• Personne n’écoute les appels de Gaza – y compris nos dirigeants (+ vidéo : Seule la paix apportera la sécurité)

    Israël a provoqué un violent tremblement de terre sur les civils de Gaza. Mais nous avons aussi besoin de dirigeants palestiniens qui protègent nos vies.

    Ce qui suit a été écrit par un journaliste palestinien basé à Gaza, connu de +972 Magazine, qui a demandé l’anonymat pour lui-même et ses interlocuteurs par souci de sécurité.

    La guerre se poursuit contre nous, les civils de Gaza, après plus de 100 jours. Nous souffrons toujours de l’amère réalité de nos vies, qui ne sont pas des vies du tout. On ne parle guère de la fin de la guerre, ni même de rumeurs qui pourraient réconforter nos cœurs épuisés. Un cessez-le-feu semble être un rêve impossible à réaliser.

    Personne ne s’attendait à ce que la guerre dure aussi longtemps. Personne ne s’attendait à l’ampleur des destructions et des morts que nous avons atteintes. Nous sommes tous en train de demander, de prier, de crier : Cela finira-t-il un jour ?

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/01/29/personne-necoute-les-appels-de-gaza-y-compris-

    #international #palestine #israel

  • Ce que ça coûte de s’exprimer sur Israël-Palestine

    « ...mettre en lumière ces procédés, qui ne peuvent laisser indemne, et poussent nombre de chercheurs à s’autocensurer par peur d’être à leur tour victimes d’attaques personnelles. L’enjeu est donc profondément démocratique : en laissant de telles pratiques prospérer, la société risque à terme de plus en plus se priver des analyses et regards d’experts ou d’intellectuels reconnus, capables de proposer des clés de compréhension à des problématiques sensibles et de premier ordre. »

    https://www.acrimed.org/Ce-que-ca-coute-de-s-exprimer-sur-Israel

    #palestine #gaza

  • La FIDH salue la reconnaissance d’un risque plausible de génocide par l’État d’Israël (+ autres textes)

    Joshua Frank : Rendre la bande de Gaza invivable pour les générations à venir
    Ziad Medhouk : Bonjour de Gaza, la détruite et la dévastée !
    Uri Weltmann : Debout ensemble : Le mouvement pour la paix en Israël
    Déclaration de l’Afrique du Sud saluant les mesures conservatoires ordonnées par la Cour internationale de justice à l’encontre d’Israël
    Décision historique de la CIJ : la FIDH salue la reconnaissance d’un risque plausible de génocide par l’État d’Israël.
    Cour Internationale de Justice : Israël au banc des accusés, victoire du droit !
    LDH : La Cour Internationale de Justice intime l’ordre à Israël de protéger la population de Gaza contre tout risque de génocide
    Owen Jones : Le mépris total de l’Occident pour la vie des Palestiniens ne sera pas oublié
    Fin des massacres en Palestine et soutien aux universitaires et chercheur·es
    Stephanie Kirchgaessner : « Des règles différentes » : des politiques spécifiques permettent aux États-Unis de fournir des armes à Israël malgré les allégations d’abus
    Philippe Lazzarini : Graves allégations contre le personnel de l’UNRWA dans la bande de Gaza

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/01/28/la-fidh-salue-la-reconnaissance-dun-risque-pla

    #international #palestine #israel

  • De plus en plus de voix soulignent que les pays qui ont coupé leur financement à l’UNRWA le lendemain même de l’ordonnance de la cour internationale sont certainement en train de participer elles-mêmes au crime de génocide.

    J’aurais même tendance à penser que c’est là la réponse des amis d’Israël à l’ordonnance de la cour. C’est plus qu’un « contrefeu » destiné à détourner l’attention : au contraire, c’est ce qu’en anglais on nomme « power move » (An aggressive action taken to demonstrate power and dominance.) Montrer que la décision de la cour non seulement n’aura aucun effet pratique pour les Palestiniens (les médias ne cessent déjà de répéter que l’ordonnance est inutile, parce qu’elle sera sans effet), mais qu’au contraire plus on ira dans sur cette voie (de la justice internationale) et plus les Palestiniens souffriront.

  • Communication AFP relyée par :
    Vidéo - Cyril Ramaphosa réagit à la décision de la CIJ concernant Israël - Boursorama
    https://www.boursorama.com/videos/actualites/cyril-ramaphosa-reagit-a-la-decision-de-la-cij-concernant-israel-93f25b4

    #ICJ #ONU #Israël #Palestine

    Les réactions à l’international :

    https://information.tv5monde.com/international/israel-afrique-du-sud-quelles-reactions-la-decision-historique

    La Cour internationale de justice appelle Israël à faire tout son possible pour empêcher tout acte de « génocide » contre le peuple palestinien et à laisse entrer l’aide humanitaire dans la bande de Gaza. De Jérusalem à Pretoria, en passant par Ankara et Bruxelles, la communauté internationale réagit.

  • #Ukraine, #Israël, quand les histoires se rencontrent

    Dans son dernier livre, l’historien #Omer_Bartov revient sur l’histoire de sa famille et de son voyage de la Galicie ukraino-polonaise à Israël, à travers les soubresauts de l’histoire de la première partie du 20e siècle.

    Alors que les atrocités du conflit israélo-palestinien continuent de diviser les étudiants de prestigieux campus américains, l’universitaire Omer Bartov se propose d’analyser la résurgence de l’#antisémitisme dans le monde à la lumière de sa propre #histoire_familiale.

    Un #antisémitisme_endémique dans les campus américains ?

    L’historien Omer Bartov réagit d’abord aux polémiques qui ont lieu au sujet des universités américaines et de leur traitement du conflit israélo-palestinien : “il y a clairement une montée de l’antisémitisme aux États-Unis, comme dans d’autres parties du monde. Néanmoins, il y a aussi une tentative de faire taire toute critique de la politique israélienne. Cette tentative d’associer cette critique à de l’antisémitisme est également problématique. C’est un bannissement des discussions. Les étudiants, qui sont plus politisés que par le passé, prennent part à cette histoire”. Récemment, la directrice de l’Université de Pennsylvanie Elizabeth Magill avait proposé sa démission à la suite d’une audition controversée au Congrès américain, lors de laquelle elle n’aurait pas condamné les actions de certains de ses étudiants à l’encontre d’Israël.

    De Buczacz à la Palestine, une histoire familiale

    Dans son dernier livre Contes des frontières, faire et défaire le passé en Ukraine, qui paraîtra aux éditions Plein Jour en janvier 2024, Omer Bartov enquête sur sa propre histoire, celle de sa famille et de son voyage de la Galicie à la Palestine : “en 1935, ma mère avait onze ans et a quitté #Buczacz pour la #Palestine. Le reste de la famille est restée sur place et quelques années plus tard, ils ont été assassinés par les Allemands et des collaborateurs locaux. En 1995, j’ai parlé avec ma mère de son enfance en Galicie pour la première fois, des grands écrivains locaux comme Yosef Agnon. Je voulais comprendre les liens entre #Israël et ce monde juif qui avait disparu à Buczacz au cours de la #Seconde_Guerre_mondiale”.

    À la recherche d’un monde perdu

    Cette conversation a mené l’historien à consacrer une véritable étude historique à ce lieu et plus généralement à cette région, la #Galicie : “ce monde avait selon moi besoin d’être reconstruit. Ce qui le singularisait, c’était la diversité qu’il accueillait. Différentes communautés nationales, ethniques et religieuses avaient coexisté pendant des siècles et je voulais comprendre comment il s’était désintégré”, explique-t-il. Le prochain livre qu’il souhaite écrire en serait alors la suite : “je veux comprendre comment ma génération a commencé à repenser le monde dans lequel nous avons grandi après la destruction de la civilisation précédente”, ajoute-t-il.

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/france-culture-va-plus-loin-l-invite-e-des-matins/ukraine-israel-quand-les-histoires-se-rencontrent-9022449
    #multiculturalisme #histoire #crime_de_guerre #crime_contre_l'humanité #génocide #Gaza #7_octobre_2023 #nettoyage_ethnique #destruction #déplacements_forcés #Hamas #crimes_de_guerre #massacre #pogrom #occupation

    • Contes des frontières, faire et défaire le passé en Ukraine

      À nouveau Omer Bartov étudie Buczacz, a ville de Galicie qui servait déjà de point d’ancrage pour décrire le processus du génocide dans Anatomie d’un génocide (Plein Jour 2021). Cette fois, il étudie les perceptions et l’imaginaire que chacune des communautés juive, polonaise et ukrainienne nourrissait sur elle-même, ce a depuis les origines de sa présence dans ce territoire des confins de l’Europe.

      Comment des voisins partageant un sol commun ont-ils élaboré des récits fondateurs de leurs #identités jusqu’à opposer leurs #mémoires ? comment se voyaient-ils les uns les autres, mais également eux-mêmes ; quels #espoirs nourrissaient-ils ? Les #mythes ont ainsi influencé a grande histoire, le #nationalisme, les luttes, et de façon plus intime les espoirs individuels, voire les désirs de partir découvrir un monde plus arge, nouveau, moderne. Ce livre, qui traite de ces récits « nationaux », de a construction de l’identité et de l’opposition qu’elle peut induire entre les différents groupes, apparaît comme une clé de compréhension du passé autant que du présent. Aujourd’hui avec a guerre en Ukraine, sa résonance, son actualité sont encore plus nettes.

      https://www.editionspleinjour.fr/contes-des-fronti%C3%A8res
      #livre #identité

    • Anatomie d’un génocide

      Buczacz est une petite ville de Galicie (aujourd’hui en Ukraine). Pendant plus de quatre cents ans, des communautés diverses y ont vécu plus ou moins ensemble – jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale, qui a vu la disparition de toute sa population juive. En se concentrant sur ce seul lieu, qu’il étudie depuis l’avant-Première Guerre mondiale, Omer Bartov reconstitue une évolution polarisée par l’avènement des nationalismes polonais et ukrainien, et la lutte entre les deux communautés, tandis que l’antisémitisme s’accroît.

      À partir d’une documentation considérable, récoltée pendant plus de vingt ans – journaux intimes, rapports politiques, milliers d’archives rarement analysées jusqu’à aujourd’hui –, il retrace le chemin précis qui a mené à la #Shoah. Il renouvelle en profondeur notre regard sur les ressorts sociaux et intimes de la destruction des Juifs d’Europe.

      https://www.editionspleinjour.fr/anatomie-d-un-g%C3%A9nocide

  • Ami Ayalon, ancien chef du Shin Bet : « Si nous refusons la paix, ce qui nous attend sera pire que le 7 octobre »
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/01/24/ami-ayalon-ancien-chef-du-shin-bet-si-nous-refusons-la-paix-ce-qui-nous-atte

    Le contre-amiral, ancien chef du service de renseignement intérieur israélien, redoute que la guerre à #Gaza ne soit pas gagnable et met en garde contre l’irruption d’une nouvelle Intifada en Cisjordanie.

    Après une carrière dans l’armée, le contre-amiral Ami Ayalon a dirigé le service de renseignement intérieur israélien, le Shin Bet, entre 1996 et 2000. Il a entrepris depuis un cheminement intellectuel et politique qui l’a amené à s’interroger sur la notion d’ennemi dans le #conflit_israélo-palestinien, ainsi que sur les errances de la vision sécuritaire israélienne qui menace, selon lui, de déboucher sur une « guerre sans fin ». Agé de 78 ans, il est l’auteur de Friendly Fire : How Israel Became Its Own Worst Enemy (« Tir ami : comment Israël est devenu son propre et pire ennemi », Steerforth, 2020, non traduit).

    https://justpaste.it/g15vp

    #Israël #Palestine

  • L’eau comme arme de destruction massive (et autres textes)

    Israël ne se contente pas d’empêcher l’entrée de l’aide dans la bande de Gaza, il tue également ceux qui tentent de la recevoir
    Owen Jones : La brutalité et l’inhumanité de l’assaut israélien contre Gaza n’est pas une surprise. C’est exactement ce qui avait été promis
    Amira Hass : Quand les forces armées israéliennes « silencent » les journalistes à Gaza et en Cisjordanie
    Yuval Abraham : Les Palestinien·nes luttent pour reconstruire leur vie après les pogroms des colons de Cisjordanie
    Nancy Murray et Amahl Bishara : À Gaza, Israël a fait de l’eau une arme de destruction massive
    Samah Jabr : L’audience de la CIJ sur le génocide contribue à la guérison du traumatisme historique palestinien
    Amjad Iraqi : Le droit d’Israël à la tyrannie

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/01/23/leau-comme-arme-de-destruction-massive-et-autr

    #international #palestine #israel

  • Une #île_artificielle pour déporter les palestiniens ?

    Ce lundi 22 janvier à Bruxelles, une réunion du Conseil des affaires étrangères de l’Union Européenne était organisée, en présence de Ministres des 27 États membres ainsi que du représentant d’Israël, invité pour parler de la situation au Proche-Orient.

    À cette occasion, le chef de la diplomatie Israélienne, #Israël_Katz, a proposé la construction d’une île artificielle en #Méditerranée, au large de Gaza, pour y “loger” la population palestinienne, selon les mot du journal anglais The Guardian. Le ministre a montré deux vidéos lors de cette réunion, l’une montrant une ligne de train reliant Gaza à la Cisjordanie, et l’autre montrant ce projet d’île artificielle comprenant un port, une zone industrielle et des habitations. Cette modélisation d’île hautement militarisée et comprenant des checkpoints parait toutefois bien trop petite pour y déporter un grand nombre de palestiniens.

    Cette proposition semble aussi dystopique que déplacée, car cette réunion avait pour objectif de discuter de la crise humanitaire qui frappe Gaza et les moyens d’aller vers une désescalade de la violence. Josep Borell, le représentant des affaires étrangères pour l’Union Européenne, a déclaré aux journalistes : « Je pense que le ministre aurait pu mieux utiliser son temps pour s’inquiéter de la situation dans son pays ou du nombre élevé de morts à Gaza ». Plusieurs ministres ont exprimé leur « perplexité ». C’est un euphémisme.

    Ce projet d’île remonterait à l’époque où Katz était ministre israélien des Transports et a été présenté pour la première fois dans une vidéo de 2017 comme « une réponse à une réalité qui est mauvaise pour les Palestiniens et pas bonne pour Israël », selon Reuters.

    La réunion avait lieu après que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou ait répété son opposition à la création d’un État palestinien. Sachant que la « solution à deux États », palestinien et israélien, est celle proposée par les États européens. Une idée hypocrite, puisque l’extrême droite israélienne est en train de raser Gaza et d’éliminer ses habitants tout en colonisant morceaux par morceaux la Cisjordanie. Tout ceci vise à rendre impossible toute création d’un futur État palestinien viable. La seule option réaliste est celle d’un seul État, multiconfessionnel, avec une égalité des droits, sans murs, sans discrimination, sans colonisation.

    Netanyahou et ses complices n’ont jamais caché leur volonté d’annexer toute la terre palestinienne, au nom de textes religieux vieux de plus de 2000 ans attribuant, selon eux, ce territoire au seul peuple juif. Dans cette logique messianique, il faudrait donc chasser tous les palestiniens.

    Il y a quelques jours, les médias révélaient un autre projet du gouvernement israélien : celui de déporter la population de Gaza vers un pays africain, affirmant même que des négociations avaient lieu avec le Congo. Une proposition finalement démentie face au scandale.

    Au début de la seconde guerre mondiale, les nazis annonçaient leur projet de chasser tous les juifs d’Europe et envisageaient sérieusement de les déporter sur l’île de Madagascar. Un plan appelé « Madagaskar Projekt » a même été élaboré par des cadres du Reich. Face aux contraintes logistiques posées par la guerre, et animé par un antisémitisme exterminateur, Hitler avait opté pour la solution finale et les camps de la mort.

    L’idée d’îles « ghettos » ou d’îles « prison » pour parquer les indésirables n’est pas unique dans l’histoire. Au large de l’Australie, l’île de Nauru et celle de Manus ont été transformées en camps visant à enfermer des personnes sans-papiers pendant des mois voire des années. Ce modèle inspire l’Europe, qui installe des points de contrôles et des camps de réfugiés sur les îles aux portes de l’Europe.

    Cependant, le projet israélien serait d’une ampleur sans commune mesure, et paraît difficilement réalisable s’il fallait y déplacer des centaines de milliers de personnes. Mais le fait même qu’une telle idée soit évoquée témoigne d’une volonté d’épuration ethnique de la part de l’État israélien.

    https://contre-attaque.net/2024/01/22/une-ile-artificielle-pour-deporter-les-palestiniens

    #île #asile #migrations #réfugiés #réfugiés_palestiniens #Palestine #îles #Israël

    voir aussi, signalé par @gonzo :
    Sources, Katz proposes artificial island in front of Gaza.
    https://seenthis.net/messages/1037778

    ajouté à la métaliste autour des #îles qui sont utilisées (ou dont il a été question d’imaginer de le faire) pour y envoyer des #réfugiés :
    https://seenthis.net/messages/881889

  • Hamas-Israël : « On va aller au bout de l’horreur et tout le monde sera perdant », Peter Harling

    [...]

    Mais comment en sortir ?

    Il n’y a aujourd’hui que quatre options possibles. Un, la solution à deux Etats. Deux, la solution à un Etat dans lequel tous les citoyens ont les mêmes droits et les mêmes devoirs dans un système juridique unifié. Trois, ce qu’on appelle aujourd’hui un système d’apartheid, donc plus exactement un système juridique qui discrimine explicitement une partie de la société. Et enfin, des solutions à caractère génocidaire, donc la destruction de l’autre, qui n’est pas une destruction intégrale. Aux Etats-Unis par exemple, il reste des populations autochtones, comme en Australie, en Afrique du Sud, en Argentine et ailleurs, mais la #dynamique_génocidaire constitue une forme de solution au sens où on détruit le tissu social, les institutions, les traditions, l’identité d’une partie de la population au point de pouvoir la soumettre indéfiniment. Ce qui est effrayant, c’est que moins on soutient la première et la deuxième options, plus on accepte, implicitement, la troisième et la quatrième. Ce virage est en train de se produire sous nos yeux.

    La retenue du monde extérieur n’est-elle pas liée aussi au fait qu’il n’y a pas d’interlocuteur valable ?

    Je pense qu’il y a un certain nombre de conflits où des interventions extérieures sont nécessaires, ne serait-ce que pour faciliter des solutions ou pour éviter le pire, pour ériger des garde-fous. Les interlocuteurs, ça se construit d’un côté comme de l’autre. Ce conflit a pu pourrir pendant des décennies, à mesure qu’on abandonnait tout effort pour faire aboutir des négociations constructives qui sont extraordinairement difficiles mais incontournables. La société israélienne est très composite, très complexe, très dynamique. Le gouvernement qui est en partie représentatif est aussi dénoncé par une partie importante de sa société, mais il est constitué de figures qui représentent certaines évolutions de fond au sein de la société israélienne qui sont très difficiles à ignorer. Encore une fois, c’est une responsabilité qu’on doit assumer et on doit travailler dur pour progressivement reconstruire le type de partenaire dont on a besoin pour, à terme, trouver une solution.

    Vous semblez faire porter toute la responsabilité sur les pays occidentaux ?

    D’abord, c’est le monde dont je fais partie et il est plus naturel pour moi de porter un jugement sur mes propres représentants au pouvoir. C’est effectivement un monde qui prétend incarner une certaine règle du jeu à l’échelle internationale mais qui aujourd’hui atteint un seuil où il abandonne toute prétention à soutenir quelque chose comme le droit de la guerre, à savoir le droit international humanitaire. On a aussi des raisons d’être un peu désabusé, par le gouvernement israélien, mais aussi les acteurs palestiniens. Le Hamas est un mouvement qui a beaucoup progressé sur le plan tactique et militaire. Mais sur le plan politique, il est complètement enkysté. Il n’a rien à offrir d’autre que ce qu’il répète depuis des années : les sacrifices. Il n’offre aucun avenir, aucune solution, aucune base de négociation. Mais il y a toutes sortes de mesures qu’on peut utiliser pour poser des limites. Ça peut être par exemple de diminuer les livraisons d’armes à Israël dans le cas des Etats-Unis, sans nécessairement y mettre fin.

    Comment comprendre l’effacement des pays arabes aujourd’hui ?

    Je pense qu’il y a une indifférence profonde à la cause palestinienne au sein de nombreux régimes arabes. Le vrai problème, c’est cette notion d’une cause palestinienne qui n’existe que dans le martyr et la souffrance. C’est ce qui fait d’ailleurs que le Hamas, d’une manière empirique, remporte une forme de victoire aujourd’hui en remettant cette souffrance sur le devant de la scène, et une souffrance encore plus intense que tout ce qu’on a pu voir par le passé. Mais on a aussi la certitude, malheureusement, que ce conflit retombera dans l’oubli. Le paradoxe, c’est que ce qui porte le plus la cause palestinienne, entre deux conflits, c’est la société civile israélienne qui, sans relâche, dénonce les abus commis par les forces d’occupation en Cisjordanie par exemple.

    Quelle est la solution pour arrêter le massacre à Gaza ?

    Aujourd’hui, tout fonctionne sur la base des règles du jeu définies par Israël, y compris l’entrée de l’#aide_humanitaire. Ça donne lieu à des formes de propagande comme celle qu’on a vue de la part de la #France, sur le largage de quelques tonnes d’aide avec des drapeaux français, diffusé dans un clip vidéo par le Président lui-même. C’est choquant du point de vue des besoins sur le terrain. L’argument israélien au niveau de l’aide humanitaire, c’est cette sensation de citadelle assiégée qui est liée au 7 octobre, l’idée que par l’aide humanitaire pourraient rentrer des vagues de nouveaux terroristes du Hamas qui se cacheraient.

    Quel peut être le moment de prise de conscience qu’on ne peut plus continuer ?

    Je crois que pour l’instant, on va aller jusqu’au bout de l’horreur. Ce qui est important de garder à l’esprit, c’est que tout le monde sera perdant. La population de Gaza évidemment, qui ne se remettra pas de ce conflit, qu’elle soit forcée au départ ou non. Israël pourra clamer une victoire superficielle, mais son image est extrêmement dégradée dans différentes parties du monde, y compris par exemple auprès de la jeunesse juive aux Etats-Unis. Je pense qu’Israël est de plus en plus en train de s’enfermer dans une impasse, de s’isoler sur la scène internationale. Et je pense que nos propres gouvernements seront perdants. En ayant abandonné toute référence crédible à un système international un tant soit peu organisé par le droit.

    https://www.liberation.fr/international/hamas-israel-on-va-aller-au-bout-de-lhorreur-et-tout-le-monde-sera-perdan

    #Israël #Gaza #Palestine

    • « Le vrai problème, c’est cette notion d’une cause palestinienne qui n’existe que dans le martyr et la souffrance. C’est ce qui fait d’ailleurs que le Hamas, d’une manière empirique, remporte une forme de victoire aujourd’hui en remettant cette souffrance sur le devant de la scène, et une souffrance encore plus intense que tout ce qu’on a pu voir par le passé. »

      Aaah ces Arabes, toujours ce goût de la souffrance !...

    • Voilà un article qui suscite des réactions de haute volée. Sa première partie pourra elle-aussi servir de hochet pour qui le souhaite.

      Ancien conseiller spécial pour le Moyen-Orient de l’International Crisis Group et du médiateur pour la Syrie Lakhdar Brahimi, fondateur et directeur du centre d’analyses et de recherches Synaps, Peter Harling estime que le 7 octobre et ses suites ont entraîné « un niveau d’engagement émotionnel » comparable à celui provoqué par l’invasion américaine de l’Irak en 2003.

      Trois mois après le 7 octobre, la situation est-elle celle que l’on pouvait prévoir ?

      Pour peu qu’on suive l’évolution de ce conflit, de la société israélienne, celle de la société palestinienne et de leurs leaderships respectifs, on ne pouvait que s’attendre à un désastre d’une telle nature. Et c’est ce qui m’a beaucoup dérangé au début du conflit, de la part des responsables politiques extérieurs qui avaient toutes les raisons, eux aussi, de savoir qu’on était face à une impasse historique dangereuse, et que l’attaque du 7 octobre était un événement particulièrement explosif.

      Vous pensez à qui ?

      A tous ceux qui ont réagi à cette nouvelle étape dans un conflit particulièrement ancien et bien documenté, comme s’il s’agissait seulement d’un attentat terroriste. En projetant sur ce conflit le paradigme de la guerre contre le terrorisme, le réflexe dominant a été une solidarité inconditionnelle immédiate avec Israël agressé. Nos prises de position rappelaient quelque chose comme Charlie Hebdo. Or, le gouvernement israélien est un gouvernement d’une extrême droite qui fait pâlir celles qu’on connaît en Europe. Cette évolution pouvait au moins inviter à la prudence, à la mesure. On peut évidemment exprimer son soutien, sa solidarité, son empathie. Mais on ne peut pas se passer de toute politique, de toute compréhension de l’ensemble des enjeux.

      Mais n’est-ce pas en même temps un conflit qui était marginalisé depuis plusieurs années ?

      Il est révélateur d’une fatigue généralisée par rapport au monde arabe et à la région dans son ensemble. On ne veut plus entendre parler du conflit israélo-palestinien, tout comme on ne veut plus entendre parler de la Syrie, de l’Irak, d’un Liban éternellement au bord de la banqueroute, d’une Libye qui ne sort pas de son propre conflit intérieur, d’une Tunisie qu’on ramène aujourd’hui exclusivement à des questions d’immigration. Une des raisons pour lesquelles on a projeté sur Gaza le prisme de la guerre contre le terrorisme, c’est précisément parce qu’on avait tourné la page sur des approches plus anciennes, comme la recherche d’une paix durable.

      Vous évoquez une nouvelle étape de ce conflit historique ?

      Dans la région, la plupart des gens le vivent comme quelque chose d’entièrement nouveau. Le conflit israélo-palestinien a toujours suscité des réactions très émotionnelles, démonstratives et intenses dans la région et au-delà, mais jamais à ce point. On a aussi le sentiment d’une vraie rupture, un niveau d’engagement émotionnel comparable à l’invasion américaine de l’Irak en 2003 et qui contient de vraies nouveautés. On perçoit le soutien [occidental] plus ou moins marqué à Israël comme l’expression d’un racisme désinhibé à l’encontre des Palestiniens, des Arabes et des musulmans. Avant, les gens s’indignaient du deux poids, deux mesures d’une certaine hypocrisie occidentale. Aujourd’hui, beaucoup dans la région découvrent des gouvernements occidentaux qui semblent accepter des formes de violence extrême qui suggèrent que la vie d’un Palestinien, d’un Arabe, d’un musulman n’a pas la même valeur que la vie d’autres êtres humains ailleurs sur la planète.

      Le soutien inconditionnel à Israël est-il si évident ?

      Je pense que beaucoup de nuances existent, mais qu’elles sont imperceptibles pour des observateurs dans le monde arabe mais aussi pour une bonne partie des observateurs dans nos propres sociétés, étant donné le niveau de violence, de souffrance qu’ils constatent jour après jour sur le terrain. Il y a une différence entre ceux qui suivent de près l’évolution du drame qui se joue à Gaza et ceux qui ont une approche un peu plus distanciée, et par conséquent abstraite, intellectuelle de la situation. Pour les premiers, c’est incompréhensible et insoutenable. Pour les seconds, c’est juste un conflit comme un autre. Le clivage se joue là.

      L’impuissance mondiale à tenter de trouver un moyen de mettre fin à la guerre n’est-elle pas surprenante ?

      Il se joue énormément de choses qui relèvent de la politique intérieure dans les pays européens, de notre rapport à Israël, à l’antisémitisme, pour des raisons historiques qui ne concernent pas les Palestiniens et les observateurs dans la région. Tout ça nous empêche de prendre des mesures, par exemple de dénoncer certains actes de la part d’Israël. Jusqu’à maintenant, la plupart des médias prennent énormément de précautions quand ils décrivent « les violences » qui ont cours à Gaza, beaucoup plus qu’ils n’en prendraient ailleurs. Cela n’a pas grand-chose à voir avec le conflit lui-même, mais je pense qu’on a un rapport naturellement très compliqué avec Israël. Historiquement, l’Europe est un continent qui n’a jamais su tirer au clair ce qu’on appelait la question juive, qui a donné lieu à un génocide d’une proportion effarante. Et le problème, au fond, a été exporté. On a beau jeu aujourd’hui d’accuser les Israéliens et les Arabes de ne pas s’entendre sans avoir jamais vraiment trouvé de solution à l’antisémitisme dans le contexte européen.

      Ce qui expliquerait que jamais en vingt-cinq ans vous n’avez constaté une telle fracture entre le monde arabe et les pays occidentaux ?

      La région a déjà dû avaler un certain nombre de couleuvres depuis vingt-cinq ans. Mais celle-ci est plus difficile encore, avec un effet d’accumulation. L’offensive américaine contre l’Irak en 2003, c’est quand même l’invasion du mauvais pays au prétexte de la guerre contre le terrorisme, sur la base de mensonges prouvés, avec un coût faramineux pour la population irakienne. Et ce n’est pas pour dire que le régime de Saddam Hussein était louable. Je pense qu’un autre tournant a été la guerre en Syrie, avec une débauche de violences allant jusqu’au retour à l’utilisation de l’arme chimique, qui constituait alors un tabou, et ce, sans réaction internationale. La différence avec Gaza, c’est que dans l’ensemble on condamnait explicitement le régime au pouvoir qui exerçait ces violences. Dans le cas de Gaza, on trouve des raisons de soutenir parfois à demi-mot des violences qui sont extrêmes elles aussi, même si elles ne sont pas toujours comparables. Il y a un certain nombre de choses qui le sont, comme le fait de cibler assez systématiquement les services de santé, les ambulances, les professionnels de la santé. On appelle à la retenue mais on ne condamne pas directement, jamais explicitement et spécifiquement.

      Pour revenir au cœur de la confrontation actuelle, le moment est-il à une négation réciproque de l’existence même de l’autre ?

      La négation de l’autre n’est pas particulièrement nouvelle dans ce conflit comme dans les conflits d’une façon générale. On est face à un problème particulièrement difficile à résoudre et qui exigerait des interventions extérieures : des responsables matures, structurés, informés. Or, c’est très précisément ce qui manque. Donc on laisse deux populations effectivement aux prises l’une avec l’autre, avec des moyens spectaculaires pour se faire du mal réciproquement.

    • You’re welcome, @kassem. J’avais vu la publication. Que tu la signale m’a donné l’occasion de trouver et lire l’article. Ce qui n’a pas été sans désagrément.

      à l’est de Detroit, une autre enclave de la communauté arabe et une tout autre ambiance : Hamtramck, vingt-deux mille habitants et 40 % de la population née à l’étranger. Les courants migratoires viennent désormais essentiellement du #Yémen, où se déroule depuis des années une guerre civile dans laquelle les Etats-Unis ont longtemps apporté leur soutien à la coalition sunnite menée par l’Arabie saoudite. Et, comme à chaque fois, une guerre lointaine dépose un flot de #réfugiés pauvres sur les porches des petites maisons ouvrières américaines construites pour d’autres migrants, au début du XXe siècle.

      Le visage et le corps des femmes disparaissent sous le voile et la robe islamique, celui des hommes reste fermé, tandis que leurs enfants affichent un sourire inversement ­proportionnel à la discrétion de leurs parents. Ils ont défilé en famille dans les rues de Hamtramck pour un cessez-le-feu à #Gaza et pour la #Palestine. La petite ville, naguère majoritairement polonaise, a longtemps connu au sein de son conseil municipal la mixité des origines et des religions, sous la houlette d’une femme, Karen Majewski. La maire avait autorisé, il y a vingt ans déjà, les appels à la prière musulmane, puisque sonnent ici les cloches de l’église catholique.

      Mais, depuis les dernières élections locales, le conseil municipal est désormais exclusivement arabe, musulman et masculin. Et l’ambiance a radicalement changé. « Est-ce que l’Holocauste n’était pas une punition préventive de Dieu contre “le peuple élu” et sa sauvagerie actuelle contre les enfants et les civils palestiniens ? », a écrit Nasr Hussain, un proche du maire sur l’une des pages Facebook d’un groupe dédié à la ville. L’édile, Amer Ghalib, d’origine yéménite et sans étiquette politique, a refusé de se désolidariser de ces propos ouvertement antisémites.

      Une immense brèche s’était déjà ouverte, il y a six mois, quand le conseil municipal avait fait retirer du fronton des édifices publics et sur l’avenue centrale tous les drapeaux autres que celui des Etats-Unis. C’était en réalité pour éradiquer l’arc-en-ciel LGBTQ qui flottait dans la ville, parmi les bannières des pays d’origine de ses habitants. Des membres des minorités sexuelles sont venus s’embrasser sous les yeux horrifiés des élus, lors du temps de parole accordé au public par le conseil municipal.

      Des haines à géométrie variable

      Des plaintes pour discrimination ont été déposées contre la ville. Ce qui n’a pas empêché le maire, comme un immense bras d’honneur, de poser, en août et en septembre, avec l’ancien conseiller à la sécurité de Donald Trump Michael Flynn. Ce républicain congédié par l’ancien président (qui l’a depuis publiquement regretté) pour ses liens avec la Russie en 2017, connu également pour sa proximité avec le groupe conspirationniste d’extrême droite QAnon, est aujourd’hui en tournée aux Etats-Unis pour lancer un mouvement chrétien et nationaliste. En d’autres temps, il dénonçait l’islam comme un « cancer vicieux », mais la politique a des frontières et des haines à géométrie variable. Et les religieux, des ennemis en commun.

      Mais c’est sur l’autre versant que pleuvent les accusations d’antisémitisme. (...)

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Arabes_américains

  • « Avec la plainte de l’Afrique du Sud contre Israël pour génocide, le Sud conteste une mémoire dominée par la Shoah et lui oppose celle de la colonisation »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/17/avec-la-plainte-de-l-afrique-du-sud-contre-israel-pour-genocide-le-sud-conte

    Les audiences du recours déposé par Pretoria devant la Cour internationale de justice illustrent l’émergence du Sud global et sa remise en cause de l’ordre installé par les Occidentaux, estime dans sa chronique Sylvie Kauffmann, éditorialiste au « Monde ».

    Publié le 17 janvier 2024 à 17h01, modifié le 17 janvier 2024 à 19h07 Temps de Lecture 3 min.

    Ce n’est pas tout à fait un hasard si l’un des plus brillants conseils de l’équipe de juristes qui plaide le recours de l’Afrique du Sud contre Israël, accusé de génocide devant la Cour internationale de justice (CIJ), est une avocate irlandaise. Perruque blanche du XVIIe siècle sur ses longs cheveux, Blinne Ni Ghralaigh a fait un redoutable exposé clinique, jeudi 11 janvier à La Haye, aux Pays-Bas, de ce qu’elle a qualifié de « premier génocide diffusé en direct » à propos des Palestiniens de Gaza. La jeune juriste, font valoir certains de ses admirateurs, jouit d’une double qualification : experte reconnue dans la défense des droits humains en droit international, elle vient d’un pays qui est une ancienne colonie.
    Lire aussi le décryptage : Article réservé à nos abonnés Cent jours de guerre à Gaza : un bilan effroyable et pas de perspective de sortie de crise

    Cette double qualification et le fait qu’elle soit évoquée illustrent la dimension très particulière de la plainte déposée contre Israël devant la plus haute juridiction des Nations unies. Fondé sur le caractère massif et le bilan humain de la riposte militaire israélienne aux massacres commis par le Hamas le 7 octobre, le recours sud-africain dépasse la simple procédure judiciaire. Il est la plainte du Sud global contre les critères occidentaux de la supériorité morale. Il est la remise en cause d’un ordre international installé par le plus puissant allié de l’accusé, les Etats-Unis. Il est aussi la contestation d’une mémoire dominée par la Shoah, à laquelle s’oppose ouvertement celle de la colonisation.

    Israël accusé de génocide devant la CIJ, « c’est le monde à l’envers », s’est indigné Benyamin Nétanyahou, premier ministre d’un pays né du plus grand génocide du XXe siècle, celui qui a vu six millions de juifs exterminés par le régime nazi. Il ne croit pas si bien dire. Le monde, en effet, est en train de s’inverser, et ce qui se passe ces jours-ci devant les dix-sept juges de la CIJ à La Haye est le symbole de ce basculement.
    « Soixante-quinze ans d’apartheid »

    Quel que soit le verdict final de la Cour sur le caractère génocidaire de l’offensive israélienne à Gaza, quelle que soit sa décision sur la demande de suspension des opérations militaires présentée par Pretoria, le seul fait que, dans le contexte actuel, cette accusation contre Israël ait été portée par un pays lui-même symbole de la répression coloniale et de la ségrégation raciale est historique.

    « Les Palestiniens ont enduré soixante-quinze ans d’apartheid, cinquante-six ans d’occupation et treize ans de blocus », a déclaré le ministre sud-africain de la justice, Ronald Lamola, devant le tribunal. La figure de Nelson Mandela, icône de la résistance à l’apartheid et de la clarté morale, plane inévitablement sur ces audiences. Pour se défendre, Israël a choisi un autre symbole, un rescapé de la Shoah, un juge de 87 ans, Aharon Barak.
    Lire aussi le décryptage : Article réservé à nos abonnés Gaza : les enjeux de la plainte pour génocide visant Israël devant la Cour internationale de justice

    Mais comment ne pas voir derrière cet affrontement l’émergence du Sud global comme force politique et la perte d’hégémonie du monde occidental ? « Ce changement de perspective, dans l’optique du Sud, serait d’autant plus fort si Israël venait à être perçu comme génocidaire par la CIJ et plus largement par l’opinion publique », relève Pierre Hazan, expert de la médiation des conflits et auteur de plusieurs ouvrages sur la justice et la guerre, dont Négocier avec le diable (Textuel, 2022).

    En 1948, l’écrivain martiniquais Aimé Césaire « faisait remarquer que l’Occident reconnaissait Auschwitz parce que les victimes étaient blanches, mais pas Gorée parce que les victimes étaient africaines, souligne Pierre Hazan. Le Sud global considère – largement à raison – que l’Occident n’a jamais fait le travail de mémoire qui s’imposait pour les crimes de la colonisation et de l’esclavage, alors qu’il l’a fait pour les crimes nazis ».
    Enjeu intérieur

    En témoigne la réaction du président de Namibie, Hage Geingob, lorsque Berlin a proposé de défendre Israël devant la CIJ « compte tenu de l’histoire allemande et du crime contre l’humanité de la Shoah » : le président Geingob a rappelé que l’Allemagne avait commis le premier génocide du XXe siècle dans son pays avec le massacre, de 1904 à 1908, des peuples herero et nama, génocide reconnu par Berlin en 2021.

    Déjà sensible au moment de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, en février 2022, lorsque de nombreux pays du Sud, notamment africains comme l’Afrique du Sud, ont rejeté la lecture occidentale de l’agression russe, cette dynamique Sud contre Nord a été galvanisée par les événements du 7 octobre.

    Au mépris de sa définition juridique, le mot « génocide » est devenu courant à propos des Palestiniens de Gaza. La violence des colons en Cisjordanie a propulsé le facteur colonial sur le devant de la scène, mais à sens unique : les efforts de l’Ukraine pour présenter aux pays du Sud l’agression russe comme une guerre coloniale ont largement échoué.

    Pour l’Afrique du Sud, l’enjeu est aussi intérieur. Dans l’affaiblissement des piliers de l’ANC, le parti au pouvoir depuis 1994, l’attachement à la cause palestinienne et au système judiciaire est resté structurant. « Comme nous, disait Mandela en 1990, les Palestiniens luttent pour le droit à l’autodétermination. »

    Et prendre la tête du mouvement propalestinien sur la scène internationale grâce à la procédure devant la CIJ renforce la position de l’Afrique du Sud dans l’ascension du Sud global. Cela lui permettra peut-être aussi de corriger le souvenir de 2015, lorsque Pretoria avait accueilli le leader soudanais Omar Al-Bachir, recherché pour génocide et crimes de guerre par la Cour pénale internationale, et l’avait laissé repartir sans l’arrêter.

    Est-il possible de parvenir à additionner et à reconnaître les mémoires blessées, chacune dans sa singularité, sans chercher à les hiérarchiser ou à les opposer ? Pour Pierre Hazan, c’est l’un des enjeux de la bataille judiciaire à La Haye. Mais on en est, pour l’heure, au stade de l’affrontement.

    Sylvie Kauffmann(Editorialiste au « Monde »)

    #Palestine #Génocide

  • Opinion | A Palestinian Photographer’s Lens on His People - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2024/01/19/opinion/palestinians-photography-war-israel.html?campaign_id=2&emc=edit_th_20240120

    As I got older and developed my practice, I noticed a dissonance between the West’s conception of Palestinian society and the images I was making — the life I was living. In the news media, Palestinians were often portrayed as masked and violent or as disposable and lifeless: a faceless, miserable people.

    On the one hand, this type of photography documents the brutal reality of Israel’s indiscriminate violence in Gaza. But it also makes it easier for the viewer to see Palestinians as silhouettes who have always been this way instead of as people with entire lives, histories and dreams.

    When images like these become the dominant depiction of a people, preconceptions become embedded in the minds of those who view them. In the case of the Palestinians, these insidious representations have paved the way for Israel’s wanton destruction of Gaza, for which Israel is now facing accusations of genocide in the international community’s highest court. In the context of violence and destruction, inflicting more violence and destruction becomes routine.

    Adam Rouhana is a Palestinian American photographer. He took these images in Jericho, Bethlehem, Hebron, Qalandia, Isfiya, Huwara, Ramallah, Battir, Nablus and Jerusalem from 2021 to 2023.

    #Palestine #Photographie #Image_mentale

  • La famine comme méthode de guerre (+ autres textes)

    Amira Hass : On n’est en sécurité nulle part : des médecins de Gaza « vivent dans les salles d’opération »
    Alice Rothchild : Pour les femmes enceintes et les nouveau-nés de Gaza, la guerre ne sera jamais finie
    B’Tselem : Des soldats embusqués ont tiré à courte distance sur de jeunes Palestiniens, faisant un mort et 11 blessés.
    Alex de Waal : La famine comme méthode de guerre
    Plus de 100 jours de guerre à Gaza : le chef de l’ONU réclame un cessez-le-feu humanitaire immédiat
    Appel urgent à une enquête indépendante en raison de rapports persistants de tortures, de disparitions forcées et d’un autre Palestinien « mort », pendant les détentions par Israël
    Lettre ouverte de l’AFPS au Premier ministre. Demande d’explication au Premier ministre au sujet de la politique étrangère de la France

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/01/20/la-famine-comme-methode-de-guerre-autres-texte

    #international #palestine #israel

  • Updated: Israeli Army Assassinates Five Palestinians Near Nablus
    Jan 17, 2024 | IMEMC News
    https://imemc.org/article/israeli-military-drone-kills-three-palestinians-near-nablus

    On Wednesday, an Israeli military drone fired a missile at a Palestinian car near the Balata refugee camp, east of Nablus in the occupied West Bank’s northern part, killing five Palestinians, including two siblings.

    Media sources said the drone fired a missile at a car near a junction adjacent to Balata refugee camp, destroying it and burning the bodies of those in it.

    Palestinian medics and firefighters rushed to the location of the Israeli attack; however, Israeli soldiers who invaded the area prevented them from reaching the car.

    The Israeli military vehicles surrounded the area of the bombarded car and fired live rounds at the Palestinian Red Crescent Society (PRCS) ambulance and medics.

    The PRCS stated that only after the army withdrew from the area, the medics located the severely mutilated and burnt corpse of one Palestinian and the mutilated and dismembered body parts of the two other Palestinians.
    It added that it seems the soldiers removed the mutilated corpse of one of the slain Palestinians from the damaged car and placed it under some rubble before confiscating the car.

    Media sources said the army took the corpses two slain Palestinians, who were killed in the attack, before withdrawing from the area.

    Palestine TV said the slain Palestinians have been identified as Saif and his brother Yazan Najmi , and Mohammad Al-Qattawi ; all were also former political prisoners, in addition to Abdullah Abu Shallal and Mahmoud Abu Hamdan.

    The Israeli occupation army claimed the Palestinians it assassinated were members of the Balata Brigade, an armed resistance group in Nablus.

    The army added that Abu Shallal was the leader of the group, and that he was reportedly “planning a major attack in the near future.” in addition to holding him responsible for various shooting attacks against the army.(...)

    #Palestine_assassinée

    • 18 janvier 2024 - 13h15
      https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20240118-en-direct-raids-isra%C3%A9liens-meurtriers-bande-de-gaza-palestine-et-n

      « Ils tirent pour tuer », raconte un habitant de Naplouse en Cisjordanie

      Nos envoyés spéciaux à Jérusalem, Julien Chavanne et Boris Vichith, ont recueilli le témoignage d’un Palestinien de Naplouse. « Les raids ici sont quotidiens, à la tombée de la nuit », raconte Salem. Il est le gérant d’un hôtel à Naplouse et hier, il a suivi de loin l’opération de l’armée israélienne dans le camp de réfugiés de Balata, le plus grand de la ville. « Les israéliens ont poursuivi des combattants palestiniens. Un missile a touché la voiture qu’ils conduisaient. Quatre d’entre eux ont été tués. » Salem décrit des soldats israéliens de plus en plus agressifs. « Ils tirent pour tuer », dit-il, sans compter le déploiement des troupes autour de la ville. Naplouse est aujourd’hui à l’arrêt économiquement. « Ils ont installé encore plus de checkpoints, encore plus de barrières, ce qui empêche les gens d’entrer ou de sortir dans la ville. A cause de ça, les hôtels sont vides, les restaurants sont vides, le souk, le marché sont vides… » L’acheminement des marchandises est devenu un cauchemar, mais les habitants de Naplouse continuent à vivre tant bien que mal. « On a l’habitude, on a connu ça toute notre vie, explique Salem. La guerre ne touche pas que Gaza. Mais partout où vivent les palestiniens. » Plus de 350 personnes ont été tuées en Cisjordanie depuis le début de la guerre.

  • Updated: Israeli Army Kills Five Palestinians In Tulkarem
    Jan 17, 2024 | - IMEMC News
    https://imemc.org/article/israeli-army-kills-five-palestinians-in-tulkarem

    On Wednesday, Israeli soldiers killed five Palestinians in Tulkarem and the Tulkarem refugee camp in the northwestern part of the occupied West Bank, injured many, including a medic, interrogated dozens of Palestinians, attacked reporters, and detonated a home.

    Update: The Palestinian Red Crescent Society (PRCS) said Israeli soldiers attacked its ambulances and medics in Tulkarem and abducted five medics: Hamza Shreim, Issam Abu Issa, Nimir Fayyat, Mohammad Damiri, and Mohammad Abu Dayya.

    The PRCS added that one of its medics, Fathi Nasrallah, was injured by shrapnel from Israeli bullets in the ear, bringing the number of wounded medics to three after the army injured Safiyya Balbeesi in her arm, and Abdullah Nu’eirat who suffered fractures to his leg.

    The Palestinian Health Ministry has confirmed that the slain Palestinians were identified as:

    Ahmad Tareq No’man Faraj, 18.
    Walid Ibrahim Mohammad Ghanem, 17.
    Ahmad Mousa Mutlaq Baddu, 17.
    Ahmad Mo’in Thieb Mahdawi, 35.
    Ashraf Ahmad Yassin, 22.

    The Health Ministry said Yassin was killed in Izbat Al-Jarad in Tulkarem after many Israeli military vehicles invaded it. (...)

    #Palestine_assassinée

  • « Le macronisme, qui n’a jamais été social, n’est même plus libéral. Il s’agit d’un technocratisme managérial dans lequel la France devient une entreprise ou Emmanuel Macron est le patron, l’administration ses cadres et les citoyens ses salariés. Cela démontre aussi l’imposture d’un prétendu ’’cercle de la raison’’. Le droit n’est jamais que l’expression d’une souveraineté et sa primauté ne peut que découler de la puissance politique, pas d’une supposée ’’rationalité’’ qui n’est elle même le plus souvent qu’un instrument de pouvoir au service des occidentaux et des puissants (il suffit de voir comme il est nié quand ils gênent leurs intérêts, comme en ce moment en #Palestine). »

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/18/le-social-liberalisme-d-emmanuel-macron-etait-davantage-une-posture-qu-une-c

    En reprochant à mots couverts au président de la République, Emmanuel Macron, de manquer de déférence à l’égard de l’Etat de droit lors de la cérémonie des vœux au Conseil constitutionnel, Laurent Fabius a adressé le 8 janvier au chef de l’Etat une mise en garde qui nous fait prendre la mesure de toute la distance séparant désormais le macronisme de son socle idéologique originel.

    Un retour sur les conditions de l’adoption, le 19 décembre 2023, de la loi relative à l’immigration est nécessaire pour saisir cette allusion faite par le président du Conseil constitutionnel, qui n’a guère apprécié qu’une majorité politique assume le risque d’adopter des dispositions contraires à la Constitution pour obtenir le vote d’un texte au Parlement.
    L’encre à peine sèche, les responsables de la majorité avaient aussitôt reconnu qu’elle était entachée de dispositions susceptibles d’être retoquées par le Conseil constitutionnel. Qu’il s’agisse de l’article qui supprime l’automaticité du droit du sol pour acquérir la nationalité française ou des mesures qui introduisent la préférence nationale en matière de versement de certaines prestations sociales, de nombreux aspects de la réforme ont été tolérés, sous la pression des députés et sénateurs du parti Les Républicains de la commission mixte paritaire du Parlement, par un exécutif prêt à tout concéder pour arracher le vote d’un texte.

    Le chef de l’Etat a aussitôt déféré le texte aux neuf sages sans ignorer les vices d’inconstitutionnalité dont il est potentiellement souillé. C’est donc en toute conscience qu’il a demandé à sa majorité d’accepter de prendre le risque de méconnaître la Constitution.
    La situation est inédite sous la Ve République : pour en mesurer l’ampleur, il suffit de comparer la stratégie empruntée par Emmanuel Macron à l’ascèse républicaine que s’imposait Michel Rocard (1930-2016) lorsqu’il était premier ministre entre 1988 et 1991, durant le second septennat de François Mitterrand (1916-1996).

    « Deuxième gauche »

    Pourquoi cette mise en perspective ? Michel Rocard était d’abord un responsable politique qui incarnait ce fameux courant, la « deuxième gauche », dont les spécialistes s’accordent à dire qu’il constitue l’une des sources d’inspiration du macronisme des origines, le social-libéralisme, dont l’actuel chef de l’Etat, désormais l’otage d’une opposition de droite sur laquelle déteignent les idées de l’extrême droite, s’éloigne d’année en année.
    Michel Rocard dut assumer ses responsabilités de premier ministre de la France dans un contexte analogue à celui dans lequel se trouve aujourd’hui l’exécutif depuis les élections législatives de juin 2022, à savoir celui d’une majorité relative à l’Assemblée nationale, qui empêche de légiférer sereinement sans dépendre d’accords de circonstance avec des députés plus ou moins hostiles.

    https://twitter.com/Aurelientache/status/1747915766597402643

  • Death toll in Tulkarm rises to five
    17 January 2024 16:38 GMT | Middle East Eye
    https://www.middleeasteye.net/live-blog/live-blog-update/death-toll-tulkarm-rises-five

    The Palestinian Ministry of Health said that the death toll from the morning’s Israeli air strike on the West Bank city of Tulkarm has now reached five.

    The ministry identified those killed as: 18-year-old Ahmed Tariq Noman Faraj; 17-year-old Walid Ibrahim Muhammad Ghanem; 17-year-old Ahmed Musa; 35-year-old Ahmed Moein Deeb Mahdawi; 22-year-old Ashraf Ahmed Yassin.

    #Palestine_assassinée

  • La mode : une affirmation de soi | Tracks East | ARTE - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=gfLfwy0R-nw

    À travers nos vêtements, nous affirmons nos convictions et prenons part aux débats qui animent la société. La décision de porter tel modèle ou telle couleur, voire de renoncer à les porter, sont des choix qui deviennent politiques. Dans ce numéro, « Tracks East » examine sous toutes les coutures la dimension politique de la mode.

    La guerre en Ukraine a déclenché une vague de solidarité jusque sur les podiums, où des mannequins ont défilé vêtus de bleu et de jaune. Des stylistes ukrainiens ont réalisé des pièces grâce auxquelles les projecteurs de la filière se sont braqués sur leur pays - des créations autant célébrées que conspuées du fait de leur puissance symbolique. Certaines stars ont également affiché leur solidarité en portant des marques ukrainiennes ou des habits aux couleurs du pays.

    Et qu’en est-il de la signification religieuse de nos vêtements ? Mode d’expression de la foi pour les uns, symbole de l’oppression des femmes pour les autres, le hijab est un sujet hautement inflammable. Mais pourquoi ne pas laisser les musulmanes décider elles-mêmes de le porter - ou non ? Certaines ont fait leur choix. « Tracks East » leur donne la parole.

    #mode #palestine #ukraine #russie

  • La guerre à Gaza, inverser la situation et en sortir - par Omer Bartov sur AOC media
    https://aoc.media/opinion/2024/01/16/la-guerre-a-gaza-inverser-la-situation-et-en-sortir

    Ce qu’il faut d’urgence, c’est un accord international, mené par les États-Unis et d’autres grands pays européens, et accepté par Israël, l’Autorité palestinienne et des États comme l’Égypte, la Jordanie et l’Arabie saoudite, pour que les forces de défense israéliennes cessent le feu, que les otages soient rendus en échange des Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes et que la population retourne dans ses foyers – reconstruits avec le soutien de la communauté internationale –, le tout dans le cadre d’un accord général entre l’Autorité palestinienne et Israël pour passer à un nouveau paradigme politique de recherche d’une résolution du conflit par la négociation, et la création d’un État palestinien indépendant en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

    Certes, les chances que cela se produise sous le gouvernement israélien et la direction du Hamas actuels sont minces. Mais ces dirigeants peuvent être emportés par les marées politiques. Il faut prendre la mesure du fait que la tentative de « gestion » de la question palestinienne a échoué de manière spectaculaire. Depuis 1948, Israël n’a jamais été aussi peu sûr et vulnérable qu’aujourd’hui. Pourtant, les moyens de renverser cette situation sont clairement à portée de main. Il s’agit de repenser fondamentalement la relation entre les 7 millions de Juifs et les 7 millions de Palestiniens qui vivent entre le fleuve et la mer. Les dirigeants qui ont conduit leurs nations là où nous en sommes ont été profondément discrédités. D’où la nécessité d’une autre façon d’envisager l’avenir.

    Repenser ainsi les choses ne peut qu’entraîner un changement de la situation immédiate sur le terrain. Plutôt qu’un effort désespéré pour rétablir l’équilibre de la terreur entre deux populations dévastées, on pourrait imaginer une voie vers un avenir entièrement différent. Plutôt que l’idée insensée d’exiler la population de Gaza à travers le monde, on pourrait imaginer de faire de Gaza le Dubaï du Moyen-Orient, comme cela avait été envisagé pendant toutes ces années des accords d’Oslo. Au lieu de réfléchir à la manière de protéger les colonies israéliennes le long de la bande de Gaza avec davantage de murs, de clôtures et d’équipements électroniques, on peut réfléchir à la coexistence avec les Palestiniens, comme cela a en effet été le cas dans le passé, dans l’intérêt mutuel des deux parties.

    Quelles seraient les conséquences d’un tel scénario ? Comment cette terre peut-elle être partagée par deux groupes ayant une si longue histoire de conflits et d’effusions de sang ? Il existe de nombreux projets en la matière, mais l’un d’entre eux, A Land for All, me semble le plus intéressant, le plus original et le plus réaliste. Ce plan prévoit la création de deux États le long des frontières de 1967, en confédération l’un avec l’autre, chacun étant pleinement indépendant et souverain, sur la base d’un droit à l’autodétermination et d’un droit au retour, avec une capitale commune à Jérusalem.

    Ce qui différencie ce plan de la défunte solution à deux États, c’est que cette confédération ferait une distinction entre les droits de citoyenneté et ceux de résidence, de sorte que les Juifs et les Palestiniens pourraient être citoyens d’un État mais résider dans un autre. Ainsi, les colons qui choisiraient de rester dans l’État palestinien seraient autorisés à le faire, mais voteraient à la Knesset israélienne et s’engageraient à respecter les lois de la Palestine. Quant aux Palestiniens vivant à Naplouse ou revenant d’exil, ils seraient autorisés à résider en Israël, mais voteraient pour le parlement palestinien et s’engageraient à respecter les lois israéliennes.

    Bien entendu, le nombre de résidents étrangers de part et d’autre devra être réglementé, mais les frontières seraient ouvertes, permettant la libre circulation entre les États. L’ensemble du territoire étant déjà inextricablement lié en ce qui concerne les transports, l’énergie, l’eau, le cyberespace et d’autres infrastructures, les institutions confédérales contrôleraient ces interconnexions ainsi que les frontières extérieures de l’entité.

    La manière dont tout cela fonctionnerait en détail est encore en cours d’élaboration et on ne peut pas s’attendre à ce que cela se produise dans un avenir proche. Mais parce qu’il s’agit d’un horizon d’espoir et de promesse politiques, d’une voie de sortie de la destruction et de la violence, ce plan, ou d’autres similaires, peut changer la trajectoire de la politique et l’imagination des gens, permettant à la région de s’engager sur le chemin de la réconciliation et de la coexistence. Il n’y a, en effet, pas d’autre moyen, si l’on n’accepte pas la logique sinistre des fanatiques et des extrémistes, qui continuent à chercher la destruction de l’autre, même au prix de leur propre anéantissement. En ce moment de crise profonde, il est temps d’envisager un avenir différent pour les générations à venir.

  • Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide (et autres textes)

    Israélien·nes contre l’apartheid : Déclaration d’Israël contre l’apartheid suite à l’audience de la CIJ
    Meron Rapoport : Le gouvernement de la « seconde Nakba » saisit sa chance
    Gidéon Levy : Si ce n’est pas un génocide à Gaza, alors qu’est-ce que c’est ?
    Emma Graham-Harrison & Quique Kierszenbaum : « C’est le temps des chasses aux sorcières en Israël » : un enseignant maintenu à l’isolement pour un post s’inquiétant des morts de Gaza
    Sharon Zhang : 80 pour cent de la famine mondiale se trouve actuellement à Gaza, avertit un expert de l’ONU
    Mahmoud Mushtaha : « C’est comme vivre dans une morgue, en attendant que quelqu’un vous enterre »
    Ofer Aderet : 50 chercheurs sur l’Holocauste demandent à Yad Vashem de condamner le discours public israélien appelant au génocide à Gaza
    Lettre exhortant les États du monde à soutenir la requête de l’Afrique du Sud auprès de la Cour internationale de justice (CIJ) contre Israël pour la violation de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide à Gaza
    B’Tselem : En deux jours, des colons ont tué cinq Palestiniens de Qusrah, dont l’un avait 17 ans, et des soldats en ont tué un autre.
    ONU Info : Gaza : craignant la famine, l’ONU demande un changement radical dans l’accès à l’aide humanitaire

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/01/17/convention-pour-la-prevention-et-la-repression

    #international #palestine #israel

  • Genocide Denial in Bosnia: Special Adviser Raises Concerns
    https://bnnbreaking.com/breaking-news/human/special-adviser-on-genocide-prevention-raises-concerns-over-srebrenica-

    Craig Mokhiber @CraigMokhiber sur X: https://twitter.com/CraigMokhiber/status/1747377291632455723

    The UN Secretary-General’s Special Advisor on Genocide has issued a statement of concern on a #genocide that happened 30 years ago, while still remaining silent on the genocide happening on her watch in #Gaza. The UN is failing the people of #Palestine- again.
    #Gaza_Genocide

    #ONU