• Diomaye Faye devra tenir compte d’un « authentique désir d’émancipation » vis-a-vis de la France - Survie
    https://survie.org/billets-d-afrique/2024/337-juin-2024/article/diomaye-faye-devra-tenir-compte-d-un-authentique-desir-d-emancipation-vis-a-

    Une rupture radicale avec l’ancienne puissance coloniale a toujours été à l’ordre du jour avec le PASTEF mais on avait du mal à en voir les modalités parce que Sonko et son parti étaient plus occupés à se défendre d’une aberrante accusation de viol qu’à exposer leur projet de société. Je dois avouer que je m’étais moi-même plutôt attendu à un rééquilibrage en douceur, compte tenu des relations très spéciales entre le Sénégal et la France. Mais le 16 mai à l’université de Dakar en présence de Mélenchon, Ousmane Sonko a été extrêmement clair et dur. Les propos qu’il a tenus ce jour-là auraient pu l’être par le bouillant président burkinabè Ibrahim Traoré. Après les avoir entendus on est préparé à la sortie du CFA et à la fermeture des bases militaires françaises, c’est-à-dire à la fin de la Françafrique au Sénégal. Mais peut-être qu’au fond nous aurions dû voir venir car dès son arrivée au pouvoir Diomaye Faye a eu à cœur de casser les codes qui ont jusqu’ici signalé au monde la soumission à l’Élysée de tout président sénégalais nouvellement élu.

    #senegal #franceafrique #

  • La gauche française peut-elle retrouver l’avant-garde mondiale ? - AOC media
    https://aoc.media/opinion/2024/06/03/la-gauche-francaise-peut-elle-retrouver-lavant-garde-mondiale

    Par Agathe Cagé
    Politiste

    L’attachement de la gauche française à être, et peut-être même encore plus à paraître, raisonnable, n’est à même de susciter ni espoir, ni engouement. Pour retrouver son poste à l’avant-garde, la gauche française doit retrouver le goût de l’inattendu.

    Le 6 mars 2024, le magazine du New York Times publiait un long article d’analyse consacré à la situation de la gauche française sous le titre « Pourquoi le pouvoir échappe à la gauche française » (Why Power Eludes the French Left). Un an après le mouvement social massif et unitaire contre la réforme des retraites, le chapeau de l’article en résumait la tonalité générale : « La France a souvent été à l’avant-garde des politiques de gauche –mais le soutien dans la rue ne se traduit pas toujours en votes dans les urnes ».
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    L’affirmation ne dit pas seulement la complexité et la non-linéarité des relations entre mouvements sociaux et résultats électoraux. Elle place surtout la gauche française actuelle face au miroir de son histoire. Peut-elle encore se considérer aujourd’hui comme à l’avant-garde mondiale des politiques de gauche, ou même en capacité de l’être ? Est-elle dans son état actuel à même de concevoir, puis de mettre en œuvre, des politiques novatrices et de rupture ? On ne peut répondre par l’affirmative à cette interrogation. La gauche française a perdu sa place historique d’avant-garde. Si elle peut la retrouver, c’est à la condition d’abord de le vouloir, ensuite de s’en donner les moyens, ce qui suppose qu’elle rompe avec l’indolence qui paraît désormais la caractériser et qu’elle retrouve le sens des ambitions véritables.

    En 1936, de 1944 à 1946 à travers son implication dans le Gouvernement provisoire de la République française qui crée la Sécurité sociale et le modèle français d’État-Providence, en 1981, en 1997, la gauche française incarne pleinement son ADN révolutionnaire, à l’avant-garde des politiques mondiales de gauche. Elle fait figure de défricheur sur la scène internationale et d’étalon de référence dans le débat politique national. L’historien Jacques Julliard peut d’ailleurs, en 2012, la définir ainsi : « La gauche est la gauche ; la droite est une non-gauche ».
    La gauche désespérante

    Une décennie plus tard, les mots du journaliste Nicolas Truong dans Le Monde le 4 mars 2022 disent, mieux peut-être encore que les résultats électoraux successifs, l’ampleur de l’effondrement : « une gauche désespérante », écrit-il à propos de la gauche française. Au moment même où les gauches espagnole, portugaise, allemande, norvégienne sont au pouvoir et au travail. La définition de la gauche par Jacques Julliard a vécu. La gauche française ne sait plus ni qui elle est, ni ce qu’elle ambitionne d’incarner.

    L’attachement de la gauche française à être, et peut-être même encore plus à paraître, raisonnable, n’est à même de susciter ni espoir, ni engouement. Pour retrouver son poste à l’avant-garde, la gauche française doit retrouver le goût de l’inattendu. Elle doit cesser d’attendre un vent qui tourne ou de récolter une partie des fruits des colères sociales. Elle doit cesser de croire qu’un balancier politique la ramènera au pouvoir si elle ne sait plus faire la différence pour prétendre l’exercer. Elle doit réapprendre à surprendre.

    #Politique #Gauche #France #Combattre_la_désespérance

  • Au cœur de France Travail : quand accompagnement social rime avec violence verbale - Chômeurs CGT
    https://chomeurs-precaires-cgt.fr/pole-emploi/au-coeur-de-france-travail-quand-accompagnement-social-rime-a

    « Jeudi 23 mai 2024, 14 heures, plateforme sociale municipale. Je me rends à mon rendez-vous semestriel d’accompagnement dans le cadre du dispositif #RSA, vers lequel sont automatiquement orientés les bénéficiaires de ce revenu. Ma conseillère #France_Travail était cette fois exceptionnellement présente aux côtés de la conseillère en insertion de la mairie de ma ville de résidence qui suit mon dossier depuis environ trois ans et demi.

    Cette conseillère en insertion a donc commencé l’entretien en me demandant comment se passait l’ »accompagnement global » que ma conseillère France Travail réalise pour moi depuis six mois. J’ai répondu, non sans ironie, qu’elle m’avait coup sur coup vanté, dans ce cadre, le bénévolat, orienté vers un #emploi qui ne recrute qu’en contrat « adultes-relais« [1], auquel je ne suis pas éligible, et m’avait tout dernièrement imprimé des offres d’emploi en intérim dont le public-cible est les « bénéficiaires de l’obligation d’emploi« [2] ; dont je ne fais pas partie non plus.

    Mais plutôt que de reconnaître là le signalement d’une série d’écueils à éviter à l’avenir, la conseillère en insertion a versé tout de go dans la malveillance débridée en me disant que, de toute façon, d’ici 2025, ce sera pour moi 15 heures hebdomadaires de #travail_obligatoire ou bien la suspension du RSA. « C’est ça que vous voulez ? »

    #chômeurs #travail

  • La mutinerie du Paoli
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-pieds-sur-terre/la-mutinerie-du-paoli-3492317

    En 2005, la Société nationale maritime Corse-Méditerranée est au bord de la faillite et le gouvernement décide de la privatiser. Les marins se mettent alors en grève, montent à bord du navire fleuron de la société, le “Pascal Paoli” et le détournent vers la Corse.

    Tin tin tin !

    #syndicalisme #Corse #service_public #bateau #piraterie #mutinerie #SNCM #audio #radio #France_Culture

  • Pour la liberté d’expression et le droit syndical : le ministre Darmanin doit retirer sa plainte !

    Monsieur le Ministre,
    Olivier Cuzon, enseignant et syndicaliste, co-secrétaire de l’Union interprofessionnelle de Solidaires 29 et représentant de SUD éducation 29 en Comité Social d’Administration Spécial Départemental, a été auditionné le 19 avril 2024 au commissariat de Brest suite à une plainte pour « diffamation et injure publiques à l’encontre de la police et de la gendarmerie » déposée par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin lui-même.

    Le ministre de l’Intérieur reproche à SUD éducation 29, à travers un de ses représentants Olivier Cuzon, la publication d’un article sur son site internet dans lequel le syndicat cite des enquêtes journalistiques faisant état de discours racistes, homophobes ou misogynes au sein de l’armée et de la police pour interroger l’intrusion de dispositifs de promotion de l’armée au sein du service public d’éducation.

    Le passage incriminé ne vise en aucun cas à porter atteinte à l’institution, mais bien à ouvrir un débat à partir notamment d’enquêtes journalistiques sérieuses.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/06/04/pour-la-liberte-dexpression-et-le-droit-syndic

    #france

  • Edmond Baudoin au pied des étoiles
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-midis-de-culture/edmond-baudoin-au-pied-des-etoiles-6868650

    Pionnier de l’autobiographie en bande dessinée, Edmond Baudoin poursuit une oeuvre nourrie par les voyages et les amitiés. L’album « Au pied des étoiles », qu’il signe avec Emmanuel Lepage, nous mène du Chili aux étoiles.

    Autour de la BD que j’ai beaucoup aimé :
    https://www.futuropolis.fr/9782754835657/au-pied-des-etoiles.html

    Un professeur de physique dans un lycée de Grenoble, José Olivares, avait un rêve : emmener ses élèves voir les étoiles dans le désert d’Atacama, au Chili. Là où se trouvent les plus grands observatoires sur terre. Il avait imaginé que deux auteurs de bande dessinée racontent en images cette expédition. Le voyage était prévu en avril 2020, mais rien ne s’est passé comme prévu. Alors que le monde est confiné pour cause de pandémie, on découvre chez Emmanuel Lepage une tumeur maligne. Plus question de partir.
    Un premier voyage aura finalement lieu en décembre 2021, sans les lycéens, faute d’argent, mais avec le professeur et les deux auteurs. C’est le moment de l’élection présidentielle au Chili, qui devra départager un candidat d’extrême droite et le jeune candidat de la gauche unie, Gabriel Boric. Dans cette effervescence du résultat de l’élection, où se joue l’avenir du Chili, les deux auteurs se mêlent au peuple qui afflue en masse vers la place d’Italie...

    Depuis ses débuts, l’aîné, Edmond Baudoin, s’est tourné vers une bande dessinée autobiographique, tandis que le cadet, Emmanuel Lepage, a choisi de s’exprimer dans la fiction, pendant vingt ans, avant de se permettre de dire « je » dans ses livres. Mais ce qui les réunit est bien plus fort que ce qui les sépare : le voyage d’abord, leur amour de l’art et du beau ensuite, leur engagement passionné pour l’humain enfin. Témoin, ce livre de non-fiction magnifique, singulier, foisonnant, riche de leurs échanges, écrit et dessiné à quatre mains. Il raconte leur voyage au Chili en décembre 2021, les étoiles du désert d’Atacama, le dessin, l’amour, les rencontres, la nécessité de transmettre, la beauté des êtres et des choses, et toujours, toujours, la vie.

    #bande_dessinée #BD #Edmond_Baudoin #Emmanuel_Lepage #étoiles #Chili #histoire #voyage #politique #audio #radio #France_Culture

  • Quand le brevet sert la soupe au SNU
    https://www.cafepedagogique.net/2024/06/03/quand-le-brevet-sert-la-soupe-au-snu

    On rappellera que l’EMC est un matière censée nourrir l’esprit critique. Aussi faut-il scruter de près le questionnement sur les documents pour comprendre le cheminement intellectuel demandé à l’élève. Force est de constater que c’est assez simple ici puisqu’il s’agit de procéder en deux temps :

    – S’assurer que l’élève a bien saisi les informations des documents publicitaires

    – Lui demander de mobiliser ces informations pour faire la promotion du SNU auprès de ses camarades.

    C’est simple, concis, et franc du collier.

    On nous rétorquera sans doute que le gouvernement n’est nullement responsable de la confection des sujets, trop occupé à batailler pour faire accepter l’inique réforme des groupes de niveau/besoins/niveau. Et qu’il faut donc plutôt pointer la responsabilité de collègues et de l’Inspection. C’est sans doute vrai, et même pire tant cela reflète la toxicité d’une chaîne de loyauté fabriquée sur la base d’une soumission aveugle à l’autorité et d’autocensure face à la possibilité – même minime- de la critique.

    Il est donc permis de se demander comment enseigner l’esprit critique à des élèves si l’on est soi-même saisi d’effroi à la simple idée d’introduire une pincée de nuances et un soupçon de distance dans l’analyse de documents. Ce n’était pourtant pas impossible à faire comme le montre cette proposition de sujet alternatif élaboré par nos soins.

    • 4) Expliquez pourquoi toutes les activités menées permettent de développer l’engagement citoyen.

      5) Vous souhaitez faire une présentation en cours d’Enseignement Moral et Civique sur la Défense nationale. Expliquez à vos camarades les conditions pour participer au SNU, les activités proposées et les objectifs de ce séjour de cohésion.

    • Les parti pris sont de compagnie pour le deuxième sujet aussi, la, pour appeler l’événement historique par son nom de propagande occidentale, « chute du mur de Berlin ».
      Les notions sur lesquelles on interroge les enfants et leur présentation comme allant de soi n’incitent pas à des réponses nuancées et critiques mais à des phrases qui recrachent les formules vides de sens apprises par coeur.
      « RDA régime autoritaire », « liberté retrouvée par les Allemands de l’Ouest », « conséquences pour les Allemands », etc.
      Je n’entre pas dans le détail de la question.

      #France #pédagogie #propagande

  • Loi « immigration » : la laborieuse mise en place des régularisations « métiers en tension »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/06/03/loi-immigration-la-laborieuse-mise-en-place-des-regularisations-metiers-en-t

    Loi « immigration » : la laborieuse mise en place des régularisations « métiers en tension »
    Par Anjara Andriambelo et Julia Pascual
    « Régularisons ceux qui travaillent, ce sera dix mille régularisations en plus dès l’année prochaine. » Le 19 décembre 2023, devant l’Assemblée nationale, Gérald Darmanin s’emballe. Alors que sa loi « immigration » va être adoptée par les députés dans quelques instants, avec les voix du Rassemblement national, le ministre de l’intérieur défend la « jambe gauche » de son texte. Bien que sa portée ait été amoindrie par les amendements de la droite sénatoriale, un article du texte doit faciliter la régularisation des travailleurs sans papiers dans les métiers en tension.
    Pour montrer son volontarisme, M. Darmanin publie quatre instructions d’application immédiate dès le 5 février, dont l’une porte sur ces métiers en tension. Il y précise les conditions requises pour qu’un travailleur sans papiers obtienne un titre de séjour : trois ans d’ancienneté sur le territoire, douze fiches de paye à mi-temps au moins dans un métier en tension et l’occupation actuelle d’un de ces métiers, listés par arrêté ministériel. « Vous veillerez particulièrement à ce que les dossiers soient instruits dans un délai de quatre-vingt-dix jours », précise le ministre aux préfets, alors que, sur certains territoires, les temps d’instruction des demandes de titre de séjour se comptent en années.
    Près de quatre mois plus tard, sur le terrain, les passages à l’acte sont encore balbutiants. « C’est assez mou, convient un préfet, sous le couvert de l’anonymat. Autant sur le volet répressif de la loi et notamment les expulsions, on nous demande de faire remonter un tableau mensuel avec les mesures prises, autant sur le reste, il n’y a pas de demande spécifique. » « Les préfets appliquent avec zèle les motifs d’édiction d’OQTF [obligation de quitter le territoire français], mais c’est zéro sur les régularisations métiers en tension », corrobore Lydie Nicol, secrétaire nationale confédérale de la CFDT chargée de l’immigration.
    Sollicité sur le nombre de régularisations qui ont été opérées depuis février sur la base du nouveau dispositif, le ministère de l’intérieur ne nous a transmis aucun chiffre, au motif que « la méthodologie des retombées statistiques sur les titres de séjour est malheureusement tributaire des publications annuelles ».
    Certaines préfectures ne font, en tout cas, même pas apparaître la possibilité de demander un titre de séjour « métiers en tension » sur leur site Internet. C’est le cas, par exemple, de celles de Seine-Saint-Denis, de Haute-Garonne ou encore de Savoie, où réside Léonard (le prénom a été modifié). Cet Albanais de 60 ans remplit pourtant en théorie tous les critères. Il vit en France depuis huit ans, travaille comme agent d’entretien – un métier qui figure dans la liste des métiers en tension fixée pour la région Auvergne-Rhône-Alpes, où il vit – et possède trente-six fiches de paie. Sa femme, agente de nettoyage comme lui, remplit tous les critères également. Mais, faute de procédure d’accès mise en place par la préfecture du département, ils sont tous deux dans l’impasse.
    En Seine-Saint-Denis, le constat est identique. « La fameuse carte “métiers en tension” n’existe pas », explique Jean-Albert Guidou, membre du pôle « travailleurs migrants » de la CGT, alors qu’il se tient, en cette fin du mois de mai, devant une salle de la bourse du travail de Bobigny, où l’écoute, fébrile, une assemblée de quelque soixante-dix travailleurs sans papiers. Tandis que les étrangers font face à la difficulté d’accès aux rendez-vous en préfecture, certains d’entre eux ont nourri l’espoir que le nouveau titre « métiers en tension » facilite leurs démarches.C’est le cas de Daouda (le prénom a été modifié), un plongeur intérimaire sénégalais, arrivé en France en 2019. Il aimerait déposer une demande de régularisation, mais la préfecture de Bobigny – dans la cantine de laquelle il a d’ailleurs travaillé pendant plusieurs mois – est « bloquée », dit-il. « En attendant, les patrons en profitent et, comme sans-papiers, on ne peut pas revendiquer », lâche Mamadou Diallo, un Guinéen de 28 ans qui travaille comme installateur de portes et de fenêtres en région parisienne. Ce jeune diplômé en sociologie est payé 1 400 euros par mois pour trente-neuf heures hebdomadaires. Il a « tout suivi de la loi “immigration” ». Et il est persuadé que « le volet humanitaire du texte a été abandonné. C’était juste un moyen de maquiller le caractère répressif de la loi ».
    Aux côtés de Mamadou Diallo, un Marocain de 39 ans est venu se renseigner sur ses droits. S’il obtenait un titre de séjour, cet ouvrier marbrier pour une entreprise de pompes funèbres pourrait chercher de meilleures conditions de travail et quitter le taudis que lui loue à prix d’or un marchand de sommeil. Dans le contexte actuel, il l’avoue, « les gens ont peur de demander de régulariser leur situation, car ils redoutent une OQTF ».
    A contrario, dans d’autres départements, des dossiers ont déjà pu être pris en compte. Ainsi, en Bretagne, l’avocate Dorothée Calonne – qui préfère taire le nom du département de peur que la préfecture ne soit considérée comme trop bienveillante – a déposé une demande de régularisation pour un ouvrier d’élevage présent en France depuis 2016 et employé depuis près de deux ans. « Il a très rapidement obtenu un récépissé de sa demande avec une autorisation de travail, se réjouit-elle, alors que dans un dossier classique de régularisation par le travail, il y a au minimum un an d’attente. » Dans les Hautes-Pyrénées, Mathieu Oudin a lui aussi obtenu une autorisation de travail pour un électricien marocain. « Ça n’a pris qu’un mois, c’est un miracle », souligne l’avocat.
    En revanche, Laurie Quinson, dans les Bouches-du-Rhône, n’a toujours pas reçu d’accusé de réception d’une demande de régularisation d’un électricien pakistanais, pourtant déposée dès le 12 février. « Actuellement, la préfecture traite des dossiers déposés en décembre… », explique-t-elle. En Gironde, l’avocat Pierre Lanne, lui non plus, n’a pas reçu d’accusé de réception d’une demande de régularisation faite en mars pour un client de nationalité algérienne et responsable de l’atelier de réparation d’un concessionnaire automobile.
    « On va se retrouver face à des situations disparates sur le territoire, ce qu’on dénonce depuis des années avec la circulaire Valls », regrette Flor Tercero, présidente de l’association Avocats pour la défense des droits des étrangers. La circulaire ministérielle dite « Valls » est le texte qui régit depuis 2012 les régularisations par le travail, en précisant aux préfectures les conditions sous lesquelles évaluer les demandes. La loi Darmanin crée un moyen supplémentaire de régularisation qui a notamment l’avantage, contrairement à la circulaire Valls, de ne pas solliciter de l’employeur qu’il effectue des démarches en faveur de son salarié – une façon de lui retirer son pouvoir de blocage. Mais, comme avec la circulaire Valls, les préfectures conservent leur entier pouvoir d’appréciation.
    Un haut fonctionnaire au sein du gouvernement assure toutefois qu’il n’y a « aucune volonté d’entrave » à la loi et que sa mise en œuvre suit « un cycle normal ». Une instruction de la ministre du travail, Catherine Vautrin, a d’ailleurs été envoyée aux préfets le 24 mai, leur demandant de se concerter avec les acteurs économiques locaux pour modifier la liste des métiers en tension. Celle en vigueur date de 2021. Déclinée par région, elle est, de l’aveu de tous, décorrélée des réalités de terrain. « En Auvergne-Rhône-Alpes, il n’y a dans la liste aucun métier du bâtiment, de l’aide à la personne, et pour la restauration, il n’y a que maître d’hôtel », illustre Gérard Gomès-Léal, un bénévole de l’association d’aide aux migrants La Cimade, en Savoie.
    Dans le contexte de la crise des agriculteurs, le gouvernement a modifié une première fois la liste en mars pour y inclure en catastrophe certains métiers agricoles. Pour mieux correspondre aux « réalités locales du marché du travail », la ministre du travail a demandé aux préfets d’appliquer une « nouvelle méthodologie » et de tenir compte non seulement des métiers qui ont des difficultés de recrutement, mais aussi de ceux « ayant déjà largement recours à la main-d’œuvre étrangère », mais qui, parce que leurs emplois sont déjà pourvus partiellement par des travailleurs sans papiers, ne ressortent pas de la statistique officielle.
    Les préfectures doivent envoyer des propositions d’ajout de nouveaux métiers en tension avant le 21 juin. « Le temps que tout se mette en place, on aura perdu un an », regrette Gérard Gomès-Léal, qui rappelle que la disposition sur les métiers en tension n’est prévue pour s’appliquer que jusqu’à la fin de l’année 2026.

    #Covid-19#migrant#migration#france#loiimmigration#regularisation#metierentension#prefeture#sante#economie#integration

  • Macron, en marche vers l’#extrême_droite ?
    https://www.youtube.com/watch?v=G43ZVd7wN60

    En 2017, puis en 2022, Emmanuel Macron a remporté l’élection présidentielle face à Marine Le Pen. Mais sa fascination pour l’extrême-droite et sa complaisance vis-à-vis d’empires médiatiques qui propagent la xénophobie contribuent à « booster » le Rassemblement national. Au second tour de la présidentielle de 2022, Marine Le Pen recueillait 41,8% des voix. Un record. Et le résultat d’une politique. Depuis 2017, interdictions de manifestations, arrestations arbitraires et surveillance généralisée sont utilisés par l’exécutif pour mater des révoltes populaires contre des politiques libérales imposées sans concertation, et considérées comme « anti pauvres ».
    Demain, l’Etat de droit et la devise républicaine « Liberté, égalité, fraternité » ne seront ils plus qu’un lointain souvenir ? Durant quatre mois, Thierry Vincent et Daphné Deschamps ont interviewé d’anciens macronistes déçus par la dérive autoritaire du président et des figures conservatrices et d’extrême-droite qui se réjouissent qu’Emmanuel Macron leur prépare un « boulevard » pour 2027.
    À quelques semaines des élections européennes, enquête au coeur d’une France en marche vers l’extrême droite.

    #Macron #Emmanuel_Macron #ni_de_droite_ni_de_gauche #de_droite_et_de_gauche #monarchisme #action_française #en_marche #jeanne_d'arc #Puy_du_Fou #11_novembre_2018 #Maréchal_Pétain #Pétain #décivilisation #Renaud_Camus #autoritarisme #macronisme #islamo-gauchisme #front_national (#FN) #arc_républicain #Jean-Michel_Blanquer #Amélie_de_Montchalin #front_républicain #Rassemblement_national (#RN) #Patrick_Vignal #intersectionnalité #gauche_radicale #extrême_gauche #France_insoumise #tenue_vestimentaire #habits #retraite #xénophobie #racisme #Elisabeth_Borne #Valeurs_Actuelles #migrations #connivence #symbole #Bruno_Roger-Petit #Bolloré #Vincent_Bolloré #médias #groupe_Bolloré #François_Coty #punaises_de_lit #bouc_émissaire #Pascal_Praud #grand_remplacement #Pap_Ndiaye #Rima_Abdul_Malak #Rachida_Dati #Cyril_Hanouna #Geoffroy_Lejeune #Journal_du_Dimanche (#JDD) #Gérald_Darmanin #conservatisme #homophobie #homosexualité #violences_policières #loi_immigration #préférence_nationale

  • 01.06.2024, #Nfansou_Drame , Ventimiglia, cadavere di un migrante nell’accampamento sul fiume Roja

    Un migrante è stato trovato morto all’interno di una tenda nell’accampamento di fortuna allestito nel greto del torrente Roja, sotto il cavalcavia di via Tenda a Ventimiglia.
    Al momento non si conoscono i motivi del decesso, che sembrerebbe comunque essere dovuto a cause naturali.
    Sul posto sono accorsi carabinieri e polizia, atteso il medico legale per una prima ispezione sulla salma.
    A compiere accertamenti su quanto accaduto saranno i militari dell’Arma.

    https://www.riviera24.it/2024/06/ventimiglia-cadavere-di-un-migrante-nellaccampamento-sul-fiume-roja-868284
    #Ventimille #asile #migrations #réfugiés #frontière_sud-alpine #Italie #France #Alpes_Maritimes #décès #mort #mourir_aux_frontières

    –—

    ajouté au fil de discussion sur les morts à la frontière de Vintimille :
    https://seenthis.net/messages/784767

    lui-même ajouté à la métaliste sur les morts aux frontières alpines :
    https://seenthis.net/messages/758646

    • Ventimiglia, identificato il migrante trovato morto sotto il cavalcavia di via Tenda
      https://www.youtube.com/watch?v=4ZwwNho2qes

      Una corona di fiori appassiti posata davanti a una tenda sgualcita nel greto di un fiume in cui vivono ratti e piccioni. E’ un gesto di rispetto e affetto, probabilmente l’unico, nei confronti del giovane trovato morto intorno a mezzogiorno sotto il cavalcavia di via Tenda, a Ventimiglia.

      A dare un nome a quel corpo magro sono stati i carabinieri della compagnia della città di confine, che sono riusciti a identificare l’uomo, nonostante i tanti alias utilizzati dal suo arrivo in Italia. Si tratta di un senegalese di 32 anni, irregolare in Italia e richiedente asilo in Francia. Secondo quanto appurato fino ad ora, anche grazie ad un primo esame esterno del corpo da parte del medico legale Andrea Leoncini, il giovane sarebbe morto per le conseguenze di una malattia.

      Intorno al corpo si è formato un mesto capannello di uomini, tutti giovani africani, che alle forze dell’ordine hanno dichiarato di conoscere il 30enne morto. Qualcuno di loro, per dargli una sorta di saluto, deve aver raggiunto il vicino cimitero di Roverino dove ha trovato una corona di rose ormai vecchie, l’ha presa e l’ha adagiata sull’uscio della tenda dove è stato ritrovato il corpo del giovane.

      Ora gli investigatori cercheranno di rintracciare la famiglia per restituire, oltre alla salma, gli oggetti personali della vittima: uno zainetto, con dentro tutto quello che possedeva.

      https://www.riviera24.it/2024/06/ventimiglia-identificato-il-migrante-trovato-morto-sotto-il-cavalcavia-di-

    • Supporting a family for the loss of a son

      On June 1st, after feeling sick for a day, N. passed away in his tent in Ventimiglia.

      This tragedy is not an isolated incident, but a consequence of structural discrimination against people on the move.

      In theory, everyone has the right to access healthcare. Unfortunately, the reality is that people face numerous obstacles imposed by institutional racism.

      The brother and some friends of N. are now in Ventimiglia, trying to arrange for his body to be sent back to his parents and wife in Senegal. This process is time-consuming and expensive, costing up to 6,000 euros.

      We are reaching out for help to support the family in this difficult situation. There is no consolation for losing a loved one in such an unjust manner. With your donation you can accompany them in their grief.

      Le 1er juin dernier, N. est décédé dans sa tente à Ventimille après avoir été souffrant.

      Ceci n’est pas un cas isolé mais bien l’une des conséquences de la discrimination systémique envers les migrants.

      En théorie, tout un chacun a le droit d’accéder aux soins de santé. Malheureusement, en pratique, des personnes se retrouvent à devoir faire face à de nombreux obstacles mis en place par un racisme ancré et institutionnel.

      Le frère de N. ainsi que certains de ses amis se sont rendus à Ventimille afin de rapatrier le corps de N. au Sénégal, où l’attendent ses parents ainsi que son épouse. Malheureusement, cette procédure requiert beaucoup de temps et d’argent (environ 6 000€).

      Nous faisons donc appel à vous afin d’apporter notre soutien à la famille de N. durant leur deuil. Il n’existe bien évidemment pas de consolation après la perte d’un être cher dans de conditions aussi injustes. Votre donation pourra néanmoins accompagner la famille dans cette dure épreuve qui se présente désormais à elle.

      https://donorbox.org/supporting-a-family-for-the-loss-of-a-son-1

  • Traversées de la Manche : « On meurt plus au moment de l’embarcation qu’en pleine mer » - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/57455/traversees-de-la-manche--on-meurt-plus-au-moment-de-lembarcation-quen-

    Traversées de la Manche : « On meurt plus au moment de l’embarcation qu’en pleine mer »
    Par Charlotte Boitiaux Publié le : 31/05/2024
    Confrontés à une pression policière toujours plus forte, à une surcharge des canots plus importante et à des départs de plus en plus loin de Calais, les migrants risquent davantage leur vie lors des tentatives de traversées de la Manche. Dans la nuit de samedi 13 janvier à dimanche 14 janvier 2024, un groupe de Syriens, dont un bébé d’un mois, rejoint un canot déjà en mer. Il est 2 heures du matin. La houle, la nuit et les vagues font paniquer le groupe au moment de monter dans l’embarcation. Le bateau se retourne. Les migrants tombent à l’eau. Dans la confusion, deux adolescents syriens de 14 et 16 ans se noient, à quelques mètres seulement de la plage. Trois autres personnes mourront aussi cette nuit-là. L’eau était à 9 degrés.
    Depuis plusieurs mois, les traversées de la Manche ont « changé... en pire », estime Salomé Bahri, coordinatrice de l’association Utopia 56 à Grande-Synthe, présente depuis des années sur le littoral français. « On a remarqué que les décès [de migrants] se produisent désormais près des côtes. On meurt plus au moment de l’embarcation, et moins en pleine mer », résume-t-elle. « On peut aussi mourir avant même d’avoir atteint la Manche. Prenez l’exemple de cette fillette de sept ans [morte par noyade, le 3 mars 2024]. Elle est décédée dans le canal de l’Aa, le canot n’avait même pas atteint la mer ».Seize migrants, dont dix enfants âgés de sept à treize ans, se trouvaient à bord de ce bateau. Celui-ci « n’était pas dimensionné pour supporter autant de personnes », avait affirmé la préfecture du Nord dans un communiqué.
    Pour Utopia 56, « les traversées ne sont plus celles d’il y a un an ou deux ans ». D’abord, parce que les départs sont plus « dangereux ». De plus en plus d’embarquements se font en amont de la Manche, sur les canaux, les rivières qui se jettent dans la Manche. Le but : éviter les policiers qui patrouillent sur les plages. « On pense être à l’abri, être discret, mais les gens tombent des canots et meurent aussi », résume Fabien Touchard, un autre coordinateur d’Utopia 56.
    D’autres passeurs envisagent aussi de faire monter leurs passagers quand l’embarcation est déjà en mer, forçant les femmes et les enfants à s’enfoncer dans l’eau sur plusieurs dizaines de mètres avant de les hisser à bord. Pourquoi une telle prise de risques ? Parce que les trafiquants savent que les policiers n’ont pas le droit d’intercepter les migrants une fois qu’ils sont en mer. Cette compétence relève du droit maritime. Pour Fabien Touchard, les trafiquants agissent donc par souci de rentabilité. « Il y a un an et demi, deux ans, on était sur des canots de 30, 40 personnes, aujourd’hui on est sur des bateaux de 60, 70 personnes voire plus dans des cas exceptionnels. Les passeurs se disent que le taux d’empêchement [des traversées] est élevé, il faut donc charger davantage les bateaux. »
    Or la qualité des canots, elle, ne s’est pas améliorée. « Dans la précipitation et la peur de se faire repérer par les forces de l’ordre, les migrants ne prennent plus le temps de correctement gonfler les pneumatiques que certains passeurs fournissent », explique encore Salomé Bahri d’Utopia 56. « Par exemple, on constate que des migrants n’installent plus le sol rigide au fond des bateaux, or ce sol permet de maintenir le canot à flot. Sans, le bateau s’affaisse rapidement, il prend l’eau… On voit de plus en plus de personnes rentrer à la nage sur les plages ». Pour Fabien Touchard et Salomé Bahri, les trafiquants s’adaptent aussi face à l’important dispositif policier déployé sur les plages du nord du pays. Un arsenal militaire qui s’inscrit dans des accords passés entre le Royaume-Uni et la France pour tenter d’endiguer l’immigration clandestine. En mars dernier, les Britanniques ont annoncé verser plus de 500 millions d’euros sur quatre ans à la France pour militariser davantage la frontière maritime.
    « Les rapports de forces entre exilés et policiers se durcissent inévitablement. Il y a des surveillances au drones, des patrouilles partout... », explique Salomé Bahri. « On assiste à des gazages sur les plages, des bateaux lacérés au couteau… Des migrants nous racontent que les policiers jettent maintenant des gaz lacrymogènes dans les canots sur le départ alors même que des enfants se trouvent à l’intérieur. Résultat, les mises à l’eau [de bateaux] sont plus chaotiques qu’avant ». Ces rapports de force ont aussi une influence sur le timing des départs. « Pour éviter au maximum ces confrontations violentes, les migrants prennent désormais des risques au niveau de la météo. Par exemple, ils vont prendre la mer quand le temps est instable, quand les vagues sont très hautes. Ils pensent que les plages sont moins surveillées par temps de pluie », explique Fabien Touchard.
    Et ils partent de plus en plus loin. « Avant, les canots partaient depuis le Calaisis ou le Dunkerquois. Maintenant, on reçoit des appels à l‘aide des personnes qui se trouvent à Boulogne-sur-Mer, au Touquet, à Berck », développe Salomé. Soit des villes plus au sud, très éloignées des côtes anglaises. « Si avant, les migrants mettaient six ou huit heures pour aller de Calais à Douvres [port de débarquement des migrants en Angleterre, ndlr], désormais ils doivent doubler voire tripler ce temps de trajet en mer ». Enfin, les montées à bord aussi se complexifient, notamment à cause d’un nouveau phénomène de « montées sauvages ». Les exilés qui vivent depuis plusieurs semaines voire mois dans le nord de la France n’ont parfois plus les moyens de payer les passeurs. « Ils ont épuisé leurs économies dans différentes tentatives », explique encore Salomé Bahri. « Ils ont tenté la traversée deux trois, quatre fois, 10 fois... Quand ils n’ont plus rien, ils essaient alors de monter à la dernière minute à bord d’une embarcation, gratuitement, avec les problèmes que cela peut créer : surnombre, altercations avec les autres passagers… » Malgré tous ces dangers, les traversées de la Manche sont loin d’être enrayées. Depuis le début de l’année, plus de 10 000 migrants sont arrivés sur le sol anglais, contre 7 600 l’année dernière à la même période. Et les morts ne cessent d’augmenter. Au moins 16 exilés sont morts en tentant de traverser la Manche depuis le début de l’année 2024. Ils étaient 12 pour l’ensemble de l’année 2023, et un en 2022, selon la préfecture de la Manche et de la mer du Nord.

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  • Comment les Vietnamiens sont devenus parmi les principaux migrants sur les « small-boats » vers l’Angleterre - InfoMigrants
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    Comment les Vietnamiens sont devenus parmi les principaux migrants sur les « small-boats » vers l’Angleterre
    Par Louis Chahuneau Publié le : 30/05/2024
    Depuis le début de l’année, les migrants vietnamiens sont de plus en plus nombreux à traverser la Manche en direction du Royaume-Uni. Depuis le drame du camion charnier en 2019 où 39 Vietnamiens avaient trouvé la mort par asphyxie en se rendant de manière irrégulière au Royaume-Uni, les exilés originaires du Vietnam continuent de tenter d’atteindre les côtes britanniques, mais par voie maritime.
    Au Royaume-Uni, 10 Downing street tremble. À cinq semaines des élections législatives britanniques, le Premier ministre conservateur Rishi Sunak ne parvient pas à limiter le nombre de migrants arrivant par bateau au Royaume-Uni : elles ont atteint un record sur les premiers mois de l’année 2024 avec 10 000 passages.Récemment, le ministère de l’Intérieur britannique a constaté un autre phénomène inquiétant. Depuis le début de l’année, la part de migrants vietnamiens sur les « small-boats » a considérablement augmenté. Entre janvier et mars 2024, 1 060 personnes originaires du Vietnam ont débarqué au Royaume-Uni par bateau, soit 14% du total des arrivées. Selon les médias britanniques, ils représentent désormais la plus large communauté qui traverse la Manche.
    « Une théorie sur l’augmentation récente des traversées en bateau est que l’autre itinéraire irrégulier, à l’arrière d’un camion à travers le tunnel sous la Manche, est devenu plus difficile en raison des réglementations récemment mises en œuvre dans le cadre du Brexit. Cela a poussé les migrants vietnamiens à emprunter les petites embarcations », explique à InfoMigrants Seb Rubsy, sociologue britannique à l’Université de Birmingham et spécialiste de cette communauté. « Avec le Brexit, les échanges commerciaux entre le Royaume-Uni et l’Europe continentale ont été réduits, ce qui a entraîné une diminution du nombre de camions transportant des marchandises entre les deux régions », complète Mimi Vu, experte indépendante sur le trafic d’êtres humains.
    En 2019, la Grande-Bretagne a par ailleurs été marquée par la tragédie du camion charnier retrouvé dans l’Essex, dans lequel 39 migrants vietnamiens avaient trouvé la mort par asphyxie. Un drame qui a également participé au changement de méthode. Chez les bénévoles français qui maraudent sur les plages du nord, c’est un peu la sidération. « À notre grande surprise, on a constaté depuis le début de l’année beaucoup de Vietnamiens sur la côte. C’est incroyable, c’est une population qu’on ne croisait pas du tout avant », raconte à InfoMigrants Olivier Ternisien d’Osmose 62 qui patrouille sur les plages dans le Boulonnais et le Montreuillois.
    « On croise autant de femmes que d’hommes, des personnes plutôt jeunes mais je n’ai pas vu de familles avec enfants », ajoute Sophie Roux, de la même association, qui se souvient d’une communauté un peu plus argentée que d’autres : « Quand ils échouent à traverser, ils ne cherchent même pas à négocier le prix des taxis pour rentrer vers Dunkerque », se souvient-elle. Même écho chez les bénévoles d’Utopia 56. « Depuis l’été dernier, on voit de plus en plus de Vietnamiens sur le littoral nord, surtout à Grande-Synthe et Dunkerque », commente Angèle Vettorello, coordinatrice de l’association à Grande-Synthe.
    Dans les années 2010, les Vietnamiens se regroupaient essentiellement vers Angres (Pas-de-Calais), à une centaine de kilomètres des côtes françaises. Les médias avaient même surnommé cette ville « Vietnam city » en raison de l’entraide qui régnait entre l’ex-municipalité communiste et cette communauté asiatique à qui elle avait mis un local à disposition. Mais les temps ont changé et le hangar a fermé en 2018. Désormais, les Vietnamiens se mélangent d’avantage aux autres communautés (kurde, bangladaise ou encore soudanaise). « Il y a de plus en plus de Vietnamiens qui viennent sur les points de distribution, ce qui nous a poussé à traduire nos textes de prévention en vietnamien », explique encore Salomé Bahri d’Utopia 56. « Parfois on voit des Kurdes et des Vietnamiens prendre un bateau ensemble. Je pense que les communautés se mélangent de plus en plus car le nombre de passagers par ’small-boat’ est de plus en plus élevé ». (...)
    Les migrants vietnamiens peuvent aussi compter sur l’appui d’une communauté historiquement établie en France. Fin mai, une opération de police conjointe menée par les services de l’Office central de lutte contre le trafic illicite de migrants (OLTIM) et la police anglaise ont permis de démanteler une filière de passeurs de migrants entre la France et le Royaume-Uni. Douze personnes, soupçonnées d’être des logeurs ou des convoyeurs, ont été arrêtées en banlieue parisienne, tandis que quatre autres ont été interpellées en Angleterre. Parmi eux, un jeune homme de 25 ans, surnommé
    Cette opération de police a permis de comprendre comment fonctionne les réseaux de passeurs vietnamiens. « Pour diminuer leurs frais de passages clandestins, les migrants transportaient de la métamphétamine, afin d’alimenter les trafiquants asiatiques du Val-de-Marne », expliquent les enquêteurs français dans un document consulté par InfoMigrants. Lors d’une perquisition, les policiers ont notamment découvert chez l’un des suspects 218 grammes de kétamine, 102 grammes de méthamphétamine et 36 grammes d’ecstasy, des drogues de synthèse.
    "Depuis la tragédie de l’Essex, les trafiquants demandent dorénavant 50 000 dollars [environ 46 000 euros, ndlr], voire plus, et prétendent garantir la sûreté du voyage jusqu’au Royaume-Uni avec un emploi à la clé, expliquaient dans une étude parue en 2020 les expertes indépendantes Nadia Sebatoui et Mimi Vu. « Les familles empruntent au moins la moitié de la somme totale pour payer la première partie du voyage du Vietnam jusqu’à un pays européen (…) Les trafiquants et les groupes criminels utilisent cette situation d’endettement pour exercer un contrôle sur le migrant tout au long du voyage, ce qui l’oblige à se soumettre en route à des situations d’exploitation, par exemple en étant forcé de travailler dans un atelier clandestin ou de vendre des médicaments contrefaits. »
    Le réseau franco-britannique logeait des migrants dans plusieurs communes du Val-de-Marne, à Thiais, Choisy-le-Roi ou encore Ivry-sur-Seine. « L’un des interpellés a confié aux policiers que le coût de la traversée était d’environ 20 000 euros par migrant. Son rôle était de réceptionner des migrants vietnamiens fraîchement arrivés en France avec des visas hongrois de deux ans. Il devait ensuite leur trouver des hébergements et un emploi dans des ongleries. »
    D’après les études publiées ces dernières années, il apparaît que les migrants vietnamiens profitent des relations diplomatiques entre leur pays et les anciens États du bloc communiste (Hongrie, Roumanie, Slovaquie, Pologne...) pour atteindre l’Europe. « Entre 1981 et 1990, 217 183 Vietnamiens ont été employés sous contrat dans ces pays », expliquent notamment deux chercheurs dans une enquête de terrain publiée en 2017."La majorité des nouveaux arrivants sont originaires de quelques provinces du centre du Vietnam, comme Nghệ An et Hà Tĩnh, qui ont été négligées sur le plan économique et présentent des taux de chômage élevés. Ils sont généralement issus de milieux pauvres, ruraux ou urbains, et n’ont probablement pas de diplôme universitaire", analyse le chercheur britannique Seb Rusby. Actuellement, il semblerait que la Hongrie tienne la corde pour attirer les migrants vietnamiens.
    Il y a quelques années, des passeurs ont ainsi profité d’un partenariat entre le Vietnam et Malte pour inscrire de jeunes Vietnamiens au Malta College of Arts, Science and Technology. Selon le quotidien britannique The Guardian, sur les 265 étudiants vietnamiens qui ont obtenu ce visa, seuls deux sont depuis rentrés au Vietnam."Ces enfants, à la merci des réseaux de passeurs, ont été retrouvés par la police dans des pays comme la Belgique, l’Allemagne et la Suisse, réduits en esclavage dans des salons de manucure et exploités", explique l’experte indépendante Mimi Vu. Depuis, l’université a fermé son visa.
    Lorsqu’ils arrivent au Royaume-Uni, les Vietnamiens sont employés dans des bars à ongles, ou plus rarement dans des fermes à cannabis, que la police britannique ferme régulièrement. Au début des années 2000, la diaspora vietnamienne a importé au Royaume-Uni le concept des bars à ongles très populaire aux États-Unis. « Depuis, ils représenteraient plus de 60% des commerces montés par la communauté vietnamienne », constatent des chercheurs.
    Les réseaux de passeurs vietnamiens récupèrent directement leurs clients à la sortie des « small-boats ». « Ce qu’on comprend c’est qu’il y a une grosse organisation côté anglais, ils savent où ils vont. Tout est organisé de l’autre côté », explique Olivier Ternisien de l’association Osmose 62. Pour tenter de décourager les Vietnamiens de monter sur les frêles embarcations, le gouvernement britannique a lancé il y a quelques semaines une campagne de communication sur les réseaux sociaux pour les sensibiliser aux dangers de la traversée de la Manche. De quoi remédier au phénomène ? Au moins 16 migrants sont morts en tentant de traverser la Manche depuis le début de l’année 2024.

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  • « La surenchère sur l’immigration en Europe repose davantage sur des formules simplistes que sur des idées réalisables »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/06/01/la-surenchere-sur-l-immigration-en-europe-repose-davantage-sur-des-formules-

    « La surenchère sur l’immigration en Europe repose davantage sur des formules simplistes que sur des idées réalisables »
    Philippe Bernard Editorialiste au « Monde »

    S’il est un domaine où personne ne conteste le rôle primordial que doit jouer l’Europe, c’est bien celui de l’immigration. Parce que le continent, prétendument en perte de vitesse, attire massivement les laissés-pour-compte du développement, les victimes des guerres et des tyrannies politiques. En 2023, 380 000 personnes sont entrées irrégulièrement dans l’Union européenne (UE) – une goutte d’eau au regard des 450 millions d’habitants –, ce chiffre est le plus élevé depuis 2016. Mais aussi parce que le projet européen, bâti sur la libre circulation des biens et des personnes, impose, sous peine de déliquescence, un contrôle des frontières extérieures de l’UE. 86 % des Européens souhaitent le voir renforcé selon une enquête du cercle de réflexion Fondapol, dont 80 % des électeurs de gauche.
    L’ennui est que les discours sur ce sujet, qui domine la campagne des élections européennes du 9 juin, tournent davantage autour de slogans simplistes que sur des idées susceptibles d’avoir prise sur la réalité.
    Prenez la « double frontière » prônée par Jordan Bardella, tête de liste du Rassemblement national (RN). Il s’agit d’abord de « refouler systématiquement les bateaux de migrants qui veulent arriver sur le sol européen ». Sur ce point, l’héritier de Marine Le Pen devrait demander conseil à Giorgia Meloni. La présidente du conseil italien est arrivée au pouvoir en promettant un « blocus naval » dans ce but. Depuis qu’elle dirige son pays, elle en appelle à la solidarité de l’UE et à la coopération des pays d’Afrique du Nord pour prévenir les arrivées. Elle a même autorisé 452 000 étrangers à travailler en Italie d’ici à 2025.
    M. Bardella veut, de surcroît, priver les étrangers non ressortissants de l’UE de la libre circulation dans l’espace Schengen. Mais lorsque le premier ministre, Gabriel Attal, lui a fait remarquer qu’une telle mesure impliquerait de contrôler tout le monde, y compris les travailleurs frontaliers, et créerait d’immenses files d’attente, le leader d’extrême droite s’est replié sur l’idée de « renforcer les contrôles aléatoires », précisément ce qui se fait aujourd’hui.
    Le même décalage entre slogan choc et réalité vaut pour l’idée des « barrières physiques à l’Est (murs, fossés, caméras, intelligence artificielle, etc.) » que François-Xavier Bellamy, tête de la liste Les Républicains (LR) aux européennes, rêve de déployer. L’exemple des murs érigés à la frontière mexicaine, notamment au cours du mandat de Donald Trump, qui n’empêchent pas des arrivées record de migrants, fait douter de l’efficacité de ces installations.
    Quant à la promesse phare de l’ancien premier ministre britannique Boris Johnson, reprise par son successeur, qui consiste à expulser vers le Rwanda les demandeurs d’asile, elle fait des émules dans l’UE. Mais elle ne sera pas honorée, a dû admettre Rishi Sunak, avant les élections générales du 4 juillet. Et probablement jamais, puisque les travaillistes, largement favoris, ont promis de l’annuler. Ce « plan Rwanda », en a conclu le Labour, « était une escroquerie du début à la fin ».
    Que les slogans démagogiques se muent rarement en mesures efficaces ne signifie pas que toute action soit vaine. Fruit de compromis laborieusement négociés pendant huit ans, le pacte sur la migration et l’asile, adopté par les Vingt-Sept et validé le 10 avril par les députés européens, a beaucoup de défauts. Il est muet sur les noyades en Méditerranée et ne remet pas en cause la règle dite « de Dublin », qui désigne le pays de première entrée comme le seul à devoir examiner les demandes d’asile et pénalise les Etats situés à la périphérie sud de l’Union.
    Centré sur l’endiguement des arrivées, ce « pacte » risque d’empêcher certaines personnes persécutées d’accéder à l’asile. Et ne constitue pas l’amorce d’une politique commune d’immigration destinée à définir le profil des étrangers dont l’Europe souhaite la venue, pour sa démographie et son économie, dans un « marché » migratoire mondial dont les Etats-Unis et le Canada, par exemple, savent tirer le maximum.
    Pourtant, ce « pacte », en généralisant le filtrage des arrivants et en accélérant les procédures d’examen des demandes d’asile aux frontières extérieures (mais non dans des pays tiers), constitue la première réponse commune des Vingt-Sept aux crises récurrentes et aux inquiétudes des populations. La typologie complexe des votes sur ce texte au Parlement européen reflète des préoccupations de politique intérieure : les députés conservateurs et socio-démocrates allemands et espagnols l’ont très largement approuvé, mais, parmi les élus français, presque aucun socialiste ou LR.
    Or, sitôt adopté, ce compromis, qui amorce un mécanisme attendu de responsabilité et de solidarité commun, est remis en cause par certains de ses promoteurs, comme les conservateurs allemands de la CDU à laquelle appartient la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Sous la pression de l’extrême droite, à l’approche du scrutin européen, ils défendent désormais l’idée d’une externalisation du traitement des demandes d’asile sur le modèle « rwandais » du Royaume-Uni. Les dirigeants de quinze pays de l’UE viennent de signer un appel commun dans ce sens.
    Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Quinze pays de l’Union européenne réclament l’externalisation des demandeurs d’asile
    Quant au RN, il veut supprimer la possibilité de demander l’asile une fois sur le sol français, seuls les consulats à l’étranger pouvant les recueillir. Un projet ingérable et injuste – il provoquerait un afflux de migrants aux guichets consulaires tandis que les véritables persécutés craindraient de s’y rendre –, bafouant de surplus la convention de Genève sur les réfugiés qui oblige à examiner la situation de ceux qui continueraient à entrer en France. Au rythme de ces embardées répressives et de ces slogans liberticides, le pacte migratoire européen, voué aux gémonies par l’extrême droite comme un « pacte de submersion », va finir par paraître pour ce qu’il est : insatisfaisant mais modéré.

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  • Demandeurs d’asile : « Derrière les “défaillances systémiques” du dispositif d’accueil français, il y a un refus d’adopter des solutions pragmatiques »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/05/31/demandeurs-d-asile-derriere-les-defaillances-systemiques-du-dispositif-d-acc

    Demandeurs d’asile : « Derrière les “défaillances systémiques” du dispositif d’accueil français, il y a un refus d’adopter des solutions pragmatiques »
    Tribune Guillaume Rossignol, directeur du Jesuit Refugiee Service
    En mars 2024, un arrêt du Conseil du contentieux des étrangers belge a empêché le transfert d’un demandeur d’asile vers la France au vu de « défaillances systémiques » du dispositif d’accueil de l’Etat français. Selon cet arrêt, ce demandeur d’asile risquait d’être traité de manière incompatible avec ses droits fondamentaux. « Certaines nuits, je reste assis sur une chaise près des agents de sécurité d’un hôpital, par crainte d’être de nouveau agressé durant mon sommeil », témoigne, par exemple, M. N., demandeur d’asile, accompagné par le Service jésuite des réfugiés (JRS France).
    Les défaillances dans l’accueil des demandeurs d’asile ne sont pas nouvelles. La France a ainsi été condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme en 2021 pour les traitements inhumains et dégradants dont avaient été victimes des personnes en demande d’asile. Mais le plus inquiétant est l’ampleur de ces défaillances.
    Au 31 mars 2024, selon les chiffres issus d’Eurostat et de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), un organisme chargé de délivrer les « conditions matérielles d’accueil », c’est-à-dire une domiciliation, un hébergement et une allocation minimale assurant aux demandeurs un niveau de vie digne qui garantisse leur subsistance et protège leur santé physique et mentale, plus de 46 000 personnes en demande d’asile en étaient privées.
    Or, plus qu’une crise du système d’accueil contre laquelle « on ne pourrait rien » – elle résulterait, par exemple, de l’impossibilité de traiter de trop nombreuses demandes –, certains cas manifestent une volonté délibérée de laisser perdurer ces situations et de justifier l’injustifiable, en s’abritant derrière le paravent du « droit ».
    Ainsi en est-il de la politique française envers les demandeurs d’asile dits « dublinés », par référence au règlement européen de Dublin, organisant les procédures d’asile au sein de l’Union européenne (UE) et dont les principes ont été globalement repris par le pacte européen sur l’asile et la migration adopté le 14 mai 2024.
    Ces personnes, qui ont demandé la protection internationale de la France et y séjournent, sont entrées sur le territoire de l’UE par un autre pays. En application des textes précités, la France peut, pendant une durée de dix-huit mois, demander leur transfert dans le pays par lequel elles sont entrées dans l’UE (procédure Dublin) afin que ce pays assume et instruise lui-même la demande d’asile. Mais, une fois passé ce délai, la France devient responsable de leur demande d’asile. Or, nos autorités refusent à ces personnes tout moyen de subsistance, prétendant ne pas y être tenues en application du droit en vigueur.
    Quelle que soit l’interprétation que l’on donne du droit français ou européen applicable, les priver d’une allocation et d’un hébergement en plus d’un accès au travail, c’est laisser les demandeurs d’asile dans une situation inhumaine et dégradante qui ne peut être conforme à aucun droit. Une première en la matière, le Service jésuite des réfugiés (JRS France) vient d’introduire devant le Conseil d’Etat une requête « en reconnaissance de droits » − un dispositif original introduit par une loi de 2016 sur la modernisation de la justice du XXIe siècle − pour faire reconnaître les droits individuels de l’ensemble de ces personnes au bénéfice des « conditions matérielles d’accueil ».
    Nous ne devons pas laisser justifier l’injustifiable, mais garder le souci de la justice. Derrière ces « défaillances systémiques » du dispositif d’accueil français, il y a aussi un refus d’adopter des solutions pragmatiques, en laissant l’idéologie prendre le dessus. Selon l’économiste El Mouhoub Mouhoud, président de l’université Paris-Dauphine-PSL, nous assistons à un « recul inquiétant de l’argumentation rationnelle » sur les questions d’immigration.
    Ainsi, une grande pluralité d’acteurs, y compris le Medef et les syndicats de salariés, se sont prononcés en faveur d’une solution simple : l’accès au travail des demandeurs d’asile. Cela réduirait, en effet, les coûts de leur accueil tout en leur permettant de se sentir utiles et en faisant rentrer des ressources dans le budget de l’Etat, à l’heure où les finances sont au rouge, le tout dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, puisque les trois quarts des PME françaises déclaraient, fin 2023, rechercher en vain du personnel.
    Renoncer aux discours réducteurs
    D’après un rapport de JRS France, fondé sur les données d’enquêtes publiques de la Commission européenne, la France est le seul pays de l’Union européenne, avec la Hongrie, à ne pas accorder aux demandeurs d’asile un accès effectif au marché du travail.
    Si tous les autres pays européens le font, ce n’est pas uniquement parce que c’est un droit établi par la directive européenne accueil mais aussi, et peut-être d’abord, parce que cela sert leurs intérêts économiques et sociaux sans que soit constaté pour autant un quelconque « appel d’air ». Il nous faut garder le souci de la réalité ; la réalité, c’est bâtir des solutions viables qui ne renoncent pas à l’humain.
    Si les situations indignes se propagent, c’est que nous n’y résistons pas avec assez de force, parce que nous perdons la perception de l’unicité et du caractère irremplaçable de chacun. C’est là le danger qui nous menace et menace l’Europe. Dans son poème Restons éveillés, dédié aux travailleurs immigrés, Missak Manouchian nous l’intimait déjà : il nous faut renoncer aux discours réducteurs pour garder claire vision et hauteur de vue.
    Guillaume Rossignol est directeur de JRS France (Service jésuite des réfugiés), une organisation catholique internationale qui agit aux côtés des demandeurs d’asile et des réfugiés.

    #Covid-19#migrant#migration#france#UE#asile#droit#sante#refugie#accueil

  • Agro-business

    Parmi les mesures annoncées en réponse aux mobilisations d’agriculteurs en janvier 2024, l’une a consisté en l’ajout de professions agricoles à la liste des métiers « en tension ». L’exécution de la promesse ne s’est pas fait attendre : un arrêté du 1er mars a « mis à jour » cette liste en y introduisant, pour l’ensemble du territoire métropolitain, quatre familles professionnelles de salariés : #agriculteurs, #éleveurs, #maraîchers et #horticulteurs, #viticulteurs et #arboriculteurs. D’autres secteurs d’activité peuvent déplorer de n’avoir pas les moyens de pression que représentent des centaines de tracteurs capables de bloquer des autoroutes, des jours durant...

    La #FNSEA a aussitôt affiché sa satisfaction. La reconnaissance de l’agriculture comme « #secteur_en_tension » est une revendication que le syndicat majoritaire d’exploitants agricoles portait en fait depuis plusieurs mois, et qu’il avait, entre autres, présentée à la Première ministre Élisabeth Borne en octobre 2023, assurant que l’obtention de ce statut « favorisera l’embauche directe et limitera le recours aux prestataires [1] ».

    On se frotte les yeux pour comprendre… #Embauche_directe ? Recours aux #prestataires ? En quoi l’inscription de métiers de l’agriculture dans la liste des métiers en tension serait à même de résoudre les difficultés de recrutement de #saisonniers dont le secteur dit souffrir ? Les listes de métiers en tension servent à l’instruction des demandes d’autorisation de travail déposées par les employeurs, soit pour ce qu’on nomme « introduction » de #main-d’œuvre, soit pour l’embauche d’étrangers déjà présents sur le territoire. Est-ce à dire que les agriculteurs voudraient se charger eux-mêmes de faire venir des saisonniers ? Ou pouvoir employer comme saisonniers des étrangers résidant en France ?

    On se souvient qu’au moment où le Covid avait imposé la fermeture des frontières, avait été lancée une campagne [2] afin de recruter des personnels pour les récoltes, et que la FNSEA avait parlé de cette main-d’œuvre autochtone comme décevante : ne sachant pas travailler, trop revendicatrice… avant d’obtenir que des saisonniers du sud de la Méditerranée, malgré les risques sanitaires, soient acheminés dans les champs en France… Alors ?

    Le secteur agricole bénéficie depuis des décennies d’un dispositif spécifique pour faire venir la main-d’œuvre étrangère qu’il souhaite, les ex-« #contrats_OMI » désormais gérés par l’#Office_français_de_l’immigration_et_de_l’intégration (#Ofii). L’office se charge de recruter ces employé·es, des démarches administratives nécessaires à leur venue, de leur faire signer un engagement à quitter la France après la saison – de 6 mois maximum, le cas échéant pour revenir les années suivantes.

    Est-ce que le souhait des exploitants agricoles est de se passer de ces contrats Ofii ?

    Le #dispositif présente manifestement des contraintes jugées excessives par les exploitants agricoles puisqu’ils ont de plus en plus recours à d’autres formules : l’#intérim, l’emploi de #sans-papiers, le #détachement... Ce dernier a ainsi connu une croissance considérable dans le secteur, y compris via des systèmes contournant les règles européennes sur le #travail_détaché. Les procès des entreprises espagnoles #Terra_Fecundis ou #Laboral_Terra ont mis au jour les montages opérés. Ces grosses entreprises de travail temporaire ont été condamnées à de lourdes peines – et avec elles des chefs d’exploitation en France – pour avoir fait travailler des milliers d’ouvriers et ouvrières agricoles, essentiellement sud-américain·es, sous contrat espagnol, donc en payant en #Espagne, et aux tarifs espagnols, les cotisations sociales correspondant à ces emplois, de surcroît dans des conditions d’exploitation insupportables. L’importance des condamnations et le retentissement de ces procès ont quelque peu refroidi l’enthousiasme pour l’usage du détachement. À nouveau trop de contraintes.

    Mais en fait, de quelles difficultés de #recrutement exactes souffrent donc les exploitants agricoles ?

    L’argument de la #pénurie de main-d’œuvre est dénoncé par divers travaux de sociologie [3]. Nicolas Jounin, à propos du secteur du bâtiment, dans lequel la même plainte est récurrente, parle de cette pénurie comme d’une #fiction : « Ou, plutôt, ni vraie ni fausse, la pénurie est recréée périodiquement (et toujours compensée) par un système de dévalorisation de la main-d’œuvre dont elle est l’argument [4]. » Les travailleurs saisonniers dans l’agriculture, de même que les manœuvres dans le BTP, sont considérés comme des bouche-trous, des pis-aller.

    Pendant que se déroulait, en début d’année, ce scénario d’une revendication enfin satisfaite, l’inscription de métiers de l’agriculture dans la liste des métiers en tension, un nouveau montage était, beaucoup plus discrètement, mis en place.

    La FNSEA, toujours elle, a présenté au Salon de l’agriculture, le 28 février, dans une réunion fermée au public, le nouveau service de recrutement de travailleurs saisonniers qu’elle vient de créer. La prestation, rendue possible par des accords passés avec la Tunisie et le Maroc, donc avec l’aval du gouvernement, ne coûtera à l’exploitant agricole que 600 € par saisonnier. Dans une note de cadrage sur ce service, la fédération recommande d’éviter d’employer le terme « migrant », et de lui préférer « saisonnier hors Union européenne ».

    Là, on comprend mieux : la mesure « métiers en tension » est certes de nature à faciliter le recours à cette main-d’œuvre introuvable ! Pour les employeurs, finis les contrôles et tracasseries de l’Ofii – pourtant bien peu protecteurs, dans les faits, des travailleurs agricoles immigrés. Finis aussi les ennuis que peut causer un usage abusif du détachement. Enfin libres d’employer des travailleurs, d’ici ou d’ailleurs, toujours plus précarisés !

    http://www.gisti.org/article7242

    #métiers_en_tension #agriculture #migrations #France

  • Européennes : les propositions irréalistes et illégales du #RN sur l’immigration

    Le #Rassemblement_national peine à expliquer comment il compte mettre en place la « #double_frontière » que promet #Jordan_Bardella dans son programme. La proposition est à la fois irréaliste et contraire au droit international.

    LaLa formule est rodée, répétée à longueur d’interview, martelée à chaque meeting. Pour lutter contre ce que le Rassemblement national (RN) qualifie de « submersion migratoire » qui menacerait « nos valeurs de civilisation », sa tête de liste, Jordan Bardella, avance une solution : une « double frontière », aux niveaux européen et français. Une proposition qui tient en trois lignes dans le programme officiel du parti et n’était pas davantage développée dans le projet qui accompagnait la première candidature de son président aux européennes de 2019.

    Impossible à appliquer, elle supposerait surtout la remise en cause par la France de nombreux traités internationaux et l’isolement diplomatique, économique et politique du pays vis-à-vis de ses partenaires européens.

    Jordan Bardella, qui reprend régulièrement à son compte la thèse complotiste et raciste du « grand remplacement », affirmait encore le 6 avril au Journal du dimanche que « le projet de la Commission européenne, c’est la submersion de l’Europe et le remplacement d’une partie de la population européenne par une population venue du Sud ». Revendiquant de faire du scrutin européen un « référendum sur l’immigration », la tête de liste propose « le refoulement systématique des bateaux de migrants qui arrivent sur les côtes européennes », comme il le répétait encore récemment sur le plateau de TF1.

    « Le refoulement est la violation flagrante du droit international des droits humains », prévient Marie-Laure Basilien-Gainche, professeure de droit public à l’université Jean-Moulin-Lyon 3, avant de lister les normes et traités que cette proposition remet en question : « La Convention de Genève relative au statut des réfugiés dispose explicitement le principe de non-refoulement, comme la Charte des droits fondamentaux de l’UE. De manière indirecte, en interdisant les traitements inhumains et dégradants, le Pacte international des droits civils et politiques et la Convention européenne des droits de l’homme [CEDH] prohibent aussi les refoulements. L’interdiction est claire : il est impératif de ne pas renvoyer des individus vers des pays où ils risqueraient d’endurer de tels traitements. »

    « Ça voudrait dire, concrètement, prendre les personnes, pour les ramener dans une zone internationale, pour que les gens se noient ?, s’indigne de son côté Anna Sibley, chargée d’études au Groupe d’information et de soutien des immigré·es (Gisti). C’est ça qu’il se passe en pratique. Quand il y a des refoulements, car il y en a, même si c’est illégal. Les gens se noient ou sont renvoyés vers des États où ils risquent la torture ou l’esclavage. »
    Plusieurs conventions internationales à dénoncer

    Troisième sur la liste du RN, porte-parole de la campagne et ancien patron de l’agence européenne de garde-frontières Frontex, Fabrice Leggeri assure à Mediapart – après avoir dénoncé « les discours politiques des ONG promigrants et de la Commission » – que « les personnes qui font l’objet d’un sauvetage maritime seront mises en sécurité et raccompagnées vers le port sûr le plus proche, le plus souvent situé hors de l’Union européenne, sur les côtes d’où sont parties ces personnes ».

    Pour mettre en place le premier volet de cette « double frontière » vendue par le RN, « il faudrait que les États dénoncent la Convention de Genève, le Pacte international des droits civils et politiques et la Convention européenne des droits de l’homme, et qu’ils modifient la Charte des droits fondamentaux de l’UE, ce qui supposerait une unanimité et une ratification par chacun des États », analyse Marie-Laure Basilien-Gainche.

    Pendant des années, Marine Le Pen et le RN prônaient justement la sortie de la CEDH, qualifiée de « camisole », avant de faire demi-tour sur la question pendant la campagne présidentielle de 2022.

    Fabrice Leggeri réclame lui aussi de refouler systématiquement les bateaux d’exilé·es qui arrivent sur les côtes européennes. Responsable de l’agence Frontex de 2015 à 2022, il est visé par une plainte pour complicité de crime contre l’humanité et complicité de crime de torture, pour avoir participé au refoulement d’embarcations de migrant·es.

    Deux associations, la Ligue des droits de l’homme (LDH) et Utopia 56, l’accusent d’avoir soit couvert, soit facilité ces pratiques illégales, contraires au droit international, avec l’objectif affiché de faire obstacle, « quel qu’en soit le prix », à l’entrée de personnes migrantes au sein de l’UE. « L’exécution de cette politique s’est faite au détriment du respect des droits fondamentaux des migrants, que Fabrice Leggeri a délibérément ignoré », peut-on lire dans leur plainte.

    L’ex-patron de Frontex dénonce pour sa part une « plainte fantasque » et une « opération de communication politique destinée à [lui] nuire et à nuire au RN », tout en affirmant que « certaines ONG voulaient contraindre Frontex à les assister pour faciliter le travail des passeurs » et tenteraient de « criminaliser le travail des garde-frontières ».
    Jordan « à peu près » Bardella

    Le deuxième volet du programme de Jordan Bardella sur les migrations n’est pas plus clair. Le président du RN revendique, en plus du refoulement systématique des migrant·es aux frontières de l’UE, « la restriction de la libre circulation de l’espace Schengen aux seuls ressortissants des pays membres ». Une proposition ancienne du parti d’extrême droite, qui se heurte là encore à de nombreuses règles juridiques.

    « Si l’optique est de restaurer un contrôle strict des frontières intérieures de l’Union européenne, deux voies sont envisageables : la sortie de l’UE ou l’abandon par l’UE de l’esprit de Schengen, ce qui supposerait une réforme des traités qui exige l’unanimité des États membres et sa ratification dans tous les États membres », détaille Marie-Laure Basilien-Gainche.

    En débat face à Gabriel Attal, Jordan Bardella a été bien en peine de détailler sa proposition, finissant par admettre qu’il comptait « renforcer les contrôles aléatoires » aux frontières françaises, sans s’aventurer sur l’impossibilité de faire adopter par l’ensemble des pays européens une telle renégociation des traités.

    Sur le plateau de Public Sénat, le 29 mai, la tête de liste du RN a assuré s’en remettre « au flair du policier » pour mener ces contrôles aléatoires, avant de reconnaître que la mise en place de cette proposition ne pouvait pas se décider au Parlement européen, malgré sa présence dans le programme européen de son parti : « Évidemment, aller contrôler nos frontières, ça se fera demain avec le ministère de l’intérieur quand nous serons à la tête de l’État », a-t-il balayé.

    Auprès de Mediapart, Fabrice Leggeri émet aussi l’hypothèse de rétablir pour les étrangers non citoyens de l’UE une « déclaration d’entrée sur le territoire » associée à un QR code, tout en assurant que « le dispositif ne pénaliserait pas la circulation des Français et les citoyens de l’UE » et que son efficacité reposerait « sur la sévérité des sanctions contre les contrevenants et la possibilité élevée de contrôles aléatoires ».

    "Le pacte asile et immigration s’est nourri des positions de l’extrême droite." (Marie-Laure Basilien-Gainche, professeure de droit public)

    Sur la nécessité de réformer les traités pour mettre en place de telles mesures, le porte-parole de la campagne du RN affirme qu’il « n’est pas nécessaire de réformer les traités pour instaurer ces mesures » avant de s’en remettre à une future révision de la Constitution française – leur marotte sur le sujet – qui permettrait à la France de s’affranchir des traités européens.

    Sur cette proposition, Jordan Bardella peut compter sur le soutien de Reconquête et du parti Les Républicains (LR). François-Xavier Bellamy, tête de liste de LR, appelle dans son projet à « rétablir les contrôles aux frontières intérieures » de l’UE. Il y a cinq ans, Laurent Wauquiez, alors président du parti, présentait le programme européen de ce dernier en affirmant que « redonner un avenir à notre civilisation, c’est ne plus subir l’immigration de masse », avant de défendre la nécessité d’« établir une double frontière : une frontière européenne, défendue en commun, et une frontière nationale, chaque pays gardant la possibilité d’arrêter les migrants comme à Menton ».

    Du côté de Reconquête, la troisième de liste Sarah Knafo a publié une vidéo pour déplorer que « le rétablissement des frontières a[it] pu sembler impraticable » à l’issue du débat entre Gabriel Attal et Jordan Bardella. Elle veut d’ailleurs aller plus loin, en proposant carrément un projet de « triple frontière », « un plan qui peut se mettre en œuvre facilement », selon elle.

    « Ces gens défendent un modèle de société de repli sur soi complètement déconnecté de la réalité. Les migrations sont un fait, pas un problème. Il faut déconstruire tout ça, affirme Anna Sibley du Gisti. Le fait de débattre de la maîtrise de l’immigration, c’est une conception terriblement éloignée de la réalité de terrain. »

    Pour Marie-Laure Basilien-Gainche, l’adoption au Parlement européen des différents volets du pacte asile et immigration a marqué un tournant peu de temps avant la campagne : « Le pacte introduit une politique très restrictive, une politique de fermeture drastique et de contrôle majeur aux frontières extérieures de l’Union. Les instruments qui le composent se sont nourris des positions de l’extrême droite. Ont ainsi été intégrées en droit de l’UE des idées radicales – notamment de restriction du droit d’asile – qui sont énoncées par les partis d’extrême droite. »

    À Strasbourg, Jordan Bardella et les autres eurodéputé·es RN ont voté contre les textes du pacte, qualifié de « pacte de submersion » par le président du parti.

    Jeudi soir, les principales têtes de liste se retrouveront sur le plateau de CNews pour un nouveau débat – sans Raphaël Glucksmann et Marie Toussaint, qui boycottent le rendez-vous. Dans la bande d’annonce de la soirée, le journaliste d’Europe 1 Pierre de Vilno annonce la couleur, reprenant sans hésiter les éléments de langage de l’extrême droite : « Comment la France peut-elle contrôler ses frontières dans une Europe submergée par les flux migratoires ? »

    https://www.mediapart.fr/journal/politique/300524/europeennes-les-propositions-irrealistes-et-illegales-du-rn-sur-l-immigrat

    #frontière_sud-alpine #France #frontières #migrations #réfugiés

  • La #Retirada, l’#exil républicain espagnol

    Les réfugiés de la guerre d’Espagne dans les #archives du ministère de l’Intérieur (1939-1940)

    Description du projet

    Entre 1936 et 1939, pendant la #guerre_civile en #Espagne, des centaines de milliers de réfugiés fuyant les combats et les bombardements traversent les #Pyrénées et viennent chercher l’asile en #France. En février 1939, lors de la défaite du camp républicain, près d’un demi-million d’Espagnols viennent trouver refuge dans l’hexagone et en Algérie. A leur arrivée, ils sont d’abord concentrés dans des camps d’internement dans le Sud-Ouest de la France avant d’être progressivement répartis sur le territoire.

    Le ministère de l’Intérieur est alors responsable du dénombrement et de l’encadrement de ces très nombreux réfugiés espagnols. Pour ce faire, les préfets ont la charge de faire appliquer trois textes réglementaires dans tous les départements :

    - La circulaire du ministre de l’Intérieur en date du 6 février 1939 ordonnant aux préfets de recenser précisément, à l’aide de listes nominatives et de notices individuelles, les réfugiés espagnols présents dans leur département.
    - La circulaire du ministre de l’Intérieur en date du 10 août 1939 autorisant l’emploi dans l’agriculture ou l’industrie des réfugiés espagnols détenus dans des camps d’internement. Pour chaque réfugié ayant obtenu un contrat de travail, les préfets doivent établir une notice individuelle.
    - Le décret-loi du 12 avril 1939 prévoyant l’utilisation militaire des étrangers apatrides et des étrangers bénéficiaires du droit d’asile. Les étrangers relevant de ces catégories sont ensuite présentés à une commission de révision qui décide de leur affectation afin qu’ils effectuent un temps de prestation au service de l’armée française au sein d’une compagnie de travailleurs étrangers (CTE).

    Ces trois textes ont pour conséquence le fichage, dans tous les départements français, des réfugiés de la guerre d’Espagne, parmi lesquels d’anciens membres des Brigades internationales. Des notices individuelles de réfugiés et d’étrangers apatrides provenant d’autres pays (Pologne, Autriche, Sarre…) se trouvent aussi mélangées aux notices individuelles des réfugiés venus d’Espagne.

    Le projet d’#indexation de ces notices individuelles sur la plateforme Girophares se déroulera en trois temps. Elles seront successivement proposées à l’indexation dans l’ordre suivant :

    1. Les notices individuelles de membres des compagnies de travailleurs étrangers (environ 1300 vues)
    2. Les notices individuelles de réfugiés embauchés dans l’agriculture ou l’industrie (environ 5700 vues)
    3. Les notices individuelles de recensement des réfugiés espagnols dans les départements en février 1939 (environ 15 000 vues)

    Il est à noter que les notices proposées ici à l’indexation ne constituent pas un ensemble exhaustif. Il s’agit des notices conservées par les Archives nationales, qui ne conservent pas une collection complète de ces documents. Des notices individuelles complémentaires sont conservées dans d’autres services d’archives (archives départementales et municipales, Service historique de la Défense, archives de la Préfecture de police de Paris…).

    Enfin, vous remarquerez peut-être, lors de l’indexation, la présence de documents en cyrillique. Ces archives à l’histoire particulière font partie de ce que l’on appelle communément les « #fonds_de_Moscou ». Après la défaite de la France en 1940, les documents courants et les archives de plusieurs personnalités et administrations françaises, parmi lesquelles des archives du ministère de l’Intérieur, furent saisies par les Allemands. En 1945, à la faveur de leur avancée, les Soviétiques mirent la main sur ces archives et les conservèrent à Moscou où elles furent traitées et inventoriées aux Archives spéciales centrales d’État. Elles furent restituées à la France seulement après la chute de l’Union soviétique, et pour la partie relevant du ministère de l’Intérieur, intégrèrent les fonds des Archives nationales en 1994 et en 2001. Pour aller plus loin au sujet du fonds de Moscou, voir Sophie Cœuré, La mémoire spoliée. Les archives des Français, butin de guerre nazi puis soviétique, éditions Payot & Rivages, Paris, 2007.

    https://girophares.archives-nationales.culture.gouv.fr/la-retirada-lexil-republicain-espagnol

  • En #Bretagne, une #mine d’#Imerys accapare et pollue la ressource en #eau

    La multinationale française Imerys souhaite ouvrir une nouvelle fosse d’extraction dans sa mine à ciel ouvert, située à #Glomel, en Bretagne. Plusieurs associations dénoncent des conséquences majeures sur l’eau.

    « Regardez ce qu’Imerys a fait du périmètre de protection de notre captage d’#eau_potable », commente Jean-Yves Jégo, conseiller municipal de Glomel et membre de l’association #Douar_Bev (« Terre vivante »). Il faut dire que la vue est spectaculaire. Au milieu des champs, nous contemplons la « fosse n°3 », un trou large comme 30 terrains de football et profond comme 5 immeubles haussmanniens superposés. On y extrait de l’andalousite, un minéral résistant aux très hautes températures utilisé pour produire des fours, des têtes de missiles ou des blocs moteurs de camions. Imerys prévoit de creuser bientôt une nouvelle fosse, la quatrième, comme celle-ci : « Incompatible avec la préservation de l’eau ! » dénoncent une partie des riverains et les associations.

    « Nous sommes ici sur le château d’eau de la région, en tête de deux bassins versants, indique Dominique Williams, de l’association Eau et Rivières, celui de l’Ellé, qui se jette dans l’océan à Quimperlé, et celui du Blavet, qui coule jusqu’à Lorient. » Ces têtes de bassins sont formées de ce que les hydrologues appellent un « chevelu », à l’image des innombrables petits traits qui les représentent sur une carte : les petits ruisseaux qui font les grandes rivières. Ce sont les sites à préserver en priorité pour protéger les nappes phréatiques et les captages d’eau en aval. Cette sensibilité est plus forte encore en Bretagne, qui « dispose de très peu de ressources en eau souterraine et dépend des eaux de surface pour son alimentation », ajoute Dominique Williams.

    « Imerys ne maîtrise pas les impacts de cette mine »

    Exploitée depuis les années 1970, la mine de Glomel, 1 300 habitants, est longtemps passée inaperçue — peut-être parce qu’elle n’est, du point de vue de l’administration, qu’une carrière [1]. Pourtant, son fonctionnement est celui d’une mine : le minerai contenant 15 % d’andalousite est acheminé vers l’usine toute proche où il est concassé, broyé et concentré dans des bains d’acide sulfurique et autres réactifs. Sa transformation produit chaque année plus de 1 million de tonnes de déchets boueux ou solides, ces derniers formant, tout autour de nous, ces collines grises de 300 mètres de haut.

    Pour creuser il y a trente ans cette troisième fosse dans la zone de protection d’un captage d’eau, Imerys avait bénéficié d’un miracle : une dérogation de la préfecture. Et ce, malgré un risque de pollution connu, puisque la roche excavée ici contient de la pyrite : au contact de l’eau, elle génère un jus acide qui draine des polluants métalliques. En 2004, la cour d’appel de Nantes saisie par un agriculteur a annulé cette dérogation : le périmètre de protection devait être remis en état. Mais quand ? Contacté par Reporterre, Thomas Louvet, responsable projets miniers chez Imerys Glomel, indique que la réhabilitation est bien prévue, mais « en fin d’exploitation, entre 2040 et 2045 ».

    « Force est de constater qu’Imerys ne maîtrise pas les impacts de cette mine, affirme Armelle Renault, ingénieure agronome vivant à moins de 1 kilomètre du site qui participe depuis deux ans à un groupe de veille citoyenne sur la mine. On a découvert par hasard que l’un des piézomètres, appareil qui mesure les niveaux d’eau et leur composition, avait détecté des concentrations de métaux très anormales dans les eaux souterraines. » Sur la plaquette imprimée en couleurs qui justifie l’ouverture de la fosse n°4, Imerys assure n’avoir « aucun impact sur les eaux souterraines et superficielles ».

    Pourtant, interrogée par Reporterre, l’entreprise a admis l’existence de ce problème de concentration de métaux. Elle y répondra « par la pose de quatre nouveaux piézomètres », mais « n’en connaît pas la cause ». L’appareil de mesure se trouve au pied d’une montagne de déchets miniers (la « verse Roscoat »), juste à côté du précédent site d’extraction (la fosse n°2) désormais utilisé par Imerys pour déverser ses déchets liquides. Sous ses allures de lac de montagne, il reçoit en continu les boues de traitement de l’usine d’andalousite, contenant des taux très élevés de métaux cancérigènes comme le cadmium et le cobalt. Résultat : la fosse n°2 est un lac d’eau acide et de déchets toxiques qui peuvent s’infiltrer dans les eaux souterraines.

    Des volumes d’eau immenses

    Derrière le conflit autour de la mine de Glomel, se cache l’eau nécessaire à son activité. La consommation est dissimulée et minimisée par Imerys depuis des décennies. « À cette question, on obtient toujours des réponses partielles et embrouillées, raconte Armelle Renault. En réunion de comité de suivi, le représentant de l’entreprise a expliqué que la mine ne consommait que 6 000 m3 d’eau pris sur le réseau. » En réalité, c’est le volume nécessaire pour les usages sanitaires et le réfectoire pour la centaine d’employés du site. Dans ses études d’impact, Imerys écrit qu’« il n’est pas effectué de prélèvement d’eau dans le milieu naturel pour alimenter les installations du site » et que son usine « fonctionne en circuit fermé ».

    Pour y voir plus clair, Reporterre a demandé par écrit à Imerys quelle était la consommation d’eau annuelle du site de Glomel. La réponse fut tout autre, et encore plus mystérieuse : « La consommation du site correspond aux pertes par évaporation estimées à environ 100 000 m3/an. »

    Il faut éplucher les 2 900 pages du dossier d’enquête publique pour comprendre les véritables besoins en eau du site. L’usine nécessite à elle seule 1,9 million de m³ par an, ce qui équivaut à la consommation d’une ville de 35 000 habitants. Et comme son « circuit fermé » ne recycle que 57 % de l’eau, il faut y injecter chaque année au moins 800 000 m³. Pour ce faire, Imerys pompe directement dans la nappe phréatique (l’exhaure) et collecte toutes les eaux de ruissellement sur plus de 250 hectares. Chaque année, elle dispose ainsi gratuitement d’une gigantesque réserve de plus de 3 millions de m³, l’équivalent de plusieurs mégabassines prélevées au détriment des zones humides, des tourbières et des nappes souterraines.
    « On est en contentieux quasi-permanent avec Imerys depuis quinze ans »

    « Le comble, c’est qu’Imerys se vante en disant que c’est grâce à la mine qu’il y a assez d’eau en été dans les rivières, s’insurge Jean-Yves Jégo. C’est le monde à l’envers ! » En effet, le site rejette chaque année plus de 1 million de m³ d’eaux industrielles. De ce fait, l’entreprise se flatte d’avoir un « impact positif puisque les volumes rejetés constituent une bonne partie du débit et de la qualité de ce cours d’eau et un important soutien en période d’étiage ». Selon Jean-Yves Jégo, « si Imerys adapte ses rejets d’eau au niveau des rivières en été, c’est avant tout pour diluer ses propres pollutions et les maintenir sous un seuil acceptable ».

    En aval de la mine se trouvent deux stations de pompage d’eau potable gérées par Eau du Morbihan, et Imerys a les plus grandes difficultés à transformer ses eaux industrielles acides et chargées en métaux en eau brute destinée à la consommation humaine. Elles passent dans deux stations de traitement, puis dans une nouvelle usine mise en service en avril dernier par Imerys, « moyennant 6 millions d’euros d’investissement » pour réduire la pollution au manganèse, mais leur teneur en sulfates reste sept fois supérieure aux valeurs seuil.

    « On est en contentieux quasi-permanent avec Imerys depuis quinze ans, résume Dominique Williams, de l’association Eau et Rivières de Bretagne. Imerys bénéficie d’une bienveillance effarante de la part des services de l’État, qui lui délivrent des arrêtés préfectoraux manifestement contraires à l’intérêt général. » En 2015, le tribunal administratif de Rennes a annulé un arrêté, jugeant qu’Imerys avait minoré les conséquences de son activité sur les zones humides et Natura 2000 situées à proximité en produisant « une étude d’impact entachée d’une insuffisance qui a nui à l’information tant de l’autorité administrative que du public ». En 2018, Imerys a été condamnée par le tribunal correctionnel de Saint-Brieuc pour un déversement sauvage d’eaux chargées de métaux dans un affluent de l’Ellé, constaté en 2013 par des inspecteurs de l’environnement.

    L’Autorité environnementale dira avant l’été si elle autorise l’ouverture d’une quatrième fosse. Le 15 avril dernier, dans la salle des fêtes de Glomel, 150 personnes étaient présentes à l’occasion du lancement de la coalition contre le projet ; elle réunit huit associations. « Année après année, les gens ont vu la mine s’étendre, analyse Camille, la trentaine, membre du collectif Bascule Argoat. Le fait qu’elle passe désormais de l’autre côté de la route a été un choc. On n’imaginait pas les répercussions que ça aurait sur l’environnement. Imerys présente tellement bien ! Ceux qui se font avoir, maintenant, ce sont les habitants de l’Allier, avec le projet de mine de #lithium. Notre expérience doit servir d’exemple. »

    https://reporterre.net/En-Bretagne-une-mine-d-Imerys-accapare-et-pollue-la-ressource-en-eau
    #extractivisme #France #pollution #résistance

  • Bombes, grenades, torpilles… Où se trouvent les #munitions explosives ou toxiques enfouies dans les #fonds_marins français ?

    Franceinfo publie un #recensement inédit des #décharges d’explosifs immergées, en collaboration avec les équipes de l’émission « Vert de rage » diffusée sur France 5.

    Les deux guerres mondiales ont laissé derrière elles des centaines de tonnes de #munitions chimiques et conventionnelles (#bombes, #grenades, #torpilles) inutilisées. Dès 1920, le gouvernement français s’est servi de la mer comme d’une #poubelle pour se délester à moindre coût de ces #armes toxiques et dangereuses. Mais où se trouvent exactement ces décharges à munitions ? Dans un nouveau numéro, diffusé lundi 27 mai sur France 5, l’émission « Vert de rage » tente de reconstituer le plus précisément possible les emplacements de ces décharges, mais aussi la présence avérée de munitions ou de mines dans des épaves.

    Cet inventaire, non exhaustif, permet de donner une idée de l’ampleur des immersions, qu’elles soient volontaires ou non. Pour ce faire, les données ont été collectées à partir de plusieurs sources : cartes maritimes du service hydrographique et océanographique de la Marine (Shom), archives de presse, rapports de la Commission Oslo-Paris. Cette convention internationale définit les modalités de la coopération pour la protection du milieu marin de l’Atlantique du Nord-Est.

    Certaines de ces zones sont bien identifiées et protégées par des interdictions de plongée, de baignade ou de navigation, établies par les préfectures maritimes et indiquées sur les cartes maritimes. Mais, en l’absence d’un recensement précis, d’autres zones restent accessibles au public, pouvant présenter un danger pour les pêcheurs et les plongeurs.

    Une pratique qui a eu cours jusqu’en 2002

    Dès les années 1920, trois méthodes de déversement en mer étaient utilisées pour se débarrasser des munitions : le sabordage des navires pour les faire couler ; le pétardage, qui consistait à enterrer des munitions pour les faire exploser (ce fut notamment le cas en baie de Somme) ; et l’immersion des munitions, par avion, sous-marin ou bateau, dans des endroits plus ou moins profonds, et peu fréquentés par les bateaux, comme la fosse du cap Levi (près de Cherbourg) ou celle des Casquets (au nord de Guernesey). C’est cette technique qui était la plus répandue. « A partir de 1998, la Marine a réduit substantiellement les volumes concernés. A cette période, le volume annuel de matière explosive était inférieur à 10 tonnes par an », explique la préfecture maritime, qui assure que les dernières opérations ont eu lieu quatre ans plus tard, en 2002.

    « On les balançait dans des zones qui n’étaient pas chalutées, pas travaillées par les pêcheurs. A l’époque, on pensait qu’elles allaient rester là, puis disparaître au fil du temps. » (Bertrand Sciboz, chasseur de mines)

    Le #pétardage, lui, fut pratiqué jusqu’au 30 avril 1997, jour de l’accident mortel du navire La Fidèle, relaté par France Bleu. Ce bateau de la Marine nationale avait pour mission d’immerger 1 450 grenades conventionnelles (représentant 600 kg d’explosifs) au large de Cherbourg. Les circonstances exactes restent floues, mais certaines grenades auraient explosé avant d’être immergées, tuant cinq personnes et en blessant dix-sept autres. Mais, selon Bertrand Sciboz, plongeur sous-marin français spécialisé dans le renflouement d’épaves, bien que le nombre de munitions immergées volontairement soit important, « la majorité des munitions présentes dans le milieu sous-marin est située dans des navires de guerre bombardés et naufragés ».

    « Un problème insoluble »

    Ces immersions font aujourd’hui courir deux risques majeurs pour la #biodiversité : les #explosions_sous-marines, qui font l’effet d’un tremblement de terre pour les poissons, et l’érosion des gaines en métal protégeant les munitions, qui provoque la fuite de substances toxiques. Dans le cas des #munitions_chimiques, le #gaz_moutarde finit ainsi par se diffuser dans les fonds marins, infectant les mollusques, les algues, les poissons, et par conséquent l’ensemble de la #chaîne_alimentaire. Aujourd’hui est une période critique puisque les scientifiques estiment qu’il faut 80 à 100 ans pour qu’une munition finisse par s’abîmer.

    La #dissémination de ces composants toxiques dans l’environnement sous-marin crée aussi une réaction chimique qui mène à l’#hypoxie, un taux d’oxygène insuffisant dans l’eau, étouffant au passage les organismes vivants, selon plusieurs études menées en mer Méditerranée et en mer Baltique, connue pour être la plus grande zone d’immersions du monde. « Le problème, c’est qu’aujourd’hui, nous n’avons pas de solution technique pour récupérer ces munitions chimiques », explique Olivier Lepick, chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique à Paris.

    « Il est probable que le remède soit pire que le mal : manipuler des munitions érodées, qui sont depuis des dizaines d’années dans la mer, risque d’accélérer la dissémination des agents chimiques dans l’eau. » (Olivier Lepick, chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique à Paris)

    Pour les munitions dites conventionnelles, plusieurs techniques existent, comme le #contre-minage, c’est-à-dire la destruction des armes avec d’autres charges explosives. Des opérations sont régulièrement menées par les préfectures maritimes, comme à Plouguerneau (Finistère) en octobre 2023. « Le contre-minage concerne principalement les mines allemandes qui étaient les plus dangereuses et les plus fréquentes », détaille Bertrand Sciboz. Dans certains cas, les munitions peuvent être « océanisées », c’est-à-dire déplacées vers une zone plus profonde, comme ce fut le cas à Nouméa en mai 2018.
    Des taux de composants d’explosifs jamais observés

    En plus de son travail de recensement, « Vert de rage » a réalisé, en partenariat avec le chercheur Aaron Beck, responsable du groupe de travail Geomar, des mesures de composants d’explosifs, tels que le #TNT et ses dérivés, dont la #toxicité est préoccupante. L’équipe a plongé à Fouras (Charente-Maritime), au-dessus d’une décharge d’explosifs recensée sur les cartes marines et interdite à la plongée, où des milliers de munitions de la Première Guerre mondiale ont été immergées par l’armée française dans les années 1920. Des prélèvements ont également été effectués dans une épave située dans la Manche, près de Courseulles (Calvados), rouverte à la plongée après avoir fait l’objet d’opérations de déminage.

    Résultat : à Fouras, les taux de #DANT, une molécule issue de la dégradation du TNT, atteignent 2 401 nanogrammes par litre (ng/L) dans l’eau. C’est le taux le plus élevé jamais observé par l’équipe de chercheurs allemands. Le TNT est potentiellement cancérigène et suspecté de nuire à la fertilité, ainsi que de provoquer des malformations génétiques. Un autre échantillon affiche 827 ng/L de tétryl, un explosif toxique utilisé dans le passé, jamais détecté auparavant par les chercheurs. Le sable de Fouras contient quant à lui jusqu’à 2 355 nanogrammes par kilo (ng/kg) de TNT brut. On y retrouve aussi des niveaux importants de cobalt, nickel, arsenic et plomb, qui dépassent les seuils de risques environnementaux.

    Même conclusion du côté de Courseulles, où les niveaux de contamination étaient similaires aux taux observés en mer Baltique, où plusieurs milliers de tonnes d’armes conventionnelles et chimiques ont été immergées. Des résidus de TNT et de ses dérivés, jusqu’à 242 ng/kg, ont aussi été retrouvés dans le sable.

    « Une question ultrasensible » pour les autorités

    A ce jour, le nombre exact de munitions immergées est difficile à estimer et aucune cartographie officielle et exhaustive n’existe, malgré la promesse du ministère de la Transition écologique d’en produire une. En décembre dernier, Patrice Vergriete, alors ministre délégué chargé du Logement, a affirmé que des travaux interministériels, « échelonnés sur plusieurs années », étaient en cours, sans préciser le calendrier. Trois ans plus tôt, Annick Billon, sénatrice centriste de la Vendée, avait posé une question similaire au gouvernement, et reçu exactement la même réponse.

    Comment expliquer la difficulté du recensement ? « Ces immersions ont été effectuées par des services différents, en métropole comme en outre-mer. L’administration est tellement complexe qu’elle ne sait pas elle-même où elle a mis ces dossiers », argue Bertrand Sciboz. « Les premières immersions ont été effectuées immédiatement après la Première Guerre mondiale, sans que ces opérations soient forcément documentées », renchérit Olivier Lepick.

    Toutes les données existantes sont donc produites par des commissions internationales comme la convention Ospar (Oslo-Paris) ou par des associations. Selon Olivier Lepick, un travail de recensement, même non exhaustif, a certainement dû être effectué par la Direction générale de l’armement (DGA) depuis le début des années 1990. « Le problème, c’est que ces données ne sont pas accessibles au public et encore moins publiées. » En effet, la France oppose le secret-défense à toute question relative au déversement d’armes en mer. Un secret-défense renforcé en 2008, sous la présidence de Nicolas Sarkozy.

    « C’est une question ultrasensible : quels responsables politiques seraient prêts à reconnaître que la France a eu des comportements aussi inacceptables ?, poursuit Olivier Lepick. Ces immersions ont eu lieu à une époque où la sensibilité environnementale était très réduite, voire nulle. » De son côté, le caractère dangereux des munitions (en particulier chimiques) n’encourage pas les autorités à une diffusion d’informations trop précises sur les stocks et la localisation des armes immergées.

    https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/biodiversite/carte-visualisez-l-emplacement-des-munitions-chimiques-et-conventionnel

    #cartographie #visualisation #mer #France

  • The Adenauer-Ben-Gurion Deal - Did Israel´s atomic bomb emerge from the Nazi womb ? (2019)

    https://www.youtube.com/watch?v=E1yBJl2wI4M

    L’histoire que Gaby Weber a déterré en portant plainte contre les archives et institutions de plusieurs états va à l’encontre de tous les mythes officiels. Il faut insister sur le fait qu’elle est une journaliste expérimentée qui fournit toujours les document nécessaires pour prouver ses points de vue.

    https://gabyweber.com/index.php/en/films/159-adenauer-ben-gurion-deal

    It was the last days of the administration of US President Dwight Eisenhower. On December 13, 1960, “Time” magazine alerted the world: Israel was secretly building an atomic bomb. The commotion was big; nobody wanted to know anything about it. Had Eisenhower not always pronounced himself against a nuclear power in the Middle East?

    The international community and the parliaments were systematically lied to. The truth is that already in 1960, Western governments knew about the Israeli nuclear project. They had authorized and supported the construction of this weapon of mass destruction. The Israeli atomic bomb was built with German money and German technology, developed during World War II - in the name of the “Führer” Adolf Hitler. Their knowledge was put at the service of Israel since the late nineteen fifties. The heavy water came from Norway, where the Nazis had produced it during the war. The uranium was supplied, with the consent of the United States, by the Argentine Atomic Commission, which was created after 1945 with the assistance of Nazi scientists.

    #Allemagne #France #Israël #USA #Argentine #nazis #nucléaire #bombe_nucléaire

  • #JO 2024 : des migrants et sans domicile fixe "parisiens" envoyés en Belgique ? RTBF - Françoise Walravens

    Depuis quelques mois, beaucoup d’associations françaises dénoncent des expulsions forcées, des éloignements… Certains parlent même de "nettoyage social". L’État Français réfute cet "objectif zéro SDF à la rue".

    Et pourtant, à Bruxelles, plusieurs personnes travaillant sur le terrain ont constaté que de migrants et sans domicile fixe "parisiens" ont débarqué chez nous !


    Chassés de Paris par qui ? Et Comment sont-ils arrivés jusqu’à Bruxelles ?
    Elise Tordeur est responsable de l’asbl Bulle, une wasserette solidaire et mobile qui lave le linge des plus démunis.

    Toutes les semaines, elle parcoure Bruxelles et va à la rencontre des "sans chez soi" : _ »Nous avons constaté depuis quelque temps effectivement une hausse des personnes, de sans-abri qui viennent de Paris d’origine française ou même d’origine étrangère. Les profils varient. Cela se passe surtout autour de la gare du midi qui est une vraie plaque tournante." ¨

    Sa collègue Marine Anthoons précise : "Ce sont des Français, des migrants sans papiers ou des mineurs non accompagnés. Ils arrivent par vague. Cela fait déjà depuis un petit temps, depuis décembre ou janvier."

    Est-ce sur base volontaire ? "Je ne pense pas non", avoue Elise.

    Nous demandons si elle pense qu’ils sont obligés de partir ? "On les invite en tout cas à partir par tous les moyens possibles et imaginables", souligne Elise.

    "Un jour, on peut voir 5 ou 10 nouvelles personnes venues de Paris et puis, ne plus les voir pendant 3, 4 semaines vu que c’est une logique de survie à la rue", explique Elise.


    Jean-Luc distribue des repas chauds aux personnes en situation de précarité. Ce sont ses amis restaurateurs qui les cuisinent gratuitement et spécialement pour eux.

    Presque tous les jours, cet artiste sillonne Bruxelles avec son vélo-cargo et ils en croisent de plus en plus.

    Il y a peu, il est venu en aide à un groupe de migrants qui arrivaient de Paris : "Ils étaient une quinzaine. Ils avaient même une page A4 qui leur disait qu’ils pouvaient aller dans telle boulangerie, tel endroit. Plusieurs adresses où ils seraient bien reçus."

    On ne demande pas l’avis des SDF, dans le système ce sont des gens qui ne comptent pas…", ajoute Jean-Luc.

    Il précise aussi : "J’ai rencontré plusieurs petits groupes mais ils disparaissent très vite des rues de Bruxelles. Il y en a qui partent à Mons, d’autres à Liège ou encore à Namur. Certains même retournent à Paris parce que dans leur tête, c’est chez eux."

    Suite et source : https://www.rtbf.be/article/jo-2024-des-migrants-et-sans-domicile-fixe-parisiens-envoyes-en-belgique-113802

    #jo #jeux_olympiques #France #Paris #expulsion des #sdf #sans-abris #anne_hidalgo #ségrégation #guerre_aux_pauvres

  • « Face à la répression contre Ritchy Thibault, faire bloc et être solidaire »

    TRIBUNE. Co-fondateur de Peuple révolté et porte-parole de PEPS, Ritchy Thibault fait l’objet, tant de la part d’Emmanuel Macron que de Jordan Bardella, d’un acharnement répressif que les signataires de cette tribune dénoncent avec force.

    Notre camarade Ritchy Thibault a reçu un appel du commissariat de Boulogne-Billancourt ce 13 mai l’informant qu’il était visé par une enquête préliminaire pour « menace de crime ou délit contre un élu public » suite à une plainte de Jordan Bardella. Il est reproché à Ritchy des propos tenus dans une émission le 16 mars 2023 dans laquelle il avait affirmé face au président du RN qui se sentait menacé : « Oui, le fascisme est une menace à éradiquer. »

    Ritchy est voyageur, fils de parents gitan et manouche. Durant la Seconde guerre mondiale, son peuple a subi un génocide, souvent invisibilisé alors que des centaines de milliers de Roms et de Voyageurs ont été exterminés par les nazis et les régimes collaborateurs.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/05/29/face-a-la-repression-contre-ritchy-thibault-fa

    #france

  • « Être une #femme est une #réalité # biologique » : visée par une plainte pour « transphobie », Marion Maréchal persiste

    "C’est en terrain hostile ce 28 mai, sur les ondes de France Inter, que Marion Maréchal a répondu à ses détracteurs. « Je ne me laisserai pas intimider par les menaces judiciaires des militants trans et par les journalistes militants de France Inter », a dénoncé la candidate de Reconquête aux européennes .
    Un échange radiophonique houleux

    Une riposte frontale face à la journaliste Sonia De Villers qui l’interrogeait quelques secondes plus tôt : « Quelle différence y a-t-il entre la défense de la famille que vous proposez vous et celle que proposait le maréchal Pétain ? ».

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    Ce à quoi la tête de liste aux élections européennes a rétorqué qu’elle estimait qu’il faudrait « privatiser l’audiovisuel public ». Selon elle, « la vérité, c’est qu’être un homme ou une femme est une réalité biologique ! Les chromosomes XX et XY sont indépassables ».

    La candidate reprend ici l’idée qu’elle avait développée lundi matin sur le plateau des 4 vérités selon laquelle « il y a une tentative relativement méprisante d’effacer les femmes lorsque l’on accorde à un homme y compris transgenre un prix qui aurait dû revenir à une femme ».
    Une palme pour un transgenre

    A l’origine de la polémique, se trouve Karla Sofía Gascón, un acteur devenu femme qui a reçu le prix d’interprétation féminine le 25 mai au 77e Festival de Cannes pour le film « Emilia Perez » du réalisateur Jacques Audiard.

    Cette distinction n’a pas été du goût de la candidate Reconquête qui a déclaré samedi 26 mai sur le réseau social X : « C’est donc un homme qui reçoit à Cannes le prix d’interprétation… féminine. Le progrès pour la gauche, c’est l’effacement des femmes et des mères. »

    Une sortie médiatique qui lui a valu de vives critiques d’associations. Ainsi, six organisations de défense LGBT+ dont SOS Homophobie ont ainsi annoncé le 27 mai qu’elles allaient déposer une plainte pour « injure transphobe ». Pour ces associations, refuser de reconnaître le changement de genre d’une personne ou délibérément utiliser son nom de naissance constituerait une forme de « transphobie ».

    L’acteur primé à Cannes a de son côté moqué sur X ses détracteurs, leur enjoignant de « manger [leur]... » (...) "

    https://francais.rt.com/france/111328-etre-femme-est-realite-biologique-marechal

    #politique #société #sexe #tout_est_dans_tout #guignols #trans #France #humanité #LGBT #dégénérés #seenthis #vangauguin