person:ian b.

  • Ian B., membre du collectif Désarmons-les interpellé à Paris ! – Désarmons-les !
    https://desarmons.net/index.php/2019/03/26/ian-b-membre-du-collectif-desarmons-les-interpelle-a-paris

    Ce lundi 25 mars en fin d’après-midi, alors qu’il rentrait d’une conférence qu’il dispensait sur le maintien de l’ordre, Ian B, membre de notre collectif a été interpellé à sa sortie du train.

    Il a été placé en garde à vue pour port d’arme prohibée, en l’occurence des munitions vides qui illustraient son exposé et qu’il transportait sur lui.

    Il est actuellement détenu dans les locaux du commissariat du 7ème arrondissement.

    On ne peut s’empêcher de lier cet évènement au travail de fond, de recensement et d’accompagnement des blessé.e.s, qu’accomplit notre collectif depuis plusieurs semaines afin de visibiliser les violences policières inédites que subissent les Gilets Jaunes.

    Nous dénonçons cette interpellation aux allures d’enlèvement, qui s’apparente aux agissements d’une police politique, dont les intimidations vont croissantes à l’encontre des acteurs de la contestation sociale. Nous demandons la libération immédiate et inconditionnelle de Ian et la restitution de l’intégralité de son matériel de conférence !

    Le Collectif Desarmons-les

    Du 29 au 31 mars 2019, bloquons l’usine Alsetex et toutes les usines d’armement des forces de l’ordre !
    https://paris-luttes.info/du-29-au-31-mars-2019-bloquons-l-11834

    #armes_de_la_police #répression #police #maintien_de_l'ordre #intimidation

    • Un fiché S d’ultragauche qui transportait des grenades en garde à vue, Aziz Zemouri, Presse policière
      https://www.lepoint.fr/societe/un-fiche-s-d-ultragauche-qui-transportait-des-grenades-en-garde-a-vue-26-03-

      [Monsieur], 33 ans, considéré comme membre de l’ultragauche, a été interpellé hier à la gare Montparnasse. Il transportait de nombreuses armes dans ses bagages.

      Ian libéré avec un rappel à la loi ! , Mise à jour : aujourd’hui à 19h06

      https://paris-luttes.info/ian-b-de-desarmons-les-interpelle-11869

      Incroyable mais vrai, Ian vient d’être libéré avec un rappel à la loi, on attend les détails pour donner de plus amples informations sur cette nouvelle péripétie sécuritaire en macronie …

      # Mise à jour : aujourd’hui à 17h49

      Communiqué de l’Assemblée Des Blessé-es

      Ce lundi 25 mars en fin d’après-midi, alors qu’il rentrait d’une conférence qu’il dispensait sur le maintien de l’ordre, Ian B, membre de Désarmons-les et de l’Assemblée Des Blessé-es, a été interpellé à sa sortie du train.

      Il a été placé en #garde_à_vue pour port d’arme prohibée, en l’occurrence des munitions vides qui illustraient son exposé et qu’il transportait sur lui.

      Il est actuellement détenu dans les locaux du commissariat du 7e arrondissement.

      On ne peut s’empêcher de lier cet évènement au travail de fond, de recensement et d’accompagnement des blessé-es, qu’accomplissent nos collectifs depuis plusieurs semaines afin de visibiliser les violences policières que subissent les Gilets Jaunes, et depuis de nombreuses années sur les habitants des quartiers populaires, et tout ceux qui luttent.

      Ian est un spécialiste reconnu pour ses expertises sur l’usage disproportionné de la force dans le maintien de l’ordre, ses articles sur la dangerosité des armes ont largement été diffusé dans la presse nationale, et de nombreux médias audio et télévisuels ont fait appel à lui. En plein débat sur les armes mutilantes, ses interventions sur le sujet ont permis d’informer la population sur la nocivité de ces armes de guerre, voire d’identifier les projectiles et notamment les grenades (confondues avec les fumigènes) et ainsi éviter des mains arrachées.

      Il est évident que l’état veux faire payer à Ian son soutien aux victimes des forces de l’ordre, blessées, ou tuées.

      Nous dénonçons cette interpellation aux allures d’enlèvement, qui s’apparente aux agissements d’une police politique, dont les intimidations vont croissantes à l’encontre des acteurs de la contestation sociale.

      Nous demandons la libération immédiate et inconditionnelle de Ian et la restitution de l’intégralité de son matériel de conférence !

      RENDEZ-VOUS 18H, AU COMMISSARIAT DU 7e ARRONDISSEMENT,
      9 RUE FABERT (ESPLANADE DES INVALIDES).

      Assemblée Des Blessé-es, des Familles et des Collectifs contre les violences policières.

      # Mise à jour : aujourd’hui à 17h13

      Propagande policière suite à l’interpellation de Ian B.
      "Un fiché S d’ultragauche qui transportait des grenades en garde à vue" - "Une figure de l’Ultra-gauche fichée "S" interpellée avec des munitions policières" - « un leader de la mouvance anarcho-autonome susceptible d’inciter ou de se livrer à des actes subversifs violents contre les institutions ou les forces de l’ordre »...

      Plusieurs médias (Le Point, LCI...), visiblement en manque de sensationnalisme, reprennent avec toute la finesse journalistique qui leur est propre la #communication_policière à propos de cette interpellation... Rappel rassemblement de soutien à 18h devant le commissariat du 7e, solidarité face à la répression !

      Le #rappel_à_la_loi étant une reconnaissance de culpabilité ( qui fournit la "reine des preuves", l’aveu), on devrait en savoir plus sur ce qui a motivé son acceptation (niveau de pression et de menaces).

      Un militant d’ « ultragauche » armé de grenades a-t-il été arrêté à Paris lundi ?
      https://www.liberation.fr/checknews/2019/03/26/un-militant-d-ultragauche-arme-de-grenades-a-t-il-ete-arrete-a-paris-lund

      Contactée par CheckNews en fin d’après midi, Lucie Simon, une des avocates de Ian B, a infirmé formellement l’interdiction de séjour à Paris de son client évoqué par Le Point. « C’est faux, le contrôle judiciaire a été levé il y a deux ans. » L’avocate a aussi annoncé le depôt prochain d’une plainte pour violation du secret professionnel, « une plainte contre X visant les fonctionnaires ayant diffusé des informations dont les avocats, à ce stade de l’enquête, n’étaient même pas au courant ».

    • Les chiens de garde et le pilori ! 26 mars 2019, desarmons-les, Communiqué

      https://desarmons.net/index.php/2019/03/26/les-chiens-de-garde-et-le-pilori

      Il n’a pas fallu entendre longtemps pour entendre les chiens de garde hurler au loup et brandir le parfait arsenal de l’#ennemi_intérieur pour justifier l’#arrestation on ne peut plus politique et ciblée d’un membre de notre collectif.

      Tout y est : “figure de l’ultragauche”, “assignation à résidence”, “fiche S”, “fiche J”, “mouvance contestataire radicale”, “mouvance anarcho-autonome”. Et pour peaufiner le tableau, on saupoudre de souffre avec la DGSI, le Renseignement Intérieur, tout le petit monde secret qui se dispense bien de jamais devoir se justifier sur ses affirmations, ses investigations et dont les fuites savamment orchestrées auprès de journalistes trop contents de manger dans les mains des puissants, achèvent de convaincre tout un chacun que le pilori s’impose.

      Aujourd’hui nos champions se nomment Aziz Zemouri pour le Point et Georges Brenier pour LCI. Le journalisme à la petite journée a de beaux jours devant lui : pas besoin de vérifier l’information, en matière de propagande c’est l’information qui a valeur de vérité.

      Fiche J ? Non Ian (on conservera son souhait de dénomination ici, n’en déplaise aux vautours qui sont prompts à livrer leur prochain à la vindicte populaire) n’a jamais été avisé qu’il écopait d’une fiche J et n’a par conséquent pas pu enfreindre une interdiction de Paris.

      Fiche S ? Comme les fiches J, il semble qu’elles soient furieusement contagieuses, et ce proportionnellement au degré de paranoïa du pouvoir en place. Malgré de nombreuses sollicitations de la société civile, on ne sait toujours pas quels sont, à ce jour, sinon la subjectivité d’agents du renseignement territorial, les conditions d’attribution d’une fiche S. De même que la qualification d’appartenance à une mouvance d’ultra-gauche est un moyen bien commode pour ouvrir la foire à l’enchère émotionnelle à qui vendra la plus belle corde de chanvre pour l’extrémiste capturé. On a pu voir dans l’affaire Tarnac, qu’au bout de 10 ans et des dizaines de milliers de pages d’instruction il ne restait que peau de chagrin, le vide béant de politiciens en perte de légitimité, de policiers en pleine querelle et débâcle institutionnelle et le foulard rouge agité par un médiocre Cassandre des temps modernes, M. Alain Bauer.

      COP21 : non il n’a jamais pu être établi à l’encontre de Ian des ” suspicions d’actions avec d’autres camarades contre l’organisation de la COP21 “, y compris par l’appui des fameuses notes blanches, aussi blanches que leur dénomination. Aujourd’hui Ian, après plusieurs recours contre l’assignation à résidence devrait bientôt voir son dossier examiné à la Cour Européenne des Droits de l’Homme.

      Un “véritable arsenal” dans ses valises ? Ces grenades ont été systématiquement collectées sur des lieux de manifestations après le terme de celles-ci et se sont donc consumées, et si certaines contiennent encore leur principe actif (le gaz CS sous forme de biscuit), elles ne constituent en rien un arsenal, sauf à être déposées au cœur d’un brasier et y dégager les fameuses fumées qui asphyxient nombre de manifestants ces dernières semaines. (...) [et avec un article des procureurs de LCI]

    • Un membre du collectif « Désarmons-les » a été interpellé lundi et placé en garde à vue jusqu’à mardi soir. « Il a été arrêté directement à sa sortie du train, il était clairement ciblé, estime un militant du collectif. S’agit-il d’un coup de pression par rapport au travail de recensement des blessés que nous faisons ? » Le collectif appelle à des rassemblements partout en France du vendredi 29 au dimanche 31 mars, sur différents sites de fabrication de matériel de maintien de l’ordre, telles que LBD, grenades lacrymogènes ou de désencerclement (voir la carte réalisée par Basta !). @bastamag
      https://www.bastamag.net/Un-membre-du-collectif-Desarmons-les-arrete-avant-les-rassemblements-du-we

  • L’État et les violences policières : « Une machine de guerre qui n’a ni remords, ni états d’âme, et où tous les coups sont permis »
    https://reporterre.net/L-Etat-et-les-violences-policieres-Une-machine-de-guerre-qui-n-a-ni-remo

    Documenter les violences policières et juridiques : mercredi 20 mars, témoins, experts, journalistes, juristes ont fait ce travail essentiel dans une réunion publique à Paris. Soulignant la gravité de la rupture autoritaire qui est en train de se produire.
    Paris, reportage

    La grande salle de la Bourse du travail, à Paris, était pleine mercredi 20 mars au soir pour la présentation des premières conclusions de la « commission d’enquête » sur la répression, la violence policière, la loi anti-manifestations, organisée à l’appel d’organisations syndicales [1]. Trois heures durant, les « enquêteurs » — le président et cofondateur de Mediapart Edwy Plenel, l’avocate et membre du syndicat des avocats de France (Saf) Judith Krivine et le journaliste à Radio France Antoine Chao — ont orchestré les prises de parole de nombreux témoins sur trois thèmes : les blessés en manifestation, les politiques répressives et les perspectives.

    Ian B., membre du collectif Désarmons-les !, a ouvert la soirée avec le bilan provisoire établi par le collectif — 170 blessés graves depuis le début de la mobilisation des Gilets jaunes, en novembre 2018. Le collectif, qui émane de l’Assemblée des blessé.e.s constituée en novembre 2014 à Montreuil à la suite de la mort de Rémi Fraisse, s’est donné pour mission d’accompagner les personnes blessées et leurs familles dans leur parcours judiciaire et leur reconstruction psychologique, et d’informer sur le maintien de l’ordre en France — notamment les armes utilisées. « C’est une réalité à laquelle on ne s’attendait pas : on a recensé autant de blessés en trois mois que pendant les vingt années précédentes », a souligné Ian B.

    Le bilan du journaliste David Dufresne, diffusé sur son fil Twitter et Mediapart, précise le tableau : un décès — celui de Zineb Redouane, 80 ans, touchée au visage par une grenade lacrymogène alors qu’elle fermait ses volets, le 2 décembre à Marseille —, 222 blessés à la tête, 22 éborgnés et cinq mains arrachées. Depuis décembre, le journaliste indépendant interpelle le ministère de l’Intérieur sur les blessures causées par les armes de la police et les exactions commises par les forces de l’ordre, par la formule devenue rituelle « allo @Place_Beauvau — c’est pour un signalement ». « Pendant plus d’un mois, j’ai travaillé seul. Au début régnait un grand silence médiatique, qui a contribué au déni politique. Cette semaine, on a encore pu entendre le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, déplorer que les lanceurs de balle de défense [LBD 40] n’avaient pas été suffisamment sortis. C’est faux, un jeune homme a perdu son œil près du Fouquet’s le 16 mars et personne n’en a parlé. »

    Laurent Thines, neurochirurgien et chef de service au CHRU de Besançon, a lancé en janvier une pétition demandant « un moratoire sur l’utilisation des armes dites moins létales ». Tout en faisant défiler des images insoutenables de mâchoires déchiquetées, de mains arrachées et d’orbites énucléées, il a alerté sur les dégâts causés par les armes de force intermédiaire — LBD 40, grenades lacrymogènes instantanées GLI-F4, grenades de désencerclement — sur les corps humains. « Un projectile de LBD 40 lancé à plus de 90 mètres par seconde, soit 324 kilomètres par heure, a une force d’impact de 200 joules. C’est comme si on vous lâchait un parpaing de 20 kilos d’une hauteur d’un mètre sur le visage ou la tête ! » Devant la radio d’un Gilet jaune s’étant pris un tir de LBD dans la tempe, il a dénoncé une blessure similaire à celles causées par des accidents de voiture ou des coups de batte de base-ball : « Le crâne est enfoncé et, pire de mon point de vue de neurochirurgien, le cerveau en dessous est abîmé. Or, le cerveau, on n’en a qu’un seul et une fois qu’il est abîmé, on ne s’en remet jamais vraiment. Celles et ceux qui ont un proche qui a fait un accident vasculaire cérébral le savent. »

    « C’est une volonté d’entraver le droit de manifester écrite noir sur blanc »

    Pour protester contre la fabrication et la commercialisation de ces armes, Ian B. a relayé un appel à bloquer les usines de fabrication de ces armes à partir du vendredi 29 mars : le siège social d’Alsetex à Muret (Haute-Garonne) et son usine à Mazères (Ariège), la fabrique de Flash-Balls et de grenades de désencerclement Verney Carron à Saint-Étienne (Loire), la fabrique de grenades lacrymogènes Nobel à Pont-de-Buis-lès-Quimerch (Finistère), etc.

    Ces blessures s’inscrivent dans un contexte de politiques répressives, ont observé et analysé les témoins du débat suivant. Globalement, « les gouvernements qui se succèdent privent les salariés de leurs droits et leur rendent l’accès au juge plus difficile, ce qui rend les recours de plus en plus décourageants. Bientôt, ils ne pourront plus recourir qu’à la violence pour se faire entendre, comme le montre très bien le film En guerre de Stéphane Brizé », a alerté Mme Krivine.

    En parallèle, la répression des mouvements sociaux s’intensifie. Christian Mouhanna, sociologue et directeur du Centre de recherche sociologique sur le droit et les institutions pénales (Cesdip), observe une « fuite en avant répressive », que les gouvernements successifs tentent de justifier en faisant un « amalgame entre populations de banlieues assimilées à des terroristes et manifestants ». Cette stratégie, amorcée par la loi sur la sécurité quotidienne de novembre 2001, s’est poursuivie pendant les manifestations pour le climat de fin 2015 et celles contre la loi Travail de 2016. En outre, « on assiste à une remise en cause du maintien de l’ordre à la française qui consistait à créer des troupes spécialisées pour tendre vers le zéro mort et le moins de blessés possible », signale le sociologue, en pointant la présence récente en manifestation de la brigade anticriminalité (BAC), « la plus bêtement répressive », et sa militarisation.

    Anne-Sophie Wallach, secrétaire nationale du Syndicat de la magistrature, dénonce de son côté une instrumentalisation du droit « non plus pour punir les personnes qui ont commis des délits, mais à des fins de maintien de l’ordre ». « Le 8 décembre, pour plus de 900 placements en garde à vue, on a eu plus de 500 classements sans suite, faute d’éléments contre les personnes », a-t-elle dit. Derrière ces interpellations massives, le délit de participation à un groupement ayant l’intention de commettre des violences, introduit dans le droit en 2010 pour lutter contre les « bandes » des quartiers populaires — « une qualification floue, en tout cas extensive, qui permet le placement en garde à vue car ce délit est passible d’emprisonnement ». Autre levier, la réquisition particulière, « qui permet aux forces de l’ordre de relever l’identité dans les gares, au niveau des péages, sans recourir aux critères classiques ». Enfin, la magistrate dénonce les pressions exercées sur la justice notamment par la garde des Sceaux : « Le 8 décembre, la ministre s’est rendue à la permanence du parquet de Paris, où les magistrats reçoivent les appels concernant les gardes à vue, pour annoncer que la fermeté était de mise. Ces pressions ne sont pas acceptables. Pourtant, elles sont confortées par le procureur de Paris, qui a livré comme instruction aux magistrats de permanence les week-ends de mobilisation, ne lever les gardes à vue que le samedi soir ou le dimanche matin, même en cas de classement sans suite. C’est une volonté d’entraver le droit de manifester écrite noir sur blanc ! »

    « Le pouvoir est violent, mutile et continue de tuer. Mais nous pouvons renverser ensemble cette machine de guerre »

    Les militants sont nombreux à avoir fait les frais de ces politiques. Parmi eux, le secrétaire départemental de SUD PTT, Gaël Quirante, qui a dénoncé 13 interventions policières dans son centre postal et quatre convocations au commissariat pour violation de domicile, contre des postiers grévistes en Île-de-France. Dans la salle, un Gilet jaune a raconté la répression policière contre la première « Nuit jaune », le 26 janvier place de la République à Paris : « Jusqu’à 19 h, l’ambiance était très festive. Puis, sans crier gare, la police a inondé la place de lacrymos et a chargé pour nous pousser contre les canons à eau. On n’avait nulle part où aller, on s’est pris des gaz, c’était très violent. »

    Les perspectives pour les mobilisations ont été abordées en troisième partie de soirée. « Le gouvernement s’apprête à interdire la lutte par ce qu’il appelle la “loi anti-casseurs”, mais qu’au syndicat nous appelons la “loi anti-manifestants” », a averti Laurence Roques, présidente du SAF. La proposition de loi, déposée à l’origine par le sénateur Les Républicains Bruno Retailleau, est d’abord tombée aux oubliettes avant d’être ressuscitée par le gouvernement, qui a manœuvré pour la faire adopter le 12 mars, malgré des réticences jusque dans la majorité. « Toute personne pourra faire l’objet d’une interdiction a priori de manifester, dès lors que son comportement laisse entendre qu’il peut causer un trouble à l’ordre public, a expliqué l’avocate. Seul un juge administratif des référés pourra invalider cette décision, mais la manifestation sera finie avant même qu’il ait le temps de statuer. » Autres mesures liberticides aux yeux de Me Roques, le délit de dissimulation du visage — « la loi ne précise pas si des lunettes de soleil ou un foulard constituent des dissimulations » — et le fichage de personnes qui ont troublé l’ordre public ou « exprimé leur opinion » — « une mesure qui va à l’encontre de la loi de 1978, qui interdit le fichage pour opinion politique ou action syndicale ».

    Sophie Chapelle, journaliste à Bastamag, s’est inquiétée de dix années de régression du droit de manifester, à raison d’une nouvelle loi sécuritaire tous les deux ans : « La loi de programmation militaire de 2013, qui étend la possibilité de surveillance au-delà du contrôle judiciaire, la loi de 2015 sur le renseignement, celle de 2016 contre le crime organisé, qui intègre des mesures de l’état d’urgence, et la loi sur la sécurité intérieure et le terrorisme de 2017, qui autorise la mise en place de périmètres de protection avec fouille systématique. » « La loi anti-manifestants a été adoptée le 12 mars ; de nouvelles mobilisations ont eu lieu le 16, et le 18, le Premier ministre, Édouard Philippe, n’a fait que des déclarations sécuritaires et annoncé un renforcement du maintien de l’ordre », déplore-t-elle.

    Assa Traoré, dont le frère est mort en juillet 2016 sur le sol de la gendarmerie de Persan (Val-d’Oise), a fustigé un « État antidémocratique, répressif, violent, une machine de guerre qui n’a ni ni remords, ni états d’âme, où tous les coups sont permis ». « Le pouvoir est violent, mutile et continue de tuer. Mais nous pouvons renverser ensemble cette machine de guerre », a-t-elle assuré.

    Que faire à présent, au-delà de l’information toujours essentielle sur la brutalité croissante de l’État, et alors que, comme l’a rappelé Edwy Plenel, « le droit de manifester est un droit fondamental » ? L’idée d’une Coordination nationale contre la répression a été avancée.

    Une réunion aura lieu cet après-midi jeudi 21 mars à l’Assemblée nationale, réunissant représentants de partis de gauche et d’organisations préoccupées par les droits de l’Homme, pour répondre collectivement aux « attaques contre les libertés publiques », indique à Reporterre la députée France insoumise Mathilde Panot.

    #violences_policières #répression

  • Gilets jaunes : le #décompte des #blessés graves

    Après l’acte X, #Checknews compte désormais, au 21 janvier, 109 blessés graves parmi les gilets jaunes et les journalistes, dont 79 par des tirs de #lanceur_de_balle_de_défense. Au moins 15 victimes ont perdu un oeil.

    https://www.liberation.fr/checknews/2019/01/14/gilets-jaunes-le-decompte-des-blesses-graves_1702863

    #statistiques #chiffres #gilets_jaunes #violences_policières #maintien_de_l'ordre #flash-ball #flashball

    Le compte twitter de @CheckNews (de l’équipe de Libé) :
    https://twitter.com/CheckNewsfr

    • Le terrible #bilan de deux mois de violences policières

      Depuis le début de la mobilisation Gilets jaunes, plusieurs recensements font état d’au moins 97 blessés graves par les armes de la police, dont quatre ont eu la main arrachée et au moins quatorze ont perdu un oeil. La faute aux lanceurs de balle de défense, aux grenades #GLI-F4 et à une doctrine de maintien de l’ordre ultraviolente.

      « J’étais en train de filmer avec mon téléphone portable aux Champs-Élysées quand il y a eu un mouvement de foule. J’ai reculé et j’ai senti cette balle de Flash-Ball percuter ma tête. J’ai eu l’impression que ma joue droite éclatait. » Axelle Marquise, 28 ans, a été blessée par un tir de lanceur de balle de défense (LBD) le samedi 8 décembre à Paris, lors d’une manifestation des Gilets jaunes. C’était la première fois de sa vie que cette serveuse à Six-Fours (Var) descendait dans la rue. Les examens médicaux diagnostiqueront une brûlure au deuxième degré, un hématome majeur, une double fracture de la mâchoire et un trismus – contraction constante des muscles de la mâchoire qui l’empêche d’ouvrir la bouche de plus d’un centimètre. « Je dois manger liquide pendant six semaines. J’ai déjà perdu six kilos. Après le rendez-vous le 29 janvier avec la chirurgienne pour vérifier que la fracture est bien réduite, je devrai faire je ne sais combien de séances de kiné pour soigner le trismus. Quand je pourrai enfin ouvrir la bouche, il faudra voir les dégâts au niveau des dents. J’ai perdu un bout de la molaire au fond à droite et je sens que quelque chose ne va pas », décrit-elle à Reporterre.

      La jeune femme s’est vue prescrire dix jours d’incapacité totale de travail (ITT). Pourtant, elle dit avoir eu « énormément de chance » par rapport aux autres blessés qui témoignent avec elle dans une vidéo. Celle-ci a été mise en ligne le 15 janvier par le collectif des « Mutilés pour l’exemple » (attention, images très choquantes). On y voit les cicatrices de Thomas, qui a lui aussi pris un tir de LBD en plein visage. Bilan, « 25 points de suture, une fracture du sinus, la lèvre tuméfiée et l’œil gauche touché ». Et le moignon d’Antoine, 26 ans, qui a eu la main droite arrachée par une grenade GLI-F4.

      Dans un courriel adressé à Reporterre le 17 janvier, le ministère de l’Intérieur a comptabilisé depuis le 17 novembre « 1.800 blessés parmi les manifestants et un millier de blessés parmi les forces de l’ordre » - dont les trois-quarts, selon Le Journal du dimanche, n’auraient pas donné lieu à un arrêt de travail. Ces chiffres ne disent rien de la gravité des blessures. Le 5 décembre, Reporterre recensait trois mains arrachées par des grenades GLI-F4, des blessures à la tête causées par des tirs de LBD et le décès de Zineb Redouane, 80 ans, à Marseille, après qu’une grenade ait été tirée dans son appartement.

      Depuis 2012, le collectif contre les violences d’État « Désarmons-les ! » tient la sinistre comptabilité des blessés graves et tués par la police. « Nous parlons de blessure grave dès lors qu’il y a plaie ouverte avec fracture, traumatisme crânien, perte d’un membre, rupture d’un organe ou blessure à la tête. Les informations nous viennent des réseaux sociaux, de membres du réseau et d’avocats engagés dans la lutte contre les violences policières, explique à Reporterre Ian B., membre du collectif. Quand une information nous parvient, nous demandons confirmation aux proches de la victime ainsi que plusieurs photos à différents stades de la guérison avant de la verser à la liste. » Dans un bilan provisoire mis en ligne le 4 janvier, le collectif dénombrait 97 blessés graves depuis le 17 novembre. « Quasiment les trois quarts ont été blessés à la tête » et plusieurs ont été définitivement mutilés : quatre ont eu une main arrachée, une personne est devenue sourde suite à l’explosion d’une grenade et dix-sept personnes ont été éborgnées.

      Le journaliste indépendant David Dufresne a quant à lui entrepris de signaler blessures et violences les plus graves sur son fil Twitter et au ministère de l’Intérieur. Quand Reporterre l’a rencontré, mercredi 16 janvier, il avait déjà rédigé 307 « signalements ». « La plupart concernent des blessures. D’autres, des manquements à la déontologie ou un non-respect des règles qui sont la matrice de la blessure. Toutes les blessures à la tête causées par des LBD et des Flash-Ball sont interdites, puisque les policiers ne sont pas autorisés à viser la tête et les parties génitales. Les tabassages ne sont pas autorisés non plus. Cette centaine de blessés graves et ce millier de blessés légers sont déshonorants. »

      Le quotidien Libération s’est appuyé sur ces travaux pour établir son propre recensement « non exhaustif ». Bilan le 15 janvier : 94 blessés graves, dont 69 par des tirs de LBD. Et au moins 14 personnes éborgnées.

      Chez ces observateurs, c’est l’effroi qui prime. « J’ai entrepris ce travail à cause d’un sentiment de sidération devant les images de violences policières et le déni politique et médiatique de ces violences, explique David Dufresne, qui avait publié en 2013 un livre d’enquête intitulé Maintien de l’ordre (éd. Fayard). Avec les Gilets jaunes, on a battu les records des mobilisations contre le CIP en 1994, contre le plan Juppé en 1995 et contre le CPE en 2006. Il faut remonter à Mai 68 pour déplorer un tel bilan. Certes, en Mai 68, il y avait eu des morts. Mais là aussi, une dame de 80 ans est morte à Marseille. Une enquête doit établir s’il s’agit d’une victime collatérale, mais elle reste une victime. »

      Même sentiment d’aggravation du côté de Désarmons-les : « Le collectif est né en 2012, quand nous nous sommes rendus compte que des manifestants étaient blessés par les armes de la police et notamment les grenades utilisées depuis les années 2000, raconte Ian B. En février 2014, trois personnes ont été éborgnées à Nantes lors d’une manifestation contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Le nombre de blessés a grimpé en flèche au moment de la mort de Rémi Fraisse à Sivens en octobre 2014, des mobilisations contre la « loi travail » en 2016 et de l’expulsion de la Zad de Notre-Dame-des-Landes en 2018. » Mais la mobilisation des Gilets jaunes fait exploser les compteurs. « Entre 1999 et le 17 novembre 2018, soit environ vingt ans, nous avons recensé 53 blessés graves, dont un grand nombre en-dehors de manifestations. Depuis le 17 novembre, nous en sommes à 97 blessés graves, quasiment tous en manifestations. »

      Comment en est-on arrivé là ? En juillet 2017, l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat) dénonçait dans une note adressée au Défenseur des droits un « tournant majeur dans la doctrine française du maintien de l’ordre » depuis le début des années 2000, avec « le développement des logiques d’interpellation d’une part et la transformation de l’armement d’autre part ». « Allant de pair avec une logique chiffrée de l’action policière, le nombre d’interpellations est devenu un enjeu des opérations de maintien de l’ordre, peut-on y lire. Une interpellation implique un rapprochement au corps à corps, et donc, de facto, un abandon de la logique de mise à distance. » L’évolution de l’armement s’est traduite par l’essor des armes de force intermédiaire – lanceurs de balle de défense dont le #LBD_40, grenades lacrymogènes instantanées GLI-F4 et grenades de désencerclement –, à l’origine de la plupart des blessures graves en manifestation ces dernières années. A noter que seule la France utilise ces armements : ni l’Allemagne, ni le Royaume-Uni, ni la Belgique n’utilisent de grenades à effet de souffle type #GLI-F4 et de #LBD.

      Le maintien de l’ordre en France, « une exception française »

      Cette évolution néfaste s’est faite avec la complicité du politique. Dans leur article « Un splendide isolement. Les politiques françaises du maintien de l’ordre », les sociologues Olivier Fillieule et Fabien Jobard s’intéressent à « la certitude, largement entretenue par policiers et gendarmes, que le maintien de l’ordre ’à la française’ est d’excellence et qu’il est prisé dans le monde entier. Cela fut peut-être vrai par le passé, mais ce n’est plus le cas. » En outre, « cette difficulté à se remettre en question s’adosse à un discours sur les spécificités de la situation française avec l’idée que les casseurs sont d’une détermination jamais vue auparavant et que l’on bascule dans un cycle inédit de violence (...). Le politique se contente de reprendre à son compte les déclarations des principaux syndicats de police, selon lesquels la violence de l’adversaire exonère le dispositif de maintien de l’ordre. (…) Se laissant convaincre par les arguments policiers sur la ’violence extrême’ des adversaires, les ministres de l’Intérieur par cette seule posture s’empêchent tout examen au fond de l’action policière. » La déclaration de Christophe Castaner le 16 janvier à Carcassonne, illustre bien ce soutien sans faille : « Moi, je ne connais aucun policier, aucun gendarme qui ait attaqué des Gilets jaunes. Par contre, je connais des policiers et des gendarmes qui utilisent des moyens de défense de la République, de l’ordre public. »

      Mais de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer la multiplication des blessures causées par les violences policières et réclamer l’interdiction des armes de force intermédiaire. Le 1er décembre, six avocats écrivaient à M. Castaner pour lui demander l’interdiction des grenades GLI-F4. Le 7 décembre, environ 200 personnalités, dont des élus de gauche, des sociologues, des historiens et des écrivains, appelaient à cesser « immédiatement » l’usage des LBD en manifestation. Le 14 décembre, c’était au tour d’Amnesty international de prendre la plume. Le 17 janvier, le Défenseur des droits Jacques Toubon réclamait une nouvelle fois la suspension de l’usage des LBD.

      Il avait déjà préconisé l’interdiction des lanceurs de balle de défense dans un rapport remis le 10 janvier 2018 à l’Assemblée nationale. « Au cours d’une manifestation où, par définition, les personnes visées sont généralement groupées et mobiles, le point visé ne sera pas nécessairement le point touché et la personne visée pourra ne pas être celle atteinte », y lit-on. « Par ailleurs, le caractère “non létal” des armes de force intermédiaire conduit en pratique les agents à les utiliser avec moins de précautions que les armes traditionnelles. Comme le relève Cédric Moreau de Bellaing, sociologue, l’introduction “des armes sublétales a plus d’effets délétères que positifs” car elles induisent “l’absolue certitude qu’au pire on amochera mais qu’on ne tuera pas” , ce qui explique qu’“on les utilise plus souvent” », poursuit le Défenseur des droits.

      « Les victimes sont issues de toutes les franges de la population »

      L’explosion du nombre de blessés joue dans la prise de conscience, mais pas seulement. Avec les Gilets jaunes, le profil des victimes a changé ; plus possible de mettre en avant l’image de « casseurs », « anarchistes » ou « zadistes » qui, quelque part, « l’auraient bien cherché ». « Les victimes ne sont plus issues du monde militant mais de toutes les franges de la population », observe David Dufresne. « Ce sont des citoyens ordinaires, des gens qui travaillent et qui ont une famille, et qui pour beaucoup descendent dans la rue pour la première fois pour défendre leurs droits », confirme Ian B, de Désarmons-les. « Avant d’aller en manifestation, je me disais que les personnes blessées avaient elles-mêmes commis des violences. Je ne pensais pas qu’un manifestant lambda pouvait se faire tirer dessus, témoigne Axelle Marquise. Mais aujourd’hui, quand je vois les images de Fiorina, 20 ans, qui a perdu un œil à cause d’un tir de Flash-Ball, j’ai des frissons dans tout le corps et les larmes aux yeux : comment une fille si jeune, qui allait à sa première manif, a-t-elle pu être mutilée de cette manière ? »

      La riposte judiciaire s’amorce. Le 11 janvier, l’Inspection générale de la police nationale avait été saisie de 207 signalements pour des dénonciations de violences policières, dont 71 enquêtes judiciaires et une enquête administrative, depuis le début du mouvement. 25 réclamations sont actuellement en cours de traitement par le Défenseur des droits, dont certaines concernent des groupes de personnes.

      Axelle Marquise, elle, a porté plainte contre X pour « violence aggravée avec menace ou usage d’une arme ». Elle n’est pas retournée manifester depuis sa blessure : « J’ai pensé accompagner mon compagnon la semaine dernière, mais je n’en ai pas dormi de la nuit. Je me suis vue prendre à nouveau un tir de LBD dans la tête et perdre un œil ou être défigurée à vie. » En revanche, elle se dit prête à répondre à l’appel du collectif des Mutilés pour l’exemple, pour des rassemblements le 2 février devant les commissariats et gendarmeries, avec des manifestants couverts de bandages demandant l’interdiction des armes de force intermédiaire. « Je ne sais pas si on obtiendra cette interdiction. De plus en plus de personnes ont conscience que ces armes peuvent mutiler et même tuer. Mais en même temps, je crains que le gouvernement trouve encore des excuses, en prétendant que les manifestants sont violents, qu’ils n’avaient pas à être là, comme l’a insinué Castaner en disant que ceux qui iraient manifester se rendraient complices des violences. »

      Le courriel du ministère de l’Intérieur n’est pas très encourageant : « Il s’agit d’armes de défense qui sont utilisées par les forces de l’ordre en réponse à des violences, en situation de légitime défense et dont l’usage qui en est fait est proportionné. Les manifestations, à Paris et en province, la plupart non déclarée, ont été caractérisées par des actions particulièrement violentes, et une volonté affichée d’en découdre avec les forces de l’ordre », a-t-il laconiquement répondu à Reporterre.

      https://reporterre.net/Le-terrible-bilan-de-deux-mois-de-violences-policieres

    • Avec les Gilets jaunes, on a battu les records des mobilisations contre le CIP en 1994, contre le plan Juppé en 1995 et contre le CPE en 2006. Il faut remonter à Mai 68 pour déplorer un tel bilan.

      Pourquoi on oublie à chaque fois les méfaits des gouvernements socialistes (Valls) au moment du vote de la Loi Travail (et ANI, etc).

    • La manif pour tous s’est aussi fait tabasser en mars 2013 : nasse, lacrymo, matraque…

      À l’époque « Valeurs actuelles » et autres sites de droite-droite étaient critiques des violences policières et relayaient le défenseur des droits. Une enquête avait été ouverte au Conseil de l’Europe.

      (EDIT : je répondais à un commentaire, depuis effacé)

    • Mais la version officielle dit : 4 gravement blessés à l’oeil...

      Quatre personnes ont été gravement blessées à l’oeil par des lanceurs de balle de défense (LBD) depuis le début du mouvement des « gilets jaunes », a affirmé ce mardi le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner lors d’une audition devant les députés.

      https://www.nouvelobs.com/societe/20190122.OBS8950/seulement-quatre-gilets-jaunes-eborgnes-par-la-police-vraiment.html

      signalé sur seenthis par @davduf :
      https://seenthis.net/messages/754776