@marielle
« Ça, c’est fait. Reste plus qu’à se débarrasser de l’autre roitelet. »
Macron est à ce point constitué de mépris et de suffisance qu’il a lancé au pays en ébullition ce défi incroyable : il est inutile de continuer à revendiquer ses droits, de toute façon, le président gagnera la confrontation contre les « factieux ».
Cela n’a fait qu’empirer la haine sur sa personne . C’est peu de le dire ; il n’y a qu’à sortir dans les rues et écouter pour s’en convaincre. Le pays en chaud bouillant pour lui coller un magistral coup de pied aux fesses.
On aurait tord de ne pas profiter de ce contexte pour se débarrasser de ce représentant si caricatural de la technocratie libérale. Mais on risque d’être fort déçu de ne s’en tenir qu’à cela.
En fait, j’éprouve la plus grande indifférence à l’encontre de Macron : je n’estime pas qu’il soit fondamentalement différent de ses prédécesseurs et je n’attends rien de l’éventuel·le successeur·e.
Ce sont les institutions qu’il faut abattre. Quel que soit le casting, les pantins chargés de faire tourner la machine capitaliste pour les intérêts de la classe possédante et perpétuer la routine tautologique de la machine productrice de valeur pour toujours plus de valeur, seront toujours les mêmes.
Macron nous a déclaré clairement que pour éviter de nous faire bouffer, il n’y aurait aucune autre solution que de lui casser les dents.
Alors moi je vote pour le cassage de dents !
Mais plus que celles du président, ou des personnes (représentant des institutions et des pouvoir capitalistes) ce sont aux dents des engrenages du système d’exploitation capitaliste qu’il faut s’en prendre. En paralysant l’économie capitaliste on pourra espérer engager le processus d’expropriation des capitalistes.
Si l’action révolutionnaire – au sens où je l’entend - est nécessairement violente c’est quand elle s’attaque à un ordre dont la suppression représente en soi une violence encore plus grande que la menace physique de quelques-une de ses représentants (comme ce fut le cas, en définitive, avec la disparition de l’ordre monarchique et aristocratique).
Voilà où se situe la véritable violence révolutionnaire : non pas mettre sur le billot les têtes des exploiteurs mais anéantir le système lui-même – capital, marchandise, salariat, travail, patriarcat – sur lequel prospèrent les exploiteurs du moment.
Pour autant, la réaction répressive à cette offensive sociale légitime doit être prise, aujourd’hui, à sa juste proportion.
D’abord, une partie des forces (institutionnalisées ou non) qui étaient à nos côtés passeront de l’autre bord, dès que la tension arrivera à un stade jugé « menaçant ». N’oublions pas qu’en 1968, même si la référence fait tousser dans les rangs radicaux, c’est la réaction qui a rassemblé le plus grand nombre de manifestants dans la rue et a marqué la fin de révolte (et non la "récréation"). Le capitalisme a ensuite digéré l’essentiel de la critique qui lui avait été envoyée ( Le nouvel esprit du capitalisme - Luc Boltanski Ève Chiapello).
Ensuite, il ne faut se laisser embarquer par nos propres mirages. Depuis la Commune, il est vain d’espérer toute hypothèse de fraternisation des forces de l’orde. Et sans fraternisation ce n’est même pas la peine d’espérer une quelconque victoire militaire des révolutionnaires. Donc pour moi, et depuis longtemps, les choses sont claires : nous ne gagnerons jamais sur le plan militaire (et c’est tant mieux, car la constitution du moindre « bataillon rouge » annonce déjà la fin de l’espérance révolutionnaire).
Plus l’action directe par la grève, le blocage, le sabotage et toute autre action de déstabilisation sera massive, décentralisée et non militarisée (sans état major) mais pas nécessairement inorganisée et non-violente, plus les forces de l’ordre seront désorganisées, épuisées et démoralisées.
Cette description n’est plus, aujourd’hui, une vue de l’esprit.
Quant aux suites… nous n’y sommes pas encore.
Alors il n’y a, pour l’heure, pas beaucoup d’autres solutions que d’arrêter de bosser, oui : on s’arrête tous de bosser, pour de bon. Y compris, on lâche les claviers et on laisse le smartphone ;-) pour descendre dans la rue massivement, aujourd’hui, demain, le plus tôt possible et le plus souvent possible.
Je n’étais quasiment pas intervenu sur seenthis depuis une semaine et pour cause : j’étais dans la rue. C’est un grand plaisir d’y revenir.
À bientôt, je l’espère, lors d’une prochaine immersion dans le monde numérique :-)