues, prescrites par un certificat médical.

    Il est à noter que, dans les sociétés de moins de 50 personnes, pour lesquelles la loi ne s’applique pas, donc où les travailleurs doivent justifier toute absence, les défections d’un jour ont progressé trois fois moins vite (+ 15 %). Et le pourcentage des employés se disant malades trois fois par an, ou plus, a, lui, baissé de 3,9 %.

    https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/04/13/la-belgique-confrontee-a-une-flambee-de-l-absenteisme-au-travail-en-2023_622

    • Donc en Belgique, ils vont à rebours de ce qui se propose en France, c’est a dire rallonger les jours de carence, empêcher toute exception et taxer l’absence.
      Ça m’étonne toujours que de droit européen se porte si peu sur le code du travail ou sur l’économie de marché. Y’a pas de destination commune. Ou alors pas assez dite donc pas assez politisée.

    • Les absences d’un jour dans les grandes entreprises (+50 travailleurs) en Belgique ont augmenté de près de moitié (44,2%) l’année dernière après la suppression du certificat médical pour un jour d’absence en raison de maladie.

      – Je n’arrive pas à savoir si on parle de gens qui ne prennent qu’un seul jour dans l’année, ou de gens qui à chaque fois s’arrêtent juste un jour. Dans tous les cas, j’imagine que cette augmentation s’explique par le fait que des gens qui ne s’arrêtaient jamais s’arrêtent désormais juste un jour (1 ou plusieurs fois).
      – Cette augmentation spectaculaire de 44%, c’est en fait le passage de 2.56% de travailleur.euses à 3.7%... Wow, quelle folie !

      la suppression du certificat médical a entrainé une augmentation significative de l’absentéisme fréquent dans les entreprises de plus de 50 travailleurs. Le pourcentage de travailleurs se signalant malades trois fois ou plus au cours d’une année y a augmenté de 5,74% (passant de 20,91% en 2022 à 22,11% en 2023). Dans les entreprises de moins de 50 travailleurs, on observe le mouvement inverse. Il y a eu une baisse significative de 3,88% (passant de 11,61% en 2022 à 11,16% en 2023).

      Ici, plus que l’augmentation de 21 à 22%, ce qui me semble marquant (même si c’est sûrement déjà connu), c’est la différence de ~10 points entre les grosses et petites entreprises.


      Résultat non commenté dans le post, mais cette augmentation quasi continue depuis 20 ans du « taux de maladie » (je sais pas bien ce que ça veut dire cela dit) de plus d’un an, ça me semble assez inquiétant.

      https://press.securex.be/absenteisme--jamais-autant-de-travailleurs-nont-ete-aussi-frequemment-

  • [Déverdissement] « Le bavardage politique des plateaux étouffe et dépolitise les préoccupations environnementales »

    L’excès de « commentaire politique » compte au nombre de ce que la société a inventé de plus inutilement dangereux pour elle-même. A mesure que la vie publique s’est médiocrisée au point de rendre superflue sa caricature, les commentateurs de plateau des chaînes d’info en continu sont devenus les principaux agents de la relativisation ou de l’euphémisation des faits scientifiques en lien avec l’#environnement. Ils s’imposent comme une des causes majeures de l’étouffement, de la relégation et de la dépolitisation des préoccupations environnementales.

    Chercher à établir une hiérarchie de ce qui menace la qualité du débat démocratique sur la question écologique, c’est placer le commentaire politique au niveau d’autres phénomènes que sont le trucage de l’expertise, l’instrumentalisation du discours scientifique, le lobbying de l’industrie, etc.

    Ces derniers mois l’ont montré : les reculs historiques dans la protection de l’environnement, à l’échelon national et communautaire, ont été inlassablement commentés comme autant de marques d’une « déroute des écologistes », d’une « défaite pour les Verts », etc. Non que cela soit inexact, ou que ces derniers n’aient effectivement une prédisposition au sabordage et à la guerre picrocholine – tropisme qui les rend incapables de défendre le cœur de leur projet. Mais ce n’est qu’une part minuscule de la réalité, et elle occupe la plus grande part de l’espace. Pour la majorité des commentateurs, la valeur et l’intérêt d’une décision ou d’une déclaration dépendent plus de ses conséquences possibles sur le Landerneau politico-médiatique que des effets qu’elle aura sur le monde physique.

    Tout renvoyer aux affrontements des partis, au théâtre des manœuvres et des petites phrases, au jeu des alliances, des disputes et des tractations d’appareils, tout réduire à l’état de l’opinion, à la chronique de la conquête et de l’exercice du pouvoir contribue à faire disparaître la réalité factuelle des radars. Celle-ci devient, dans les esprits, une sorte de réalité vaporeuse, ectoplasmique, soluble dans les idéologies et les positionnements partisans.

    Des enjeux immenses

    Le « déverdissement » de l’agriculture ne serait-il qu’une « déroute pour les écologistes » ? Cette façon de se placer hors ou au-dessus du monde a quelque chose d’inquiétant. A ce compte, on pourrait dire que l’augmentation de l’incidence du cancer n’est qu’un revers pour la Ligue contre le cancer. De la même manière que la progression de cette maladie est un risque pour chacun de nous, la dégradation de l’environnement affecte ou affectera directement ou indirectement toute la population à des degrés divers (commentateurs politiques inclus).

    Ce qui se raconte à longueur de journée sur les plateaux de télévision ramène toujours l’écologie à des jeux politiciens, ce qui, paradoxalement, en dépolitise les enjeux pourtant immenses. La récurrence des inondations, les sécheresses, la qualité de l’eau potable et l’augmentation du coût de son traitement, la recrudescence des maladies chroniques, les canicules, la destruction des paysages, la disparition des oiseaux…

    Cette variété de choses aussi désagréables au peuple de gauche qu’à celui de droite est, pour tout ou partie, le fruit de décisions politiques. Mais celles-ci ne sont que très peu commentées du point de vue de leurs effets environnementaux. Ce sont presque exclusivement leurs conséquences socio-économiques de court terme ou leurs effets sur la vie politique elle-même qui sont discutés.

    Eléments de langage

    Le bavardage politique de plateau : voilà le danger. Sa puissance performative − le fait qu’il imprime ses biais sur la réalité elle-même – est considérable. Et ce, d’autant plus que le développement des chaînes « tout info » a fait de l’opinion bon marché le principal ingrédient des antennes (sans même évoquer leur « bollorisation »). Sur les choix démocratiques, l’effet est mesurable à ce seul paradoxe : alors que les enquêtes placent invariablement l’environnement au nombre des principales préoccupations des Français, c’est le Rassemblement national – le parti le plus hostile à l’#écologie – qui caracole en tête des sondages.

    Sur la caste dirigeante, l’effet est sans doute plus inquiétant encore. Les premiers et les plus avides consommateurs du commentaire politique sont les commentés eux-mêmes : la manière dont leur parole et leurs décisions sur la question environnementale sont reçues et discutées à longueur d’antenne ne peut que contribuer à les déresponsabiliser. Qu’on se mette à leur place : lorsque vos intentions sont débattues sur des plateaux où des savoirs scientifiques constitués sont mis sur un pied d’égalité avec vos éléments de langage, fussent-ils de probité variable, comment ne pas finir par croire à la validité de vos propres balivernes ?

    Depuis des mois, par exemple, les critiques et les mises en garde unanimes des scientifiques à l’endroit des décisions affaiblissant les #normes_environnementales en #agriculture sont contrebalancées par un unique élément de langage, inlassablement ressassé : la nécessité de la « souveraineté alimentaire ». Cela procède non seulement d’un relativisme trompeur, mais aussi d’un renversement sémantique, la « souveraineté » dont il est question ici revenant à maintenir des systèmes agricoles intensifs dépendant des importations d’engrais de synthèse, notamment russes et biélorusses. Une souveraineté sous dépendance russe : il fallait y penser.

    En définitive, les normes culturelles propres au commentaire politique offrent sans doute une part de l’explication à ce mystère : pourquoi, par leur inconséquence sur la question environnementale, les responsables aux affaires nous mettent-ils collectivement en danger ? Peut-être, tout simplement, parce qu’ils sont enfermés dans la même boucle cognitive que leurs commentateurs.

    Stéphane Foucart

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/04/14/le-bavardage-politique-des-plateaux-etouffe-et-depolitise-les-preoccupations

  • La crise écologique et la montée du post-fascisme | Antithesi
    https://cabrioles.substack.com/p/la-crise-ecologique-et-la-montee

    Pour dissimuler l’inadéquation et l’incompétence totales des infrastructures et des services de l’État face aux catastrophes causées par les chaleurs et les sécheresses sans précédent et les inondations extrêmes qui reviennent avec une fréquence inédite en raison du changement climatique, les autorités de l’État n’hésiteront pas à utiliser tous les moyens, y compris les méthodes et le langage de l’extrême-droite fasciste. Une approche autoritaire de ce type peut permettre au pillage de la nature de se poursuivre sans entrave, en répercutant les coûts et les risques de la crise climatique sur les segments les plus affaiblis du prolétariat mondial.

  • Frédéric Lordon, End of Innocence — Sidecar
    https://newleftreview.org/sidecar/posts/end-of-innocence

    At this point, we inevitably think of Germany, whose unconditional support has reached astonishing levels of delirium, and of which one darkly humorous Internet user was able to say: ‘When it comes to genocide, they are always on the wrong side of History’. It’s not certain that ‘we’ – France – are much better off, but it is certain that History is waiting for everyone around the corner. History: this is what the West meets in Gaza. If, as there is reason to believe, this is a rendezvous with decline and fall, then the time will come when we will be able to say that the world was upturned in Gaza.

  • Le viol, un crime de l’intimité longtemps impensé
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/04/05/le-viol-un-crime-de-l-intimite-longtemps-impense_6226192_3232.html

    A partir du milieu du XIXe siècle, quelques rares médecins commencent cependant à écouter la parole des victimes, surtout quand elles sont encore enfants. Le psychiatre Auguste-Ambroise Tardieu (1818-1879) est ainsi le premier à prêter attention à la souffrance des petites filles violées de l’hôpital de Lourcine [à Paris, actuel hôpital Broca]. Mouvements fébriles, troubles nerveux, suicide : le fondateur de l’enseignement médico-légal comprend qu’un #viol engendre des tourments psychiques. « Ce crime qui offense les sentiments les plus intimes au moins autant qu’il blesse le corps détermine souvent une perturbation morale », écrit-il en 1857.

    Dans l’esprit des médecins, des magistrats et de la société tout entière, une révolution des sensibilités est en train de naître, même si elle est encore très embryonnaire. « Si quelques experts médicaux de la fin du XIXe siècle commencent effectivement à apercevoir la souffrance psychique des #femmes violées, ce sont encore des voix isolées au sein de la communauté médicale, observe l’historien Frédéric Chauvaud. Leurs rapports n’ont pas vraiment d’incidence sur le quotidien de la justice – d’autant qu’à l’époque les victimes, de manière générale, n’intéressent pas les juges : le procès pénal est centré autour de l’accusé. »

    Beaucoup de magistrats, au début du siècle suivant, restent en effet convaincus que la violence physique est consubstantielle au viol – et certains restent même imprégnés par la doctrine de l’Ancien Régime sur la « certitude du consentement ». En 1913, dans son Traité théorique et pratique du droit pénal français, le grand pénaliste René Garraud (1849-1930) affirme ainsi avoir « quelque scrupule à placer sur la même ligne la violence morale et la violence matérielle, et à admettre que la femme, consentant, sous la pression même des menaces les plus graves, à se livrer à un homme, puisse prétendre avoir été violée par celui-ci ».

    Une question politique

    Il faudra encore plusieurs décennies pour que le regard sur le viol se transforme vraiment. En s’affirmant peu à peu comme des disciplines à part entière, la psychiatrie, la psychologie et la #psychanalyse permettent de mesurer les ravages psychiques de la violence. « La connaissance de la subjectivité traumatique émerge, au XXe siècle, dans le sillage des conflits militaires, analyse Denis Salas. Les premiers travaux sur la névrose traumatique sont publiés après la première guerre mondiale, ceux sur le stress post-traumatique après la seconde guerre mondiale. Ils permettent de comprendre des souffrances qui, jusque-là, étaient restées invisibles. »

    https://justpaste.it/6kpmk

    #histoire #sensibilités #justice

    • Si la protection que le code pénal accorde aux femmes est à ce point fragile, c’est en grande partie en raison d’une croyance très ancienne que Georges Vigarello baptise la « certitude du consentement ». Aux yeux des hommes de loi de l’Ancien Régime, il était impossible qu’un homme seul viole une femme. « [Pour eux], la vigueur féminine suffit à la défense, écrit Georges Vigarello. Les juristes d’Ancien Régime y voient une quasi-vérité. » Les philosophes des Lumières adhèrent, eux aussi, à cette doctrine : « La nature a pourvu le plus faible d’autant de force qu’il en faut pour résister quand il lui plaît », estime, en 1762, Jean-Jacques Rousseau dans Emile ou De l’éducation.

      L’article souligne le fossé anachronique et s’appuie sur les juridictions. Sans dire que l’éducation sexuelle, des enfants, des hommes et des femmes a levé un tabou immense il y a à peine 50 ans sur l’inconnu du sexe et du désir, alors, imagine le viol et ses non-dits. Il faudrait demander aux femmes âgées de plus de 80 ans ce qu’elles savaient de la sexualité à 15 ou 20 ans.

  • Technoféodalisme : pour Yanis Varoufakis, Apple, Facebook et Amazon ont tellement modifié l’économie qu’elle ressemble désormais au système féodal médiéval de l’Europe
    https://www.developpez.com/actu/356335/Technofeodalisme-pour-Yanis-Varoufakis-Apple-Facebook-et-Amazon-ont-tell

    Dans une interview exclusive dans laquelle il a discuté de son livre Technofeudalism : What Killed Capitalism, l’économiste et ancien ministre des Finances grec, Yanis Varoufakis, nous plonge dans une réflexion profonde sur la nouvelle phase économique à laquelle nous sommes confrontés. Il décrit cette ère comme celle du « technoféodalisme », un concept qui remet en question les fondements mêmes du capitalisme. Mais qu’est-ce que le technoféodalisme et comment impacte-t-il notre société moderne ? Analysons les points clés de cette vision audacieuse.

    On en parle depuis longtemps, ici, par exemple :
    https://seenthis.net/messages/99512

  • Zionism Killed the Jewish-Muslim World -An interview with Ariella Aïsha Azoulay
    https://jacobin.com/2024/04/zionism-palestinian-jews-imperialism-history


    Jews in the town of Buqei’a, Palestine, circa 1930. (Keren Kayemet Leyisrael via Wikimedia Commons)

    11.4.2024 interview by Linda Xheza - In an interview with Jacobin, filmmaker and academic Ariella Aïsha Azoulay traces how Western powers’ exploitation of Zionism led not just to the ethnic cleansing of Palestine but to the demise of Jewish communities across the Middle East.

    Born in Israel, Ariella Aïsha Azoulay, a filmmaker, curator, and academic, rejects the identity of Israeli. Before becoming an Israeli at age nineteen, her mother was simply a Palestinian Jew. For much of history, there was nothing unusual in this combination of words. In Palestine, a Jewish minority lived peacefully alongside the Muslim majority for centuries.

    This changed with the Zionist movement and the foundation of Israel. The ethnic cleansing of Jews from Europe would lead, thanks to European Zionists, not only to that of Muslims from Palestine but of Jews from the rest of the Middle East, with nearly a million fleeing as a result of the 1948 Arab-Israeli War, many to Israel.

    In an interview with Jacobin, Azoulay contextualizes Israel’s genocide in Gaza in the long history of European and US imperialism. Azoulay is a professor of comparative literature at Brown and the author of Potential History: Unlearning Imperialism (Verso, 2019).

    Linda Xheza

    You identify as a Palestinian Jew. Could you tell us more about this? To many people these words stand in opposition.

    Ariella Aïsha Azoulay

    That these terms are understood as mutually exclusive, or in opposition, as you suggest, is a symptom of two centuries of violence. In a lapse of a few generations, diverse Jews who lived all over the world have been deprived of their various attachments to land, languages, communities, occupations, and forms of sharing the world.

    The question that should preoccupy us is not how to make sense of the supposed impossibility of Palestinian-Jewish identity but rather the reverse: How it is that the fabricated identity known as Israeli became recognized by many across the globe after the creation of the state in 1948 as an ordinary one? Not only does this identity obscure the history and memory of diverse communities and forms of Jewish life, but it also obscures the history and memory of what Europe did to the Jews in Europe and in Africa and Asia in its colonial projects.

    Israel has a shared interest with those imperial powers to obscure the fact that “the state of Israel was not created for the salvation of the Jews; it was created for the salvation of the Western interests,” as James Baldwin wrote in 1979 in his “Open Letter to the Born Again.” In his letter, Baldwin lucidly compares the Euro-American colonial project for the Jews with the US project for blacks in Liberia: “The white Americans responsible for sending black slaves to Liberia (where they are still slaving for the Firestone Rubber Plantation) did not do this to set them free. They despised them, and they wanted to get rid of them.”

    Prior to the proclamation of the State of Israel and its immediate recognition by the imperial powers, Palestinian-Jewish identity was one of many that existed in Palestine. The term “Palestinian” was not yet connotated with racialized meaning. My maternal ancestors, who were expelled from Spain in the late fifteenth century, ended up in Palestine before the Euro-Zionist movement began its actions there and before the movement gradually began conflating assisting Jews in response to antisemitic attacks in Europe with the imposition of a European-modeled project of colonization for Jews to partake in — a project not only construed as one of Jewish liberation but predicated upon European crusade against Arabs. Decolonization requires recovering the plural identities that once existed in Palestine and other places in the Ottoman Empire, notably ones whereby Jews and Muslims coexisted.

    Linda Xheza

    In your most recent film, The World Like a Jewel in the Hand, you discuss the destruction of a shared Muslim-Jewish world. You foreground a call by Jews who, in the late 1940s, rejected the European Zionist campaign and urged their fellow Jews to resist the destruction of Palestine. Given the recent destruction of lives, infrastructure, and monuments in Gaza, do you think it is still possible for Jews and Muslims to reclaim their shared world?

    Ariella Aïsha Azoulay

    First, the historical part. Zionists have sought to forever erase this call by anti-Zionist Jews from our memories. These Jewish elders were part of a Jewish-Muslim world, and they didn’t want to depart from it. They warned against the danger Zionism posed to Jews like them across this world that existed between North Africa and the Middle East, including in Palestine.

    We must recall that until the end of World War II, Zionism was a marginal and unimportant movement among Jewish peoples around the world. Hence, until that time, our elders didn’t even have to oppose Zionism; they could simply ignore it. It was only after World War II, when the surviving Jews in Europe — who were mostly not Zionists prior to the war — had almost nowhere to go, that Euro-American imperial powers seized the opportunity to support the Zionist project. For them, it was a viable alternative to having Jews remain in Europe or migrate to the United States, and they used the international organs they created to accelerate its realization.

    In so doing, they propagated the lie that their actions constituted a Jewish liberation project, while, in actuality, this project perpetuated the eradication of diverse Jewish communities far beyond Europe. And even worse, Jewish liberation was leveraged as a license and reason to destroy Palestine. This could not have been pursued without a growing number of Jews becoming Europe’s mercenaries: Jews who had migrated to Palestine while fleeing from or after surviving genocide in Europe, the Palestinian Jews who predated the arrival of the Zionists, and those Jews who were lured to come to Palestine or left with no other choice but to depart from the Muslim-Jewish world since Israel was established, with a clear agenda, to be an anti-Muslim and anti-Arab state — all were encouraged by Europe and European Zionists to see Arabs and Muslims as their enemies.

    We should not forget that Muslims and Arabs were never the enemies of the Jews and, moreover, that many of these Jews living in the majority-Muslim world were themselves Arabs. It is only with the creation of the State of Israel that these two categories — Jews and Arabs — became mutually exclusive.

    The destruction of this Jewish-Muslim world following World War II enabled the invention of a Judeo-Christian tradition, which would become, from that moment on, a reality, since Jews no longer lived outside of the Christian Western world. The survival of a Jewish regime in Israel required more settlers, and thus Jews of the Muslim-Jewish world were forced to leave to become part of this ethnostate. Detached and deprived of their rich and diverse histories, they could be socialized to this role assigned to them by Europe — mercenaries of this settler-colonial regime to restore Western power in the Middle East.

    Understanding this historical context doesn’t reduce the Zionist perpetrators’ responsibility for the crimes they committed against Palestinians over the decades; rather, it reminds one of Europe’s role in the destruction and extermination of Jewish communities mainly, but not only, in Europe, and its role in handing over Palestine to the Zionists, the alleged representatives of the survivors of this genocide who formed a Western post for these same European actors in the Middle East.

    Paradoxically, the only place in the world where Jews and Arabs — most of whom are Muslims — share the same piece of land today is between the river and the sea. But since 1948, this place has been defined by genocidal violence. The urgent questions now are how to stop the genocide and how to halt the introduction of more arms to this area.

    In Eichmann in Jerusalem, Hannah Arendt describes the contradictory sentiments felt by Jewish survivors of the Holocaust during the years they spent in camps for displaced persons in Europe. On the one hand, she said, the last thing they could imagine was to live once again with the perpetrators; on the other hand, she said, the thing they wanted most was to return to their places. It should not surprise us that after this genocide in Gaza, Palestinians may not be able to imagine sharing a world with their perpetrators, the Israelis. However, is that a proof that this world, where Arabs and Zionist Jews found themselves together, should also be destroyed to rebuild Palestine out of the ashes? It is only under the Euro-American imperial political imagination that a tragedy on the scale of World War II and the Holocaust could have ended with such brutal solutions as partitions, population transfers, ethno-independence, and the destruction of worlds.

    We, on a global scale, have an obligation to claim what I’ve called the right not to be a perpetrator and exercise it in any possible way. Dockworkers who refuse to ship arms to Israel, students who commit themselves to hunger strikes to pressure their universities to divest, Jews who disrupt with their communities and families and reclaim their ancestral rights to be and speak as anti-Zionists, protesters who occupy state buildings and train stations and risk being arrested — they are all motivated by this right even if they do not articulate it in these terms. They understand the role their governments, and more broadly the regimes under which they are governed as citizens, play in the perpetuation of this genocide, and they understand, as the common slogan says, that it is done in their name.

    Linda Xheza

    Those calling for a cease-fire are also Jewish. But even Jewish voices are being silenced. In Germany, for example, the work of well-established Jewish artists has been canceled. Do you think there is an interest in reinforcing a dominant narrative that has been in place since 1948 by the West and the State of Israel while suppressing Jewish voices that oppose the violence perpetrated in their name?

    Ariella Aïsha Azoulay

    It is true that Jewish voices are being silenced, but this is hardly anything new. Jewish voices were silenced immediately after World War II, when the survivors were left with no choice but to stay for years in deracinated camps. During that time, properties looted from their communities, rather than being either restituted to the places in Europe from where they were spoiled, were split by the National Library in Jerusalem and the Library of Congress in Washington like trophies. And not only was the collective trauma of the survivors — and us, their descendants — not attended to, we were silenced through this lie of a liberation project premised on a Zionist narrative of liberation through the colonization of Palestine, which would in turn provide Euro-American powers with another colony to service their imperial interests.

    The exceptionalization of the suffering of the Jews was not a Jewish discursive project but a Western one, part of the exceptionalization of the genocidal violence of the Nazis. In the grand narrative of Western triumph over this ultimate force of evil, the State of Israel became an emblem of Western fortitude and marked the endurance of the Euro-American imperial project. Within this grand narrative, Jews were forced to transform from traumatized survivors into perpetrators. Jews from all over the world were sent to win a demographic battle, without which the Israeli regime could not last. The second and third generations born to this project were born with no histories or memories of their anti-Zionist or non-Zionist ancestors, let alone memories of the other worlds of which their ancestors were part. What’s more, they were totally dissociated from the history of what Palestine used to be and from its destruction. Thus, they were easy prey for a nation-state marketed by the Zionists and Euro-American powers as the culmination of Jewish liberation.

    The Nakba, in this sense, was not only a genocidal campaign against Palestinians but also, at the same time, one against Jews, upon whom Europe forced another “solution” after the final one. Without the massive imperial powers’ funding and arms, the mass killing in Gaza would have ceased after a short while, and the Israelis would have to ask themselves what they were doing, how they arrived to this point, and would be forced to reckon with October 7 and ask themselves why it happened and how to achieve a sustainable life for everyone between the river and the sea.

    Jewish voices in places like Germany or France continue to be the first to be silenced in order to maintain both the Zionist colony and the fabricated cohesiveness of one Jewish people who could be represented by forces that sustain the Euro-American project of white supremacy. No more. The genocidal nature of the Israeli regime is exposed and can no longer be hidden from anyone.

    Linda Xheza

    Do you think there is still a possibility of hope for the Palestinians, and for the rest of us who want to claim a world to share with others?

    Ariella Aïsha Azoulay

    If there is no hope for Palestinians, there is no hope for any of us. The battle of Palestine exceeds Palestine, and the many who protest all around the world know it.

    • Je suis preneur pour des précisions sur les erreurs dans le texte.

      Cette histoire est un processus qu’on ne peut comprendre qu’en remontant jusqu’à la reconquista.

      cf. JUIFS D’AFRIQUE DU NORD ET EXPULSÉS D’ESPAGNE APRÈS 1492 on JSTOR
      https://www.jstor.org/stable/23671572

      Je ne suis pas spécialiste de la question alors j’ai noté l’article comme plein d’autres texte intéressants. D’ailleurs ce qui peut paraître comme situation insupportable aux uns peut bien se rapprocher d’un contexte justifiable ou idéal aux autres. Dans la cas présent on peut sans doute retenir qu’il y eu cohabitation entre juifs et musulmans en Afrique du nord et quelle était souvent plus supportable pour les juifs que la situation en Europe où on chassait les sorcières et pendait les prêteurs juifs quand on n’avait pas envie de les rembourser.

    • Je ne dis pas qu’il y a des erreurs dans ce texte -que j’avais également retenu pour son intérêt- mais qu’il élude la position minoritaire et dominée des Juifs dans les états musulmans, et les humiliations et conflits subis, qui ne découlent pas, compris indirectement des méfaits, bien plus terribles en effet, des états catholiques européens (il y a décidément plusieurs manières d’être occidentalo-centré)

      Que tu conclues en renvoyant les Juifs d’Europe au maniement et à la possessions de l’argent est éloquent. (il serait temps de situer avec précision_La question juive_ (1843) de Marx dans son parcours intellectuel et politique ; voir Rubel, Bensaïd).

      Les Juifs d’Europe ont dès le VIeme siècle interdiction de travailler la terre (chrétienne), tandis que les dhimmis juifs subissent celle, moins lourde, de monter à cheval et se voient eux-aussi, à l’occasion, imposer des vêtements distinctifs, comme ce fut le cas, à l’occasion là-aussi, en Europe.
      L’interdiction de travailler la terre c’est l’interdiction d’assurer sa subsistance sans en passer par l’argent comme moyen d’échange, de vendre le fruit d’un autre travail qu’agricole.

      Minoritaire, les Juifs ne l’étaient pas assez pour être tous impliqués dans des activités financière, bien loin de là ! On en trouve en Europe au fil des siècles, des floppées, une grande majorité, dans des métiers artisanaux et de petit commerce, sans lien avec « la finance », et bien souvent pauvres, voire très pauvres.

      La naissance d’une légende : Juifs et finance dans l’imaginaire bordelais du XVIIe siècle
      https://laviedesidees.fr/Les-Juifs-du-Moyen-Age-une

      Les juifs dans le Paris du vêtement et de la mode (avec une longue liste de métiers pratiqués, y compris hors textile)
      https://www.cairn.info/revue-archives-juives1-2006-2-page-4.htm

      #Juifs #Juifs-arabes