person:marc lévy

  • Vivendi rachète Editis à l’espagnol Grupo Planeta, Nicole Vulser, Le Monde

    L’entreprise de Vincent Bolloré acquiert le numéro deux français de l’édition pour 900 millions d’euros.
    C’est officiellement signé. A l’occasion de la publication de ses résultats trimestriels, Vivendi a annoncé, jeudi 15 novembre, avoir acquis Editis, le deuxième groupe français d’édition. Pour 900 millions d’euros – un prix élevé –, les cinquante maisons qu’il fédère, dont Nathan, Robert Laffont, Plon, Pocket, 10/18, Bordas ou encore Le Cherche midi, quittent donc le giron de l’espagnol Grupo Planeta, lequel cherchait un repreneur afin d’éponger une montagne de dettes évaluée à plus de 1,2 milliard d’euros.

    Après avoir ouvert des négociations exclusives avec Grupo Planeta au cœur de l’été, l’entreprise de Vincent Bolloré reprend 100 % du groupe français présent dans la littérature, les essais et les manuels scolaires. Le spectre est large, entre les auteurs de best-sellers tels que Marc Levy, Michel Bussi ou Raphaëlle Giordano, et les multiples chercheurs qui signent à La Découverte, comme l’historien Yuri Slezkine, auteur d’une brillante saga de la révolution russe, La Maison éternelle. Soit au total plus de 16 000 auteurs et 4 000 nouveautés par an.

    L’aval de l’Autorité de la concurrence devrait intervenir fin 2018 ou début 2019
    Editis a connu une année 2017 difficile, plombée par une baisse de son chiffre d’affaires de 7 %, à 759 millions d’euros, pour un bénéfice opérationnel de 60 millions d’euros. En un an, le nouveau directeur général, Pierre Conte, a mené de profondes transformations pour réorganiser les filiales du groupe par pôles. Il a en outre renforcé Editis dans le numérique, notamment l’imprimerie, et amorcé une diversification dans l’éducation.
    Pour ce changement capitalistique, l’avis favorable des instances représentatives des personnels de Vivendi et d’Editis a été obtenu.

    Un sentiment étrange anime les 2 400 collaborateurs, un bon millier d’entre eux ayant déjà connu Editis lorsqu’il était la propriété de Vivendi, du temps de Jean-Marie Messier. Entre 1998 et 2002, avant que le groupe soit successivement revendu à Lagardère (Hachette), Wendel Investissement puis Planeta, il avait en effet appartenu à Vivendi Universal Publishing. Retour donc à la case départ.

    Craintes d’une reprise en main musclée

    « L’acquisition d’Editis permettra à Vivendi d’ajouter une nouvelle brique à la construction d’un grand groupe industriel centré sur les médias, les contenus et la communication », s’est félicitée la direction de Vivendi, également maison mère de Canal +, Dailymotion, Gameloft, Universal Music Group et Havas. Cette nouvelle pièce au puzzle « enrichira les capacités créatives de Vivendi pour développer de nouveaux projets éditoriaux et de nouveaux types de contenus (le livre audio par exemple), et déployer des franchises à l’international », a-t-elle ajouté.

    La stratégie de convergence de Vivendi vise à détenir les droits des œuvres très en amont pour les décliner à la télévision, au cinéma, en jeu vidéo, sur Internet, dans des parcs à thèmes ou des produits dérivés. C’est précisément le fait que Vivendi se prenne pour Disney, Marvel, voire Netflix, qui inquiète au sein de l’entreprise, même si la plate-forme américaine vient de signer avec Harlan Coben pour adapter en séries et en films les quatorze prochains romans de cet auteur traduit chez Belfond.

    Article réservé à nos abonnés Lire aussi Remue-ménage dans l’édition
    Début septembre, déjà, Pierre Conte avait envoyé une lettre au personnel afin d’apaiser les craintes de ceux qui redoutent une reprise en main musclée de Vivendi ainsi qu’une dérive marketing accompagnée d’une injonction plus forte de rentabilité. « Les auteurs seront toujours le cœur de notre métier », leur avait-il écrit. « Notre diversité d’éditeur est notre marque de fabrique. Quels qu’aient été les propriétaires de notre groupe, nos valeurs n’ont jamais changé et personne ne pensera jamais à les altérer, car elles sont consubstantielles de notre métier. »

    Vivendi assure que « le fonctionnement des maisons d’édition se rapproche de celui des labels d’Universal Music Group ». Ce qui ne l’empêche pas de rechercher, depuis juillet, un partenaire minoritaire pour sa pépite, numéro un mondial de la musique. L’américain Liberty Media est sur les rangs.

    #édition

  • Peut-on détruire une oeuvre d’art ? | Besoin de rien, envie de droit
    https://www.binge.audio/peut-on-detruire-une-oeuvre-dart

    Banksy avait-il le droit de passer une de ses oeuvres à la broyeuse à papier ? Ai-je le droit de brûler mon exemplaire de Marc Lévy ? Puis-je rajouter ma touche personnelle, du coup de crayon à la destruction, à une oeuvre que je n’ai pas créée ? D’ailleurs, existe-t-il une définition légale de l’oeuvre d’art ? Clara Benyamin reçoit Anne-Charlotte Plèche et Nina Gosse. Accrochez-vous, quelques mots de latin à prévoir. Durée : 44 min. Source : Binge Audio

    https://dts.podtrac.com/redirect.mp3/feed.pippa.io/public/streams/5bacd988fd7fa3546caeff56/episodes/5beafa0077f862620ccb863f.mp3

  • L’édition française de livres en quelques chiffres
    http://www.lemonde.fr/livres/article/2018/03/16/l-edition-francaise-de-livres-en-quelques-chiffres_5271815_3260.html

    Le Salon Livre Paris 2018 ouvre ses portes vendredi. En 2017, ce sont plus de 68 000 #livres qui ont été publiés en France.

    Un petit nombre d’auteurs, tels Guillaume Musso (967 300 exemplaires pour ses différents livres), Aurélie Valognes (641 800), Michel Bussi (486 100) et Marc Lévy (478 500), concentrent l’essentiel des ventes.

    Les 410 500 exemplaires vendus de La Fille du train, de Paula Hawkins (Sonatine, 2015), montrent aussi que le polar reste très populaire.

    #foliedouce #édition

  • Trying to follow what is going on in Syria and why? This comic will get you there in 5 minutes.

    http://www.upworthy.com/trying-to-follow-what-is-going-on-in-syria-and-why-this-comic-will-get-you

    https://upw-prod-images.global.ssl.fastly.net/nugget/5399d5859bc8bb0096000020/07-7a724a77dc98f824c231f2b3798ef275.jpg?ixlib=rb-

    That warning has become a global alert. Since the uprising against Assad in March 2011, over 240,000 people have been killed, 4 million Syrians have fled their country, and over 7 million have been displaced.

    The headlines are full of the heartbreaking stories of these refugees — including young children — who have died trying to reach safety in other countries. The story of these refugees is deeply tied to the effects of climate change.

    “We are experiencing a surprising uptick in global insecurity ... partially due to our inability to manage climate stress.” That’s how Columbia University professor Marc Levy (who also does studies for the U.S. government) summed it up.

    What’s happening in Syria and across Europe is part of a larger story that affects us all.

    syrie #bd #conflit #sécheresse #climat #moyen-orient

  • Get real. Terry Pratchett is not a literary genius | Art and design | The Guardian
    http://www.theguardian.com/artanddesign/jonathanjonesblog/2015/aug/31/terry-pratchett-is-not-a-literary-genius

    A middlebrow cult of the popular is holding literature to ransom. Thus, if you judge by the emotional outpourings over their deaths, the greatest writers of recent times were Pratchett and Ray Bradbury. There was far less of an internet splurge when Gabriel García Márquez died in 2014 and Günter Grass this spring. Yet they were true titans of the novel. Their books, like all great books, can change your life, your beliefs, your perceptions. Everyone reads trash sometimes, but why are we now pretending, as a culture, that it is the same thing as literature? The two are utterly different.

    Actual literature may be harder to get to grips with than a Discworld novel, but it is more worth the effort. By dissolving the difference between serious and light reading, our culture is justifying mental laziness and robbing readers of the true delights of ambitious fiction.

    (rah, un mauvais raccourci clavier et voilà que je mets ça sur Seenthis sans commentaire, vite-vite, corriger tout ça)

    Du calme Joe, serais-je tenté de dire. Il n’y a pas lieu de faire de hiérarchie dans la littérature, d’autant que ce qu’on considère comme de la grande littérature un jour s’efface parfois dans le temps, ou au contraire est vu comme facile ou médiocre à son époque et brillant par la suite.

    Voir les procès qu’on n’a pas cessé de faire à la BD depuis toujours — cf. le joli petit Contre la bande dessinée de Jochen Gerner par exemple.
    http://www.jochengerner.com/index.php?page=bibliographie&id=4&id_biblio=28

    Via un tweet de @bravepatrie

    • Mouais. Je crois au contraire que l’art à absolument besoin de hiérarchie, quand bien même fut-elle fluctuante au fil du temps et quand bien même il y a aussi des courants ou artistes qui sont d’égale importance tout en faisant des choses opposées (comme le conflit jazzique quand le bebop est arrivé).

      Je suis un fan inconditionnel de Pratchett, et ya vraiment des trucs « de loisir » qui sont vraiment que récréatifs comparés à Pratchett qui parle de plein de sujets actuels, qui fait de la satire, avec plein de références littéraires au milieu. Mais ça n’empêche que littérairement parlant, Joyce (par exemple) doit rester placé au-dessus.
      Joyce > Pratchett
      Borges > Marc Lévy (bon ok facile là)
      Picasso > Jeff Koons
      Rimbaud > Booba
      jazz > rock (HAHA OUAIS)

      Ok je trollblague un peu mais bref, chaque courant a ses valeurs, sa hiérarchie, ok, mais selon une logique qui peut être décrite et argumentée, et transmise aux autres (chez nous on pense que tel artiste > tel autre parce que tatata). Ce qui est à mon avis complètement différent de « ya pas de hiéarchie, chacun son truc, etc ».

      Sur le moment (plus ou moins long mais pas infini à mon avis) il peut y avoir pas mal de changements, mais une fois établi quand même… Tu crois vraiment que de Vinci, Raphael ou Picasso arrêteront d’être des génies un jour ? ou que Thelonious Monk ou Billie tomberont en désuétude ?

      Naaaaaaaan.

  • LE LECTEUR UNE ESPÈCE MENACÉE ?
    Michel Abescat et Erwan Desplanques

    Pas le temps... L’esprit ailleurs... Les amateurs de #livres sont en petite forme. Seuls les best-sellers trouvent voix au chapitre. La lecture passe-temps a-t-elle supplanté la lecture passion ? L’âge d’or de la littérature est-il révolu ? Enquête.

    L’amateur de littérature serait-il devenu une espèce menacée ? Tous les signes sont là. Son habitat se raréfie : à Paris, par exemple, 83 librairies ont disparu entre 2011 et 2014. Et sa population ne cesse de décliner. Selon une enquête Ipsos/Livres Hebdo de mars 2014, le nombre de lecteurs avait encore baissé de 5 % en trois ans. En 2014, trois Français sur dix confiaient ainsi n’avoir lu aucun livre dans l’année et quatre sur dix déclaraient lire moins qu’avant. Quant à la diversité des lectures, elle s’appauvrit également dangereusement, l’essentiel des ventes se concentrant de plus en plus sur quelques best-sellers. Guillaume Musso ou Harlan Coben occupent l’espace quand nombre d’écrivains reconnus survivent à 500 exemplaires.

    Fleuron contemporain de la biodiversité littéraire, l’Américain Philip Roth confiait récemment son pessimisme au journal Le Monde : « Je peux vous prédire que dans les trente ans il y aura autant de lecteurs de vraie littérature qu’il y a aujourd’hui de lecteurs de poésie en latin. » Faut-il préciser que dans son pays, selon une étude pour le National Endowment for the Arts, un Américain sur deux n’avait pas ouvert un seul livre en 2014 ? En début d’année, dans Télérama, l’Anglais Will Self y allait lui aussi de son pronostic : « Dans vingt-cinq ans, la littérature n’existera plus. » Faut-il croire ces oiseaux de mauvais augure ? Le lecteur serait-il carrément en voie de disparition ? Et le roman destiné au plaisir d’une petite coterie de lettrés ? Mauvaise passe ou chronique d’une mort annoncée ?

    La baisse de la lecture régulière de livres est constante depuis trente-cinq ans, comme l’attestent les enquêtes sur les pratiques culturelles menées depuis le début des années 1970 par le ministère de la Culture. En 1973, 28 % des Français lisaient plus de vingt livres par an. En 2008, ils n’étaient plus que 16 %. Et ce désengagement touche toutes les catégories, sans exception : sur la même période, les « bac et plus » ont perdu plus de la moitié de leurs forts lecteurs (26 % en 2008 contre 60 % en 1973). Si l’on observe les chiffres concernant les plus jeunes (15-29 ans), cette baisse devrait encore s’aggraver puisque la part des dévoreurs de pages a été divisée par trois entre 1988 et 2008 (de 10 % à 3 %).

    La lecture de livres devient minoritaire, chaque nouvelle génération comptant moins de grands liseurs que la précédente. Contrairement aux idées reçues, ce phénomène est une tendance de fond, antérieure à l’arrivée du numérique. « Internet n’a fait qu’accélérer le processus », constate le sociologue Olivier Donnat, un des principaux artisans de ces enquêtes sur les pratiques culturelles. Pour lui, « nous vivons un basculement de civilisation, du même ordre que celui qui avait été induit par l’invention de l’imprimerie. Notre rapport au livre est en train de changer, il n’occupe plus la place centrale que nous lui accordions, la littérature se désacralise, les élites s’en éloignent. C’est une histoire qui s’achève ».

    La lecture de romans devient une activité épisodique. En cause, le manque de temps ou la concurrence d’autres loisirs.

    La population des lecteurs réguliers vieillit et se féminise. Il suffit d’observer le public des rencontres littéraires en librairie. « La tranche d’âge est de 45-65 ans, note Pascal Thuot, de la librairie Millepages à Vincennes. Et les soirs où les hommes sont le plus nombreux, c’est 20 % maximum. » Les statistiques le confirment : chez les femmes, la baisse de la pratique de la lecture s’est en effet moins traduite par des abandons que par des glissements vers le statut de moyen ou faible lecteur. Dans les autres catégories, la lecture de romans devient une activité épisodique, un passe-temps pour l’été ou les dimanches de pluie. En cause, le « manque de temps » (63 %) ou la « concurrence d’autres loisirs » (45 %), comme le montre l’enquête Ipsos/Livres ­Hebdo. La multiplication des écrans, les sollicitations de Facebook, la séduction de YouTube, l’engouement pour des jeux comme Call of duty ou Candy Crush, le multitâche (écouter de la musique en surfant sur Internet) ne font pas bon ménage avec la littérature, qui nécessite une attention soutenue et du temps.

    Du côté des éditeurs, ce sont d’autres chiffres qui servent de baromètre. Ceux des ventes, qui illustrent à leur manière le même phénomène de désengagement des lecteurs. Certes les best-sellers sont toujours présents au rendez-vous. Ils résistent. Et les Marc Levy, David Foenkinos ou Katherine Pancol font figure de citadelles. Si massives qu’elles occultent le reste du paysage, qui s’effrite inexorablement : celui de la littérature dite du « milieu », c’est-à-dire l’immense majorité des romans, entre têtes de gondole et textes destinés à quelques amateurs pointus. Pascal Quignard peine ainsi à dépasser les 10 000 exemplaires, le dernier livre de Jean Echenoz s’est vendu à 16 000, Jean Rouaud séduit 2 000 à 3 000 lecteurs, à l’instar d’Antoine Volodine. Providence, le dernier livre d’Olivier Cadiot, s’est vendu à 1 400 exemplaires et le dernier Linda Lê, à 1 600 (chiffres GfK).

    Quant aux primo-romanciers, leurs ventes atteignent rarement le millier d’exemplaires en comptant les achats de leur mère et de leurs amis. « Oui, les auteurs qui vendaient 5 000 livres il y a quelques années n’en vendent plus que 1 000 ou 2 000 aujourd’hui. Et le vivent très mal », résume Yves Pagès, le patron des éditions Verticales. D’autant plus qu’à la baisse des ventes les éditeurs ont réagi en multipliant les titres pro­posés. De moins en moins de lecteurs, de plus en plus de livres ! Entre 2006 et 2013, la production de nouveaux titres a ainsi progressé de 33 %, selon une étude du Syndicat national de l’édition. Comment s’étonner alors que le tirage moyen des nouveautés soit en baisse, sur la même période, de 35 % ?

    “L’auteur est le Lumpenproletariat d’une industrie culturelle qui est devenue une industrie du nombre.” – Sylvie Octobre, sociologue

    La multiplication des écrivains est un autre effet mécanique de cette surproduction. Le ministère de la Culture recense aujourd’hui 9 500 « auteurs de littérature » qui doivent se partager un gâteau de plus en plus petit. Paupérisés, jetés dans l’arène de « rentrées littéraires » de plus en plus concurrentielles — cette année, 589 romans français et étrangers —, confrontés à l’indifférence quasi générale, les écrivains font grise mine. Ou s’en amusent, bravaches, à l’instar de François Bégaudeau, qui met en scène dans La Politesse (éd. Verticales), son irrésistible dernier roman, un auteur en butte aux questions de journalistes qui ne l’ont pas lu, aux chaises vides des rencontres en librairie, à la vacuité de salons de littérature où le jeu consiste à attendre des heures, derrière sa pile de livres, d’improbables lecteurs fantômes.

    Désarroi, humiliation, découragement : « L’auteur est le Lumpenproletariat d’une industrie culturelle qui est devenue une industrie du nombre », tranche la sociologue ­Sylvie Octobre. Editeur, Yves Pagès nuance évidemment : « Heureusement, il y a des contre-exemples qui soulignent l’intérêt de défendre un auteur sur la durée : Maylis de Kerangal, qui vendait moins de 1 000 exemplaires, a vendu Réparer les vivants à 160 000 exemplaires en grand format. » Pour éviter la catastrophe, les auteurs doivent ainsi, selon lui, faire attention à ne pas devenir des « machines néolibérales concurrentielles, s’enfumant les uns les autres sur de faux chiffres de vente ». Et surtout être lucides, et « sortir du syndrome Beckett-Lady Gaga. Il faut choisir son camp : on ne peut pas écrire comme Beckett et vendre autant que Lady Gaga ».

    De tout temps, les écrivains se sont plaints de ne pas vendre suffisamment. « A la sortie de La Naissance de la tragédie, Nietzsche n’en a vendu que 200 exemplaires et Flaubert n’avait pas une plus grande notoriété que celle de Pascal Quignard aujourd’hui, remarque la sémiologue Mariette Darrigrand, spécialiste des métiers du livre. Nos comparaisons sont simplement faussées quand on prend le XXe siècle comme référent, qui était, de fait, une période bénie pour le livre. » A croire selon elle que nous assisterions moins à une crise du livre qu’à un simple retour à la normale, après un certain âge d’or de la littérature, une parenthèse ouverte au XIXe siècle avec la démocratisation de la lecture et le succès des romans-feuilletons d’Alexandre Dumas, de Balzac ou d’Eugène Sue. Elle se serait refermée dans les années 1970-1980, avec la disparition de grandes figures comme Sartre ou Beckett et la concurrence de nouvelles pratiques culturelles (télévision, cinéma, Internet...).

    « La génération des baby-boomers entretenait encore un rapport à la littérature extrêmement révérencieux, confirme la sociologue Sylvie Octobre. Le parcours social était imprégné de méritocratie, dont le livre était l’instrument principal. Cette génération considérait comme normal de s’astreindre à franchir cent pages difficiles pour entrer dans un livre de Julien Gracq. Aujourd’hui, les jeunes font davantage d’études mais n’envisagent plus le livre de la même façon : ils sont plus réceptifs au plaisir que procure un texte qu’à son excellence formelle et ne hissent plus la littérature au-dessus des autres formes d’art. »

    Aujourd’hui, en France, trois films sur dix sont des adaptations littéraires.

    La majorité des auteurs d’aujourd’hui, comme Stendhal en son temps, devraient ainsi se résoudre à écrire pour leurs « happy few » — constat qui n’a rien de dramatique en soi : « Est-ce qu’il y a plus de cinq mille personnes en France qui peuvent vraiment se régaler à la lecture d’un livre de Quignard ? J’en doute, mais c’est vrai de tout temps : une oeuvre importante, traversée par la question du langage et de la métaphysique, n’a pas à avoir beaucoup plus de lecteurs, estime Mariette Darrigrand. Certains livres continuent de toucher le grand public, comme les derniers romans d’Emmanuel Carrère ou de Michel Houellebecq, mais pour des raisons qui tiennent souvent davantage au sujet traité qu’aux strictes qualités littéraires. »

    L’appétit pour le récit, la fiction est toujours là, lui, qui se déplace, évolue, s’entiche de nouvelles formes d’expression plus spectaculaires ou faciles d’accès. Aujourd’hui, en France, trois films sur dix sont des adaptations littéraires. « La génération née avec les écrans perd peu à peu la faculté de faire fonctionner son imaginaire à partir d’un simple texte, sans images ni musique, constate Olivier Donnat. On peut le regretter, mais elle trouve aussi le romanesque ailleurs, notamment dans les séries télé. » Dans la lignée de feuilletons littéraires du xixe siècle, Homeland ou The Wire fédèrent de nos jours plus que n’importe quel ou­vrage de librairie. De l’avis gé­néral, la série télé serait devenue « le roman populaire d’aujourd’hui » (Mariette Darrigrand), la forme « qui s’adresse le mieux à l’époque » (Xabi Molia), parlant de front à toutes les générations, à tous les milieux sociaux ou culturels, avec parfois d’heureuses conséquences (inattendues) sur la lecture (voir le succès des tomes originels de Game of thrones, de George R.R. Martin, après la diffusion de leur adaptation sur HBO).

    En cinquante ans, l’environnement culturel s’est élargi, étoffé, diversifié, au risque de marginaliser la littérature et l’expérience poétique. « Ma génération a grandi sur les ruines d’une période particulièrement favorable au livre, dit François Bégaudeau. Ce n’est pas une raison pour pleurer. Moi je viens de la marge, d’abord avec le punk-rock puis avec l’extrême gauche, j’ai appris à savourer la puissance du mineur : assumons-nous comme petits et minoritaires, serrons-nous les coudes entre passionnés de littérature, écrivons de bons livres et renversons l’aigreur en passion joyeuse. » Car la créativité est toujours là : l’éditeur Paul Otchakovsky-Laurens dit recevoir chaque année des manuscrits meilleurs que les années précédentes. Et le libraire Pascal Thuot s’étonne moins du nombre de titres qu’il déballe chaque année des cartons (environ dix mille) que de leur qualité. « Il ne faut pas sombrer dans le catastrophisme : si les ventes baissent, la littérature française reste en excellente santé, assure Yves Pagès. Sa diversité a rarement été aussi forte et reconnue à l’étranger. »

    Tous espèrent simplement que ce bouillonnement créatif ne tournera pas en vase clos, à destination d’un public confidentiel de dix mille lecteurs résistants, mais trouvera de nouveaux relais et un accueil plus large chez les jeunes. Mais comment séduire les vingtenaires avec des romans à 15 euros quand le reste de la production culturelle est quasiment gratuite sur Internet ? « A la différence des séries télé, les romans sont difficiles à pirater, c’est ce qui les sauve et en même temps les tue », note Xabi Molia. Pour survivre, le roman doit faire sa mue à l’écran, s’ouvrir aux nouveaux usages, chercher à être plus abordable (sans céder sur l’exigence), notamment sur Internet où les prix restent prohibitifs. Peut-être alors ne sera-t-il pas condamné au sort de la poésie en latin...

  • Le Thalys, le harcèlement de métro et l’héroisme ordinaire | Les raisons de la colère
    https://puisquejevousledis.wordpress.com/2015/08/22/le-thalys-le-harcelement-de-metro-et-lheroisme-ordinai

    Les mecs – bah oui, que des mecs, déso – des exemples que j’ai donnés n’étaient pas armés, sauf ceux avec la bouteille et encore. Et personne n’a bougé. PER-SONNE. Je sais que ça fait cliché, mais tout le monde s’est retranché derrière son journal, FB, ses écouteurs ou la dernière daube de Marc Levy. Tout le monde a prié dans sa tête pour que ça cesse vite, que les agresseurs s’en aillent d’eux-mêmes, qu’il n’y ait plus besoin de faire semblant de ne rien voir, alors qu’on est un groupe de personnes enfermées dans 30m2 et que l’un d’entre nous (ou plus vraisemblablement l’une d’entre nous) est agressé (e) et que peut-être – éventuellement- si on s’y met à dix, le mec va se barrer.

    Du coup, vos conneries de héros et de ha-bah-moi-c’est-clair-j’aurais-réagi-direct-non-assistance-à-personne-en-danger-tribunal-populaire-de-l’héroisme-ordinaire, ça me fait bien gerber. Cordialement.

  •  » 8012 Le prix du livre
    http://www.les-crises.fr/le-prix-du-livre

    1. L’auteur

    Évidemment, c’est un peu la base du livre…

    On compte en France environ 60 000 auteurs (y compris illustrateurs ou traducteurs), mais seuls 2 500 d’entre eux vivent principalement de leurs droits d’auteur.

    En effet, l’auteur touche de 6 % à 10 % du prix de vente. Conseil du blogueur-auteur : si vous voulez écrire un livre principalement pour l’argent, et que vous n’êtes pas Marc Levy, je vous conseille plutôt de coudre des ballons de foot, le taux horaire est bien plus intéressant…

    2. L’éditeur

    L’éditeur a trois fonctions : intellectuelle, économique et technique.

    Il sélectionne les manuscrits à publier et prépare la création du livre : traduction éventuelle, travail sur le manuscrit, préparation de l’iconographie, création de la maquette et de la couverture, composition et photogravure…

    C’est lui qui finance la création du livre et qui porte l’essentiel du risque financier de l’édition.

    Les exportations représentent environ 20 % des 2,6 Md€ du CA des éditeurs.

    Le secteur est très concentré : les deux premiers groupes d’édition (Hachette Livre et Editis) totalisent environ 35 % des ventes de livres et les douze premiers éditeurs (Hachette Livre, Editis, France Loisirs, Atlas, Média Participations, Lefebvre Sarrut, Gallimard, La Martinière-Le Seuil, Flammarion, Reed Elsevier, Albin Michel et Wolters Kluwer) près de 80 %. Et les 98 premiers éditeurs représentent 92 % du total. Cependant, l’édition française se caractérise aussi par l’existence de très nombreux acteurs indépendants, aux dimensions variables : on dénombre ainsi plus de 8 000 structures éditoriales, dont 4 000 pour lesquelles l’édition constitue l’activité principale et 1 000 dont l’activité est significative sur le plan économique.

    On estime à près de 17 000 le nombre d’emplois salariés dans l’édition de livres.....

    #Amazon
    #Livre
    #Prix unique du livre

  • Changez de vie, apprenez à lire | ploum.net
    http://ploum.net/post/changez-de-vie-apprenez-a-lire

    Pourquoi lire rapidement ?

    La quantité d’information écrite dans le monde est inimaginable. Pour chaque composant de votre vie, il existe des centaines ou des milliers de textes affirmant tout et son contraire. Plus vous en lirez, plus vous pourrez confronter des idées, devenir critique, bâtir votre propre pensée. Mais il ne s’agit pas seulement d’utilitaire. La fiction est le souffle épique de nos vies, une source d’inspiration, de créativité. Ah, si seulement vous aviez le temps de lire tout cela !

    Ce temps, lire rapidement vous l’offre !

    Lire rapidement, c’est comme boire l’apéro rapidement : on savoure moins. Ou pas les mêmes choses.

    • Et c’est d’autant plus vrai quand on ne lit pas que des articles purement informatifs, et plus de plus encore quand on lit de la littérature et de la poésie. Lire Céline ou Rimbaud sans vocaliser, sans entendre la musique qui va avec : quel intêret ?

      C’est sûr que si on ne lit que Libé, Numerama, Github et Marc Lévy, ça peut être utile. :D

    • Lire plus rapidement, c’est avoir plus de temps pour penser à ce qu’on lit. Question d’approche.

      En considérant que le temps gagné sert à faire d’autres choses, tu fais un préjugé très fort.

    • @edas : Quel préjugé ? Je dis juste qu’on savoure moins ou qu’on ne consomme pas les mêmes choses.

      Moi je suis un gourmet des bonnes choses, que la plupart du temps je savoure (voire : que j’annote, dans le cas qui nous occupe), ça ne m’empêche pas de lire vite et en travers comme tout le monde des tonnes de trucs.

      Et donc je ne fais pas de préjugé (du moins je l’espère) mais je ne lis pas la fiction à toute berzingue parce que pas mal de choses doivent décanter, se tourner en bouche, et qu’il n’y a qu’une solution dans mon cas, c’est justement de ne pas lire tout vite.

      J’arrive à la même conclusion que Ploum :

      La fiction est le souffle épique de nos vies, une source d’inspiration, de créativité.

      … mais pas par le même moyen. Je confrontais les pratiques davantage que je ne jugeais, en fait.

    • Hééé, ça fait plaisir de te revoir @notabene !
      Ce qui est magnifique avec la lecture c’est qu’on puisse potentiellement lui consacrer le temps que l’on veut, lui donner le rythme de son choix, la savourer, la désirer, quel luxe !
      Après je trouve très pratique la lecture diagonale, c’est un bon exercice pour le cerveau de chopper la quintessence d’un écrit, voir d’ouvrir au hasard pour savourer un petit bout comme croqué. Mais chaque fois que je reprends un bouquin, j’ai l’impression de lire encore d’autres choses qui m’avaient échappé, et bien évidemment qu’à un autre moment de la vie, cela puisse résonner autrement. Et cette résonance, je me donnerais bien le droit de la quantifier en temps de lecture ! :)

    • Je pense qu’il y a incompréhension sur ce qu’il nomme la lecture rapide. Il ne s’agit pas de « lire vite » dans le sens « lire en travers et moins s’intéresser au contenu », mais dans le sens « voir et comprendre plus rapidement ».

      Ce qu’il vise, et c’est pour ça qu’il parle d’apprendre, c’est ce qu’on enseigne parfois aux thésards dans l’option (quelques heures) qu’ils choisissent et qui représente le seul « cours » qu’ils ont. Sandrine est passée par là, et quand elle m’a expliqué j’ai confronté et c’est un peu ce que je fais naturellement.

      Pour moi ton message c’est comme quelqu’un qui me dit que comprendre ou connaitre les additions et multiplications standard l’empêche de goûter les mathématiques et qu’il préfère continuer à compter sur ses doigts.

      Savourer, annoter, décanter, n’empêche pas la lecture rapide. Je dirai « au contraire ». C’est parce que tu peux comprendre et lire le texte sans passer du temps à faire courir tes yeux sur la page et faire du déchiffrage (le terme parait très « CP » mais ça revient bien à ça, juste en plus efficace) que tu peux passer du temps à penser, à réfléchir, à annoter, à relire, à soupeser, à t’inspirer, à chaque page, chaque paragraphe, chaque chapitre.

      Lui le voit effectivement comme un moyen d’accumuler plus dans la reflexion au lieu de passer plus de temps sur le contenu en cours (et ça me conforte dans l’idée que quand il parle d’apprendre la lecture rapide, il se réfère bien à ces modules qu’on propose parfois aux thésards) mais c’est juste une façon de voir les choses.

      Le préjugé dont je parle, c’est penser que percevoir plus rapidement a forcément pour objectif de passer à la suite plus rapidement, alors que ça peut aussi justement avoir pour objectif de passer plus de temps de réflexion, d’immersion et de plaisir en le gagnant sur l’activité purement physique.

      On peut se dire que le déchiffrage force un peu la patience, et donc cette activité intellectuelle, mais c’est un peu se déresponsabiliser : L’activité intellectuelle tu peux aussi la faire par choix, pas que forcé par la contrainte.

    • J’ai parfaitement compris qu’il parle de comprendre plus vite, pas juste de « lire » plus vite abstraitement. Mais je persiste à dire que ce n’est pas possible dans l’absolu. Plus précisément : c’est possible seulement pour un certain type de textes, formaté d’une certaine manière toujours pareil, etc. Lire comme ça impliquera en partie d’attendre qu’un texte soit formaté de manière à pouvoir le lire comme ça (structure, intertitres, conclusion, pas d’ironie cachée dans des phrases au milieu qui changerait le sens, etc). Et à la longue ça peut donc aussi impliquer de soi-même écrire comme ça.

      Bref, ça va donc pour un truc d’universitaire ouais, lire des infos de journaux classiques, de la documentation sur le web, des textes scientifiques (et tous ces blogs écrits tous pareils).

      Par ailleurs la lecture globale est une aberration pour l’apprentissage de la lecture, donc mettre en avant la mise en mémoire de mots entiers pour des enfants, c’est assez inconscient. Une fois qu’on a déjà appris à savoir déchiffrer tous les phonèmes, qu’on sait lire des mots inconnus sans « deviner », là oui on peut éventuellement se mettre à mémoriser des mots. Mais seulement à ce moment. Si on veut augmenter le risque que nos gosses aient des problèmes de dyslexie ya pas mieux. Qui plus est quand on parle de l’apprentissage « républicain », à tous, pas juste à ceux qui ont des parents cultivés ayant du temps pour aider.

    • @edas :

      Il ne s’agit pas de « lire vite » dans le sens « lire en travers et moins s’intéresser au contenu », mais dans le sens « voir et comprendre plus rapidement ».

      Nan mais oui mais nan. Je comprends bien ce que tu veux dire, je ne parle pas de bâclage et si c’est ce qui ressort de ma réponse alors c’est que tu m’as lu trop vite ;)

      Nous comparons des choses incomparables : tu me parles d’efficacité, je te parle de saveur.

    • Peut être m’exprime-je mal, et dans ce cas n’en faisons pas une discussion interminable, mais je pense que tu te trompes en pensant qu’être capable de lire plus vite se fera au détriment du plaisir. Pour moi l’éloge de la lenteur ça veut dire flâner volontairement, pas peiner pour avancer.