La Cour des comptes vient de publier un rapport sur le maintien de l’ordre. C’est un florilège de mythes policiers, mais on y trouve aussi des indices intéressants sur l’autoritarisme croissant de l’Etat.
Les mythes d’abord. La Cour prétend que les mobilisations se caractérisent par des « groupes contestataires plus entraînés, violents et mobiles ». Pour le prouver, elle s’appuie sur une hausse des forces mobiles blessées en mission.
Pourtant, « blessé en mission » ne signifie pas « blessé par un manifestant ». Les données disponibles indiquent que 72 % des policiers blessés en mission l’ont été accidentellement, sans contribution d’un civil.
Par contraste, si on s’éloigne des sources policières les choses changent. La recherche indépendante montre que ces dernières années, les manifestants « ne sont pas nécessairement plus violents ».
►https://www.acatfrance.fr/rapport/lordre-a-quel-prix
Le monde parallèle de la Cour : hausse des violences des manifestants ; absence de #violencespolicières.
La réalité : absence de tendance claire sur les manifestants ; explosion des violences policières, illustrée par la hausse spectaculaire des tirs aux armes non létales.
En parlant d’un « armement [non létal] toujours moins dangereux » la Cour entretient le mythe du maintien de l’ordre éthique. Pourtant, en suggérant qu’une arme est par nature non létale, donc anodine, sa simple disponibilité incite les FDO à tirer plus.
Indice de l’autoritarisme croissant, le nombre d’interdictions de manifestations augmente très fortement. On savoure d’ailleurs l’explication de la Cour : « en anticipation de ces manifestations illégales, les arrêtés d’interdiction de manifester se sont multipliés »
Autre indice de l’#autoritarisme croissant, depuis 2017 les effectifs des forces mobiles augmente, mais surtout leur taux d’emploi est en hausse. Autrement dit, il n’y a pas seulement plus de forces mobiles, mais l’Etat les utilise plus.
Outre l’augmentation des effectifs des forces mobiles, on observe une très forte hausse du nombre des forces intermédiaires, qui apportent leur appui aux forces mobiles : +28 % entre 2014 et 2023. En somme, il y a beaucoup plus de policiers en charge du maintien de l’ordre
La Cour fournit des données inédites sur le recours aux grenades assourdissantes et de désencerclement : entre 14 000 et 24 000 tirs par an ! C’est un chiffre considérablement plus élevé que les 2000 à 3000 tirs annuels de la police, indiqués par l’IGPN
On apprend aussi que l’introuvable « désescalade » est la faute des syndicats dont les services d’ordre sont plus petits qu’auparavant. Les syndicats obligeraient la police à être violente. En réalité, le problème c’est que la désescalade n’existe pas
Pour finir, le tacle de la Cour contre la « nouvelle doctrine » (SNMO), présentée par le gouvernement comme une prise en compte de la hausse des manifestants blessés et mutilés : « ce schéma est avant tout une formalisation de la doctrine existante »