• « Maria et moi, c’est différent : je ne suis plus la bagarreuse solitaire, j’ai une alliée. Le combat devient ainsi moins aride, presque comique. Au fond, n’est-ce pas grandiose et burlesque de combattre l’adversité avec une visière pour heaume et un Bic pour épée ? Ce serait encore plus drôle, bien sûr, si ça faisait moins mal dans les côtelettes et les vertèbres, mais ça… »

    Partie II chapitre XIII

    #lutte #solidarité #amour #comique #humour #solitude #alliance #combat #écriture #bic

  • #Chowra_Makaremi : « Le #viol devient le paradigme de la loi du plus fort dans les #relations_internationales »

    En #Ukraine, Poutine revendique de faire la guerre au nom du genre. En #Iran, le régime réprime implacablement la révolution féministe. Dans d’autres pays, des populistes virilistes prennent le pouvoir. Une réalité que décrypte l’anthropologue Chowra Makaremi.

    IranIran, Afghanistan, invasion russe en Ukraine, mais aussi les discours des anciens présidents Donald Trump ou Jair Bolsonaro ou du chef de l’État turc, Recep Tayyip Erdogan : tous ont en commun de s’en prendre aux #femmes, comme l’explique l’anthropologue Chowra Makaremi.

    L’autrice de Femme ! Vie ! Liberté ! Échos du soulèvement en Iran (La Découverte, 2023) fait partie des chercheuses sollicitées par Mediapart pour #MeToo, le combat continue, l’ouvrage collectif publié récemment aux éditions du Seuil et consacré à la révolution féministe qui agite le monde depuis l’automne 2017 et le lancement du fameux mot-clé sur les réseaux sociaux. Depuis, toutes les sociétés ont été traversées de débats, de controverses et de prises de conscience nouvelles. Entretien.

    Mediapart : « Que ça te plaise ou non, ma jolie, il va falloir supporter. » Cette phrase a été prononcée le 7 février 2022 par le président russe, #Vladimir_Poutine, devant Emmanuel Macron. Elle était adressée à l’Ukraine et à son président, Volodymyr Zelensky, qui venait de critiquer les accords de Minsk, signés en 2015 pour mettre fin à la guerre dans le Donbass. Quelle lecture en faites-vous ?

    Chowra Makaremi : Le viol devient le paradigme de la #loi_du_plus_fort dans les relations internationales. La philosophe #Simone_Weil souligne dans un texte combien la #guerre relève de la logique du viol, puisque sa matrice est la #force qui, plus que de tuer, a le pouvoir de changer l’être humain en « une #chose » : « Il est vivant, il a une âme ; il est pourtant une chose. [L’âme] n’est pas faite pour habiter une chose ; quand elle y est contrainte, il n’est plus rien en elle qui ne souffre violence », écrit-elle.

    Cette comptine vulgaire de malfrats que cite #Poutine dit la culture criminelle qui imprègne sa politique. Elle me fait penser à ce que l’anthropologue Veena Das nomme la dimension voyou de la souveraineté étatique : la #truanderie comme n’étant pas seulement un débordement illégitime du pouvoir mais, historiquement, une composante de la #souveraineté, une de ses modalités.

    On le voit avec le pouvoir de Poutine mais aussi avec ceux de #Narendra_Modi en #Inde (dont parle Veena Das), de #Donald_Trump aux #États-Unis, de #Jair_Bolsonaro au #Brésil, de #Recep_Tayyip_Erdogan en #Turquie. Quand Poutine a dit sa comptine, personne n’a quitté la salle, ni Emmanuel Macron ni la presse, qui a cherché, au contraire, à faire parler la symbolique de cette « remarque ». Tout le réseau de sens et de connexions qui permet à cette cruelle boutade de tenir lieu de discours guerrier intuitivement compréhensible et audible montre que le type d’#outrage dont elle relève est une #transgression qui appartient, à la marge, à l’#ordre.

    On parle de la #masculinité_hégémonique au pouvoir avec Poutine, mais elle fait écho à celle de nombreux autres chefs d’État que vous venez de citer. Quelles sont les correspondances entre leurs conceptions de domination ?

    Il n’y a pas, d’un côté, les théocraties comme l’Iran et l’Afghanistan, et, de l’autre, les populismes virilistes de Trump, Erdogan, Bolsonaro, qui s’appuient sur des « #paniques_morales » créées par la remise en cause des rôles traditionnels de #genre, pour s’adresser à un électorat dans l’insécurité. Bolsonaro, très lié à l’armée et à l’Église, s’est appuyé sur je ne sais combien de prêcheurs pour mener sa campagne. Dimension religieuse que l’on retrouve chez Poutine, Modi, Erdogan.

    La #religion est un des éléments fondamentaux d’un #pouvoir_patriarcal très sensible à ce qui peut remettre en question sa #légitimité_symbolique, sa #domination_idéologique, et dont la #puissance est de ne pas paraître comme une #idéologie justement. Cette bataille est menée partout. Il y a un même nerf.

    Quand l’anthropologue Dorothée Dussy parle de l’inceste et de sa « fonction sociale » de reproduction de la domination patriarcale, son analyse est inaudible pour beaucoup. C’est ainsi que fonctionne l’#hégémonie : elle est sans pitié, sans tolérance pour ce qui peut en menacer les ressorts – et du même coup, en cartographier le pouvoir en indiquant que c’est là que se situent les boulons puisque, précisément, la puissance de l’hégémonie est dans l’invisibilité de ses boulons.

    Si on prend le #droit_de_disposer_de_son_corps, en Occident, il s’articule autour de la question de la #santé_contraceptive et du #droit_à_l’avortement et dans les mondes musulmans, autour de la question du #voile. De façon troublante, une chose est commune aux deux situations : c’est le viol comme la vérité des rapports entre genres qui organise et justifie la #contrainte sur les femmes à travers leur #corps.

    En Occident, le viol est le cas limite qui encadre juridiquement et oriente les discussions morales sur l’#avortement. Dans les sociétés musulmanes, la protection des femmes – et de leur famille, dont elles sont censées porter l’honneur – contre l’#agression_masculine est la justification principale pour l’obligation du voile. Il y a de part et d’autre, toujours, cet impensé du #désir_masculin_prédateur : un état de nature des rapports entre genres.

    C’est ce qu’assènent tous les romans de Michel Houellebecq et la plupart des écrits du grand Léon Tolstoï… « L’homme est un loup pour l’homme, et surtout pour la femme », dit un personnage du film Dirty Dancing. Cette population définie par ces rapports et ces #pulsions, il s’agit de la gouverner à travers l’#ordre_patriarcal, dont la domination est posée dès lors comme protectrice.

    L’Iran et l’#Afghanistan figurent parmi les pays les plus répressifs à l’encontre des femmes, les régimes au pouvoir y menant un « #apartheid_de_genre ». Concernant l’Afghanistan, l’ONU parle même de « #crime_contre_l’humanité fondé sur la #persécution_de_genre ». Êtes-vous d’accord avec cette qualification ?

    Parler pour la persécution de genre en Afghanistan de « crime contre l’humanité » me semble une avancée nécessaire car elle mobilise les armes du #droit pour désigner les #violences_de_masse faites aux femmes et résister contre, collectivement et transnationalement.

    Mais il me paraît tout aussi important de libérer la pensée autour de la #ségrégation_de_genre. À la frontière entre l’Iran et l’Afghanistan, au #Baloutchistan, après la mort de Jina Mahsa Amini en septembre 2022, les femmes sont sorties dans la rue au cri de « Femme, vie, liberté », « Avec ou sans le voile, on va vers la révolution ». Dans cette région, leur place dans l’espace public n’est pas un acquis – alors qu’il l’est à Téhéran – et elles se trouvent au croisement de plusieurs dominations de genre : celle d’un patriarcat traditionnel, lui-même dominé par la puissance étatique centrale, iranienne, chiite.

    Or, en participant au soulèvement révolutionnaire qui traversait le pays, elles ont également renégocié leur place à l’intérieur de ces #dominations_croisées, chantant en persan, avec une intelligence politique remarquable, le slogan des activistes chiliennes : « Le pervers, c’est toi, le salopard, c’est toi, la femme libérée, c’est moi. »

    C’est en écoutant les femmes nommer, en situation, la #ségrégation qu’on saisit le fonctionnement complexe de ces #pouvoirs_féminicides : en saisissant cette complexité, on comprend que ce n’est pas seulement en changeant des lois qu’on les démantèlera. On se trouve ici aux antipodes des #normes_juridiques, lesquelles, au contraire, ressaisissent le réel dans leurs catégories génériques. Les deux mouvements sont nécessaires : l’observation en situation et le #combat_juridique. Ils doivent fonctionner ensemble.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/040124/chowra-makaremi-le-viol-devient-le-paradigme-de-la-loi-du-plus-fort-dans-l

  • Guerre au Proche-Orient : à #Beyrouth, #Mona_Fawaz résiste par la #cartographie

    Professeure d’urbanisme et cofondatrice du #Beirut_Urban_Lab, la chercheuse cartographie le conflit à la frontière entre le #Liban et Israël. Et montre ainsi le « déséquilibre profond » entre les attaques visant le territoire libanais et celles ciblant le sol israélien.

    « Je suis entrée dans le centre de recherche ; tous mes collègues avaient les yeux rivés sur les nouvelles, l’air horrifié. C’est là que nous nous sommes dit que nous ne pouvions pas simplement regarder : il fallait agir, et le faire du mieux possible », se rappelle Mona Fawaz, professeure d’urbanisme à l’Université américaine de Beyrouth (AUB) et cofondatrice du Beirut Urban Lab, un laboratoire de recherche interdisciplinaire créé en 2018 et spécialisé dans les questions d’#urbanisme et d’#inclusivité.

    Lundi 4 décembre, dans ce centre de recherche logé à l’AUB, près de deux mois après l’attaque sans précédent du groupe militant palestinien Hamas en Israël et le début des bombardements intensifs de l’armée israélienne sur la bande de Gaza, elle revoit l’élan impérieux qui a alors saisi ses collègues du Beirut Urban Lab, celui de cartographier, documenter et analyser.

    « Certains ont commencé à cartographier les dommages à #Gaza à partir de #photographies_aériennes. Personnellement, j’étais intéressée par la dimension régionale du conflit, afin de montrer comment le projet colonial israélien a déstabilisé l’ensemble de la zone », y compris le Liban.

    La frontière sud du pays est en effet le théâtre d’affrontements violents depuis le 8 octobre entre #Israël et des groupes alliés au #Hamas emmenés par le #Hezbollah, une puissante milice soutenue par l’#Iran. Qualifiés de « #front_de_pression » par le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, les #combats sur le #front_libanais, qui visent notamment à détourner l’effort militaire israélien contre Gaza, ont tué au moins 107 personnes du côté libanais, dont 14 civils. Du côté israélien, six soldats et trois civils ont été tués.

    C’est ainsi que l’initiative « Cartographier l’escalade de violence à la frontière sud du Liban » est née. Le projet répertorie le nombre de #frappes quotidiennes et leur distance moyenne par rapport à la frontière depuis le début du conflit, en s’appuyant sur les données collectées par l’ONG Armed Conflict Location & Event Data Project (Acled : https://acleddata.com). Sur son écran d’ordinateur, Mona Fawaz montre une #carte_interactive, une des seules en son genre, qui révèle un déséquilibre saisissant entre les attaques revendiquées par Israël, au nombre de 985 depuis le début du conflit, et celles menées depuis le Liban : 270 frappes répertoriées sur le sol israélien.

    L’occasion pour Mona Fawaz de questionner les expressions répétées dans les médias, qui façonnent la compréhension du conflit sans remettre en cause leurs présupposés. « On parle de tirs transfrontaliers, par exemple, alors même qu’il y a un déséquilibre profond entre les deux parties impliquées », souligne-t-elle. « Une distorsion médiatique » que la chercheuse dénonce aussi dans la couverture de l’offensive israélienne contre l’enclave palestinienne.

    Une « lutte partagée » avec les Palestiniens

    Pour Mona Fawaz, il est important de documenter un conflit dont les racines vont au-delà des affrontements présents. « La création de l’État d’Israël en 1948 a provoqué une perturbation majeure au sud du Liban, brisant [ses] liens historiques, sociaux, politiques et économiques » avec la Galilée, explique-t-elle.

    Des bouleversements que la chercheuse, originaire du village de Tibnine, dans le sud du pays, connaît bien, puisqu’ils ont marqué son histoire familiale et personnelle. Elle explique que la proximité entre les populations était telle qu’au cours de la « #Nakba » (la « catastrophe », en arabe) en 1948 – l’exode massif de plus de 700 000 Palestinien·nes après la création de l’État d’Israël –, sa mère a été évacuée de son village aux côtés de Palestinien·nes chassés de leurs terres. « Les déplacés ne savaient pas où s’arrêteraient les Israéliens, raconte-t-elle. Dans cette région du Liban, on a grandi sans sentir de différences avec les Palestiniens : il y a une lutte partagée entre nous. »

    En 1982, Mona Fawaz, qui avait alors à peine 9 ans, vit plusieurs mois dans son village sous l’occupation de l’armée israélienne, qui a envahi le pays en pleine guerre civile (1975-1990) afin de chasser du Liban l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Elle se souvient des scènes d’#humiliation, des crosses des fusils israéliens défonçant le mobilier chez son grand-père. « Ce n’est rien par rapport à ce que Gaza vit, mais il y a définitivement un effet d’association pour moi avec cette période », explique-t-elle.

    Dans le petit pays multiconfessionnel et extrêmement polarisé qu’est le Liban, l’expérience de la chercheuse n’est cependant pas générale. Si une partie des Libanais·es, notamment dans le sud, est marquée par la mémoire des guerres contre Israël et de l’occupation encore relativement récente de la région – les troupes israéliennes se sont retirées en 2000 du Sud-Liban –, une autre maintient une défiance tenace contre la #résistance_palestinienne au Liban, notamment tenue responsable de la guerre civile.

    Celle qui a ensuite étudié au Massachusetts Institute of Technology (MIT), à Boston (États-Unis), pour y faire son doctorat en aménagement urbain à la fin des années 1990, explique ensuite qu’il a fallu des années aux États-Unis pour réaliser que « même le soldat qui est entré dans notre maison avait été conditionné pour commettre des atrocités ». Si l’ouverture à d’autres réalités est une étape indispensable pour construire la paix, c’est aussi un « luxe », reconnaît la chercheuse, qui semble hors de portée aujourd’hui. « L’horreur des massacres à Gaza a clos toute possibilité d’un avenir juste et pacifique », soupire-t-elle.

    Le tournant de la guerre de 2006

    Peu après son retour au Liban en 2004, Mona Fawaz se concentre sur les questions de l’informalité et de la justice sociale. Un événement majeur vient bouleverser ses recherches : le conflit israélo-libanais de 2006. Les combats entre Israël et le Hezbollah ont causé la mort de plus de 1 200 personnes du côté libanais, principalement des civil·es, en seulement un mois de combat.

    Du côté israélien, plus de 160 personnes, principalement des militaires, ont été tuées. Cette guerre va être une expérience fondatrice pour le Beirut Urban Lab. C’est à ce moment que ses quatre cofondateurs, Mona Fawaz, Ahmad Gharbieh, Howayda Al-Harithy et Mona Harb, chercheurs et chercheuses à l’AUB, commencent leurs premières collaborations sur une série de projets visant à analyser l’#impact de la guerre. L’initiative actuelle de cartographie s’inscrit en continuité directe avec les cartes quotidiennes produites notamment par #Ahmad_Gharbieh en 2006. « Le but était de rendre visible au monde entier le caractère asymétrique et violent des attaques israéliennes contre le Liban », explique Mona Fawaz.

    Dans les années qui suivent, les chercheurs participent à plusieurs projets en commun, notamment sur la militarisation de l’#espace_public, le rôle des réfugié·es en tant que créateurs de la ville ou la #privatisation des #biens_publics_urbains, avec pour objectif de faire de la « donnée un bien public », explique Mona Fawaz, dans un « pays où la collectivité n’existe pas ». « Nos recherches s’inscrivent toujours en réponse à la réalité dans laquelle nous vivons », ajoute-t-elle. Une réalité qui, aujourd’hui dans la région, est de nouveau envahie par la guerre et les destructions.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/121223/guerre-au-proche-orient-beyrouth-mona-fawaz-resiste-par-la-cartographie

    #résistance

    ping @visionscarto @reka

    • #Beirut_Urban_Lab

      The Beirut Urban Lab is a collaborative and interdisciplinary research space. The Lab produces scholarship on urbanization by documenting and analyzing ongoing transformation processes in Lebanon and its region’s natural and built environments. It intervenes as an interlocutor and contributor to academic debates about historical and contemporary urbanization from its position in the Global South. We work towards materializing our vision of an ecosystem of change empowered by critical inquiry and engaged research, and driven by committed urban citizens and collectives aspiring to just, inclusive, and viable cities.

      https://beiruturbanlab.com

      –—

      Mapping Escalation Along Lebanon’s Southern Border Since October 7

      Since October 7, the Middle East has occupied center stage in global media attention. Already rife with uncertainty, subjected to episodic bouts of violence, and severely affected by an ongoing project of ethnic cleansing for 75 years in Historic Palestine, our region is again bearing the weight of global, regional, and local violence. As we witness genocide unfolding and forceful population transfers in Gaza, along with an intensification of settler attacks in the West Bank and Jerusalem and the silencing of Palestinians everywhere, the conflict is also taking critical regional dimensions.

      As part of its effort to contribute to more just tomorrows through the production and dissemination of knowledge, the Beirut Urban Lab is producing a series of maps that document and provide analytical insights to the unfolding events. Our first intervention comes at a time in which bombs are raining on South Lebanon. Titled Escalation along Lebanon’s Southern Border since October 7, the platform monitors military activity between the Israeli Armed Forces and Lebanese factions. Two indicators reflect the varying intensity of the conflict: the number of daily strikes and the average distance of strikes from the border.

      The map uses data from the Armed Conflict Location and Event Data (ACLED) crisis mapping project, which draws upon local reporting to build its dataset. Since ACLED updates their dataset on Mondays, site visitors can expect updates to our mapping and analysis to be released on Tuesday afternoons. Please refer to ACLED’s methodology for questions about data sources and collection.

      As of November 14, the frequency and distribution of strikes reveals a clear asymmetry, with northward aggression far outweighing strikes by Lebanese factions. The dataset also indicates a clear escalation, with the number of incidents increasing day by day, particularly on the Lebanese side of the border.

      We see this contribution as an extension of our previous experiences in mapping conflicts in Lebanon and the region, specifically the 2006 Israeli assault on Lebanon.

      https://beiruturbanlab.com/en/Details/1958/escalation-along-lebanon%E2%80%99s-southern-border-since-october-7
      #cartographie_radicale #cartographie_critique #visualisationi

  • Dans la ville de Gaza encerclée par l’armée israélienne, un déluge de fer, de feu et de sang

    Sur le terrain, si les #combats ont déjà commencé entre les forces israéliennes au sol – qui avancent méthodiquement depuis une semaine – et les hommes du #Hamas, ces derniers n’ont pas jeté tous leurs éléments dans les affrontements. Une grande partie des combattants (les pertes du groupe islamiste se compteraient en centaines, sur un total de plusieurs dizaines de milliers avant les affrontements) se trouve encore à l’abri du réseau de #tunnels, avec des stocks de vivres et de munitions. Certains se filment en train de sortir de tunnels et d’attaquer des unités israéliennes, profitant de la surprise. L’armée, depuis jeudi, est engagée de plus en plus dans des combats directs et collecte des renseignements pour demander des frappes sur des objectifs tels que les groupes d’assaillants ennemis ou leurs infrastructures, notamment les entrées de tunnel. L’unité spécialisée dans ce type de guerre, Yahalom, est à l’œuvre, a affirmé un communiqué de l’armée israélienne.

    Mais prendre d’assaut ce que le général Giora Eiland, ancien chef du Conseil national de sécurité israélien, décrit comme « la position militaire la plus fortifiée de la planète », et qui inclut des centaines de kilomètres de conduits souterrains et d’installations en profondeur, ne se fera pas facilement. L’officier supérieur, chercheur à l’Institut national d’études de sécurité en Israël, estime que l’opération pourrait demander « quelques semaines », et en résume ainsi les objectifs : « Démanteler l’infrastructure du Hamas – incluant le réseau de tunnels ; tuer la plupart des combattants et leurs chefs ; détruire le commandement et les stocks d’armes. Quand on aura terminé tout cela, on pourra passer au sud de Gaza. Mais peut-être qu’à ce moment-là les combattants du Hamas auront compris qu’ils n’ont pas la moindre chance de l’emporter, et peut-être alors verra-t-on leur organisation s’effondrer. »

    « Il nous faut une victoire claire et nette »

    Mais, selon le général Eiland, Israël se voit à présent confronté à un autre « défi » – le premier étant le Hamas : celui des «  initiatives internationales, qui appellent à un #cessez-le-feu à #Gaza ». Son point vue, largement partagé par les officiers supérieurs israéliens, se résume ainsi : « Accepter un cessez-le-feu, dans la situation actuelle, reviendrait à reconnaître qu’Israël a perdu la #guerre. Ce serait une catastrophe pour nous. »
    Le général Yaakov Amidror, lui aussi ex-responsable du Conseil national de sécurité, ancienne tête pensante des renseignements militaires, désormais à l’Institut d’études stratégiques de Jérusalem, explique ainsi les manœuvres en cours : « On avance lentement, avec des précautions pour ne pas tomber dans les pièges du Hamas. Pour l’instant, nous visons les commandants de rang intermédiaire, autant pour déstabiliser le mouvement – dans son fonctionnement opérationnel – que pour éliminer ceux qui se voient comme les successeurs potentiels de la direction actuelle lorsque nous l’aurons éliminée. Il nous faut une victoire claire et nette. »
    S’il est question, d’un point de vue froidement opérationnel, de « quelques semaines », il apparaît en effet que le temps est compté à Israël : le monde prend la mesure, avec un effroi grandissant, de l’ampleur des destructions infligées à Gaza. En appelant à des « pauses humanitaires », les Etats-Unis semblent piégés par leur propre choix sémantique. L’administration Biden se refuse en effet à appeler à un cessez-le-feu à Gaza, estimant qu’il constituerait une victoire pour le Hamas, qui pourrait reprendre son souffle et se réorganiser.
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/11/04/dans-la-ville-de-gaza-encerclee-par-l-armee-israelienne-un-deluge-de-fer-de-

    https://archive.ph/dG6kC

    #cimetierre_d'enfants #Israël #U.S.A #Giora_Eiland

  • A Gaza, la guerre urbaine a commencé

    ... Le chef d’état-major, Herzi Alevi, a précisé qu’il était hors de question de s’en tenir aux incursions « modulaires » actuelles : « Les objectifs de cette guerre requièrent une opération terrestre. Les meilleurs soldats sont à présent en train d’opérer à Gaza. »

    Il avait été envisagé que le contingent de 360 000 réservistes, rappelés en toute urgence après le 7 octobre, puisse être mobilisé pour cette campagne. Ce n’est plus le cas. « Les opérations doivent être menées par des unités bien entraînées. Ce serait une erreur de déployer dans Gaza des réservistes. Avec eux, c’est le cœur de la société qui pourrait être touché. Benyamin Nétanyahou le sait bien. Il sait aussi que le pays s’engage dans une guerre longue. Demain, cela peut conduire à de nouvelles manifestations contre le gouvernement », analyse Yagil Levy, politiste à l’Open University d’Israël et spécialiste de l’armée.

    ... Côté israélien, d’autres « surprises » pourraient être employées dans cette guerre des tunnels. Il a été envisagé de les boucher en coulant du béton, d’y injecter de l’eau sous forte pression ou de les noyer en forant depuis la Méditerranée des conduits laissant entrer l’eau de mer. Des armes font aussi partie de cet arsenal anti-tunnels, comme les bombes « bunker busters ». Au final, conclut Daphné Richemond-Barak : « Ce n’est qu’en dernier ressort qu’on envoie des soldats dans les tunnels, car c’est beaucoup trop meurtrier. »

    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/10/30/a-gaza-la-guerre-urbaine-a-commence_6197329_3210.html

    https://archive.ph/3reHu

    contrairement à Piotr Smolar (correspondant Le Monde USA), Jean-Philippe Rémy (envoyé spécial à Jerusalem) ne marque aucune distance. soldats US, otages et gaz incapacitant non cités
    https://seenthis.net/messages/1023220

    #Gaza #Underground_Warfare #Guerre #guerre_urbaine #tunnels #guerre_souterraine #Israël

    • Aujourd’hui, à Gaza, les chars et les véhicules blindés d’Israël – complètement scellés et tirant donc en grande partie à l’aveugle – sont détruits par des attaques à bout portant de la part de combattants de la résistance palestinienne, à une distance rapprochée contre laquelle aucun blindage au monde n’est suffisant.[27] L’#infanterie inefficace d’Israël, plus habituée à harceler les Palestinien.nes aux points de contrôle qu’à affronter des ennemis entrainés et qui ripostent réellement, n’est pas préparée au #combat_rapproché dans un paysage de ruines urbaines, ce qui, depuis la bataille de #Stalingrad, a toujours donné l’avantage aux défenseurs sur les attaquants.

      « Malgré la pression exercée » par l’armée israélienne, a rapporté le correspondant militaire du Ha’aretz, Amos Harel, le 5 novembre, « il n’y a pas d’effet significatif apparent sur le commandement et le contrôle du Hamas, qui continue de fonctionner ». Quiconque a regardé les vidéos d’attaques palestiniennes contre des troupes et des blindés israéliens sur Al Jazeera Arabic aurait pu arriver à la même conclusion.[28] Depuis son incursion terrestre dans la bande de Gaza il y a deux semaines, Israël a reconnu que des centaines de soldats ont été tués ou blessés (? ndc) : comme l’armée impose des limites strictes à la déclaration de ces pertes, les journalistes affirment que les chiffres réels sont sans aucun doute plus élevés. Il est difficile de savoir combien de pertes supplémentaires l’armée israélienne peut supporter en son propre camp – en dépit de l’indifférence face aux victimes que son acharnement aveugle cause parmi les civil.es palestinien.nes.

      https://seenthis.net/messages/1028515

      #pertes #soldats_morts

  • Toujours à propos de la façon dont on désigne les choses (voir https://seenthis.net/messages/1021010#message1021580), j’appartiens à une culture politique et à une génération qui s’efforçait d’éviter l’emploi des termes « terrorisme » ou « terroristes » pour rendre compte des « mouvements de lutte armée » (c’est ainsi que nous les désignions), tels que la RAF, les BR, AD, etc. ou les organisations de lutte de libération nationale palestinienne, irlandaise, basque, etc.

    Ces différents mouvements, même dans leurs aspects militaristes débiles les plus caricaturaux, représentaient une sorte de folklore largement compatible avec diverses versions du récit insurrectionnel et révolutionnaire commun à une large partie de l’extrême-gauche voire de la « gauche ».

    On n’est pas du tout fasciné par les armes, comme c’est mon cas. On est même clairement antimilitariste, mais on sait que le pouvoir ne disparaîtra pas de lui-même (à la suite d’une élection) et que, même si l’on n’adhère pas au schéma « prise du palais d’hiver », on a conscience que la révolution émancipatrice est nécessairement violente. Cette problématique (qui demande beaucoup de développements dans l’explication, donc ce ne sera pas ici) représente même, selon moi, l’une de ses principales contradictions que les futurs révolutionnaires auront à traiter (cela m’étonnerait que je vois ça).

    Pour ce qui me concerne, très souvent, je n’approuvais ni les objectifs ni les modes d’action de ces « mouvements de lutte armée » des années 70, mais il me semblait assez évident qu’ils participaient globalement d’un même champ (camp ?) d’émancipation en lutte contre la domination capitaliste, champ dans lequel je m’inscrivais aussi. Naïveté ? Peut-être.

    Nous disions, plus ou moins facilement, à propos de ces « mouvements de lutte armée », qu’ils ne s’agissait pas de « terroristes » mais de « militants révolutionnaires ».

    Il semblait important de ne pas reprendre le langage avec lequel nos adversaires communs criminalisaient ces mouvements, sachant que le pouvoir d’État (puisqu’il s’agit essentiellement de lui, ici) procède toujours par amalgame et par dissociation, lorsqu’il s’agit de désigner ses ennemis, et que personne n’est à l’abri de l’anathème dès lors qu’on s’affirme un tant soit peu en une position de lutte contre lui. Un constat, une fois de plus vérifié ces jours-ci.

    Je considère que ces repères politiques, idéologiques et sémantiques, ont été modifiés radicalement quand des organisations, telles que Al-Qaïda se sont efforcées, contrairement aux mouvement de lutte armées des années 70, de montrer qu’elles adopteraient désormais tous les signes distinctifs du « terrorisme » et des « terroristes », tel que le pouvoir aime à le théoriser et à le représenter, notamment au travers du concept de « guerre des civilisations ». L’art de la mise en scène hollywoodien de ce « terrorisme » spectaculaire et assumé ayant atteint son apogée avec le « 9/11 ».

    Il ne s’agit plus du tout des mêmes catégories que les mouvements des années 70 évoqués plus haut. Certaines actions de ces mouvements « gauchistes » étaient parfois difficiles à défendre mais avec le « 9/11 » on est clairement dans l’indéfendable. Déjà il est difficile de reconnaître qu’il puisse y avoir de « bonnes guerres » (certains concepts tels que « guerre sociale » ou « guerre de classe » me semblent quelque peu fumeux) mais avec les actes tels que ceux d’Al-Qaïda, il est clair qu’il ne s’agit en rien de « notre guerre ».

    Ces mouvements, du type Al-Qaïda, s’assument sans aucun complexe comme étant « terroristes » dans leur stratégie et dans leur modalités. La plupart du temps, ces organisations ne sont guidés que par des motifs religieux et, au nom de ces objectifs, elles pratiquent systématiquement des carnages aveugles, adoptant, de surcroît, une posture idéologique, sans équivoque, du combattant suicidaire. Il m’est impossible d’envisager que ces actions puissent avoir le moindre rapport avec la lutte pour l’émancipation humaine, sociale et politique, etc.

    Pour ce qui concerne l’attaque du Hamas du 7 octobre, nous ne sommes pas dans la même caractérisation que les mouvements tels qu’Al-Qaïda. D’une part, comme indiqué dans le fil du message référencé ci-dessus, il s’agit réellement d’une guerre entre deux entités pour un même territoire. Alors, certes, toutes les guerre sont criminelles, méprisables et condamnables mais celle-ci est imposée et il est impossible d’y échapper si on est du mauvais côté du manche ; c’est à dire, si on est Palestinien. C’est même la première chose à dire pour caractériser cette guerre : admettre qu’il y a ici un dominé et un dominant. Il faut rappeler que cette guerre est totalement disproportionnée et asymétrique. À ce titre, il est insupportable, comme on l’entend si souvent, de renvoyer dos à dos Israël et Palestine, comme s’il s’agissait d’un conflit entre le France et l’Allemagne pour récupérer l’Alsace–Lorraine.

    Aucune issue politique n’est donnée aux Palestiniens depuis plusieurs décennies, si ce n’est leur disparition pure et simple en tant que peuple, ou leur dissolution dans les autres nations arabes et la situation s’empire. Il ne reste plus que l’énergie du désespoir et l’expression de celle-ci est parfois aveugle, sur le plan humain, tant on inflige à ce peuple, une situation inhumaine dans les territoires occupés. La différence avec Al-Qaïda, de ce point de vue, peu sembler ténue, mais elle existe et il est essentiel de la rappeler : c’est l’ancrage réel des protagonistes palestiniens dans un territoire en guerre et subissant les pires conditions humanitaires. Comment attendre d’eux qu’ils adoptent parfois, dans leurs révoltes, d’autres comportements que « criminels », quand ils n’ont eux-mêmes que d’autres crimes de guerre comme seules réponses à leur revendications et qu’ils vivent, depuis plusieurs générations leur extermination ?

    Le Hamas est la créature monstrueuse du pouvoir d’État Israélien. Ce pouvoir, après avoir transformé sa guerre coloniale en guerre religieuse, pensait qu’il maîtrisait sa créature et qu’elle lui permettrait tranquillement de pourrir la cause palestinienne en discréditant toute issue politique. Mais la créature est sortie pour attaquer de façon indiscriminée tout ce qui vit en dehors de sa cage.

    Et maintenant le pouvoir israélien dit qu’il faut abattre la créature monstrueuse, sachant qu’elle est devenue, avec la contribution active de l’État d’Israël, la seule représentation politique crédible du peuple Palestinien. On peut s’attendre au pire et le pire a déjà commencé dans la réplique de l’armée d’Israël, ces derniers jours, contrer la population civile gazaouie.

    Les diplomates occidentaux, sont au summum de l’hypocrisie quand on les voit tous au garde-à vous derrière la « démocratie israélienne », alors que son gouvernement d’extrême droite, homophobe, religieux et raciste (qui n’est jamais nommé parmi la liste des « pays populistes ») continue de mener sa sale guerre contre la Palestine et que cela ne pouvait que conduire à l’attaque du 7 octobre.

  • Le scandale du chlordécone en #Martinique et en #Guadeloupe | Le mensuel
    https://mensuel.lutte-ouvriere.org/2023/06/26/le-scandale-du-chlordecone-en-martinique-et-en-guadeloupe_72

    Texte de l’exposé introductif au débat organisé par les militants trotskystes de #Combat_ouvrier à la fête de Lutte ouvrière, à Presles, le 28 mai dernier.

    Sommaire :
    – Les origines du #chlordécone
    – Un #pesticide reconnu comme toxique dès les années soixante
    – Les effets du chlordécone sur les ouvriers de la banane
    – Les effets sur la santé des populations
    – L’État complice des empoisonneurs
    – Scandale dans le #scandale  : le non-lieu
    – La lutte doit continuer

  • [Les Promesses de l’Aube] #arbres - Bruxelles en mouvement
    https://www.radiopanik.org/emissions/les-promesses-de-l-aube/arbres-bruxelles-en-mouvement

    Pour la dernière mercredinale de la saison, nous parlerons de ceux qui ont un rôle écologique de prime importance : les arbres. Neutralisateurs de climat, apportant la fraîcheur, hôtes de biodiversité, apaisant les esprits et les corps, et bien d’autres apports encore.

    les arbres, c’est la thématique du dernier numéro de Bruxelles en Mouvement et pour en parler j’aurai le plaisir d’accueillir Stéphanie D’Haenens, Chloé Deligne et Amandine Tiberghien

    Playlist :

    All the world is green, Camille O’Sullivan La princesse arabe, Claire Diterzi Que Son Aüros, Cocanha A Child’s Question, August, PJ Harvey Valsa, Dom La Nena So We Won’t Forget, Khruangbin Par ta petite tête, Signal Faible T’es donné, Lifestolz Clémence en vacances, Anne (...)

    #lutte #biodiversité #défense #citoyens #combat #lutte,biodiversité,défense,arbres,citoyens,combat
    https://www.radiopanik.org/media/sounds/les-promesses-de-l-aube/arbres-bruxelles-en-mouvement_16230__1.mp3

  • Que Macron daigne ou pas prendre rendez-vous avec Berger et Martinez ne changera rien, ni pour les travailleurs, ni sur l’issue de la lutte.

    Macron, les directions syndicales et la classe ouvrière
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/03/15/macron-les-directions-syndicales-et-la-classe-ouvriere_55239

    Par une lettre datée du 10 mars, Macron a fermé la porte à l’#intersyndicale qui lui avait demandé trois jours plus tôt à « être reçue en urgence ».

    Le président persiste donc à faire passer son attaque sur les retraites, sans chercher le consentement d’une partie des #confédérations_syndicales, comme le font habituellement les gouvernements afin que celles-ci pèsent ensuite de tout leur poids pour faire accepter les reculs aux travailleurs. Il veut montrer au grand patronat qu’il est capable de faire passer ses sales coups, sans faire la moindre concession aux dirigeants syndicaux.

    Que Macron daigne ou pas prendre rendez-vous avec #Berger et #Martinez ne changera rien, ni pour les travailleurs, ni sur l’issue de la lutte. Les confédérations syndicales ont rencontré le gouvernement un grand nombre de fois. Au bout du compte, cela n’a modifié en rien le contenu de ses attaques.

    L’intersyndicale implore aujourd’hui Macron de cesser son obstination car elle craint que cela conduise « à une situation qui pourrait devenir explosive ». Et d’ailleurs, certains responsables parlent de réclamer un référendum sur la question des retraites. Cette proposition serait un piège détournant les travailleurs du seul terrain où ils sont une force, le terrain de la lutte économique et sociale. Dans un référendum, le gouvernement garderait la main sur la formulation de la question et sur les conditions du vote. Les voix des travailleurs seraient mélangées avec celles de ceux qui vivent du travail des autres. Alors, la seule voie pour gagner serait justement que la colère qui s’est emmagasinée depuis des années chez les travailleurs explose à la figure du gouvernement et du #grand_patronat !

    Avec son arrogance et son intransigeance, #Macron a réussi à mobiliser plusieurs millions de travailleurs contre lui. Cela crée un climat qui fait évoluer les consciences et qui renforce les travailleurs dans leur conviction qu’il leur faut se battre pour défendre leurs intérêts, comme on le voit avec la multiplication des grèves sur les salaires.

    Bien plus que d’hypothétiques réunions entre dirigeants syndicaux et Macron, c’est ce réveil de la #combativité et de la conscience des travailleurs qui sera déterminant.

    #prédation #régression_sociale #syndicats #lutte_de_classe #conscience_de_classe #CFDT #CGT

  • Sur la mobilisation contre la réforme des retraites.

    Le texte de l’introduction au Cercle Léon Trotsky du 10 mars 2023, par Jean-Pierre Mercier (vendredi 10 mars 2023). #conférenceLO #Lutte_Ouvrière

    https://videos.lutte-ouvriere.org/download/video/20230310-clt-chine-introduction-retraites-sd.mp4

    La journée de manifestations et de grèves du 7 mars a encore été très massive, preuve que la mobilisation contre le projet de Macron ne faiblit pas.

    Dans un certain nombre d’entreprises comme à la SNCF, ou dans plusieurs raffineries ou chez les éboueurs de Paris et dans d’autres grandes villes, les travailleurs ont décidé de continuer la grève. Et à côté de cela, il y a une multitude d’actions et de débrayages dans des entreprises. Toutes ces actions contribuent à maintenir la pression sur le gouvernement et le #grand_patronat. Eh bien, il n’y a pas le choix, il faut continuer !

    En opposition à cette mobilisation, les médias et le gouvernement mettent en avant le calendrier parlementaire.

    Après le cirque à l’Assemblée nationale où l’opposition et la majorité ont joué respectivement leur partition, c’est au tour du Sénat de faire son bla bla.

    Alors, à grand renfort de publicité, chaque article est voté avec une majorité finalement toute trouvée. Des sénateurs grassement payés, aux longues siestes digestives légendaires, au régime de retraite exceptionnellement généreux, viennent donc de voter l’article 7 qui vole 2 ans de vie à plus de 36 millions de travailleurs.

    Car bien sûr, il n’est pas question ici, de s’attaquer aux régimes très spéciaux des retraites chapeau des PDG des groupes du #CAC40 qui engloutissent des dizaines de millions € par an ou ceux des grands bourgeois qui n’ont de toute façon pas de retraite à prendre, passant toute leur vie à vivre sur le dos des travailleurs.

    Une fois votée au Sénat, le projet de loi repassera à l’Assemblée nationale. Le seul suspense consiste à savoir si le gouvernement trouvera une majorité ou sera contraint à dégainer le 49.3.
    La belle affaire !

    Le gouvernement espère que ce moment-là sonnera la fin de la mobilisation.

    Eh bien il dépendra aux millions de travailleurs d’en décider autrement car nous contestons le droit à ces parlementaires de décider de ci qui est bon ou mauvais pour les travailleurs !

    Quand on parle de la situation avec les travailleurs, de ce qu’il faudrait faire, ils nous disent souvent : il faut tout bloquer. Et dans la tête de bien des travailleurs, bloquer cela signifie en réalité, faire grève.

    Et faire grève cela coute cher. Les médias, tellement ils craignent que les travailleurs se mettent grève le rabâche constamment.

    Oui, c’est vrai que ça coûte cher mais quel prix nous payons en laissant passer les coups et les attaques ? Certainement beaucoup plus cher que de s’engager réellement dans la lutte.

    Et bien souvent, parce que les travailleurs ne se sentent pas encore la force et la détermination de se mettre eux-mêmes en grève, se limitent à exprimer leur soutien à ceux qui font grève, à ceux qui bloquent, parfois même en donnant de l’argent aux caisses de grève…

    Et bien ça ne suffit pas, et nous devons prendre le temps de nous expliquer avec nos camarades de travail sur ce sujet. Ne serait-ce que parce que le mot de « blocage » peut recouvrir des idées, des politiques bien différentes voire opposées.

    Du fait de leur position incontournable dans l’économie, les travailleurs ont la capacité de peser sur les évènements sociaux et politiques du pays car ils sont à la base du fonctionnement, du moindre rouage de la société.

    S’il arrêtent le travail, s’ils se mettent en grève, c’est la société tout entière qui s’arrête, comme cela a été le cas en 1936 et en 1968, où 5, 6, 8 millions de travailleurs ont cessé le travail, y compris dans les métiers et les catégories où il n’y avait jamais eu de grève auparavant.
    La #grève, la #grève_générale, c’est le moment où la colère, la détermination des travailleurs est telle que plus personne ne se pose la question de savoir si l’on a, ou non, les moyens de faire grève, où chacun connait et assume la difficulté, les sacrifices qu’implique le fait de perdre son salaire pour se battre. C’est dans ces moments que le monde du travail, dans son ensemble, est susceptible de peser réellement sur le cours des choses, tout simplement parce que la société ne peut pas fonctionner sans les travailleurs.

    C’est toute la différence qu’il y a – et le patronat et le gouvernement le savent bien – entre une grève qui se généralise et une grève par procuration, portée par une fraction du monde du travail, occupant une position stratégique dans l’économie, comme les #cheminots, les #routiers ou ceux des #raffineries, même avec le soutien massif de la majorité de la population. Soutenir ne suffira pas : il faudra tôt ou tard que la majorité des #travailleurs et notamment ceux des grandes entreprises industrielles du privé soient entraînés à leur tour dans la grève par ceux qui ont commencé la lutte.

    En réalité, chaque profession occupe une position stratégique dans une entreprise et chaque secteur d’activité occupe à lui tout seul une position stratégique dans le fonctionnement de l’économie.
    Mais la force des travailleurs elle réside dans son nombre. C’est quand la masse des travailleurs se mobilise, agit qu’elle devient puissante et peut tout changer.

    Oui, la seule voie possible pour espérer faire plier un gouvernement ou le grand patronat c’est quand la grande masse des travailleurs prends le chemin de la grève, d’une grève profonde, déterminée car à ce moment-là tout peut devenir possible.

    Bien sûr, une grève générale aurait pour conséquence immédiate de bloquer, de paralyser le fonctionnement de l’économie.

    Mais elle permet surtout de débloquer les travailleurs de leur poste de travail auquel ils sont enchaînés, prisonniers physiquement et même dans leur tête. La grève, elle libère les corps et l’esprit.

    C’est en se mettant en grève que les travailleurs peuvent occuper leur entreprise et jusqu’à contester la propriété privée patronale.
    Et ça, nos patrons en sont pleinement conscients, bien plus que la majorité des travailleurs. Et c’est cela qu’ils craignent plus que tout !
    Par exemple, cette semaine, la direction centrale de Stellantis a mis au chômage préventivement, les usines de Sochaux, Mulhouse, Rennes, Hordain, Poissy qui sont les grosses usines de production du groupe. Préventivement, pour que les travailleurs, à l’appel des équipes militantes, ne puissent même pas se réunir en Assemblée générale même sur le temps de pause. Et de telles fermetures préventives, sous les prétextes les plus bidons, ont eu lieu dans de nombreuses grandes usines du pays.

    Les patrons savent que le mécontentement est présent et ne veulent courir aucun risque ou tout simplement ne veulent pas simplifier la tâche des militants pour que la mobilisation démarre dans les usines.
    Alors cette semaine à Stellantis, c’est le patron qui a bloqué lui-même, volontairement, sa propre production.
    Ce ne sont pas les travailleurs qui bloquent l’économie, ce sont les capitalistes. Ce sont eux qui bloquent et sabotent l’économie, pas les travailleurs qui la font tourner.
    Ce sont les capitalistes qui bloquent les millions de travailleurs sans emploi qui sont en train de s’appauvrir au chômage et à qui Macron vient encore de supprimer des droits.

    Ce sont les capitalistes qui sont en train de bloquer des millions de jeunes et de moins jeunes travailleurs dans la précarité leur imposant les postes les plus durs et les plus mal payés.

    Ce sont les capitalistes qui bloquent les salaires face à une inflation galopante.

    Ce sont les capitalistes qui veulent nous bloquer deux ans de plus au boulot.

    Ce sont les capitalistes qui bloquent l’économie en la sabotant avec leur spéculation, leur rentabilité, leurs bénéfices, leurs dividendes.
    Ce sont les capitalistes qui bloquent l’économie avec leur sacrosainte propriété privée de leurs usines et de leurs banques.

    En tant que communistes révolutionnaires, notre objectif est que les travailleurs se débarrassent de ces parasites et de ces saboteurs, prennent en mains les rênes de la société, non pas pour la bloquer mais pour la réorganiser de fond en comble pour la faire tourner et satisfaire les besoins élémentaires de la population !
    Car il faut bien avoir conscience d’une chose : si la mobilisation actuelle contre l’attaque brutale de Macron sur les retraites est complètement légitime, ce que nous prépare la grande bourgeoisie au niveau international est d’une tout autre ampleur.

    Depuis un an, il y a la guerre en Ukraine, une guerre dont personne ne voit la fin à court terme. Une guerre où l’impérialisme américain a tout intérêt à ce qu’elle continue car cela lui permet de renforcer sa position économique en Europe.

    La guerre en Ukraine a accéléré la politique de chaque État occidental pour augmenter leur budget militaire dans des proportions jamais atteintes depuis bien longtemps. Les états-majors alertent les gouvernements sur le fait que les armées ne sont pas en état de faire une guerre « de haute intensité » comme ils disent, c’est-à-dire d’entrer véritablement dans une guerre, longue, coûteuse et terriblement meurtrière. Alors les États dégainent des dizaines, parfois des centaines de milliards pour réarmer, au plus grand profit des marchands de canon.
    Oui ils nous préparent tous la guerre !

    Et avant d’entrer en guerre réelle, c’est-à-dire militaire, le monde capitaliste et principalement les États les plus riches ont déjà commencé une autre guerre, la guerre économique mondiale.

    L’exposé de ce soir va être consacré à la politique de l’impérialisme américain vis-à-vis de la Chine. Mais la guerre économique se déroule également entre les Etats-Unis et les pays européens.

    Le monde capitaliste est en pleine crise économique. Tout peut basculer d’un jour à l’autre à la suite d’un krach boursier par exemple. Et tout ce que la bourgeoisie fera pour défendre ses profits et ses intérêts, soyez en sûrs, elle le fera avec la peau des travailleurs, sur le dos de toute la société.

    Dans la société capitaliste, tout est lié : aussi bien l’attaque de Macron contre les retraites que la crise économique et les menaces de guerre.
    Dans cette situation qui s’aggrave, ce qu’il y a de profondément positif dans la #mobilisation sur les #retraites, c’est cette capacité de la classe ouvrière à se mobiliser, à exprimer son opposition en comptant uniquement sur elle-même, en agissant en tant que classe, en faisant grève, en manifestant.

    Cela n’est pas suffisant ? oui, c’est vrai !

    Mais ce n’est qu’une bataille parmi d’autres dans la guerre de classe qui a le mérite de remuer les consciences, de faire en sorte que de très nombreux travailleurs se posent des questions sur ce qu’il faudrait faire pour faire plier #Macron, qui se posent des questions sur comment être plus nombreux en grève, en manifestation.

    Les périodes de mobilisations sociales ont cela de positif – et c’est entre autres pour cette raison que les patrons et leurs larbins politiques les craignent – que les travailleurs se posent mille et une questions sur tous les sujets de la vie sociale et politique : les vraies raisons de l’#augmentation_des_prix, quoi faire pour que les #salaires augmentent, que faire face aux menaces de guerre, bref mille et une questions sur le fonctionnement général de la société.

    Oui, c’est vrai aussi, notre camp social a du retard sur la bourgeoisie et son personnel politique, tant sur la conscience politique que sur la détermination à se battre et à défendre coûte que coûte ses intérêts.
    Mais ce retard peut se combler très vite. Parce que justement dans les périodes de mobilisation sociale, même limitées comme celle que nous vivons actuellement, on discute politique comme on n’avait pas discuté depuis longtemps. Alors cela laisse entrevoir comment, dans une période bien plus aigüe de #lutte_sociale, les consciences peuvent évoluer extrêmement vite.

    Alors, dès aujourd’hui, il faut mettre toutes les chances de notre côté, ne pas perdre de temps. Il faut être sur la brèche, ne laisser filer aucune occasion de discuter et de prendre contact, il faut sauter sur la moindre discussion, en ayant comme objectif de s’entourer d’un maximum de travailleurs qui se posent des questions et qui cherchent des réponses. C’est à ce prix que nous pourrons espérer avancer dans la construction du #parti_communiste_révolutionnaire qui sera indispensable pour l’emporter quand éclateront les grandes explosions sociales.

    Il faut effectuer ce travail militant en défendant inlassablement, contre vents et marées, la perspective de la lutte de classe, en gardant notre confiance inébranlable dans la capacité de la classe ouvrière à retrouver sa #combativité, son intelligence, sa #conscience_de_classe.

    En étant convaincu qu’elle saura le moment venu réécrire les plus belles pages de son histoire révolutionnaire, en débarrassant la société des tous ces #capitalistes qui ne savent nous préparer que la misère et la guerre.

    Alors camarades, bon courage dans ce travail militant et rendez-vous les 11 et 15 mars dans la rue, en grève et en manifestation.

    Vive la grève ! Vive la #classe_ouvrière !

    #communisme_révolutionnaire #lutte_de_classe #réforme_des_retraites

    • L’Intersyndicale, entre absence de détermination et recherche de compromis impossible
      https://tendanceclaire.org/breve.php?id=42790

      Ce manque de détermination s’est vu, par exemple, le 7 mars au matin, avant que toute la force de la classe ouvrière ne se soit déployée en ce jour historique, lorsque Laurent Berger s’est attaqué au slogan utilisé par un dirigeant de la fédération CGT de la pétrochimie de « mettre l’économie à genoux », discréditant, dans le même temps, toute tendance à la grève reconductible. « L’économie à genoux, ça veut dire nos emplois », a déclaré Laurent Berger, avant d’ajouter : « il est hors de question de le faire pour la CFDT, ça a toujours été très clair ». Une déclaration en phase avec la position de Olivier Dussopt, ministre du Travail qui avait expliqué la veille : « mettre l’économie à genoux, c’est en réalité mettre les travailleurs à genoux. C’est mettre ceux qui rencontrent déjà des difficultés dans des difficultés encore plus grande », avant d’ajouter que la mobilisation du 7 mars « ne change[ait] pas le caractère nécessaire de la réforme » pour réaffirmer la détermination du gouvernement.

      De son côté, Philippe Martinez, qui avant le 7 mars se gargarisait de la nécessité de généraliser les grèves reconductibles partout où c’était possible, ne s’est pas rendu sur un seul des piquets des secteurs en grève pour renforcer cette dynamique, choisissant dans la pratique de ne rien faire qui puisse mettre en péril l’unité de l’Intersyndicale.

      Cette attitude des deux principaux dirigeants syndicaux du mouvement actuel rappelle celle de toutes les bureaucraties syndicales lorsqu’elles sont contraintes d’aller au-delà de leurs souhaits. En 1926, alors que l’Angleterre entrait dans une grève générale et une confrontation ouverte entre les classes, Léon Trotsky s’exprimait ainsi sur la bureaucratie syndicale britannique de l’époque :

      « La puissance d’Etat n’est pas une idée, mais un appareil matériel. Si l’appareil d’administration et d’oppression est paralysé, la puissance d’Etat est paralysée également. Dans la société moderne, on ne peut pas dominer sans avoir en mains les chemins de fer, la navigation maritime, les postes et télégraphes, les stations de force électrique, le charbon, etc… Le fait que Macdonald [principal leader travailliste] et Thomas [leader syndicaliste et travailliste] repoussent tout but politique quelconque les caractérise eux-mêmes, mais ne caractérise en aucune façon Ia nature de la grève générale qui, si elle est menée jusqu’au bout, doit inévitablement placer la classe révolutionnaire devant la nécessité de l’organisation d’une nouvelle puissance d’Etat. Mais à cela s’opposent de toutes leurs forces précisément ceux qui ont été placés par le cours des événements à la tête de la grève générale. Et c’est en cela que consiste le danger principal. Des hommes qui ne veulent pas la grève générale, qui nient le caractère politique de la grève générale, qui ne redoutent rien tant que les conséquences d’une grève victorieuse, doivent inévitablement faire tous leurs efforts en vue de maintenir la grève dans les cadres d’une demi-grève semi-politique, c’est-à-dire, en fait, la priver de ses forces. Il faut voir les faits tels qu’ils sont. Les principaux efforts des chefs officiels du Labour Party et d’un nombre considérable des leaders syndicaux n’auront pas pour but de paralyser l’Etat bourgeois au moyen de la grève, mais, bien au contraire, de paralyser la grève générale au moyen de l’Etat bourgeois. » [3]

      Aujourd’hui, les déclarations et l’opposition absolue de Berger à tout appel à la grève reconductible, l’attitude suiviste de Martinez, la lettre de l’Intersyndicale à Macron exigeant un compromis impossible ainsi que la continuité des journées d’action isolées (parfois sans appel de l’Intersyndicale à la grève comme ce samedi 11 mars) dessinent une situation où nous nous trouvons dans le cadre d’une « demi-grève semi-politique », pour reprendre les termes de Trotsky, et ce malgré les énormes difficultés du gouvernement qui n’a jamais été autant sur la défensive dans l’application d’une contre-réforme. Et cela sans même que la France de 2023 soit jamais entrée dans une grève générale comme ce fut le cas en Angleterre en 1926. L’entière responsabilité en incombe aux dirigeants syndicaux.

      Et pourtant, la possibilité de gagner existe

      Cette semaine, Le Monde publiait un article du collectif de chercheurs Quantité critiqué, dans lequel le collectif présentait les résultats de son enquête sur l’opinion des actifs sur la réforme des retraites et sur leur participation au mouvement social. Cette enquête montre toutes les potentialités du mouvement actuel et sur lesquelles nous avons cherché à insister depuis le début du mouvement. Cette enquête montre ainsi « un rejet massif dans toutes les catégories d’actifs [qui] nourrit la mobilisation », un « refus massif [qui] envoie d’abord à un fait documenté depuis des années : la détérioration des conditions d’emploi et de travail ». En ce qui concerne les secteurs déjà mobilisés, les auteurs ajoutent que « si l’opposition à la réforme des retraites est massive dans tous les secteurs d’activité, tous les individus ne sont pas également armés pour se mobiliser. Les individus jusque-là mobilisés dans les grèves ou les manifestations (15 % des actifs) correspondent à une fraction spécifique des opposants, d’abord caractérisée par la proximité avec un syndicat. Davantage que la syndicalisation, c’est le lien avec les syndicats et le fait d’entretenir des relations de solidarité au travail qui apparaissent décisifs. L’isolement au travail joue ainsi un rôle ambivalent : s’il alimente l’opposition à la réforme, il constitue, dans le même temps, un frein à l’action. »

      Mais le plus intéressant de cette enquête est l’examen de cette « armée de réserve » qui pourrait se mobiliser : « Dans le secteur privé, ce sont en revanche surtout les ouvriers qualifiés, puis les agents de maîtrise et les employés, qui se sont les plus mobilisés. Elément inédit, les salariés de la sous-traitance affichent un niveau de mobilisation égal à celui du reste du salariat (15 %) et un fort potentiel de mobilisation, avec une forte proportion de personnes estimant pouvoir basculer dans l’action (20 %). » Le collectif conclue ainsi que « 15 % des actifs n’ont pas encore participé à la mobilisation mais se disent "prêts à le faire". Ce sont d’abord des jeunes (19 % des 18-24 ans), mais également ceux qui subissent les plus mauvaises conditions de travail et les plus grandes difficultés financières (16 % chez ceux qui en éprouvent tous les mois). »

      Nous insistons sur cette dimension depuis le début de ce grand mouvement social : la question stratégique centrale est de savoir comment mettre en action ces secteurs importants du mouvement de masse. Ces derniers sont plus éloignés des syndicats mais sont ceux qui rejettent le plus la réforme et qui, par ailleurs, souffrent des pires conditions de travail et craignent de perdre leur niveau de vie dans les mois à venir. Mais on peut en dire de même des jeunes, dont la plupart sont ultra précaires, comme l’a démontré l’explosion du recours au colis alimentaires du début de la crise Covid jusqu’à aujourd’hui. La stratégie de l’Intersyndicale de se limiter uniquement au retrait de la réforme et de ne pas élargir le champ des revendications aux questions ultra-sensibles des salaires et des conditions de travail empêche pour l’instant l’entrée massive de ces secteurs dans la mobilisation. Parallèlement, l’Intersyndicale cherche à ce que, si elle venait à se concrétiser, cette entrée en scène se fasse dans le cadre de journées pacifiques proposées par les dirigeants syndicaux, limitant d’emblée le caractère politique et explosif qu’aurait l’irruption des secteurs les plus exploités de la classe ouvrière.

      C’est ce dernier point que redoutent les dirigeants syndicaux qui ne parviennent pas à trouver une issue honorable au conflit. Laurent Berger s’est ainsi expliqué sur France Bleu Loire Océan jeudi 9 mars, observant dans les rangs des militants « une sorte d’incompréhension, de malaise et de colère qui commence à monter ». François Hommeril, président de la CFE-CGC ajoutait pour sa part que, dans les lieux de travail « la base est très en colère, le gouvernement mise sur une résignation et les gens le savent », se disant pour sa part « très inquiet » car la situation « peut vraiment dégénérer ». Un autre dirigeant syndical soulignait pour sa part : « On tient pour l’instant mais beaucoup de copains veulent en découdre, quand on écrit au chef de l’Etat que la situation pourrait devenir explosive, ce n’est pas une blague [4]. »

      Malheureusement, du fait de la stratégie défaitiste de Berger et Martinez, à laquelle Jean-Luc Mélenchon a également adhéré malgré les mises en scène parlementaire de ses troupes, le risque est que tout ceci finisse par s’essouffler. Pour reprendre Trotsky,« en enlevant à la grève son programme politique, les réformistes sapent la volonté révolutionnaire du prolétariat, mènent le mouvement dans une impasse et obligent ainsi les différentes catégories ouvrières à mener des combats isolés... Tel est le danger principal de la lutte actuelle [5]. »

      Depuis Révolution Permanente, à travers le Réseau pour la Grève Générale qui se prépare à organiser un grand meeting de la grève ce lundi 13 mars à la Bourse du travail à Paris avec certains des principaux secteurs en grève, nous nous opposons consciemment à cette stratégie de l’Intersyndicale. Nous luttons pour tous les éléments qui vont dans le sens de l’auto-organisation, de l’auto-activité et de la coordination des grévistes, en cherchant à créer des liens et en élaborant un programme offensif qui fasse écho aux sentiments des secteurs les plus exploités, en créant un petit pôle qui se bat pour imposer à la direction actuelle du mouvement une autre perspective que celle qui mène à la défaite.

      Comme le dit justement un des référents du réseau, dirigeant syndical CGT dans la principale raffinerie de France, au Havre, relayé par Mediapart : « Au micro, Alexis Antonioli, secrétaire général de la CGT de la raffinerie, appelle aussi à reconduire la grève. Il annonce, comme au niveau national, plus de 70 % de grévistes. Mais l’arrêt complet des installations – pour lequel il faut compter un délai de cinq jours de "mise en sécurité" – n’est pas encore à l’ordre du jour. Pour l’heure, il s’agit seulement d’assurer le service minimum dans la raffinerie. Et le délégué syndical de tacler la stratégie de l’intersyndicale, jugée trop molle : "Leur calendrier avec des dates saute-moutons, 24 heures toutes les deux semaines, c’est la stratégie de la défaite… Si on envisage de se mettre quinze jours, trois semaines en grève, ce n’est pas juste pour obtenir le statu quo, c’est pour aller plus loin et reconquérir la retraite à 60 piges, avec 55 ans pour les métiers pénibles." Applaudissements nourris [6]. »

      Sans aucune ambiguïté, nous affirmons que, contrairement à ce que défend l’Intersyndicale, nous devrons bloquer le pays et construire la grève générale pour gagner. Mais pour que la victoire devienne une réalité et que nous puissions lutter jusqu’au bout, nous devons gagner les masses au fait de rejoindre les secteurs stratégiques, sur un programme offensif commun. C’est le seul moyen de vaincre Macron et sa contre-réforme.

  • La mobilisation contre la réforme des retraites : enjeux et perspectives
    https://mensuel.lutte-ouvriere.org/2023/02/25/reforme-des-retraites-vers-un-reveil-de-la-combativite-ouvri

    En organisant et en encadrant la contestation, les chefs des confédérations syndicales, #Laurent_Berger en tête, sont dans leur rôle de «  lieutenants ouvriers de la classe capitaliste – pour reprendre la formule du militant socialiste américain Daniel de Leon reprise par Lénine dans La maladie infantile du communisme (le «  gauchisme  »)

    Laurent Berger ne s’est pas radicalisé, mais il a pris la mesure de l’opposition à cette réforme et se donne les moyens de l’encadrer, main dans la main avec les autres confédérations, et en premier lieu la #CGT

    Fort des antennes que lui donnent les 600 000 adhérents de la #CFDT et sa place de premier syndicat aux élections professionnelles, en particulier dans le privé et dans des entreprises moyennes, Berger a pu mesurer le rejet de cette loi qui va obliger des millions de travailleurs à se faire exploiter deux ans de plus, ou à rester plus longtemps au chômage et aux #minima_sociaux. Il sait qu’à la colère suscitée par cette attaque sur les #retraites s’ajoute la flambée des prix, qui plonge des millions de ménages dans l’angoisse de ne pouvoir se chauffer, ni mettre de l’essence dans sa voiture ni se loger ou se nourrir correctement.

    En répétant «  La mobilisation est à l’image de la CFDT  », il tire certes la couverture à lui et passe sous silence que l’immense majorité des manifestants ne sont ni syndiqués ni attirés par les cortèges de la CFDT. Mais il exprime une réalité  : un nombre important de manifestants et de grévistes viennent d’entreprises petites ou moyennes, des milieux employés, techniciens, agents de maîtrise ou cadres, qui participent rarement aux journées nationales de grève. Dans les grandes entreprises où des syndicats pro-patronaux sont majoritaires, et pour lesquels appeler à la grève est un quasi-sacrilège, comme chez #Airbus, #Stellantis ou #Toyota, ces syndicats se sont sentis obligés d’appeler aux manifestations et y ont amené de nombreux travailleurs. Même des travailleurs habituellement peu combatifs refusent l’idée de travailler deux ans de plus. Beaucoup sont révoltés par le fait qu’on va leur imposer, à eux qui créent toutes les richesses, de nouveaux sacrifices, alors que l’argent de l’État coule à flots pour arroser le #grand_capital.

    L’#intersyndicale peut d’autant plus garder le contrôle de la mobilisation que celle-ci n’est pas explosive.

    Si les chiffres des #manifestants et des salariés qui débrayent sont élevés, atteignant ceux des meilleures journées de 2010 ou de certaines manifestations de 1995, aucun secteur, pas plus les #cheminots que les #raffineurs, les travailleurs de l’énergie que ceux des services publics, n’est encore parti en grève à la suite des journées réussies. Les arguments sur le coût de la #grève pour les #grévistes, largement relayés par les chefs syndicaux pour justifier leur calendrier, indiquent surtout les hésitations de bien des travailleurs à engager un combat qu’ils savent difficile.

    La mobilisation n’est pas explosive, mais cela peut changer :

    Un mouvement de masse a sa propre dynamique. Après des années de reculs, de précarisation, de perte de confiance dans leur force collective et même de la conscience d’appartenir à une même classe sociale, les travailleurs partent de loin. La réussite des cinq journées de mobilisation a déjà permis à ceux qui y ont participé de prendre conscience qu’ils n’étaient pas tout seuls. Se retrouver à des milliers dans des petites villes, à des dizaines de milliers dans les plus grandes, à un ou deux millions dans tout le pays, permet de sentir qu’on appartient à une force collective qui se voit, qui agit, qui proteste. L’appel de l’inter­syndicale à faire du 7 mars une journée de grève générale massive, «  une France à l’arrêt  », les appels de plusieurs #syndicats, dans plusieurs secteurs, comme la #RATP, l’#énergie, la #chimie, à partir en grève reconductible à partir du 7 mars, donneront peut-être l’impulsion et la confiance en eux à un nombre significatif de travailleurs pour entrer réellement dans la lutte.

    Il faudra que la mobilisation s’étende et s’approfondisse dans les entreprises du privé, et notamment dans les bastions que sont
    les grandes entreprises.

    Instaurer un rapport de force favorable aux travailleurs, ce n’est certainement pas organiser «  le #blocage du pays  », selon le vocabulaire sciemment trompeur des journalistes, des dirigeants politiques ou syndicaux, qu’ils en soient partisans ou adversaires.

    La force des travailleurs, c’est qu’ils font tout fonctionner. S’ils se mettent massivement en grève, tout s’arrête, car ils sont irremplaçables. Mieux encore, ils ont la capacité de tout faire fonctionner selon leurs propres priorités, s’ils prennent le contrôle des moyens de production et de transport. Ils peuvent par exemple couper le courant aux propriétés de #Bernard_Arnault ou à une usine d’armement, et le rétablir à des familles qui ne peuvent plus payer leurs factures. Dans la lutte en cours, ce qui pourrait faire reculer Macron, c’est la crainte que la mobilisation affecte la pompe à profits, et que le grand patronat craigne que les travailleurs ne s’arrêtent pas à la seule question des retraites mais présentent la liste de toutes leurs doléances. Face à une telle menace, face au risque de développement d’une grève générale, c’est le Medef qui ordonnera à Macron de remballer sa réforme sans délai.

    Si le mouvement prenait cette orientation et cette ampleur, on verrait les confédérations syndicales, et pas seulement celles dites réformistes comme la CFDT, mettre tout leur poids pour l’arrêter et le canaliser vers des voies de garage, comme elles l’ont fait moult fois dans le passé.

    C’est pourquoi la tâche actuelle des militants révolutionnaires est de politiser le maximum de travailleurs, d’élever leur niveau de conscience, en profitant du climat engendré par la mobilisation contre les retraites, pour préparer l’avenir.

    Il faut multiplier les discussions, sous toutes les formes, sur tous les sujets qui concernent le sort et l’avenir de notre classe.

    Cela commence par comprendre que Macron n’est qu’un serviteur politique de la bourgeoisie, un exécutant remplaçable de ses intérêts généraux immédiats ou plus lointains . Dans cette période de crise économique générale, où la rivalité entre les grands groupes internationaux pour se partager la plus-value, accéder aux marchés, à l’énergie, aux matières premières, fait rage, la feuille de route de tous les gouvernements bourgeois, dans tous les pays, est simple  : réduire au maximum la part de richesses qui revient aux classes populaires, sous toutes les formes, pour augmenter la part versée directement aux capitalistes.

    Le grand patronat se moque de savoir comment les politiciens s’y prennent pour exécuter ce programme, s’ils choisissent de tailler davantage dans les retraites que dans le budget des écoles ou des hôpitaux.

    Mais ils veulent que la saignée se fasse sans crise sociale. Si un mouvement de grève contagieuse éclate, le patronat demandera à son fondé de pouvoir à l’Élysée de remballer sa loi. Mais ce sera pour repartir à l’attaque, plus tard, dès qu’ils le pourra. Pour en finir aussi bien avec la #pauvreté, le #chômage, les bas #salaires qu’avec les menaces guerrières et les guerres réelles, il faudra tôt ou tard engager le combat à un niveau supérieur, pour contester la direction de la société à la classe capitaliste, et il faut s’y préparer dès maintenant.

    Ce n’est évidemment pas la perspective proposée par les partis représentés au #Parlement. Ces partis aspirent à remplacer au pouvoir Macron et sa bande et présentent la #réforme_des_retraites comme un simple choix idéologique de #Macron.

    Le spectacle puéril donné pendant quinze jours par les députés lors de l’examen du projet de loi a été une leçon de choses sur l’impuissance et la #fatuité des parlementaires et, pour reprendre l’expression de #Marx et de #Lénine, leur crétinisme. Du côté des partisans de la réforme, ceux de LR ont marchandé ligne par ligne leur soutien aux #macronistes qui, pour leur part, n’ont cessé de mentir et d’afficher leur mépris social. Du côté des opposants déclarés, ceux du #RN, qui se prétendent opposés à la #réforme, se sont contentés de déposer une motion de censure symbolique, tout en se démarquant des manifestations et plus encore des grèves. Ils font le grand écart entre la fraction ouvrière de leur électorat, hostile à cette réforme, et leurs électeurs proches des milieux patronaux, qui haïssent la grève. Ceux de la #Nupes, et particulièrement de #LFI, ont déposé près de 20 000 amendements, pour organiser un jeu d’obstruction dans lequel chaque député a tenté de capter la lumière. Ils ont affiché leur rivalité avec les confédérations syndicales pour prendre la direction de la contestation, déclenchant tour à tour l’agacement de Berger («  spectacle honteux et désolant à l’Assemblée  ») puis de #Martinez («  LFI veut s’approprier le #mouvement_social et faire passer les syndicats au second plan  »).

    Les #chefs_syndicaux et les #députés de gauche jouent chacun sa partition mais ils sont tous, chacun dans son registre, des défenseurs de l’ordre social.

    Les travailleurs doivent se méfier des uns et des autres. Si un mouvement de grève sérieux démarre après le 7 mars, il faudra que les grévistes contrôlent collectivement le mouvement, par l’intermédiaire des assemblées générales de grévistes et par des comités de grève élus démocratiquement. C’est aux travailleurs mobilisés et à eux seuls de décider comment la lutte peut aller jusqu’au bout de ses possibilités. Et si le mouvement de grève, celui-là ou un prochain, se transformait en une contestation politique plus profonde, comme en 1936, il faudrait que les comités de grève se transforment en conseils ouvriers, organes du pouvoir des travailleurs. Si une telle perspective n’est pas aujourd’hui à l’ordre du jour, préparer l’avenir, c’est en discuter le plus largement possible avec le maximum de #travailleurs. Cela peut contribuer à approfondir la conscience de classe d’un nombre plus grand de travailleurs, afin que le réveil de la #combativité s’accompagne d’une prise de conscience politique et renforce le courant révolutionnaire au sein de la #classe_ouvrière.

    #capitalisme #réformisme #communisme_révolutionnaire #inflation

  • #Congrès annuel de #Lutte_Ouvrière (#LO), intervention de Combat ouvrier (#CO, Martinique et Guadeloupe) | 4 décembre 2022

    Poursuite de la mobilisation contre la suspension des soignants
    Après la révolte sociale de novembre 2021, la Martinique et la Guadeloupe n’ont pas connu cette année de nouvelles explosions de colère. Cette révolte était partie des grèves et de la colère des personnels soignants suspendus sans salaire pour ne s’être pas vaccinés contre le Covid. Ils tombaient et tombent encore sous le coup de la loi du 5 août 2021 sur l’obligation vaccinale.

    Pendant toute l’année, le gouvernement s’est concentré minutieusement sur la répression des bandes de jeunes qui avaient organisé des émeutes nocturnes à Pointe-à-Pitre et à Fort-de-France et tiré sur la police à balles réelles. Ils avaient aussi attaqué des casernes de gendarmerie. Plusieurs chefs de bande, ceux que la presse appelle les «  grands frères  », ont été arrêtés à leur domicile et emprisonnés dans l’Hexagone. D’autres purgent des peines de prison aux Antilles mêmes. Régulièrement, on apprend l’interpellation de l’un d’eux par la police. Ce fut le cas encore il y a encore huit jours. Au sein de ces bandes de jeunes, il existe une grande majorité de jeunes chômeurs, déclassés, marginaux qui tombent dans la drogue, la délinquance et les règlements de comptes. Ils n’ont plus peur de rien, ne craignent ni la prison ni la mort, estimant qu’ils n’ont plus rien à perdre dans cette vie pourrie. C’est un phénomène qui s’aggrave aux Antilles et en Guyane comme partout dans le monde. Les noms que se donnent elles-mêmes ces bandes sont révélateurs  : «  chyenlari  », les chiens de rue, «  section criminelle  » ou «  microbes mafia  ».

    En #Guadeloupe, les organisations du collectif contre l’obligation vaccinale, réunissant l’ensemble des syndicats et plusieurs organisations politiques, dont la nôtre, poursuivent leurs actions pour la réintégration des soignants suspendus.

    En #Martinique, le mouvement est moins actif sur ce point, après que l’unité syndicale s’est fissurée.

    En Guadeloupe, le collectif poursuit ses meetings hebdomadaires un peu partout et ses manifestations de rue. Plusieurs manifestations ont eu lieu ces derniers jours sur le site d’arrivée de la Route du rhum. Le 17 novembre, plusieurs centaines de manifestants ont défilé avec des torches et sont montés sur le podium de la Route du rhum. Ce sont toujours les organisations nationalistes de l’UGTG et du LKP qui dirigent ces manifestations. Notre groupe soutient le mouvement et participe le plus souvent possible à ses manifestations.

    Ce sont ces #manifestations incessantes qui ont provoqué le débat houleux il y a quelques jours à l’Assemblée nationale sur la réintégration des soignants suspendus. Le député Olivier Serva, favorable à la réintégration des soignants, qui avait lancé à son collègue opposant, en plein hémicycle, «  Toi tu vas la fermer  », a été acclamé par une foule venue l’accueillir en fanfare à l’aéroport de Pointe-à-Pitre. Depuis cette petite phrase, sa popularité est montée de plusieurs crans.

    Mobilisation contre l’empoisonnement de la population

    En Martinique, ce sont plutôt des mobilisations anti- #chlordécone qui ont eu lieu. Pour rappel, ce #pesticide avait été autorisé entre 1972 et 1993. Il était utilisé surtout par les gros planteurs békés dans les bananeraies des Antilles, empoisonnant ouvriers agricoles et population, #polluant eaux et productions agricoles, alors que sa toxicité et son pouvoir persistant dans l’#environnement étaient connus depuis les années 1960.

    Après une grande manifestation de plusieurs milliers de personnes en février 2021, il y en a eu une seconde le 28 mai 2022, regroupant un millier de personnes aux cris de «  Non à l’#impunité  », «  Condamnez les pollueurs-empoisonneurs, pas les militants  ».

    Dans cette affaire, le réquisitoire du parquet de Paris est tombé le 25 novembre dernier. Il se prononce comme on s’y attendait pour un non-lieu, favorable donc aux empoisonneurs et leurs complices  ! C’est-à-dire favorable à l’État et aux gros planteurs békés.

    Toujours en Martinique, la justice, si clémente avec les empoisonneurs-pollueurs, s’acharne contre les militants anti-chlordécone, ou militants rouge-vert-noir (couleurs du drapeau nationaliste qu’ils arborent). Plusieurs d’entre eux, auteurs ou pas ces dernières années d’actions contre les biens des possédants békés ou des symboles du colonialisme, sont poursuivis. Certains sont déjà condamnés. ##Combat_ouvrier dénonce la justice coloniale et est solidaire des militants lors des procès.

    Empoisonnement de l’eau

    Sur le plan social, la hausse des prix pèse énormément sur les classes populaires. Cette inflation vertigineuse est encore plus forte aux Antilles que dans l’Hexagone. Comme en France, la pauvreté augmente, avec un niveau de salaire et de revenu général encore plus bas aux Antilles.

    La tempête Fiona a fait beaucoup de dégâts matériels et humains. Le réseau d’adduction d’eau a particulièrement souffert, d’autant plus qu’il était déjà pourri. Les coupures d’eau ont redoublé et les interdictions de boire l’eau se multiplient. On savait déjà que l’on trouvait dans l’eau dite potable du chlordécone et des matières fécales, mais maintenant on y trouve de l’aluminium à un taux intolérable. Résultat, il vaut mieux ne pas boire l’eau du robinet du tout. Et le prix des bouteilles d’eau minérale a augmenté, comme tous les produits.

    Pendant la Route du rhum, des voix se sont élevées pour réclamer avec humour une Route de l’eau  !

    Un contre-feu politicien  : décentralisation et autonomie régionale

    Sur le plan politique, ce qui a marqué l’année a été l’Appel de Fort-de-France des élus des outre-mer français, hors océan Pacifique, le 17 mai dernier.

    En quoi consistait cet appel des dirigeants locaux de la Guadeloupe, de la Martinique, de Saint-Martin, de La Réunion, de Mayotte et de la Guyane  ?

    J’en cite un extrait  : «  Face aux situations de mal-développement structurel à l’origine d’inégalités de plus en plus criantes… les présidents ont rappelé l’urgence d’ouvrir une nouvelle étape historique pour nos territoires d’outre-mer.  »

    Ils poursuivent en proposant d’agir sans délai pour  :

    «  1° Refonder la relation entre nos territoires et la République par la définition d’un nouveau cadre permettant la mise en œuvre de politiques publiques conformes aux réalités de chacune de nos régions  ;

    2° Conjuguer la pleine égalité des droits avec la reconnaissance de nos spécificités, notamment par une réelle domiciliation des leviers de décision au plus près de nos territoires.  »

    Ces dirigeants d’outre-mer concluaient en réclamant avec urgence une rencontre avec le chef de l’État.

    Ils s’étaient succédé sur les ondes pour dire qu’ils ne voulaient pas de réunions petits fours. Car ils voulaient une véritable réunion de travail avec Macron.

    Alors ils eurent droit à un dîner à l’Élysée.

    Car, si Paris vaut bien une messe, il faut croire que Fort-de-France vaut bien une bonne table.

    Les élus eurent quand même droit avant ce dîner à une réunion avec Darmanin, qui est aussi ministre des Outre-mer.

    Et voilà nos dirigeants d’outre-mer sortis tous heureux de l’Élysée. «  Nous avons été entendus  », ont-ils déclaré  ! Ou encore  : «  Nous avons été reçus comme nous le voulions.  »

    Jusqu’à présent, personne ne sait exactement où l’État et les élus veulent en venir. Et peut-être ne le savent-ils pas eux-mêmes.

    Alors, nous en sommes réduits à supputer, à partir de ce que disent commentateurs et journalistes. Il serait question de révision de la Constitution pour revoir les différents statuts d’outre-mer, de la Nouvelle-Calédonie à la Guyane. En fait, ces changements vers une décentralisation plus poussée ne seraient pas uniquement destinés à l’outre-mer, mais aussi à la métropole. Déjà la loi 3DS (différenciation, décentralisation, déconcentration, simplification) votée en février 2022 prévoit d’étendre le pouvoir réglementaire des collectivités à de nouveaux domaines. Cette politique avait été conçue déjà, bien avant, comme une réponse au mouvement des gilets jaunes envers les «  territoires  » métropolitains.

    Les changements iront-ils plus loin pour l’outre-mer  ? Par exemple vers une véritable autonomie, avec ou sans un zeste de pouvoir législatif  ? Certains représentants le demandent clairement. Mais ils sont très divisés sur ces questions. Le gouvernement se dit prêt à répondre «  à la carte  », selon chaque territoire.

    Il veut répondre aux révoltes sociales des outre-mer par des changements juridico-administratifs et constitutionnels. Il n’y parviendra pas, car les raisons des révoltes sont profondément sociales  : ce sont les bas salaires, la pauvreté accrue au sein des couches populaires, les difficultés quotidiennes pour faire face à la hausse des prix, la dégradation des services publics de santé, de la distribution de l’eau, du logement.
    Ce que disent les résultats électoraux

    Ce sont toutes ces raisons qui ont conduit l’électorat populaire et bon nombre de travailleurs d’une part à l’abstention massive, comme d’habitude, et d’autre part au rejet de Macron et de sa politique, aux élections présidentielle et législatives. L’électorat a très largement voté Mélenchon au premier tour et très largement Le Pen au deuxième tour. Le candidat lepéniste de la troisième circonscription de la Guadeloupe à l’élection législative a manqué son élection d’un millier de voix.

    Certes, c’était un vote d’opposition, mais au deuxième tour c’était quand même un vote pour l’extrême droite.

    Aux Antilles aussi, Marine Le Pen a réussi sa dédiabolisation.

    L’argument du racisme contre le RN ne marche plus. Marine Le Pen a maintenant des candidats et des électeurs noirs locaux et de milieu populaire. Ce ne sont plus uniquement des Blancs et de milieu aisé, comme dans le passé.

    En Martinique et en Guadeloupe, l’émigration haïtienne est forte et une bonne partie de la population en fait facilement un bouc émissaire de tous les maux qu’elle subit. Elle est confortée en cela par certains individus et aventuriers locaux qui se font une petite popularité en surfant sur la xénophobie. Et les grands partis de gouvernement laissent faire, quand ils n’en rajoutent pas eux aussi.

    Notre campagne présidentielle et législative s‘est bien déroulée, même si les résultats ne progressent pas. Sur les deux îles, nous avons obtenu 1,98 % à la présidentielle.

    Aux législatives, nous avons obtenu 1,18 % sur huit circonscriptions, c’est-à-dire sur la totalité des circonscriptions. Le fait un peu nouveau, et qui a été remarqué dans le public, c’est que nous avons présenté cinq jeunes sur huit candidatures en position de candidats titulaires. Mais surtout le fait de voir des jeunes à la télé a plu à la population, même si, encore une fois, cela ne s’est pas traduit dans les urnes, mais pas moins que d’habitude. Aux élections, nous brillons en effet par une remarquable stabilité.

    Autre nouveauté  : pour la première fois, le #Parti_communiste_guadeloupéen a appelé à voter Combat ouvrier dans toutes les circonscriptions où il n’avait pas de candidat en Guadeloupe, c’est-à-dire dans trois circonscriptions sur quatre.

    Je vous en parle juste à titre d’information, mais il n’y a absolument rien à en dire de plus.

    Les luttes dans les entreprises

    Certaines ont été longues et sont restées isolées. Ce fut le cas à Carrefour Market en Martinique où la grève a duré six mois, et à ArcelorMittal en Guadeloupe où la grève a duré une année. À Carrefour Market, les travailleurs n’ont pas obtenu tout ce qu’ils demandaient. Mais ils ont quand même gagné 2 % d’augmentation de salaire et l’augmentation de la valeur des tickets-restaurants. Chez ArcelorMittal, il n’y a pas eu de succès matériel, mais un gros succès moral contre un patron raciste et méprisant.

    Une grève vit une forme d’organisation plus poussée des travailleurs, à Datex. C’est une entreprise qui prépare des repas pour les collectivités, les écoles et collèges. Un comité de grève a été élu et a dirigé la grève. Après quinze jours de grève, le 28 octobre, les salariés ont obtenu 150 euros d’augmentation de salaire, le paiement des jours de grève et le bonus Bino. Il s’agit du bonus de vie chère instauré par l’accord Bino à l’issue de la grève générale de 2009. Il permet à certains salariés rémunérés jusqu’à 1,4 smic de bénéficier, sous conditions, d’une prime de 100 € net de la part de l’employeur. Cet accord Bino porte le nom du camarade de la #CGTG Jacques Bino, assassiné on ne sait par qui, pendant les émeutes à Pointe-à-Pitre, dans la nuit du 17 au 18 février 2009.

    Autre sujet de satisfaction  : nos camarades de la banane de l’habitation Bois-Debout à Capesterre ont gagné en Cour de cassation. La direction se trouve donc obligée d’accorder à 62 travailleurs le respect de la loi de mensualisation, de payer les arriérés de salaire, le 13e mois, le bonus Bino. Certes, c’est une victoire juridique, mais c’est aussi le prolongement d’une forte combativité sur le terrain depuis des années. Dans cette plantation, les travailleurs ne se laissent pas faire  : grèves, débrayages y sont fréquents chaque année. Car les conditions de travail sont ignobles. Les morts par accidents de travail y sont nombreuses. Le 22 avril dernier, un travailleur s’est écroulé, mort, avec un régime de 60 kg sur lui. On compte onze morts et plusieurs blessés sur cette plantation en trente ans.

    Avec cette victoire obtenue en cassation, les travailleurs de Bois-Debout se sont sentis vengés.

    Parmi les grèves notables, celle des agents de la CTM dans les collèges et lycées en Martinique. La CTM, collectivité territoriale de Martinique, gère la Martinique sous l’autorité de l’État. Les agents, à l’issue de leur grève en octobre, ont obtenu 12 postes. Ils ont obtenu aussi 22 contractuels et 100 agents sous contrat PEC (parcours emploi compétences). Certes, ces derniers ne sont pas des postes définitifs. Mais c’est déjà bon à prendre et c’est la lutte qui a permis d’obtenir ce résultat.

    Une autre grève a fait l’actualité aussi en Martinique, c’est la grève de chauffeurs de bus de plusieurs entreprises. Elle a permis des améliorations de leurs conditions de travail.

  • Stellantis – Poissy : la CGT passe à SUD, les militants restent les mêmes

    https://journal.lutte-ouvriere.org/2022/12/21/stellantis-poissy-la-cgt-passe-sud-les-militants-restent-les

    Au bout de 18 mois de manœuvres diverses, les bureaucrates de la fédération de la #métallurgie sont arrivés, avec l’aide de la justice, à exclure tout le syndicat CGT historique de l’usine #PSA de #Poissy.

    Loin de baisser les bras, les militants exclus, qui continuent de se battre contre le patron au sein de l’usine, sont passés à SUD, lors d’un congrès réussi.

    Depuis le printemps 2021, la fédération de la métallurgie essaye de casser le syndicat CGT de l’usine de Poissy , car elle trouve ses militants trop combatifs et pas assez obéissants à son goût. C’est pourquoi elle a créé de toutes pièces une deuxième CGT dans l’usine, puis obtenu avec la complicité de la direction le retrait des mandats à ces militants connus et reconnus par les travailleurs. Elle avait continué en attaquant en justice ces militants, en leur envoyant chez eux des huissiers de justice, en les assignant au tribunal pour qu’ils ne se revendiquent plus de la CGT sous peine d’une amende de mille euros. À chaque étape de cette lutte, la fédération a trouvé le soutien, d’une part de la direction de PSA-Stellantis, trop contente de s’en prendre à des militants qui aident les travailleurs à s’opposer à ses attaques, et d’autre part de la justice choisissant sans hésitation les bureaucrates syndicaux contre les militants combatifs de base .

    Le dernier en date de ces épisodes a eu lieu le 9 décembre. La juge du #tribunal_de_Bobigny est allée dans le sens de la fédération qui interdit à ces militants d’utiliser le sigle CGT. Elle a ainsi validé leur exclusion de la CGT par la fédération qui n’a pourtant jamais utilisé les procédures internes d’exclusion et a donc bafoué ses propres statuts qui sont censés faire force de loi. Pour la juge, le fait que la fédération ait « retiré sa confiance » au syndicat historique suffit largement à justifier l’exclusion et les menaces de sanction s’ils continuent à se revendiquer de la CGT dans laquelle ils militent depuis des décennies.

    Malgré l’acharnement des dirigeants de la fédération, du patron de PSA et de la justice, les militants attaqués ne reculent pas. Ils ont convoqué un congrès de syndiqués pour proposer de passer à SUD. Ceux-ci ont reconduit dans une belle unanimité le secrétaire du syndicat. Et plus globalement, en choisissant de devenir SUD, les participants ont affirmé que les mêmes militants, du même syndicat, avec les mêmes idées et la même détermination continuent le combat, tout en ayant été contraints de changer de nom.

    Les jours suivants, les ouvriers ont exprimé à ces militants devenus SUD leur soutien par des marques de sympathie, d’encouragement et de félicitations. Car, si la direction, les chefs syndicaux et la justice mettent tant d’énergie à vouloir détruire ce syndicat, c’est l’ensemble des travailleurs qu’ils visent. C’est leurs réactions qu’ils craignent. Ils savent que les travailleurs, s’ils dirigent leurs luttes, sont capables de faire reculer les patrons et de contester leur politique.

    En attendant, les #militants passés à #SUD sont bien déterminés à faire vivre leur syndicat dans la continuité de leur combat. Pour la démocratie et la préparation des mobilisations nécessaires contre les attaques patronales.

    #bureaucratie_syndicale #combativité #Jean-Pierre_Mercier #CGT_métallurgie #Stellantis_Poissy #Stellantis #PSA_Poissy #stalinisme #justice_bourgeoise #démocratie_ouvrière #lutte_de_classe #syndicat_SUD #militantisme #militant_ouvrier #militant_révolutionnaire

  • The Complete Boxing Beginner’s Guide

    #Boxing is a tough sport that is by no means for the faint-hearted. It involves punching and being punched, with the ever-present possibility of either you or your opponent getting knocked out cold. To casual fans, #combat sports are considered brutal by nature, which is a part of the reason why watching a #fight live is so exciting. However, there is so much more to boxing than straight-up brutality: it is an art form. The sweet science has a very elegant quality to it.

    There is nothing more impressive than watching a #boxer string punches together in a way that makes it seem effortless, using counters and defensive maneuvers to dominate their unfortunate opponent. It’s impressive to watch, but to actually know the techniques yourself, put in the practice, and then finally and successfully put what you have learned during practice in an actual fight, is a completely different kettle of fish.

    In this complete beginner’s guide to Boxing, you’ll learn all about how you can easily start to thrive in the Boxing ring – even if you’ve never thrown a #punch in your life – and how you can get started to enjoy the sweet science. From stances to #footwork to the various strikes and styles found in the sport, allow us to take you on a journey through everything you need to know to get you up and running.

    https://evolve-mma.com/blog/the-complete-boxing-beginners-guide

    #boxe

  • Guerre en Ukraine : « L’armée russe est dans un état lamentable », un général de l’armée américaine affirme que « les lance-roquettes Himars changent la donne » - lindependant.fr
    https://www.lindependant.fr/2022/07/25/guerre-en-ukraine-larmee-russe-est-dans-un-etat-lamentable-un-general-d

    Le général à la retraite de l’armée américaine Mark Hertling a déclaré samedi que les systèmes de roquettes d’artillerie à haute mobilité (Himars) fournis à l’Ukraine pour l’aider à lutter contre l’invasion de la Russie « changent la donne », affirmant que l’armée russe est désormais « dans un état lamentable ».

    L’aviation militaire russe, fragilisée par les sanctions
    https://www.lemonde.fr/international/article/2022/07/25/l-aviation-militaire-russe-fragilisee-par-les-sanctions_6136054_3210.html

    L’usine de fabrication des systèmes antiaériens Buk a stoppé sa production après l’arrêt des livraisons de composants fabriqués en Allemagne.

    Guerre en Ukraine : dans la région de Kherson, la contre-offensive a déjà commencé
    https://www.rfi.fr/fr/europe/20220725-guerre-en-ukraine-dans-la-r%C3%A9gion-de-kherson-la-contre-offensive-a-

    La guerre en Ukraine est entrée dans son sixième mois dimanche 24 juillet. Si la situation sur le front du Donbass semble s’être quelque peu rééquilibrée au bénéfice de l’Ukraine, on observe ces derniers jours des mouvements plus importants dans le sud du pays, en particulier dans la région de Kherson, qui devrait être le théâtre de la prochaine grande bataille de la guerre, avec cette fois une contre-offensive de l’Ukraine à prévoir pour le mois d’août.

    Pour le sixième mois consécutif, on t’informe que la Russie est proche de l’effondrement.

    • Can US-supplied HIMARS be a game changer for Ukraine?

      pour une analyse un peu moins issue du prospectus du fournisseur ; on remarquera le point d’interrogation…

      https://www.france24.com/en/europe/20220714-can-us-supplied-himars-be-a-game-changer-for-ukraine


      A launch truck fires the High Mobility Artillery Rocket System (HIMARS) during training at the Yakima Training Center, Washington on May 23, 2011
      © Tony Overman, AP

      An ace up a sleeve or a gimmick
      The incapacity of Russian air defences to detect and intercept HIMARS fire, as well as the shortage of Russian intelligence, surveillance and reconnaissance (ISR) platforms, namely drones, has been notable in the Ukraine conflict.

      The Russian S400 air defence system was advertised as an anti-missile system as well, but it hasn’t been able to detect or stop the HIMARS,” said Ledwidge [a former British military intelligence officer and current lecturer at Portsmouth University].

      The Russians are working on a solution, however. Iran is preparing to send drones to Russia, according to US officials, and Russian President Vladimir Putin is set to visit Iran next week in a bid to boost bilateral relations.

      If Russia gains back its situational awareness due to a sudden influx of drones, it will be able to destroy the limited number of systems sent by the US and its allies to Ukraine.

      The shortage of HIMARS systems will mean that Ukrainians will have to choose wisely where to deploy them as there is not enough to go around,” explained Trinquand [Général Dominique Trinquant, a former head of the French military mission to the UN].

      The HIMARS’ effectiveness in the coming battle for the Donbas will be determined by the choices made by the Ukrainians in its use, and their ability to prevent the Russians from finding it. At this point, the HIMARS is a massive threat to the Russian advance in the East, but only time will tell if it will stay that way.

    • Caesar : 12 + 6
      Himars : 12 + 4
      délais d’acheminement non précisés et plutôt flous…

      Six nouveaux canons Caesar français « en route » vers l’Ukraine - Le Point (19/07/2022)
      https://www.lepoint.fr/monde/six-nouveaux-canons-caesar-francais-en-route-vers-l-ukraine-19-07-2022-24837

      Les six canons Caesar supplémentaires, fleuron de l’artillerie française promis par Emmanuel Macron mi-juin, sont « en route » vers l’Ukraine. Douze canons Caesar ont d’ores et déjà été livrés, a ajouté la cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna, mardi 19 juillet, devant la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat, à Paris.

      US to send more HIMARS precision rocket systems to Ukraine in latest package (20/07/2022)
      https://www.defensenews.com/pentagon/2022/07/20/us-to-send-more-himars-precision-rocket-systems-to-ukraine-in-latest-pa

      The US will send four more high-mobility artillery rocket systems to Ukraine as part of the next military aid package to strengthen Kyiv in what’s become a grinding long-range fires duel, Pentagon officials said Wednesday.
      The new M142 High Mobility Artillery Rocket Systems, or HIMARS, will bring the total number committed to Ukraine to 16. The light, wheeled multiple rocket launcher allows Ukraine to strike at ranges of 85 kilometers, or 53 miles, and with more precision than previously sent artillery.

  • Filles du feu

    Elles ont à peine vingt ans et affrontent l’État islamique au Kurdistan syrien. Dans cette région du monde où l’homme marche devant et la femme derrière, le fait qu’elles aient pris les armes aux côtés de leurs frères revêt une signification extraordinaire. D’ailleurs, nous les connaissons déjà : leurs foulards de couleur, leur calme et leur courage ont fait le tour du monde. Leur quotidien dans un monde en ruine, les moments d’attente et de fraternité, les veillées d’armes autour du souvenir des disparus tissent le portrait de ces combattantes, les Filles du feu.

    http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/9650_1

    #film #film_documentaire #documentaire
    #femmes #Kurdes #femmes_kurdes #combattantes #Syrie #guerre #amitié #Kobané #résistance

  • LETTRE D’UN GILET JAUNE EN PRISON (Nantes Révoltée, facebook)

    – « j’ai décidé ne plus être une victime et de me battre. J’en suis fier. Fier d’avoir relevé la tête, fier de ne pas avoir cédé à la peur. » -
    La lettre puissante de Thomas, emprisonné suite à une manifestation de Gilets Jaunes au mois de février. A lire et faire lire.

    « Bonjour,
    Je m’appelle Thomas. Je fais partie de ces nombreux Gilets Jaunes qui dorment en ce moment en prison. Cela fait près de 3 mois que je suis incarcéré à Fleury-Mérogis sous mandat de dépôt criminel.

    Je suis accusé de pas mal de choses après ma participation à l’acte XIII à Paris :
    « dégradation ou détérioration d’un bien appartenant à autrui »
    « dégradation ou détérioration d’un bien appartenant à autrui par un moyen dangereux pour les personnes » (incendie d’une Porsche)
    « dégradation ou détérioration de bien par un moyen dangereux pour les personnes commise en raison de la qualité de la personne dépositaire de l’autorité publique de son propriétaire » (le ministère des armées)
    « dégradation ou détérioration d’un bien destiné à l’utilité ou la décoration publique » (attaque sur une voiture de police et une voiture de l’administration pénitentiaire)
    « violence aggravée par deux circonstances (avec arme et sur dépositaire de l’autorité publique) suivi d’incapacité n’excédant pas 8 jours » (l’arme serait une barrière de chantier, toujours sur la même voiture de police, 2 jours d’ITT pour le traumatisme)
    « violence sur une personne dépositaire de l’autorité publique sans incapacité »
    « participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destruction ou dégradation de biens ».

    J’ai effectivement commis une partie des actes que recouvrent ces formulations un peu ronflantes… Et je les assume. J’ai bien conscience qu’écrire cela risque de me faire rester un peu plus de temps en prison et je comprends très bien tous ceux qui préfèrent ne pas revendiquer leurs actes devant la justice et parient sur une éventuelle clémence.

    Quand on lit cette longue liste de délits et leurs intitulés, il y a de quoi me prendre pour un fou furieux, n’est-ce pas ? C’est d’ailleurs comme ça que l’on m’a décrit dans les media. Enfin, on m’a plutôt réduit à un mot bien pratique : « casseur ». Simplement. « Pourquoi ce type a cassé ? – Parce que c’est un casseur, c’est évident. » Tout est dit, circulez il n’y a rien à voir et surtout, rien à comprendre. À croire que certains naissent « casseur ». Cela évite d’avoir à se demander pourquoi tel commerce est ciblé plutôt que tel autre, et si par hasard ces actes n’auraient pas un sens, au moins pour ceux qui prennent le risque de les accomplir.

    Il est d’ailleurs assez ironique, que je me retrouve affublé du stigmate de « casseur », notamment parce que la chose que j’apprécie le plus dans la vie, c’est la construction. Menuiserie, charpente, maçonnerie, plomberie, électricité, soudure… Bricoler, réparer tout ce qui traîne, construire une maison de la dalle aux finitions, c’est ça mon truc. Après, c’est vrai, rien de ce que j’ai construit ou réparé ne ressemble à une banque ou à une voiture de police.

    Dans certains médias, on m’a aussi traité de « brute », pourtant je n’ai jamais été quelqu’un de violent. On pourrait même dire que je suis doux. À tel point que cela m’a rendu la vie compliquée pendant l’adolescence. Bien sûr, dans la vie, on passe tous par des situations difficiles et on s’endurcit. Après, je ne cherche pas à dire que je suis un agneau ni une victime.

    On n’est plus innocent quand on a vu la violence « légitime », la violence légale : celle de la police. J’ai vu la haine ou le vide dans leurs yeux et j’ai entendu leurs sommations glaçantes : « dispersez-vous, rentrez chez vous ». J’ai vu les charges, les grenades et les tabassages en règle. J’ai vu les contrôles, les fouilles, les nasses, les arrestations et la prison. J’ai vu les gens tomber, en sang, j’ai vu les mutilés. Comme tous ceux qui manifestaient ce 9 février, j’ai appris qu’une nouvelle fois, un homme venait de se faire arracher la main par une grenade. Et puis je n’ai plus rien vu, à cause des gaz. Tous, nous suffoquions. C’est à ce moment-là que j’ai décidé ne plus être une victime et de me battre. J’en suis fier. Fier d’avoir relevé la tête, fier de ne pas avoir cédé à la peur.

    Bien sûr, comme tous ceux qui sont visés par la répression du mouvement des Gilets Jaunes, j’ai d’abord manifesté pacifiquement et au quotidien, je règle toujours les problèmes par la parole plutôt que par les poings. Mais je suis convaincu que dans certaines situations, le conflit est nécessaire. Car le débat aussi « grand » soit il, peut parfois être truqué ou faussé. Il suffit pour cela que celui qui l’organise pose les questions dans les termes qui l’arrangent. On nous dit d’un côté que les caisses de l’État sont vides mais on renfloue les banques à coups de millions dès qu’elles sont en difficulté, on nous parle de « transition écologique » sans jamais remettre en question le système de production et de consommation à l’origine de tous les dérèglements climatiques¹. Nous sommes des millions à leur hurler que leur système est pourri et ils nous expliquent comment ils prétendent le sauver.

    En fait, tout est question de justesse. Il y a un usage juste de la douceur, un usage juste de la parole et un usage juste de la violence.

    Il nous faut prendre les choses en main et arrêter d’implorer des pouvoirs si déterminés à nous mener dans le mur. Il nous faut un peu de sérieux, un peu d’honneur et reconnaître qu’un certain nombre de systèmes, d’organisations et d’entreprises détruisent nos vies autant que notre environnement et qu’il faudra bien un jour les mettre hors d’état de nuire. Ça implique d’agir, ça implique des gestes, ça implique des choix : manif sauvage ou maintien de l’ordre ?

    À ce propos, j’entends beaucoup de conneries à la télé, mais il y en a une qui me semble particulièrement grossière. Non, aucun manifestant ne cherche à « tuer des flics ». L’enjeu des affrontements de rue c’est de parvenir à faire reculer la police, à la tenir en respect : pour sortir d’une nasse, atteindre un lieu de pouvoir ou simplement reprendre la rue. Depuis le 17 novembre, ceux qui ont menacé de sortir leur armes, ceux qui brutalisent, mutilent et asphyxient des manifestants désarmés et sans défense, ce ne sont pas les soit-disant « casseurs », ce sont les forces de l’ordre. Si les médias en parlent peu, les centaines de milliers de personnes qui sont allées sur les ronds-points et dans les rues le savent. Derrière leur brutalité et leurs menaces, c’est la peur qui se cache. Et quand ce moment arrive, en général, c’est que la révolution n’est pas loin.

    Si je n’ai jamais eu envie de voir mon nom étalé dans la presse, c’est désormais le cas, et comme je m’attends à ce que journalistes et magistrats épluchent et exposent ma vie personnelle, autant prendre moi-même la parole². Voilà donc ma petite histoire. Après une enfance somme toute assez banale dans une petite ville du Poitou, je suis parti dans la « grande ville » d’à côté pour commencer des études, quitter le foyer familial (même si j’aime beaucoup mes parents), commencer la vie active. Pas dans le but de trouver du travail et de prendre des crédits, non, plutôt pour voyager, faire de nouvelles expériences, trouver l’amour, vivre des trucs dingues, l’aventure quoi. Ceux qui ne rêvent pas de cela à 17 ans doivent être sérieusement dérangés.

    Cette possibilité-là, pour moi, c’était la fac mais j’ai vite déchanté face à l’ennui et l’apathie régnants. Puis coup de chance, je suis tombé sur une assemblée générale au début du mouvement des retraites. Il y avait des gens qui voulaient bloquer la fac et qui ont attiré mon attention. J’en ai rencontré quelques-uns qui voulaient occuper un bâtiment et rejoindre les dockers. Le lendemain, je les ai accompagné pour murer le local du Medef et taguer « pouvoir au peuple » sur les parpaings tout frais. Voilà le jour où l’homme que je suis aujourd’hui est né.

    J’ai donc étudié l’Histoire parce qu’on parlait beaucoup de révolution et que je ne voulais pas parler depuis une position d’ignorant. Mais très vite, je décidais de quitter la fac. Le constat était simple, non seulement on en apprenait bien plus dans les bouquins qu’en cours mais en plus de cela je n’avais pas envie de m’élever socialement pour devenir un petit cadre aisé du système que je voulais combattre. Là c’était le vrai début de l’aventure.

    Ensuite, j’ai vécu avec plein de potes en ville ou à la campagne, c’est là que j’ai appris à tout réparer, à tout construire. On essayait de tout faire nous-mêmes plutôt que de bosser pour l’acheter. Un peu une vie de hippie, quoi ! À la différence qu’on savait qu’on n’allait pas changer le monde en s’enterrant dans notre petit cocon auto-suffisant. Alors, j’ai toujours gardé le contact avec l’actualité politique, je suis allé à la rencontre de celles et ceux qui, comme moi dans le passé, vivaient leur premier mouvement.

    Voilà comment j’ai rejoint les Gilets Jaunes depuis maintenant quatre mois. C’est le mouvement le plus beau et le plus fort que j’ai jamais vu. Je m’y suis jeté corps et âme, sans hésitation. L’après-midi de mon arrestation, plusieurs fois des gens sont venus vers moi pour me saluer, me remercier ou me dire de faire attention à moi. Les actes que l’on me reproche, ceux que j’ai commis et les autres, ils sont en réalité collectifs. Et c’est précisément de cela dont le pouvoir à peur et c’est pour cette raison qu’ils nous répriment et nous enferment individuellement en tentant de nous monter les uns contre les autres. Le gentil citoyen contre le méchant « casseur ». Mais de toute évidence, ni la matraque ni la prison ne semblent arrêter ce mouvement. Je suis de tout cœur avec celles et ceux qui

    continuent.
    Depuis les murs de Fleury-Merogis, Thomas, gilet jaune.
    ¹ Cela vaut d’ailleurs pour beaucoup d’écologistes officiels qui souhaitent que ce sale pollueur de pauvre ne puisse plus rouler avec sa camionnette des années 90 qu’il entretient, répare et bricole lui-même. Non, il va devoir s’acheter tous les quatre ans la dernière voiture high-tech basse conso.
    ² D’ailleurs, les journaux parlent de mes antécédents judiciaires pour « dégradation ». Il a fallu que je me creuse la tête pour me souvenir. Il s’agit plus précisément d’un « vol avec dégradation en bande organisée ». C’est-à-dire qu’à force d’enjamber le grillage pour faire de la récup’ de nourriture dans les poubelles d’un Carrefour Market de campagne, il s’était un peu affaissé. C’est pas une blague. C’est juste la magie des qualifications pénales. »

    Le blog du comité de soutien à Thomas  : https://comitedesoutienathomasp.home.blog

    Source : https://pt-br.facebook.com/groups/batiamourtsou/?ref=group_header
    https://www.facebook.com/groups/batiamourtsou/permalink/10159170202106125/?__cft__[0]=AZW21yRQzAwV5dM8QVgTZ_OL3IJQf2eXCWpHaIp4jmQExwX2lHwM3Y-WRqOOy1

    #prison #justice #prisons #répression #france #violence_légale #police #répression_-_prisons #Fleury-Mérogis #gilets_jaunes #giletsjaunes #combats #france

  • Petite fille - Regarder le documentaire complet | ARTE
    https://www.arte.tv/fr/videos/083141-000-A/petite-fille
    https://api-cdn.arte.tv/api/mami/v1/program/fr/083141-000-A/940x530

    Née dans un corps de garçon, Sasha, 7 ans, se sent petite fille depuis plusieurs années. Le cinéaste Sébastien Lifshitz ("Les invisibles") suit sa vie au quotidien et le combat incessant de sa famille pour faire comprendre sa différence. Un film documentaire bouleversant remarqué à la Berlinale 2020.

    • « Quand je serai grande, je serai une fille », répète Sasha depuis qu’elle a 3 ans. « Sasha est une petite fille, née dans un corps de garçon. Elle déteste son zizi et regrette de ne pas pouvoir un jour porter un bébé dans son ventre », confie sa mère, Karine, au médecin de famille. Celui-ci s’avoue incompétent concernant les enfants présentant une dysphorie de genre, c’est-à-dire ceux qui ne se reconnaissent pas dans leur sexe de naissance. Il l’oriente vers Paris où Karine trouve, à l’hôpital Robert-Debré, une pédopsychiatre spécialiste de la question, qui la reçoit avec Sasha et leur prête enfin une oreille attentive : une éclaircie dans l’incessant combat que doivent mener Karine, son mari et l’aimante fratrie autour de Sasha pour que l’enfant soit enfin reconnue et acceptée comme une fille, notamment à l’école et au cours de danse. C’est aussi pour la jeune mère la fin d’une lourde culpabilité. Non, ce n’est pas parce qu’elle a désiré une fille lors de sa grossesse que Sasha se trouve aujourd’hui dans un tel bouleversement. Les causes de la dysphorie de genre demeurent inconnues. Oui, elle a bien fait de laisser Sasha s’habiller en fille. Armée d’un certificat médical attestant la dysphorie de genre de l’enfant, Karine poursuit son combat auprès du directeur de l’école qui refuse obstinément que Sasha soit considérée comme une petite fille. Le début d’une longue course d’obstacles…

    • je viens de le parcourir, ça m’a choqué, le ton, la condescendance, beaucoup de mal à entendre les questions qu’elle pose du coup, même si elles semblent pertinente, notamment ces histoires de congélation. Ces problèmes (de transidentité) me sont presque parfaitement étranger, jamais vécu, et les gens que je connais qui ont eut à traverser ces épreuves, on en parle à peine. Bref, il s’agit bien d’une expérience que je n’ai pas, et ce film me semble tout de même bénéfique pour ça, pour se rendre, un peu, compte, de la souffrance que ces « questions » engendrent. ça crée de la solidarité, j’aime bien ça.

    • L’important, en effet, c’est l’attestation du médecin qui permettra à Sasha de ne plus être mégenré à l’école, qui lui permettra de porter des robes, des chaussures à talon, des nœuds roses, des colliers, du rouge à lèvres, etc. Les émotions priment ici sur la raison

      Euh je viens de passer un an à me battre avec ma fille, pour lui faire accepter de mettre un pantalon de temps en temps, notamment pour, éventuellement, un peu moins se râper les genoux à l’école. Pareil avec le rose et tout le bazar.

      Ce papier semble écrit par quelqu’un qui n’a jamais eut à prendre en compte l’importance émotionnelle que ces « trucs » (la jupe, le rose, les colliers, le rouge à lèvre) peuvent avoir pour les gamins-gamines.

      Après, tout perché qu’il est (le papier), oui il y a des questions sur l’utilisation de la science qui sont pertinentes, mais quelle #condescendance, quel #mépris...

    • ça, ça me semble juste par contre...

      la binarité des sexes en vue de la reproduction n’est pas une naturalisation ou un essentialisme des comportements, mais simplement une réalité indépendante de l’asymétrie des genres qui, elle, est imposée par la domination masculine. C’est contre cela que nous devons nous battre, non contre nos corps.

      et vrai que la gamine part dans un truc très inquiétant pour ce qui est des hormones.

  • #Conférence_de_presse conjointe sur la réponse européenne à la #menace_terroriste

    Une conférence de presse a eu lieu hier à Paris, avec #Sebastian_Kurz (chancelier autrichien), #Angela_Merkel, #Mark_Rutte (Pays Bas) ainsi qu’avec le président du Conseil européen, #Charles_Michel, et la présidente de la Commission européenne, #Ursula_Von_der_Leyen.

    La conférence de presse complète est visible ici : https://www.youtube.com/watch?v=zL6_Ewwy8dE&feature=youtu.be

    Message reçu via la mailing-list Migreurop, 11.11.2020 (que j’anonymise et modifie légèrement) :

    Lors de cette conférence ont été tenu des propos potentiellement inquiétants par Emmanuel #Macron. Dans sa prise de parole officielle, il a déclaré : « Il ne faut en rien confondre la lutte contre l’#immigration_clandestine et le terrorisme, mais il nous faut regarder lucidement les #liens qui existent entre ces deux phénomènes. » (à 4mn52sec.)
    Parfaite illustration de l’utilisation rhétorique de la litote !
    En résumé tout ce qui est dit avant le « mais » ne compte pas…

    Plus tard dans la conférence de presse, une journaliste lui pose la question du respect du #droit_d’asile, et il répond ceci : « Tout particulièrement, et c’est un sujet dont nous devons nous emparer collectivement, nous constatons dans tous nos pays à un dévoiement de ce qui est le droit d’asile. Le droit d’asile est fait pour les #combattants_de_la_paix, pour ceux qui prennent un #risque dans leur choix politique dans leur pays. Et nous voyons de plus en plus aujourd’hui de personnes qui viennent demander le droit d’asile en Europe et qui viennent de pays qui ne sont pas en #guerre, auxquels nous donnons des centaines de milliers de #visas chaque année. Donc il y a un dévoiement, qui est utilisé chaque année par des trafiquants, par des réseaux qui sont bien identifiés. » (à 35mn20sec.)

    Ces mots sont inquiétants…
    D’abord parce que Macron, quand il parle du droit d’asile sous cette forme, ne parle pas du droit d’asile au sens de la #convention_de_Genève, mais bien uniquement de l’asile sous sa forme constitutionnelle française.
    #Asile_constitutionnel : "toute personne persécutée en raison de son action en faveur de la #liberté" (alinéa 4 du préambule de la Constitution de 1946)
    L’OFPRA le détaille comme ceci :
    "existence d’une #persécution_effective (et donc pas seulement d’une #crainte_de_persécution)
    les auteurs des persécutions peuvent être déterminés ou non, organisés ou non
    le demandeur a fait preuve d’un engagement actif en faveur de l’instauration d’un régime démocratique ou des valeurs qui s’y attachent (liberté d’expression, liberté d’association, liberté syndicale...)
    l’engagement du demandeur doit être dicté par des considérations d’#intérêt_général (et non d’ordre personnel)"

    Cette forme est bien plus restrictive que l’asile au sens de la Convention :
    Article 1, A, 2 :
    « toute personne qui, craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays. ».

    Quand Emmanuel Macron déclare que c’est un sujet dont les pays européens doivent s’emparer collectivement, est-ce qu’il ne faut pas craindre que des discussions au sein des Etats-membres s’engagent sur une #restriction des #critères d’attribution de l’asile ? Voire une #remise_en_cause de l’asile conventionnel ?
    Ce vendredi doit se tenir une réunion du Conseil Européen, avec tous les ministres de l’intérieur européens. Il faut rappeler que Gérald Darmanin aurait évoqué une remise en cause du droit d’asile, le 18 octobre. Sujet qui n’aurait « pas été à l’ordre du jour » du conseil de défense, contrairement à son souhait.
    https://blogs.mediapart.fr/david-t/blog/191020/itineraire-dune-info-gatee

    Ce #glissement _émantique de la France, qui je l’espère ne va pas déteindre sur les autres Etats-membres.

    #extrémisme_violent #terrorisme #asile #migrations #réfugiés

    ping @isskein @karine4

  • #Marlène_Schiappa, le #fémonationalisme et nous

    Juillet 2020. Dans le cadre d’« opérations de reconquête républicaine », Marlène Schiappa en appelle au « bon sens », entendre : « Si la maison de votre voisin s’effondre, vous l’accueillez. Mais s’il se met à tabasser votre sœur, vous le virez ! » C’est en ces termes qu’elle se félicite de la mise en place, par ses soins, de la #double_peine pour les étrangers coupables de violences sexistes et sexuelles. Accusée de promouvoir le fémonationalisme — c’est-à-dire un féminisme qui instrumentalise les #droits_des_femmes à des fins nationalistes et identitaires —, la porte-voix du gouvernement Macron a répondu n’avoir « aucune leçon de féminisme à recevoir de qui que ce soit ». Plus qu’une participation à la présente polémique, la sociologue et écrivaine Kaoutar Harchi entend ici, en guise de prolongement, rappeler la nécessité de déployer, face aux menées libérales et xénophobes, « un féminisme antiraciste et anticapitaliste ».

    À peine nommée ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur, en charge de la Citoyenneté, Marlène Schiappa, ancienne secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les hommes et les femmes et de la Lutte contre les discriminations, a revêtu les habits neufs — au vrai, pas tant que cela — de la nouvelle fonction politique qui lui incombe. Ces nouvelles attributions ne vont pas sans rappeler d’anciennes prises de position. Se voulant féministes, celles-ci plaidaient, en 2017, tant pour l’instauration d’un congé maternité non indexé au statut professionnel des mères que pour la verbalisation des insultes sexistes proférées au sein de l’espace public. L’alliance, hier comme aujourd’hui, d’un déploiement de dispositifs sécuritaires visant au contrôle des conduites masculines, d’une part, et d’une rhétorique de la protection des femmes contre les violences sexistes et sexuelles, d’autre part, est loin d’être une disposition circonstancielle. Elle peut même relever d’un projet féministe de type carcéro-punitif : déployé au cœur de l’État, il en a pris le pli au point de confier aux institutions de la force — policière et pénitentiaire — le monopole de la gestion protectrice des femmes.

    Ne voir là qu’une passion pour le châtiment et l’enfermement est à la fois nécessaire et insuffisant : l’analyse des alliances réalisées ne peut se faire indépendamment d’une analyse des significations politiques symboliquement induites, ni évacuer les effets empiriques produits sur les vies des hommes et des femmes. Car, au final, de quels hommes et de quelles femmes parle Marlène Schiappa lorsqu’elle défend la mise en place de mesures de lutte contre « le séparatisme » — que le président de la République évoquait déjà, le 18 février 2020, lors de son discours à Mulhouse ? Rien de plus simple, il suffit d’écouter Schiappa s’exprimer : « Lorsqu’un étranger commet des violences sexistes ou sexuelles, il doit cesser d’être accueilli en France. » Ou : « Si vous avez quelqu’un qui se présente comme étant un imam et qui, dans une salle de réunion, ou sur YouTube, ou sur les réseaux sociaux, appelle à la lapidation des femmes parce qu’elles se parfument, il ne faut pas rester sans agir, il faut déposer plainte. Tous les voies et recours doivent pouvoir être étudiés et nous devons pouvoir étudier des manières de renforcer la législation pour réaffirmer les grands principes de la République et notre lutte contre le séparatisme. »

    Ou bien encore : « L’idée, c’est de contrer les groupes organisés de manière hostile et violente vis-à-vis de la République. Il y a des choses qui existent déjà dans la loi : on a fait fermer près de 300 lieux problématiques, débits de boissons ou écoles hors contrat, qui prêchent cet islam politique, cet islamisme et ce séparatisme. […] Et c’est une manière de protéger les musulmans qui nous alertent et nous disent que leur mosquée est prise à partie sur ces questions-là par des groupes qui s’organisent pour parler au nom de l’islam. Il faut être prudent sur les mots et les termes, et c’est pour cela qu’on finalise cette loi et qu’on la présentera à la rentrée. » Et de préciser, enfin : « Je veux être prudente dans les comparaisons qu’on fait et je ne peux pas comparer [les exemples cités plus hauts avec] le diacre qui considère que l’évêché doit être réservé aux hommes. Je ne suis pas d’accord avec lui mais il ne met pas en péril la République. Ce n’est pas la même chose de dire "nos traditions veulent cela" que de dire "j’impose mes lois et je souhaite lapider des femmes", il y a une différence de degré. »

    Bien que nous ignorions encore selon quels dispositifs précis Marlène Schiappa entend mener ce « combat culturel », sa seule manière d’en assurer la performance médiatique nous permet d’identifier sans mal la forme de coalition qui le fonde : coalition d’un argumentaire centré sur la condition sociale inégalitaire à laquelle les femmes sont contraintes, et d’un discours qui se veut à la fois explicatif et prescriptif. Un discours qui fait de la condition des femmes un phénomène imputable, non pas au régime patriarcal tel qu’il se (re)configure au gré des périodes et des espaces, mais à un segment particulier de ce régime. En amalgamant les figures incommensurablement altérisées de l’étranger, du réfugié, du migrant, du musulman, de l’Arabe, du Noir ou encore du jeune de banlieue, ce segment devient le seul qui vaudrait la peine d’être combattu. Ce phénomène rhétorique où féminisme et racisme se rencontrent, se saluent, et s’incarnent en politiques gouvernementales, en programmes éducatifs, en campagnes de prévention ou encore en répertoire d’intégration, a été qualifié de « fémonationaliste » et s’arrime à la famille étendue des nationalismes sexuels.

    Un féminisme au service de la nation

    Forgé par Sara R. Farris à travers l’ouvrage In the name of Women’s Rights — The Rise of Femonationalism, le concept de fémonationalisme décrit, selon l’autrice, « les tentatives des partis européens de droite (entre autres) d’intégrer les idéaux féministes dans des campagnes anti-immigrés et anti-Islam ». Si la critique des convergences de la rhétorique des droits des femmes et celle du chauvinisme-nationalisme a mis en évidence, et avec insistance, les processus de culturalisation des violences faites à celles-ci, Sara R. Farris a œuvré, en tant que féministe marxiste, à déplacer l’analyse vers le terrain fécond du complexe politico-économique. Ainsi a‑t-elle cherché à comprendre les motivations profondes qui tendent, sous l’effet de la surqualification sexiste des hommes non-blancs1, à opposer les intérêts de ces derniers aux femmes non-blanches et, plus encore, à les représenter publiquement comme des figures antinomiques. Et la théoricienne de s’interroger : « De nos jours, particulièrement dans le Sud de l’Europe, les migrants sont fréquemment perçus comme une réserve de main‑d’œuvre bon marché dont la présence menace les emplois et les salaires des travailleurs nationaux. Pourtant, les travailleuses migrantes et les musulmanes en particulier ne sont ni présentées ni perçues de la même manière. Pourquoi ? »

    Pour répondre à cette question, plus redoutable qu’elle n’y paraît, Sara R. Farris a porté son attention sur les secteurs économiques d’intégration des migrant·es. De là, il est apparu que les travailleuses migrantes sont principalement employées par le secteur domestique tandis que les travailleurs migrants sont distribués selon une logique bien plus diversifiée. La féminisation des mondes du travail, l’ouverture du domaine des soins au marché ainsi que la facilitation transactionnelle, organisée par l’État, de recourir à une assistance extérieure — relative, notamment, à la garde d’enfants, à l’aide aux personnes âgées ou aux personnes handicapées — ont grandement et durablement favorisé la constitution des femmes du Sud, non comme « armée de réserve » menaçante mais comme « armée régulière » entretenue permettant aux collectivités blanches de bien vivre.

    Selon l’autrice, l’une des grilles de compréhension de l’appareil justificatoire fémonationaliste tirerait sa force de cette matérialité de l’aide féminine apportée. La lutte pour la conservation de cette aide conduirait alors à représenter et à traiter les femmes non-blanches issues des migrations postcoloniales comme victimes à extirper et à sauver des mains dangereuses de leur époux, père, frère, oncle, cousin, et plus généralement de tout homme de leur groupe ethno-racial supposé ou réel. La logique néolibérale, dont on perçoit bien, ici, l’intimité structurelle qu’elle entretient avec la sexualisation/racialisation de la force de travail, viendrait dès lors infléchir les traitements — mais pas les violences — que des gouvernements de droite et de gauche porteraient sur les femmes migrantes. Inflexions d’autant plus probables et soutenues qu’elles viennent confirmer, si ce n’est créer, un effet de coïncidence avec la définition majoritaire de la figure féminine — a fortiori migrante — émancipée et légitime à vivre sur les territoires nationaux européens : soit une femme libérée de l’emprise familiale et librement présente sur le marché du travail.

    Une séquence fémonationaliste historique

    Dans le contexte spécifique des politiques et législations françaises, il s’agirait alors de comprendre la manière dont la pensée de Sara R. Farris éclaire l’une des séquences contemporaines les plus fondamentales de la longue histoire fémonationaliste française, à savoir celle de l’interdiction du port du voile dans les écoles publiques, en 2004, au nom de la laïcité et de l’égalité filles-garçons. Comme le note la sociologue Christine Delphy, les arguments des féministes en faveur de l’interdiction du foulard, « formulés dès 1989 par Élisabeth Badinter, Régis Debray, Alain Finkielkraut, Élisabeth de Fontenay, Catherine Kintzler2 », ont affirmé l’exceptionnalité de la violence sexiste exercée par les hommes non-blancs, en la rejetant au-delà du cadre de la violence sexiste ordinaire. Nombre de débats publics se sont alors orientés vers le « pourquoi » de cette violence supposée plus violente que toute autre, et ont fait d’elle, lorsqu’elle est observée sur le territoire national, une violence accidentelle — c’est-à-dire importée d’un ailleurs lointain, conséquence de l’immigration d’hommes de confession musulmane, réelle ou supposée — et portant atteinte à l’intégrité de la « démocratie sexuelle ».

    L’association Ni Putes ni Soumises, par exemple, grandement centrée sur l’accompagnement de la population féminine « des quartiers », a incarné le combat contre la « barbarie » patriarcale supposée de la fraction masculine, musulmane et populaire de la société française. Un combat, mené par quelques actrices féminines racisées proches des structures du pouvoir, se voulant représentatives du pendant féminin de ladite fraction, et qui a symbolisé, à lui-seul, l’arrachement des femmes bonnes d’une religion et d’une culture mauvaises. Cela au point que la nécessité d’aider les jeunes filles en question à quitter leur « culture » en quittant leur famille, et plus encore à rompre tout lien avec elles, a progressivement été défendue par les membres de l’association et par nombre d’acteurs et d’actrices institutionnels prohibitionnistes.

    Articulant ces éléments, qui mêlent processus de racialisation (lesquels assurent la pérennité de l’ordre patriarcal) et mécanismes de sexualisation (lesquels confèrent toute sa force à l’organisation racisée), Sara R. Farris y adjoint alors ce que la sociologue Dina Bader a nommé « la dimension du gain3 » : cet intérêt structurel qui mène les gouvernements de droite et de gauche, dans une perspective conservatrice et nationaliste, à s’accaparer le discours féministe, avec la collaboration volontariste de féministes en poste, « car ils ont quelque chose à gagner ». En filigrane de cette manière d’appréhender le phénomène d’un féminisme raciste, nous retrouvons l’hypothèse développée par le philosophe marxiste Alain Badiou selon laquelle « la loi sur le foulard [serait] une loi capitaliste pure [qui] ordonnerait que la féminité soit exposée. Autrement dit, que la circulation sous paradigme marchand du corps féminin [serait] obligatoire et interdi[rait] en la matière — et chez les adolescentes, plaque sensible de l’univers subjectif entier — toute réserve ». Ainsi la logique marchande d’une transparence de la féminité occidentale s’articule aux résidus fondamentaux de la logique (néo)coloniale du dévoilement articulée.

    Dans un paradigme où les femmes racisées, en tant que telles, sont perçues comme ayant toujours quelque chose d’elles à vendre quand, au contraire, les hommes racisés sont appréhendés comme ne disposant pas de ressources pour acheter, aux premières l’accueil sous conditions — celle de ne pas porter le voile, notamment —, aux seconds le rejet inconditionnel.

    Enjeux collectifs

    La rhétorique fémonationaliste à laquelle Marlène Schiappa s’adonne allègrement depuis le ministère de l’Intérieur4 se déploie entre les soupçons d’agressions sexuelles qui pèsent sur Gérald Darmanin : mise en scène révoltante d’un pouvoir qui survisibilise la violence sexiste de certains hommes pour mieux invisibiliser celle d’autres. Cette rhétorique appelle une réponse forte, collectivement organisée. Non parce que nos hommes subiraient le racisme et qu’il faudrait, en tant que leurs femmes, les en sauver — tandis que d’autres hommes chercheraient à nous sauver de ceux-là mêmes —, mais bien parce qu’en tant que femmes de personne, nous jugeons que la lutte antiraciste et la lutte antisexiste ne sauraient être pleinement réalisées que dans cette conscience aiguë que les personnes opprimées par le racisme ne sont pas toutes des hommes non-blancs et que l’oppression patriarcale ne soumet pas uniquement des femmes blanches. Dans cette perspective, et Delphy le remarque justement, les femmes racisées sont contraintes de construire avec et sans les hommes du groupe racisé, avec et sans les femmes du groupe blanc. Ce qui pose la question cruciale des conditions de possibilité liées à la construction d’un espace politique des femmes racisées.

    Que signifie cet « avec » et ce « sans » ? Une infinité de pièges qui parsème les chemins difficiles de l’émancipation politique des membres objectivement solidaires du groupe racisé et des membres objectivement solidaires du groupe féminin — solidarité que la rhétorique fémonationaliste cherche tout bonnement à rompre définitivement en isolant femmes et hommes, en livrant les unes à la dévoration domestique et les autres à la noyade en haute mer ou à l’asphyxie. Cela ne peut ni ne doit durer car personne ne peut être dépossédé de son existence et vivre en se sachant, ainsi, destiné à la mort. Dénoncer et lutter contre la racialisation des questions sexuelles et la sexualisation de la question raciale — auxquelles Schiappa et Darmanin, comme d’autres avant eux, vont en promettant un grand avenir — implique d’affronter une question centrale : si les femmes racisées sont aptes — car construites ainsi par un ensemble de rapports sociaux — à se voir, à se reconnaître et à éprouver une forme d’empathie envers l’homme non-blanc que le racisme violente et envers la femme blanche que le patriarcat oppresse, qui des membres de ces groupes dominés se reconnaissent en elles ?

    Il importe de nous acharner à pointer du doigt la moindre injustice de genre, de classe et de race, produite non seulement par l’instrumentalisation des idées féministes, mais aussi et surtout par le caractère instrumentalisable et donc antiféministe de ces mêmes idées. Cela, de nombreuses personnes qui militent l’ont dit bien des fois. Mais en matière de politique des luttes, se répéter est une manière de dialoguer avec ceux et celles qui entendraient parler de tout cela pour la première fois, comme une manière de ne pas laisser aller à l’apathie ceux et celles qui n’en ont que trop entendu parler. Il importe, aussi, de rompre avec l’idée selon laquelle les hommes racisés seraient substantiellement plus violents que les autres hommes et que les cultures des Suds seraient plus marquées par l’idéologie patriarcale que celles du Nord. Car, dans un cas comme dans un autre, nous sommes entraîné·es à répondre au « pourquoi » moralisant de cette prétendue spécificité, et non au « comment » politique de cette spécification. Cette rupture est absolument fondamentale. Elle conditionne la possibilité d’orienter la lutte, non pas contre les formes les plus monstrueuses du patriarcat — ce qui ne peut que nous conduire à entériner les formes souriantes et galantes de ce dernier — mais bien contre le patriarcat dans tous ses états5. Enfin, il importe de prendre la mesure des concurrences féroces qui ont lieu au sein des espaces du féminisme majoritaire blanc pour la conservation et/ou la conquête du monopole féministe.

    Demeurons vigilant·es quant aux potentielles formes de récupérations de la critique fémonationaliste, non pas dans une perspective révolutionnaire qui profiterait à toutes les membres de la classe des femmes, mais dans une logique de pure distinction stratégique des groupes dominants entre eux. Puisque l’oppression accable sur plusieurs fronts à la fois, nous ne pouvons que réfléchir ensemble et solidairement vers la construction d’espaces étendus. Espaces où les réflexions théoriques et les actions concrètes des femmes qui prônent un féminisme antiraciste et anticapitaliste pourront se déployer plus encore, dans la plénitude de leurs croisements.

    https://www.revue-ballast.fr/marlene-schiappa-le-femonationalisme-et-nous

    #nationalisme #violences_sexistes #violences_sexuelles #protection #châtiment #enfermement #séparatisme #étrangers #combat_culturel #altérisation #islam #musulmans #racisme #nationalismes_sexuels #nationalisme_sexuel #intersectionnalité #islamophobie #anti-réfugiés #culturalisation

    ping @cede

    –—

    Déjà signalé sur seenthis ici : https://seenthis.net/messages/870811
    Mais je mets ici le texte complet et ajoute des tags

    • In the Name of Women′s Rights. The Rise of Femonationalism

      Sara R. Farris examines the demands for women’s rights from an unlikely collection of right-wing nationalist political parties, neoliberals, and some feminist theorists and policy makers. Focusing on contemporary France, Italy, and the Netherlands, Farris labels this exploitation and co-optation of feminist themes by anti-Islam and xenophobic campaigns as “femonationalism.” She shows that by characterizing Muslim males as dangerous to western societies and as oppressors of women, and by emphasizing the need to rescue Muslim and migrant women, these groups use gender equality to justify their racist rhetoric and policies. This practice also serves an economic function. Farris analyzes how neoliberal civic integration policies and feminist groups funnel Muslim and non-western migrant women into the segregating domestic and caregiving industries, all the while claiming to promote their emancipation. In the Name of Women’s Rights documents the links between racism, feminism, and the ways in which non-western women are instrumentalized for a variety of political and economic purposes.

      https://www.dukeupress.edu/in-the-name-of-womens-rights
      #livre #Sara_Farris

  • Du coeur au ventre
    #Documentaire d’Alice Gauvin. 38 minutes. Diffusé le 28 octobre 2012 dans 13h15 Le Dimanche sur France 2.

    Il y a 40 ans, une jeune fille de 17 ans, Marie-Claire était jugée au #Tribunal de Bobigny. Jugée pour avoir avorté.
    Nous sommes en 1972 et l’#avortement est interdit en #France.
    Les #femmes avortent quand même, dans la #clandestinité et des conditions dramatiques, parfois au péril de leur vie.
    Des femmes, des médecins vont s’engager pour briser la #loi_du_silence et obtenir une loi qui autorise l’#interruption_volontaire_de_grossesse.
    C’est l’histoire d’un #combat, d’un débat passionné. Sur la #vie, la #mort, et un acte encore #tabou aujourd’hui.
    « Aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement » dira Simone Veil à la tribune de l’Assemblée nationale. « Il suffit d’écouter les femmes ».

    https://vimeo.com/77331979


    #IVG #film #film_documentaire #histoire #justice #planning_familial #avortement_clandestin #faiseuses_d'anges #Suisse #décès #343_femmes #résistance #lutte #avortement_libre #343_salopes #Marie-Claire_Chevalier #procès_de_Bobigny #procès_politique #Gisèle_Halimi #injustice #loi #aspiration #méthode_Karman #Grenoble #Villeneuve #Joëlle_Brunerie-Kauffmann #Olivier_Bernard #manifeste_des_médecins #choix #désobéissance_civile #maternité #parentalité #liberté #Simon_Veil #Simon_Iff #clause_de_conscience #commandos #anti-IVG #commandos_anti-IVG #RU_486 #centre_IVG #loi_Bachelot #hôpitaux_publics #tabou

  • Lydia Chagoll, rebelle
    https://www.solidaire.org/articles/lydia-chagoll-rebelle
    https://leblognotesdehugueslepaige.be/lydia-chagoll-rebelle)

    Témoin et actrice, victime et combattante : Lydia Chagoll a traversé les tragédies du XXe siècle avec une détermination qui ne l’a jamais quittée jusqu’à son dernier souffle le 23 juin dernier.

    Elle était née en Hollande en 1931, dans une famille juive dont le père est un journaliste antifasciste. En 1940, lors de la débâcle, Lydia passe en Belgique avant de se réfugier dans les Indes néerlandaises où elle passera trois ans dans différents camps de concentration japonais jusqu’en 1945 alors qu’une grande partie de sa famille est gazée à Sobibor. Expérience évidemment fondatrice qui alimentera à la fois ses inlassables combats antifascistes et antiracistes et sa lutte pour les droits des enfants.[1] Par ses films et par ses livres, mais aussi par les visites qu’elle guide à Auschwitz[2], Lydia Chagoll consacre une grande partie de sa vie à la mémoire de la Shoah, mais aussi à celle de la déportation et du génocide des Roms et Sinti (« Tsiganes »)[3]. Elle sera aussi — et en même temps —, comme juive disait-elle, une ardente combattante pour les droits des Palestiniens. Ce qui lui vaudra les foudres d’une partie de sa communauté d’origine. Au lendemain de la guerre, la première partie de la vie professionnelle de Lydia Chagoll est consacrée à la danse. Elle est danseuse et chorégraphe et fonde sa propre troupe. Déjà, elle écrit sur la danse avec ce souci d’intégrer la réflexion et les interrogations sur la création artistique.

    En 1974, sa rencontre avec le cinéaste Frans Buyens (1924-2004)[4] constitue le tournant de sa vie. Lydia et Frans vont constituer un couple exceptionnel par la force de leur amour et la richesse de leur complicité créatrice et politique. Ils ne sont pas fusionnels, mais égalitaires en discussion permanente dans l’écoute respectueuse, mais sans concession de l’apport de chacun. e. Frans est déjà un cinéaste reconnu. Journaliste, écrivain, pamphlétaire et réalisateur autodidacte. Il a réalisé le seul film consacré aux grèves 60-61 (Combattre pour nos droits). « Je suis un cinéaste idéologue », disait Frans qui réalise de nombreux documentaires politiques, mais aussi artistiques, avec notamment deux films essentiels consacrés à Frans Masereel sans oublier plusieurs films de fiction dont le très beau récit autobiographique consacré à la mort de sa mère par euthanasie (Minder dood dan de anderen (Moins morte que les autres, 1992[5]).

    À partir de 1974 et jusqu’à la mort de Frans, le couple va réaliser ensemble 31 films. L’œuvre est immense. On ne retiendra ici que la somme emblématique consacrée à l’histoire du nazisme et à la mémoire de ceux qui l’affrontèrent : 540 minutes, 9 films dont 4 sur l’histoire proprement dite et 5 films constitués de témoignages de survivants et de combattants. La forme est rigoureuse, radicale, inventive. Des plans fixes [iconographie du nazisme] pour l’histoire, des entretiens face caméra, avec trois dimensions de plans, sur le même fond teinté de couleurs différentes selon les époques. Le titre du film est essentiel : « Savoir Pourquoi »[6]. Les deux mots donnent tout leur sens au film. Il s’agit bien d’aller aux racines du nazisme qui n’est pas un accident de l’histoire ni un simple dévoiement du nationalisme, mais le fruit d’un système d’exploitation. Il s’agit aussi d’armer les générations futures contre le retour de ce mal absolu. « Savoir Pourquoi » fait œuvre de connaissance et de réflexion, mais ne verse pas dans le pédagogisme élémentaire. Le travail sur le rapport entre la voix et l’image est sans nul doute fondamental pour créer la distanciation que Chagoll et Buyens recherchaient.

    Ayant eu la chance de travailler quelques fois avec eux, je me rappelle ici de cette exigence sur l’utilisation de la voix — et donc du texte —. Alors que je faisais une des « voix off » du film, je me souviens avoir passé des dizaines d’heures en studio avec eux. Débats politiques passionnants et parfois heurtés sur le texte lui-même, mais surtout difficulté d’affronter au mieux leurs choix techniques et artistiques. Contrairement à l’usage, le couple refusait que l’on voie les images que nous commentions. On enregistrait le texte « à blanc » pour ne pas se laisser porter — ou déformer — par l’émotion qu’un plan pouvait engendrer. Ils nous faisaient travailler sur le sens du texte et en exigeant une discipline vocale sans faille. Le résultat en était étonnant : après mixage, l’émotion n’était pas absente, mais surtout « on savait pourquoi »…                                  

    L’œuvre Chagoll-Buyens est tout entière dans cette démarche intellectuelle et cette écriture cinématographique. Elle a marqué de son empreinte l’histoire du documentaire en Belgique. Paradoxalement leur cinéma salué dans de très nombreux festivals internationaux n’a jamais obtenu la reconnaissance qu’il méritait dans leur propre pays.

    Trente et un films communs, après la mort de Frans, en 2004, Lydia achèvera seule le 32e qui était une autobiographie croisée [Duo Portrait, 2006] et qui illustre superbement leur parcours généreux et rebelle.

    Il y a un peu plus d’un an, je présentais avec Lydia son dernier film « Félix Nussbaum », portrait du peintre mort à Auschwitz et dont l’œuvre oubliée sera redécouverte après la guerre. Dans cette biographie à la fois empathique et rigoureuse, Lydia fait revivre — et découvrir — une peinture marquée par l’émotion et l’histoire. Après la projection, autour d’un verre, on a refait le monde comme toujours en associant le souvenir de Frans. À la fin de notre longue conversation, Lydia, pourtant fatiguée et malade, mais requinquée par la projection et la réaction du public m’a dit « Eh bien Huge — c’est ainsi qu’elle prononçait — je pense que je vais encore en faire un… ». Elle avait alors 88 ans. Lydia, éternelle combattante.

    (article paru sur le Blog de Hugues Le Paige : https://leblognotesdehugueslepaige.be/lydia-chagoll-rebelle)
    [1] « Au Nom du Führer » ( 1977) : documentaire sur l’enfant aryen et « non aryen » sous le régime nazi et » La petite peau blanche devait courber la tête devant l’empereur Hirohito » (2003) d’après son propre récit autobiographique.
    [2] En collaboration avec la Fondation Auschwitz : voir https://auschwitz.be/fr/accueil/agenda/deces-de-lydia-chagoll-23-juin-2020
    [3] « Ma Bister », 2014
    [4] Voir mon article consacré à Frans Buyens dans la revue Politique : https://www.revuepolitique.be/des-hommes-contre
    [5] Ce sera le premier film belge consacré à la question de l’euthanasie
    [6] Coproduit par Image Création avec la participation de la RTBF ( une autre époque…), ces films sont aussi à la disposition du service public qui peut donc les rediffuser à sa meilleure convenance… On ne doute pas qu’un hommage sera ainsi rendu à Lydia Chagoll et à Frans Buyens.

    #Femme #combat #cinéma #documentaire #combat #antifacisme #antiracisme #Shoah #déportation #couple #Frans_Masereel #Histoire #social

  • #Sans-papiers, mais pas sans #droits

    Sans-papiers, mais pas sans droits s’adresse aux sans-papiers et aux personnes qui les accompagnent.

    Contrairement à ce que l’on croit trop souvent, les étrangers et étrangères en situation irrégulière ou précaire sur le territoire français ont des #droits_fondamentaux.

    Cette note pratique recense et explicite ces droits.

    Elle est constituée de #fiches_synthétiques et thématiques réunies par catégorie de droits ou de thèmes : #Citoyenneté (aide aux sans-papiers, contrôle d’identité, droit d’association et droit syndical), #Santé (assurance maladie, AME, dispositif soins urgents et vitaux, lieux de soins, IVG), #Vie_quotidienne (domiciliation, compte bancaire, services postaux, impôt, aide juridictionnelle, culture), #Couples (mariage, pacs, concubinage), #Enfants (naissance et reconnaissance, ASE, PMI, école, bourses scolaires, cantine et activités périscolaires), Aides diverses (collectivités locales, transports), #Hébergement, #Logement, #Travail (accident du travail, emploi illégal, régularisation, conseil de prud’hommes).

    Sans-papiers, mais pas sans droits a aussi pour vocation d’inciter à faire valoir ces droits, notamment au moyen d’actions collectives, à ne pas s’arrêter aux éventuels risques encourus et, surtout, à ne pas céder aux abus commis, notamment par les autorités administratives.

    Cette publication est une invitation à un #combat_citoyen.

    A télécharger ici :
    http://www.gisti.org/spip.php?article6247#tele
    #manuel #guide #migrations #Le_Gisti #Gisti #France

    ping @karine4

  • L’extrême droite tue encore


    En Allemagne, mais aussi ailleurs en Europe, les crimes racistes font leur retour. Les auteurs de ces actes se sentent encouragés par les nouvelles droites, qui diffusent de façon décomplexée leurs théories sur une « race blanche » prétendument menacée. Enquête sur un phénomène particulièrement inquiétant.

    Le 2 juin dernier, à Kassel, Walter Lübcke a été abattu à bout portant. Ce meurtre d’un membre de la CDU ouvertement pro-migrants, a ébranlé toute la société allemande. Car pour la première fois depuis la chute du régime nazi, un homme politique était assassiné par l’extrême droite. Comme l’a révélé l’enquête, le suspect principal, Stephan E., et son complice présumé, Markus H., appartenaient à la même mouvance. Ce meurtre n’est qu’un exemple parmi d’autres. Dans le collimateur des droites extrêmes, on trouve les migrants, les juifs, les musulmans, les membres de la gauche, les journalistes…

    https://www.youtube.com/watch?v=najaYvIJs5k


    #Walter_Lübcke #Kassel #Allemagne #assassinat #KAGIDA #anti-réfugiés #islamophobie #Lohfelden #valeurs #néo-nazis #extrême_droite #film #documentaire #film_documentaire #haine #cible #Erika_Steinbach #menaces_de_mort #Pegida #criminel_isolé #violence #idéologie #meurtre #NSU #Halit_Yozgat #glorification #anti-sémitisme #antisémitisme #grand_remplacement #Halle #France #Bayonne #Pierre_Serne #Henriette_Reker #Jo_Cox #acte_isolé #loup_solitaire #National_action #AFD #pogrom #incendies #feu #racisme #xénophobie #Combat_18 #terrorisme_de_droite #Blood_and_honor #radicalisation #haine_raciale #Hanau