• Leviathan, de Lucien Castaing-Taylor et Véréna Paravel
    http://www.arte.tv/guide/fr/060808-000/leviathan
    #film #documentaire #gopro #mer #pêche

    Le sang des poissons, la beauté du monstre
    http://www.independencia.fr/revue/spip.php?article744

    Avec les Temps modernes, le terme prend une connotation politique. C’est le titre du grand traité politique de Thomas Hobbes, dont Melville cite un extrait de l’introduction au début de Moby Dick : « La société universelle, que je désigne sous le nom de Léviathan – ou l’Etat (en latin Civitas) – est un homme artificiel. » La métaphore de Hobbes devient un lieu commun littéraire. Victor Hugo, dans Les Misérables, décrit les égouts de Paris comme « l’intestin de Léviathan ». Ces temps et significations diverses, le politique et le mythologico-religieux sont fondus dans le film en une expérience unique : #essai sur le #capitalisme moderne qui broie les #travailleurs et menace leur activité, voyage aux confins du monde, dans l’enfer des peurs archaïques. Le montage, son et image, produit une matière fluide et continue, convertit la campagne de pêche à la surface de l’océan en une plongée sans repères à l’intérieur du monstre. Le montage ne cesse d’attaquer la frontière entre la vie et la mort, entre l’organique et le machinique. Mise à mort des bêtes – voit-on la vie s’éteindre dans l’œil d’un #poisson ? -, métamorphose d’un bruit de chaînes hors-champ en gémissement de douleur. Le magma visuel et sonore finit par incarner la métaphore de Hugo : on traverse le film comme les boyaux d’un monstre, chair humide et colorée des entrailles et bruits de digestion.