• Dialogue avec l’ombre : Anima Sola #17
    Récit poétique à partir d’images créées par procuration.

    https://liminaire.fr/palimpseste/article/dialogue-avec-l-ombre

    C’est une petite chambre confortable avec une vue impressionnante sur la ville qui grouille dans la lumière bleutée de la nuit qui tombe. Les contours des immeubles s’estompent avec la distance. Les volumes des bâtiments paraissent s’effacer dans une brume granuleuse qui rappelle le sable. Je ne sais pas pourquoi j’ai accepté de venir là, pourquoi j’ai cédé si facilement à ses arguments. C’est sans doute ce mystère qui m’excite, qui me fait perdre la tête. J’espère la surprise et un grand ravissement.

    (...) #Écriture, #Langage, #Poésie, #Lecture, #Photographie, #Littérature, #Art, #AI, #IntelligenceArtificielle, #Dalle-e, #Récit, #Portrait, #Corps, #Ville, #Nuit (...)

    https://liminaire.fr/IMG/mp4/anima_sola_17.mp4

  • Démocratie, démocratie parlementaire, démocratie communale
    https://www.lutte-ouvriere.org/documents/archives/cercle-leon-trotsky/article/democratie-democratie-6501

    Sommaire

    #1789 : la bourgeoisie prend le pouvoir au nom du peuple, mais veut gouverner sans lui
    Constitution de #1791 : beaucoup d’élections, peu d’électeurs
    La révolution populaire commence dans les communes
    Les sans-culottes imposent la 1ère République.
    Élections à la Convention : un suffrage pas si universel que ça
    L’Assemblée bourgeoise sous la surveillance de la population parisienne
    Le mouvement populaire réprimé, retour au suffrage restreint

    Du 1er au 2nd empire : les fractions bourgeoises se disputent le monopole du pouvoir et ses avantages
    Naissance de l’appareil d’État bourgeois moderne
    La continuité du pouvoir bourgeois
    #Février_1848 : les ouvriers parisiens imposent la république aux républicains bourgeois
    La #république_bourgeoise, dictature sur la classe ouvrière
    Coup d’État de #Louis-Napoléon_Bonaparte : par peur du prolétariat, la bourgeoisie choisit le retour à l’Empire
    #Second_Empire : parlement et suffrage universel sous contrôle
    L’État au service du développement... et des profits capitalistes
    Pillage de l’État, surexploitation des travailleurs

    La démocratie parlementaire construite sur le massacre des Communards
    La #Commune_de_Paris : contre le pouvoir bourgeois, le pouvoir ouvrier
    La commune, structure de base d’un régime vraiment démocratique
    La #république_parlementaire, le régime idéal pour la bourgeoisie
    La bourgeoisie se rallie au #suffrage_universel, mais l’encadre
    3e République, État Français, 4e et 5e Républiques : la continuité de l’appareil d’État bourgeois
    La fabrication des majorités électorales
    Un parlement ligoté...
    ... et toujours sous haute surveillance
    La #bureaucratie d’État aux commandes
    Les gouvernements passent, les hauts fonctionnaires restent
    #Démocratie_bourgeoise : la #corruption permanente
    La #bourgeoisie domine toute la société
    L’État, un instrument aux mains des trusts
    L’information et la culture sous contrôle... ou sous influence
    La dictature des propriétaires des moyens de production
    De la dictature économique à la dictature politique

    La forme normale de la dictature du prolétariat : la démocratie la plus large
    Contre la dictature de la bourgeoisie, la dictature du prolétariat
    Contre la démocratie bourgeoise, la #démocratie_ouvrière
    L’exemple de la #révolution_russe et des #soviets : la démocratie pour les plus larges masses

    Les municipalités, institutions potentiellement les plus démocratiques
    Les communes placées sous le contrôle de l’État
    Le nouveau régime des lois de décentralisation de 1982
    Un marché très profitable pour les trusts
    Un mode de scrutin qui défavorise les minorités
    Le contrôle des #préfets, modifié, a été maintenu
    #Décentralisation, mais pas démocratisation
    Des possibilités d’intervention de la population
    Quand le PS et le PC se servaient des municipalités comme tribunes
    Mesurer la pénétration de nos idées dans la #classe_ouvrière
    Notre objectif : que la population résolve elle-même ses problèmes
    Un exemple : l’éducation scolaire de base des enfants des quartiers populaires
    Pour que ce soit la population qui commande, décide et exécute ses décisions

  • 🛑 🛑 ACTION COLLECTIVE - 62ÈME ANNIVERSAIRE DU CRIME D’ÉTAT COMMIS LE 17 OCTOBRE 1961... | Solidaires

    Plus de soixante ans après le massacre perpétré par la police française à l’encontre des milliers d’algériennes et d’algériens qui manifestaient pacifiquement à Paris le 17 octobre 1961 contre le couvre-feu raciste qui leur avait été imposé par le gouvernement de l’époque, les plaies de cette blessure sont encore largement ouvertes dans leur mémoire.
    Ce jour-là, cinq mois avant la signature des accords d’Évian, en réaction aux mesures prises par l’État français, la fédération française du FLN algérien (Front de Libération Nationale) a organisé, dans le contexte de la guerre d’indépendance, une manifestation pacifique pour réclamer la levée du couvre-feu, l’indépendance et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
    Cette manifestation où se mêlaient femmes, hommes et enfants, fut très violemment réprimée par les forces de police de la préfecture de police de Paris. Aujourd’hui le bilan de ce massacre n’est plus contestable : des victimes de violences par milliers, des disparitions et des morts par centaines (...)

    #crimedétat #ViolencesPolicières #racisme #17octobre1961 #mémoire

    https://solidaires.org/sinformer-et-agir/actualites-et-mobilisations/nationales/action-collective-62eme-anniversaire-du-crime-detat-commis-le-17-octobre

  • #Nahel et les #quartiers : mourir pour exister | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/030723/nahel-et-les-quartiers-mourir-pour-exister
    #feurat_alani

    Les collègues que je côtoie n’ont pas eu la même vie que nous, habitants des quartiers populaires. Comme beaucoup de mes congénères, j’ai déjà été braqué par des policiers, à plusieurs reprises, aussi bien pour avoir commis des bêtises de jeunesse que pour avoir été au mauvais endroit au mauvais moment. J’ai terminé en garde à vue à plusieurs reprises. Puis, comme la quasi-majorité, je me suis repris en main.

    Ce mardi 27 juin 2023, le jour de l’atrocité, nous avons changé de monde.

    Ce matin-là, il est environ 11 heures quand je reçois un texto d’un ami du quartier : « T’as vu ce qui s’est passé ? Ils ont tué un petit de l’avenue, Nahel, celui qui lâche jamais sa moto. » « Ils », la seule réalité implacable de l’autre monde dans ce quotidien en marge, la police. La vidéo tourne en boucle. Une voiture jaune. Deux #motards de la police sur le côté. Un chauffeur qu’on ne voit pas à l’image est tenu en joue, le canon d’un revolver dirigé contre lui. Des mots terribles. Des menaces intolérables. La voiture démarre lentement. Un tir résonne. C’est l’horreur en différé. La mort d’un « jeune de #cité » en tendance sur les réseaux sociaux. Une envie de vomir. Mais qui est ce jeune ?

    La colère que j’ai perçue dans les yeux de ces jeunes hommes masqués m’a ému aux larmes. Les cris de vengeance. Les mots d’hommage. J’ai vu des lèvres trembler de rage, des corps se déchirer de frustration, avancer sans ciller devant des véhicules blindés d’une police qui a reculé.

    Quelques minutes plus tard, mon ami m’envoie la photo du « petit », Nahel sur sa moto bleue, casque sur la tête. Je ne le connaissais pas personnellement. Mais je reconnais son visage, bien sûr. Puis des anecdotes racontées par mes amis l’identifient un peu plus. Une tante. Un oncle. Tout le monde connaît quelqu’un qui le connaît. Tout le monde est sous le choc.

    Je descends de la tour de mon adolescence où ma mère vit encore. En bas, les regards sont graves, tout le monde sait, personne ne parle. Le calme avant la hargne, l’impression que le temps s’est arrêté, le sentiment d’une bascule en cours. Un dernier texto avant le silence qui ne présage rien de bon : « Les enfoirés, ils l’ont assassiné. Je les hais. Ils ont un permis de tuer. Ils ont libéré les enfers. Il y aura un avant et un après. »

    Ce silence-là est lourd. Il a un visage. Celui d’un jeune de #17_ans tué à bout portant pour un refus d’obtempérer et qui a fini sa course sur la place Nelson-Mandela. Comment ne pas y voir le symbole de la paix et de la liberté opprimées mais surtout le mortel chemin qui y mène ?

    Ce mardi 27 juin 2023, à #Pablo-Picasso, nous le savons tous, ce soir, « ils », tous les Nahel, libéreront les enfers. Il n’y aura pas de paix sans la justice ni la vérité. Une pièce de théâtre se met en place. Les acteurs ne jouent pas. Ils sont réels. Cette pièce n’a rien à envier au sentiment d’absurdité des réponses attendues sur cette affaire. Elle pourrait s’intituler : #En_attendant_Beauvau.

    Le soir, comme attendu, tout a éclaté. J’étais attablé avec ma mère quand les premiers cris ont atteint nos oreilles. Puis le déluge. Les tirs de mortier, les grenades assourdissantes, les voitures brûlées, la colère sous toutes ses formes. Je suis descendu voir de près pour observer le mouvement. La colère que j’ai perçue dans les yeux de ces jeunes hommes masqués m’a ému aux larmes. Les cris de vengeance. Les mots d’hommage. J’ai vu des lèvres trembler de rage, des corps se déchirer de frustration, avancer sans ciller devant des véhicules blindés d’une police qui a reculé. Le sentiment que cette même police laissait éclater une colère légitime, en essayant de la canaliser au même endroit, en vain. Au bout de quelques heures, elle a quitté les lieux.

  • [Daydream Nation] #mixtape SESSION #17 : #the_ultimate_dreamers
    https://www.radiopanik.org/emissions/daydream-nation/mixtape-session-17-the-ultimate-dreamers

    Ce mardi 16 mai 2023 de 22h à 23h, c’est au tour des Ultimate Dreamers de proposer sa sélection musicale sous forme d’une #mixtape_session.

    The Ultimate Dreamers, originellement formé en 1986, s’est reformé en 2021 après une longue pause.

    Les perles d’époque ont été assemblées sous « Live Happily While Waiting For Death », sorti en 2021 par Wool-E Discs, suivi en mars 2023 par l’album à la fois cold wave, dream pop et aux éclats post-punk , intitulé « Echoing Reverie », produit par Len Lemeire.

    Iels seront en concert le 17 mai au Club (Cirque Royal), le 19 mai Chez Poupoune (Ath), le 27 mai au Canal 10 (Saint-Ghilsain) et le 4 juin au Moulin Fantôme (Bruxelles).

    If you’re waiting for the night, c’est par ici (...)

    #daydream_nation #mixtape,mixtape_session,daydream_nation,the_ultimate_dreamers
    https://www.radiopanik.org/media/sounds/daydream-nation/mixtape-session-17-the-ultimate-dreamers_15901__1.mp3

  • 1789... La Révolution !
    https://www.lutte-ouvriere.org/documents/archives/cercle-leon-trotsky/article/1789-la-revolution

    La révolution française (CLT n°32 du 3 mars 1989, #archiveLO)

    1789 : Les premières étapes de la révolution
    – La convocation des #États_généraux
    – Du #Tiers_État à l’Assemblée nationale
    – 12-14 juillet : l’intervention des masses populaires parisiennes
    – Eté 1789 : les paysans entrent en scène à leur tour
    – 5-6 octobre : les femmes du peuple ramènent le roi à Paris

    De 1790 à 1792 : la révolution s’approfondit
    – L’agitation gagne l’armée royale. Le #massacre_de_Nancy (août 1790)
    #Varennes (juin 1791) : La #monarchie perd son crédit
    – L’Assemblée bourgeoise contre les #sans-culottes
    – Le #club_des_Jacobins
    – L’#Assemblée_Législative succède à la #Constituante (Octobre 1791)
    – La révolution face à la guerre (printemps 1792)
    – 10 août 1792 : les sans-culottes abattent la monarchie

    1793 : « #l'année_terrible »
    – Les Girondins dépassés par la radicalisation du mouvement populaire...
    – ...qui porte #la_Montagne au pouvoir (Juin #1793)
    – « Le peuple français debout contre les tyrans ! » (Août 1793)
    – La #Terreur montagnarde s’appuie sur la mobilisation des masses...
    – ... tout en la conservant sous son contrôle
    – La chute de #Robespierre (27 juillet 1794 - 9 Thermidor)

    1794-1799 : la bourgeoisie à la recherche de sa république
    – La #réaction_thermidorienne / #Thermidor
    – ...contre les soulèvements populaires...
    – ... et face aux tentatives royalistes
    – La #Révolution_française et la naissance de l’Europe moderne
    – L’actualité de la Révolution française : celle de la révolution tout court

    ANNEXE
    #Vendéens et #Chouans contre la Révolution
    Repères chronologiques

  • Il y a 180 ans — 1843-1844, adhésion de Marx au communisme

    Avec les #Jeunes-Hégéliens, il avait cru que l’Allemagne pourrait connaître une révolution semblable à ce qu’avait été la #Révolution_française de #1789. A Paris, il voit les choses autrement, en constatant que la haute #bourgeoisie au pouvoir sous #Louis-Philippe n’a plus rien de révolutionnaire, et que l’impulsion libératrice vient désormais d’une nouvelle classe, celle des travailleurs salariés que les socialistes et les communistes appellent le #prolétariat.

    Au cours de l’année 1844, l’#Allemagne est ébranlée ou, pour le moins, secouée par le soulèvement des tisserands silésiens qui, en proie au chômage et menacés de famine, organisent de grandes grèves et s’en prennent aux patrons, à leurs biens et à leurs livres de comptes jusqu’à ce que les troupes prussiennes viennent les écraser. #Heine écrit alors son #Chant_des_tisserands à l’inspiration duquel son ami Marx a peut-être eu une part.

    Dans le Vorwärts (En avant), revue d’émigrés allemands de Paris, Marx déclare : « Qu’on se rappelle d’abord le Chant des tisserands, cet audacieux mot d’ordre de combat où de prime abord le prolétariat crie d’une manière saisissante, brutale, violente, son opposition à la société fondée sur la #propriété_privée. La révolte silésienne commence précisément au point où s’achèvent les mouvements ouvriers français et anglais, c’est-à-dire la prise de #conscience_de_classe du prolétariat. D’où le caractère supérieur de l’action menée par ces #tisserands. Non seulement, ils détruisent les machines, ces rivales des ouvriers, mais aussi les #livres_des_comptes, ces titres de propriété, et tandis que tous les autres mouvements se dirigeaient tout d’abord et exclusivement contre l’#industriel, l’ennemi visible, ce mouvement s’est dirigé en même temps contre le #banquier, l’ennemi invisible. Enfin, aucune révolte ouvrière anglaise n’avait été menée avec un tel courage, une telle maturité d’esprit et une telle persévérance. »

    Ainsi, #Marx dépasse son ancienne position de démocrate radical pour adhérer à la cause du communisme. Ce dépassement s’effectue à partir de l’idée que la bourgeoisie a cessé d’être une force révolutionnaire et qu’elle est désormais incapable d’accomplir en Allemagne les tâches démocratiques qu’elle a autrefois remplies en Angleterre et, encore plus, en France. La nouvelle force révolutionnaire, capable de libérer la société des différentes formes de l’oppression, réside maintenant dans le prolétariat, à condition que celui-ci prenne conscience de ses #intérêts_de_classe et agisse de façon organisée, comme l’ont montré les tisserands silésiens.

    Il reste que Marx n’est pas satisfait par les doctrines socialistes des #saint-simoniens et des #fouriéristes qui sont plutôt des rêves d’organisation sociale que des instruments théoriques au service du prolétariat dans sa lutte contre la bourgeoisie. Il porte un jugement plus favorable à l’égard des partisans du communisme, comme le Français Cabet et l’Allemand Weitling, mais il leur reproche de réduire le #communisme à un idéal d’égalité et de #justice_sociale et de ne pas l’intégrer au devenir historique des sociétés.

    Dans ses #Manuscrits_économico-philosophiques de #1844 auxquels Marx n’a pas donné une forme achevée et qui ne devaient être publiés qu’en 1932, on peut lire une définition du communisme, « en tant que dépassement positif de la propriété privée, donc de l’auto-aliénation humaine »...

    « Ce communisme est un #naturalisme achevé, et comme tel un humanisme ; en tant qu’#humanisme achevé il est un naturalisme ; il est la vraie solution du conflit de l’homme avec la nature, de l’homme avec l’homme, la vraie solution de la lutte entre l’existence et l’essence, entre l’objectivation et l’affirmation de soi, entre la liberté et la nécessité, entre l’individu et l’espèce. »

    L’adhésion de Marx au communisme est ici exprimée en termes philosophiques. Mais, à travers leur lyrisme, il est à la recherche d’une connaissance objective qui permettrait au #socialisme et au communisme de passer de leur stade utopique au stade scientifique.

    [source : Marx, de Pierre Fougeyrollas, épuisé et non-réédité]

    #karl_marx #révolution_sociale #révolution_prolétarienne

    • À ce moment-là (1842-1843), le prolétariat anglais s’organise dans un puissant mouvement syndical et politique que l’on nomme le #chartisme, en raison de sa charte qui revendique simultanément la journée de travail de dix heures et le suffrage universel.

      #Engels rapporte de son séjour britannique son premier livre, La situation des classes laborieuses en Angleterre, dans lequel il écrit : « Seule est vraiment respectable cette partie de la nation anglaise inconnue du continent, les ouvriers, les parias de l’Angleterre, les - pauvres, malgré toute leur grossièreté et leur absence de morale. C’est d’eux quil faut attendre le salut de l’Angleterre. »

      Ainsi la connaissance des révolutions politiques de la France et celle de la révolution industrielle de l’Angleterre ont respectivement conduit Marx et Engels à des conclusions convergentes relativement au rôle historique révolutionnaire que le prolétariat commençait alors à assumer. C’est ce qui leur est sûrement apparu durant leurs entretiens parisiens de 1844.

      [source : idem]

  • Vingt ans après, retour sur 2 projets en Bretagne | Philippe Madec
    https://topophile.net/rendez-vous/vingt-ans-apres-retour-sur-2-projets-en-bretagne-philippe-madec

    RÉUNION TERRITOIRES FRUGAUX #17 – JEUDI 23 FEVRIER 2023 – 18h, en visioVingt ans après : retour sur 2 projets en Bretagne, à Pacé (près de Rennes) et Dinanpar Philippe Madec, architecte urbaniste – depuis 1998, en cours, Pacé (35) extension urbaine pour un pôle d’appui de développement de la métropole rennaise : les quartiers Mondonin,... Voir l’article

  • #Mémorial de #Souvorov

    Le mémorial de Souvorov (appelé en allemand #Suworow-Denkmal, également #Russen-Denkmal), est un monument situé dans les #gorges_des_Schöllenen, près du #pont_du_diable, sur le territoire de la commune uranaise d’#Andermatt, en #Suisse.

    Le monument a été dressé en mémoire des #soldats_russes morts au combat lors de leur traversée des Alpes en septembre #1799 sous le commandement du général #Alexandre_Souvorov. Il rappelle en particulier les combats qui se sont déroulés dans la région le 25 septembre 1799 entre les troupes russes et celles commandées par le général napoléonien #Lecourbe.

    Le monument a été érigé en 1895-1898 selon des plans d’A. Werschinsky, avec l’approbation de la Suisse. Le terrain sur lequel il se dresse est la propriété de l’État russe ; cependant, contrairement à une légende urbaine, la parcelle n’est ni une zone extraterritoriale, ni une enclave russe en Suisse.

    Lors de sa visite d’État en Suisse, le président russe Dmitri Medvedev a visité le monument le 22 septembre 2009 en compagnie du président suisse Hans-Rudolf Merz.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9morial_de_Souvorov
    #monument #Suisse #Russie

    –-> on en parle dans cette série historique sur le canton Tessin :
    https://seenthis.net/messages/978229

  • #173 - Manger seul.e : La solitudîner
    https://art19.com/shows/bouffons/episodes/d15d17a4-7d28-44ad-ba31-4608cdba0392

    Que vous inspire l’idée d’entrer dans un restaurant pour vous attabler et manger seul.e ? Un malaise face à l’inconfort d’exposer votre solitude aux yeux d’une salle bondée de gens venus casser la croûte accompagnés ? Ou au contraire, une joie, devant le plaisir de savourer chaque condiment d’un plat sans devoir faire la conversation à quelqu’un ?

    Contraint ou voulu, le manger solitaire semble relever du tabou culturel, dans une société qui porte aux nues la notion de convivialité et fait du repas le décor officiel de celle-ci. Pourtant, l’ingestion d’aliments reste une action biologique tout à fait individuelle. Alors pourquoi la solitude devant l’assiette intrigue-t-elle ? Existe-t-il différentes façons d’être des mangeurs et mangeuses solitaires ? En quoi manger seul au resto le midi paraît-il plus simple que le soir ?

    Dans cet épisode, Émilie Laystary discute avec Nathalie Peyrebonne, chercheuse spécialisée en sociabilité alimentaire. Au micro de Bouffons, l’universitaire explique ce qui se joue dans l’acte de manger comme rappel de notre humanité.

    #Repas #Alimentation #Podcast #Société

  • Le 17 octobre 1961, la police française placée sous l’autorité du tristement célèbre préfet Maurice Papon commettait le pire massacre de civils depuis la seconde guerre mondiale.
    Aujourd’hui, la loi du silence pèse toujours sur cet tragédie comme une chape de plomb.
    #17octobre1961
    https://twitter.com/realmarcel1/status/1449491641308430337

    2 morts officiellement, des centaines en réalité, sur une période de 2 mois de déchaînement de violence
    Il a fallu attendre les années 70 pour que les langues se délient et les années 80 pour que les historiens s’en emparent
    En ce qui concerne les politiques, on attend toujours

    Ce n’était pas une somme de dérapages isolés, c’était un système.
    Papon a donné un blanc-seing à la police pour tirer, de fausses informations ont été diffusées sur la radio, on a flatté le sentiment raciste d’une police qui n’avait pas été réformée depuis Vichy.

    On n’attendait pas grand chose de Macron qui flatte une police à la dérive pour qu’elle continue à couvrir ses turpitudes, dans un contexte où le ministre de l’Intérieur porte plainte contre ceux qui constatent une évidence : la police tue.

    Il a fait pire, il n’a pas eu un mot.
    Et pour cause, jamais la police française n’a été aussi violente ni aussi impunie depuis cette période brune de l’Histoire.
    Le racisme est toujours là, la violence aussi, mais c’est le déni qui fait le plus de mal, parce que c’est un système.

    Ce n’est pas un problème franco-algérien, c’est un problème français, et le déni qui perdure est un symbole d’un pays qui refuse le nécessaire devoir de mémoire qui lui permettrait enfin de se regarder dans une glace.

    Si ce déni continue encore aujourd’hui, c’est parce qu’il a une fonction : maintenir sous contrôle une institution qui n’a que très peu changé parce qu’on n’a jamais voulu qu’elle change, parce qu’au fond, le pouvoir a besoin d’une police raciste et violente

    Ce que raconte l’Histoire, ce n’est pas juste une histoire, c’est notre société.
    Ce que raconte cette histoire, c’est un tout petit pays qui se replie sur lui même parce qu’il n’accepte pas de perdre sa puissance, et c’est une élite qui se replie sur la violence pour se protéger.

    Plus que jamais, le fascisme frappe à nos portes avec ses grosses bottes qui font du bruit.
    Son ferment, c’est le mensonge.
    Pour le combattre, il faut dire la vérité.
    Si on a besoin de réparer les blessures du passé c’est pour avancer.
    Alors avançons ✊
    #LaPoliceTue

  • 17 octobre 1961 – 17 octobre 2021 60e anniversaire – Vérité et Justice

    Le 17 octobre 1961, des dizaines de milliers d’Algériens manifestaient pacifiquement à Paris contre le couvre-feu discriminatoire qui leur avait été imposé par le gouvernement de l’époque dont le Premier ministre, Michel Debré, était hostile à l’indépendance de l’Algérie, et le Préfet de Police Maurice Papon sous ses ordres. Ils défendaient leur droit à l’égalité, leur droit à l’indépendance et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Ce jour-là, et les jours qui suivirent, des milliers de ces manifestants furent arrêtés, emprisonnés, torturés – notamment par la « force de police auxiliaire » – ou, pour nombre d’entre eux, refoulés en Algérie. Des centaines perdirent la vie, victimes d’une violence et d’une brutalité extrêmes des forces de police parisiennes. 60 ans après, la Vérité est partiellement en marche. Cependant, la France n’a toujours pas reconnu sa responsabilité dans les guerres coloniales qu’elle a menées – en particulier la Guerre d’Algérie – non plus que dans le cortège de drames et d’horreurs qu’elles ont entraînés, comme ce crime d’État que constitue le 17 octobre 1961. Le 17 octobre 2012, le Président de la République (François Hollande) avait certes fait un premier pas important, en déclarant : « Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance ont été tués lors d’une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes. » Mais le terme de crime n’est pas repris, et la responsabilité, sous entendue, n’est pas clairement définie. Nous demandons une parole claire aux autorités de la République, au moment où certains osent encore aujourd’hui continuer à parler des « bienfaits de la colonisation », à célébrer le putsch des généraux à Alger contre la République, à « honorer » les criminels de l’OAS.
    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/10/03/17-octobre-1961-17-octobre-2021-60e-anniversaire-verite

    #histoire colonisation #17octobre

  • Postface inédite de Gilles Manceron « De nouvelles révélations » à la réédition du texte de Marcel et Paulette Péju, « Le 17 octobre des Algériens »

    Dans l’édition en 2011 du livre de Marcel et Paulette Péju qu’on vient de lire, le texte qui l’accompagne pointe les mécanismes de la « triple occultation » de ce massacre : le silence des autorités françaises, la concurrence des mémoires internes à la gauche française et la volonté du pouvoir algérien d’écarter de l’histoire officielle les luttes de l’émigration en France. Mais cette réédition en collection de poche est l’occasion de faire le point sur les avancées opérées depuis dix ans dans la connaissance de cet événement.

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/10/02/postface-inedite-de-gilles-manceron-de-nouvelles-revela

    #histoire #colonisation #17octobre

  • Cartes et documents sur la Révolution française, 1789-1799
    https://visionscarto.net/revolution-francaise-cartes

    Sélection de cartes et figures sur la Révolution française

    extraites de l’ouvrage Chronique de la Révolution française, 1789-1799, publié en 1989 par les éditions Larousse Jacques Legrand. _________________________________________ Titre : Versailles, l’entrée du château et le chemin de la procession, 1789 Mots-clés : #archives #histoire #révolution_française #1789 #1988 Contexte : Cartes et graphiques publiés dans Chronique de la Révolution française, 1789-1799, Larousse et éditions Jacques (...) #Musée_et_archives

  • #L'espace_d'un_instant #17 : De Chiraz en Iran à Okanda au Sri Lanka

    http://liminaire.fr/entre-les-lignes/article/l-espace-d-un-instant-17

    « La grande révélation n’était jamais arrivée. En fait, la grande révélation n’arrivait peut-être jamais. C’était plutôt de petits miracles quotidiens, des illuminations, allumettes craquées à l’improviste dans le noir ; en voici une. » Vers le phare, Virginia Woolf (...) #Entre_les_lignes / #Écriture, #Poésie, #Récit, #Voix, #Sons, L’espace d’un instant, Fenêtre, #Quotidien, #Dérive, #Regard, #Sensation, (...)

    #Voyage

  • #17Avril2021 Vingt-cinq ans de luttes paysannes pour faire de la souveraineté alimentaire une réalité

    Harare, le 23 mars 2021) Lors du Sommet mondial de l’alimentation de 1996, La Via Campesina a mis des mots sur sa vision pour s’opposer au modèle industriel capitaliste à l’origine de la faim, des inégalités et de la crise climatique en définissant la « souveraineté alimentaire ». La souveraineté alimentaire est le droit des personnes à produire de manière autonome des aliments sains, nutritifs, adaptés au climat et à la culture, en utilisant les ressources locales et des pratiques agroécologiques, afin de répondre en priorité aux besoins alimentaires locaux de leurs communautés. La souveraineté alimentaire est nécessaire notamment pour garantir la sécurité alimentaire.

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/04/10/17avril2021-vingt-cinq-ans-de-luttes-paysannes-pour-fai

    #international #souverainetéalimentaire

  • En Grèce, le sort d’un prisonnier en grève de la faim suscite l’inquiétude

    Face au traitement réservé à Dimitris Koufodinas, ex-tête pensante d’une organisation terroriste d’extrême gauche, de nombreux Grecs s’interrogent sur le respect de l’Etat de droit. Le prisonnier, qui a cessé de s’alimenter depuis cinquante et un jours, risque de mourir dans les prochaines heures.

    #Grèce #grève_de_la_faim #Koufodinas #17N #Bobby_Sands #17Novembre #Mitsotakis #CIA

    https://www.liberation.fr/international/europe/en-grece-le-sort-dun-prisonnier-en-greve-de-la-faim-suscite-linquietude-2

    • Dimitris Koufodinas’ life in danger, after 50 days of hunger strike in Greek jail
      The danger to see the first victim of hunger strike in Europe on 21th century is ante portas.

      Dimitris Koufodinas is serving 11 times life sentence plus 25 years after he was convicted as a member of the Revolutionary Organization November 17th (17N). The 17N was active in Greece since 1975 and until 2002, when it has been dismantled by the Greek authorities in collaboration with US and British officers. It has been the one between others organisations that have been born during the Greek dictatorship and after its collapse. The dictatorship has been supported by the USA in all possible ways.

      The first appearance of 17N was in 1975, in this context, with the shooting of the CIA chief for Southeast Europe. Since then, breaking up the 17N has been a fundamental US demand, with great pressure on all Greek governments. In 1989, a Greek politician and journalist, Pavlos Bakogiannis, fell victim of the organization. He was brother-in-law of the current Prime Minister, husband of his sister, Dora Bakogianni ex Ministry of foreign Affairs, and father of the present-day Mayor of Athens.

      Dimitris Koufodinas surrendered in 2002, during the 17N dismantle researches. He declared that he was a member of the organization and he assumed political responsibility for its actions. He did not defend himself nor did he testify against any of his co-defendants. But during the Court audiences he referred to the moving causes of the 17N actions and because of this, he has been convicted for the most of them. This stance of him was appreciated by a notable part of people in the Greek society, even being very hostile to the lethal activity of the organisation.

    • UN GRÉVISTE DE LA FAIM EN BUTTE AU RETOUR DU REFOULÉ FASCISTE
      Des centaines d’actions de soutien à Dimitris Koufontinas ébranlent la Grèce

      par Christina Alexopoulos, historienne et psychologue clinicienne, Christiane Vollaire, philosophe, Philippe Bazin, photographe - paru dans lundimatin#277, 1er mars 2021

      Le fantôme de Margaret #Thatcher ayant laissé mourir de faim le gréviste de la faim irlandais Bobby Sands, le 5 mai 1981 à la prison de Maze en Irlande du Nord n’est pas loin. L’Etat grec serait alors responsable de la mort de cet homme tout autant que de la violation préalable de ses droits fondamentaux et de la #répression violente des mouvements anarchistes, communistes, trotskistes et plus globalement de tout ce qui s’oppose à un ordre néolibéral. Il renouerait avec toutes les pratiques héritières de l’esprit de la guerre civile et des différentes dictatures qu’a connues le pays.

      https://lundi.am/Grece-Un-greviste-de-la-faim-en-butte-au-retour-du-refoule-fasciste

  • Concert de la "Chorale du #170_Galerie_de_l'Arlequin

    #Concert de la « Chorale du 170 Galerie de l’Arlequin ». Traduction des concerts donnés tous les jours du premier confinement à 18 heures au pied de l’immeuble... Une réponse Chorale à la violence du #confinement.

    https://youtu.be/EfzPTcDeSHY


    #Villeneuve #Grenoble #musique
    #vidéo

    La suite des #chants_aux_fenêtres pendant le premier confinement :
    https://www.youtube.com/watch?v=ySCYLq31c0w&t=185s


    et aussi : https://seenthis.net/messages/834436
    #concert_au_balcon

  • Entretien avec #Mathieu_Rigouste : une #généalogie coloniale de la police française
    (2017 —> pour archivage)

    L’entretien qui suit est la transcription d’une conversation ayant eu lieu le 23 septembre 2016 afin de figurer dans le 8ème numéro de The Funambulist (disponible en ligne et dans certaines librairies) dedié a une critique de la police dans differents contextes politiques et géographiques (États-Unis, Palestine, Égypte, Allemagne, Brésil, France). https://thefunambulist.net/magazine/police

    LÉOPOLD LAMBERT : Mathieu, ton travail consiste à beaucoup d’égards de mettre à jour la #généalogie_coloniale déterminante de la #police_française. J’aimerais donc commencer cette conversation avec le #massacre du #17_octobre_1961 qui a vu la police parisienne tuer entre 40 et 100 algérien-ne-s lors de manifestations ayant rassemblé environ 30 000 personnes en solidarité avec le #FLN. Lorsque nous évoquons la répression sanglante de l’état français au moment de la révolution algérienne, nous pensons souvent aux #violences commises en Algérie mais pas nécessairement en « métropole » ; c’est pourtant là que ce se détermine la police française d’aujourd’hui en relation à la partie de la population provenant d’anciennes colonies de « l’Empire » (nous en parlerons plus tard). Peux-tu nous décrire cette relation, ainsi que de la figure déterminante de #Maurice_Papon, préfet pour le régime Vichiste, puis à #Constantine en Algérie et enfin à l’œuvre à Paris donnant l’ordre d’un tel massacre ?

    MATHIEU RIGOUSTE : Il y a plusieurs racines de l’#ordre_sécuritaire. L’axe de mes recherches, c’est la #restructuration_sécuritaire qui accompagne la restructuration néolibérale du #capitalisme à l’époque contemporaine. Dans tous mes travaux je retombe sur ce mécanisme dans lequel on voit la société impérialiste française importer dans son système de #contrôle, de #surveillance, de #répression des dispositifs qui viennent des répertoires coloniaux et militaires. Au sein de l’Algérie qui est la colonie de peuplement et d’expérimentations d’une gestion militaire de la population colonisée la plus poussée, sont développés des répertoires d’#encadrement qui vont influencer en permanence, depuis 1830, la restructuration du contrôle de la population « en métropole ». Notamment par l’application de ces dispositifs sur les populations directement désignées comme étant la continuité des indigènes en Algérie, c’est-à-dire principalement les #arabes à #Paris. On a donc des répertoires particuliers, des #régimes_policiers de #violences appliqués aux colonisés « en #métropole » qui font un usage régulier de pratiques de #coercition, d’#humiliation, de #rafles, d’#assassinats, de #tortures longtemps avant la #guerre_d’Algérie et de manière continue. On a déjà une police dans les années 30 qui s’appelle #Brigade_de_surveillance_des_Nord-Africains (#BNA) qui est donc une police opérant sous critères racistes, chargée par l’utilisation de la coercition d’encadrer les français de souche nord-africaine. Ces répertoires vont se transmettre. La continuité de l’état, ça veut dire la continuité des personnels, des administrations, des bureaucraties. Et à travers la restructuration des unités de police, se transmettent des systèmes de #discours, d’#imaginaires, d’#idéologies, et de #pratiques.

    Donc au moment du 17 octobre 1961, il y a déjà tous ces répertoires qui appartiennent à l’arsenal de l’encadrement normal et quotidien des arabes à Paris. J’essaye d’alimenter une piste un peu nouvelle qui apporte un regard supplémentaire aux travaux critiques qui avaient été faits sur la question et qui essaye de montrer comment les doctrines de #contre-insurrection dominaient la pensée militaire de l’époque et comment elles ont été importées et réagencées après leur application industrielle pendant la guerre d’Algérie, notamment à partir de 1956, pour passer du répertoire militaire et colonial dans le répertoire policier de l’écrasement des arabes à Paris. Tu l’as dit, ça passe par des personnels ; on pense à la figure de Maurice Papon en effet, mais aussi à des « étages » moyens et inférieurs de la police, les #CRS, les #gendarmes_mobiles… tout le monde fait son séjour en Algérie pendant la guerre en tant que policier en formation ou pour servir puisqu’on avait utilisé la plupart des effectifs militaires et policiers disponibles à l’époque. Il y a donc déjà une masse de policiers et de gendarmes qui ont été faire la guerre aux colonisés et ils se sont appropriés le modèle de contre-insurrection, le modèle de #terreur_d’Etat. Et puis, il y a aussi tout le contingent, les « #appelés », toute une génération de jeunes mâles qui vont se construire – certains, en opposition, mais une minorité – dans cette guerre d’Algérie, et à travers toute l’économie psychique que ça suppose, les #peurs et la #férocité que ça va engendrer dans toute une génération qui prendra ensuite les manettes de la #Cinquième_République.

    Ce que j’essaye de montrer donc, et que l’on voit bien dans le discours de Maurice Papon à l’Institut des Hautes Études de Défense Nationale (IHEDN) en 1960, c’est que lui en tant que #IGAME, c’est-à-dire super préfet itinérant en Algérie, se forme à la contre-insurrection – c’était déjà un spécialiste des mécanismes de #purges, il s’était illustré par la #déportation des juifs de Bordeaux pendant l’occupation – et donc, assez logiquement, est nommé super préfet en Algérie pour organiser l’écrasement de la #révolution_algérienne. Il se forme ainsi à la contre-insurrection et expériment une forme de remodelage d’une contre-insurrection militaire et coloniale en contre-insurrection militaro-policière et administrative. Il se fascine completement pour cette doctrine qui exhorte à se saisir de l’ennemi intérieur pour pacifier la population, qui dit que le guérillero, le partisan, est comme un poisson dans l’eau, l’eau étant la population, et donc qu’il faut se saisir de la population. Ce système idéologique et technique va être élevé au rang de doctrine d’état et devenir hégémonique dans la pensée militaire francaise à partir de 1956. Dès lors, la doctrine « de la guerre (contre) révolutionnaire » alimente la restructuration des appareils de défense intérieure, « la #défense_intérieure_du_territoire » à l’époque, c’est-à-dire les grands plans de #militarisation_du_territoire en cas d’invasion soviétique. #Papon fait partie de la plateforme de propulsion d’une analyse qui dit que probablement une invasion soviétique – c’est la grille de lecture générale de toute la pensée militaire de l’époque – serait certainement précédée de manifestations géantes communistes et nord-africaines. Papon a en quelque sorte ouvert les plans de défense intérieure du territoire le 17 octobre. Il n’y avait eu que très peu de renseignements du côté de la Préfecture et ils ont été pris au dépourvu ; lorsqu’ils se sont rendus compte le 16 au soir, ou le 17 au matin qu’il y allait il y avoir des manifestations, ils sont allés chercher dans les répertoires disponibles, en l’occurrence la défense intérieure du territoire qui sont donc des plans de gestion militaire de la métropole en cas d’invasion soviétique. Ca explique pas mal de choses sur la puissance du dispositif mis en œuvre. Sur la radio de la police, on diffusait des messages d’#action_psychologique, on disait que les arabes avaient tué dix policiers à tel endroit, etc. pour exciter la #férocité des policiers. Il y a encore un autre aspect qu’il faut prendre en compte – j’y travaille en ce moment – c’est le soulèvement des masses urbaines de décembre 1960 en Algérie. C’est un peu la réponse à la #bataille_d’Alger, c’est-à-dire la réponse du peuple colonisé à la contre-insurrection. C’est un déferlement des masses (avec des enfants, des vieux, des femmes, etc.) dans les rues des grandes villes algériennes qui déborde la militarisation, déborde la contre-insurrection militaire et policière et emporte le versant politique de la guerre d’Algérie alors que le versant militaire était quasiment perdu. Le FLN et l’#Armée_de_Libération_Nationale étaient quasiment K.O. technique, militairement parlant et c’est donc le plus petit peuple qui remporte l’aspect politique de la guerre d’Algérie. Ça va marquer très très fort les administrations, les états-majors politiques, militaires et policiers et quand Papon se fait « ramener » à Paris c’est parce qu’il est reconnu comme un spécialiste de la gestion des arabes aux colonies et qu’on lui demande de faire la même chose à Paris. Il emporte donc cette mémoire avec lui et au moment où son état-major obtient l’information qu’il va il y avoir des manifestations organisées par le FLN et que des algériens vont marcher, depuis les périphéries vers le centre-ville – c’est-à-dire le même mouvement qu’en décembre 1960 en Algérie – il va utiliser l’arsenal d’écrasement qui est à sa disposition.

    Bien entendu, tout cela va semer des graines dans toute la Cinquième République qui est fondée autour du coup d’état militaire qui porte De Gaulle au pouvoir en 1958 et à travers toute cette grammaire idéologique qui considère les arabes et les communistes comme un #ennemi_intérieur dont il faudrait se saisir pour protéger la France et « le monde libre ». Voilà pour le contexte idéologique.

    LÉOPOLD LAMBERT : Dans le livre qu’est devenu ta thèse, L’ennemi intérieur (La Découverte, 2009), tu décris cette généalogie dans de grands détails. Peux-tu nous parler en particulier de la manière dont la doctrine de contre-insurrection coloniale française, élaborée d’abord par des militaires comme le Maréchal #Bugeaud au moment de la colonisation de l’Algérie, puis par d’autres comme #Roger_Trinquier, ou #Jacques_Massu au moment de la guerre de son indépendance a par la suite influencé d’autres polices et armées à l’échelle internationale – on pense notamment à Ariel Sharon ou David Petraeus ?

    MATHIEU RIGOUSTE : On peut dire que c’est à l’origine même de la construction de l’Etat. L’Etat se forge comme #contre-révolution. C’est un appareil qui permet aux classes dominantes de refermer soit le mouvement révolutionnaire soit le temps et l’espace de la guerre pour asseoir leur domination. Tout état se forme donc sur des appareils de contre-insurrection. Du coup, on trouve une pensée contre-insurrectionnelle chez #Sun_Tzu ou dans toute autre philosophie politique. Mais effectivement avec l’avènement de l’état nation moderne, du capitalisme et de sa version impérialiste, la contre-insurrection va elle-même prendre des formes modernes, industrielles, va se mondialiser, va se techniciser, va se rationaliser, et va évoluer en même temps que les systèmes technologiques. Du coup on a des formes modernes de doctrines de contre-insurrection chez le Maréchal Bugeaud en effet. Lui-même, son parcours et sa pensée reproduisent le mécanisme de restructuration impériale, c’est-à-dire l’importation de dispositifs issus de l’expérimentation coloniale et militaire vers le domaine du contrôle. Il va ainsi pouvoir expérimenter des pratiques contre-insurrectionelles à travers la conquête de l’Algérie avec toute sortes de dispositifs qui vont perdurer, comme les rafles, les déplacements de population, etc. et d’autres qui vont être mis de côté comme les enfumades, mais il y reste bien une logique d’extermination durant toute la conquête de l’Algérie.

    Pendant les dernières décennies de sa vie, Bugeaud ne cesse d’insister sur le fait qu’il a constitué une doctrine de contre-insurrection applicable au mouvement ouvrier en métropole. Il passe également beaucoup de temps à démontrer les similarités qu’il y aurait entre le processus révolutionnaire – ce que lui appelle « les insurrections » – au XIXe siècle en métropole et les révoltes aux colonies. À la fin de sa vie, il écrit même un livre (qui ne sera pas distribué) qui s’appelle La guerre des rues et des maisons dans lequel il propose de transférer son répertoire de contre-insurrection à la guerre en ville en métropole contre le peuple et dans lequel il développe une théorie d’architecture qui va se croiser avec toute l’hausmannisation et qui correspond à l’application de la révolution industrielle à la ville capitaliste. On va donc voir des doctrines militaires et coloniales passer dans le domaine policier en même temps que Hausmann « perce la citrouille » comme il dit ; c’est-à-dire en même temps qu’il trace les grandes avenues qui permettent à la police ou l’armée de charger les mouvements ouvriers. On introduit également tout cet imaginaire de la tuberculose, des miasmes, etc. On assimile les misérables à une maladie se répandant dans Paris et il faudrait donc faire circuler l’air. C’est comme aujourd’hui dans la rénovation urbaine, on ouvre des grands axes pour que la police puisse entrer dans les quartiers populaires le plus facilement possible et aussi pour les enfermer. Et on invoque la circulation de l’air. On a donc ces logiques avec tout un imaginaire prophylactique, hygiéniste, qui se met en place en même temps qu’on importe le répertoire contre-insurrectionnel dans le domaine de la police sur toute la seconde partie du XIXe siècle.

    Avec la restructuration impérialiste, les Etats-nation, les grandes puissances impérialistes du monde occidental vont s’échanger en permanence leurs retours d’expériences. On en a des traces dès 1917 après la révolution russe, où on voit donc les polices et les armées du monde occidental se faire des comptes rendus, s’échanger des synthèses d’expérience. Et c’est comme ça tout au long du XXe siècle. Tu parlais d’Ariel Sharon ; on a des traces du fait que des envoyés spéciaux de l’armée (et peut-être aussi de la police) israélienne qui ont été en contact et qui ont sans doute été également formés au Centre d’Instruction à la Pacification et à la contre-Guérilla (CIPCG) en Algérie. Les spécialistes de la contre-insurrection français et israéliens s’échangent donc, dès la guerre d’Algérie, des modèles d’écrasement de leurs ennemis intérieurs respectifs. On a donc une sorte de circulation permanente des textes révolutionnaires et contre-révolutionnaires. J’avais travaillé là-dessus pour une préface que j’ai écrite pour la réédition du Manuel du guérillero urbain ; on pense que ce manuel a beaucoup plus circulé dans les milieux contre-insurrectionnels que dans les mouvements révolutionnaires – ceux-ci disaient d’ailleurs qu’il n’avaient pas vraiment eu besoin d’un manuel de guérilla urbaine dans les années 1970. On a donc une circulation permanente et parfois paradoxale des textes révolutionnaires et contre-révolutionnaires, et des expériences.

    LÉOPOLD LAMBERT : Et des films comme La bataille d’Alger !

    MATHIEU RIGOUSTE : Exactement ; j’allais y venir. Ce film est d’abord censuré les premières années mais il va circuler en sous-main et il va être validé très rapidement par l’armée française qui dit que les choses se sont passées de manière très proche de ce qu’on voit dans le film. Celui-ci va donc à la fois permettre d’introduire la question contre-insurrectionnelle et le modèle français notamment. Bien que ça n’ait pas forcément forcé l’application exacte de ce modèle dans toutes les armées occidentales, on retrouve ce film dans beaucoup de formations militaires étrangères. On retrouve le film dans des mouvements révolutionnaires également : on sait par exemple que les zapatistes le projettent de temps en temps et s’en servent, d’autant que l’armée mexicaine est une grande collaboratrice de l’armée française. La gendarmerie mexicaine qui a tué des enseignants à Oaxaca il y a trois mois venait d’être formée par la gendarmerie française à ce modèle de gestion des foules, mais aussi au maniement des armes que la France vend avec.

    LÉOPOLD LAMBERT : Dans un autre livre, La domination policière (La Fabrique, 2012), tu dédies un chapitre entier à une branche de la police française qui est sans doute celle contribuant le plus à la continuation de la ségrégation coloniale de la société française, en particulier dans les banlieues, la Brigade AntiCriminalité (BAC). Quelqu’un comme Didier Fassin a fait une étude anthropologique très utile mais, somme toute assez académique puisque venant de l’extérieur, mais toi-même a vécu la plus grosse partie de ta vie en banlieue parisienne, à Gennevilliers et tes écrits peuvent ainsi nous donner un regard plus incarné à la violence raciste (et souvent sexiste et homophobe) qu’une telle branche de la police développe. Peux-tu brièvement nous retracer l’histoire de la BAC et nous parler de son action en banlieue ces dix dernières années (cad, depuis les révoltes de 2005) ?

    MATHIEU RIGOUSTE : Les Brigades AntiCriminalités représentent assez bien ce que j’essaye de démontrer dans mes travaux sur le capitalisme sécuritaire parce qu’elle a deux origines ; c’est la fusion des polices endo-coloniales et de la restructuration néolibérale de l’État. Ce sont des polices qui vont être formées au début des années 1970 et qui vont aller puiser dans les personnels, dans les grilles idéologiques, dans les boites à outils pratiques des polices endocoloniales. Je dis endocolonial pour parler de ces polices comme la Brigade de surveillance des Nord-Africains, et par la suite les Brigades Agression et Violence qui déploient les repertoires coloniaux sur des populations internes au pays sur des critères socio-racistes. Je parle d’endocolonialisme car ce ne sont pas les mêmes régimes de violence que ce qui est appliqué aux colonies et ce ne sont pas les mêmes régimes de violence appliqués aux classes populaires blanches – les Black Panthers ne se prenaient pas tellement la tête ; ils parlaient juste de colonies intérieures. Et parce que la société impérialiste a besoin de maintenir la surexploitation et la surdomination d’une partie des classes populaires, la partie racisée, elle a aussi besoin d’une police spécifique pour ça. C’est pour ça qu’après 1945, c’est-à-dire après le vrai-faux scandale de la collaboration de la police française à la destruction des juifs d’Europe, la bourgeoisie Gaulienne invente « la France résistante » et tente de faire croire que ce racisme a été renvoyé aux oubliettes. Mais bien-sûr on va reproduire les mêmes types de dispositifs avec souvent les mêmes personnels – on va aller rechercher les gens qui étaient dans les BNA vu qu’ils savent faire et qu’on va leur refiler le même boulot – et on va trouver une nouvelle dénomination, celle des Brigades Agression et Violence. Un appareil de gestion socio-raciste va ainsi être mystifié par cette dénomination, ce qu’on retrouve également dans la dénomination d’AntiCriminalité aujourd’hui dans cette rhétorique de la « guerre à la délinquance » qui permet de cacher les appareils de production du socio-apartheid derrière des mythes légalistes.

    On se retrouve donc avec une police qui fait à peu près la même chose, qui se rationalise, se modernise, et au tout début des années 1970, c’est-à-dire juste après 1968 – parce que dans tous ces ennemis intérieurs, il y a aussi le gauchiste, la figure qui n’avait jamais complètement disparue du révolutionnaire qu’incarnait la figure du fellagha – on considère qu’il faut des polices modernes qui vont aller dans les quartiers populaires installer la nouvelle société rationnelle, optimisée, néolibérale, etc. On va donc aller chercher dans les répertoires d’idées, de pratiques, de personnels, pour forger une nouvelle police. La première expérimentation se fait en Seine-Saint-Denis, c’est pas un hasard et en 1973, on file à un ancien des Brigades Agression et Violence la charge de policer les quartiers populaires de Seine-Saint-Denis et son unité va donc s’appeler la Brigade AntiCriminalité. Il va mettre à profit tout ce qu’on apprend à l’époque dans les grandes écoles de la nouvelle société, c’est-à-dire, ce qui s’appellera bientôt le néomanagement : l’application aux appareils d’état de la restructuration néolibérale dans les entreprises en quelques sortes. D’ailleurs, la doctrine de la guerre contre-révolutionnaire va elle-même être transposée dans les théories néolibérales et on parlera de doctrines de « guerre économique » par exemple. Il s’agit de détruire l’entreprise ennemie, en l’empoisonnant, en quadrillant son marché, en utilisant des agents de renseignement, tout ça nait au cours des années 1970. Cette première BAC va influencer la naissance d’autres unités sur le même mode dans différente villes et on va ainsi appliquer aux quartiers populaires des méthodes de gestion endocoloniales ce qui va mener aux premières grandes révoltes contre les violences policières dans les cités.

    Il apparait également une nouvelle logique comptable qu’on va appeler aujourd’hui « la politique du chiffre » qui consiste à optimiser le rendement, la productivité de la machine policière. Faire du chiffre, ça veut dire faire le plus possible de « bâtons », c’est-à-dire des « mises-à-disposition ». Ils appellent ça « faire une affaire » ; une affaire, c’est ramener quelqu’un et une histoire à traiter pour l’Officier de Police Judiciaire (OPJ) et si cette histoire est suffisamment utilisable pour en faire une affaire auprès du procureur et du coup aller jusqu’en justice et mettre cette personne en prison ou en tout cas essayer, ça fera un « bâton ». Ces bâtons gonflent une carrière et donc par exemple un commissaire qui veut « grimper », devenir préfet ou je ne sais quoi, il a tout intérêt à développer des unités de BAC dans son commissariat parce que celles-ci font beaucoup de mises-à-disposition puisqu’elles fonctionnent sur le principe du flagrant délit – les Brigades Nord-Africaines fonctionnaient déjà sur cette idée. Le principe du flagrant délit, c’est un principe de proaction. On va laisser faire l’acte illégal, on va l’encadrer, voire l’alimenter, voire même le suggérer ou le produire complétement pour pouvoir se saisir du « délinquant » au moment où il passe à l’action. La BAC est donc un appareil qui tourne beaucoup autour de la production de ses propres conditions d’extension. Cette logique de fond, c’est notamment ça qui va faire que les BAC vont se développer dans l’ère sécuritaire, c’est parce qu’elles font beaucoup de chiffre et qu’elles produisent également beaucoup de domination socioraciste, dont l’Etat a besoin pour contenir le socio-apartheid. Ceci se trouve dans le fait que le plus facile pour faire des mises-à-disposition et remplir ainsi cette mission néolibérale consiste à « faire » des ILS et des ILE : des Infractions à la Législation sur les Stupéfiants – des mecs qui fument des joints – et des Infractions à la Législation sur les Étrangers – des sans-papiers. Comment on trouve du shit et des gens qui n’ont pas de papiers ? Eh bien on arrête les noirs et les arabes. On traine donc autour des quartiers populaires pour faire des arrestations au faciès sur les classes populaires de couleur.

    Voilà comment nait en gros la BAC dans les années 1970 ; elle s’est ensuite développée tout au long des années 1980, d’abord par l’intermédiaire des BAC de Surveillance de Nuit (BSN) et au début des années 1990 et l’avènement de Charles Pasqua – le symbole le plus caricaturale des logiques politiques, policières et militaires de la guerre d’Algérie et dont la carrière politique est structurée autour de la chasse à l’ennemi intérieur – au Ministère de l’Intérieur, il va intensifier cette utilisation des répertoires de contre-insurrection et va être à la pointe de la genèse du système sécuritaire français. C’est lui notamment qui va rendre possible que toutes les villes de France puisse développer des BAC. Ce qui est à nouveau très intéressant du point de vue du capitalisme sécuritaire c’est que les BAC sont des unités qui utilisent beaucoup de matériel, et qui en revendiquent beaucoup, qui « gueulent » pour être de plus en plus armées. Ça c’est très intéressant pour les industriels de la sécurité. Pour les flashballs par exemple ; les BAC ont demandé à en être armées très vite, elles veulent les nouveaux modèles et elles participent avec les industriels à créer les nouveaux modèles et, bien-sûr, c’est elles qui utilisent le plus de munitions : le flashball est utilisé tous les soirs pour tirer dans les quartiers populaires de France. C’est la même chose pour les grenades lacrymogènes ; on en voit beaucoup dans le maintien de l’ordre des manifestations de mouvements sociaux dans les centre-villes mais les gaz sont utilisés quotidiennement dans les quartiers populaires.

    Le phénomène continue de se développer dans les dix dernières années. La BAC semble vraiment caractéristique de ce capitalisme sécuritaire, notamment par sa férocité mais aussi par son aspect ultralibéral, ultraproductif, ultraoptimisé, ultraviril, ultramédiatique : la BAC se met en scène, les agents s’inspirent énormément de ce qu’ils voient à la télévision… On a même une extension de ce qu’elle a inventé comme système de domination et d’écrasement des quartiers populaires vers la gestion des autres mouvements sociaux, comme récemment des luttes contre la loi travail. Généralement, la BAC est utilisée comme dispositif de pénétration, de saisie, de capture et elle est de plus en plus combinée à des dispositifs d’encerclement, d’enfermement, d’étranglement dans lesquels on utilise plutôt les CRS, les gardes mobiles. On a vu pendant le mouvement contre la loi travail, les BAC qui étaient employées à faire « du maintien de l’ordre ». À Toulouse, on a vu les effectifs des BAC sont utilisés dans l’expérimentation de nouveaux dispositifs hybrides : capable de faire et du maintien de l’ordre et de la capture, de l’intervention, de passer de l’un à l’autre en permanence, et de passer à des niveaux d’intensité très hauts très rapidement. La BAC rejoint ainsi la logique de restructuration de tous les appareils en ce moment qui consiste à devenir rhéostatique : être capable de s’adapter comme le mode de production toyotiste, c’est-à-dire s’adapter le plus instantanément à la demande, avec le moins de stock et de dépenses possibles et de la manière la plus rationalisée qui soit.

    LÉOPOLD LAMBERT : Tout comme Hacène Belmessous dans le deuxième numéro de The Funambulist, tu décris la manière dont « la rénovation urbaine » enclenchée en 2003 constitue à beaucoup d’égards une manière pour la police de s’approprier l’espace urbain des banlieues. Peux-tu nous en dire plus ? Cela intéressera sans doute beaucoup la moitié (ou le tiers) des lecteurs/-trices de The Funambulist qui sont architectes ou urbanistes !

    MATHIEU RIGOUSTE : Il y a effectivement un sursaut en 2003, mais ça avait commencé bien avant. Un des premiers grands quartiers qui est soumis à une politique de ce qu’ils appellent « la rénovation urbaine », mais ce qui est en fait de la destruction et du réaménagement, c’est le quartier où je suis né ; le Luth à Gennevilliers. Il s’agissait d’une coopération du Plan Pasqua et du Parti Communiste Français (PCF) qui gère la ville depuis les années 1930, tous deux ravis de se débarrasser des familles les plus pauvres et d’essayer une nouvelle forme de gestion des quartiers populaires. C’est un processus constant : la ville capitaliste au gré des crises de suraccumulation du capital, se restructure pour continuer à concentrer des masses de travailleurs pauvres autour de ses centres d’accumulation du capital. Et dans ces quartiers populaires, ces campements, ces bidonvilles, ces territoires misérables, les dominé-e-s, les exploité-e-s, les opprimé-e-s, les damné-e-s, inventent en permanence des formes d’auto-organisation, d’autonomisation, de fuites et de contre-attaques, des cultures d’insoumission et des manières de se rendre ingouvernables. Il faut donc en permanence, pour le pouvoir, à la fois une police qui permette de détruire cette dynamique d’autonomisation récurrente et de survie – parce qu’en fait les gens n’ont pas le choix – et un réaménagement des territoires : il faut à la fois ségréguer et pénétrer ces territoires pour aller y détruire tout ce qui peut émerger de subversif. Et l’urbanisme tient un rôle fondamental dans la restructuration sécuritaire de la ville capitaliste. Cette logique est déjà à l’œuvre dans les bidonvilles durant la guerre d’Algérie ; on a des polices spécialisées à la gestion des bidonvilles, c’est-à-dire au harcèlement, à la brutalisation, à la surveillance, au fichage, parfois à la torture, parfois même aux assassinats et aux disparitions d’habitants du bidonville et qui détruisent les cabanes des habitant.e.s parce que même dans le bidonville, on voit ré-émerger des formes de mises-en-commun, d’auto-organisation, de politisation révolutionnaire, de colère, d’entraide, toute sorte de choses qui menace le pouvoir et qui nécessite donc une intervention. En plus d’intervenir avec de l’idéologie, du divertissement ou de l’aménagement, il faut intervenir avec de la coercition.

    On retrouve ce processus dans toute l’histoire de la ville capitaliste ; c’est une dialectique permanente. Sauf que ce qui nait dans les années 1970, c’est un schéma qu’on va voir apparaître ; à partir du moment où on met des polices féroces, comme la BAC, autour des quartiers populaires, celles-ci produisent de la violence policière et donc produisent de la colère. Les dominé-e-s, face à ça, vont produire des tactiques, des techniques, des stratégies, des pratiques de résistance et de contre-attaque. Ça va donner lieu à des révoltes, parfois très spontanées, parfois plus organisées : une histoire des contre-attaques face à la police nait dans les années 1970 et on se rend compte, au gré de ces révoltes et de leur répression et de leur gestion médiatique que des municipalités en collaboration avec la police et les média sont capables de désigner aux pouvoirs publics et au reste de la population en général un quartier populaire comme ingérable, infâme, irrécupérable. Ceci s’accompagne d’une logique humanitaire ; aller « sauver des gens » alors que les revendications pour des meilleures conditions de vie sont permanentes et que les habitants n’obtiennent jamais rien.

    Toute cette logique va activer au cours des années 1970 la reconnaissance par les pouvoirs publics et par le capital industriel et financier du fait que lorsqu’on est capable de désigner un quartier populaire comme infâme, on va pouvoir activer un circuit de capitaux financiers d’abord, puis industriels, liés à ce qu’on va appeler de manière publicitaire « la rénovation urbaine », c’est-à-dire un protocole de restructuration de ce quartier qui peut aller jusqu’à sa destruction complète. Il va ainsi apparaitre beaucoup de régimes de restructuration : certains consistent à éloigner les populations les plus pauvres ou les moins gouvernables, d’autres vont organiser l’évacuation totale de ces populations, d’autre encore qu’on observe beaucoup depuis le début des années 2000 à travers la mystification de la mixité sociale consistent à parler de réhabilitation mais à en fait déplacer les plus pauvres, sans détruire le quartier. On fait ça à la fois avec de la police et de la prison, mais aussi avec la hausse des loyers provoquée par l’arrivée de nœuds de transports en commun qui permet de faire venir des cadres qui ne se seraient pas déplacés jusque-là ; la petite bourgeoisie à laquelle on veut permettre de venir s’installer à la place des quartiers populaires. Bref, à travers tout ce programme publicitaire qu’est la rénovation urbaine, la transformation des quartiers populaires en quartiers petits-bourgeois va attirer des flux de capitaux gigantesques, notamment liés au fait que depuis le début des années 2000, l’État investit énormément pour appuyer les pouvoirs locaux dans leur politiques de restructurations urbaines. C’est de l’argent qui va retomber immédiatement dans les poches des industriels du bâtiment et aussi dans celles des industriels de la sécurité, encore une fois, parce qu’on voit qu’une fois que la police, les média, la prison et les autorités municipales ont réussi à « déblayer le terrain », le réaménagement des quartiers se fait en partenariat avec tous les industriels du bâtiment mais aussi des technologies de surveillance, de design – les cliques du néo-urbanisme – les publicitaires, les commerces, bref tout un système d’entreprises qui vivent autour de ça. La logique de fond est à la fois le renforcement du socio-apartheid, mais aussi une forme de colonisation interne à travers l’expansion de la ville capitaliste et l’invention de nouvelles formes d’encadrement de la vie sociale.

    LÉOPOLD LAMBERT : À l’heure où nous parlons, l’état d’urgence promulgué par François Hollande au lendemain des attentats du 13 novembre 2015 a déjà été renouvelé trois fois. Pour un certain nombre de francais-e-s blanc-he-s de classe moyenne ou riches, cela ne représente qu’une nuisance négligeable mais pour la population racisée française, en particulier ceux et celles que l’on nomme pudiquement « musulman-ne-s d’apparence » ce régime légal donnant une latitude encore plus importante à la police insiste encore d’avantage sur l’existence d’une sous-citoyenneté qui ne dit pas son nom. Travailles-tu actuellement sur la manière dont l’état d’urgence agit comme précédent à la fois légal et dans les pratiques policières ? Peux-tu nous en parler ?

    MATHIEU RIGOUSTE : Je ne travaille pas précisément sur cet aspect des choses mais bien-sûr, je suis ce qui est en train de se passer, notamment au sein des luttes dans lesquelles on avance et on réfléchit sur cet aspect-là. Et effectivement, tu le résumes bien, il y a toute une partie des strates privilégiées, même des classes populaires qui ne se rend pas compte de ce à quoi sert l’état d’urgence parce qu’il ne le voit pas et les média ont vraiment un rôle fondamental là-dedans. C’est ça aussi le socio-apartheid : les vies sont séparées, elles ne se croisent pas. Effectivement l’état d’urgence a permis une intensification de la ségrégation mais aussi de mécanismes d’oppression contre les quartiers populaires, ce qui peut rester complétement invisible pour le reste de la population. L’angle d’attaque, c’est l’Islam et les violences, ce sont des perquisitions fracassantes : explosion de la porte, on met tout le monde a terre et en joue, parfois on gaze à l’intérieur des appartements, parfois on tabasse. Ca provoque des traumatismes très forts dans les familles ; on a des récits de perquisitions en pleine nuit et les enfants, la maman, la grand-mère, plusieurs mois après, cherchent à être suivis par des psychologues. À l’école, c’est dramatique, les enfants n’y arrivent pas, après que des unités militaro-policières ont débarqué chez eux en mode anti-terrorisme. Les violences, ce sont aussi des assignations à résidence ; on a du mal à le saisir lorsqu’on ne le vit pas, mais il s’agit d’un système d’encadrement très dur car il faut aller pointer régulièrement. La plupart de ces histoires, je tiens à le dire, se dégonflent après ; il y a déjà des victoires dans les tribunaux parce que l’immense majorité de ces assignations à résidence sont fondées sur rien du tout, surtout par le fait que la personne a été désignée par quelqu’un comme étant « très pratiquante », possiblement « radicalisée », c’est de l’ordre de la délation. Ce sont donc des violences très fortes et très profondes dans les familles, principalement musulmanes à travers ces perquisitions, ces assignations à résidence et ces procédures judiciaires qui durent bien-sûr et qui épuisent. Les noms des gens sont lâchés dans la presse, toute une ville peut d’un seul coup vous considérer comme un probable terroriste.

    Donc voilà, l’état d’urgence permet l’intensification du socio-apartheid, de l’islamophobie et des racismes d’état, ce qui se conjugue assez bien à la gestion quotidienne des quartiers populaires dans la France impérialiste.

    https://blogs.mediapart.fr/leopold-lambert/blog/200117/entretien-avec-mathieu-rigouste-une-genealogie-coloniale-de-la-polic
    #colonialisme #colonisation #bac #police #Algérie #France #histoire #entretien #interview

  • #Nantes : quelle place pour la Maison du Peuple ?
    https://fr.squat.net/2020/10/17/nantes-quelle-place-pour-la-maison-du-peuple

    Après un an de dur labeur, la Maison du Peuple a su tenir son pari : celui d’un lieu ouvert à tous, capable d’héberger ceux qui en avaient besoin de façon inconditionnelle. Des centaines de personnes, des familles avec enfants en difficultés ont su trouver un lieu où se reconstruire (scolarisation des enfants, prise en […]

    #17_rue_Chapeau_Rouge #Maison_du_peuple_de_Nantes

  • 17 octobre 1961 : plusieurs centaines de manifestants algériens furent assassinés en plein #Paris. Ce jour-là, une manifestation pacifique regroupant des milliers d’Algériens se tenait, pour protester contre le couvre-feu imposé depuis octobre 1958 entre 20 h 30 et 5 h 30, la fermeture à 19 h 30 des débits de boisson tenus par des Algériens et l’interdiction faite aux Algériens de circuler en groupe. Le préfet de police de Paris, #Maurice_Papon, était chargé d’appliquer ces mesures. Malgré son rôle dans la déportation des Juifs sous le régime de Vichy, il était devenu chef de la police parisienne sous un gouvernement dirigé par #Michel_Debré et sous la présidence de de Gaulle revenu au pouvoir en 1958. Maurice Papon eut carte blanche pour maintenir l’ordre dans Paris. En pleine guerre d’Algérie, il n’était pas question pour le gouvernement de tolérer que des Algériens manifestent pour réclamer l’indépendance de leur pays. Il ordonna à la police de réprimer violemment la manifestation. Des milliers de manifestants furent arrêtés, emprisonnés – près de 12 000 au stade Pierre de Coubertin ou au Palais des Sports – torturés, notamment par la « force de #police auxiliaire », ou expulsés vers l’Algérie. Des centaines de manifestants perdirent la vie, matraqués ou jetés dans la Seine.

    La police, une arme de classe contre les travailleurs
    https://mensuel.lutte-ouvriere.org/2017/05/15/la-police-une-arme-de-classe-contre-les-travailleurs_91492.h

    Il suffit d’imaginer – et le cas a peut-être existé – un policier français qui aurait eu une carrière de trente années, commencée en 1934. Sa première mission aurait été, le 6 février 1934, sous un gouvernement de droite, de combattre dans la rue contre les milices fascistes qui marchèrent ce jour-là sur l’Assemblée nationale. Quatre ans après, il aurait réprimé tout aussi brutalement la grève générale du 30 novembre 1938, qui se solda par la condamnation à la prison de plus de 500 grévistes. Moins d’un an plus tard, il aurait appliqué les décrets de dissolution et d’interdiction des organisations ouvrières avant de jouer, pendant le régime de Pétain, le rôle particulièrement ignominieux que l’on sait dans la chasse zélée aux Juifs. Le même policier, après avoir participé à la rafle du Vél’d’Hiv et à l’arrestation quotidienne de Juifs et de communistes pour les envoyer vers les camps d’extermination, se serait ensuite vu amnistier de tout crime à partir de la fin de la guerre, passer tranquillement de policier vichyste à policier de la IVe République, et se retrouver à réprimer avec une extrême violence les grèves de mineurs du Nord, en 1948. Et il aurait pu finir sa carrière à Charonne, le 8 février 1962, où la police tua huit manifestants contre la guerre d’Algérie, ou le 17 octobre 1961, où plusieurs centaines d’Algériens furent abattus par la police et jetés à la Seine.

    #répression #FLN #guerre_d'Algérie #manifestation #violence_policière #17octobre1961 #éphéméride #17_octobre