Lettre ouverte à Gérard Depardieu : “Tu crées la terreur par le rire, tu te fais passer pour un bouffon, alors que tu es un roi tout puissant”
Ah Gégé ! Ce tournage de Turf … Toi, tu ne t’en souviens plus. C’est réglo, c’est ta ligne, mais moi, j’y étais. J’ai dû être payé une fortune pour l’époque, quelque chose comme 100 balles la journée : je faisais partie du ballet de figurant·es. C’est intéressant comme rôle, c’est quasiment intraçable, ça ne fait pas de bruit, ça se pose là où on lui dit et surtout, ça FERME BIEN SA GUEULE.
[...]
Je ne te raconte pas une fiction Gégé, j’étais là, dans l’ombre parmi les intraçables, les témoins muets de tes agissements qui nous ont atterrés. La fille se sauve, toi, tu fixes l’horizon d’un air pénétrant (sûrement pour réviser ta réplique) et c’est branle-bas de combat de l’équipe technique, des assistant·es qui tentent de mettre de la poudre aux yeux à tout le monde pour que ton geste paraisse aussi anodin que tes rots ou tes pets.
[...]
Je te le dis pour ta gouverne, c’est pas du womansplaining, mais un peu quand même : une nana encerclée par un groupe de mecs à l’œil allumé n’est pas sereine, elle rit bêtement et reste un peu paralysée sur place. Pas parce que ça lui plaît, mais parce que les petits animaux face aux prédateurs ont tendance à se pétrifier avant de fuir. Heureusement pour moi, les turfistes avaient d’autres juments à monter et je suis restée face à toi, indécise. Non pas parce que j’hésitais encore à savoir si j’aurais aimé te sucer la bite, mais parce qu’à l’école de théâtre, on m’avait dit que face au monstre sacré, il fallait BIEN FERMER SA GUEULE. Et puis l’éducation des filles aussi : en société, il faut sourire, être dans une forme d’écoute et d’empathie face à ton interlocuteur. C’est hyper chiant et ça te rend vachement moins libre de tes mouvements.