• « Le monde réel est Harkonnen » : Dune 2, blockbuster anticolonial ?
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    Longtemps, Dune a été réputé inadaptable. Avec des choix judicieux, Denis Villeneuve prouve le contraire, dans une adaptation où lire entre les lignes est primordial. (Cet article contient des spoilers )

    Difficile de ne pas penser à ce que vit le peuple palestinien dans la bande de Gaza depuis maintenant 6 mois en sortant de Dune 2, la deuxième partie de l’adaptation par Denis Villeneuve du roman éponyme de Frank Herbert. Le film détonne tellement dans le paysage cinématographique hollywoodien qu’une vaste entreprise de dépolitisation de son contenu semble avoir lieu en France, où toutes les critiques du film en font un blockbuster grandiose mais apolitique.

    Les premières scènes du film mettent en scène l’intégration de Paul Atréides (Timothée Chalamet) et de sa mère Jessica (Rebecca Ferguson) au sein des Fremen, le peuple autochtone de la planète Arrakis. Des scènes particulièrement réussies, tant d’un point de vue visuel que sonore. La volonté de Denis Villeneuve de tourner les scènes de désert en lumière naturelle permet de nous immerger dans un désert rugueux, violent, mortel. Celles-ci plongent directement le spectateur au cœur du groupe qu’il avait quitté à la fin du premier film et, rapidement, le film met en avant les principaux sujets au cœur de l’œuvre original : les luttes de décolonisation, les génocides, l’économie capitaliste, le rôle de la religion comme outil de contrôle des peuples ou encore les jeux de pouvoirs des nobles et leurs effets sur les dominés.

    « Celui qui contrôle l’Épice contrôle l’univers » : un film anticolonial ?

    Ne nous y trompons pas : Dune est un roman d’émancipation anti-colonialiste. L’œuvre originale porte en son sein cette question. Au cœur de l’histoire, on retrouve Arrakis, planète des sables, d’où est extrait l’Épice ou Mélange, substance psychoactive indispensable au voyage spatial, et les Fremen, peuple autochtone luttant pour sa survie. La planète est occupée par une puissance impérialiste, la faction de la famille Harkonnen, qui en extrait l’Épice au service de l’empereur galactique. Le livre, sorti en 1965, en plein contexte de guerre de décolonisation, parle donc des luttes d’émancipation nationale, en mettant au centre de celles-ci le contrôle des richesses, le parallèle entre l’Épice et le pétrole étant évident.

    Si le roman a été écrit au moment de la guerre du Vietnam et de la guerre d’Algérie, le propos est toujours aussi actuel. En mars 2024, impossible de ne pas voir dans les Fremen le peuple palestinien ou d’autres peuples qui ont souffert des guerres impérialistes, dans la lutte pour le contrôle du pétrole depuis un siècle et demi, et lutté pour leur auto-détermination. Les paysages désertiques, les Feydakin (les soldats Fremen d’élite), une lutte de guérilla : toutes les références dirigent le spectateur vers des parallèles avec les guerres du Moyen Orient pour le contrôle de l’or noir, depuis le partage de l’empire Ottoman jusqu’à nos jours, en passant par les guerres de décolonisation. Un propos réussi, mais qui n’a pas été sans contradiction dans la production du film.

    Dans ce cadre, et notamment au Moyen Orient, le film a suscité des critiques autour de la façon dont est traité l’Islam mais aussi pour son casting très occidental. Dans son livre, Frank Herbert ne cesse de mobiliser des références de l’Islam dans son vocabulaire, les concepts fondamentaux de sa religion et son organisation sociale. Un Islam proche du soufisme, mais qui mêle de nombreuses inspirations perses, tchétchènes, arabes ou encore ottomanes. Aussi, on peut s’interroger sur certains choix fait Denis Villeneuve et la production du film pour traduire ces réalités.

    Si l’aspect anticolonial de la lutte est omniprésent, dans un sens, le film a cherché, dans un sens, à « désislamiser » l’œuvre originale. Ce choix n’est pas un choix de narration, mais bien un choix politique. Il se traduit à deux niveaux : d’un côté, de nombreux termes musulmans présents dans le livre, comme le « Jihad » traduit en « Guerre Sainte », ont été en grande partie gommés et remplacés. Dans le même temps, la religion Fremen est en grande partie ridiculisée par le film, notamment au travers du personnage de Stilgar, chef politique des Fremen, présenté comme un dévot un peu idiot. L’œuvre originale insiste sur la façon dont Paul et Jessica radicalisent par la religion les Fremen, là où le film pose le fanatisme comme un fait préétabli.

    Le second niveau se traduit dans le casting des personnages : les deux personnages Fremen principaux, Stilgar et Chani, sont représentés respectivement par Javier Bardem, d’origine espagnole et Zendaya, d’origine américaine. Un choix regretté par de nombreux critiques moyen-orientaux, pour lesquels l’histoire a subi un « whitewashing » et pour lesquels il aurait fallu un casting mettant en avant des acteurs du Moyen-Orient. Choix de Denis Villeneuve ou des studios ? Difficile de le savoir, mais les faits sont là.

    « Le système actuel est Harkonnen » : les Fremen face au capitalisme

    Pour autant, ces éléments de critique ne remettent pas en cause la dimension clairement anticoloniale du film : les parallèles avec l’oppression du Moyen Orient par les occidentaux sont claires, y compris dans les intentions du réalisateur. Dans la préface de la réédition de Dune chez Robert Laffont en 2020, Denis Villeneuve expliquait : « La tendance à objectifier la nature débordant des frontières occidentales, les politiques néolibérales et leur globalisation se transformant en véritables dogmes planétaires, la religion économique règne maintenant sur l’ensemble des sphères d’activité humaines. Tout s’achète maintenant, même les consciences. Ce système est surpuissant, impitoyable, tricheur, aux relents colonialistes, enfante même parfois des entités corporatives psychopathes, bref, ce système est Harkonnen. Et pour le renverser et survivre à ses conséquences, il nous faudra peut-être suivre les pas de Muad-Dib ».

    Aucun parallèle avec les conflits au Moyen-Orient, mais aussi avec les horreurs créées par le système capitaliste n’est donc fortuit. Non seulement le film met en avant une lutte anti-impérialiste, mais aussi une lutte anticapitaliste. La différence entre la société fremen, où la monnaie d’échange est l’eau, matière première limitée sur la planète, et les solaris de l’Imperium est ainsi frappante : face au pouvoir de l’argent, s’imagine une société où la monnaie d’échange dépend des ressources planétaires limitée, qu’il convient de recycler à tout prix. « L’eau est l’argent » explique dans le livre Jessica, la mère de Paul en arrivant dans la communauté Fremen qu’elle ne connaît pas. Dans la description économique d’un tel monde, les deux films de Denis Villeneuve réussissent de loin à surpasser le Dune de David Lynch sorti en 1984, même si cette économie reste à l’état d’esquisse, de toile de fond.

    Entrevues dans le film, les immenses bassins de rétention de l’eau font partie d’un projet de terraformation de la planète pour en rendre une partie cultivable, tout en conservant une grande partie de désert, un projet conçu pour durer plusieurs générations avant de pouvoir se réaliser. Dans un contexte où l’opulence de l’empire contraste avec les ressources planétaires extrêmement limitées dont disposent les Fremen, le film montre la difficulté immense qu’ont les Fremen à construire une société qui sorte de la pénurie systémique face au pillage orchestré par les grandes les Maisons de l’univers de Dune. Malgré ce contexte de pénurie, il présente aussi une société planifiée et peut-être plus égalitaire, où le gaspillage de la moindre ressource n’est pas toléré.

    Une opposition qui justifie les massacres orchestrés par Rabban, le neveu du baron Harkonnen. Si le projet original des Atréides que porte le père de Paul, Leto, dans le premier film, paraît plus humain, il n’en reste pas moins un projet d’économie coloniale. Si Leto veut donner la paix aux Fremen et collaborer, ce n’est que pour contrer les Harkonnen et permettre une meilleure production de l’Épice. Les Atréides et les Harkonnen sont les deux faces d’une même pièce, et le passage de l’un à l’autre ne remet en cause qu’à la marge la domination coloniale. Le parallèle avec les tentatives d’adoucir le joug colonial après la deuxième guerre mondiale est évident. Paul symbolise ces deux faces d’une même pièce, par son père Leto Atréides, et par sa mère, qui n’est autre que la fille cachée du baron Harkonnen. Mais le massacre de sa famille va amener Paul à trouver d’autres moyens pour retrouver son statut social.

    Détournement de la révolte, épreuve de la religion : les dures épreuves de l’émancipation

    Le destin d’Arrakis, comme celui de tout l’univers connu, tourne autour de Paul Atréides. Né fils de Duc, il est aussi le résultat de croisements génétiques préparés par le Bene Gesserit et d’un entraînement et une éducation intensive visant à décupler ses facultés mentales et physiques. Le projet de la secte du Bene Gesserit est de développer des dirigeants dotés de pouvoirs psychiques extraordinaires, mais aussi de contrôler les grandes Maisons de l’Empire en les conseillant et en manipulant les populations. Comme sur toutes les planètes, la religion des Fremen a été créée de toute pièce par le Bene Gesserit : « des légendes protectrices fermement implantées dans ce peuple dans l’attente du jour où une Bene Gesserit en aurait besoin » explique le livre.

    En quête de pouvoir, Paul va donc se tourner vers la religion. Denis Villeneuve a consciemment concentré son adaptation sur le sujet du rapport entre politique et religion. Dans la société Fremen, une grande majorité des individus semblent adhérer aux mythes implantés par le Bene Gesserit : de nombreux croyants attendent un prophétique messie, le « Lisan al’Gaib » venant les délivrer de l’oppression, qu’ils pensent reconnaître en Paul. Dans le film, l’incarnation de cette ferveur est incarnée par Stilgar (Javier Bardem), chef d’une des villes Fremen, dont le rôle politique est effacé pour mettre en avant ses croyances superstitieuses.

    Si Timothée Chalamet peut rendre le personnage de Paul assez sympathique au premier plan, et si le personnage lui-même cherche à résister au début au projet qu’ont son père comme sa mère pour son avenir, il finit par l’embrasser entièrement. Dans ce sens, même si Denis Villeneuve pourrait avoir tendance à grossir le trait sur le niveau de fanatisme originel des Fremen, les faits sont là : la religion n’est en dernière instance qu’un outil de domination des puissants sur les opprimés. Un outil que manient à merveille de nombreux groupes comme le Bene Gesserit, qui ne sont en rien croyantes elles-mêmes, mais qui développent sciemment et cyniquement des religions au service des puissants : « Quand la religion et la politique voyagent dans le même équipage et que cet équipage est conduit par un homme saint, rien ne peut l’arrêter » nous explique-t-on dans les annexes de l’œuvre originale.

    Dès lors, les jolis sourires de Timothée Chalamet ne doivent pas nous tromper : l’objet de Dune est bien une critique de la société de classe et de ses outils de domination. « Cette déconstruction matérialiste de la religion montre comment le colonialisme façonne et déforme les cultures des opprimés, à la fois de manière ouvertement violente et de manière subtile et manipulatrice » expliquaient après la sortie de Dune Première partie Nathaniel Flakin et Lily Cichanowicz dans les colonnes de Left Voice. De surcroît, Paul Atréides, vus par les Fremen comme le Lisan al’Gaib, la « Voix venue d’Ailleurs » selon les croyances implantées par le Bene Gesserit, montre finalement qu’à aucun moment la religion ne peut être un outil d’émancipation jusqu’au bout des Fremens face à leurs ennemis.

    Sous la direction de Paul, et grâce à la religion, ce colon venu d’ailleurs finira par détourner un processus révolutionnaire anticolonial dans un projet impérialiste au service de sa famille et de ses intérêts propres. Si les Fremen ont gagné la liberté et le contrôle de leurs ressources sur Arrakis, ils se sont enchaînés plus durement encore au contrôle du nouvel empereur Paul Muad’Dib Atréides et à son pouvoir religieux. Dans cette critique de la religion, Villeneuve a fait le choix de transformer en grande partie le personnage Chani, une jeune Fremen qui tombe amoureuse de Paul. Si celle-ci suit son amant dans tous ses choix dans l’œuvre originale, elle incarne dans le film le doute envers la radicalité religieuse des Fremen, puis finit par se rebeller, refusant les choix politico-religieux de Paul. La décision de se marier à la princesse Irulan, fille de l’empereur, qui montre à toutes et tous que le dessein de Paul n’est pas d’abord de libérer Arrakis mais de prendre le contrôle de l’univers, est l’ultime déclencheur de ce tournant. Chani apporte ainsi un contrepoint, qui souligne combien Paul est tout sauf un héros, met le doigt sur les ambiguïtés de cette libération par un « sauveur » suprême, tout en ouvrant la voie à un personnage féminin, qui subvertit le cadre relativement patriarcal de l’œuvre originale.

    Chani : l’alternative féministe au fondement patriarcal de l’œuvre originale ?

    Si l’univers de Frank Herbert est d’une profondeur politique remarquable, le rôle des femmes y est malheureusement très traditionnel. On peut même dire que le roman a été l’un des premiers à représenter ce qui deviendra un archétype de la science-fiction : la femme-cyborg. Celui-ci figure des femmes aux pouvoirs extrêmement développés, à la limite de la machine, exerçant un fort pouvoir sur les hommes. Des personnages systématiquement présentés comme négatifs, comme des repoussoirs. Ici, on pense évidemment au Bene Gesserit, et en particulier à Dame Jessica et à la révérende-mère Gaius Helen Mohiam.

    Dans l’ouvrage collectif Dune, exploration scientifique et culturelle d’un monde univers, Carrie Lynn Evans développe les principaux aspects de ces personnages : un self-control mental extraordinaire qui leur confère un pouvoir de neuro-séduction dangereux (Dame Fenring, qui rencontre Feyd-Rautha Harkonnen pour coucher avec lui et sauvegarder son patrimoine génétique), l’utilisation du sexe comme arme contre les hommes pour leurs propres fins, le pouvoir de faire plier les hommes par le pouvoir de La Voix et le contrôle total sur la procréation et la sélection génétique. « Jessica et le Bene Gesserit possèdent tous les attraits habituels des femmes machines diabolisées : elles ont une sexualité et sont obéissantes, mais sont aussi des servantes secrètes et dangereuses, exerçant des disciplines mentales et physiques dangereuses. […] Des femmes qui œuvrent à accroître leur pouvoir pour tenter et terrifier le lectorat masculin » explique Carrie Lynn Evans.

    Face à ce stéréotype qui a irrigué la science-fiction, Denis Villeneuve prend le parti de faire du personnage de Chani un personnage plus indépendant. Contrairement au livre, Chani ne suit pas aveuglément Paul mais rejette la figure messianique qu’il devient. Le personnage gagne aussi en profondeur en portant un projet d’émancipation différent de celui dont Paul devient le leader. En faisant de Chani un personnage qui prend parti pour le fait que les opprimés ne peuvent compter que sur eux pour se libérer, Denis Villeneuve esquisse les divisions politiques qui ont toujours irrigué les mouvements de résistances.

    Alors même que le cinéma d’autres univers de science-fiction tendent à uniformiser politiquement les luttes de résistances. Chani pourrait donc incarner une alternative : une femme qui n’est ni une demoiselle (ou une esclave sexuelle) en détresse à sauver, ni une figure maternelle reléguée à son rôle procréatif, ni une héroïne sur-sexualisée et encore moins une sorcière ou religieuse maléfique. Dune Troisième partie tranchera sur l’évolution du personnage, qui, on l’espère, pourrait permettre à l’adaptation de Denis Villeneuve d’apporter une autre dimension à l’univers de Dune.

    En définitive, malgré la complexité de Dune, Denis Villeneuve réussit à en dessiner les grandes lignes. Une gageure tant l’histoire des adaptations cinématographiques de l’œuvre a été tumultueuse. Le film qui a déjà cumulé –trois semaines après sa sortie– 2,9 millions d’entrées au box-office français, pourrait être l’adaptation qu’attendent depuis 60 ans les nombreux fans de Dune. Denis Villeneuve confirme par ce film qu’il est possible en 2024 de proposer de vraies œuvres de science-fiction, face à la pauvreté du Marvel Cinematic Universe qui domine les super-productions hollywoodiennes. Une science-fiction qui, en dépit de sa dimension de blockbuster, renoue avec son objectif le plus noble : celui d’interroger le présent avec ce qui pourrait advenir.

    • Quand la réalité rejoint la fiction :

      Maroc / Israël : continuité et échange du savoir-faire colonial au Sahara Occidental
      https://contre-attaque.net/2024/03/21/maroc-israel-continuite-et-echange-du-savoir-faire-colonial-au-sahar

      Le colonialisme ne tue pas qu’à Gaza. Le Sahara Occidental, tout à l’Ouest de l’Afrique, est l’une des dernières colonies du continent. Ce territoire, bordé par l’océan Atlantique, est coincé entre la province marocaine de Tarfaya, l’Algérie et la Mauritanie.

      Une histoire d’autodétermination

      En 1973, un mouvement indépendantiste ancré à gauche, qui revendique l’auto-détermination du peuple sahraoui, créait le Front Polisario (FP) pour mettre fin à l’occupation espagnole du Sahara Occidental. Dans l’organisation, les femmes jouent un rôle social et politique important : elles étudient, prennent des responsabilités et supervisent la distribution de l’aide alimentaire dont dépend la majorité de la population, ou rejoignent directement les rangs de la guérilla.

      En février 1976, le Front Polisario proclame la République arabe sahraouie démocratique. Le groupe qui pratique la lutte armée s’oppose à la Mauritanie, mais surtout au royaume du Maroc qui a annexé l’ex-colonie espagnole à partir de 1975. Quand Franco meurt en Espagne, le Sahara occidental rêve enfin d’obtenir son indépendance, l’ONU valide le projet d’un référendum. Mais le roi autoritaire du Maroc, Hassan II, attaque le territoire pour y conserver son emprise.

      Une période de conflit intense débute avec les troupes marocaines, qui commettent de nombreux crimes contre la population. La guerre dure jusqu’en 1991 où un cessez-le-feu est signé entre les différentes parties. Après 30 ans de statu quo les combats ont repris.
      Reprise des hostilités

      Depuis 2021, l’armée marocaine a tué 86 civils, dont deux enfants, par des tirs de drones, notamment israéliens, au Sahara occidental. Le Maroc occupe 80% de la zone et réprime la guérilla des sahraouis avec des arrestations de masse, des bombardements au napalm et au phosphore blanc. Les populations civiles sont contraintes de fuir et vivent dans des camps de réfugiés en territoire Algérien.

      Dans cette guerre asymétrique, la résistance sahraouie fait face à une armée de 100.000 hommes, sur-équipée avec du matériel dernier cri : radars, avions et drones de reconnaissance ou de combat.

      Depuis 2020, le Maroc et le régime colonial israélien ont scellé un accord bilatéral en matière de défense, de renseignement, de cybersurveillance. Cet accord intervient dans la politique de normalisation des relations entre Israël et les pays arabes. Les militaires utilisent notamment des drones Harfang de l’entreprise publique israélienne IAI – Israël Aerospace Industries – pour effectuer leurs frappes.
      Solidarité coloniale et impérialiste

      Le Maroc a profité de l’expertise de l’État Israélien depuis plusieurs décennies dans sa guerre menée au Front Polisario. Au début des années 1980, Ehud Barak, haut gradé de l’armée israélienne, se trouvait au Sahara-Occidental pour conseiller le royaume marocain dans la construction du “mur de sable” pour prévenir les incursions du groupe indépendantiste armé en zone occupée.

      Le mur fait près de 2700 kilomètres de long, tandis que ses abords sont infestés par plus de 10 millions de mines anti-personnels et anti-chars. Ce mur a été érigé sur une idée de l’État major israélien, avec l’appui des grandes puissances impérialistes, notamment des États-Unis et de la France.

      En février dernier, Stéphane Séjourné, le ministre français des Affaires Étrangères, rencontrait son homologue marocain pour réitérer “un soutien clair et constant” à la politique coloniale du régime marocain au Sahara Occidental.

      Un continuum colonial et un échange de savoir-faire entre les États impérialistes, contre l’autodétermination des peuples opprimés du monde entier.

    • Merci @monolecte ! Elle faisait partie de ma liste de série à voir. https://www.numerama.com/pop-culture/1417986-le-probleme-a-trois-corps-tout-savoir-sur-la-serie-netflix.html

      Le synopsis est le suivant : « Dans la Chine des années 60, une jeune femme prend une décision désastreuse dont les répercussions à travers le temps et l’espace vont affecter un groupe de chercheurs brillants dans le monde d’aujourd’hui. Alors que les lois de la nature se dérèglent sous leurs yeux, cinq anciens collègues se retrouvent pour affronter le pire des dangers ayant jamais menacé l’humanité. »

      Œuvre majeure de la science-fiction, et plus particulièrement de la « hard S-F », Le Problème à trois corps a droit à son adaptation Netflix. La version pour petit écran du roman de Liu Cixin est sortie le 21 mars 2024. Très attendue, la série est aussi une source d’inquiétude, car le récit de l’écrivain chinois repose fortement sur l’état de la science contemporaine.
      Cependant, les retours sur la série sont plutôt favorables. Numerama a en tout cas particulièrement apprécié (lire notre avis sur Le Problème à trois corps : https://www.numerama.com/pop-culture/1643756-on-a-vu-le-probleme-a-3-corps-notre-avis-sur-la-serie-netflix-de-s). Qualité de la distribution, intrigue captivante, enjeux de haute volée, rythme haletant… difficile de lui trouver un défaut majeur. C’est en tout cas de la SF plus convaincante que Rebel Moon…

      Attention : des passages de cet article contiennent des spoilers issus du roman.

      C’est quoi Le Problème à trois corps ?

      Le Problème à trois corps est le nom d’un roman écrit par l’écrivain chinois Liu Cixin. Publié en 2016 en France, huit ans après sa parution en Chine, il est le premier tome d’une trilogie, également composée de La Forêt sombre et La Mort immortelle. C’est un roman extrêmement réputé, lauréat du prix Hugo du meilleur roman en 2015, une prestigieuse récompense littéraire américaine.

      Le roman entre dans la catégorie dite de « hard science-fiction », un genre dans lequel tout doit être vraisemblable. Par exemple, on ne voyage pas plus vite que la lumière dans l’espace. Tout doit reposer sur des fondations scientifiques et techniques valables. En somme, on construit de la S-F autour de ce que l’on connait aujourd’hui du fonctionnement de l’univers.

      De fait, cela oblige le récit à rester dans les clous du savoir contemporain. Pas de choses trop farfelues, donc (même si certains évènements physiques décrits dans le roman apparaissent invraisemblables). On est censé évoluer dans des choses relativement plausibles. Même sans avoir un gros bagage scientifique, tout demeure accessible.

      Attention : des passages de cet article contiennent des spoilers issus du roman.

      Pour qui a déjà lu Le Problème à 3 corps, cela saute aux yeux : la narration fait de nombreux renvois vers la science et la technologie, sans verser dans de la facilité, qui pourrait sinon relever du fantastique ou du magique. L’auteur convoque souvent des notions de mathématique, d’astronomie, de physique, d’informatique, et ainsi de suite.

      Il s’agit d’un roman qui véhicule néanmoins une histoire, des péripéties et du spectaculaire. Si la narration s’attache à être la plus scientifiquement exacte, il y aura parfois des évènements qui donneront l’impression de déborder de ce cadre. Mais Liu Cixin donne toujours des éléments plausibles pour retomber correctement sur ses pattes.

      Le Problème à trois corps fait désormais l’objet d’une adaptation télévisée qui n’est toutefois pas la première (en Chine, il y a eu une série d’animation et une série en prises de vues réelles). Cette adaptation est très attendue, à la hauteur du succès rencontré par le roman — il est considéré comme l’un des récits les plus réussis de la S-F de l’époque récente.

      Quel est le rapport avec la science ?

      Le problème à trois corps est aussi le nom donné à un problème de mécanique céleste, qui occupe une place centrale dans l’œuvre de Liu Cixin. Il s’agit de savoir si on peut déterminer à l’avance les trajectoires d’un certain nombre de corps qui s’attirent mutuellement en raison de leur interaction gravitationnelle. On parle aussi de problème à N corps.

      Le Britannique Isaac Newton, père de la mécanique classique en physique, a réussi à trouver une solution lorsque N vaut 2 (le problème à deux corps).

      À N = 3, le problème à trois corps se complexifie fortement et sa résolution n’est pas pleinement achevée. Il entraîne des comportements chaotiques, pointe le CNRS, en se référant aux travaux du mathématicien français Henri Poincaré. Des difficultés réelles qui sont bien pratiques pour servir de point de départ au roman.

      « La théorie du chaos est née quand Henri Poincaré a découvert que trois corps isolés dans l’espace (typiquement une étoile et deux planètes), soumis à leurs seules attractions mutuelles, peuvent avoir des trajectoires extrêmement complexes », développe le CNRS. « Poincaré a montré que l’on ne peut pas prévoir la position à long terme des planètes . »

      Dans le roman, le problème concerne une planète qui tourne autour de trois étoiles dont les mouvements entraînent une alternance imprévisible entre des ères chaotiques et des ères régulières. Le comportement des soleils est si aléatoire que la durée des ères n’est jamais certaine. Parfois, elles sont brèves, parfois particulièrement longues.

      « Si l’on simule l’évolution du système à partir de plusieurs positions initiales des planètes légèrement différentes les unes des autres, on découvre des mouvements radicalement différents, note le CNRS. Un infime changement dans les positions initiales modifie complètement les trajectoires à long terme. »

      Quelle est l’histoire ?

      Dans le roman, on suit les péripéties de Wang Miao, un physicien spécialiste des nanomatériaux. Il se retrouve embarqué dans une mission top secrète aux enjeux mondiaux. Les autorités chinoises et d’autres gouvernements à travers le monde ont constaté des suicides inexpliqués de scientifiques après avoir côtoyé un groupuscule mystérieux.

      Wang Miao va être missionné pour infiltrer cette étrange « société des frontières de la science », et il va découvrir un curieux jeu vidéo, appelé Trois Corps. Celui-ci le plonge dans une réalité virtuelle dans laquelle il fait face à un monde où le temps et les cycles du jour et de la nuit sont irréguliers. En cause : trois soleils autour de ce monde.

      Le but du jeu est d’aider les habitants de ce monde à bâtir un calendrier qui anticiperait efficacement le mouvement des étoiles et, donc, les cycles de jour et de nuit. Ne pas y arriver entraîne la destruction du monde, et donc la fin de la partie — il y aura ainsi plusieurs game overs. C’est là que la science et le fameux « problème à trois corps » entrent en scène.

      Qui est derrière la « société des frontières de la science » ? À qui doit profiter la résolution du jeu Trois Corps ? Pourquoi des scientifiques se suicident-ils ? Qu’est-ce qui met en émoi les gouvernements du monde entier ? Voici quelques questions qui vont trouver des réponses progressivement au fil du roman ou des épisodes. Car on va très vite découvrir que cela dépasse la Terre…

      Comme toute adaptation, la version proposée par Netflix prend certaines libertés avec le matériau initial. Des personnages du roman sont remplacés par d’autres, avec parfois des changements de sexe, de nationalité ou de fonction. Cependant, la dynamique générale et les interactions demeurent fidèles au livre de Liu Cixin.

      Le synopsis est le suivant :

      « Dans la Chine des années 60, une jeune femme prend une décision désastreuse dont les répercussions à travers le temps et l’espace vont affecter un groupe de chercheurs brillants dans le monde d’aujourd’hui. Alors que les lois de la nature se dérèglent sous leurs yeux, cinq anciens collègues se retrouvent pour affronter le pire des dangers ayant jamais menacé l’humanité. »

    • Extrait du roman "La Rédemption du temps", de Baoshu, une fan fiction tirée de l’univers du "Problème à trois corps" et publiée aux éditions Actes Sud. — Situé dans l’univers de la trilogie du “Problème à trois corps”, “La Rédemption du temps” prolonge la saga multiprimée de Liu Cixin et s’attache à en éclairer les zones d’ombre. En pleine guerre interstellaire, Baoshu met en scène les conséquences du conflit opposant l’humanité et les Trisolariens, et porte un regard nouveau sur la conception de l’univers, depuis sa création jusqu’à son anéantissement. Une fan fiction absolument réussie et approuvée par le maître Liu Cixin en personne.

      https://issuu.com/actes_sud/docs/liseuse_la-redemption-du-temps_babel

      Attention Spoilers
      Le Problème à 3 corps : à quoi ressemblent vraiment les San-Ti ?
      https://www.journaldugeek.com/2024/03/23/le-probleme-a-3-corps-a-quoi-ressemblent-vraiment-les-san-ti