• une demande d’aide seenthissienne lancée à la cantonade. un ami veut publier un livre de dessins sur des disparitions forcées au Mexique (Ayotzinapa). le coût de fabrication sera important. il lancera une souscription parmi ses divers contacts. le prix de vente aux souscripteurs comme le prix public dépendent pour partie de l’importance du tirage, d’où l’idée d’utiliser un site de crowdfunding, à la fois pour assurer la diffusion mais aussi pour favoriser l’acces à ce livre (les prix sont politiques).
    si vous en connaissez qui ne pillent ni les data ni les auteurs, merci de le signaler

    #livre #souscription #crowdfunding

  • #Mauvaises_mères

    Le dossier du mois met à l’honneur les #daronnes. Celles auxquelles on reproche d’être trop ceci, pas assez cela, qu’on juge si facilement et qu’on excuse si difficilement, alors qu’elles sont prises en tenaille entre les injonctions du #capitalisme et du #patriarcat. Ici, des voix s’élèvent pour revendiquer d’autres manières d’être femmes et mères, et tracer des lignes émancipatrices pour des #maternités_libérées.


    https://cqfd-journal.org/CQFD-no221-juin-2023

    #maternité #femmes #jugement #émancipation

    ping @_kg_

  • A lire :
    Technocratisme
    Les grands corps à la dérive

    Alexandre Moatti

    Sort aujourd’hui aux Editions Amsterdam

    Crucial pour saisir l’essence des pouvoirs actuels : intrication du politique, de la finance & de la grande industrie ; réseaux & connivences ; perte de toute valeur au profit de l’argent ; et ce qu’Alexandre Moatti nomme « l’effacement progressif de la démocratie »

    https://twitter.com/LBantigny/status/1700441642791047522?s=20

  • Vienne : la grande précarité des jeunes travailleurs indépendants
    https://www.lanouvellerepublique.fr/vienne/vienne-la-grande-precarite-des-jeunes-travailleurs-independants


    Le 24 octobre 2022, une cinquantaine de livreurs manifestent à Poitiers. © (Photo archives NR/CP Marie-Laure Aveline)

    L’#Urssaf vient de mener une enquête déclinée à l’échelle régionale sur les #travailleurs_indépendants de moins de 30 ans [que nous avons reçu par la malle poste]. Leurs revenus restent généralement très bas.

    Le 24 octobre 2022, soutenus par l’Union départementale CFDT, une cinquantaine de #livreurs travaillant pour Deliveroo ou Uber Eats manifestaient devant la mairie de Poitiers. Pour défendre leurs droits mais aussi pour attirer l’attention sur la #précarité de leur situation.

    Une étude menée à l’échelle nationale par l’Urssaf et déclinée sur le plan régional vient de confirmer cette situation, d’autant plus difficile que les intéressés sont jeunes. C’est précisément sur les moins de 30 ans que porte l’étude de l’Urssaf. https://www.urssaf.org/accueil/espace-medias/communiques-et-dossiers-de-press/communiques-de-presse/activite_eco_des_moins_30_ans.html#:~:text=les%20effectifs%20salariés-,En%20.

    Un autoentrepreneur sur six
    On constate que, s’ils ne représentent que 4,8 % des travailleurs indépendants classiques en Poitou-Charentes, les moins de 30 ans pèsent pour 14,7 % chez les autoentrepreneurs (20 % pour la France entière). Les deux tiers des livreurs à domicile (activités dites « de pose et de courrier ») ont moins de 30 ans.

    Moins de 3.000 € par an en moyenne pour les indépendants de moins de 30 ans
    Pour compenser la faiblesse des revenus de leur activité, 23 % des indépendants de moins de 26 ans l’exercent en parallèle avec un #emploi salarié [et lycée de Versailles]. La proportion passe à 13 % chez les 26-29 ans, le niveau de revenu, explique l’Urssaf, s’améliorant avec l’expérience.

    Les indépendants classiques mieux lotis
    Les revenus annuels des activités indépendantes, s’ils sont corrects pour l’ensemble de ces professionnels en Poitou-Charentes (36.869 € en moyenne en 2021), restent bas pour les moins de 26 ans : 12.909 €.

    Ces chiffres cachent des situations très contrastées : si les indépendants classiques (artisans, commerçants, prestataires de services…) même les plus jeunes vivent en général correctement de leur activité, les #autoentrepreneurs ne tirent généralement que de très maigres revenus de leur travail : 5.825 € par an en moyenne pour les 26-29 ans, deux fois moins chez les moins de 26 ans.

    #travail #revenu

  • Lecture d’un extrait du livre « Shy » de Max Porter (traduction de l’anglais par Charles Recoursé), paru aux Éditions du sous-sol, en 2023.

    https://liminaire.fr/radio-marelle/article/shy-de-max-porter

    En 1995, Shy, un adolescent de 15 ans, en décrochage scolaire, livré à lui-même, se retrouve dans une résidence pour mineurs délinquants implantée dans un manoir, dans la campagne anglaise : L’école de la dernière chance. Il s’en évade, laissant derrière lui cet endroit, ses compagnons d’infortune comme ses tortionnaires. Pendant sa fuite nocturne, Shy repense à ce qu’il a vécu, se confronte à ses démons intérieurs. Ce court roman mélange monologue intérieur et voix extérieures (parents, amis, proches), retours en arrière et souvenirs du passé, dans un récit déconstruit dont la forme des blocs de textes et les jeux typographiques alternent pour dresser le portrait lyrique d’une jeunesse en difficulté, restituer avec émotion et puissance une vie mise à l’épreuve.

    (...) #Radio_Marelle, #Écriture, #Langage, #Roman, #Livre, #Lecture, #En_lisant_en_écrivant, #Podcast, #Histoire, #Angleterre, #Solitude, #Errance, #Enfance, #Musique (...)

    https://liminaire.fr/IMG/mp4/en_lisant_shy_porter.mp4

    http://www.editions-du-sous-sol.com/publication/shy

  • Une #université a tué une #librairie

    Une université vient de tuer une librairie. Le #libéralisme a fourni l’arme. Les codes des marchés ont fourni la balle. Et l’université, après avoir baissé les yeux, a appuyé sur la détente.

    Cette université c’est “mon” université, Nantes Université. Cette librairie c’est la librairie Vent d’Ouest, une librairie “historique”, présente dans le centre de Nantes depuis près de 47 années et travaillant avec l’université depuis presqu’autant de temps.

    Une université vient de tuer une librairie. Nantes Université travaillait, pour ses #commandes d’ouvrages (et une université en commande beaucoup …) avec principalement deux #librairies nantaises, Durance et Vent d’Ouest. Pour Vent d’Ouest, cela représentait une trésorerie d’environ 300 000 euros par an, 15% de son chiffre d’affaire. Une ligne de vie pour les 7 salariés de la libraire. Et puis Vent d’Ouest perd ce marché. Du jour au lendemain. Sans même un appel, une alerte ou une explication en amont de la décision de la part de Nantes Université.

    À qui est allé ce marché ? Au groupe #Nosoli, basé à Lyon, qui s’auto-présente comme le “premier libraire français indépendant multi-enseignes” (sic) et qui donc concrètement a racheté les marques et magasins #Decitre et #Furet_du_Nord (et récemment Chapitre.com) et dont le coeur de métier est bien davantage celui de la #logistique (#supply_chain) que celui de la librairie.

    Pourquoi Nosoli a-t-il remporté ce #marché ? Et pourquoi Nantes Université va devoir commander à des librairies Lyonnaises des ouvrages pour … Nantes ? Parce que le code des #marchés_publics. Parce que l’obligation de passer par des #appels_d’offre. Parce le code des marchés publics et des appels d’offre est ainsi fait que désormais (et depuis quelques temps déjà) seuls les plus gros sont en capacité d’entrer dans les critères définis. Parce que les critères définis (par #Nantes_Université notamment) visent bien sûr à faire des #économies_d’échelle. À payer toujours moins. Parce que bien sûr, sur ce poste de dépenses budgétaires comme sur d’autres il faut sans cesse économiser, rogner, négocier, batailler, parce que les universités sont exangues de l’argent que l’état ne leur donne plus et qu’il a converti en médaille en chocolat de “l’autonomie”. Parce qu’à ce jeu les plus gros gagnent toujours les appels d’offre et les marchés publics. C’est même pour cela qu’ils sont gros. Et qu’ils enflent encore. [mise à jour] Mais ici pour ce marché concernant des #livres, ce n’est pas le critère du #prix qui a joué (merci Jack Lang et la prix unique) mais pour être parfaitement précis, c’est le critère du #stock qui, en l’espèce et malgré le recours en justice de la librairie Vent d’Ouest, et bien qu’il soit reconnu comme discriminatoire par le ministère de la culture (en page 62 du Vade Mecum édité par le ministère sur le sujet de l’achat de livres en commande publique), a été décisif pour permettre à Nosoli de remporter le marché. [/mise à jour]

    Alors Nosoli le groupe lyonnais a gagné le marché de Nantes Université. Et les librairies nantaises Durance et Vent d’Ouest ont perdu. Et quelques mois après la perte de ce marché, la librairie Vent d’Ouest va fermer.

    On pourrait s’en réjouir finalement, ou même s’en foutre totalement. Après tout, Nantes Université va faire des #économies. Après tout une librairie qui ferme à Nantes et 7 salariés qui se trouvent sur le carreau c’est (peut-être) 7 personnes du service logistique du groupe Nosoli qui gardent leur emploi. Et puis quoi, une librairie qui ferme à Nantes mais il y en a 6 qui ont ouvert sur les deux dernières années à Nantes. Alors quoi ?

    Alors une université vient de tuer une librairie. Et quand on discute avec les gens qui, à Nantes Université, connaissent autrement que comptablement la réalité de ce qu’était le #marché_public passé avec Durance et Vent d’Ouest, et quand on échange avec celles et ceux qui ont l’habitude, à l’université ou ailleurs, de travailler avec le groupe Nosoli, on entend toujours la même chose : rien jamais ne remplacera la #proximité. Parce qu’avec Durance et Vent d’Ouest les échanges étaient souples, réactifs, pas (trop) systématiquement réglementaires, parce que les gens qui dans les bibliothèques de l’université commandaient les ouvrages connaissaient les gens qui dans les librairies les leur fournissaient, et qu’en cas de souci ils pouvaient même s’y rendre et les croiser, ces gens. Et on entend, en plus de l’aberration écologique, logistique, et sociétale, que les commandes avec le groupe Nosoli sont usuellement et comme avec tout grand groupe logistique … complexes, lentes, difficilement négociables et rattrapables, sans aucune souplesse, sans aucune écoute ou connaissance des besoins fins de l’université “cliente”. Voilà ce que l’on entend, entre autres choses plus âpres et plus en colère.

    Une université vient de tuer une librairie. Et ça fait tellement chier. C’est tellement anormal. Tellement schizophrène. Le même jour que celui où j’ai appris l’annonce de la fermeture définitive de la libraire Vent d’Ouest, j’ai aussi reçu un message de Nantes Université m’informant que, champagne, l’université venait – comme 14 autres universités – de remporter un appel à projet de plus de 23 millions d’euros. La cagnotte lancée par la libraire Vent d’Ouest après la perte du marché de Nantes Université lui avait rapporté quelques milliers d’euros qui lui avaient permis de retarder sa fermeture de cinq mois.

    Vivre à l’université, travailler à Nantes Université, c’est être tous les jours, à chaque instant et sur chaque sujet, confronté au même type de #schizophrénie. D’un côté on collecte des dizaines de millions d’euros dans de toujours plus nébuleux appels à projets, et de l’autre on gère la misère et la détresse. Et on ferme sa gueule. Parce que ne pas se réjouir de l’obtention de ces 23 millions d’euros c’est être un pisse-froid et c’est aussi mépriser le travail (et l’épuisement) des équipes qui pilotent (et parfois remportent) ces appels à projets. Oui mais voilà. À Nantes Université on organise des grandes fêtes de rentrée et on donnez rendez-vous à la prochaine #distribution_alimentaire, la #fête mais la #précarité. Et l’on fait ça tous les jours. Toutes les universités françaises organisent ou ont organisé des #distributions_alimentaires, et toutes les universités françaises remportent ou ont remporté des appels à projet de dizaines de millions d’euros. Mais les financements qui permettraient de recruter des collègues enseignants chercheurs ou des personnels techniques et administratifs en nombre suffisant, et de les recruter comme titulaires, pour garantir un fonctionnement minimal normal, ces financements on ne les trouve jamais. Mais les financements qui permettraient d’éviter de fermer une librairie avec qui l’université travaille depuis des dizaines d’années et d’éviter de mettre 7 personnes au chômage, on ne les trouve jamais. Mais les financements qui permettraient à tous les étudiant.e.s de manger tous les jours à leur faim, on ne les trouve jamais. Mais les financements qui permettraient à l’UFR Staps de Nantes Université de faire sa rentrée on ne les trouve jamais. Mais les financements qui permettraient aux collègues de la fac de droit de Nantes Université de ne pas sombrer dans l’#épuisement_au_prix et au risque de choix mortifières pour eux comme pour les étudiant.e.s on ne les trouve jamais. Mais les financements qui permettraient aux collègues de l’IAE de Nantes Université de ne pas s’enfoncer dans le #burn-out, ces financements on ne les trouve jamais. Il n’y a pas d’appel à projet à la solidarité partenariale. Il n’y a pas d’appel à projet à la lutte contre la #misère_étudiante. Il n’y a pas d’appel à projet pour permettre à des milliers de post-doctorants d’espérer un jour pouvoir venir enseigner et faire de la recherche à l’université. Il n’y pas d’appel à projet pour sauver l’université publique. Il n’y en a pas.

    Il n’y a pas d’appel à projet pour la normalité des choses. Alors Nantes Université, comme tant d’autres, est uniquement traversée par des #régimes_d’exceptionnalité. #Exceptionnalité des financements obtenus dans quelques appels à projets qui font oublier tous les autres appels à projet où l’université se fait retoquer. Exceptionnalité des #crises que traversent les étudiant.e.s, les formations et les #personnels de l’université. Exceptionnalité des mesures parfois prises pour tenter d’en limiter les effets. Dans nos quotidiens à l’université, tout est inscrit dans ces #logiques_d’exceptionnalité, tout n’est lisible qu’au travers de ces #matrices_d’exceptionnalité. Exceptionnalité des financements. Exceptionnalité des crises. Exceptionnalité des remédiations.

    Une université vient de tuer une librairie. Cela n’est pas exceptionnel. C’est devenu banal. Voilà l’autre danger de ces régimes d’exceptionnalité permanents : ils inversent nos #représentations_morales. Ce qui devrait être exceptionnel devient #banal. Et ce qui devrait être banal (par exemple qu’une université publique reçoive des dotations suffisantes de l’état pour lui permettre d’exercer sa mission d’enseignement et de recherche), est devenu exceptionnel.

    Une université vient de tuer une librairie. Dans le monde qui est le nôtre et celui que nous laissons, il n’est que des #dérèglements. Et si celui du climat dicte déjà tous les autres #effondrements à venir, nous semblons incapables de penser nos relations et nos institutions comme autant d’écosystèmes dans lesquels chaque biotope est essentiel aux autres. Nantes Université a tué la libraire Vent d’Ouest. Le mobile ? L’habitude. L’habitude de ne pas mener les combats avant que les drames ne se produisent. L’habitude de se résigner à appliquer des règles que tout le monde sait pourtant ineptes. L’habitude du renoncement à l’attention à l’autre, au plus proche, au plus fragile, dès lors que l’on peut se réjouir de l’attention que nous portent tant d’autres. L’#habitude d’aller chercher si loin ce que l’on a pourtant si près.

    Une université vient de tuer une librairie. Le libéralisme a fourni l’arme. Les codes des marchés ont fourni la balle. L’habitude a fourni le mobile. Et l’université, après avoir baissé les yeux, a froidement appuyé sur la détente.

    https://affordance.framasoft.org/2023/09/une-universite-a-tue-une-librairie

    #ESR #enseignement_supérieur

  • La seconde vie des livres
    https://laviedesidees.fr/La-seconde-vie-des-livres

    Les plateformes numériques ont transformé en profondeur le marché du #livre d’occasion. L’occasion pour Vincent Chabault de proposer une sociologie des intermédiaires culturels. À propos de : Vincent Chabault, Le Livre d’occasion : sociologie d’un commerce en transition, Presses Universitaires de Lyon

    #Société #culture #marché #sociologie_économique
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20230901_chabault.pdf
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20230901_chabault-2.docx

  • Book Review Roundtable: Against the Commons: A Radical History of Urban Planning
    https://urbanpolitical.podigee.io/68-against-the-commons

    Against the Commons underscores how urbanization shapes the social fabric of places and territories, lending awareness to the impact of planning and design initiatives on working-class communities and popular strata. Projecting history into the future, it outlines an alternative vision for a postcapitalist urban planning, one in which the structure of collective spaces is defined by the people who inhabit them.

    #Commons,Commoning,Radical_Planning,Berlin,Enclosure,Agrarian_Question,Milan,New_York,Chicago
    https://audio.podigee-cdn.net/1204327-m-7c57eda7252ce5d46d0d1f7cea9d8acc.m4a?source=feed

  • Les épreuves de la frontière
    Cours du 05 avril 2023 : #Rencontres

    Les 3 rencontres, le récit avec une triple voix :

    - un exilé :
    Une famille de #réfugiés_afghans, dont Fassin retrace tout le parcours depuis l’#Afghanistan jusqu’à #Briançon, en passant par la Grèce et les Balkans

    - un policier : (à partir de la min 26’40)
    Fassin raconte l’habitude que les forces de l’ordre ont de demander aux chauffeurs du bus qui fait Oulx-Claviere combien de migrants sont descendus du bus à Claviere. Fassin raconte la militarisation de la frontière (2 escadrons de la #gendarmerie_mobile, 140 militaires + 30 hommes des forces armées sentinelles + 25 réservistes de l’#opération_limes —> presque 200 en plus des policiers). « A quoi sert ce qu’ils font ? » (dès min 29’45) Réponse : « tous les migrants finissent par passer. (...) Ce n’est pas un secret, tout le monde le sait » (min 30’04)... Quel intérêt donc ? (min. 30’28) : « faire du chiffre ». « C’est ce que leur demande le commandant, c’est ce que leur demande la préfète, parce que ce sont des #statistiques qu’on fait remonter au Ministre de l’Intérieur qui peut ensuite s’en féliciter publiquement. C’est beaucoup plus facile d’arrêter des migrants que des passeurs, alors comme son collègue il se satisfait des non-admissions. Quand leur nombre augmente, on les complimente et à la fin de l’année ils ont une meilleure prime ; quand il diminue on les convoque, on les réprimande, on exige de meilleurs résultats ». Fassin observe que pas tout le monde n’est pas satisfait de la situation, il évoque le #suicide d’un brigadier qui commandait une équipe de nuit (min 31’02) : « Un homme gentil, respectueux modeste, correct avec les migrants. La version officielle c’est qu’il avait des problèmes conjugaux, qu’il était séparé de sa femme, qu’il voyait moins ses enfants, qu’il faisait une dépression. C’est surement pas faux, mais il a vu comment son collègue était affecté par la dégradation de l’ambiance au sein de l’institution, les attentes de résultats quantifiés par leur hiérarchie ont généré une compétition entre les équipes à qui ferait le plus d’interpellations. Il avait entendu dire le brigadier que ’plus que la qualité du travail, c’était la quantité qui comptait désormais, quitte à tordre les données. Il n’ignore pas que les performances de l’autre équipe valaient sans cesse à son chef des brimades et des humiliations. D’ailleurs, il a entendu dire qu’avant de se suicider, le brigadier avait laissé une lettre dans laquelle il expliquait les raisons de son geste, évoquant les pressions de sa hiérarchie, qu’il ne supportait plus. Beaucoup le pense, au fond, c’est la #politique_du_chiffre qui l’a tué. La mort de son collègue lui a laissé un goût amer, un vague sentiment de culpabilité, ’n’aurait-il pas fallu se montrer plus solidaires entre eux au lieu d’exacerber la concurrence ?’ (...) N’aurait-il pas fallu comprendre quand il répétait qu’il ne trouvait plus de sens à son travail ? »
    Au poste-frontière de Montgenèvre, la scène d’un médecin (probablement de Médecins du Monde, qui entre pour demander de libérer au de reconduire à la frontière les deux adultes interpellés, car leurs enfants ont été entre temps déjà amenés à Briançon (35’28) : Le policier « accuse le médecin d’organiser comme les autres volontaires des opérations hasardeuses pour aider les migrants à franchir la frontière en les amenant à emprunter des chemins dangereux, ils ne font pas de la mise à l’abri, comme ils le disent, ils les exposent à des risques inconsidérés. Ce sont eux, les policiers et les gendarmes, qui protègent les migrants, déclare-t-il ».
    Min 37’50 : les policiers « pestent contre les maraudeurs » "qui sont en réalité des passeurs" —> la présence de maraudeurs et du refuge comme éléments de l’#appel_d'air

    - le maraudeur (à partir de la min 39’18)

    –—

    Deuxième partie de la conférence (à partir de la min 53’00), Fassin explique comment il a construit la narration avec les trois personnages :

    https://www.youtube.com/watch?v=rkOJJ9jYT8Y


    #conférence #vidéo #Didier_Fassin #frontière_sud-alpine #ethnographie #asile #migrations #réfugiés #parcours_migratoire #Briançonnais #Italie #France #Hautes-Alpes #forces_de_l'ordre #militarisation_des_frontières #opération_sentinelle #pression_des_résultats #refus_d'entrée #PAF #police_aux_frontières #solidarité

  • Nous continuons d’arpenter comme des funambules, entre ombre et lumière…

    « Avant d’apprendre à lire, il faudrait apprendre à voir. L’écriture est visible et c’est le premier obstacle que Nicolas Taffin nous aide à franchir au long de ses essais sur la typographie. Il nous montre l’importance de la forme des lettres auxquelles doivent être « en direct » substitués les sons de la voix. La lecture est d’abord un aperçu global de la page, de ses formes, mais aussi de ses « contreformes » que le typographe doit aligner comme un jardinier organise ses parterres, avec des alignements, des hauteurs et des espacements équilibrés, pour offrir un ensemble harmonieux qui va permettre une lecture ».

    Dans sa préface Michel Melot discute, entre autres, des erreurs, de Lure, du monde « du son et du texte », de surface d’impression, de « pleine forme », d’intervalle ni blanc ni vide, de typographie…

    note sur : Nicolas Taffin : Typothérapie

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/08/31/nous-continuons-darpenter-comme-des-funambules

    #livre #philosophie

  • Pourquoi Tiktok a (déjà) détruit votre futur (Fabien Olicard)
    https://www.crashdebug.fr/pourquoi-tiktok-a-deja-detruit-votre-futur-fabien-olicard

    On vous avait déjà mis en garde sur le danger de l’addiction à la dopamine via les réseaux sociaux et comment ils détruisaient nos cerveaux, et il semblerait que cela chamboule totalement nos sociétés, Que feront ces jeunes s’ils ne désirent pas s’accomplir, si tout le circuit de l’effort suivi de la récompense (dopamine) peut être atteint juste en surfant sur un réseau social comme Tik Tok ? Pourquoi ces enfants se donneraient du mal, à lire, étudier, nouer des contacts, travailler, si ils peuvent avoir une dose infinie de dopamine juste en surfant sur les réseaux sociaux. Je souligne là aussi l’ÉNORME responsabilité de tous ces géants de la Tech qui vendent ’du temps de cerveau disponible’ Par ailleurs j’ai moi aussi ces problèmes d’attention, bon ils sont peut être liés a d’autres problématiques, (...)

    #Épinglé #Livres #Loisirs #ROOT

  • Edgar Hilsenrath (1926-2018), rire tragique
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/toute-une-vie/edgar-hilsenrath-1926-2018-rire-tragique-4251727

    Écrivain juif de langue allemande, ses livres satiriques et crus sur la Shoah conquirent l’Amérique et scandalisèrent l’Allemagne. Rire pour Hilsenrath, c’est regarder l’humanité dans l’horreur, et écrire contre l’oubli.

    Lorsqu’au début des années 1970 un petit éditeur de Cologne accepte enfin de prendre le risque de publier Le nazi et le barbier d’#Edgar_Hilsenrath, soixante maisons d’édition allemandes ont déjà refusé le manuscrit. Aux États-Unis, le #livre s’est écoulé à deux millions d’exemplaires. Mais en Allemagne où il est né, et où se parle la langue dans laquelle il écrit, ses livres font peur aux éditeurs. « Une satire de la période nazie et de l’holocauste, ils ne peuvent pas supporter ça. Ils pensent qu’il faut traiter ce thème avec le plus grand sérieux ou pas du tout », fait-il dire à son alter-ego Lesche dans Terminus Berlin.

    #audio #radio

  • Aggiustare il mondo. La vita, il processo e l’eredità dell’hacker #Aaron_Swartz

    La vita troppo breve dell’hacker Aaron Swartz – morto suicida l’11 gennaio del 2013 – ha tantissimi aspetti incredibili. Piccolo genio dell’informatica cresciuto in un sobborgo di Chicago, incontra, da adolescente, studiosi del calibro di Tim Berners-Lee e Lawrence Lessig e lavora con loro per costruire le architetture informatiche, e le licenze d’uso, del futuro. Con un cambio di vita radicale, deciderà poi di dedicarsi all’attivismo politico e tecnologico proprio mentre i suoi coetanei più talentuosi sfruttano l’onda della Silicon Valley per arricchirsi. Lui dedicherà, invece, le sue energie e il suo talento a combattere per l’#open_access, per la sicurezza delle comunicazioni, per l’anonimato e per “liberare” contenuti e cultura dai confini, e pedaggi, delle grandi banche dati. A un certo punto, però, il governo degli Stati Uniti d’America lo prenderà di mira e, lentamente, la potente macchina giudiziaria americana lo stritolerà. Il suo insegnamento, le sue teorie, la sua passione sono ancora oggi, a distanza di dieci anni dalla sua morte, esempio per tantissimi utenti, hacker e cittadini della società dell’informazione.

    https://libri.unimi.it/index.php/milanoup/catalog/book/100

    #livre

  • La vente du livre dont un chapitre décrit les pratiques de #harcèlement_sexuel d’un ponte (des études déconiales notamment, sic !) de #Coimbra - #Boaventura_Sousa_Santos - a été suspendue par #Routledge

    Ici la réaction de Boaventura Sousa Santos :

    O livro «Sexual Misconduct in Academia» q expôs, alegadamente, situações de assédio (e abuso) sexual no #CES da @UnivdeCoimbra deixou de estar disponível para venda no site da @routledgebooks. Que conclusões tirar deste excerto de entrevista de Boaventura Sousa Santos? #assédio

    https://twitter.com/migueldelemos/status/1679121982535741441


    résultat de recherche avec ce lien : https://www.taylorfrancis.com/books/edit/10.4324/9781003289944/sexual-misconduct-academia-delyth-edwards-erin-pritchard

    #suspension #censure #livre #suspension #université #harcèlement

    • #Boaventura dá primeira entrevista sobre acusações: «Fui feminista toda a vida. Mas é preciso distinguir as lutas genuínas»

      Editora Routledge suspendeu venda do livro no qual três mulheres acusam o académico de conduta inapropriada. Boaventura diz não conhecer «detalhes da decisão da editora»; uma das alegadas vítimas, porém, disse ao DN ter sido contactada por advogado «para acordo». Em entrevista, o sociólogo apresenta-se como vítima de «vingança» e da sua posição sobre guerra na Ucrânia.

      «Posso informar que o livro está suspenso, por a acusação ser tão grave. Porque é na verdade uma acusação criminal sob o disfarce de um trabalho científico. (...) Espero que a editora reconsidere. Porque publicou cinco livros da minha autoria, dois singulares e três coletivos. Eles próprios estão um pouco perplexos com a qualidade deste capítulo.»

      Numa entrevista tornada pública no Youtube esta terça-feira, e na qual fala longamente sobre a acusação de que foi alvo, assumindo ter cometido «erros, atos incorretos, mas nunca crimes», e estar «muito tranquilo, confiante de que a verdade triunfará», Boaventura Sousa Santos deu assim a novidade de que o livro Sexual Misconduct in Academia (Conduta Sexual Inapropriada na Academia), cujo último capítulo é uma descrição de alegados factos ocorridos no Centro de Estudos Sociais da Universidade de Coimbra, com ele próprio, sob o crisma de «Professor Estrela», como figura central, teve a sua venda suspensa pela editora Routledge dois meses após a publicação.

      No site da editora, há apenas uma nota lacónica: «Este livro está temporariamente indisponível, por estar sob revisão». Ao DN, Boaventura Sousa Santos assume já saber da suspensão «há algum tempo», mas garante não conhecer detalhes da decisão, nem se a editora tenciona recolher os livros que estão à venda em várias plataformas e livrarias: «Não tenho recebido nenhuma comunicação da Routledge sobre manutenção da publicação do artigo ou se a venda será suspensa em outras plataformas.»

      Reconhece porém que, após ter conhecimento do capítulo no qual se viu retratado, expôs diretamente à editora - na qual tem várias obras publicadas, e que acaba de publicar, já após o rebentar do escândalo, em abril, outro livro seu, From the Pandemic to Utopia, the Future Begins Now - as suas críticas. Aliás, diz achar «natural» a decisão da Routledge, «dado que o artigo sofreu críticas bastante contundentes no meio académico em relação ao seu caráter pouco ou nada científico.» E lamenta que «se tenham apercebido disso meses depois de destruírem a minha imagem e depois de me causarem irrecuperáveis prejuízos a nível pessoal e profissional. Entendo a suspensão como um reconhecimento, ainda que tardio, de que o artigo não devia ter sido publicado.»

      Na entrevista referida, conduzida pelo austríaco Josef Muehlbauer, que se descreve no Twitter como «anarco-sindicalista seguidor de Noam Chomsky e feminista queer», o sociólogo português nega caráter científico ao artigo publicado pela Routledge e da autoria das académicas Lieselotte Viaene, Catarina Laranjeiro e Miye Nadya Tom - "Não faço ideia de quem foram os revisores científicos do artigo, porque se o ler verá que a bibliografia não tem nada a ver com a parte empírica, que se baseia naquilo a que chamam «rede de murmúrios». Nunca fizeram uma entrevista..." - e descreve-o como «uma vingança» pessoal da parte da principal autora, a investigadora belga Lieselotte Viaene, que já tinha atacado duramente em abril, quando falou ao DN, na sua primeira reação pública à publicação do capítulo.

      "Foi expulsa do nosso centro. Tivemos de instaurar um processo disciplinar contra esta mulher, por conduta inapropriada, e ela prometeu vingança quando se foi embora, disse isso na altura a algumas colegas. (...) E soube que uma das outras duas autoras até disse: "O artigo não era para ser contra o «Professor Estrela», porque o admiramos, mas a versão final é da belga e ela pôs tudo em cima do professor porque se queria vingar.""
      Coletivo de vítimas organiza prova; Isabella diz que foi contactada para «acordo»; académico nega

      A notícia da suspensão da venda do livro pela Routledge já tinha sido dada em primeira mão esta segunda-feira, numa «carta aberta» assinada pelo "coletivo de vítimas CES-UC (Centro de Estudos Sociais da Universidade de Coimbra) e publicada no site Buala. Na carta, a quarta publicada pelo coletivo e dirigida à editora, as signatárias, que se identificam como «sete mulheres, de nacionalidades brasileira, portuguesa, peruana e mexicana», dizem não ter conseguido esclarecimentos, junto das autoras do capítulo sobre o CES, acerca dos motivos da suspensão da venda do livro, e terem decidido então interpelar a Routledge.

      Informando que «as nossas experiências permitem atestar a veracidade do padrão de comportamentos descrito no capítulo 12», e que «a publicação do livro foi determinante para que nos organizássemos em coletivo e para a decisão de juntarmos provas testemunhais e documentais que corroboram os diversos tipos de abusos descritos naquele capítulo», cumprindo «um papel essencial na elucidação do padrão de abuso de poder que sofremos e testemunhámos», as sete mulheres anunciam estar a organizar «um dossiê circunstanciado com um conjunto alargado de provas documentais e testemunhais que comprovam as ações incorretas e o padrão de assédio sexual e moral descrito pelas autoras da publicação.»

      A razão pela qual essas provas ainda não foram apresentadas, dizem, «é a demora do próprio CES em iniciar qualquer processo investigativo sobre as denúncias. Estamos aguardando que seja instituída a Comissão Independente do CES [anunciada pela direção do centro como a instância que vai investigar as acusações], ocasião em que apresentaremos nosso Dossiê, que pretendemos também tornar público.»

      A política brasileira Isabella Gonçalves, uma das duas mulheres que em abril vieram a público assumir, com um relato detalhado, serem vítimas de assédio sexual por parte de Boaventura Sousa Santos - a outra é a ativista indígena Moira Millán -, e cujo caso é relatado no capítulo do livro como o de «uma estudante internacional de doutoramento» a quem o então diretor do CES, seu orientador de tese, teria proposto trocar intimidade por «apoio académico», disse ao DN estar associada ao coletivo. «Nos frustra o facto de que até hoje nunca fomos contactadas pelo CES e não temos informações sobre a comissão independente.»

      Questionada sobre o motivo pelo qual acha que Boaventura Sousa Santos nunca tentou até agora, ao contrário do que fez com Moira Millán, refutar aquilo de que ela o acusa, a deputada do Partido Socialismo e Liberdade, que na altura exigiu mudar de orientador e acabou por abandonar o CES (e que conta que algum tempo depois dos factos o académico lhe quis pedir desculpa), diz não saber: «Não sei porquê o silêncio dele sobre o meu caso». Adianta porém ter sido, já após as suas declarações públicas, contactada «por uma advogada dele», tendo preferido «não seguir o contacto».

      Esse contacto, de acordo com Isabella Gonçalves, foi no sentido de «chegarem a um acordo». À pergunta do DN «pagando?», responde: «Não chegámos a debater os termos.» Confrontada com a hipótese de que Boaventura Sousa Santos tenha igualmente efetuado uma démarche jurídica junto da editora, admite ser possível: «Ele mostra que já sabia da suspensão do livro, imagino que possa ter tomado alguma ação para isso.»

      Ao pedido de confirmação e esclarecimento sobre este contacto, Boaventura Sousa Santos responde: «Tenho um advogado para a minha defesa constituído em Portugal, que aguarda a Comissão para que possa atuar de facto no caso. Ele não fez nenhum contacto.»
      "Havia interesse em calar-me. E de facto calaram-me"

      Na longa parte da referida entrevista em que apresenta pela primeira vez de viva voz a sua defesa - até agora limitara-se a responder por escrito a perguntas de jornalistas e a publicar comunicados - Boaventura não fala apenas das autoras do capítulo, da editora e de quem o acusa. Tem também como alvo o movimento feminista.

      «Há uma divisão no movimento, uma divisão muito séria, entre os que seguem o tipo de movimento metoo, dos EUA, e a ideia é tolerância zero - uma denúncia é uma condenação», diz o sociólogo. «As feministas mais novas acham que o homem é o inimigo. E tenho de as compreender como sociólogo, até escrevi um documento de autocrítica [refere-se a um artigo publicado no Expresso em junho], admitindo que no passado cometi erros. Mas nunca fiz aquelas coisas, é absurdo. (...) Temos de distinguir lutas genuínas, sabe?»

      Garantindo ter sido «um feminista toda a vida», refere o seu trabalho como prova: «É por isso que aponto o heteropatriarcado como parte do sistema de dominação. Muitas pessoas acharam que não devia colocar a dominação patriarcal no mesmo nível da classe e da raça.»

      Admite porém que apesar de ter tentado na prática «ser consistente» com a sua teoria, não foi. "Nunca somos totalmente consistentes, já se sabe. E uma pessoa da minha geração, particularmente no passado, cometeu certos atos incorretos, erros, mas nunca crimes. Coisas incorretas que podem ser consideradas coisas machistas e chauvinistas, como dizer «hoje está particularmente bonita» ou «muito bem vestida» - coisas que hoje não se podem dizer mas que em 2010, 2000, provavelmente podia dizer e não era ofensivo. Há realmente uma mudança na sociedade e temos de a respeitar. Temos de viver no nosso tempo. Se há desigualdades de poder? Claro, na academia e em geral, e tenho lutado contra elas. Mas no meio de uma luta justa há uma coisa muito injusta, a meu ver."

      Fala também das divisões na esquerda - «É uma infelicidade e estamos num período em que há muitas divisões e usualmente são as pessoas de esquerda q são vítimas destas coisas. Estamos a destruir o pensamento crítico» -, apontando-se como um «alvo» por «razões diferentes e de forma muito injusta.»

      Uma das razões, diz suspeitar, é a sua posição sobre a guerra na Ucrânia. «Sou quase a única voz em Portugal contra a guerra na Ucrânia. Fui muito contra a invasão ilegal da Ucrânia pela Rússia. Mas a partir desse momento, porque vivo nos EUA há tanto tempo, sei que esta guerra foi provocada pelos EUA para neutralizar a Rússia - e para tentar neutralizar a China. (...) Sou quase a única figura pública conhecida a dizer isto nos jornais. (...) O que tenho dito causou escândalo e havia interesse em calar-me. E de facto calaram-me - publico as minhas crónicas mas não nos principais jornais, como costumava fazer.»

      Queixa-se até de não lhe darem sequer voz para se defender: "Não posso ir para os jornais expor a minha posição, porque dizem «OK, é a sua posição mas a posição da mulher prevalece». Acho que em 90% dos casos podem estar certos, mas às vezes estão errados."

      Sublinhando que aguarda poder apresentar as provas - «hard facts», «documentos, emails, faxes» - à comissão independente que o CES anunciou para investigar o caso (e que três meses depois ainda não foi, como noticiou o Público, nomeada), exemplifica com o que considera ser «a refutação completa» que publicou das acusações que lhe foram feitas pela ativista indígena Moira Millán, através de mails que alegadamente esta trocou consigo desde 2010 (quando teria ocorrido a agressão sexual de que ela se diz vítima) e 2014, lamentando: "Um dos problemas é que as pessoas já nem leem as refutações, por se se está em «tolerância zero», o que conta é a denúncia. E não é verdade, porque temos de ver os factos."

      Por fim, comenta: "Espero que a verdade triunfe. Isto faz parte da nossa vida no mundo, tenho de ser um sociólogo no meu tempo. E como não tenho um partido, uma igreja, uma sociedade secreta para me proteger, estou só em campo aberto. Nunca esperei que abordasse esta questão [dirigindo-se ao entrevistador, que se manteve calado durante toda esta parte, com cerca de 30 minutos, da entrevista], e poderia dizer «essa não, porque está sob investigação». Mas gostei de falar consigo. E assim fica a perceber o que sinto sobre isto."

      https://www.dn.pt/sociedade/boaventura-da-primeira-entrevista-sobre-acusacoes-fui-feminista-toda-a-vida-mas-e

    • Open Letter to Routledge - Taylor & Francis Group

      Academic censorship on sexual misconduct and power abuse: Not in our academia!

      #NotInOurAcademia

      #NoEnNuestraAcademia

      #NãoNaNossaAcademia

      #MeTooAcademia

      If you want to sign this open letter, please sign the form here and your name will be added

      Sexual misconduct is rife in higher education. In the UK, for example, sexual harassment carried out by academic staff towards students was documented in a 2018 report, Power in the Academy, which found that one in eight students had been subjected to unwanted touching from academics. These incidents are perpetuated by institutions historically rooted in patriarchal, racist, competitive, objectifying and hierarchical practices of knowledge and power.

      The book Sexual Misconduct in Academia: Informing an Ethics of Care in the University (2023) came together to address this emergency, to show ways forward, and to overcome silences.

      The two editors, Delyth Edwards and Erin Pritchard, and the 23 authors of this book represent a collective of PhD students, early career researchers, First Generation scholars, Indigenous scholars, and disabled scholars, based in Australia, India, North America, the UK and several European countries. Many of us have been affected by sexual harassment and assault - including rape - during our academic careers, often leaving us with deep traumatic wounds. We speak out despite the risk of legal, public or professional repercussions, such as losing our jobs. We have chosen to write about and analyse our experiences with the intention of promoting open dialogue about the realities of sexual misconduct and power abuse in academia in order to enact a much-needed deep transformation in our professional field.

      Chapter 12 of the book, “The wall spoke when nobody else would: Autoethnographic notes on sexual-power gatekeeping within avant-garde academia”, was written by Lieselotte Viaene, Catarina Laranjeiro, and Miye Nadya Tom. It analyses sexual misconduct within an unnamed research centre, describing the culture and social norms that enabled the harassment to occur, as well as ways in which resistance took place. The authors collectively analysed such concepts as “star professor”, “whisper network”, “sexual-power gatekeepers”, “academic incest”, “intellectual and sexual extractivism”, “gaslighting”, and “institutional witch-hunt”.

      After the book’s publication in March 2023, a professor felt he was being referred to in Chapter 12, suggesting that he was the “star professor”, and threatened the authors with legal actions in the press. He also denounced the book and its editors among his networks.

      In certain academic circles the chapter became widely discussed and the authors, as well as other victims who stood up publicly, have received international support via open letters. The person who has identified himself as the “star professor”, along with others, appears to have used his power and the law to silence the chapter, the book and its authors. In June 2023 the book was temporarily withdrawn from circulation while Routledge - Taylor & Francis Group looked into “complaints” and a cease-and-desist letter it had received about the chapter. On 31 August 2023 the authors of Chapter 12 were informed that Routledge - Taylor & Francis Group were reverting the rights for the chapter to them. The editors were not informed of this decision, nor were they told what would happen to the rest of the book. The webpage for the book has now disappeared.

      Women presenting conference.

      These events are not only of great concern in relation to the silencing of the voices of the survivors who wrote Chapter 12, but also in relation to wider questions of how commercial publishers handle this issue. This controversy raises many questions, two of which we want to bring to the attention of the international academic community:

      - Can we, as an academic community, allow a private publisher to intervene in and even censor such an important, urgent and necessary debate in our professional field?

      – Academic writing is still the core tool of academic knowledge production worldwide, but when we as researchers are no longer allowed to reflect critically about how to transform our field from within, what are the implications for critical reflection on academia from within?

      It is well known that abusers, harassers and their enablers are increasingly turning to the law (in and out of court) to further intimidate, oppress and silence those who speak out about sexual violence and power abuse both within and outside of academia. It is not acceptable to simply defer to the legal threats of the powerful. As such, the legal context is weighted against victim-survivors. This is why academic publishers such as Routledge need to recognise their role within the wider academic community, and take a stance on this issue. Where publishers are profiting from publishing academic work, then they also need to take responsibility for the conditions of production of academic outputs. Academic research is produced in a context where women, LGBTQ+ people, and even men, in the Global North and South, are at risk of sexual harassment and power abuse. This context needs to be recognised in the ways that publishers work with those who write about these issues, instead of re-victimising them. Such support should include standing by authors where defamation threats are made.

      Furthermore, academic freedom upholds the right of academics to freedom of inquiry - to pursue and discuss ideas related to their field. Sexual harassment and power abuse in academia is an area that is in urgent need of further analysis and inquiry, hence the publication of this book.

      By signing this letter, the undersigned join in solidarity with the authors and editors of the book, in particular the authors of Chapter 12. We salute their strength and work, and support the editors and supporters of the book in calling on Routledge - Taylor & Francis Group:

      - to publicly state why they have removed the chapter and the book itself from their website

      - to reinstate chapter 12 and the book as a whole and to stand up to legal threats

      If you want to sign this open letter, please add your name here: https://docs.google.com/forms/d/19FX-p5Otrm_pk4ePmDWQIuGNgMXAg4pIePlRlJlRKtA/edit?pli=1. See current list of signatories below.

      https://www.buala.org/en/mukanda/open-letter-to-routledge-taylor-francis-group

    • « Nous savons toutes ». Un #MeToo universitaire au Portugal

      En mars 2023, un chapitre d’ouvrage dénonçait le harcèlement moral et sexuel dont les autrices avaient été victimes et témoins dans leur Centre de recherche. Dans leur sillage, le sociologue Boaventura de Sousa Santos, professeur et directeur émérite, était mis en cause. En solidarité, un large ensemble de signataires dénoncent une culture académique abusive, l’abandon des institutions et la violation de l’éthique professionnelle dans un environnement de précarité généralisée. En faisant appel à un changement de paradigme urgent, ce texte a donné naissance à un #MeToo universitaire au Portugal.

      En mars 2023, l’ouvrage Sexual Misconduct in Academia Informing an Ethics of Care in the University a été publié chez Routledge (New York). Ce livre, principalement à destination des universitaires, traite des expériences de violences sexistes et sexuelles au sein du monde académique.

      Un de ses chapitres s’intitule « The walls spoke when no one else would : Autoethnographic notes on sexual-power gatekeeping within avant-garde academia », et a été signé par les chercheuses Lieselotte Viaene, Catarina Laranjeiro et Miye Nadya Tom.

      Passées par le Centre d’études sociales (CES) de l’Université de Coimbra, au Portugal, les autrices s’appuient sur la méthode auto-ethnographique pour développer une analyse critique de dynamiques de pouvoir complexes au sein de cette institution internationalement reconnue comme pionnière dans le champ des études postcoloniales et décoloniales.

      Sans jamais nommer personne, ni la prestigieuse institution, elles élaborent une analyse qui permet de déceler comment les rapports entre le savoir et le pouvoir sont interconnectés et ancrés, à travers des figures-type telles que le « Star professor », la « Watchwoman », ou le « Apprentice ».

      Victimes et témoins de harcèlement en contexte universitaire, elles dénoncent une culture académique abusive, l’extractivisme intellectuel et sexuel, l’abandon des institutions, voire la violation de l’éthique professionnelle, dans un environnement de précarité généralisée ; tout en faisant appel à un changement de paradigme urgent.

      Ce texte a depuis désormais plus d’un mois déclenché un débat médiatique important au Portugal et à l’international, donnant naissance à un mouvement MeToo universitaire. Dans son sillage, le sociologue Boaventura de Sousa Santos, professeur et directeur émérite du CES de Coimbra, incarnation lusophone de l’intellectuel engagé, est aujourd’hui accusé de harcèlement et d’abus sexuels, notamment par la députée de gauche brésilienne Bella Gonçalves (qui a été sa doctorante en 2013-2014) ou encore par l’autrice mapuche Moira Millán.

      Si le débat public autour de ces questions est nécessaire, il comporte également une série de risques : représailles envers les autrices, instrumentalisation politique réactionnaire, dévalorisation de tout le travail scientifique développé au sein du CES de Coimbra, individualisation de problèmes qui sont en réalité systémiques – particulièrement au Portugal, mais aussi ailleurs.

      En ce contexte d’attaques et de mise en lumière publique des victimes, une vingtaine de personnes, la plupart des femmes, ont rédigé ce manifeste en solidarité avec les autrices du chapitre et avec toutes les victimes de harcèlement, tout en essayant de redéfinir les termes du débat, d’un point de vue féministe intersectionnel, solidaire, pour la justice transformatrice du milieu académique et de la société en général.

      Le texte a été publié dans le quotidien portugais Público le 14 avril. Depuis, il a été signé par plus de 900 personnes, et traduit en anglais et espagnol, ce qui a permis d’ élargir le débat, qui a notamment pris beaucoup d’ampleur en Amérique Latine.

      Nous le publions ici pour la première fois en français.

      « Nous savons toutes »

      Face au débat public en cours suscité par la publication de l’étude “The walls spoke when no one else would : Autoethnographic notes on sexual-power gatekeeping within avant-garde academia”, dans l’ouvrage Sexual Misconduct in Academia : Informing an Ethics of Care in the University (Routledge, 2023), nous exprimons notre entière solidarité avec les autrices et les autres voix qui se sont manifestées publiquement, ainsi qu’avec toutes les personnes victimes d’abus de pouvoir et d’autres formes de violence à l’intérieur et à l’extérieur du monde universitaire. Ce document est une contribution collective et inachevée pour un débat en cours.

      I - SOLIDARITÉ TOTALE

      1. Il ne s’agit pas de diffamation

      Les situations abusives répétées et persistantes décrites dans le texte, loin d’être épisodiques ou de représenter une attaque concertée en vue d’une diffamation personnelle, institutionnelle ou politique, doivent être interprétées comme une critique des dynamiques institutionnelles systémiques, récurrentes à l’intérieur comme à l’extérieur de l’université.

      2. C’est structurel et structurant

      Le harcèlement sexuel et moral, l’extractivisme intellectuel (la pratique de plagier ou de reproduire le travail d’autrui sans le citer, en le présentant comme sien), ainsi que d’autres formes de violence, sont structurelles et structurantes dans un système universitaire fondé sur des hiérarchies professionnelles marquées et des divisions de classe, de genre et ethno-raciales. Une dimension particulièrement insidieuse de cette structure hiérarchique concerne la concentration du pouvoir et, par conséquent, l’accaparement de ressources financières essentielles au développement des carrières de recherche, dont la grande majorité repose sur la précarité. Dans ce contexte, le harcèlement peut toucher les hommes. Cependant, il touche principalement les femmes, compte tenu des difficultés accrues qu’elles rencontrent dans le développement de leur carrière, en raison, entre autres, du droit à la maternité et l’exercice de tâches de soin. Vue la manière dont le harcèlement et la violence à l’égard des femmes sont naturalisés dans une société patriarcale et sexiste, de tels actes sont souvent dévalorisés par les institutions où ils sont commis, les agresseurs bénéficiant de l’inertie et de la connivence des personnes ayant des responsabilités administratives. Ainsi, que ce soit par apathie ou par rationalisation des comportements abusifs, les personnes impliquées dans la gestion de ces institutions sont également imbriquées dans ces réseaux complexes de pouvoir, devenant complices des abus.

      3. Les représailles

      Les personnes cibles de violences ne décident pas de se soumettre à l’examen public à la légère. Elles savent d’avance ce qui les attend : des jugements de valeur, l’humiliation, la déformation des faits, la dévalorisation, le ridicule et une potentielle re-traumatisation. Souvent, les personnes accusées d’abus font appel à des principes consensuels de justice, tout en transférant la culpabilité vers les victimes. Parallèlement, elles ont tendance à discréditer les victimes/survivant.e.s en se présentant elles-même comme les victimes d’une persécution politique ou d’une attaque conspiratrice. Bien que dans la plupart des cas les agresseurs concentrent diverses formes de pouvoir — institutionnel et économique —, ils répondent aux accusations en se victimisant eux-mêmes. Cette situation persiste en l’absence d’un cadre juridique et de codes de conduite efficaces. À proprement parler, il n’existe pas de voie claire pour entamer une procédure de dénonciation des abus. Puisque les personnes qui décident de s’exprimer sont totalement dépourvues de protection sur leur lieu de travail ou d’études, elles s’exposent à des représailles. Ces mécanismes sont d’autant plus obscurs qu’ils sont informels, et plus les statuts sont précaires, plus les mesures de dissuasion contre le signalement d’abus sont importantes. Il en résulte un cercle vicieux de re-victimisation, d’isolement, d’auto-culpabilisation, voire d’abandon total de la carrière universitaire, sans parler du traumatisme infligé par de telles situations de violence. Dans le cas en question, les adjectifs utilisés à l’encontre des autrices de l’article, les accusant d’être des femmes « difficiles », « problématiques » ou même « insolentes », s’inscrivent dans une longue tradition patriarcale. Ce sont des lieux (trop)communs mobilisés pour discréditer les femmes. De plus, l’article a été la cible d’arguments masqués sous un vernis académique, en attaquant son prétendu manque de rigueur et la qualité de l’examen par peer-review auquel il a été soumis. L’utilisation de l’auto-ethnographie a été particulièrement critiquée, bien qu’il s’agisse d’une méthode valide et pertinente pour articuler, caractériser et analyser le type d’abus et de violence que le chapitre met en lumière. Nous répudions ces critiques.

      4. « Sans témoin, il n’y a pas de crime »

      Nous respectons le principe de la présomption d’innocence dans la sphère judiciaire. Cependant, nous condamnons la position adoptée par les présumés agresseurs qui se traduit invariablement par un refus de reconnaître le problème. Bien qu’il s’agisse de chercheurs reconnus pour l’étude et l’examen des relations de pouvoir asymétriques dans le monde, ils se montrent incapables d’appliquer ces mêmes outils critiques et théoriques à eux-mêmes. Qui plus est, ils refusent de remettre en question leur position de pouvoir et ne reconnaissent pas la violence abusive que leur désaveu renforce. Cela s’est manifesté de manière flagrante dans la réaction publique immédiate au chapitre et à ses auteurs, notamment par des menaces de poursuites pour diffamation. Cette réaction démontre une connaissance du fonctionnement des mécanismes juridiques, car s’il n’y a pas de témoins, il est d’autant plus difficile (parfois impossible) de prouver qu’un crime a été commis.

      5. La faillite de la justice

      Les mécanismes de la justice n’accompagnent pas les processus de justice sociale et de genre déclenchés par les mouvements sociaux de base. Les exemples de femmes dont l’expérience n’a pas été prise en compte par la justice sont nombreux. Les plaintes pour harcèlement et violence aboutissent souvent à la culpabilisation de la victime, questionnant de son comportement, au détriment de la clarification des faits et de l’application de la justice. Ce modus operandi, qui met en cause la cible des violences plutôt que son auteur, élude le problème et pervertit l’obtention de justice.

      II

      LA DIFFICULTÉ À PARLER

      6. L’inefficacité des mécanismes de dénonciation

      En raison d’un contexte qui ne protège pas les victimes/survivant.e.s, celles-ci finissent par payer un prix trop élevé, soit en termes professionnels (les amenant parfois à renoncer à leurs projets de vie), soit en termes de santé physique, mentale et émotionnelle, portant souvent un traumatisme à vie. Par ailleurs, les plaintes formelles auprès des institutions et des autorités ne constituent pas un mécanisme pleinement efficace. En conséquence, les victimes sont souvent dissuadées de porter plainte — notamment car lorsqu’elles le font, ces situations ont tendance à être étouffées (le cas en question en est un exemple). De manière perfide, l’économie des rankings, des évaluations et du prestige encourage et favorise l’impunité et l’inertie. Ainsi, les institutions préfèrent ne pas “salir” leur nom en évitant d’enquêter sur les cas de harcèlement sexuel, d’abus moral et de plagiat commis par des membres du corps enseignant ou du personnel académique sénior. En 2022, par exemple, il a été révélé qu’un rapport du conseil pédagogique de la faculté de droit de l’université de Lisbonne a reçu, en onze jours seulement, 70 plaintes de harcèlement, dont 50 ont été “validées”, impliquant 31 enseignants. Toutes les plaintes ont été classées et celles qui ont pu poursuivre au sein d’un organe interne de cette faculté ont été prescrite

      7. Régimes de validation du discours

      Il a fallu que les autrices du chapitre passent par les mécanismes les plus largement reconnus de validation académique — l’examen aveugle par peer-review et le fait d’être publiées par une maison d’édition de prestige (Routledge) — pour déclencher une vague d’attention aux situations d’abus de pouvoir. Toutefois, il faut souligner que tout ceci arrive après des tentatives de dénonciation de la part de chercheuses du Sud global qui ont été étouffées ou ignorées au fil des années. Pendant cette même période, soit par le biais de réseaux de chuchotements, soit parce que “les murs ont commencé à parler”, “nous le savions toutes”, même si c’était de manière informelle.

      8. Pouvoir-savoir

      Nous pensons qu’il est fondamental de montrer qu’un processus d’extraction intellectuelle existe et se concentre sur les groupes incarnant des savoirs et des épistémologies situées, qui, dans le contexte universitaire patriarcal et colonial, sont utilisés comme des ressources à capitaliser. Dans ce cadre, les dynamiques décrites dans le chapitre reproduisent les relations de pouvoir-savoir et reconstruisent des modes de production de connaissance marqués par le binarisme domination-subalternité. Paradoxalement, ces dynamiques sont des objets centraux du travail de recherche développé au sein du centre de recherche en question. Ce n’est pas un hasard si plusieurs des dénonciations subséquentes concernaient des chercheuses ancrées dans des contextes qui favorisent leur subalternisation : soit parce qu’elles se retrouvent déplacées de leurs milieux sociaux, culturels et/ou professionnels, soit en raison de leur condition économique, sociale ou migratoire — ou même par la confluence de tous ces facteurs. Dans le cadre d’un déséquilibre des relations de pouvoir, ces dénonciations impliquent, dans certains cas, des sujets dont les positions énonciatives et les perspectives épistémologiques ont été historiquement subalternisées.

      9. La pointe de l’iceberg

      Les cas signalés ne sont que la partie visible de l’iceberg. Le consentement intime est souvent compromis par les relations de pouvoir et la dépendance académique. Ces asymétries de pouvoir conduisent des chercheuses — dépendantes de la validation de l’institution pour leur sécurité financière, voire migratoire — à occulter les abus dont elles sont victimes afin d’éviter les problèmes ou les représailles. Ce phénomène a également été rapporté dans le cas en question. La plupart des victimes ne portent pas plainte par peur, par méfiance à l’égard du système judiciaire, par stratégie de survie ou pour préserver les personnes de leur entourage, celles dont la survie dépend de l’agresseur et souvent même celles qui appartiennent à la sphère intime de l’agresseur. La précarisation croissante du travail universitaire est au cœur de cette vulnérabilité. Certaines femmes ont exprimé la crainte de signer ce manifeste, justement, par peur des représailles. Cependant, le chapitre en question a déclenché plusieurs dénonciations nouvelles, et d’autres s’en suivront certainement. Dans l’espace des deux jours qui ont suivi la publication du chapitre, on peut compter par dizaines les témoignages publics et tout autant de dénonciations, tous faisant indéniablement état d’une réalité connue et tolérée depuis des décennies.

      III

      DES PRATIQUES ÉMANCIPATRICES

      10. Sauvegarder le travail émancipateur

      Le mérite des lignes de recherche importantes et progressistes développées au sein du Centre d’études sociales (CES) de l’université de Coimbra n’est pas à remettre en question. Telle est la confusion que veulent provoquer des tentatives d’instrumentalisation politique de ce cas à l’encontre d’orientations émancipatrices. Il est fondamental de reconnaître la pertinence des instruments de justice sociale et des plateformes permettant le type de pratiques critiques dont le CES a été pionnier. Cette reconnaissance ne doit pas nous empêcher, et ne nous empêchera pas, de constater les graves défaillances de la direction du CES dans la protection de ses chercheuses. Ainsi, nous soulignons que, précisément en raison de l’inscription du centre dans un espace idéologique et discursif émancipateur, l’impunité est inacceptable. C’est dans une écologie de la complexité, du conflit et de l’autocritique permanente que la justice sociale intersectionnelle peut être achevée.

      11. Pour une université pluridiverse et l’intersectionnalité des luttes

      Nous luttons pour une université qui valorise les idées et les pratiques progressistes ; une université capable de l’autocritique, d’accepter les vulnérabilités et d’assumer des pratiques de soin en vue de la justice sociale et de la formation de communautés solidaires et libres d’abus. Nous luttons pour une université où le savoir circule horizontalement, et non à travers des relations de pouvoir patriarcales et coloniales. Une université pluridiverse, égalitaire, intersectionnelle et émancipatrice. Une université libérée de la précarité générale et sans peur du modus operandi féministe dans la construction de personnes émancipées d’assignations prescriptives en raison de critères de genre, de classe, racistes, validistes ou de préceptes culturels. Une université où les lieux de décision et de prestige social ne sont pas le domaine quasi exclusif des hommes blancs, et où les secrétaires et les rôles auxiliaires de nettoyage et de restauration ne sont pas réservés presque exclusivement aux femmes (majoritairement des femmes racialisées ou migrantes, employées de manière précaire). Une université qui rompt avec la tradition des hiérarchies rigides et du renforcement du pouvoir par ceux qui sont plus préoccupés par la préservation de leurs privilèges que par la promotion de communautés de soin et de responsabilité. En résumé, nous rejetons une culture universitaire fondée sur la reproduction des « patriarches géniaux ».

      12. Nous faisons appel aux ministres Elvira Fortunato et Ana Catarina Mendes et à la Fondation pour la Science et la Technologie

      Nous appelons la ministre des sciences, de la technologie et de l’enseignement supérieur, Elvira Fortunato, et la ministre d’État et des affaires parlementaires, Ana Catarina Mendes, ainsi qu’à la Fondation pour la Science et la Technologie (l’agence publique nationale portugaise de soutien à la recherche), à se prononcer et à mettre à disposition les ressources nécessaires pour améliorer les cadres juridiques applicables à ce type de cas dans tous les établissements d’enseignement supérieur et de recherche. Il s’agit notamment d’envisager la nécessité d’adopter des codes juridiques et des cadres réglementaires analogues, par exemple, au "Title IX" en vigueur aux États-Unis. En outre, les instances de régulation de l’éducation et de la recherche scientifique doivent immédiatement créer les conditions pour que tous les établissements d’enseignement supérieur disposent de mécanismes permettant de dénoncer le harcèlement sexuel et moral de manière anonyme, capables de fournir des garanties de protection à toute personne ayant subi des abus. Par ailleurs, nous demandons la constitution de commissions indépendantes et non endogames chargées de mettre en place des mesures préventives, capables d’évaluer les plaintes, d’opérationnaliser les processus et d’aider à la mise en œuvre des sanctions.

      13. Réseau de solidarité sabemostodas[@]gmail.com

      ​Reconnaissant la nécessité de la présomption d’innocence pour une enquête juste dans une démocratie, tant pour les personnes dénonciatrices comme pour les accusées, nous condamnons toute tentative de représailles contre les premières. Nous anticipons cette possibilité contre les personnes signataires, à savoir celles qui ont des affiliations institutionnelles et universitaires, nous serons donc vigilantes et dénoncerons tout comportement punitif et de représailles. Faute de canaux de soutien institutionnels efficaces, nous nous désignons comme espace et réseau de solidarité.

      Nous réaffirmons notre solidarité avec toutes ces femmes et toutes les victimes et survivant.e.s de harcèlement.

      Nous soutenons celles qui ont le courage de s’organiser contre ce système oppressif et toxique, de le dénoncer et de le remettre en question, et qui, par conséquent, se sont retrouvées dans la situation difficile de devoir revivre des traumatismes passés. Nous serons à l’affût de toute tentative de représailles et nous agirons pour réparer tout préjudice.

      Nous serons de plus en plus nombreuses à dénoncer et soutenir les personnes qui déconstruisent les fondements patriarcaux et coloniaux à la base des systèmes universitaires.

      Les rédactrices

      Josina Almeida
      Ana Balona de Oliveira
      Inês Beleza Barreiros
      Maria Benedita Basto
      Ana Bigotte Vieira
      Catarina Boieiro
      Catarina Botelho
      Maria do Carmo Piçarra
      Filipa César
      Fábian Cevallos Vivar
      Andreia Cunha
      Ana Cristina Pereira (Kitty Furtado)
      Inês Espírito Santo
      Sara Goulart
      Marta Lança
      Patrícia Martins Marcos
      Marta Mestre
      Raquel Schefer
      Luísa Semedo
      Júlia Suárez-Krabbe
      Rita Tomás

      https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/110523/nous-savons-toutes-un-metoo-universitaire-au-portugal

    • Mapuche activist #Moira_Millán recounts sexual assault by Boaventura de Sousa Santos

      Interview • Lola Matamala • April 18, 2023 • Originally published April 16 in El Salto Diario, Translation by Ojalá

      Boaventura de Sousa Santos (Coimbra, Portugal, 1940) holds a PhD from Yale University, and is a professor at Coimbra University in Portugal. He is among the most prestigious intellectuals on the European left, and has published books including Human Rights, Democracy and Development (Routledge, 2020). He has been a regular participant in international conferences and forums including the World Social Forum.

      In the past week, a group of Portuguese students have accused him of sexual aggression and Brazilian member of congress Bella Gonçalves has added her testimony, as has the well known Mapuche activist, writer and screenwriter Moira Millán.

      I spoke with Millán on Friday April 14, one day before the Latin American Social Science Council (CLACSO) announced via social media the suspension of all activities involving the sociologist, who is among the most prestigious on the continent, “while the investigations are underway.” On April 15, the Center for Social Studies of the Iusa University of Coimbra did the same, suspending all of de Sousa Santos’ academic activities.

      Lola Matamala: Moira, what happened with Boaventura?

      Moira Millán: In 2010 I traveled to Portugal by invitation of a collective of Argentines living in Lisbon for a discussion in the Lusophone University. I let Boaventura know, we had met at the World Social Forum in Brazil, where we had a political exchange that was enjoyable and respectful. He immediately wrote back and invited me to Coimbra to give a talk to his students.

      I accepted, though he didn’t offer to pay. I told him I needed him to pay my expenses because my economic situation was very precarious, and Boaventura said he would pay for my travel, accommodation and meals.

      I arrived in Coimbra and gave the talk. By the time it ended it was quite late and his assistant told me I was to go for dinner in a predetermined location.

      I thought the whole team would go, but when I got there, he was alone. The place he had chosen was a restaurant that belongs to his family, which he had opened so we could have dinner alone. He began to drink heavily and say really strange things as a kind of “flirtation.”

      The whole time I was setting boundaries. When we finished eating he told me he wanted to give me some books, and I asked him to give them to me the next day. He said no, and told me his house was nearby. I agreed to go with him.

      I don’t remember what floor he lived on but I do remember there was a security system to get into the building. We went into the apartment and he got comfortable and began to drink whisky. I wanted to leave, but he told me to sit down. I did, but across from him. When I did, he leaned into me and started touching me, trying to kiss me.

      I got angry and pushed him and I said: “No!” I was upset but I stayed calm. He pushed himself onto me again, and I got very angry and pushed him even harder. I wasn’t going to let anyone rape me, not even Boaventura.

      He realized he wasn’t going to be able to rape me because I wouldn’t allow it. At the same time, I felt like a hostage. I didn’t know how to get out of the building, I didn’t know if it was far, I didn’t have any money to pay for a taxi. I also didn’t have my return flight to Lisbon. I was in his hands, and that sensation made me feel afraid and upset. I tried to calm myself down and I made him think it through, and he calmed down.

      LM: What did you say to calm him down?

      MM: I asked him if he acted this way with white academics or if he just did it with me, since I’m Indigenous and not an academic. We had spoken at length about Blanca Chancoso and I asked him: did you do this to Blanca Chancoso too?

      LM: And what did he say?

      MM: He said of course not. So I responded: then why are you doing this to me? Because I’m poor? Then I started crying, even though I never cry because I’m implacable. I’m the kind of person who says “not a tear for the enemy”. That’s when he apologized, and I left.

      I’m a woman who knows how to defend herself, I have to confront the Argentine Gendarmerie, and he’s an older man. This whole thing could have ended in tragedy because I could have killed him, and I’d be in prison.

      LM: How did you get your return ticket?

      MM: The next day I went to ask his secretary for it, but I was told that he had it and that he was waiting for me in a restaurant. When I heard that I got very upset: it meant the humiliation at his hands would continue. He was like a fussy child who didn’t get what he wanted from me the day before, so he wanted me again the next day.

      His assistant was upset and it’s not her fault, so I went and saw him. And there he was, waiting for me with a bouquet of flowers, begging for forgiveness, but I took my ticket and left.

      ML: When you arrived back in Lisbon, did you tell anyone what happened in Coimbra?

      MM: Yes, and they told me not to mess with him, that the right would take advantage of what happened because he was the guru of the left in a very difficult moment in Portugal. But does a leftwing rapist do less damage than a rightwing rapist?

      LM: As the days went on, and faced with these kinds of responses, how did you process what happened to you?

      MM: I thought, I’m 40 years old, what could happen that hasn’t happened already? How is it possible this guy is going to get away with doing this to me? Major mistake.

      Since then, though, whenever I am traveling I ask to come with someone else, so that I have witnesses. The only ones I have from what happened are the students I gave the class to and his secretary, but there’s no witness in the restaurant or in his apartment. I realized later it wasn’t spontaneous, that he acted as a criminal with a premeditated strategy.

      LM: Since then, has Boaventura been in touch with you?

      MM: No, he’s terrified of me, he knows what he did. And I have told a lot of academics, because we’ve been in conferences where he is also invited, and they’ve asked me to be on the same panels as him, and I’ve said no, and if they insisted, I’ve threatened to publicly denounce him as abusive.

      For example, CLACSO has known since the beginning, because I told them, which means it is totally complicit.

      LM: Has anyone in CLACSO been in touch with you over the past days?

      MM: They’ve called me as individuals and they’ve told me that, for now, they won’t go against him. I think what’s missing in this moment is a clear political position: the left has a chance to clean house, to redeem itself by condemning these extremely violent events.

      Instead I’m being threatened on social media. I don’t care because they aren’t going to come to Patagonia, but the young Portugese women who have spoken out, what support and security do they have?

      I can’t understand how these practices have been allowed inside academia, and I especially don’t understand the women who are complicit in these situations.

      LM: Have you received any kind of support since the news of these events went public?

      MM: A handful of Portuguese academics have called to say they are sorry for Boaventura’s attitude.

      In Argentina, in general, academia and many Argentine feminists have looked the other way, in fact, one woman academic told me that he’d done the same in Africa.

      And I think, if he did that to me, a Mapuche woman activist and writer with a certain amount of recognition and all of the tools to speak out, and I haven’t received solidarity, what attitude will they have with the African sisters who have been his victims?

      LM: Have you spoken to any of them or to others who have suffered abuse by Boaventura?

      MM: No, I don’t even know the students that have gone public, but I’m sharing my testimony because I heard him deny it and delegitimize them.

      Some people have asked to see the email exchanges I’ve had with Boaventura, but I’m a person who is persecuted in my country and I have to change my phone number and email all the time because of hacking. How am I going to recover emails from 2010 if I’ve changed my email three times?

      LM: Are you going to make a criminal complaint?

      MM: Yes, but I have to go to Coimbra to do that because that’s where it happened, and the issue right now is that I’m in Patagonia. Between August and September I expect to travel to Europe for a script I’m writing and I can do it formally.

      I’ll go to Portugal, even though since this happened I haven’t gone, even though I’ve been invited, I haven’t dared to go. Now I have to go denounce that white academic, and presumably also the left that speaks about the south and coloniality.

      LM: A year and a half ago you denounced Boaventura during the CLACSO conference in México [City], I imagine what’s happening now is affecting you emotionally.

      MM: I’ve felt a lot of pain, powerlessness and rage. They say time heals all wounds, but it’s not true. If there’s no justice, there’s no healing. Your soul still feels it, you live it all over again.

      I was asked how I understand justice, and in this case I know he won’t go to jail because of his age, but I hope he’s kicked out of academia and that he’s separated from the strategic spaces where he continues to prey on people, to humiliate them, to exercise violence against women, so that they can go to university without having an abuser deciding their future. For me, that would be justice.

      LM: Finally, what reflections have this emotional rollercoaster led you to develop?

      MM: Well, I lacked self-esteem at that moment, and many Indigenous women continue to lack self esteem. We normalize that things like this can happen to us because we don’t matter to anybody, we’re rapable and killable. And we’re tired.

      This happened in 2010 and I was alone, I wasn’t part of any Indigenous collective spaces or any feminist spaces. Once we’re part of collectives we also feel stronger as we face our Mapuche world that is machista and where there are also abusers and mistreatment.

      I will no longer accept any dogma, any nationalist flags that allow “mal vivir,” mistreatment or oppression.

      https://www.ojala.mx/en/ojala-en/moira-milln-recounts-sexual-assault-by-boaventura-de-sousa-santos

    • Lettre ouverte à Routledge – Taylor & Francis Group

      #Censure_académique des violences sexuelles et des abus de pouvoir : pas dans notre milieu universitaire !

      #NotInOurAcademia
      #NoEnNuestraAcademia
      #NãoNaNossaAcademia
      #MeTooAcademia
      #MeTooESR

      Pour signer cette lettre (https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSfI_H8wlOIdX-565fqdA3nFB7DlxYCqqM-GePO9e20tU5s8jw/viewform), utiliser le formulaire sous ce lien et nous ajouterons votre nom.

      Les violences sexuelles sont très répandues dans l’enseignement supérieur. Au Royaume-Uni, par exemple, le harcèlement sexuel des enseignantes-chercheurs et des chercheurs envers les étudiant∙s a été documenté en 2018, dans le rapport Power in the Academy (Pouvoir dans le milieu universitaire), qui a établi que un∙e étudiant∙e sur huit a fait l’objet d’attouchements non-désirés de la part d’universitaires. Ces incidents sont perpétués par des institutions historiquement enracinées dans des pratiques patriarcales, racistes, concurrentielles, objectivantes et hiérarchies de savoir et de pouvoir.

      L’ouvrage Sexual Misconduct in Academia : Informing an Ethics of Care in the University (2023) a été élaboré pour répondre à cette question, indiquer les voies à suivre et surmonter les silences.

      Les deux directrices de publication, Delyth Edwards et Erin Pritchard, et les 23 auteur∙ices représentent un collectif de doctorant∙es, jeunes chercheur∙ses, universitaires First Generation, Indigènes, certain∙es en situation de handicap, venues d’Australie, d’Inde, d’Amérique du Nord, du Royaume-Uni et de pays européens. Plusieurs d’entre nous ont subi du harcèlement et des agressions sexuelles — y compris des viols — au cours de notre carrière universitaire, nous laissant profondément meurtries et traumatisées. Nous prenons la parole en dépit du risque de représailles juridiques, sociales ou professionnelles — perdre notre emploi par exemple. Nous avons choisi d’écrire au sujet de nos expériences personnelles, et de les analyser avec le souci de promouvoir un dialogue ouvert sur les violences sexuelles et les abus de pouvoir dans le milieu universitaire, et cela, dans le but de provoquer une profonde transformation profonde et indispensable dans notre domaine professionnel.

      Le chapitre 12, « The wall spoke when nobody else would : Autoethnographic notes on sexual-power gatekeeping within avant-garde academia (Le mur a parlé quand personne d’autre ne l’a fait. Notes autoethnographiques sur le verrouillage par le pouvoir sexuel de l’accès à l’avant-garde universitaire), a été écrit par Lieselotte Viaene, Catarina Laranjeiro et Miye Nadya Tom. Il analyse les violences sexuelles dans un centre de recherche anonymisé, décrivant la culture et les normes sociales qui ont facilité le harcèlement sexuel, comme les manières d’y résister. Les autrices ont analysé ensemble les concepts comme « professeur star », « réseau de murmures », « gardiens du pouvoir sexuel », « inceste académique », « extractivisme intellectuel et sexuel », « emprise (gazlighting) », and « chasse aux sorcières institutionnelles ».

      Après la parution de l’ouvrage en mars 2023, un professeur s’est senti désigné dans le chapitre 12, indiquant qu’il était la « star universitaire » et menaçant les autrices de poursuites judiciaires dans la presse. Il a également critiqué l’ouvrage et ses éditrices dans ses réseaux. Dans certains cercles universitaires, le chapitre a été largement commenté et les autrices, ainsi que d’autres victimes qui ont témoigné publiquement, ont reçu un soutien international sous la forme de lettres ouvertes. La personne qui s’est identifiée lui-même comme « star universitaire » a usé de son pouvoir et de la réglementation pour faire taire le chapitre, le livre et ses autrices. En juin 2023, le livre fut retiré temporairement des ventes, pendant que Routledge – Taylor & Francis Group examinait les « plaintes » et une lettre de demande de retrait (cease-and-desist) reçues concernant le chapitre. Le 31 août 2023, les autrices du chapitre 12 furent informées que Routledge – Taylor & Francis Group envisageait de leur restituer les droits du chapitre. es éditrices n’ont pas été informées de cette décision, ni de ce qui adviendrait du reste de l’ouvrage. La page web du livre a aujourd’hui disparu.

      Ces incidents sont très préoccupants non seulement parce que les voix des survivantes signataires du chapitre 12 ont été réduites au silence, mais aussi parce qu’ils soulèvent des questions plus générales sur la manière dont les maisons d’édition commerciales traitent ce problème. Cette controverse soulève de nombreuses questions. Nous souhaiterions attirer l’attention de la communauté universitaire internationale sur deux d’entre elles :

      - Pouvons-nous, en tant que communauté universitaire, autoriser un éditeur privé intervenir et même censurer un tel débat, aussi important, urgent et nécessaire dans notre milieu professionnel ?
      – L’écriture scientifique reste encore l’outil principal de l’élaboration du savoir académique dans le monde, mais quand, nous chercheurs∙ses n’avons plus le loisir de réfléchir de manière critique sur les manières de transformer notre milieu professionnel de l’intérieur, quelles en sont les implications pour la réflexion critique sur l’enseignement supérieur et la recherche qui nous reste ?

      Il est bien connu que les agresseurs, les harceleurs et leurs soutiens se tournent de plus en plus vers le contentieux (judiciaire ou extra-judiciare). pour continuer d’intimider, d’opprimer et de faire taire celles et ceux qui dénoncent les violences sexuelles et les abus de pouvoir, tant dans que hors de l’université. On ne peut accepter de se rapporter aux menaces judiciaires des puissants. En l’espèce, le contentieux est défavorable aux survivant∙es-victimes.

      C’est pourquoi les maisons d’édition, comme Routlege a besoin de reconnaître le rôle qui est le sien au sein de la communauté universitaire et de prendre position sur ce sujet. Lorsque les maisons d’édition tirent profit des travaux universitaires, elles doivent également assumer la responsabilité des conditions de production de ces travaux. La recherche scientifique est produite dans un contexte où les femmes, les personnes LGBTQ+, et même les hommes, dans le Nord et dans le Sud global, sont exposé∙es au harcèlement sexuel et aux abus de pouvoir. Cet environnement doit être reconnu dans la manière dont les maisons d’édition travaillent avec celleux qui écrivent sur ces sujets, au lieu d’en faire doublement des victimes. Cette responsabilité doit notamment consister à soutenir les auteur·ices en cas de menaces de diffamation.

      En outre, la liberté académique protège le droit des universitaires à librement faire des recherches, approfondir et débattre des idées liées à leur champ. Le harcèlement sexuel et les abus de pouvoir au sein du monde universitaire est un sujet qui exige analyse et enquête plus approfondies de toute urgence, d’où la publication de cet ouvrage.

      En signant cette lettre, les soussignés se joignent à la solidarité avec les auteur∙ices et les éditrices du livre, en particulier les autrices du chapitre 12. Nous saluons leur puissance et leur travail, et nous apportons notre soutien aux éditrices et aux sympathisant∙es du livre en demandant à Routledge – Taylor & Francis Group :

      - d’expliquer publiquement les raisons qui l’ont conduit à retirer le chapitre et le livre lui-même de leur site web
      - à rétablir le chapitre 12 et le livre dans son ensemble et à prendre à sa charge les poursuites judiciaires.

      Si vous souhaitez signer cette lettre ouverte, ajouter votre nom sous ce lien. Pour voir la liste des signataires, rendez-vous sur la page Buala.

      Signée par les auteur∙ices du livre

      Anna Bull (University of York, UK), Apen Ruiz (Universitat Internacional de Catalunya, Spain), Maria Coto-Sarmiento (University of Aarhus, Denmark), Lara Delgado Anés (Junta de Andalucía, Spain), Lourdes Lopez (Lure Arqueologia, Spain), Ana Pastor Pérez (Universidad de Barcelona, Spain), Maria Yubero-Gómez (Independent Scholar), Simona Palladino (Liverpool Hope University, UK), Lena Wånggren (University of Edinburgh, UK), Laura Thurmann (University of Manchester, UK), Melanie Crofts (De Montfort University, UK), Alex Petit-Thorne (York University, UK), Natasha Mikitas (Full Stop, Australia), Suzanne Egan (Western Sydney University, Australia), Sarah Ives (City College of San Francisco, US), Ann E. Bartos (Penn State University, US)

      Signée par les sympathisant∙es issu∙es d’une communauté académique plus vaste, en solidarité avec les éditrices et les autrices du chapitre 12

      https://academia.hypotheses.org/52769

  • Lecture d’un extrait du livre « L’invitée » d’Emma Cline (traduction de l’anglais (américain) par Jean Esch), paru aux Éditions La Table ronde, en 2023.

    https://liminaire.fr/radio-marelle/article/l-invitee-d-emma-cline

    Axel, une jeune femme à la dérive, fuyant un homme auquel elle doit de l’argent à New York, doit abandonner le refuge trouvé chez Simon à Long Island, qui lui demande de partir. Elle préfère attendre son moment avant de revenir vers lui et laisse filer une semaine pendant laquelle elle saisit toutes les opportunités pour vivre aux crochets d’êtres superficiels, dans cette opulence qui la fascine et l’écœure, se laissant porter comme un corps flottant à la surface de l’eau qui finit par échouer sur le rivage. Emma Cline décrit avec une acuité troublante l’hypocrisie feutrée de la bourgeoisie américaine sur laquelle elle porte un regard critique, en révèle de l’intérieur le vide et l’avidité.

    (...) #Radio_Marelle, #Écriture, #Langage, #Roman, #Livre, #Lecture, #En_lisant_en_écrivant, #Podcast, #Histoire, #États-Unis, #Solitude, #Errance, #Argent (...)

    https://liminaire.fr/IMG/mp4/en_lisant_l_invite_e_emma_cline.mp4

    https://www.editionslatableronde.fr/l-invitee/9782710376514

  • Lien Permanent - Fédération Anarchiste
    https://federation-anarchiste.org/?g=Lien_Permanent&b=1_231

    Communiqué de la Fédération Anarchiste à propos de Saint-Imier 2023
    09-08-2023

    La Fédération Anarchiste (F.A.), co-organisatrice des Rencontres Internationales Anti-Autoritaires (R.I.A.A.) de St-Imier du 19 au 23 juillet 2023 s ’ y est impliquée comme convenu par un investissement militant et financier important.

    Cette édition, voulue très ouverte, a rencontré un franc succès au vu du nombre important de personnes présentes ainsi que du nombre et de la qualité des événements proposés.

    Des rencontres de cette ampleur ont évidemment leur lot de dysfonctionnements. La F.A. en a fait particulièrement les frais mais d’ autres graves problèmes concernant la gestion des conflits et l’ organisation globale sont également apparus.

    Certains comportements, bien peu compatibles avec les idéaux libertaires défendus sur ce site historique qui a vu naître en 1872 la première Internationale Anti-Autoritaire et dont ces rencontres étaient un anniversaire, ne doivent pas occulter le succès rencontré et le fait que les idées anarchistes mobilisent de plus en plus de monde.

    Nous reconnaissons les divergences de points de vues et de modes d’ action mais rejetons et dénonçons fermement les méthodes autoritaires parfois utilisées lors de ces rencontres.

    La Fédération Anarchiste se garde bien de réagir à chaud et prendra le temps d’élaborer une analyse politique de la situation.

    VIVE L’ANARCHIE !

    https://seenthis.net/messages/1014052

    • La censure c’est la liberté - OCL - Organisation Communiste Libertaire
      https://oclibertaire.lautre.net/spip.php?article3899

      Lors des rencontres antiautoritaires qui se sont tenues à Saint-Imier du 19 au 23 juillet le stand et les militants de la Fédération Anarchiste ont été attaqués physiquement par des personnes s’arrogeant le droit de décider quels étaient les écrits qui avaient leur place dans un salon du livre anarchiste et quels étaient ceux qui devaient subir un autodafé.

      La fédération anarchiste a publié le communiqué suivant [1] :

      LE BERCEAU DE L’ANARCHISME DEVIENDRA-T-IL SON TOMBEAU ?

      La table de presse tenue par les militants-e-s de la Fédération anarchiste francophone dans le Salon du livre des Rencontres internationales antiautoritaires de Saint-Imier 2023 a subi plusieurs agressions (livres volés, déchirés, souillés, brûlés, intimidations, agression physique…).

      Ces actes sont contradictoires avec les principes fondamentaux de l’anarchisme :
      ⁃ La liberté d’expression ;
      ⁃ La lutte contre la religion, toutes les religions, et les pouvoirs théocratiques ;
      ⁃ La solidarité.

      Ils sont dangereux parce qu’ils instaurent une police de la pensée faisant écho aux pires régimes que nous combattons.

      Contre l’obscurantisme et l’intolérance, mobilisons les forces libertaires !

      L’Organisation communiste libertaire condamne une nouvelle fois à ces agissements et affirme son entière solidarité avec les camarades de la FA.

      Cette nouvelle agression n’est pourtant que la suite d’une longue série.

      Quelques exemples :

      Déjà en 2012 à Saint-Imier des vegans s’en étaient pris très « virilement » à un stand qui osait proposer des saucisses. D’autres entendaient imposer à tout le monde les vêtements dont il était correct de se vêtir.

      En 2014 un éditeur, invité au salon du livre libertaire de Lyon était attaqué avec rage par des gens de la CGA pour avoir publié un auteur qui leur déplaisait. Une conférence sur le thème « « Résistance-Sexualité-Nationalité à Ravensbrück » au centre LGBT de Paris était annulée suite aux menaces liées aux positions critiques de la conférencière vis-à-vis de la GPA.

      En 2016 un débat à partir du texte « Jusqu’ici tout va bien » dans le cadre d’une soirée intitulée « S’opposer au racialisme : discussion » à Marseille au local Mille bâbords était interrompu par un groupe de personnes faisant violemment irruption dans le local dans le but d’empêcher le débat, en hurlant notamment « La discussion n’aura pas lieu ». Résultats : livres et revues piétinés, affiches arrachées, tables renversées, coups et menaces, utilisation de gazeuse, vitrine brisée...

      En 2019 dans un local militant de Poitiers des individus enlèvent et brûlent des brochures jugés transphobes, puis taguent le domicile d’une militante féministe venue présenter son livre critiquant le postmodernisme.

      Le 15 juillet dernier, la CNT de Barcelone qui invitait l’association « Féministes de Catalogne » pour un débat dont l’intitulé était « Pourquoi tant de filles ne veulent pas devenir des femmes ? », a vu son local tagué la nuit précédente avec un message qui disait « la transphobie est du fascisme ».

      Au Salon du livre anarchiste des Balkans, du 6 au 9 juillet dernier à Ljubljana, des personnes ont tenté de faire annuler une discussion autour des derniers mouvements sociaux en France, animée par des membres de la bibliothèque anarchiste parisienne Les Fleurs Arctiques en les couvrant d’insultes, en les qualifiant d’agresseurs et en intimidant toute personne qui persistait à vouloir assister au débat.

      Enfin, des représentants de la Fédération Anarchiste Italienne rapportent qu’à Saint-Imier encore, en 2023, lors d’un atelier intitulé « Anarchistes en guerre », les voix exprimant une position différente des organisateurs de l’atelier ont été censurées, menacées, insultées.

      Que ce soit pour interdire Renaud Garcia, René Berthier, Alexis Escudero, Marie Jo Bonnet, Hamid Zanaz ou tel ou tel groupe, la méthode est toujours la même : se parer du titre de libertaire pour mieux le refuser à d’autres en les habillant de toute sorte de « phobes » et de « fascistes ». Ce qui n’est pas sans rappeler les plus belles heures des staliniens français qui molestaient, menaçaient, interdisaient d’expression, et discréditaient tous ceux qui les gênaient. Nous rappelons que proposer un livre n’est pas une allégeance à son contenu mais une incitation au débat. De débat ces « néo-radicaux post-anarchistes » n’en veulent pas qui considèrent que le lecteur potentiel est à leur image, incapable de penser par lui-même.

      En 2014 suite suite à l’agression précitée à Lyon, le texte Contre la censure et l’intimidation dans les espaces d’expression libertaire était signé par des dizaines d’éditeurs et d’auteurs. Ce passage nous paraît particulièrement d’actualité « Nous affirmons notre volonté de ne plus tolérer, au prétexte qu’elles émaneraient de gens de « notre milieu », des comportements autoritaires empruntés à la pire tradition stalinienne. Quiconque fait usage dans ces circonstances de violence verbale et à fortiori physique ne peut s’attendre à être traité en camarade et doit être expulsé sans ménagement des espaces de discussions et d’échanges. Nous appelons les organisateurs des salons et des rencontres libertaires à prendre une position claire sur ce point afin que ces lieux redeviennent de véritables espaces de rencontres et de débats. De sorte que notre participation n’apparaisse plus comme une caution apportée aux intrusions musclées des supplétifs de la police de la pensée. »

      Organisation communiste libertaire
      Août 2023

      Contre la censure et l’intimidation dans les espaces d’expression libertaire
      (décembre 2014)

      Empêcher des débats de se tenir dans des espaces « libertaires » par des menaces en amont ou par des interruptions intempestives (hurlements, coups et menaces de mort), répandre des accusations fallacieuses, pratiquer l’amalgame et l’anathème, inonder de commentaires injurieux des sites « libertaires » qui osent donner la parole aux auteurs mis à l’index, tels sont les comportements auxquels on assiste de plus en plus fréquemment de la part de nouveaux censeurs se décernant à eux-mêmes le label libertaire qu’ils refusent à d’autres.

      Jouant avec une remarquable efficacité sur le sentiment de culpabilité des éditeurs, libraires, animateurs de sites ou de revues et organisateurs d’événements qui craignent plus que tout de se voir décerner des qualificatifs en « phobe », ces censeurs parviennent le plus souvent à leurs fins. Pour préserver une illusoire unité du milieu, beaucoup d’entre nous préfèrent, en effet, éviter les questions qui fâchent.

      Ces pratiques autoritaires nous rappellent les agissements des staliniens français qui molestaient, menaçaient, interdisaient d’expression, et discréditaient tous ceux qui, parlant d’un point de vue de gauche, osaient dénoncer la face sombre de l’Union soviétique. Panaït Istrati, Victor Serge, et bien d’autres en ont fait l’amère expérience.

      La destruction violente d’un repas carné par certains « vegans » intégristes lors des journées libertaires de Saint-Imier en août 2012 est un symptôme de ce nouvel état d’esprit. Plus récemment, en novembre 2014, Alexis Escudero auteur de La reproduction artificielle de l’humain et ses éditeurs (Le Monde à l’envers) invités à débattre au salon du livre libertaire de Lyon ont été violement attaqués, événement qui fait écho à l’annulation d’une conférence de Marie-Jo Bonnet sur le thème « Résistance-Sexualité-Nationalité à Ravensbrück » prévue le 9 décembre 2014 au centre LGBT de Paris en vertu de menaces liées à ses positions en défaveur de la GPA.

      Face à ces récents événements, nous estimons ne plus pouvoir continuer à nous taire devant ceux qui prétendent nous dicter ce que nous devons manger, boire, lire ou penser. Nous affirmons notre volonté de ne plus tolérer, au prétexte qu’elles émaneraient de gens de « notre milieu », des comportements autoritaires empruntés à la pire tradition stalinienne. Quiconque fait usage dans ces circonstances de violence verbale et à fortiori physique ne peut s’attendre à être traité en camarade et doit être expulsé sans ménagement des espaces de discussions et d’échanges. Nous appelons les organisateurs des salons et des rencontres libertaires à prendre une position claire sur ce point afin que ces lieux redeviennent de véritables espaces de rencontres et de débats. De sorte que notre participation n’apparaisse plus comme une caution apportée aux intrusions musclées des supplétifs de la police de la pensée.

      Ont signé :
      Éditions Acratie ; Éditions Le Coquelicot ; Éditions de la Pigne ; Éditions de la roue ; Éditions Rue des Cascades : Éditions Le Monde à l’envers ; Éditions libertaires ; Collectif Lieux communs ; Éditions Le Pas de côté ; mensuel Courant alterna- tif. Gérard Amaté (auteur) ; Jacques Baujard (Librairie Quilombo) ; Xavier Beckaert (auteur de Anarchisme. Violence, Non- violence, éditions du Monde libertaire) ; Pascal Bedos (site @narlivres) ; Venant Brisset ; Marie-Claire Calmus (Chroniqueuse à la revue l’Emancipation et auteure des Chroniques de la Flèche d’Or.) ; Jutta Bruch ; Éric B Coulaud (créateur et animateur du site Éphéméride anarchiste) ; Éduardo Colombo (membre du Comité de rédaction de Réfractions) ; Christian Calvi ; Loïc Debray (co-auteur de RAF-Fraction armée rouge, L’Échappée) ; Jean-Marc Delpech (auteur de Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur, Atelier de création libertaire) ; Jean Claude Driant (membre de l’association et des éditions CRAS) ; Jean-Pierre Duteuil (auteur de Mai 68 un mouvement politique Acratie) ; Felip Equy (militant libertaire) ; Jean Pierre Garnier ; Daniel Guerrier (Éditions Spartacus) ; C. Gzavier (co-auteur avec JW de La tentation insurrectionniste (Acratie 2012) ; Annie Gouilloux (traductrice de Lewis Mumford pour les éditions de la Roue et les éditions de La Lenteur) ; François Heintz ; Jean-Michel Kay (éditions Spartacus) ; Jean-Michel Lebas ; Jean-Pierre Lecercle ( édi- tions Place d’Armes) ; Alain Léger (libraire et éditeur) ; Hugues Lenoir (Groupe commune de Paris-FA, collaborateur du Dictionnaire biographique du mouvement libertaire francophone) ; Bernard Marinone (CNT Energie) ; Philippe Pelletier (groupe Makhno-FA) ; Serge Quadruppani ; Marie-Christine Rojas Guerra (Chroniques syndicales sur Radio libertaire) ; Gilbert Roth (CIRA Limousin) ; Anne Steiner (auteur de Les En-dehors, L’Échappée 2008, collaboratrice du Dictionnaire biographique du mouvement libertaire francophone) ; Christophe Soulié (auteur de Liberté sur paroles chez Analis) ; Azucena Rubio (militante libertaire) ; Annick Stevens (membre du Comité de rédaction de Réfractions) ; Pierre Thiesset (éditions Le Pas de côté) ; Catherine Thumann (collaboratrice de la presse indépendante) ; Marc Tomsin (Rue des Cascades) ; Matias Velazquez (membre du CIRA Marseille et CIRA Limousin) ; Jacques Wajnsztejn (auteur de Rapports à la nature, sexe, genre et capitalisme. (Acratie 2014) et membre du comité de rédaction de la revue Temps critiques)

    • l’usage ici du terme autodafé fait appel aux sentiments, mais il est stupide. que deux ou trois livres soient brûlés pour exprimer le refus qu’ils soient diffusés dans un endroit avec ces coordonnées politiques précises (?) n’a rien voir avec le fait d’organiser un ou des autodafés sur la place publique d’une masse de livres dont on persécute réellement les auteurs, les éditeurs, les diffuseurs et les lecteurs. ici, la seule possibilité pour que de tels livres soient présents aurait été qu’il fasse l’objet d’un échange contradictoire, pas juste bazardés comme des marchandises politiques. or les bêtises de la FA ne sont ni sacrées ni uniques.
      l’acte pourrait en revanche être rapproché de ce que font des fafs (et des allumés) ici où la avec le Coran, si et seulement si les livres en question se voyaient attribuer une valeur « sacrée » par des croyants. ou alors c’est que l’on sacralise n’importe quel propos, mais dans ce cas là, de nouveau, il faut savoir (enquêter) de quel n’importe quoi, de quel sacré, on cause. en parler, pas juste dire « on a le droit de le vendre »

      perso, je plaide également coupable. à la sortie du Manifeste con. (dont j’ai diffusé le pdf à petite échelle à titre de doc) j’ai insisté auprès de libraires pour qu’il ne soit pas mis en vente dans leur commerce.

    • La référence historique à l’autodafé n’est, certes, pas très adaptée pour les raisons que tu donnes (et peut-être, en est-il de même quand à la référence au stalinisme – allez, contextualisons !).

      Savoir si la FA avec sa propagande, (la FA étant, si j’ai bien compris, co-organisatrice de l’événement) a ou n’a pas sa place en ce lieu - voire, si elle a sa place dans la grande famille anarchiste - me semble être une problématique qui relève du plus profond ennui.

      Encore une fois, ce qui est en jeu ici, c’est de savoir s’il va falloir s’habituer à des pratiques militantes qui semblent s’imposer en employant les méthodes les plus expéditives, pour traiter les contradictions (internes ?) et accepter ces méthodes, au nom de justifications plus ou moins fumeuses.

      Le texte de l’OCL, à mon avis, dénonce cela avec beaucoup de pertinence.

      Pour en revenir au contexte particulier de St Imier, prendre un peu de recul et te répondre @colporteur : le seul moyen de se forger un point de vue sur un livre, quel que soit le livre, au-delà du « il parait que machin a écrit... » c’est encore de le lire et donc pour cela il est nécessaire que l’ouvrage soit diffusé. Quel que soit le livre.

      Il n’y a rien de sacré, là-dedans. C’est juste pouvoir s’assurer les conditions d’une pratique élémentaire de la critique.

    • toujours pas raccord. la liberté du commerce permet déjà bien assez d’accéder à des textes craignoss. si un échange collectif (analyse, confrontation) n’est pas annoncé, un salon du livre politique n’a pas de raisons de diffuser un livre qui pose des problèmes politiques rédhibitoires. un texte qui doit être débattu pour son actualité, la confusion qu’il sème, les dangers qu’il fait courir, on le photocopie, on le scanne, on en fait circuler le pdf, et pour cette petite circulation (hors commerce) on se garde bien d’aller en voler des piles (sauf directement chez l’éditeur), de manière à pourvoir l’expertiser (faire l’expérience de sa lecture et en rendre compte).
      est-ce que la liberté du commerce aurait du aller jusqu’à la diffusion de dvd du filme covid-négationnsite Hold-up ? je ne crois pas. les défenseurs de « lois de la nature » supposées borner la politique, les bouffe curés qui contribuent à une « critique de l’islam » persécutrice, sous couvert d’anarchisme, c’est pour le moins dispensable. sauf encore une fois à traiter leurs thèses en objet politique, pas en support de commerce (sans quoi on tombe dans ce tout est permis où rien n’est possible).
      quand c’est pas le cas, rien d’improbable à ce que la confrontation politique évacuée resurgisse.
      il ne s’agit pas de savoir si la FA ou tel ou tel groupe a sa place dans ce machin, mais plutôt comment tel ou tel groupe y prend place, et ce qui peut ou doit être refusé.

    • Effectivement, pas du tout mais pas du tout d’accord. J’ai l’impression qu’on tourne en rond genre dialogue de sourd. C’est pas grave ; normalement le désaccord devrait faire partie des conditions de la pratique révolutionnaire ;-)

    • le seul moyen de se forger un point de vue sur un livre, quel que soit le livre, au-delà du « il parait que machin a écrit... » c’est encore de le lire et donc pour cela il est nécessaire que l’ouvrage soit diffusé

      Ça il me semble que @colporteur n’a jamais dit le contraire, ya bien un accord là dessus.

      Seulement « diffusé » ça dit pas comment. Si un ouvrage dont on sait qu’il est possiblement problématique nécessite de la critique, on peut le photocopier, ou faire des arpentages à plusieurs, etc. Mais là est-ce ok de vendre et laisser vendre des bouquins problématiques parmi d’autres, tout mélangé sur le même plan, comme si tel bouquin très critiquable était sur le même plan que tel autre émancipateur ?

      La diffusion pour la critique uniquement (quand bouquin très problématique), et la diffusion pour le soutien (et la critique bien sûr, même quand on soutient), bah c’est pas censé être la même diffusion non ? (sauf à la Fnac, mais là on parle pas de la Fnac).

    • excuse moi mais quand un livre est préfacé par Onfray (Franc Tireur), il y a déjà comme un problème.

      Il ya donc deux livres vendus par la FA qui ont fait l’objet du différent. si j’ai bien compris, la FA s’est refusée à ce que les thèses de ces livres soient livrées au débat. sans débat, eh bien une confrontation a eu lieu et les contradictions se sont exprimées. tant mieux ! cela aurait pu prendre d’autres formes, ça n’a pas été le cas. les anars ont qu’à mieux s’organiser, bien qu’il ne soit pas facile de confronter des points de vue diamétralement opposés, ce qui demande à ce que chaque partie y mettent des formes (par exemple et entre autre, en n’apportant pas ces bouquins pour les vendre).

      Un voile sur la cause des femmes, de René Berthier (anarcho-syndicaliste ex meuble ["membre", voulais-je écrire, car je ne cherchais pas à le disculper par avance, ne sachant rien de lui] du bureau de la CGT du livre)
      https://ripostelaique.com/un-voile-sur-la-cause-des-femmes.html

      Mais j’ai savouré particulièrement un passage, intitulé : « La République française ? Génial ! ». René narre une anecdote. Il voit, en 2004, lors d’une manifestation parisienne s’opposant à la loi qui se prépare contre les signes religieux, dont le voile, à l’école, une voilée avec une pancarte : « Notre constitution, c’est le Coran ». Et c’est alors que cet anarchiste, pour qui, comme tous ses camarades, l’expression « République » est un gros mot, ose écrire ces mots que je n’avais jamais lu chez un adepte de Bakounine : « Je me suis senti tout-à-coup un fervent partisan de la République française, de ses institutions, et de l’idéologie révolutionnaire qui les sous-tendent ».
      Finissant son chapitre, il exécute celle qu’il appelle « la petite conne » : « Grâce à la République française, dont elle fustige la Constitution, elle ne pourra pas se voir interdire l’exercice d’un métier si elle a envie de l’exercer, elle pourra voyager même si son mari n’est pas d’accord, elle ne sera pas obligée de se marier si elle n’en a pas envie, elle ne pourra pas se faire foutre à la porte de chez elle si un soir elle a la migraine, elle pourra même épouser un non-musulman, elle n’aura pas à se taper la présence de trois co-épouses, elle pourra témoigner au même titre que n’importe quel homme. Si elle en a marre de son mari, elle ne sera pas lapidée à mort parce qu’elle se sera offert un petit écart de conduite. Si elle en a vraiment marre de son mari, la garde de ses enfants ne sera pas automatiquement confiée à son ex. La petite veinarde aura juste à affronter toutes les inégalités – de salaire, d’avancement professionnel, à l’embauche, etc. – que subissent ses consoeurs qui elles, ne portent pas le voile. Quelle chance ! »
      Pierre Cassen

      Confus : Zanaz, « L’impasse islamique »
      https://www.unioncommunistelibertaire.org/?Confus-Zanaz-L-impasse-islamique

      Les Éditions libertaires sont souvent mieux inspirées (voir ci-dessous). Sans doute ont-elles senti qu’elles s’aventuraient en terrain glissant quand, avant même la publication de leur livre L’Impasse islamique, elles ont adressé à l’ensemble des éditeurs libertaires ou apparentés une sorte d’appel à soutien préventif. Ce que, à la lecture de l’opuscule, une bonne partie – Libertalia, Le Chien rouge (CQFD), Alternative libertaire, L’Altiplano, Ab Irato, Spartacus, Rue des Cascades, Acratie – ont illico refusé. D’où une lettre circulaire assez aigre accusant tout ce petit monde d’être « comme par hasard » des adeptes du « marxisme, du néomarxisme, du cryptomarxisme, du postmarxisme, du paramarxisme ». Ah, le grand complot marxiste – on avait failli l’oublier celui-là – explique bien des choses ! Plus sérieusement, les Éditions libertaires peuvent comprendre qu’on n’ait aucune envie de donner l’absolution à un livre confus, préfacé par le gaulliste de gauche Michel Onfray… Expliquons-nous.

    • je suis loin de ces milieux mais j’aurais trouvé pas mal un atelier intitulé « après les rouges-bruns, des noirs-bruns ? » avec une petite biblio annoncée à l’avance comportant ces deux ouvrages et ce qui se publie d’autre (et de contradictoire) par ailleurs sur ces questions chez les anars (et au-delà), le tout dument introduit oralement quitte à ce que ce soit à deux voix si personne ne se sent de rendre compte des deux tendances, courants, angles de vue.

    • je suis loin de ces milieux mais j’aurais trouvé pas mal un atelier intitulé « après les rouges-bruns, des noirs-bruns ? » avec une petite biblio annoncée à l’avance comportant ces deux ouvrages [...]

      Pourquoi pas ? On pourrait aussi imaginer un atelier sur les « verts-bruns » en tant que figure repoussoire des partisans du productivisme industriel ou encore un autre atelier sur l’émergence de différentes formes de mystisme dans les milieux contestaires... Les thèmes d’ateliers ne manquent pas. Cela aurait été déjà bien mieux que ce qui s’est passé ! Mais ce n’est pas un hasard que le débat ne se soit pas déroulé ainsi en ce lieu.

      Je ne défends ni ne condamne « le contenu problématique » de ces livres. J’en suis totalement incapable, en dépit de mon aversion pour M. Onfray, dont le discours a sensiblement évolué au fil des ans (je ne sais pas de quand date cette préface). Je suis incapable de porter un propos construit sur ces putains de bouquins parce que je ne les ai pas lus ! Les recensions ou autres articles trouvés sur le web ne me suffisent pas pour me faire une opinion et pour m’exprimer à leur sujet. Encore plus s’il s’agit de laisser un point de vue sur le web.

      Pour autant, je défends le principe élémentaire que l’éditeur de ces livres (la FA) puisse les diffuser sur son stand dans une foire anarchiste. Et cette position n’a rien à voir avec la défense du petit commerce. Cela signifie encore moins que je n’ai pas d’avis sur le racisme, l’islamophobie, l’antisémitisme... (je me suis exprimé à plusieurs reprises, notamment ici, sur ces questions).

      Dans un rassemblement anarchiste, organisé notamment par la FA, il me semble logique qu’il y ait un stand de la FA qui présente ses publications, y compris celles « qui pose des problèmes de contenu ». Il y a là une question élémentaire de cohérence interne qui aurait du être traitée en amont, surtout si le caractère problématique des publication semblait identifié depuis longtemps.

      Je ne suis pas allé à St-Imier, pas plus que je ne vais à la fête de l’huma (la dernière fois remonte à 1973 pour voir les who) : je déteste ce genre de rassemblement.

      La question n’est pas là.

      Le fait que le conflit idéologique se soit exprimé dans les termes décrits par renverse.co (sur l’autre thread) me semble symptomatique d’un problème de gestion de la contradiction qui se répète depuis plusieurs années et qui conduit à l’impasse. Désolé pour la redite mais il s’agit de l’essentiel du problème pour moi et je n’ai pas trouvé à cela de contre-arguments convaincants, ci-dessus.

      Je suis très pessimiste sur la capacité des milieux révolutionnaires (anars et autres) à pouvoir porter le débat contradictoire de façon constructive. Cet épisode, après bien d’autres, ne m’incite nullement à atténuer mon pessimisme.

    • Le fait que le conflit idéologique se soit exprimé dans les termes décrits par renverse.co (sur l’autre thread) me semble symptomatique d’un problème de gestion de la contradiction qui se répète depuis plusieurs années et qui conduit à l’impasse. Désolé pour la redite mais il s’agit de l’essentiel du problème pour moi et je n’ai pas trouvé à cela de contre-arguments convaincants, ci-dessus.

      Je suis très pessimiste sur la capacité des milieux révolutionnaires (anars et autres) à pouvoir porter le débat contradictoire de façon constructive. Cet épisode, après bien d’autres, ne m’incite nullement à atténuer mon pessimisme.

      Dans le même temps, je suis aussi d’accord avec toi, ayant tenté (avec Aude) des dialogues (de sourds ?) lors de la sortie de « La reproduction artificielle de l’humain », où il y a eu le même genre de blocage à la discussion. L’auteur du livre étant d’ailleurs venu par ici un moment. Mais pas que d’un côté, ya des gens qui n’ont pas lu le livre comme tu le dis, juste des extraits montés en épingle, et de l’autre PMO et consorts n’ont fait que surenchérir dans le masculinisme, le fantasme de complot LGBT généralisé, l’anti féminisme, et surtout avec une morgue ironique et pleine de sous entendus permanente. Aucun effort de vrai débat contradictoire, donc, fut-t-il « musclé », tendu, mais en échangeant des arguments, pas des invectives.

    • Il y a quasi 10 ans donc, avec presque les mêmes phrases que toi @cabou :
      http://www.lemondealenvers.lautre.net/livres/mise_au_point.html

      L’auteur s’inscrit dans la tradition littéraire du pamphlet. Sans doute, certaines « blagues » ou règlements de compte – d’ailleurs périphériques dans le raisonnement – étaient dispensables. Vu les réactions de certaines personnes, nous constatons que nous avions sous-estimé l’incapacité du mouvement libertaire à assumer des désaccords en son sein et à mener sereinement les débats qui s’imposent, et par conséquent sous-estimé également la violence que ressentiraient des personnes à la lecture de certains passages du livre. Il n’était pas dans notre intention d’exercer une violence envers des personnes : nous pensions que le livre réussirait à déclencher un débat plutôt qu’une guerre de positions. Cette crispation nous interpelle, car nous pensons que dans les années à venir le mouvement pour l’Emancipation va devoir affronter d’autres clivages qui le traversent.

      Le débat sur la forme de l’ouvrage a trop occulté les questions de fond qu’il soulève, et qui ont motivé notre intérêt pour sa publication : marchandisation de l’humain, eugénisme, appropriation des corps par les experts et les médecins, émergence du courant transhumaniste d’une part ; influence de la philosophie post-moderne sur la gauche d’autre part. Questions qui, pensions-nous, intéresseraient au premier chef les féministes, les anarchistes et les anti-capitalistes ; sachant que ce livre n’a jamais été pensé comme la référence sur la question mais comme une prise de position, donc une invitation au débat.

      […]

      Mais la question reste ouverte : comment « converger » sans se réduire au plus petit dénominateur commun ? Comment faire pour que la « convergence des luttes » ne soit pas juste un slogan qui étouffe les critiques et les visions divergentes, un synonyme de « Viens te ranger sous mon drapeau, ça va bien se passer » ? Comment, au final, reconnaître un « droit de tendance » aux différentes composantes du mouvement pour l’Émancipation ?

      Certains groupes et certaines personnes sont spécialisés dans le consensus (parfois trop), d’autres dans le dissensus (parfois trop). Nous n’allons pas faire ici la leçon aux uns ou aux autres, non merci ; par contre nous estimons que le rôle d’une maison d’édition de lutte comme la nôtre est d’assumer les deux tâches : nourrir la réflexion critique aussi bien que les solidarités concrètes.

      Aucun des livres que nous avons publiés n’est parfait. La reproduction artificielle de l’humain ne l’est pas non plus. S’il fallait l’éditer aujourd’hui nous l’éditerions ; et nous ne l’éditerions pas de la même façon. Certaines choses n’y figureraient probablement pas, d’autres qui n’y sont pas y figureraient, et certaines choses ne seraient pas écrites de la même façon.

      On a pas beaucoup avancé hein ?
      (D’aucuns diraient on a reculé dans le non-débat sur tous les sujets, la prostitution, le décolonial, la transidentité, etc)

    • Et du coup, bien sûr chez @pmo, le compte-rendu détaillé de Tomjo (donc anti queer, ironique voire insultant, polémique, etc) :
      https://seenthis.net/messages/1015989
      https://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/mes_vacances_a_saint-imier.pdf

      4 Queer, c’est ainsi qu’on nommera plus tard les assaillant-es, et c’est ainsi qu’ils se nomment eux-mêmes (on est au moins d’accord là-dessus) ; bien que certains les appellent les postmodernes, les intersectionnels, les wokes, les bienveillants, les déconstruits – voire les Iels, ou encore La Cinquième Colonne France Inter, mais c’est un peu long. Les résumer est plutôt simple, malgré leurs amphigouris. Il s’agit de groupes activistes débarqués après les artistes contemporains, philosophes et chercheurs en « sciences sociales » qui rabâchent depuis quarante ans que :
      – 1. Les « méta-récits » historiques (Capitalisme, Socialisme, Démocratie, Progrès) étant selon eux coupables d’universalisme colonial blanc hétéronormé, place aux micro-récits individuels et communautaires, subjectifs et spécifiques, des noirs, femmes, gays, trans, animaux, etc. Aux grandes conquêtes matérielles et à la révolution se substituent des micro-résistances « pour des droits », et notamment à la reconnaissance.
      – 2. Conséquemment, de même que c’est le regardeur qui fait l’œuvre (en art contemporain), que l’histoire et le langage passent à la moulinette de la déconstruction (en philosophie), que tout savoir est situé (en sciences sociales), rien n’est plus permanent, délimité ou fini, tout n’est que fluidité et continuité (les espèces, les genres, les formes, les espaces, les faits) grâce à la puissance de l’esprit et de la technologie.

      On ne dira jamais assez les ravages du pseudo-matérialisme dialectique, épicé de nietzschéisme à la mode French Theory, d’où procèdent ces indigences. Ni comment la lutte contre « l’essentialisme » peut servir de couverture à la destruction du langage et de la pensée. Mais comment expliquer à des Personnes en Situation de Différance Mentale que le délire et la folie existent – indépendamment de toute malveillance subjective – et que toute idée poussée à bout, si juste soit-elle, devient folle.

      […]

      Ça commence mal. En dépit de son carnaval de dénégations, qui la dénonce plus qu’il ne la justifie, la Team Care s’apparente à une équipe de vigiles. Un peu flics, un peu juges. La Team Care « repère » et « prévient » jusqu’à de banales « situations d’inconfort », selon des « valeurs » et « discriminations systémiques » qu’elle est seule à avoir validées. - Seule, non. Elle est le pouvoir légal et moraliste (mais usurpé et clandestin) de la faction Queer, dans ce rassemblement qui rassemble finalement assez peu d’anarchistes - même en comptant les punks à chiens – ce qui est bien osé. Nombre d’intéressés se réclamant davantage d’un style de vie anarchique que de l’action anarchiste dont ils ignorent généralement l’histoire et les auteurs. Signe parmi d’autres de son formatage et de son agenda idéologiques tout faits : la Team Care était absente auprès des campeurs le dernier soir, quand une tempête s’est abattue sur la vallée, faisant un mort dans la ville voisine. Ou alors ses membres n’avaient pas suffisamment déconstruit leur ombrophobie (si, si, ça existe. Phobie des éclairs, du tonnerre, etc.).

      […]

      Autre exemple. Une nuit, un slogan apparu sur les murs ordonne : « White hippies, cut your dreads off ». S’ensuit une assemblée, grave et empesée, pour trancher la question – dont toute personne normalement constituée se fout comme de la dernière teinture du dernier influenceur. Un justicier blanc, et anglophone, exige sans sourciller : « We urge white people to cut their dreads off ». Après discussions et conciliabules, la Team Care décide – et de quel droit décide-t- elle ? - que oui, porter des nattes quand on est blanc, c’est raciste. Ce serait de l’« appropriation culturelle » – quand bien même les Gaulois, les Égyptiens, les Francs, les Vikings, les Indiens 6 portaient « de longs cheveux en forme de corde », et jusqu’au frère de Jésus lui-même, Jacques le Juste, qui les avait jusqu’aux chevilles.

      […]

      Plutôt qu’un festival des oppressions, je vois une foire aux ressentis. Chacun son ressenti, hein, son petit ressenti à soi, minuscule et inintéressant, mais qu’on expose partout et au nom duquel on réclame de la visibilité, de l’écoute et des droits.

      […]

      A force de bienveillance et de care, les ateliers glissent vers le développement personnel, le coaching, si ce n’est la gourouterie new age. Un « Cercle de parole en mixité choisie Neuro Atypique/psychiatrisé.e.s [se penche sur] nos rapports aux milieux militants et aux communautés anarchistes. » Un autre sur « La nécessité de l’autodéfense psychoémotionnelle » entend « affronter la domination intériorisée et la soumission ». Pendant qu’une discussion sur les ravages de STMicroelectronics, une méga-entreprise de semi-conducteurs, peine à réunir onze personnes, une soixantaine d’autres se rassemblent à quelques mètres pour un atelier « Résilience somatique » - merci d’apporter son tapis de yoga

      […]

      Leurs penchants charitables substituent à la lutte contre l’exploitation et l’aliénation celles contre la « pauvreté » et « l’exclusion », devenues aujourd’hui luttes contre les « dominations », les « discriminations », les « violences », les « agressions » et « micro-agressions ». A l’opposition exploiteur/exploité, ils substituent celles, morales et inconséquentes, de riche/pauvre, dominant/dominé, agresseur/victime. L’opposition du méchant dominant-agresseur, qu’il faut conscientiser, rééduquer, éveiller, et de la pauvre victime, qu’il faut entendre, soutenir, encourager.

      Pour résumer : la transformation de la société non plus par la lutte politique contre le pouvoir, mais par l’extension du domaine de la bienveillance interpersonnelle – sinon impersonnelle. Un ami qui travaille en psychiatrie me raconte son histoire, devenue classique, de la jeune DRH fraîchement diplômée d’école de commerce, débarquée pour jouer la cost killer. Quelques heures par-ci, un petit budget par-là, et chaque grignotage inoffensif finit par peser sur la qualité de l’accueil. Une fois le service dégradé et le mal-être généralisé, il est proposé aux salariés des formations sur le « validisme ». Ainsi donc, l’accueil ne se dégrade pas à cause de la politique salariale, mais à cause des absents aux cours de sollicitude.

    • Le compte rendu de PMO confirme effectivement, à la fois les pratiques sectaires de censeurs, l’absence d’une réelle gestion de conflit, ainsi que, de l’autre bord, la critique (faite par PMO) qui souffre comme tu l’indiques @rastapopoulos de sérieux problèmes de posture, notamment par le recours à l’injure catégorique et sans nuance des communautés queer, de propos ouvertement validistes, etc. Bref, une fois de plus, PMO propose un texte qui donne l’envie de fuir à quiconque pourrait être tenté par certaines de leurs thèses, sans les approuver dans leur globalité.

      Tout cela confirme, à titre personnel, que ce genre de « rencontres » (telles que les R.I.A.A.), organisées selon les modalités et avec les composantes, décrites ici ou là, sont totalement contre-productives.

      Bien que me revendiquant sans aucune ambiguïté d’un héritage politique ancré en grande partie dans l’anarchisme, non seulement, je ne trouve dans ces rencontres rien qui m’inciterait à y trouver ma place, mais je considère que ce type d’échéances constitue une dynamique à rebours d’une démarche de lutte révolutionnaire, faite d’action directe contre le capital, le salariat, le travail, l’État, le racisme, le patriarcat, le productivisme industriel, etc.

      À poursuivre ainsi la culture du sectarisme, selon ces méthodes - malheureusement largement partagées - il ne restera bientôt que quelques pelés préoccupés essentiellement à se flairer le trouduc pour savoir si l’autre pelé appartient vraiment « à la bonne tribu ».

      Prenons un peu de recul avec ces faits pour les observer, à partir d’un éclairage théorique que tout anarchiste qui se respecte devrait accepter, que ce soit en partie ou en totalité. Je veux parler de l’éclairage théorique laissé par Bakounine.

      Bakounine, comme tout individu normalement constitué, était profondément pétri de contradictions. Des contradictions, se sont également constituées, très rapidement, au sein de la première internationale, entre deux principales tendances. Je ne reviendrai pas sur ce point, si ce n’est pour constater que, déjà, faute d’une gestion correcte du désaccord politique, c’est l’édifice, dans son ensemble, qui a sombré, après quelques épisodes classiques de guerres de pouvoir. Là-dessus, nous n’avons pas avancé d’un pouce, si ce n’est que, visiblement la guerre interne s’exprime désormais avec la même violence au sein même du "camp anti-autoritaire".

      Contrairement à Marx, le théoricien Bakounine n’a pas laissé une œuvre théorique permettant d’exprimer toujours le plus clairement ses conceptions révolutionnaires. La lecture des 8 tomes des œuvres complètes de Bakounine, composées en grande partie d’écrits fragmentaires, voire de correspondances privées, patiemment reconstituées, notamment par Max Nettlau, puis par Arthur Lehning confirme ce fait.

      On y trouve quantité de pages, dont le contenu historique assez laborieux peut rapidement faire tomber l’ouvrage des mains du lecteur du XXI e siècle. On y trouve aussi – ce qui est nettement plus regrettable – d’insistantes attaques clairement antisémites à l’encontre de Marx. Des attaques dont se sont d’ailleurs désolidarisés certains anti-autoritaires, tels que Anselmo Lorenzo.

      Je soulignerais juste que, sauf erreur de ma part, la connaissance de ces contenus antisémites, déjà totalement indéfendables à la fin du XIXe siècle, ne conduit pas pour autant, les anarchistes à rejeter l’enseignement de Bakounine dans sa globalité.

      Contrairement à Marx, il semblerait que Bakounine a rédigé ses écrits sans considérer que ces documents fragmentaires devaient constituer une œuvre théorique construite, cohérente et homogène. Il s’agissait encore moins d’une production littéraire à visée « scientifique ». Il ne faut pas oublier que Bakounine rédigeait essentiellement ses contributions théoriques à partir des enseignements directement tirés de son intense activité révolutionnaire. Sa pratique révolutionnaire était totalement guidée par une conception matérialiste : c’est avant tout l’action directe des révolutionnaires qui détermine collectivement les contributions théoriques et non l’inverse.

      Rappelons que le clivage entre « anti-autoritaires » et « communistes » (selon les appellations de l’époque) n’étaient nullement le fuit de débats d’idées déconnectées de toute contingences pratiques. L’internationale n’était pas la Sainte Famille.
      Il me semble nécessaire de rappeler que les conceptions anti-autoritaires se sont construites peu à peu par l’expérience concrète, notamment à la suite de déconvenues électoralistes dans lesquelles ont été entraînés les membres suisses de l’Internationale, laquelle donnera lieu à la constitution de la Fédération jurassienne (lire à ce sujet L’internationale de James Guillaume).

      Si l’œuvre globale de Bakounine est parfois déroutante par son manque de construction globale, il n’en demeure pas moins, que le grand révolutionnaire russe, a laissé d’essentielles conceptions théoriques qui gardent toute leur actualité aujourd’hui ; notamment, avec son célèbre « Écrit contre Marx » qui s’est révélé être d’une incroyable acuité anticipatrice pour décrire ce qu’allait devenir le régime Bolchevique, dès les premières années de sa constitution.

      Autre exemple d’un écrit - qui nous ramène aux événements des R.I.A.A. de 2023 – ce passage de Étatisme et anarchie , où il est question de la façon dont les révolutionnaires devraient considérer la problématique religieuse, selon Bakounine. On ne doit pas oublier que ce livre a été rédigé en 1873, soit, dans un contexte où Bakounine a été conduit, quelques années plus tôt, à mener une lutte interne dans le mouvement révolutionnaire de l’époque, notamment en Italie, pour combattre les thèses à forte connotation religieuse de Mazzini.

      Il n’en reste pas moins, que ce texte, pour ce qui me concerne, garde encore en 2023, toute son actualité :

      Aussi bien, attendu que nous sommes des athées profondément convaincus, adversaires de toute croyance religieuse, et des matérialistes, chaque fois qu’il nous arrivera de parler de la religion devant le peuple, nous aurons l’obligation de lui exprimer franchement notre athéisme, je dirai plus : notre hostilité envers la religion. A toutes les questions qu’il nous posera à ce sujet nous devrons répondre honnêtement, et même, lorsqu’il le faudra, c’est-à-dire, quand on pourra en attendre des résultats, on s’efforcera de lui expliquer et de lui démontrer la justesse de nos arguments.
      Mais nous ne devons pas provoquer nous-mêmes de tels entretiens. Nous ne devons pas mettre la question religieuse au premier plan de notre propagande dans le peuple. Le faire équivaut, nous en avons la conviction, à trahir sa cause.
      Le peuple n’est ni doctrinaire ni philosophe. Il n’a ni le temps ni l’habitude de s’intéresser à plusieurs questions à la fois. En se passionnant pour une, il oublie les autres. D’où l’obligation pour nous de poser devant lui la question essentielle dont, plus que de toute autre, dépend son affranchissement. Or, cette question est indiquée par sa propre situation et par toute son existence, c’est la question écono-mico-politique : économique dans le sens de la révolution sociale ; politique dans le sens de l’abolition de l’État. Amuser le peuple avec la question religieuse, c’est le détourner du problème essentiel, c’est trahir sa cause. Cette cause consiste uniquement à réaliser l’idéal du peuple en le corrigeant éventuellement selon les aspirations de celui-ci et en suivant, parce qu’elle sera la meilleure, la direction plus directe et plus courte que le peuple lui-même dictera.

      (Mise en gras faite par moi)

      M. Bakounine – Étatisme et anarchie (1873) Éditions Tops / H. Trinquier p. 372

    • Merci pour le lien, @rastapopoulos j’en étais resté à la première réponse : « ne pas avoir envie de s’écharper », qu’à la fois je comprends (vu le contexte) et qui me semble, effectivement, triste, là aussi. Je suis tout à fait d’accord avec toi sur ton explication.

    • vu l’arbitraitre qui règne chez @socialisme_libertaire en matière de bonnes manières de s’exprimer, voir https://seenthis.net/messages/1016233), je donne asile ici à deux posts que je supprime là bas

      1/ UN VOILE SUR LA CAUSE DES FEMMES, pdf
      https://niktarace.noblogs.org/files/2019/08/BerthierUnVoileSurLaCauseDesFemmes.pdf

      2/ je ne partage pas sur ce point l’idée dune hiérarchie des sujets, manière souvent commode de justifier des « périodes transitoires » qui laissent précautionneusement (?) sous le boisseau des questions clés dont pratiquement il faut bien, et si souvent mal, se dépatouiller. il me semble qu’une analyse du rôle des religions permet de dépasser les impasses où se particularisent des positions bouffe curés républicaines et anars qui, bousculés par une nouvelle présence musulmane en Europe, ont pour partie méchamment glissé de la déstabilisation moqueuse de dominants (les talas) à la panique identitaire, d’une part, et à l’aristocratisme de supposés affranchis de l’autre. Pourtant,

      La misère religieuse est, d’une part, l’expression de la misère réelle, et, d’autre part, la protestation contre la misère réelle. La religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, l’âme d’un monde sans cœur, de même qu’elle est l’esprit d’une époque sans esprit. C’est l’opium du peuple.

      Le véritable bonheur du peuple exige que la religion soit supprimée en tant que bonheur _illusoire du peuple. Exiger qu’il soit renoncé aux illusions concernant notre propre situation, c’est exiger qu’il soit renoncé à une situation qui a besoin d’illusions. La critique de la religion est donc, en germe, la critique de cette vallée de larmes, dont la religion est l’auréole. (1843)

      ce serait quoi contribuer à ce que cette protestation, cet esprit d’un monde sans esprit ne se réduisent pas à l’existant ( fascisme islamique, traditionalisme, quiétisme, mystique) ?

      #religion #livre

    • merci @colporteur pour lien vers le pdf.

      Je serais probablement allé à Publico pour l’acheter un de ces jours mais grâce à toi je ferai des économies :-)

      Bon, maintenant que je l’ai lu - et uniquement sur le contenu de ce livre - voici mon commentaire : je m’attendais à ce type de propos, où l’on voit des anarchistes « bien de chez nous » reprendre à leur compte un argumentaire laïcard très convenu, en usage dans la bonne société française et ses institutions, à droite comme à gauche, sur « le voile ». Un discours contre lequel j’ai eu à me battre, notamment, à partir de mon expérience professionnelle. Jamais le voile, pas plus que la kippa, les dreadlocks (brunes ou blondes), les maquillages goth, la casquette... portées par le public de jeunes qui venait utiliser des ordis dans l’espace numérique où je bossais, n’a posé le moindre problème de sociabilité ni d’intégration... Par contre je ne compte pas le nombre de grands manitous qui m’ont soûlé avec leurs théories fumeuses sur ce sujet.

      Non, contrairement à ce qui est dit dans ce livre, toutes les personnes qui portent le voile ne sont pas guidées par des fondamentalistes qui tirent les ficelles ; pas plus que le port du voile ne peut pas être considéré de façon unilatérale en tant que « symbole discriminatoire » pas plus qu’il ne représente, une fois pour toutes, « la négation de la femme ». Il s’agit de propos tenus par des personnes qui n’ont visiblement jamais été en contact réel avec cette jeunesse faisant les frais de discriminations racistes réelles. Ces sentences unilatérales contre ce qui serait censé être donné une bonne fois pour toutes comme un signe d’aliénation me sont devenues aussi insupportables que le catéchisme que j’ai subi dans mon enfance ; j’y vois une forme d’idéalisme qui hélas m’a toujours rebuté chez certains de mes compagnons anars. Je suis fatigué d’avoir à répéter cet argumentaire, donc désolé si mon explication est lapidaire... Basta.

      Hier soir et ce matin je me suis déconnecté d’internet pour me noyer dans ma collection de Miles ; ça m’a fait le plus grand bien :-)

      À signaler, quand même, pour terminer sur ce livre, car cela me semble important : il y a deux textes vers la fin (folios 62 et 64 de la pagination imprimée) qui donnent un point de vue contradictoire intéressant. Ne serait-ce que pour cela, le livre vaut d’être lu et diffusé.

      Je suis désormais en mesure de constater que je suis en désaccord avec le contenu global du livre mais je suis toujours également en désaccord avec le traitement qui lui a été réservé à St Imier, comme j’ai eu l’occasion de l’exprimer ici. Je pense avoir suffisamment développé mon propos à ce sujet, inutile de revenir là-dessus.

      Concernant l’attitude inacceptable de @socialisme_libertaire hier ici-même, (en dépit de leur non-réponse) je n’ai rien de plus à dire que ce que je leur ai laissé et qui a été noyé, depuis ce matin, par un flot discontinu de placards publicitaires.

    • @colporteur je me permets d’ajouter à ta citation, une autre traduction du même passage, avec ajout de la phrase suivante. C’est cette version j’’ai lue avec beaucoup de plaisir, parmi de nombreux autres ouvrages « au contenu problématique » qui sont dans ma bibliothèque perso ;-)

      Si je l’ai numérisée, passé en OCR et publiée ici c’est parce qu’il me semble, que cette version apporte un éclairage plus explicite au lecteur français :

      La misère religieuse est tout à la fois l’expression de la misère réelle et la protestation contre la misère réelle. La religion est le soupir de la créature tourmentée, l’âme d’un monde sans cœur, de même qu’elle est l’esprit de situations dépourvues d’esprit. Elle est l’opium du peuple.
      L’abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple, c’est l’exigence de son bonheur véritable. Exiger de renoncer aux illusions relatives à son état, c’est exiger de renoncer à une situation qui a besoin de l’illusion. La critique de la religion est donc dans son germe la critique de la vallée des larmes, dont l’auréole est la religion.
      La critique a effeuillé les fleurs imaginaires de la chaîne, non pour que l’homme porte la sinistre chaîne dénuée de fantaisie, mais pour qu’il rejette la chaîne et cueille la fleur vivante.

      Karl Marx – Contribution à la Critique de la philosophie du droit de Hegel – Édition bilingue – Aubier – Préface de François Châtelet

      Ce texte du « jeune Marx » fait partie des textes de rupture avec les milieux philosophiques (hégéliens de gauche) qu’il fréquentait avec Engels. Il n’en reste pas moins encore entièrement enchâssé, par son style et par ses modalités de production, dans la prose philosophique issue de ces milieux-mêmes. C’est d’ailleurs ce qui représente une grande partie du charme de ces « textes de jeunesse ».

      Nul ne reprochera à Marx et Engels le cheminement qu’il ont effectué depuis la critique, faite de l’intérieur, de la philosophie idéaliste jusqu’à leur engagement politique marqué notamment par le « manifeste communiste ». Nul ne leur reprochera ce cheminement, pas plus Bakounine que la totalité des anti-autoritaires de la première internationale. Ce célèbre passage concernant « l’opium du peuple » représente même probablement un élément fédérateur du matérialisme socialiste, si ce n’est de l’histoire « du mouvement ouvrier ».

      ce serait quoi contribuer à ce que cette protestation, cet esprit d’un monde sans esprit ne se réduisent pas à l’existant ( fascisme islamique, traditionalisme, quiétisme, mystique) ?

      @colporteur Je pense avoir répondu, en partie, à ta question, avec mon message de ci-dessus (après lecture du livre) quand on constate, dans ce livre, qu’une certaine « protestation » laïcarde (fût-elle anarchiste) ne fait rien d’autre que de se glisser dans les habits conventionnels et conformistes de l’argumentaire classique des interdictions portées par l’État et ses prétendants.

      Pour compléter le propos de @rastapopoulos et la remarque de @socialisme_libertaire : certes le mot « hiérarchie » sonne mal dans les oreilles d’un anti-autoritaire, voire d’un révolutionnaire tout court ! Moi aussi je fait partie des gens qui emploie volontiers le terme de « priorité » pour désigner ce qui guide ma logique militante pratique, surtout lorsqu’on constate qu’on ne peut être en permanence « à la foire et au moulin »…

      Mais sérieusement, c’est jouer avec les mots que faire ce type de reproche à @rastapopoulos : prenons une liste de tâches à accomplir et inscrivons chacune d’elles sur une fiche. Appelons-ça comme on veut, mais il faudra bien établir une critère hiérarchique pour savoir dans quel ordre s’y prendre pour traiter les fiches les unes après les autres.

      Pour autant la problématique du religieux, inscrite dans le champ de la lutte sociale, ne relève pas du domaine méthodologique en matière de todo et c’est en cela qu’il me semble important de compléter la remarque de @rastapopoulos et de répondre aussi à @colporteur :

      Le passage de Bakounine que j’avais placé ci-dessus, me semble justement répondre à la difficulté pratique dans laquelle nous nous trouvons depuis une trentaine d’année avec l’émergence de la « problématique » du port de « signes » dits « religieux ». Je pense que nombre de marxistes, marxiens ou toute autre bestiole révolutionnaire, un tant soit peu habité par la matérialité des choses concrètes, ne démentirait pas le propos de Bakounine, sur ce point.

      Il évoque, pour ce qui me concerne, nombre de conversations que j’ai eu avec des camarades pour savoir de quelle façon il fallait se positionner, par exemple dans une démarche syndicale, par rapport aux problématiques religieuses ou identitaires, rencontrées sur le terrain.

      Ce passage de Bakounine dit, en l’occurrence – et c’est peut-être ce qui pourrait le rapprocher de la citation de Marx – qu’en l’état actuel des choses, c’est à dire, tant que nous n’aurons pas réglé en priorité les inégalités sociales, ou plutôt tant que toute problématique discriminatoire ne sera pas intégrée dans la pratique concrète des luttes sociales contre le capitalisme notre rapport au réel sera faussé. Il ne s’agit pas de mettre sous le tapis les croyances religieuses ni de nier leur existence en tant qu’aliénation mais nous devons nous efforcer de ne pas les exacerber, surtout s’il s’agit de reprendre le discours idéologique du pouvoir. Tant que nous ne serons positionné solidement les pieds sur terre, la tête à l’endroit, nous n’arriverons pas à régler les problèmes concrets, qui ne sont rien d’autre que des problèmes créés par des humains.

      Dit autrement : à une ou deux exceptions, la question religieuse ne m’est jamais apparue comme un élément bloquant ou problématique dans mes pratiques militantes concrètes de lutte de classe, alors que j’ai été en contact avec nombre de personnes affichant leur identité, voire une croyance qui n’était pas la mienne. En tout cas, comme je l’ai signalé pour ma pratique professionnelle, la réalité de terrain que j’ai eu ne cadre absolument pas avec l’ampleur que prend cette problématique, telle qu’elle est montrée dans les pouvoirs (État, média, etc.). Il est donc plus que regrettable que des révolutionnaires socialistes – censés être matérialistes - se fassent la chambre d’écho des ces litanies racistes et ségrégationnistes.

      Le pouvoir, la bourgeoisie a toujours exprimé sa haine la plus viscérale et la plus répugnante à l’encontre des « classes laborieuses » (dont le « Lumpenproletariat ») qui lui permette de vivre et de prospérer. C’est toujours le cas aujourd’hui mais ce qui est nouveau, c’est que cette haine de classe se double désormais d’une haine identitaire raciste. Est-il nécessaire d’en dire plus ? Probablement mais, pour ce qui me concerne, je pense avoir, dans ces threads, présenté l’essentiel de ce que je pense sur la problématique.

      Pour terminer ce long message en guise de réponse à @colporteur :
      La vision de « période de transition », qui repose sur un modèle du type « prise du palais d’hiver » n’est absolument pas la mienne. La révolution est souhaitable et nécessaire mais ne pourra pas être autre chose qu’un processus lent et tortueux passant notamment – si elle a lieu, ce qui est loin d’être donné - par nombre de convulsions violentes et insupportables, du fait de la résistance la plus coriace des pouvoirs en place et des contradictions interne au « mouvement » révolutionnaire. Il me semble que ce tableau correspond déjà à ce que nous vivons. Nous ne sommes qu’au début de ce processus. On est loin, très loin de l’image "insurrectionnelle", fût-elle agrémentée de citations latines. De surcroît, plus que jamais, la révolution ne pourra être que planétaire, ce qui complique d’autant les choses...

    • @cabou je ne cherchais pas plus à t’incriminer que @rastapopoulos. pour dire autrement, c’est y compris dans la lutte, au présent et pas nécessairement « plus tard » que le vieux monde que nous portons est mis en chantier. ce monde c’est diverses idéologies, pratiques, dont les croyances et normes religieuses. cette transformation n’est pas une question de volontarisme militant (parfois approprié, souvent gênant). pour le savoir, il suffit d’avoir constaté, par exemple, comment dans des familles musulmanes assez strictes on se retrouve dans la lutte pour les papiers avec des petites ou jeunes filles qui font office de traductrices, lectrices, secrétaires, scribes d’une famille pourtant dotée d’un chef et pas toujours encline à ce que l’éducation des filles comporte de possibilités d’émancipation.
      avec ou sans citations latines, la lutte est pensante, met en cause non seulement la politique qu’elle combat mais ses protagonistes.
      je suis pas certain qu’il faille aimer le fait qu’il n’y ai pas de problèmes ("pas de souci" entend-t-on souvent), ça me semble clôturer indument questionnement et dynamique.

      par ailleurs, pour garder le style plus hégélien de la traduction, j’aime beaucoup cette définition de la religion comme esprit d’un monde sans esprit. elle pointe une dignité à la foi qui devrait interdire qu’on la méprise a priori depuis le dévoilement ou la dénonciation de l’illusion (certes, il y a des cas où le mépris s’impose !). et ce quelques soient les dogmatisations plus ou moins élaborées qui peuvent s’en suivre, un étroitesse d’esprit dont témoigne impeccablement la véhémence caricaturale de « socialisme libertaire » qui après l’invocation des Procès de Moscou a rapido décidé de traiter de flic qui serait en désaccord, ce qui n’est rien d’autre qu’ajouter à la misère.

    • oui, bien sûr, pas nécessairement « remettre à plus tard » mais prendre en compte les réalités de personnes, telles qu’elles sont et non telles qu’on aimerait qu’elles soient, avec tout ce qu’elles peuvent exprimer de contradictions et de difficultés. Si on peut éviter les dynamiques d’échec, sans pour autant faire de l’activisme consensuel pour lui-même et rester sur place, tout le monde s’en portera mieux.

    • Concernant l’épisode Saint-Imier cela n’apporte grand-chose aux points de vue déjà exprimés sur le présent thread, en particulier le mien. Je ne reviens pas dessus.

      Quant au fond, sur « le voile », comme je l’ai déjà signalé plus haut, il y a un problème de posture et d’argumentation idéologique qui le conduit à se retrouver, de façon assez cohérente et non fortuite, en accord avec Cassen, notamment. Et c’est vraiment navrant.

      Il semble difficile à René Berthier de ne pas ranger tout le monde dans le même sac infamant d’ « islamo-gauchiste », sous prétexte que l’on a recours au terme d’islamophobie pour décrire la réalité d’une forme de racisme spécifique, telle qu’elle s’exprime depuis plusieurs décennies en France, notamment à partir des vêtements. Pourtant, au-delà du terme, il y a bien cette permanence d’une discrimination raciste spécifique à l’encontre des musulmans, ou supposés tels, pour laquelle le personnel politique aux commandes de l’État éprouve même les plus grandes difficultés à justifier sur le plan légal :

      https://seenthis.net/messages/1018149

      Un changement de posture, permettrait pourtant à René Berthier de mettre à distance ses préjugés idéologiques, ne serait-ce qu’un instant, pour écouter, par exemple, le point de vue des AED, chargées de faire le sale boulot de mise en oeuvre de la discrimination raciste et sexiste et, surtout, pour écouter comment cette discrimination est vécue par les jeunes elles-mêmes et pourquoi ces personnes ne peuvent que la considérer comme étant ilslamophobe :

      https://seenthis.net/messages/1017843

      Je respecte Berthier pour ses travaux concernant l’histoire de l’AIT, l’anarcho-syndicalisme, l’oeuvre et la vie de Bakounine... mais ce décalage avec le réel, tel qu’il s’exprime avec ce texte, où il n’hésite pas à reprendre à son compte des catégories idéologiques ainsi que les préjugés utilisés par nos pires ennemis pour mener et justifier leur guerre de classe, me semble incompréhensible venant d’un syndicaliste, y compris anarcho-syndicaliste.

  • “Barvalo” : le renversement du miroir | Anna Mirga-Kruszelnicka
    https://lmsi.net/Le-renversement-du-miroir

    En langue romani, barvalo signifie « riche » et, par extension, « fier ». Ce mot polysémique sert de titre à une formidable exposition du Mucem, à Marseille, consacrée à l’histoire et à la diversité des populations romani d’Europe – une histoire indissociable de celle de l’antitsiganisme, contre lequel ceux que l’on continue parfois d’appeler « Tsiganes » luttent depuis un millénaire. Source : Les mots sont importants

  • Bandes originales et cinéma de genre - Ludovic Villard
    https://www.cinezik.org/dossiers/affguide.php?titre0=bandes-originales-et-cinema-de-genre

    Dans cet ouvrage, Ludovic Villard (musicien qui a enregistré une soixantaine de projets musicaux sous le nom de Lucio Bukowski entre 2007 et 2023) explore l’évolution de la musique dans le cinéma de genre entre 1960 et 1982, une période marquée par des collaborations étroites entre réalisateurs et compositeurs. Il examine comment la musique a acquis un rôle essentiel dans l’élaboration des films, soulignant leur caractère inventif et souvent contestataire. L’auteur traverse divers genres cinématographiques, du Nouvel Hollywood aux films de science-fiction, en passant par les gialli italiens, les yakusa eigas japonais et les westerns spaghettis, mais aussi le cinéma de David Lynch. Il revient sur 100 bandes originales marquantes, parmi lesquelles celles de Lalo Schifrin pour « Bullitt », Ennio Morricone pour « La Rançon de la peur », Isaac Hayes pour « Shaft », François de Roubaix pour « Le Samouraï », John Carpenter pour « Assaut » ou encore Tangerine Dream pour « Sorcerer ». L’ouvrage comprend une analyse musical de nombreux films, essentiellement issus des decennies 1960 (37 films) et 70 (38 films), avec trois compositeurs représentés trois fois (Ennio Morricone, Lalo Schifrin, Bernard Herrmann), suivis de Jerry Goldsmith, Klaus Schultze, Eduard Artemyev, les Goblin (2 films), et avec majoritairement des productions américaines.

    @arno :)

    #musique #cinéma #bande_originale #score #années_60 #années_70 #livre

  • Sur le climat, les frontières, la subsistance, le soin et la lutte | Out of the Woods
    https://cabrioles.substack.com/p/sur-le-climat-les-frontieres-la-subsistance

    Ainsi, nous devons penser l’organisation contre le changement climatique en prenant en compte le fait qu’il est médiatisé par un monde dominé par le capital colonial et hétéropatriarcal. La violence est organisée et différenciée par ces structures, et c’est par la lutte contre ces structures qu’il nous sera possible de subsister. Nous pouvons nous faire une image précise de ce qui a toujours été fait dans les luttes contre les catastrophes — des luttes reposant sur le soin, la reproduction sociale et l’hospitalité. Ce sont ces choses qui ont toujours permis aux gens de survivre aux catastrophes. Même si les choses vont de pis en pis, ça ne s’arrête pas là ; il y a toujours de la place pour la lutte collective.

    Out of the Woods est un collectif international de recherche partisane qui s’attelle, depuis 2014, à penser la #crise_écologique dans une perspective communiste, décoloniale, féministe et queer.

    · Notes de Cabrioles : Les éditions Présence(s) ont récemment traduit et publié L’Utopie Maintenant ! Perspectives communistes face au désastre écologique [https://presences-editions.me/utopie-maintenant ], le receuil des écrits d’Out the Woods, un collectif dont les analyses et perspectives résonnent particulièrement avec le travail que nous avons mené ici. Cette publication est importante et riche de la variété des thèmes abordés. L’entretien qui suit, réalisé en 2017, en est extrait. Nous remercions chaleureusement les éditions Présence(s) de nous avoir confié cette publication ·

    #présent_catastrophique #covid #écologie #migrants_climatiques #climat #racisme #environnementalisme #frontière #nécropolitique #expertise_populaire #dystopies #luttes #communisme_de_désastre #planification_fugitive #soin #reproduction_sociale #hospitalité #travail_reproductif #traitre #indigène #Terre_cyborg #nation_indigène

    • Ce à quoi nous devons résister ici, c’est au romantisme colonial occidental — il faut absolument le détruire, et il ne s’agit pas d’une sorte de problème littéraire abstrait, il est ce qui impulse une grande partie du mouvement écologiste au Royaume-Uni à l’heure actuelle. Il existe encore un imaginaire populaire d’une sorte de nature originelle que l’on retrouve aussi bien chez les membres de la Société royale pour la protection des oiseaux (Royal Society for the Protection of Birds) que chez les militants écologistes purs et durs, et il faut à tout prix le refuser. Et dans le même temps, nous devons nous assurer de ne pas devenir des technofuturistes prêts à embrasser l’idée d’une invasion technologique de tout ce qui existe, sans tenir compte du paradigme colonial et du développement de la technologie européenne comme arme et arbitre du « progrès » colonial. D’un certain point de vue, nous sommes ici coincés entre le marteau et l’enclume, entre l’idéalisation de la wilderness et l’idéalisation de la technologie, aussi néfastes l’une que l’autre.

      Mérite un dialogue avec l’œuvre de Charbonneau, qu’illes ne connaissent peut-être pas.

      une adhésion à la possibilité antinationaliste d’une Terre cyborg — qui ne nie pas en même temps la possibilité d’une nation indigène — est le genre de contradiction sur lequel nous devons travailler

      Par contre je ne sais pas ce qu’illes entendent pas là, ayant parlé plusieurs fois au cours de la conversation d’écologie cyborg (mmmh ?) sans définir ce que c’est (seulement « voir le chapitre XXX plus loin »). Donc soit faut lire le bouquin en entier, soit faut trouver une explication ailleurs du concept et de ce que ça implique.

  • La dépossession des citoyens (Interview OVALmedia)
    https://www.crashdebug.fr/la-depossession-des-citoyens-interview-ovalmedia

    À partir du moment ou ne faisons pas partie de ces élites financières nous sommes toutes et tous concerné par les propos de Mme Held-Khawam, peut être que certains l’ont même vécu (ou le vivrons) dans leurs chairs, Enfin, l’auteure des #Livres coup d’État planétaire et dépossession (dont il est sujet ici) a mise ce dernier en téléchargement libre pour éclairer les gens. Tant la période est critique et n’as plus rien à voir avec ce que l’ont a connus ces 40 dernières années. La vidéo date de 2021, et vous verrez que certaines choses qui étaient de purent supputation à l’époque, comme les passeports vaccinaux de l’OMS, se concrétisent maintenant, et justement (Coïncidence ?) il n’est pas ’impossible’ que l’ont soit frappé à nouveau par un de ces virus sortis de ’nulle part’ enfin nulle part..... voilà... C’est (...)

    #Épinglé #Loisirs #ROOT

  • « Ça fait 450 ans qu’on est là » : à Paris, les bouquinistes refusent de déménager pour les JO 2024 Ouest-France

    La préfecture de police de Paris a demandé aux bouquinistes de retirer leurs boîtes dans lesquelles ils vendent des livres d’occasion sur les quais lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques en 2024. Mais les commerçants ont annoncé qu’ils ne bougeraient pas.

    Un bras de fer vient de débuter entre les bouquinistes parisiens et la préfecture de police de Paris à un an des Jeux olympiques 2024. Ces derniers sont invités à démonter leurs petits emplacements où ils vendent leurs livres d’occasion le temps de la cérémonie d’ouverture qui aura lieu sur la Seine, indique l’AFP. Dans un courrier adressé aux bouquinistes le 25 juillet 2023, la préfecture de police de Paris estime « indispensable » pour sécuriser l’événement que ces boîtes qui sont situées dans le périmètre de la cérémonie, soient « enlevées ».

    Ils n’ont « nullement l’intention de bouger »
    La préfecture s’appuie notamment sur un article du code de la sécurité intérieure qui prévoit un périmètre où « l’accès et la circulation des personnes sont réglementés » afin d’assurer la sécurité d’un « lieu ou d’un événement exposé à un risque d’actes de terrorisme ».

    Interrogé par l’AFP, le représentant des quelque 200 bouquinistes de l’Association culturelle des bouquinistes de Paris, soit 88 % du total, assure qu’ils n’ont « nullement l’intention de bouger ». « Lors d’une réunion organisée le 10 juillet à la mairie, l’adjoint à la Seine nous a clairement expliqué que nous allions gêner la vue le jour de la cérémonie », fustige le président de cette association, Jérôme Callais. « On est un symbole majeur de Paris, ça fait 450 ans qu’on est là. Vouloir nous gommer du paysage alors que la célébration de ces Jeux doit être la célébration de Paris, ça paraît un peu fou », ajoute-t-il.

    L’incompréhension sur les quais
    Sur les quais, la colère monte chez les commerçants. « Les bouquinistes sont toujours présentés comme étant une partie importante du paysage parisien et on a l’impression d’être comme les mouches sur un gâteau. On nous chasse d’un coup de tapette », témoigne un bouquiniste auprès d’ Europe 1 . Un autre confie à Marianne : « en trois décennies, mes boîtes n’ont jamais été déplacées. Je ne vois pas pourquoi ce serait le cas maintenant. »

    Dans un communiqué jeudi 27 juillet 2023, la Ville de Paris assure les bouquinistes de son soutien et reconnaît que leur activité « fait partie de l’identité des quais de Seine ». Elle estime à 570 le nombre de boîtes concernées par un éventuel enlèvement, soit 59 % du total.

    . . . . . .

    #bourgeoisie #ps #paris #exclusion #racisme #hidalgo #anne_hidalgo #livres #racisme #bouquinistes #violence #enMarche #exclusion #ségrégation

    Source : https://www.ouest-france.fr/jeux-olympiques/ca-fait-450-ans-quon-est-la-a-paris-les-bouquinistes-refusent-de-demena

  • #Controverses mode d’emploi

    Pratique pédagogique pionnière en sciences sociales, la cartographie des controverses apprend à regarder le monde sans jamais séparer sciences, techniques et société. À tenir compte de tous les points de vue et du contexte dans lequel ils sont émis. À analyser finement l’écosystème qui fait naître un objet, une invention, un phénomène.
    Face aux problèmes environnementaux et sanitaires qui nous submergent, face à la cadence inédite des innovations technologiques, les expert·e·s s’affrontent, se contredisent ou s’avouent sans réponse. Les controverses surgissent à un rythme bien plus rapide que la production des savoirs. Dans cet âge d’#incertitude, où la décision doit souvent précéder la connaissance, il nous faut imaginer de nouvelles manières de penser et d’agir collectivement.

    La cartographie des controverses fournit ce cadre. Pratique pédagogique pionnière en sciences sociales, elle apprend à regarder le monde sans jamais séparer sciences, techniques et société. À tenir compte de tous les points de vue et du contexte dans lequel ils sont émis. À analyser finement l’écosystème qui fait naître un objet, une invention, un phénomène.

    Pour se repérer dans l’incertitude, nous dit-elle, il faut d’abord se perdre dans la complexité.

    Ce livre en offre le mode d’emploi, en s’appuyant sur des exemples de controverses contemporaines soigneusement sélectionnées pour leur diversité et la richesse de leurs enseignements.

    https://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?gcoi=27246100412870#h2tabtableContents

    #livre #controverse #eau #vélo #femmes #hystérie #burn-out #glyphosate #Romainville #rats #Paris #forages #eaux_profondes #enquête

    @reka : dans le résumé du livre on parle de « cartographie des controverses », mais je ne sais pas ce qui se cache derrière #cartographie, si c’est « mapping » en anglais qui pourrait donc comporter zéro visualisation :-)