person:jean-philippe toussaint

  • Voilà un #film que j’ai pas revu depuis bien 25 ans, et qui, dans mon souvenir, est celui qui m’a le plus fait (littéralement) hurler de rire au cinéma : La Salle de bain, 1989, de John Lvoff, adapté du bouquin de Jean-Philippe Toussaint (lequel réalisera seul le suivant, Monsieur, l’année suivante). Avec Tom Novembre absolument parfait.

    Il me reste de nombreuses images du film, et surtout des restes de crampes au bide tellement je rigolais. Faut imaginer que j’étais bien le seul dans cet état dans le cinéma de Saint-Michel qui passait ce petit film en noir et blanc.

    Et depuis, en dessert, si c’est une dame blanche, je regarde la boule de vanille fondre dans le chocolat. (Et je dois encore avoir le CD de la bande originale par CharlÉlie Couture quelque part.)

    @philippe_de_jonckheere je suis déjà persuadé que les bouquins de J-P Toussaint, c’est pas ta tasse de thé, mais en film, je trouve ces comédies absurdes absolument irrésistibles.

  • Nuit hachée
    Nuit trouée
    Nuit sans rêve

    Mes cours à l’université
    Sont chahutés
    Je suis ridiculisé

    La voiture ne parvient pas
    À monter la rue du ruisseau
    À Fontenay, elle redescend sans cesse

    En notant la date
    Pour les rêves de ce matin
    Non, septembre c’est déjà du passé ?

    Je dépose Sarah à la gare
    Je prends les informations
    Du Macron en veux-tu en voilà

    Le président Macron
    A tapé du poing sur la table
    Quel enfant mal élevé

    Le président Macron a tapé du poing sur la table
    Le président Macron a exigé que
    Le président Macron a obtenu

    Le Maréchal a dit, le Maréchal a fait
    Ils s’écoutent un peu à la radio ?
    Comme ça pour voir ?

    Et
    Pendant ce temps-là
    En Catalogne : si !

    Dans le journal aussi
    La disparition
    De Phil

    SMS de la cloison
    Béton armé
    Allegra

    À la terrasse du café
    Deux jeunes femmes travaillent
    Soi-disant à un spectacle : on n’entend qu’elles

    Ah mais ça c’est l’idée du siècle !
    Explose l’une. Vous avez trouvé
    Le remède contre le cancer ? risqué-je

    J’entame la deuxième relecture
    De Frôlé par un V1 (les Fantômes)
    Avec l’ardeur relative d’un alpiniste au pied du mur

    Pour me distraire
    J’imprime quelques pages des Anguilles
    À emmener pour la salle d’attente ce soir

    Ces derniers temps mon inconscient
    Me laisse un peu en plan
    À qui s’en plaindre ? À mon psy demain ?

    À mon travail, je fais le crocodile
    Immobile des jours, foudroyant
    Quand une proie imprudente…

    Aujourd’hui
    Le crocodile est sorti de l’immobilité
    Deux fois

    Sur le banc de l’école
    Je lis
    Jean-Philippe Toussaint

    En attendant que Zoé ne sorte
    Sur le banc de l’école
    J’éclate de rire à plusieurs reprises

    Dans la salle d’attente de la psychologue de Zoé
    Je dispose d’un bureau
    Sur lequel je travaille toujours très bien

    Je relis le début de Frôlé par un V1
    Passent autour de moi, me frôlent
    Psychologues, psychomotriciens, orthophonistes

    Émile nous a fait des pâtes
    Elles sont délicieuses
    Émile, Zoé et moi à table

    Une partie extraordinaire
    Avec Émile, répartition des pièces
    Hors norme, Émile gagne

    Rien à cacher de Marc Meillassoux
    Devrait être obligatoire
    Pour tout achat d’un ordinateur

    #mon_oiseau_bleu

  • Invraisemblable puissance érotique
    Du rêve de cette nuit
    La contemplation d’un paysage

    Je l’emmène au cirque de Navacelles
    Je découvre subitement sa nudité
    Je jouis !

    Comment négocier le début du jour
    Après cela, commençons
    Par une douche !

    Sarah me replonge
    Dans le quotidien
    En une fraction de seconde

    Quand on n’a que 18 ans
    Il peut arriver qu’on ait des pensées
    De jeune fille de douze ans, et ça surprend !

    J’attends l’heure du départ
    En lisant quelques pages du dernier Toussaint
    Et j’éclate de rire. Plusieurs fois

    Tous les matins Zoé me texte
    Pour me rassurer : « je suis dans le bus »
    Hier je lui fais remarquer que ce n’est pas original

    Ce matin, heure habituelle
    « Je suis dans la licorne
    Numéro 46 ! »

    Il n’est pas 8H13
    Et je lis déjà
    Deux auteurs comiques

    Zoé
    Et
    J.-P.T.

    Et vers dix heures
    Je décide de démarrer
    Une quête ardue et âpre

    Demande d’expertise
    Douze mails qui partent
    Avec cet objet lourd de sens

    Est-ce que les trois psychiatres
    Qui me répondent dans le quart d’heure
    Savent qu’ils m’envoient un signal douteux ?

    Et puisque j’en suis dans la lutte
    Contre le mensonge
    Je prends un collègue la main dans le sac

    Et donc lesté de tant de contrariétés
    Je pars prendre une pause méridienne
    Au café, au soleil, devant un tas de feuillets

    Et je prends un plaisir
    Rare, insigne à écrire
    A amender mes Fantômes

    Et je m’étonne
    D’une chasse aux fantômes
    Aussi productive

    Jusqu’au fantôme
    D’Henri Regnault
    À Garches, rue du 19 janvier 1871

    Je sors de l’open space
    L’esprit chamboulé
    Sans doute l’évocation de Chris Evert

    Ces Fantômes
    Me ramènent à des sentiments
    Enfouis : ce sont bien des fantômes

    Crises de rire à répétition
    En lisant Made in China
    De Jean-Philippe Toussaint

    Je peux bien l’avouer
    Made in china
    Est LE livre que je voulais écrire avec Chinois

    C’est marrant
    De s’endormir
    En riant

    #mon_oiseau_bleu

  • Rêve complexe dont je ne retiens
    Qu’une chose, les pitreries de mon cousin Raymond
    Au piano, dont je ne me demande pas de quoi il est le nom

    Cette note-là c’est un si
    Et cette note-ci c’est un la
    C’est ainsi

    J’emmène ma belle étudiante
    À la gare de Réseau Express Régional
    Avant-hier je lui donnais le biberon

    Du coup j’arrive fort tôt
    Dans un open space
    Désert et enténébré

    Et me voilà replongé
    De bon matin, avant huit heures
    Dans le ton comminatoire

    Je sors prendre un café
    Je croise mon amie Rachel avec qui
    I am pouring my heart out

    En fait c’est en me confiant
    À mes prochains que je mesure
    Le poids de ce que je porte

    Longue conversation téléphonique
    Avec Laurence fragilisée
    Je frissonne à l’ombre

    Et du coup je rentre
    Frigorifié
    Dans l’air climatisé

    J’écris de longs mails
    Que je corrige sans cesse
    Et que je n’envoie pas

    J’écris de longs mails
    Que je n’envoie pas
    Pour me donner le temps

    Le temps de réfléchir
    Le temps de mesurer
    Le temps d’anticiper

    Arrive l’heure du goûter
    Et c’est un autre costume qu’il faut revêtir
    Celui de père qui emmène sa Zoé chez la psy

    Dans la salle d’attente
    Je reprends la première impression
    Des Fantômes , que de corrections !

    Que de corrections !
    Que d’ajouts !
    Que de suppressions !

    Première relecture du tapuscrit
    Des Fantômes , encore onze fois
    Et cela ressemblera à des phrases

    Puis tu ouvres le dernier livre
    De Jean-Philippe Toussaint
    Et ce que tu lis coule de source

    Tu pousses du col
    Si cela se trouve Toussaint
    Aussi, reprend ses phrases douze fois

    Cuisiner le dîner, aller chercher
    Sarah au Réseau Express Régional
    Faire la vaisselle

    Ce n’est pas fini
    Faire la valise d’Emile
    Faire le support informatique de Sarah

    Il est 21H30 quand tu allumes ton ordinateur
    Il est 21H33 quand tu ouvres ton fichier
    À 21H45 tu n’as toujours pas pissé une ligne

    Tu considères l’écheveau
    Des corrections des Fantômes
    Tu n’as pas la force ce soir

    Au lit
    Avec
    Toussaint !

    Tomorow
    Is Another
    Day
    . Espérons-le !

    #mon_oiseau_bleu

  • Les Editions de Minuit à travers une collection d’entretiens
    http://www.franceculture.fr/litterature/histoires-d-editeurs-paroles-d-auteurs-les-editions-de-minuit-travers-

    Pierre Bourdieu, Alain Robbe-Grillet, Jean-Philippe Toussaint, Michel Butor... autant d’auteurs phare des Editions de minuit, dont le travail est intimement lié au parcours dans la maison de Jérôme Lindon. Redécouvrez l’intégralité de leurs entretiens « A voix nue » sur France Culture. Source : France Culture

  • http://www.desordre.net/blog/?debut=2015-09-27#3118

    C’est un travers fréquent des grands hommes que de perdre toute intelligence quand il nous parle du train électrique de leur enfance, pire de celui qu’ils continuent de faire tourner dans leur grenier tous les soirs avec de nouveaux aiguillages, (moi par exemple ce sont les maquettes d’avion, est-ce que je vous embête avec mes maquettes d’avions ?) et Jean-Philippe Toussaint, auteur de romans tellement novateurs, tellement désopilants, cinéaste accompli notamment avec la Patinoire, en fait la parfaite démonstration en nous parlant de sa passion pour le football.

    Dessin de @l_l_de_mars

    • Marrant, j’avais une réflexion connexe ces derniers jours, sur la passion des entreprises commerciales pour le sport… enfin, pas tous les sports, juste certains sports.
      Ma banque sponsorise le rugby. Elle le fait depuis des années. Pas l’équitation. Pas le patinage à glace. Le rugby. Soit.
      Mais elle n’est pas la seule. Et quand ce n’est pas la banque, c’est la mutuelle. Et quand ce n’est pas le rugby, c’est le foot.

      Là, c’est la CCI régionale qui réserve des places spéciales UEFA (je ne sais toujours pas ce que c’est cette connerie, mais probablement encore une histoire de mecs suants et de ballons) pour ses adhérents.

      Le département offre un chèque à tous les gamins qui ont pris une licence de sport. C’est cool. Les collectivités locales financent des installations sportives. Généralement des stades. Pour le rugby. Ou le foot. Et le gros des sports à licence, c’est le rugby. Ou le foot. Et les petits garçons.

      Pour le théâtre, la danse, les échecs, l’escalade, la rando… les trucs plus culturels, moins compétitifs et moins virils… ben, rien. Pas assez « populaire », parait-il.

      Pas assez dominants, oui.

      En cherchant, il me semble que le ver est dans le fruit, car notre société a beaucoup de qualité, je ne le nie pas, nous vivons dans une démocratie, on a le droit de parler etc, je ne dis pas de mal de ma société occidentale, mais je suis bien obligé quand même d’être lucide ! Je veux dire qu’elle a quelquespetits défauts ! Et elle a un défaut majeur, le ver qui fait pourrir le fruit, ce ver c’est, il me semble, l’esprit de compétition ! L’esprit de compétition, je regarde l’autre et j’ai peur,et je l’emporte sur lui, et je gagne ! Et on essaie de faire des gagnants ! Mais chaque fois qu’on fait un gagnant, on fait toute une multitude de perdants ! Je n’ai pas le droit de faire des perdants !

      Alors de façon immédiate, je m’interroge sur ce qui est le plus beau symbole de la compétition et je ne vais pas chercher bien loin. Il se trouve qu’au mois d’août, il y a les Jeux Olympiques. Or, les Jeux Olympiques, c’est quoi ? C’est la compétition ! Oh, bien sûr, on m’explique qu’à la suite de Pierre de Coubertin, l’important c’est de participer mais pas de gagner. Mais il suffit d’y aller, et j’y suis allé à plusieurs reprises, et regarder pour s’apercevoir que c’est une belle hypocrisie ! Il n’est question que de gagner, on ne demande que cela, on le demande aux athlètes et on le demande aux villes qui se présentent pour organiser les jeux. Vous savez qu’actuellement Paris présente sa candidature pour organiser les jeux en 2012, mais il va s’agir de se battre contre d’autres villes, je sais pas lesquelles, pour pouvoir l’emporter sur l’autre. D’un bout à l’autre les Jeux Olympiques sont le symbole de la compétition, or on a besoin de symbole, mais celui de la compétition, non !

      Alors du coup, ce n’est pas pour faire de la pub, mais je suis obligé d’en parler, il se trouve que je me suis dit qu’il faut l’écrire puisque tu le penses mon ami ! Alors j’ai fait un petit bouquin en disant : « Halte aux Jeux » ! Ça m’a appris beaucoup de choses : ça m’a appris qu’effectivement les grands sportifs, les vrais, sont ceux qui ne cherchent pas à gagner.

      http://www.ethologie.info/revue/spip.php?article15

  • http://myboox.f6m.fr/images/livres/reference/0018/40/l-urgence-et-la-patience-9782707322265.gif

    Lire Jean-Philippe Toussaint, ça passe ou ça casse.
    Ecrivain fétiche des fameuses Editions de Minuit au style minimaliste et à l’humour décalé.
    J’avais beaucoup aimé lire ses romans « La Salle de bain » (1985), « La Télévision » (1997, Prix Victor Rossel) et « Fuir » (2005, Prix Médicis).

    Ici, dans « L’Urgence et la Patience », il nous plonge 20 000 lieues sous l’écriture.
    Respirez !
    Ecrivain comme si vous l’étiez ! Immersion totale !

    Le livre, ce « rêve de pierre » (Baudelaire).
    Le rêve de liberté, de l’inconnu, de l’audace, du risque et du fantasme.
    La pierre solide et ferme du travail inlassable.
    L’urgence de l’impulsion, de la fougue, de la vitesse et de la fragilité. Rimbaud et Dostoïevski.

    La patience de la lenteur, la constance et l’effort. Flaubert et Kafka.
    Il FAUT lire le « Journal » de Kafka, authentique et presque maladive déclaration d’écriture pour comprendre le dur labeur de l’écrivain. Non le génie ne tombe pas du ciel !
    L’écrivain pousse sa charrue dans l’éreintante terre des mots. En serrant les dents. Souvent.

    « L’urgence est un état d’écriture qui ne s’obtient qu’au terme d’une infinie patience. »
    Descente en scaphandrier dans les fonds de l’écriture.
    Respirez.
    « Il faut plonger, très profond, prendre de l’air et descendre, abandonner le monde quotidien derrière soi et descendre dans le livre en cours, comme au fond de l’océan. »

    Secret intime d’écrivain : « Il faut éteindre beaucoup de vie réelle pour obtenir le concentré d’une seule page de fiction. »
    La méthode Toussaint vaut bien la méthode Dunkan !

    C’est un livre sur la lecture aussi.
    Lire les fabuleux 8 000. Où comment le lecteur téméraire devient un alpiniste accompli.
    Lire « Ulysse » de Joyce, « Au-dessous du volcan » de Malcolm Lowry, « L’Homme sans qualités » de Musil ou « Le quatuor d’Alexandrie » de Durrell. Bon courage pour certains que ne citerai pas !
    Faut s’accrocher ferme. Pas peur du vertige. De la chute.
    De l’abandon.
    (Non, cherchez pas, y’a pas le livre de Dunkan dans les 8 000 !)

    Des conseils : lire Proust en commençant par la deuxième partie de « Du côté de chez Swann » en sautant « Combray » et en allant directement à « Un amour de Swann ». J’approuve !

    La pente (ou la montée) semble plus douce. Descendre (ou remonter) par « Combray ». Avec rappel. Aller plus haut comme dirait Tina Arena ! (Non, cherchez pas, y’a pas de livre de Tina Arena ! Non, cherchez pas, vous dis-je, même sur la morne plaine, y’a pas !)
    Lire Dostoïevski. Un autre 8 000. A couper le souffle. Paliers de décompression obligatoires. Retour sur le plancher des vaches difficile. J’approuve aussi !

    Des citations.
    « Un livre doit être la hache qui brise la mer gelée en nous. » Kafka.
    J’adore.
    « J’ai l’amour du mot, les mots ont été mes seuls amours, quelques uns. » Beckett. J’adore aussi.
    Des hommages. Beckett. Jérôme Lindon le directeur emblématique des Editions de Minuit, décédé en 2001.

    Un livre qui donne envie de lire et...d’écrire...Un livre qui donne envie est toujours un bon livre !
    Pour moi, ça passe...

    Ecrire c’est « Fermer les yeux en les gardant ouverts. »
    Expirez ! Remontez à la surface...