les vieux plus riches, c’est très englobant, et ça ne dit rien sur le fait que les plus de 80 ans soient aussi peu vaccinés. tu le notes à propos du bain culturel rassuristo-gourou, et c’est aussi le cas du naturo-mystique (voir Die, l’Ariège, etc.), ce qui est en jeu c’est des rapports très différenciés à « la » médecine. et là-dessus je ne connais pas ou ne me souviens pas de travaux utiles.
pour connaitre une plus de 80 ans qui n’a pas voulu se faire vacciner pendant des mois, je dirais qu’il y a un double mouvement où se cumulent des mécanismes sociaux, l’abandon social, l’isolement, et de l’agir, de la subjectivité des premièr.es concerné.es, avec un déarroi du vieux vieux, éventuellement comblé à coups de contenus falsificateurs véhiculés par la socialité des réseaux asociaux et autre vidéos virales, un agir (s’abstenir) où s’exprime une volonté de rester à distance du médical avec des considérations à la « on sait quand on commence mais pas quand et comment on fini » pour qui se refuse absolument à finir sa vie dans la dépendance, les ehpad, etc.
On peut avoir de bonnes raisons d’éviter la médecine, par exemple depuis un parcours de soins qui aura connu violences et délires parmi les soignants les plus gradés, les médecins (on documente plus aujourd’hui la « maltraitance médicale » mais il y une asymétrie soignants/soignées qui, dans les conditions actuelles, comporte un violence intrinsèque, je suis assez observant, pro soins, mais même avec des soignants plutôt choisis, c’est quelque chose que je ressens fréquemment, et qu’aggrave une impécuniosité qui interdit ou bride très fortement l’accès à des moyens et techniques d’usage courant, pour d’autres).
pour revenir au parcours de cette femme âgée, qui n’est qu’un exemple, mais ne me semble pas dépourvu de portée : opération sans anesthésie à l’adolescence, une suite d’avortement clandestin qui se termine par une prise en charge hospitalière atroce ; et le pompon, deux fois : énoncer de son propre chef un diagnostic d’hernie étranglée sur son premier nourrisson (oui, l’expression de la douleur à quelque chose à voir avec la clinique !) et se voir contredite par le toubib, jusqu’à risquer une péritonite ; accompagner son père lors d’une fin de vie ponctuée de séjours hospitalier (comme on dit, masi c’était fort laid) et ne trouver nulle part la possibilité d’en finir comme cet homme avait décidé depuis longtemps de le faire dès que la vie ne vaudrait plus d’être vécue selon lui, non sans différer la chose car il continuait à apprécier malgré tout les relations dans lesquelles il était pris et que cela se termine par une autolyse à l’hôpital, sans aucune assistance, dans la carence complète de la médecine et l’incapacité des proches, au sac plastique sur la tête.
bref, ce qu’ils appellent « réfractaires », cela pourrait se regarder de plus près.