RastaPopoulos

Développeur non-durable.

  • Gaza : tout sauf une guerre – la Chronique de Joseph Andras
    https://www.frustrationmagazine.fr/gaza-guerre-chronique-joseph-andras

    Nous accueillons régulièrement l’écrivain Joseph Andras pour une chronique d’actualité qui affûte nos armes et donne du style à nos frustrations. Il y a, là-bas, les épurateurs ethniques ; il y a, ici, leurs associés. Nous savons tout d’eux : les premiers épurent à visage découvert et les seconds assurent le suivi dans nos grands médias.Là-bas, ça […]

    • Le terrorisme n’existe pas. Il convient d’abandonner ce mot à jamais. De le retirer de chaque dictionnaire. Car quand un mot, né au lendemain du 9 Thermidor, né, donc, contre la Révolution française, entend saisir de concert Pierre Brossolette, Missak Manouchian, Bobby Sands, Mohammed Merah, Anders Breivik et Brenton Tarrant, pareil mot malmène l’ensemble des lois de la raison. Il en nie le concept même. Il n’a aucun sens. Pour cause : « terrorisme » est un mot d’État. Une fabrication militaro-policière dont la fonction première a, toujours, partout, été de disqualifier la lutte contre la terreur exercée par le pouvoir central : les États-Unis avec le Viet Minh, l’Afrique du Sud avec l’ANC, le Maroc avec le Front Polisario, la France avec le FLN et le FLNKS, la Turquie avec l’Asala et le PKK, etc. « Jamais personne n’a traité le défunt J. Edgar Hoover de terroriste bien que ce fût précisément ce qu’il était », notait James Baldwin dans l’un de ses livres à propos du chef du FBI. En effet. Mais gageons qu’on ne gagne rien à retourner le stigmate : on patauge encore dans la langue de l’oppresseur. Laissons ce mot à ses maîtres, Klaus Barbie, Thatcher et Erdoğan. Ne salissons pas deux fois Olga Bancic, Fernand Iveton et Nelson Mandela.

      Ce qui existe, en revanche, ce sont certains modes d’action armée, certaines tactiques violentes, certains dispositifs attentatoires aux règles internationales. Ce qui existe, ce sont des attaques meurtrières ciblant volontairement les civils – et on a tout loisir de préciser : fusillade à l’arme automatique, bombe déposée dans un café, camion-bélier roulant droit sur la foule, avion de ligne lancé à pleine vitesse sur un immeuble… Il y a des faits et il y a des mots précis pour les cerner, voilà qui suffit. « Terrorisme » ne cerne rien : il confond tout. Poubelle.

  • CSS :has() Interactive Guide
    https://ishadeed.com/article/css-has-guide

    On peut faire des trucs sympas avec :has(), exemples :

    With CSS :has(), we can replicate the logical operators like ”&&” and ”||“

    /* OR */
    .shelf:has(.bookPurple, .bookYellow) {
     outline: dashed 2px deeppink;
    }

    /* AND */
    .shelf:has(.bookPurple):has(.bookYellow) {
     outline: dashed 2px deeppink;
    }

    In this example, I want to show an additional visual clue if the page has an alert.

    .main:has(.alert) .header {
     box-shadow:
       inset 0 2px 0 0 red,
       0 3px 10px 0 rgba(#000, 0.1);
     background-color: #fff4f4;
    }

    Et plein d’autres trucs comme “Quantity queries with CSS :has” , “We can select an element if it’s followed by another.”, “For example, if the user selects “other”, we want to show input to let them fill in more info.” qui pourrait être utile à saisies de #SPIP et son afficher_si, etc.

    • Alors j’aime beucoup :has. Mais j’y vais tout de même mollo : on se retrouve rapidement avec des CSS avec une structure imbitable. Surtout si en plus on utilise des CSS imbriqués (puisque la logique du :has contredit la stricte lecture descendante des CSS imbriqués).

    • Pour l’aspect rapidement illisible, ça vient aussi du fait qu’on utilise :has pour faire des choses qu’on ne peut pas faire autrement. Et par exemple sur un truc que je fais en ce moment, je me retrouve à faire des choses comme ceci :

      #timeline:not(:has(li:nth-child(6))) li:nth-child(1)::before { … }

      Si c’était pour un site Web, dont on sait qu’il faudra le maintenir et le faire évoluer, je pense que j’éviterais. Et même dans ce cas, sur l’ensemble de ce développement, je n’ai que deux utilisations un peu lourdingues de :has, j’essaie de rester plus simple.

  • L’anthropologue palestinienne Ruba Salih qui enseigne à l’université de Bologne a accepté de confier à l’équipe visionscarto, la traduction en français et la publication de deux textes importants qui portent sur les événements du 7 octobre et de ses conséquences.

    C’est ce que nous avons lu de plus subtil et intelligent sur cet enchainement tragique. Nous avons accompagné les textes de Ruba Salih par une série de cartes contextuelles et éclairantes.

    Les Palestinien·nes peuvent-iels parler ?
    https://www.visionscarto.net/les-palestinien-nes-peuvent-iels

    Gaza entre traumatisme colonial et génocide
    https://www.visionscarto.net/gaza-entre-traumatisme-colonial-et-genocide

    « L’attaque menée par le Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre 2023, au cours de laquelle des milliers de personnes ont été tuées, est constamment présentée comme le début d’une violence « sans précédent », tout en effaçant doublement, physiquement et épistémiquement, les plus de 5 000 Palestinien·nes tué·es, jusqu’en 2022, dans les bombardements de Gaza. Le 7 octobre devient ainsi le point de départ d’une épistémologie israélienne d’un temps supposé universel, tout en marquant une escalade dans la criminalisation de la contextualisation et du refus de l’historicisation. »

    « Ce n’est pas avec les outils de celles et ceux qui vivent dans la « paix » que nous pouvons comprendre et analyser ce qui se passe aujourd’hui ; cela n’est envisageable (à supposer que cela soit même possible pour ceux qui ne vivent pas à Gaza ou dans les territoires palestiniens occupés) qu’à partir d’un espace défini par les effets de la violence et des traumatismes coloniaux. »

    #palestine #gaza #génocide #colonisation

  • La « cabanisation » du territoire, nouvelle cible des préfectures
    https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/070424/la-cabanisation-du-territoire-nouvelle-cible-des-prefectures

    L’habitat léger est dans la ligne de mire des services de l’État, qui voient dans leur développement un menaçant chaos. Ses défenseurs rappellent son bénéfice écologique ainsi que son utilité sociale en pleine crise du logement.

    C’est une lutte sourde mais déterminée qu’ont entamée un certain nombre de préfectures contre l’habitat léger, ou ce qu’elles appellent la « cabanisation » de leur territoire.

    En effet, qu’il soit motivé par des aspirations écologiques et/ou alimenté par la crise du logement, l’habitat léger – caravanes, mobiles homes, cabanes ou yourtes – n’a cessé de se développer ces dernières années.

    « Il y a de plus en plus de personnes en difficulté pour trouver un logement ou pour échapper à des formes indignes d’habitat qui trouvent refuge dans l’habitat léger, confirme Paul Lacoste, porte-parole de l’association Halem qui défend les habitants de logements éphémères ou mobiles. Le problème, c’est qu’elles subissent une répression continuelle. »

    Le statut juridique de ces formes d’habitat reste néanmoins extrêmement précaire. Si la loi Alur en 2014 a mis fin au vide juridique, en autorisant les maires à accorder des dérogations pour des habitats légers en résidence principale sur les terrains non constructibles, bien peu d’élus les intègrent dans leur plan local d’urbanisme (PLU).

    [...]

    La préfecture [de Corrèze] propose donc un guide pratique à destination des élus pour « sanctionner » et « obtenir la démolition » des habitats légers, semblant les mettre sur le même plan que n’importe quelle construction illégale.

    Avant elle, la préfecture de l’Hérault avait adopté une charte similaire en 2021, arguant que la cabanisation « n’a que trop gangrené notre beau territoire ». La préfecture de Haute-Garonne, engagée dans le même combat, s’est même adjoint les services du Centre national d’études spatiales (Cnes) de Toulouse pour détecter, via des satellites, les cabanes et autres yourtes. Les informations recueillies permettent une verbalisation immédiate.

    [...]

    Que les préfectures s’enquièrent des risques de feu ou de pollution, c’est bien leur rôle, mais il y a, pour lui, « beaucoup de mauvaise foi dans ces arguments. Derrière, il y a des pressions très fortes de la spéculation foncière, les lobbys de la construction ou du tourisme de plein air », précise le porte-parole d’Halem.

    Les associations en défense de ces habitants rappellent aussi que ces constructions légères sont énergétiquement sobres et écologiquement vertueuses.

    #habitat_léger #précarité #répression

  • Dashboard des tests automatisés d’accessibilité | Temesis
    https://www.temesis.com/blog/dashboard-des-tests-automatises-daccessibilite

    Comme indiqué en introduction, il permet de lancer des tests automatisés d’accessibilité sur plusieurs URLs et sur plusieurs sites.

    Il y a principalement deux objectifs selon le profil :

    profil « métier » : cela permet de suivre une tendance sur les non conformités générées par les tests automatisés. Est-ce que cela diminue ? augmente ? stagne ?
    profil « expert / référent accessibilité » : cela permet de consulter le détail de chaque erreur et de créer des tickets en conséquence sur l’outil interne (JIRA, Redmine ou autre)

    Le chiffre dépend des éditeurs et du sens du vent mais on indique généralement (à prendre avec des pincettes) que les tests automatisés permettent de couvrir « 30 % » de l’ensemble des tests d’accessibilité.

    Cela permet donc de suivre plus facilement ce type de test et de mettre en place des actions correctives. Bien entendu, il ne s’agit pas de se focaliser uniquement sur les tests automatisés, il convient de s’inscrire dans une démarche d’amélioration continue de l’accessibilité numérique dictée par l’impact utilisateur.

    https://gitlab.com/temesis/dashboard-a11y

    #accessibilité #outil #tests #web #intégration

  • En hommage à Maryse Condé (1934-2024), écrivaine guadeloupéenne, prix Nobel alternatif de littérature en 2018, je poste cet entretien accordé au quotidien LIbération en 1997. Le passage sur les appropriations et usages de la « langue coloniale » est particulièrement intéressant et à mettre en perspective avec, par exemple, les analyses de Kateb Yacine (1929-1989).

    Maryse Condé, Antilles mutantes
    https://www.liberation.fr/livres/1997/09/18/maryse-conde-antilles-mutantes_214339

    Née à Pointe-à-Pitre, romancière et professeure de littérature à l’université de Columbia, Maryse Condé est sortie de la traditionnelle opposition créole-français en cannibalisant, pour la faire sienne, la langue coloniale. Entretien.
    par Claire Devarrieux, publié le 18 septembre 1997.

    Les fictions qui traitent d’un secret familial sont généralement conçues pour l’élucider. Dans Desirada, son dixième roman, Maryse Condé approfondit au contraire le mystère, le construit comme un monstrueux fardeau de mensonges, ou de demi-vérités, dont l’héroïne choisira de se détourner. Qui était son père ? Elle est née d’un viol. Sa mère et sa grand-mère donnent des versions opposées. Ni l’une ni l’autre n’ont eu d’amour maternel à transmettre, c’est un manque glaçant qui gagne le livre peu à peu, alors qu’il avait commencé dans la chaleur de l’enfance. Desirada (la Désirade est une petite île des Antilles, dépendant de la Guadeloupe) entrecroise les lignes de force de destins féminins, comme la plupart des nouvelles de Pays mêlés. C’est surtout le tableau d’une diaspora. On y rencontre à Paris des enfants d’Haïtiens émigrés à Cuba, une Russe égarée en Haute-Guinée, un musicien né à Londres de parents qui venaient de Trinidad. L’héroïne épouse le musicien, le suit en Amérique où il voudrait imposer sa propre « symphonie du Nouveau Monde ». Un personnage optimiste ­ ce que n’est pas tout à fait le livre, bien qu’il soit parcouru d’un grand vent de liberté ­ dit : « Personne ne veut entendre que les immigrés ne sont pas des damnés. Ils sont le sel de la terre ainsi que la lumière du monde. » Maryse Condé est née Maryse Boucolon en 1937 à Pointe-à-Pitre. Sa mère était enseignante, son père travaillait dans une banque. Après son bac, elle a été ravie de partir étudier en France, à Fénelon, puis à la Sorbonne. Elle a publié son premier roman en 1976, après avoir longtemps vécu en Afrique, sans laquelle elle dit qu’elle ne serait pas devenue écrivain, et où elle a puisé la matière de Ségou, son plus grand succès. Elle vit depuis douze ans à New York, où elle enseigne la littérature à l’université de Columbia. Son oeuvre n’est pas autobiographique. Ni insulaire.

    Le message de « Desirada » est-il qu’il faut arracher ses racines pour être libre ?

    Oui, en un sens. Nous, Antillais, on nous demande toujours de nous définir par rapport à nos racines. Je crois qu’il est grand temps de dire : ça n’a pas tellement d’importance, l’endroit d’où nous venons, ce qui compte c’est le peuple que nous sommes devenu, ce que nous avons aujourd’hui comme culture à présenter au reste du monde. Je crois qu’il faut cesser cette quête traumatisante des racines, et puis essayer de vivre au présent. Ce n’est pas facile.

    Pourquoi avez-vous écrit des Guadeloupéens qu’« ils ne survivraient pas à l’arrivée du troisième millénaire » ?

    Nous ne survivrons pas tels que nous avons été. Avec Maastricht, avec l’ouverture des frontières, le fait que les Européens peuvent venir s’installer comme ils veulent, le fait que privés de travail nous sommes obligés de partir à l’étranger de plus en plus loin pour chercher à survivre, la composition de la Guadeloupe change énormément. Entre la Guadeloupe que ma grand-mère a connue, même pas, que ma mère a connue, et la Guadeloupe d’aujourd’hui, l’écart est considérable.

    Il ne reste rien de votre enfance ?

    Pas grand-chose. Des lieux, des bribes. La maison : disparue. La famille : dispersée. L’endroit où je passais les vacances a été coupé en deux par une nouvelle route, un côté a été bâti, et de l’autre côté reste le vieux pont sur lequel je jouais, au-dessus d’une petite rivière qu’on appelait la Sarcelle. Ça me paraît un symbole. Maintenant cette route est abandonnée, elle a été remplacée par une déviation. Voyez, tout le paysage dans lequel j’ai grandi a disparu, c’est un peu l’impression que j’ai quand je retourne en Guadeloupe, ce n’est pas nous qui générons le changement, il est décidé par les institutions en place, même physiquement le pays nous échappe.

    Où en êtes-vous avec la politique ?

    J’étais, d’une façon peut-être un peu idéale, pour l’indépendance de la Guadeloupe. Je ne me suis pas assez engagée parce que, avant tout, je voulais écrire. Or, je crois que la politique est une chose qu’on fait à plein temps. Il m’aurait fallu me lancer vraiment dans le combat, et à cause de ce manque de décision, finalement je n’ai pas été capable d’influer sur le statut guadeloupéen. Alors, je suis un peu en retrait. La cause demeure, mais étant donné qu’on n’a pas su la défendre au moment où il fallait, il faut maintenant essayer de gérer l’échec, de le transformer. On n’a pas pu mener la Guadeloupe à l’indépendance, faisons-nous une raison, voyons comment, dans la situation actuelle, on peut quand même préserver un minimum d’indépendance culturelle, d’indépendance spirituelle, puisque sur le plan économique et politique, on a complètement échoué. Ce n’est pas très gai comme constat. Mais c’est la sagesse. Le problème de l’indépendance ne se pose plus comme en 1960.

    Et avec la langue française ?

    Il y a une sorte de dichotomie dans la littérature antillaise. On vous dit : le français est la langue de la colonisation, et le créole, c’est la langue maternelle, plus vous êtes proche de la langue maternelle, plus vous êtes authentique. D’abord, je ne sais pas très bien ce que veut dire authentique, il n’y a pas de norme. Deuxièmement, il y a possibilité de pervertir le français tel que le colonisateur a voulu nous l’imposer. Une langue, c’est quelque chose qu’on refait à son image. Quand je parle français, c’est un français que j’ai cannibalisé, réinterprété avec mon histoire, avec mon ethnicité, mon expérience particulière, ce n’est pas la langue coloniale, c’est devenu la mienne. Enfin, je crois que pour un écrivain, toutes les langues sont des langues étrangères qu’il lui faut déconstruire. Il lui faut trouver sa propre voix avec des mots imposés par la société. La dichotomie créole/français est terriblement simpliste, elle a un air comme ça politique, révolutionnaire, en fait elle ne s’appuie pas sur la réalité de l’ambiguïté de l’utilisation d’une langue par le locuteur, et sur le problème que pose la langue en général à celui qui écrit.

    Ne pas écrire systématiquement sur les Antilles vous éloigne des écrivains antillais ?

    La littérature antillaise parle des lieux qu’elle considère comme antillais, de la terre (le Martiniquais parle de la terre martiniquaise, le Guadeloupéen de la terre guadeloupéenne). Elle fait l’inventaire de ce que nous possédons, c’est très bien, mais elle oublie qu’il y a davantage de Guadeloupéens et de Martiniquais en dehors de la région que dans la région elle-même. Il y a d’énormes communautés d’Antillais aux Etats-Unis, en Europe, partout, est-ce qu’il faut exclure ces gens-là de la littérature antillaise ? Il faut au contraire s’intéresser à ceux qui créent à l’extérieur, parce que, étant donné qu’ils sont constamment confrontés avec l’Autre, ils ont toujours à se redéfinir ou à se définir comme Antillais. On ne sait pas très bien ce que c’est. Mais on sait absolument qu’on est différent des autres, et c’est ça qu’on cultive.
    Qu’est-ce qui vous fait le plus plaisir, que Derek Walcott et Toni Morrison aient le prix Nobel, ou que Patrick Chamoiseau ait le Goncourt ?

    Ça me fait plaisir pour eux parce que je les aime bien tous les trois ­ Patrick est un vieux copain­, mais je ne peux pas dire que j’éprouve un sentiment de fierté régionale ou raciale. Je crois que j’en ai fini avec ça. Ce qui est important c’est qu’en tant qu’écrivains ils soient couronnés. Ce n’est pas parce qu’ils sont antillais, ou qu’elle est une femme noire, que je me sens plus heureuse.
    Vous sentez-vous plus proches des écrivains femmes que des écrivains hommes ?

    Non. Pas du tout. J’aime beaucoup Edwidge Danticat. Elle a 26 ans, elle écrit en anglais, sur Haïti, à Brooklyn. Je vois là une nouvelle génération de la littérature antillaise. Je me sens pas proche d’elle parce que c’est une femme. Je n’ai pas ce genre de considération. J’enseigne la littérature féminine, mais pour une raison, je dirais, pédagogique, parce qu’elle est moins connue. Il y a une espèce de silence, on parle toujours des hommes, c’est agaçant à la fin, toujours, toujours les mêmes. C’est bizarre que ça résiste comme ça en cette fin du XXe siècle, où on pourrait penser que le monde est plus ouvert. Et puis j’enseigne aussi des hommes, comme Raphaël Confiant. Je ne divise pas en catégories.

    Parmi les amis écrivains que je fréquente à New York, il y a Caryl Phillips, qui vient d’Antigua, il y a Antonio Benites-Rojo, qui vient de Cuba. On a les mêmes intérêts, on cherche à dire la même chose, on a la même expérience de ce qu’on appelle exil, déracinement. Ce n’est pas basé sur des affinités de langue, l’un est anglophone, l’autre espagnol, ce n’est pas basé sur des affinités de sexe, puisque ce sont des hommes, c’est basé sur des affinités littéraires, une façon de concevoir le travail d’écrivain. Tous les trois, nous sommes d’avis que la littérature antillaise ne peut être confinée à la production insulaire, qu’elle a largement débordé la frontière des îles. Nous essayons de faire entrer dans l’expérience antillaise celle de toutes les communautés éparses à extérieur. De trouver une voix qui soit complexe, qui mêle les influences traditionnelles et ce changement auxquels nous sommes confrontés à tous les instants de notre vie. Nous sommes un peu des mutants, il faut tenir compte en littérature de ces mutations. Je sais que les Antillais n’aiment pas ça, ils préfèrent les écrivains qui les confortent, leur fait croire que leur société n’a pas tellement changé. Nous qui voulons trop les tourner vers l’avenir, vers ce qui va arriver, il est certain que ça les déconcerte un peu, ils préfèrent une littérature plus régionale. Et régionaliste.

    Maryse Condé, Desirada , Robert Laffont, 282 pp., 129F. Pays mêlés . Même éditeur, 222 pp., 129F.

    #écriture #langues #colonisation #Antilles #Guadeloupe

  • Gaza : Israël assassine plus de 300 civils palestiniens à l’hôpital Al-Shifa, et tue 7 membres d’une ONG humanitaire lors d’une attaque ciblée
    Par l’Agence Média Palestine, le 2 avril 2024 - Agence Media Palestine
    https://agencemediapalestine.fr/blog/2024/04/02/hopital-al-shifa-israel-assassine-plus-de-300-civils-palestinie

    Le 1er avril dernier, les soldats israéliens ont tué plus de 300 Palestiniens se réfugiant dans l’hôpital Al-Shifa, ou étant venus rejoindre de la famille qui s’y réfugiait, en entendant la nouvelle du retrait des troupes du centre médical assiégé. Il s’agit du massacre le plus violent depuis le début de l’agression génocidaire qu’Israël inflige à la population de Gaza depuis maintenant presque 6 mois.

    Les images rapportées témoignent de l’horreur de cette opération : les soldats israéliens ont pulvérisé et pratiquement entièrement brûlé ce qu’était autrefois l’hôpital le plus important de la bande de Gaza. Des corps calcinés, en décomposition, ligotés pieds et poings liés derrière le dos, gisent à travers les décombres. Certaines images montrent des corps écrasés par des bulldozers, réduits à néant. (...)

    • Al-Shifa in ruins: MEMO inspects extensive Israeli destruction of Gaza’s biggest hospital
      1 avr. 2024
      https://www.youtube.com/watch?v=3f1TZA189WM

      MEMO’s correspondent Motasem Dalloul inspects the wide-scale damage and destruction of Gaza’s Al-Shifa Hospital after an intensive Israeli raid of the complex and its vicinity which lasted just over two weeks. The complex, the largest and most sophisticated medical and health structure in the besieged Gaza Strip, has been rendered completely out of service by Israeli forces.

  • Alors j’ai des chiffres de visites intéressants, concernant un magazine d’information indépendant, au contenu qualitatif et aux articles longs, mais totalisant tout de même quelques centaines de milliers de visites par mois.

    Pour les navigateurs :
    – 58% moteur Blink (Chrome et ses clones)
    – 30% moteurs Webkit (Safari)
    – 6% Gecko (Firefox)

    Pour les périphériques :
    – 63% sur smartphone
    – 27% sur ordinateur
    – 7% sur « phablette »
    – 2% sur tablette

    Ça nous fait quand même 70% des visites d’un site constitué uniquement d’articles longs, sur smartphone.

    • On est en train d’acter la mort du PC fixe je crois.

      Expérience de ce jour. WE en famille, pleins de photos à partager. Celui (moi) qui partage par NextCloud ses photos prises avec un reflex, une seule visite sur le site. Tous les autres se sont inscrits sur un nouveau groupe Whatsapp (sauf moi), et ils y partagent les photos, prises avec les smartphones. En fait, même s’ils le voulaient, ils ne sauraient pas les envoyer sur le NextCloud puisqu’ils n’ont plus de PC fixe. Et moi, je ne suis pas en capacité de récupérer les photos. Et incidemment, évidemment, les photos et nos commentaires et identités alimentent les IA de Meta.

  • ST Micro, sous le soleil de l’innovation !
    https://www.piecesetmaindoeuvre.com/necrotechnologies/st-micro-sous-le-soleil-de-l-innovation

    Toujours en librairie : Sous le soleil de l’innovation, rien que du nouveau ! (L’Echappée, 2012) Nombre de nos visiteurs cherchent ces temps-ci sur notre site des informations et des textes sur ST Microelectronics. Bienvenue à ceux qui s’indignent du pillage de l’eau par l’industrie microélectronique, et qui découvrent à cette occasion tous les méfaits de cette entreprise et de ses pareilles dans la cuvette grenobloise - toutes issues du Commissariat à l’énergie atomique de Grenoble (...) #Nécrotechnologies

  • Vous avez suivi l’histoire avec la librairie #XZ ?
    C’est Mission Impossible IRL (ou le poisson d’avril le plus dingue de l’histoire des poissons d’avril)

    Rémy sur Mastodon

    Ça fait deux jours que je suis fasciné par ce qui se passe dans le monde de la sécurité informatique, autour de la backdoor XZ. Je vais essayer de vous l’expliquer, ça va être technique, mais c’est important.

    Pour Internet, c’est l’équivalent d’un gros astéroïde qui serait passé à 5000km de la Terre. Pas d’impact, pas de dégâts directs, mais on aurait pu tous y passer et personne ne l’a vu venir.

    Je vais chercher à vulgariser un maximum, tout en donnant des liens vers les sources directes, qui sont souvent très techniques et en anglais.

    Le fil complet :
    https://mamot.fr/@rusty@piaille.fr/112190942190403821

    #cybersecurité #hacking #InfoSec #backdoor #OpenSSH

  • « Il n’existe aucun scénario de transition qui n’implique des changements profonds dans notre relation aux animaux »

    Dans la seconde moitié du mois de mars, quelque part sur la côte qui s’étire entre Kerpape et Larmor-Plage, dans le Morbihan, une laie a pris la mer. Elle s’est jetée dans les flots, sans doute poussée vers l’océan par une battue organisée sur le territoire des deux communes. Mue par une force mystérieuse dont nul ne saura jamais rien, elle a affronté le large. Elle a nagé près de dix kilomètres avant d’accoster sur les rivages de l’île de Groix, au terme d’une épreuve d’autant plus rude qu’elle s’apprêtait à mettre bas.

    L’étrangeté de cette prouesse, son incongruité radicale nous portent à des questions non moins inhabituelles. A quoi pense un sanglier seul, perdu en pleine mer, bousculé par la houle ? Par quelles émotions est-il traversé ? A-t-il peur, et comment ? Hésite-t-il, après un moment, à faire demi-tour ? Quelque chose qui ressemble à de la joie lui passe-t-il par l’esprit lorsqu’il aperçoit enfin une terre à l’horizon ?

    L’épopée de cette laie nous renvoie à ce que nous pourrions projeter de plus humain sur l’animal : la singularité des individus, l’audace exploratrice, la confrontation avec l’inconnu, l’âpreté avec laquelle on lutte pour sa vie et, plus encore, pour celle qu’on s’apprête à donner. Sitôt arrivée à Groix, la laie s’est cachée dans un roncier et y a mis au monde trois petits. Lundi 25 mars, à peine le quotidien Ouest-France avait-il eu le temps de raconter l’histoire que des membres de l’amicale des chasseurs du coin sont tranquillement venus tuer tout ce petit monde – la mère et ses trois marcassins.

    Faits politiques majeurs

    Nul besoin d’être encarté au Parti animaliste pour ressentir un trouble à la lecture de ce fait divers. D’ailleurs, Ouest-France n’a pu l’évacuer en une brève, mais y a consacré pas moins de trois articles. Ce qui trouble, bien sûr, c’est le profond hiatus entre l’énergie déployée par la laie pour survivre et sauver ses petits – et par laquelle elle s’humanise en quelque sorte aux yeux de certains d’entre nous – et la brutalité désinvolte, irréfléchie, avec laquelle la mort, en définitive, lui est administrée.

    Ce n’est pas une histoire pour faire pleurnicher dans les chaumières. Derrière la manière dont nous traitons les #animaux, derrière les motifs et les modalités de leur mort, se cachent souvent des faits politiques majeurs. Et d’autant plus majeurs que nous savons désormais avec certitude qu’il n’existe aucun scénario de transition qui n’implique des changements profonds dans notre relation aux animaux.
    C’est vrai, on le sait, pour ce qui est du #bétail. Outre les questions éthiques qu’elles posent, l’intensification et l’industrialisation de la « production animale » ont des effets catastrophiques sur l’ensemble des #écosystèmes et sur la #santé humaine. La pression sur les #terres_agricoles, dont les deux tiers en Europe sont consacrés à nourrir porcs, bovins et volailles, la disponibilité de la ressource en #eau, la #pollution par les nitrates des cours d’eau, des aquifères et des écosystèmes côtiers, la #déforestation forcenée pour faire place aux monocultures de soja… à des degrés divers, la surconsommation de viande génère ou aggrave tous les grands périls environnementaux et sanitaires.
    Tout cela est directement indexé sur le nombre d’animaux que nous nous permettons de tuer chaque jour : d’une certaine manière, nous payons, et paierons toujours plus, le pouvoir sans limite ni partage que nous nous sommes donné sur leur vie.

    Pour saisir le lien avec notre laie groisillonne, il faut lire un bref et remarquable ouvrage des écologues et géographes Raphaël Mathevet et Roméo Bondon (Sangliers. Géographies d’un animal politique, Actes Sud, 2022). Ils y expliquent comment, et pourquoi, en l’espace d’un demi-siècle, le sanglier est passé du statut d’animal forestier discret à celui d’espèce proliférante et invasive, colonisant tous les milieux. Au début des années 1970, on tuait 35 000 sangliers par an en France. Aujourd’hui, ils sont environ 800 000 par an à être tués, sans que cela semble entamer sérieusement la magnitude des dégâts de toutes sortes qu’ils causent à l’environnement et aux activités humaines.

    Prolifération des sangliers

    Avec le remembrement agricole, l’arrachage des haies et la mise à l’équerre des paysages de nos campagnes, la raréfaction du petit gibier a peu à peu laissé les chasseurs orphelins de leurs proies. Pour perpétuer la chasse et le plaisir de tenir une vie au bout de son fusil, la prolifération des sangliers a été organisée par l’agrainage (nourrissage hivernal), l’#élevage et l’hybridation avec des cochons domestiques plus fertiles, des méthodes de #chasse sélectives, etc. « Alors que, par le passé, le chasseur exerçait un droit de souveraineté qui reposait sur l’alternative “faire mourir ou laisser vivre” le gibier, écrivent les deux auteurs, la chasse du XXe siècle se saisit d’un droit inverse, qui est double : celui de “pouvoir faire vivre et laisser mourir” le gibier. » Ce redoublement du pouvoir que nous nous octroyons sur la vie du gibier vient, là encore, avec un fardeau : subir sa pullulation.

    Mais est-il bien sérieux, alors que le monde traverse tant de drames, et que la famine est redevenue une arme de guerre, de s’appesantir sur le sort des bêtes ? L’indifférence à leur égard, répondent en général les militants de la cause animale, est l’antichambre de celle envers le malheur qui frappe nos semblables les plus fragiles.

    « Des cruautés que l’on voit dans les campagnes commettre sur les animaux, de l’aspect horrible de leur condition, date avec ma pitié pour eux la compréhension des crimes de la force, écrivait Louise Michel dans ses Mémoires, en 1886. C’est ainsi que ceux qui tiennent les peuples agissent envers eux ! »

    Stéphane Foucart
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/03/31/ecologie-il-n-existe-aucun-scenario-de-transition-qui-n-implique-des-changem

    #indifférence #écologie

  • « On était faits pour être ici » : les Hmong, peuple nourricier de la Guyane à l’héritage menacé
    https://www.liberation.fr/environnement/agriculture/on-etait-faits-pour-etre-ici-les-hmong-peuple-nourricier-de-la-guyane-a-l
    https://www.liberation.fr/resizer/350OYDAdIs45do0zfx01HW5qL50=/1200x630/filters:format(jpg):quality(70):focal(3508x1418:3518x1428)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/JXPJM3BJZ5AGTJ5AHETMPABXQ4.jpg

    En produisant environ 70 % des fruits et légumes du département, l’ethnie originaire d’Asie, installée dans deux villages depuis la fin des années 70, est un pilier de la souveraineté alimentaire de la région. Mais l’agriculture peine à séduire les jeunes générations.

    En Guyane, on vit principalement sur la côte. Un peu au bord des fleuves ou des nombreux cours d’eau. Mais le reste n’est que forêt. Une forêt dense, parfois opaque, primaire. Hostile en somme. A l’exception d’un village. Un irréductible de la jungle amazonienne. Cacao – c’est son nom – ne fait pas partie de ces bourgades boueuses nées de la fièvre de l’or, celles qui déchirent et polluent au mercure ce bout de France en Amérique du Sud. Ici, les Cayennais affluent tous les dimanches pour profiter du marché, dévorer une assiette de porc au caramel ou de canard laqué. Il suffit d’avaler les 80 km de route qui s’enfoncent dans la forêt, et finissent, tournicotant, par prendre un peu de dénivelé. Voici l’un des deux villages hmong, rare point de convergence touristique de Guyane, et véritable grenier de la région.

    Les Hmong sont des nomades du Sud-Est asiatique, originaires du Laos, et un peu des pays alentour. Dans la deuxième partie du XXe siècle, ils se sont alliés aux Français en Indochine et aux Etats-Unis au Vietnam, s’attirant les foudres des régimes communistes qu’ils ont systématiquement combattus. L’arrivée de ceux-ci au pouvoir au Laos, en 1975, les a poussés à l’exil. Sur les 20 000 qui demandent l’asile, la France, redevable, en accueille une partie dans le Gard, et décide d’envoyer un millier d’entre eux en Guyane, entre 1977 et 1988, où les conditions climatiques sont jugées similaires à celles du Laos. Aujourd’hui, ils représentent 2 % de la population, et produisent entre 70 et 80 % des besoins en fruits et légumes de la région, selon la chambre d’agriculture.

    Alternative salvatrice

    « Nous sommes les harkis d’Asie », résume sobrement Ky Gilles Lau, membre de l’association de sauvegarde de la culture hmong. Agriculteur comme son père, le voici qui range son étal sur la place du marché qui jouxte un grand parking plein qu’une fois par semaine, le dimanche. Il fait partie de la première génération née dans la région, se dit « Guyanais de chez Guyanais », mais plaide pour préserver la culture hmong, son dialecte qu’on entend encore à chaque coin de rue, et transmettre la mémoire de la génération pionnière qu’il voit peu à peu disparaître. « Mon père et mon oncle sont arrivés ici dans les années 70, rembobine-t-il. Ce n’était qu’un camp d’orpaillage, sans route, accessible uniquement en pirogue. Les Français pensaient peut-être qu’on allait disparaître. Mais nos parents ont bâti Cacao à la sueur de leur front. » Ils ont troqué l’exil pour la survie.

    L’une des particularités du peuple hmong, c’est qu’il a toujours voyagé « muni de graines », selon Ky Gilles. Différentes espèces de fruits et légumes que ses parents ont plantées ici, en même temps qu’ils bâtissaient leur village. D’abord incités à cultiver du riz, sans succès, ceux-ci s’adonnent finalement au maraîchage. « Cacao est une cuvette, ce qui rend sa terre plus fertile que d’autres parties de la Guyane », précise le quadragénaire. De quoi survivre dans un premier temps sans trop dépendre de l’aide des militaires français, installés non loin de là. Puis de prospérer, en utilisant parfois des produits chimiques, pour devenir la principale manne agricole d’un territoire qui manque cruellement d’exploitations.

    Cacao et l’autre village hmong – Javouhey, plus à l’ouest – offrent une alternative salvatrice à la Guyane qui importe l’essentiel de ce qu’elle consomme. Ici, la nourriture se paie 40 % plus chère que dans l’Hexagone. Alors toute production locale est bonne à prendre. Surtout à l’heure où l’Etat français ambitionne d’aider son territoire d’outre-mer à atteindre la souveraineté alimentaire à l’horizon 2030. Ce qui nécessiterait, à en croire Emmanuel Macron qui était de passage ici les 25 et 26 mars, de cultiver 20 000 à 30 000 hectares supplémentaires. Le Président n’a pas honoré Cacao de sa présence : il a préféré visiter l’une des rares exploitations créoles à Matoury, dans la banlieue de Cayenne.

    Tourisme et transmission

    Un défi complexe, de l’aveu même des Hmong, qui luttent depuis bientôt cinq décennies contre une météo capricieuse, notamment lorsque la pluie tombe à torrent. Les exploitants qui se lancent se heurtent souvent au manque de foncier, en grande partie détenu par l’Etat, et doivent se contenter du marché guyanais, car il est n’est pas rentable d’exporter leur production vers la métropole, ni vers le Brésil ou le Suriname voisin. Bernadette Heu, 32 ans, constate qu’une bonne moitié des jeunes de sa génération ont quitté le village pour rejoindre Cayenne ou la métropole. « Si vous n’avez pas de terre, il n’y a pas beaucoup d’opportunité ici. » Ky Gilles abonde : « On fait un peu de l’agriculture par défaut, il n’y a pas d’autres débouchés. Donc ceux qui ne trouvent pas de boulot dans les champs s’en vont. »

    Reste tout de même le tourisme. Et ce rendez-vous dominical qui attire toujours plus de monde. « Venir ici, c’est un peu une balade de santé, une évasion. Ça change de Cayenne », raconte Stéphane, un « métro » – né dans l’Hexagone – installé en Guyane depuis trois ans. Il est attablé avec un ami sous un hall ouvert où quelques stands de broderies asiatiques côtoient des cuisines éphémères. Sa voiture est garée dans la rue principale, entre les centaines d’autres visiteurs d’un jour venus respirer l’air moite de la forêt, et faire leurs courses pour la semaine. On vient autant pour les légumes que pour les maisons sur pilotis, où le matériel agricole est stocké au rez-de-chaussée. Voyage asiatique dans une France sud-américaine, symbole du syncrétisme propre à la Guyane. On y avance sous le concert des picolettes, des oiseaux qui chantent depuis leur cage, véritables institutions guyanaises. « C’est aussi une tradition hmong, s’amuse Ky Gilles. Comme quoi on était faits pour être ici. »

    Lorsque la nuit approche, les voitures décampent, et le village retrouve sa torpeur habituelle. Les adolescents, qui semblaient terrés jusque-là pour fuir le brouhaha des étrangers, se retrouvent, les yeux rivés sur leurs téléphones. Leurs parents circulent dans des pick-up rutilants, le bas de caisse débordant d’une terre ocre séchée. Eux vivotent sur des quads. Jason se dit « attaché au village », mais avec son accent moins marqué que celui de son paternel, il rêve de métropole.

    « Nos parents se sont battus pour s’installer ici et, nous, nous risquons de nous battre pour retenir nos propres enfants », résume sans fatalisme Bernadette Heu. Car même si le dialecte hmong tend à se diluer, la vie reste douce à Cacao. D’où l’optimisme de Ky Gilles, qui voit mal son héritage disparaître. « Tant que le village existera, il vivra. » Et l’agriculture de Guyane avec.❞

    #Guyane #Laos #Hmong #GuerreIndochine

  • Francesca Albanese : « Aucun État n’est au-dessus des lois » | Mediapart | 30.03.24

    https://www.mediapart.fr/journal/international/300324/francesca-albanese-aucun-etat-n-est-au-dessus-des-lois

    Entretien à Mediapart avec la rapporteure de l’ONU pour les Territoires palestiniens occupés.

    MP : Votre analyse est critiquée par plusieurs chancelleries, notamment en France, où le ministre des affaires étrangères, Stéphane Séjourné, affirme qu’« accuser l’État juif de génocide, c’est franchir un seuil moral ». Que leur répondez-vous ?

    Le génocide est défini par le droit international. Il n’est pas défini par des opinions personnelles ou par des expériences historiques douloureuses. Aucun État n’est au-dessus des lois. Que signifie dire : comment peut-elle accuser l’État d’Israël ? Pourquoi ne le pourrais-je pas ?

    [...]

    Comment enquêter en tant qu’experte indépendante des Nations unies sur un tel terrain et alors que vous ne pouvez pas y accéder ?

    Israël a annoncé en février 2024 qu’il m’interdisait le territoire. Mais en réalité, aucun rapporteur spécial de l’ONU pour les Territoires palestiniens occupés n’a été autorisé à entrer dans le pays au cours des seize dernières années.

    Pour quelles raisons ?

    Parce qu’Israël agit au mépris du droit international et des règles de l’ONU de bout en bout, considérant que nous serions partiaux ou anti-israéliens, ce qui n’est pas vrai. Aucun de nous n’a jamais eu quoi que ce soit contre Israël. Nous voulons simplement qu’Israël se comporte conformément au droit international. Est-ce trop demander ? Il faut cesser de nier les comportements criminels imputables à Israël. À long terme, cela va être encore plus préjudiciable que cela l’a été jusqu’à présent, tant pour les Palestiniens que pour les Israéliens.

  • Japanese Soul from the ’70s: ライトメロウ with Kengo
    https://www.youtube.com/watch?v=i_3u3uJ4F9E

    Nana kinomi - Omaesan
    Mari and Bux Bunny - Saigo no honne 01:55
    Hiromi Iwasaki - Campus Girl 07:23
    Tatsuro Yamashita - Dancer 09:32
    Lily - Reflection 13:30
    Hatsumi Shibata - Showgirl 16:57
    Yumi Arai - Anata dake no mono (Trimmed out from the video due to copyright restrictions.)
    Kaze - Futto kigatsukya 20:10
    Ogami Rumiko - Futari fuwari 22:58
    Aiko Yano - Katarun Kataran 25:41
    Haruko Kuwana - On the seashore 29:18
    Rie Ida - Koi no arashi 33:12
    Momoe Yamaguchi - Neko ga miteiru 35:17
    Yoko Maeda - yuuwaku 37:12
    Masaki Ueda - Hikaru Umi 40:49

    #musique #soul #Japon #années_70

  • Les ados sentent la chèvre mais « nous ne le percevons pas » | Le Télégramme
    https://www.letelegramme.fr/france/les-ados-sentent-la-chevre-mais-nous-ne-le-percevons-pas-6553895.php

    Les adolescents sentent la chèvre en raison de certains acides présents dans leur transpiration, affirme une étude scientifique. Âge, bactéries, hormones, émotions… À quels facteurs et procédés chimiques nos odeurs corporelles sont-elles dues ?

    Les bébés sentent-ils la rose et les adolescents la chèvre ? C’est, vite résumé, ce qui ressort d’une étude menée par des chercheurs des universités allemandes d’Erlangen-Nuremberg et Dresde, à partir d’échantillons de transpiration comparés de 18 enfants en bas âge et de 18 ados. Selon ses résultats, publiés dans Communications Chemistry et relayés par le New York Times, la sueur, au moment de la puberté, contient des acides carboxyliques caractéristiques du sébum, notamment responsable des points noirs et des cheveux gras de nos grands rejetons. Ces substances qui, rapporte le New York Times, ont un « parfum de moisi, de fromage et de chèvre ». Et qui, au même âge, se combinent aux stéroïdes, porteurs d’une touche « de musc » et « d’urine » !

    La présence de ces composants dans la sueur des adolescents en fait-elle pour autant des êtres puants ?

    Laurent Misery, chef du service dermatologie du CHRU de Brest, nous rassure : « Pour qu’entre humains nous les percevions, il faudrait qu’ils soient présents en quantité ».

    Les animaux, en revanche, les détectent fort bien. Chiens et chats reconnaissent, par exemple, l’odeur de leur maître passé par une pièce, de la même manière qu’ils sentent à distance les phéromones que produit une femelle en chaleur de leur espèce.

    Chacun a une odeur unique
    Notre odorat n’est pas aussi développé que celui de nos amis à quatre pattes. Pour autant, chaque individu possède une signature olfactive unique, tout comme son ADN ou ses empreintes digitales qui lui sont propres. À une différence près : « Cette odeur n’est pas constante mais varie en fonction de l’évolution de notre microbiote cutané », poursuit le Dr Misery. En clair, tout dépend des bactéries hébergées par notre corps, et dont la présence « par milliards » évolue « en fonction de l’âge, des toilettes que l’on fait ou encore des zones de la peau ». Car la sueur elle-même est inodore. « Ce sont les bactéries qui la transforment en composés organiques odorants », illustre le spécialiste brestois. Comme nous n’avons pas tous les mêmes bactéries, la chimie opère différemment. Cela explique que certaines personnes sentent davantage des pieds que d’autres, ou attirent les moustiques quand leur voisin de chambrée, lui, dort peinard.

    Un domaine encore peu exploré
    Et les hormones, dans tout ça ? « Elles donnent le message aux cellules. » Un oral d’examen ou un entretien d’embauche à passer ? Vous êtes bon pour une décharge de cortisol, d’adrénaline et autres hormones de stress qui vous font transpirer illico. Et pof, voilà que vos bactéries s’en mêlent, transformant l’auréole sous vos aisselles en effluve malodorante. Un mécanisme naturel lorsqu’il répond à un pic d’activité ou à une émotion intense (anxiété, peur…), et non à un défaut d’hygiène.

    Selon le médecin brestois, l’alimentation n’a que « peu d’effets » sur l’odeur corporelle. « La perception qu’une odeur est désagréable est, par ailleurs, très subjective », suggère-t-il, certain que l’étude allemande ouvre un champ encore peu exploré, celui « du mécanisme qui régule la composition de la sueur et des odeurs chez l’être humain ». Un sujet captivant, quand on voit la faculté qu’ont des chiens entraînés à détecter la covid-19 ou la présence d’un cancer.

    • bizarrement (!), le mot chèvre ne fait pas partie du résumé (abstract) de l’article d’origine…

      Body odor samples from infants and post-pubertal children differ in their volatile profiles | Communications Chemistry
      https://www.nature.com/articles/s42004-024-01131-4


      Target compounds were quantified in the distillates of pooled body odor (BO) and room samples of infants (0–3 years) and post-pubertal children (14–18 years). In total, per age group three pools were analyzed including samples of six children each. Concentrations of (a) 6MHO, (b) GA, and (c) SQ in the BO and room samples of infants and post-pubertal children (see also Supplementary Note 2 Table S3 online); concentration ratios 6MHO/SQ and GA/SQ in BO samples are depicted in d and e. Note that SQ was out of calibration range in the room samples, due to considerably lower abundance than in the BO samples. For results of statistical comparison, see main text.

      Abstract
      Body odors change during development, and this change influences the interpersonal communication between parents and their children. The molecular basis for this chemical communication has not been elucidated yet. Here, we show by combining instrumental and sensory analyses that the qualitative odorant composition of body odor samples is similar in infants (0-3 years) and post-pubertal children (14-18 years). The post-pubertal samples are characterized by higher odor dilution factors for carboxylic acids and by the presence of 5α-androst-16-en-3-one and 5α-androst-16-en-3α-ol. In addition to the olfaction-guided approach, the compounds 6-methylhept-5-en-2-one (6MHO), geranyl acetone (GA) and squalene (SQ) were quantified. Both age groups have similar concentrations of 6MHO and GA, whereas post-pubertal children tend to have higher concentration of SQ. In conclusion, sexual maturation coincides with changes to body odor chemical composition. Whether those changes explain differences in parental olfactory perception needs to be determined in future studies with model odors.

    • la liste des composés odorants détectés…
      et leur description olfactive

      | Identified compound                    | Odor attributef                              |
      | -------------------------------------- | -------------------------------------------- |
      | Octanal a, b, c, d                     | Soapy, citrus-like                           |
      | Oct-1-en-3-one a, c                    | Mushroom-like                                |
      | Nonanal a, b, c                        | Soapy, citrus-like                           |
      | Unknown c, d, e                        | Flowery, soapy                               |
      | Decanal a, b, c, d                     | Soapy                                        |
      | (E)-Non-2-enal a, b, c, d, e           | Fatty, cardboard-like                        |
      | Linalool a, b                          | Flowery                                      |
      | Undecanal a, b, c, d, e                | Soapy, citrus-like, coriander-like           |
      | 3-Methylbutanoic acid a                | Cheesy                                       |
      | (2E,4E)-Nona-2,4-dienal a, d           | Fatty, nutty                                 |
      | Dodecanal a, b, c, d, e                | Soapy, coriander-like                        |
      | (2E,4E)-Deca-2,4-dienal a, c           | Fatty, deep-fried                            |
      | α-Isomethylionone a, b, c, d, e        | Violet-like                                  |
      | Geranyl acetone a, b                   | Soapy                                        |
      | Unknown d, e                           | Soapy, coriander-like                        |
      | Polysantol a                           | Sandalwood-like                              |
      | Unknown                                | Fatty, fruity, coconut-like                  |
      | β-Ionone a, b                          | Flowery, violet-like                         |
      | 2-Methylheptanoic acid a               | Fruity, dried plum-like                      |
      | Unknown e                              | Soapy, coriander-like                        |
      | (E)-4,5-Epoxy-(E)-2-decenal a, c, d, e | Metallic                                     |
      | Octanoic acid a, b                     | Musty, coriander-like, fatty                 |
      | p\-Cresol a, c                         | Fecal, horse stable-like                     |
      | Unknown c, d, e                        | Sandalwood-like, perfume-like                |
      | Sandranol a, b, c, d, e                | Sandalwood-like                              |
      | Patchouli alcohol a, c                 | Earthy                                       |
      | Sotolon a, d, e                        | Savory, celery-like                          |
      | Unknown                                | Fecal, earthy                                |
      | 4-Ethyloctanoic acid a                 | Goat-like                                    |
      | Unknown                                | Soap-like, perfume-like                      |
      | γ-Undecalactone a, c, d                | Peach-like, soapy                            |
      | Unknown                                | Fecal, musty                                 |
      | Unknown                                | Soapy, coriander-like                        |
      | γ -Dodecalactone a, c, d, e            | Peach-like, flowery                          |
      | Dodecanoic acid a, b                   | Wax-like, soapy                              |
      | Unknown c, d                           | Vanilla-like                                 |
      | Unknown                                | Vanilla-like                                 |
      | Vanillin a, b, c, d, e                 | Vanilla-like                                 |
      | Myristoleic acid a, b                  | Earthy, green/grassy, green bell pepper-like |
      | Raspberry ketone a, c, d, e            | Raspberry-like                               |
      | 5α-Androst-16-en-3-one a               | Sweaty, urinal, musk-like                    |
      | 5α-Androst-16-en-3α-ol a               | Sandalwood-like, musk-like                   |

      a Compound was tentatively identified by GC-O by comparison of odor quality and retention indices on DB-FFAP and DB-5 of reference compound.
      b Mass spectrum was compared with reference compound/in-house library.
      c Detected in blank unworn cotton pads.
      d Detected in perfume-free shower gel.
      e Detected in perfume-free detergent.
    • Selon le médecin brestois, l’alimentation n’a que « peu d’effets » sur l’odeur corporelle.

      Il a jamais mangé d’ail ou d’oignon ou bien ? :-)