• Quinze présidents de département refusent de payer le RSA aux non-vaccinés privés d’emploi
    https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/solidarites/quinze-presidents-de-departement-refusent-de-payer-le-rsa-aux-non-vacci

    Dans une lettre ouverte envoyée ce vendredi au Premier ministre, les présidents de départements demandent de ne pas payer le RSA aux personnes non vaccinées qui sont privées d’emploi pour cette raison.

    Quinze présidents de #département ont signé une lettre ouverte envoyée vendredi 29 octobre au Premier ministre, demandant à ne pas payer le #RSA aux personnes qui ont perdu leur #emploi faute de vaccin, comme le leur demande l’Etat, rapporte France Bleu. Ils reprochent au gouvernement d’obliger les départements à verser le RSA aux personnes non-vaccinées et qui ont, pour cette raison, perdu leur #travail. dans des professions où la #vaccination est obligatoire.

    Les présidents annoncent avoir reçu une lettre de la CAF, la Caisse d’allocation familiale, précisant la décision de l’Etat en expliquant que "les personnes non-vaccinées voyaient leurs ressources neutralisées et basculaient de fait dans le RSA".

    Pour Xavier Fortinon, le président (#PS) du département des Landes interrogé par France Bleu Gascogne, l’État "prend une décision, que je ne commente pas, mais qu’il l’assume et qu’il ne demande pas à d’autres de payer à sa place." Il ne faut pas demander "au département de financer les pertes de ressources des personnes qui ne sont pas vaccinées". Il assure ne pas attaquer l’État en raison du coût financier de la mesure mais sur une question de principe.

    "Une décision prise sans consultation des départements"

    Les élus dénoncent "une décision prise par le ministère des Solidarités et de la Santé sans consultation des départements". Le RSA est un "dispositif d’insertion sociale et professionnelle" et il ne peut "remplacer une allocation nationale versée suite à un arrêt d’activité pour motif d’absence de passe sanitaire", appuie la lettre consultée par France Bleu.

    Cette lettre ouverte a été signée par les présidents des départements de Gironde, du Gers, des Landes, de Seine-Saint-Denis, de l’Aude, du Tarn, de la Nièvre, de la Lozère, de la Haute-Vienne, des Pyrénées-Orientales, de l’Ariège, du Lot-et-Garonne, des Côtes-d’Armor, de la Haute-Garonne et de la Loire-Atlantique.

    quand ce qu’il reste de pouvoir PS pose des « questions de principe »...

    #guerre_aux_pauvres

    • Dans une décision rendue vendredi 22 octobre, le Conseil d’Etat a rejeté le recours des organisations de salariés qui demandaient la suspension d’un décret durcissant les conditions d’indemnisation des travailleurs précaires.

      Cette fois-ci, ce sont les syndicats qui ont perdu. Vendredi 22 octobre, leur recours contre une des mesures emblématiques de la réforme de l’assurance-chômage a été rejeté par le Conseil d’Etat. Saisie en référé, la haute juridiction n’a pas suspendu le décret permettant d’appliquer depuis le 1er octobre le nouveau mode de calcul de l’allocation. Dans un communiqué, elle a expliqué que « la tendance générale du marché de l’emploi », qui est à l’amélioration, ne constituait plus « un obstacle » à ce changement de réglementation. En juin, elle avait tenu le raisonnement inverse, donnant satisfaction aux organisations de salariés.

      Le différend porte sur la disposition la plus décriée de la réforme. Le gouvernement a modifié les termes de l’équation aboutissant au salaire journalier de référence, qui sert de base pour déterminer le niveau de l’indemnisation. L’objectif est de mettre fin à des situations où les salariés ayant multiplié des contrats courts seraient mieux couverts par l’assurance-chômage que ceux ayant travaillé de façon continue. Ainsi, l’exécutif entend encourager l’emploi durable. Cette démarche est dénoncée par l’ensemble des centrales syndicales, car elle entraîne une baisse du montant mensuel de la prestation pour les chômeurs alternant petits boulots et périodes d’inactivité.

      Lire aussi Des écarts de 1 à 47 selon les bénéficiaires : la réforme de l’assurance-chômage en six questions
      https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2021/05/18/des-ecarts-de-1-a-47-selon-les-beneficiaires-la-reforme-de-l-assurance-choma

      Un décret en date du 30 mars avait été pris afin que la nouvelle formule du salaire journalier de référence entre en vigueur le 1er juillet. Les organisations de salariés avaient riposté en déposant plusieurs requêtes devant le Conseil d’Etat.

      Sans remettre en cause le principe de la réforme, la juge des référés, Anne Egerszegi, avait ordonné, le 22 juin, la suspension du mode de calcul de l’allocation, en retenant un seul motif et en écartant méthodiquement les autres moyens soulevés par les requérants : à ses yeux, les incertitudes économiques étaient alors si fortes qu’elles empêchaient la mise en place, au tout début de l’été, d’un mécanisme destiné à favoriser la stabilité de la main-d’œuvre.

      Effets encore plus ravageurs

      Le gouvernement est reparti à l’assaut en publiant un autre décret, daté du 29 septembre, pour que les règles incriminées jouent à compter du 1er octobre. Huit syndicats et quatre organisations de guides-conférenciers ont alors, à leur tour, contre-attaqué devant le Conseil d’Etat. Durant l’audience de référé qui s’est tenue le 14 octobre, ils ont beaucoup insisté, par le biais de leurs avocats, sur les inconnues qui, selon eux, continuent de prévaloir en matière d’emploi. Les représentants du ministère du travail, de leur côté, ont, au contraire, mis en exergue la vitalité de la conjoncture, leur but étant de montrer au juge, Olivier Yeznikian, qu’il n’y avait plus aucune raison d’interrompre le cours de la réforme.

      Les arguments développés par l’administration ont fait mouche. « Une forte reprise de l’activité économique se confirme », écrit le magistrat dans son ordonnance, en évoquant les dernières enquêtes de l’Insee et de la Banque de France. Plusieurs indicateurs prouvent que le climat est au beau fixe : créations de postes dans le secteur privé qui dépassent leur « niveau d’avant crise », stabilisation du taux de chômage à 8 % de la population active – soit un chiffre « proche de celui de la fin de l’année 2019 » –, « dynamique à la baisse du nombre des demandeurs d’emploi » sans aucune activité…

      Lire aussi l’éditorial : Assurance-chômage, une réforme punitive
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/31/assurance-chomage-une-reforme-punitive_6017573_3232.html

      Olivier Yeznikian mentionne aussi les actions annoncées récemment par le gouvernement pour « remobiliser » des chômeurs éloignés du monde du travail et pour aider ceux qui cherchent un métier depuis plus d’un an. Dès lors, il n’y a pas d’élément « de nature à faire naître un doute sérieux sur la légalité du décret », considère le juge. La demande de suspension du texte est donc repoussée.

      Les syndicats sont déçus, bien évidemment. Au nom de la CGT, Denis Gravouil dénonce le feu vert donné à une mesure qui va commencer à avoir une incidence préjudiciable sur certaines indemnisations « à partir du mois de novembre ». Il souligne également que la réforme produira des effets encore plus ravageurs que ceux qui étaient redoutés au départ : les économies liées aux « moindres dépenses » d’allocation devraient atteindre, à terme, 2,3 milliards d’euros par an, alors que le gouvernement tablait initialement sur 1 milliard ou 1,3 milliard d’euros.

      Pour la CFDT, le combat « n’est pas terminé »

      Me Jean-Jacques Gatineau, le conseil de la CFE-CGC, trouve que le retour à meilleure fortune n’est pas aussi probant que ce qu’affirme le Conseil d’Etat dans sa décision : il y a, dit l’avocat, des signaux préoccupants, par exemple « le niveau élevé du nombre de demandeurs d’emploi en activité réduite », ce qui témoigne d’une précarité persistante.

      FO, dans un communiqué, observe qu’« une large majorité des emplois créés aujourd’hui sont des contrats de moins d’un mois » : or, les personnes « qui subissent les successions » de ce type de contrat à durée déterminée vont être particulièrement pénalisées par le nouveau salaire journalier de référence.

      Surtout, le combat « n’est pas terminé », déclare Marylise Léon, la numéro deux de la CFDT, en faisant référence à l’autre recours – sur le fond, cette fois-ci – que les syndicats ont engagé devant le Conseil d’Etat. Les requérants espèrent que, à cette occasion, la haute juridiction examinera de façon plus poussée qu’en référé leurs arguments – notamment celui de « l’inégalité de traitement » infligée aux plus précaires.
      Mais un spécialiste de la justice administrative soutient que le juge du fond ne remet pas en cause les appréciations du juge du référé, depuis une réforme entrée en vigueur il y a une vingtaine d’années. (?) Les protagonistes seront, quoi qu’il en soit, assez vite fixés : l’audience devrait avoir lieu avant la fin de l’automne.

      #droitauchômage #inégalités_de_traitement #travail #chômeurs_en_activité_à_temps_réduit #précarité #guerre_aux_pauvres #bosse_ou_crève #trime_et_tais_toi #économie #société_punitive

  • Les amendes, « une forme de justice rendue dans la rue », Camille Pollini, Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/090420/les-amendes-une-forme-de-justice-rendue-dans-la-rue

    Aline Daillère a mené une étude sur le « pouvoir contraventionnel » accordé aux policiers. En se penchant sur des verbalisations dénoncées comme abusives, elle analyse la liberté laissée aux agents et l’inefficacité des recours.

    Juriste de formation et spécialiste des droits humains, Aline Daillère a travaillé une dizaine d’années dans le secteur associatif – France Terre d’asile, la Cimade puis l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat), où elle analysait notamment le recours à la force policière – avant de reprendre des études de sociologie. 

    Face à « la multiplication des témoignages de jeunes hommes disant faire l’objet d’amendes en grand nombre et de manière abusive », dans des quartiers populaires, Aline Daillère a voulu documenter ce phénomène, peu étudié jusqu’alors, et s’intéresser « au pouvoir de verbalisation des policiers ».

    En 2018 et 2019, afin de déterminer « qui était verbalisé, pour quels motifs et dans quels lieux », Aline Daillère a collecté plus de 600 amendes et mené des entretiens dans les cités de plusieurs quartiers parisiens (XIe, XIIe et XXe arrondissements) et d’autres villes de France (Argenteuil, Clichy-la-Garenne, Calais, Saint-Martin-le-Vinoux et Vienne). Elle s’est également livrée à des observations dans des espaces publics, des permanences dédiées aux amendes et au tribunal de police de Paris.
    Son enquête a débouché sur un mémoire de master en sciences politiques, soutenu en novembre 2019 à l’Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (sous la direction de Fabien Jobard), et se poursuit dans la perspective d’une thèse qu’elle doit entamer à la rentrée prochaine.

    Alors que pour faire respecter les mesures de confinement, les contraventions pleuvent – 480 000 recensées par le ministre de l’intérieur au 6 avril –, la question de ce pouvoir de verbalisation accordé aux agents, de son bien-fondé et de ses conséquences, se pose de manière d’autant plus aiguë.

    Quelles sont vos inquiétudes sur la façon dont sont menés les contrôles et les verbalisations liés au confinement ? À quoi faut-il être vigilants, selon vous ?

    Aline Daillère : J’ai deux points d’inquiétude. D’abord, le défaut d’information des citoyens sur leurs droits face à ces amendes, sur les modalités de recours. Ensuite, mon étude laisse penser que certains individus sont susceptibles de faire l’objet d’amendes à répétition. Peut-être parce qu’ils respectent moins le confinement, mais aussi parce qu’ils sont plus ciblés que d’autres, dans certains quartiers, par des policiers qui les connaissent.

    Or, la réitération de verbalisations pour non-respect du confinement est un délit, susceptible d’entraîner une condamnation. C’est une nouveauté. Dans mon enquête, les personnes qui ont accumulé des dizaines d’amendes n’ont jamais fait l’objet de poursuites délictuelles pour ce fait-là. C’est le Trésor public qui engageait des procédures de recouvrement.

    Ce délit permet le passage en comparution immédiate, alors même que les délais de recours contre les amendes ne sont pas épuisés. Une personne qui a eu plusieurs amendes en un temps rapproché pour non-respect du confinement, et qui les contesterait parce qu’elle les juge abusives, pourrait malgré tout se voir condamnée avant que ses contestations soient étudiées par le tribunal de police. Il y a donc une question de droit qui se pose. 

    Quels sont les points communs des « collectionneurs d’amendes » sur lesquels vous avez travaillé, ayant reçu plusieurs dizaines de contraventions chacun ?

    Ce sont en quasi-totalité des hommes – deux jeunes femmes sur 55 individus –, généralement âgés de moins de 25 ans, vivant dans de grands ensembles, issus de milieux précaires et souvent de minorités.

    Ils sont verbalisés pour des motifs récurrents. D’un côté, les « incivilités », ou « troubles à la tranquillité publique ». Trois infractions reviennent systématiquement et souvent par « paquets » : le tapage (nocturne ou diurne), le « déversement de liquide insalubre » (qui s’applique en général aux crachats) et le « dépôt de déchets hors des emplacements autorisés » (le jet de n’importe quel détritus sur la voie publique : un mouchoir usagé, un papier…). La deuxième catégorie concerne les infractions à la circulation routière, avec un panel d’infractions extrêmement large (stationnement, conduite sans certificat d’immatriculation, etc.). 

    Ces personnes sont toujours verbalisées dans les mêmes lieux : telle place, telle rue de leur quartier d’habitation. Même quand les amendes concernent des infractions routières, par définition mouvantes, ils sont très majoritairement sanctionnés aux mêmes endroits, sur un territoire très restreint. 

    Quelles sont les conséquences de ces verbalisations à répétition ?

    J’ai recensé jusqu’à 93 amendes pour une seule personne. Ils en reçoivent beaucoup, parfois sur des périodes très courtes, pour certains plusieurs dans la même journée. Ils ont donc des dettes d’amendes colossales : jusqu’à 25 000 euros selon les déclarations, jusqu’à 10 000 euros constatés sur la base de bordereaux de situation du Trésor public, pour des personnes tout juste majeures.

    Les conséquences économiques affectent toute la famille. Lors des entretiens, les jeunes parlent d’eux à la première personne. Mais quand on aborde la question des conséquences ils ne disent plus « je », ils disent « nous » : moi, ma famille, ma mère, mes frères et sœurs.

    Sachant qu’ils vivent en situation de précarité économique, payer les amendes va empêcher ou retarder d’autres dépenses familiales importantes. Si la famille compte sur leurs ressources, ça cause des difficultés pour payer les courses. Dans le cas de jeunes plus autonomes, ça empêche ou retarde les cours de conduite, l’obtention du permis qui serait utile pour travailler.

    Ces impacts peuvent devenir juridiques, quand le Trésor public met en place des procédures de recouvrement. Les comptes des jeunes ou les revenus de leur travail peuvent être saisis, les familles reçoivent des avis de saisie mobilière.

    Ces amendes ont aussi des conséquences sur l’insertion professionnelle, ce qui inquiète beaucoup les référents socio-éducatifs interrogés. Ils constatent que certains jeunes renoncent à ouvrir un compte bancaire à leur nom, ou à avoir un emploi déclaré, parce que toute somme reçue est susceptible d’être perçue. Et ce pendant longtemps, quand on a des dettes qui montent à plusieurs milliers d’euros. Selon les éducateurs, ces jeunes seraient incités à se tourner vers des parcours de travail illégal ou vers l’économie souterraine, c’est-à-dire à disparaître de la circulation économique pour échapper aux impacts des amendes. Certains jeunes disent aussi fuir le quartier, « on va voir nos potes ailleurs », ou se cacher du regard de la police.

    Quelles sont leurs relations avec les policiers qui les verbalisent ?

    Les uns et les autres se connaissent, mutuellement et individuellement. Avant même les amendes, ces jeunes faisaient souvent l’objet de contrôles d’identité, ce qui explique et facilite parfois les verbalisations : ils sont connus des agents de police.

    Le caractère massif des amendes est un phénomène assez récent, apparu aux alentours de 2015-2016, à l’exception de l’un des terrains étudiés où c’est plus ancien (Argenteuil). Dans certains quartiers, les jeunes disent d’ailleurs avoir vu baisser les actes de violence à leur encontre au moment où montaient les amendes.

    Localement, je peux avoir des pistes d’analyse : dans le XIIe arrondissement l’apparition des amendes est postérieure à la plainte des jeunes contre des agents de police. Elle est corrélée au changement d’équipe du commissariat après la condamnation des policiers. Mais ce n’est pas le cas dans les autres quartiers, et ça reste encore à étudier. 

    Vous travaillez sur le « pouvoir contraventionnel » des policiers. Alors que la loi dit que tel comportement doit être puni de telle façon, à tel tarif, quelle est la marge de manœuvre des fonctionnaires ? En quoi verbaliser est-il un pouvoir ?

    La recherche en sociologie de la police montre que le policier sur le terrain a une grande marge d’autonomie, parce que c’est lui qui décide de facto quand intervenir et de quelle manière. Dans le cas des amendes forfaitaires, c’est un pouvoir de sanction pénale, une forme de justice rendue dans la rue.

    Les agents ont une grande part de subjectivité dans l’appréciation des faits, surtout quand la loi est peu précise. Elle est censée définir des principes généraux, tandis que les policiers sur le terrain apprécient le cas particulier. Qu’est-ce qui, en pratique, permet de caractériser un tapage ? À partir de quels décibels ? Aucun texte ne le précise. C’est à la libre appréciation du policier, qui peut considérer une source de bruit comme tapage et pas une autre.

    Dans le cas du confinement, c’est la même chose : l’imprécision et l’indéfinition laissent une grande marge de manœuvre. Qu’est-ce qu’un achat de première nécessité ? Jusqu’où les policiers et gendarmes sont autorisés à en décider ? Vu le nombre de témoignages dénonçant des pratiques excessives, ou du zèle, des précisions sur ce qui est autorisé ou pas seraient les bienvenues.

    Le contrôle exercé sur ce pouvoir de verbalisation est extrêmement mince. En pratique, contester une amende forfaitaire s’avère compliqué et vain.

    « Au-delà d’un certain nombre d’amendes, ils ne les “calculent” plus »

    On pourrait partir du principe que ceux qui sont souvent verbalisés se comportent moins bien que les autres. Que vous disent les jeunes interrogés sur le fait de mériter ou de ne pas mériter les amendes qu’ils ont reçues ?

    À la lecture de leurs amendes, ou de leur bordereau de situation du Trésor public, on pourrait se dire que ce sont des gens foncièrement incivils : ils crachent à tout va, n’ont jamais de permis de conduire sur eux, jettent des papiers partout… Tous reconnaissent avoir commis une partie des infractions qui leur sont reprochées. Certains disent « c’est vrai, parfois on fait un peu de bruit » ou « c’est vrai, on jette des papiers ». Mais derrière cette affirmation, il y en a systématiquement une autre : les policiers exagèrent, ils abusent.

    J’ai des témoignages assez récurrents de verbalisations pour une infraction inexistante. Un jeune se voit par exemple reprocher d’avoir fait du bruit, jeté des papiers et craché par terre (c’est souvent les trois en même temps) alors que selon lui il n’existait pas d’infraction.

    Dans d’autres cas, nombreux aussi, les jeunes disent qu’une infraction a bien été commise, mais par d’autres. Ils se retrouvent verbalisés dans un endroit où il y a des papiers ou des crachats au sol, parce que les policiers considèrent qu’ils en sont responsables, malgré l’absence de flagrant délit.

    Dans d’autres situations, les jeunes sont verbalisés là où d’autres ne le sont pas. J’ai en tête l’exemple d’un jeune de quinze ans, verbalisé dans un square très passant, en journée, en plein été, parce qu’il faisait du bruit. Il ne comprend pas pourquoi il est verbalisé, mais pas les personnes autour. C’est aussi ce que disent des éducateurs : pourquoi nos jeunes sont verbalisés au pied de leur immeuble, alors que ceux qui sont à quelques mètres, à une terrasse de café, ne le sont pas ? Ils dénoncent une sorte de deux poids deux mesures dans l’application de la règle. Ce sentiment d’application inégale de la loi ressort beaucoup. 

    Parmi les exemples que vous donnez dans votre mémoire, deux « amendes insolites » : « traversée irrégulière de la chaussée » (7 euros) et « ouverture de portière de véhicule sans précaution » (33 euros). C’est étonnant, non ?

    Il s’agit de deux personnes qui ont reçu ces amendes en même temps. Témoins d’un contrôle d’identité, ils étaient intervenus pour s’interposer. Ils soulignent le caractère invraisemblable d’avoir reçu ces deux amendes, alors que jamais personne n’est verbalisé pour ce motif.

    Les amendes reçues sont-elles contestées ?

    Non, loin de là. Certains les paient, malgré le coût, pour ne pas avoir plus d’ennuis. Dans certains quartiers, des collectifs se sont montés récemment pour aider les jeunes à contester. Mais dans la majorité des cas les amendes ne sont ni contestées, ni payées. Elles s’accumulent.

    Il y a un effet de seuil : au-delà d’un certain nombre d’amendes, ils ne les « calculent » plus, au sens littéral comme au sens figuré. J’ai pu le constater auprès des jeunes que j’ai suivis lors de ma recherche. Ils ouvraient les premières enveloppes, voulaient les contester. Au fil du temps ils me tendaient les enveloppes, sans même les avoir décachetées. Ils reconnaissaient l’enveloppe de l’amende et ne s’en occupaient plus, ne savaient même pas pourquoi ils étaient verbalisés. Certains les stockaient dans des boîtes à chaussures, d’autres les déchiraient et les jetaient. Ils disent beaucoup : « c’est trop ». Si on voulait sanctionner des infractions réelles et faire évoluer le comportement de ces personnes-là, c’est contre-productif.

    Dans votre étude, vous écrivez que les voies de recours sont ineffectives. Pour quelle raison ?

    C’est une procédure assez opaque et complexe. Je suis juriste de formation et j’ai travaillé sur le sujet pendant plusieurs mois, mais il m’a fallu du temps et je ne suis pas sûre d’avoir complètement compris. Même les avocats et juristes mobilisés à Calais, qui ont essayé de contester les amendes, ont fini par abandonner. Au regard du temps, de l’énergie et du résultat, c’était un investissement complètement défavorable.

    On peut contester soit par internet, sur le site de l’Antai, soit par lettre recommandée auprès de l’officier du ministère public, ce qui est relativement simple. Il semble cependant que les officiers du ministère public déclarent les contestations irrecevables en outrepassant complètement leurs pouvoirs. Ils ne peuvent en principe le faire que pour des motifs de formalisme non respecté. Mais dans la quasi-totalité des cas, ils rejettent sur le fond. La personne reçoit juste un avis de majoration de l’amende.

    Théoriquement, il est possible de saisir le tribunal de police contre cette décision. Mais bien souvent, les personnes concernées ne ne le savent pas. Quand bien même elles le feraient, il faut encore renverser un procès-verbal qui fait foi. C’est mission impossible. 

    Un jeune qui arrive devant le tribunal de police en disant : « Je n’ai pas fait le bruit dont on m’accuse », n’a aucune chance d’être entendu. Encore moins quand il a déjà reçu dix, vingt, trente PV pour les mêmes motifs. De fait, le recours contre ces amendes est extrêmement compliqué pour ces jeunes-là. 

    Je ne sais pas ce que ça donnera pour le non-respect du confinement. La population qui arrivera jusqu’au tribunal de police bénéficiera peut-être d’un peu plus de crédibilité que des jeunes de quartier. Mais encore faudra-t-il que ces personnes soient informées qu’elles peuvent le saisir.

    D’après les premiers résultats de votre travail, les amendes ne « servent » pas seulement à punir une infraction, elles ont d’autres fonctions. Lesquelles ?

    Ce sont les hypothèses de ma thèse à venir, encore à l’état de pistes. Les jeunes ont le sentiment que ces amendes sont utilisées comme un outil d’éviction, qu’elles visent à les « chasser », à les « dégager », à « nettoyer le quartier », dans un contexte de rénovation et de gentrification.

    Dans l’un des terrains d’enquête – le XIIe arrondissement –, le commissariat a reconnu donner pour mission à ses agents de police d’effectuer des « contrôles-éviction ». Les jeunes se disent que les amendes ont le même but. À New York, en Grande-Bretagne, à Montréal, des politiques de lutte contre les incivilités très sévères ont eu pour effet d’exclure des populations jugées indésirables, de les bannir. Ça pourrait être une piste d’analyse sur les amendes en France. 

    Dans les entretiens que j’ai menés, une autre idée revient souvent : celle des représailles. Beaucoup de témoignages font état de verbalisations intervenues alors que les jeunes se seraient montrés insolents envers la police, auraient défié son autorité. Ils disent : « J’ai été verbalisé parce que j’ai pas fait profil bas. » « Ne pas faire profil pas », c’est revendiquer ses droits pendant un contrôle d’identité, en contester le principe, protester, filmer, passer à côté et regarder, s’interposer dans une intervention policière qui se passe mal, déposer plainte contre des policiers. L’une des pistes que je creuse, c’est l’idée d’une sorte de « justice de rue » rendue par les policiers, utilisant l’amende pour sanctionner les individus qu’ils estiment devoir l’être. 

    Quel lien faites-vous entre les inégalités territoriales, les fractures françaises, et la façon dont sont décernées les amendes ?

    La question de la discrimination, ou de l’application inégale de la loi, se pose très clairement. Mais pour le démontrer, il faudrait mener une étude de plus grande ampleur : comparer avec des populations tests (comme ce qui a été fait sur les contrôles d’identité), avoir accès à des données nationales, mener des enquêtes comparatives pour mesurer le taux d’amende à comportement égal.

    #police #amendes #justice

  • Prises électriques verrouillées : une mesure anti-SDF dans la Gare centrale de Bruxelles Philippe Carlot

    Dans la salle des pas perdus de la Gare Centrale de Bruxelles, l’ensemble des prises électriques installées dans les murs ont été verrouillées. A l’exception d’une seule, probablement victime de vandalisme. Nous parcourons les lieux en compagnie de Jose Parades, membre de l’Union bruxelloise des SDF et constatons, en effet, que les prises électriques sont inutilisables en l’état. Reste à savoir pourquoi. 

    Une mesure anti-SDF ?
    Jose Parades a sa petite idée sur la question : "J’ai découvert ça récemment et j’ai trouvé ça scandaleux. Pour moi, mais je peux me tromper, ce dispositif a été imaginé pour éloigner les SDF de l’intérieur de la gare. Avant qu’il n’y ait ces clés, je voyais des SDF charger leur GSM, leur seul moyen de communication pour trouver un logement. C’est très important pour garder un contact familial, envoyer des SMS, pour communiquer, même avec son assistant social. En période de Covid, on leur a dit d’utiliser leur GSM et de communiquer via WhatsApp ou d’envoyer des SMS pour contacter leur assistant social. Mais s’il ne peut pas recharger son téléphone, le SDF ne peut plus contacter son AS. 
     
    La SNCB confirme
    A l’entrée de la gare se trouvent quelques employés de la SNCB chargés d’informer les voyageurs. Nous posons la question à l’un d’entre eux : pourquoi les prises électriques ont-elles été verrouillées ? La réponse confirme les craintes de Jose Parades. Il s’agit bien d’une mesure destinée à empêcher les personnes sans-abri d’utiliser les prises de courant, parce que cela posait des problèmes de sécurité, nous explique l’employé. Ces prises servent essentiellement au personnel d’entretien et aux engins utilisés pour nettoyer les sols de la gare. 

    L’intégralité de l’article : https://www.rtbf.be/info/regions/detail_prises-electriques-verrouillees-une-mesure-anti-sdf-dans-la-gare-central

    #sdf #sans-abris #pauvreté #sans-abri #sans-abrisme #Bruxelles #anti-sdf #Belgique #sans_domicile_fixe #espace_public #guerre_aux_pauvres #électricité #énergie #GSM #smartphone

    • En réponse, la gare centrale de Bruxelles se lance dans l’éloge des obscénités inutilisées !

      Le salon royal de la Gare Centrale bientôt ouvert au public ArBr avec Belga – Photo : A. Dumarey via M. Louyest
      https://bx1.be/categories/news/le-salon-royal-de-la-gare-centrale-bientot-ouvert-au-public

      Le lieu est méconnu, mais se situe pourtant au coeur de la Gare Centrale, à Bruxelles : le salon royal, conçu en 1952 dans un style Art Déco. Lors de l’Expo 58, c’est là que seront reçues les délégations étrangères. Le lieu est un vrai petit bijou, avec des éléments de tannerie conçus par les artisans de la maison Delvaux, et des murs en marbre. Si aujourd’hui, ce salon est un secret bien gardé, il ouvrira ses portes cet été.


      En effet, du 23 juillet au 19 septembre s’y trouvera l’installation artistique “Voyage au bord du mon de“, réalisée par l’artiste Myriam Louyest, et conçue tout spécialement pour le lieu. “Elle établit une relation étroite entre l’esprit du lieu et les sculptures qui y sont exposées. Le salon est comme une bulle de tranquillité dans l’agitation de la gare, un écrin à la préciosité d’un autre temps. Il est un monde à la frange du nôtre, tout en en faisant partie“, expliquent les organisateurs.

      “Certaines réalisations évoquent la figure du Roi Baudouin, alors que d’autres parlent de l’idée d’un périple. Toutes révèlent en creux la fragilité de l’humain, qu’il soit puissant ou simple passant. On y découvrir des interventions discrètes (savon de marbre dans la salle d’eau, petites météorites de verre, cailloux dorés), et d’autres plus spectaculaires, comme à la fin du parcours un jardin de verre“, ajoutent-ils.

      L’événement est organisé par TrainWorld, et est gratuit du jeudi au dimanche, sur réservation via le site de TrainWorld.

    • La famille royale de Belgique connait bien les voitures automobiles, et les avions, pour ses déplacements.

      A quoi servent ces salons inutilisés ?
      A rien.
      Le principal, c’est qu’ils ne puissent servir à personne.

  • La réforme des APL vire au cauchemar pour les allocataires et ses agents - Faïza Zerouala
    https://www.mediapart.fr/journal/france/190621/la-reforme-des-apl-vire-au-cauchemar-pour-les-allocataires-et-ses-agents?o

    Depuis six mois, le retard de traitement des dossiers, les trop-perçus injustifiés et bugs en série dans le logiciel sont quotidiens à la CAF, depuis la mise en place de la réforme des allocations logement. Ses agents et des allocataires en souffrent.

    Nathalie attend depuis trois mois que la Caisse d’allocations familiales (CAF) lui rembourse 110 euros indûment prélevés. Une somme énorme pour elle. Il y a cinq ans, cette habitante de Poitiers, âgée de 52 ans, a interrompu sa formation de monitrice/éducatrice pour raisons de santé.

    Quatre ans plus tard, elle s’est sentie assez en forme pour reprendre une activité à temps partiel. Elle trouve un emploi dans le centre d’animation près de chez elle, qui lui rapporte 250 euros par mois. Un complément bienvenu à son allocation de solidarité spécifique (ASS).

    Début février, elle effectue une demande de revenu de solidarité active (RSA) qui traîne. Elle déménage à la même période et sa nouvelle propriétaire ne perçoit pas les aides au logement. À l’époque, elle ne sait pas que le logiciel de la CAF fait face depuis le début de l’année à des bugs en série qui désorganisent tout. Son dossier n’avance pas. Elle ne s’inquiète pas, pensant que c’est normal. 

    Mais cela ne l’est pas. Depuis le 1er janvier 2021 et après quatre reports, la réforme de l’allocation logement, versée à environ 6 millions de personnes, est entrée en vigueur. Elle introduit une modification du mode de calcul, basé sur les ressources de l’année précédente et non plus sur celles d’il y a deux ans.

    La situation est réactualisée tous les trimestres. Pour ce faire, un nouveau logiciel a été déployé. Seulement, celui-ci peine à cohabiter avec l’ancien, Cristal, mis en place il y a une éternité, en 1999, qui prend en charge les autres prestations sociales.

    C’est ici que les données des allocataires sont consignées et les changements de situation et le versement des allocations gérées. C’est aussi cet outil qui calcule le droit aux prestations. Bref, tout repose sur lui ou presque. Cette coexistence génère des bugs, indique la CAF. Les agents et les techniciens n’ont pas la main dessus. À part recommencer jusqu’à ce que leur saisie soit prise en compte, ils n’ont guère de marge de manœuvre.

    Environ 150 000 personnes concernées

    La confrontation entre les deux logiciels, l’ancien et le nouveau, rend parfois impossible l’inscription d’une modification de situation. Résultat, tout est bouleversé et le traitement des dossiers accuse un gros retard. Des bénéficiaires du RSA doivent attendre, d’autres se voient réclamer des aides au logement déjà versées. Environ 150 000 personnes ont été concernées, soit 2 % des allocataires. Contactée par Mediapart, la CAF indique avoir conscience de ces « dysfonctionnements » et assure qu’ils sont en cours de résolution (l’intégralité des réponses est visible dans l’onglet Prolonger). 

    En février, Nathalie n’a perçu ni RSA, ni APL, ni même la prime d’activité promise. Elle touche seulement 120 euros comme salaire car les vacances scolaires, durant lesquelles elle ne travaille pas, ont amputé sa paye. En avril, une retenue est prélevée à la source, sur son RSA, les fameux 110 euros pour cette dette imaginaire. 

    Mais elle n’est pas au bout de ses surprises. Dès lors, apparaissent dans son espace personnel, sur le site de la CAF, des sommes colossales qu’elle est censée rembourser. Un jour, elle voit apparaître une dette de 1 400 euros sur trois mois. Là voilà contrainte de passer ses journées au guichet ou pendue au téléphone avec la CAF. « Ce n’est pas possible. Chaque jour, les montants changeaient. C’est angoissant même lorsqu’on sait que c’est une erreur. J’ai demandé des rendez-vous, j’en ai eu une bonne vingtaine en physique, sans compter les appels téléphoniques », raconte-t-elle.

    « Là, je vais courir pendant un an pour tout rattraper »

    Pour survivre, elle compte sur la solidarité amicale. Elle réussit à emprunter de l’argent pour payer la caution de son nouvel appartement. Elle va rembourser petit à petit. La quinquagénaire achète des conserves lorsque sa paye tombe et congèle tout ce qu’elle peut pour tenir les dix derniers jours du mois, durant lesquels elle « tire un peu la langue ».

    Nathalie vit chichement, elle est pauvre, mais elle « veille toujours à avoir une situation saine et à être à jour de [s]es paiements » : « Là, je vais courir pendant un an pour tout rattraper. » Lors d’un rendez-vous à la CAF, une agente recalcule tout à la main, trouve les erreurs et essaie de valider le dossier. Le logiciel plante…

    Depuis deux mois, les APL sont bien versées à sa propriétaire. Mais Nathalie n’a pas confiance. Cette « situation ubuesque », incertaine, la stresse tant que son médecin lui a prescrit de quoi la détendre. « Je dors mal, je ne sors plus, je ne fais plus rien car je subis les désagréments de la CAF depuis six mois. Le remboursement de ma fausse dette est passé sous silence et je ne touche pas la bonne somme pour mon RSA. » 

    La CAF promet que toutes ces situations vont être régularisées. Pour éteindre l’incendie, le directeur général de la Caisse nationale d’allocations familiales (CNAF) a écrit aux agents le 11 mai pour les remercier de leur travail, leur demander de patienter et insister sur le fait que les bugs touchent peu de personnes. 

    Pourtant, des cas comme celui de Nathalie, Julia* en traite plusieurs depuis des mois. Elle est gestionnaire-conseil à l’usager et au traitement des dossiers dans une CAF de l’est de la France. Elle y effectue l’accueil téléphonique ou physique. Son bureau est couvert de Post-it pour se souvenir de l’avancée de tel ou tel dossier ou pour garder en mémoire les calculs effectués à la main qui devront être rentrés dans le logiciel si jamais celui-ci le veut bien.

    Chaque jour, il lui faut essayer de rattraper les retards accumulés, quitte à rogner sur l’accueil en personne des allocataires. « C’est compliqué de ne pas pouvoir montrer les calculs sur les écrans, en face à face on peut s’adapter, notamment au niveau du vocabulaire quand on voit une personne ne comprend pas, on le voit. Au téléphone on ne peut pas le savoir. »

    Tania*, conseillère service à l’usager dans la même CAF que Julia, voit défiler une centaine de personnes par jour, en physique ou au téléphone, depuis le début de l’année. Une charge épuisante. Comme les autres, elle se sent impuissante et frustrée de ne rien pouvoir faire. La jeune femme oriente aussi davantage le public vers les assistantes sociales.

    Elle se souvient de la détresse de cette femme qui lui a montré la photo de son réfrigérateur vide, à l’exception d’une bouteille d’eau. D’autres brandissent leur smartphone pour montrer sur l’application de leur banque l’état de leur découvert sur leur compte bancaire. Tania a de moins en moins envie de se rendre au travail, même si l’équipe reste solidaire tant bien que mal.

    Des agents lassés des « bidouillages » permanents

    Même sentiment pour Martine* et Michèle*. Elles sont techniciennes-conseils et effectuent des permanences extérieures dans une maison de service dans un quartier populaire. Elles reçoivent sur rendez-vous. Michèle raconte être épuisée par cette « réforme sans pilote ».

    Lors d’une permanence, elle échange en général avec une vingtaine de personnes, toujours sans pouvoir résoudre leur problème. Martine aussi est lassée des « bidouillages » permanents. « Les gens s’épanchent auprès de nous, on est l’un des rares services publics à recevoir encore. Certains nous font du chantage au suicide, d’autres nous expliquent ne pas avoir de quoi se nourrir. »

    De son côté, Michèle jouit d’une longue expérience à la CAF et pourtant : « C’est la première année où je n’ai pas de réponses à fournir. Je m’excuse, on n’arrive plus du tout à gérer, on entend la détresse. Il y a peu de cris, surtout de la détresse… D’ailleurs, ça me fait un peu peur, des gens menacent de s’en prendre à nous. »

    Tania relève dans le même temps ces derniers mois une hausse des incivilités. « Quand on dit aux gens, déjà à cran, que le délai pour que leur dossier soit traité est de dix semaines, ils pètent un câble. Ils n’entendent pas le fait que ce bug paralyse tout. On voit aussi énormément d’indus injustifiés et là encore tout ce qu’on peut faire, c’est leur assurer que ça va être régularisé. » 

    De plus en plus de tensions

    Auparavant, il était plutôt rare de se faire insulter, explique-t-elle. Désormais, de plus en plus les nerfs lâchent. Interrogée sur ce sujet, la CAF explique : « Comme dans beaucoup de services publics, nous avons senti de plus grandes tensions ces derniers mois, sans que toutes puissent être directement attribuées à la réforme des APL. »

    Toujours dans l’est de la France, Louise*, référente technique, ne décolère pas. « On nous laisse patauger depuis six mois, cette réforme ne simplifie rien pour personne. C’est illisible. On entend partout du découragement. » En ce moment sont traités les dossiers de mars ou avril. De quoi faire perdre toute motivation aux équipes.

    Elle ne compte plus le nombre d’allocataires perdants. « Il suffit de reprendre une petite activité pour perdre une partie de l’aide au logement, qui baisse mécaniquement et vite. » Elle a de la peine pour les CDD recrutés pour les épauler. Certains ne sont pas à l’aise avec l’outil informatique en général. Depuis quelques mois, c’est encore plus rude. « Ils sont paumés et ils ont été à peine formés. »

    Les jeunes et les précaires les plus pénalisés

    Audrey Granet, coordinatrice CAF pour la CGT, considère que cette réforme révèle le manque de moyens humains structurel à la CAF. « Les collègues traitaient environ soixante dossiers par jour, aujourd’hui seulement quinze. Ils sont obligés de faire les calculs à la main lorsque les autres chemins ne marchent pas. »

    Elle s’indigne aussi du fait que cette réforme appauvrit les bénéficiaires. « 25 % des allocataires ont vu une baisse de leurs droits de 110 euros, et 15 % n’ont plus de droits. L’objectif de la réforme au départ était de faire un milliard d’économies, ramené à 700 millions d’économies, et on ne peut pas dire que les allocataires ne vont pas perdre. » En effet, plusieurs études récentes ont montré que les jeunes et les précaires sont les plus pénalisés par cette réforme.

    La syndicaliste craint aussi que, dans quelques mois, des recalculs défavorables aux allocataires soient effectués. « On va leur demander de rembourser ce qui leur a servi à faire les courses ou payer le loyer. 600 ou 700 euros à rembourser, ce n’est pas rien. Forcément, ils vont être en colère et s’agacer face à des agents qui essaient de faire au mieux. » 

    Sur le terrain, personne n’imaginait que la situation perdure. « Au départ, en janvier, on s’est dit que ces bugs allaient être réglés rapidement, mais six mois plus tard, on y est encore », soupire Julia.

    La CAF tente de rassurer

    À entendre la CAF, tout est sous contrôle et en cours de résolution : « Dans les CAF, les efforts constants des personnels ont permis de réparer des erreurs qui n’ont pu l’être de façon automatique. Ceci a généré au cours des semaines précédentes des retards dans le traitement des dossiers des allocataires. Nous avons enregistré de nets progrès, des corrections importantes ont été apportées et le “stock” de travail des CAF baisse désormais de façon significative et régulière. »

    Faux, assure Julia. « Il y a des interruptions en cours de traitement, donc on gère les dossiers en plusieurs fois, on traite les informations une par une pour ne pas que ça plante et encore, on n’est pas sûrs que le système ne va pas basculer en trop-perçu ce qu’on a régularisé. On ressent de l’impuissance totale. Avant, on pouvait traiter les dossiers en urgent. Là, on fait ce qu’on peut et, en fait, on ne peut rien faire. Les allocataires étaient déjà sous l’eau, notre système les achève. » Julia ne compte plus les usagers qui lui racontent avoir déjà des impayés de loyer. « Même les bailleurs sociaux n’ont pas une patience extensible. »

    En bout de course, ces allocataires se tournent vers Marie*, assistante sociale dans une caisse d’allocations familiales à Lyon. Elle occupe ce poste depuis plus de vingt ans. Elle confie son impuissance vis-à-vis de la détresse des bénéficiaires qui se tournent vers elle.

    « Beaucoup de gens ne comprennent pas pourquoi leurs dossiers ne sont pas traités dans un délai correct, les démarches, le nouveau calcul qui les désavantage ou ne savent pas trop quoi faire pour gérer les trop-perçus injustifiés. Pour nous, il est difficile de leur expliquer mieux que les agents. » Ces personnes demandent de l’aide pour payer leur loyer grâce aux fonds d’urgence de la CAF. Elle aussi relève que tout le monde « est plus à cran », employant la même expression que sa collègue.

    Politique de l’autruche et de la gestion comptable

    De fait, elle est inquiète pour la suite. « On voit les situations se dégrader, cette réforme est la cerise sur le gâteau comme va l’être aussi la réforme de l’assurance-chômage. Même si, pour le moment, les effets massifs ne se voient pas encore. Depuis un an aussi, les démarches sont complexifiées, c’est un travail à temps plein parfois. »

    À la CAF, Julia et ses collègues partagent ce sentiment. Elles aussi craignent le pire avec la fin de la prolongation des droits au chômage le 30 juin et si la réforme de l’assurance-chômage venait à être appliquée au 1er juillet. De nombreuses personnes vont constituer des dossiers de RSA. Tous se demandent comment faire face à une charge de travail supplémentaire. Déjà, aujourd’hui, il est impossible d’avoir un suivi individuel.

    À cause de tout cela, Julia confesse nourrir une « animosité » vis-à-vis de sa hiérarchie, qui ne réagit pas et fait de la gestion comptable. « En interne, on nous demande de tenir mais on ne va pas tenir six mois comme ça. Tous font la politique de l’autruche, je veux bien croire que des informaticiens travaillent à résoudre le souci mais il faut comprendre que notre état psychologique et celui des allocataires n’est pas au mieux dans cette période de Covid. »

    Les remontées aux managers ne servent à rien, juge Louise, la référente technique. « Je décroche le téléphone à reculons, les assistantes sociales nous appellent pour nous demander si les retards dans tel ou tel dossier ou si la perte de prestations sont normaux. On n’a aucune autonomie, toute demande urgente doit passer par un manager pour autorisation et non plus par un technicien. On ne sait pas dire quoi dire aux gens, selon notre niveau d’empathie, cela peut être dur. Moi, j’ai appris à prendre du recul sur les choses. »

    Pour Audrey Granet, de la CGT, il est urgent de surseoir à cette réforme. « On demande son arrêt et qu’on embauche plus de salariés, pas ces jeunes en service civique qui sont à l’accueil et font face en première ligne à des gens aussi précaires qu’eux. Les agents veulent faire leur métier et continuer d’être un vrai service public. » 

    À l’échelle locale, il y a des mouvements de grève dans certaines CAF. Des agents se prêtent à une « grève de l’exception », du nom de l’erreur qui paralyse le système, rapporte Audrey Granet. Une intersyndicale appelle le 29 juin à une journée de mobilisation contre cet enfer administratif.

    #logement #guerre_aux_pauvres #APL #CAF

  • Bruxelles-Ville : les plexiglas anti-SDF de la Porte d’Anderlecht déclarés illégaux

    La Région a déclaré ne pas autoriser ce dispositif, pour des raisons patrimoniales, qui devrait être retiré prochainement.

    On pourrait parler d’une véritable saga, autour de dispositifs successifs anti-sans abri, installés sur la Porte d’Anderlecht, à Bruxelles-Ville. Tout commence avec un système d’arrosage automatique, installé en 2017 par la Ville : l’objectif annoncé était alors d’arroser les plantes installées sans intervention humaine… mais le dispositif a rapidement été considéré comme destiné à faire fuire les sans-abris, qui s’installaient parfois sous le porche de l’entrée du musée.

    Quelques jours plus tard, notamment suite à une action de deux associations, le dispositif fût désinstallé. Les autorités ont d’ailleurs reconnu que le dispositif avait été installé pour faire fuire les personnes sans abri. Mais deux ans plus tard, fin 2019, un autre dispositif est placé au même endroit : il s’agit, cette fois-ci, des parois en PVC, entourant les porches de ces anciens pavillons de l’octroi. Là encore, impossible pour les personnes sans-abri de s’installer sous les arcades.
    Une installation sans permis d’urbanisme

    Ce dispositif vient d’être considéré comme illégal par la Région bruxelloise, indique ce dimanche la RTBF. Ainsi, le secrétaire d’Etat bruxellois au Patrimoine, Pascal Smet (one.brussels), évoque, dans une réponse à une question écrite formulée par la députée régionale Farida Tahar (Ecolo), que ces plexiglas ont été installés sur des bâtiments classés, sans permis d’urbanisme. “L’installation est illégale, sur un bien classé. Contact a donc été pris pour remédier à la situation“, explique-t-il.

    Si une telle demande a été introduite par la Ville depuis, et est aujourd’hui en attente de l’avis de la Commission royale des Monuments et Sites, “cela ne fait pas beaucoup de doutes, ce n’est pas une bonne solution, et nous n’allons pas autoriser ce dispositif. Nous allons demander son retrait à l’issue de la procédure de permis d’urbanisme“, ajoute le secrétaire d’Etat dans sa réponse à cette question parlementaire.

    Source : https://bx1.be/categories/news/bruxelles-ville-les-plexiglas-anti-sdf-de-la-porte-danderlecht-declares-illegaux/?theme=classic

    #sdf #sans-abris #pauvreté #sans-abri #Bruxelles #Belgique #sans_domicile_fixe #espace_public #guerre_aux_pauvres

  • Le bon les brutes et l ISF part 1 nada Info

    https://www.youtube.com/watch?v=ctWZqy-IVO8

    Les chiens de gardes ne mordent jamais la main qui les nourris !

    Réinstaurer l’impôt de solidarité sur la fortune comme le réclament les gilets jaunes ?
    Ce serait un mauvais signal populiste et improductif aboient-ils … La meute est là pour veiller au grain ou plutôt au gain de leurs bons maîtres.

    En route pour 2 épisodes en mode nouveaux western, cowboys-journalistes versus indiens-gilets jaunes .

    Pour plus d’infos et d’autres vidéos : http://nada-info.fr

    #ISF #information #en_vedette #chiens_de_garde #médias #fiscalité #gouvernement_macron #france #actualités_françaises #inégalités #réformes_antisociales #impôt #impôts #guerre_aux_pauvres #riches #économie #chiens_de_gardes #nada_info

    • Vous étiez sans nouvelles depuis plusieurs mois et vous aviez peut-être constaté que Nada-Info avait disparu de la toile. Notre site se remet doucement en place avec deux nouveaux épandages car nous n’avons pas abandonné les armes, loin de là. Mais le manque crucial de moyens, nous a détourné un moment de la plate-forme que nous avions créée en 2013 après le succès du documentaire "Les Nouveaux chiens de garde".

      Pas besoin de périphrases compliquées pour constater que le monde des médias ne s’est pas amélioré ces cinq dernières années (ni le reste du monde non plus !!). Les derniers événements sociaux ont démontré plus que jamais leur vassalisation à leurs maîtres milliardaires et au pouvoir en place.

      Cela nous donne d’autant plus envie de nous battre, de repartir au combat, mais dans un cadre différent.
      Le bilan des cinq années écoulées démontre que l’association Nada-Info n’est pas l’outil adapté pour produire des documentaires long métrages qui entraîne des budgets élevés. Nada-Info n’a pas une structure financière suffisante.
      La réalisation par exemple de « Nous avons des armes » nécessitait un budget important (au moins 60 000 euros). Les 10 320 euros obtenus par 534 contributeurs n’ont pas permis de faire ce film.

      Quelques membres de Nada-Info en association avec des proches ont décidé de se donner les moyens pour produire des documentaires cinémas et ont constitué une société de production indépendante, Héméré Production. Seule une entreprise peut prétendre avoir accès aux multiples aides (CNC par exemple) qui jalonnent le cinéma français. Héméré Production a notamment dans ses cartons un projet de documentaire du réalisateur Gilles Balbastre, « Ceux qui tiennent la laisse », dans la droite ligne des Nouveaux chiens de garde ou du projet de Nada-Info, Nous avons des armes.
      Nous avons décidé d’aider financièrement ce projet et de consacrer la somme destinée à « Nous avons des armes » au projet de Gilles Balbastre : « Ceux qui tiennent la laisse ».

      Le reste de la somme sera consacrée à relancer la plate-forme Nada-Info. Nous avons décidé en effet de réorienter l’association vers une mission d’agitateur d’idées. Le succès des Epandages médiatiques que nous avons postés régulièrement sur notre chaîne Youtube (Nada-info), nous amène à consacrer le site internet de l’association en majorité à la critique des médias, à partir d’une production de vidéos de courte à moyenne durée.

      Nous allons donc continuer cette production car elle ne nécessite pas un gros budget. Les contributions écrites ne seront pas évidemment interdites. Il faut que ce nouveau site trouve une place sur le Net, à coté d’autres sites comme celui d’Acrimed ou de Là-bas si j’y suis. L’idée est de créer une version internet du Plan B, le journal sarcastique que vous avez peut-être connu dans les années 2000. Pour permettre les activités de Nada-Info, nous relancerons des appels au soutien militant via le système déjà en place (ou prochainement) sur notre site en re-construction.

      Voilà, Nada-Info, tel un phénix, renaît de ses cendres.

      Bien à vous toutes et tous

    • Le petit doigt de Ruth Elkrief lui souffle à l’oreillette que la réforme de l’ISF était « la cuillerée d’huile de foie de morue, il faut l’absorber. C’est un mauvais moment à passer, c’est le signal au reste du monde signifié dans l’entourage présidentiel .. . »
      L’éditocrate politique « la queen de l’info » après avoir travaillé pendant quinze ans chez BFM-TV, vient de retrouver la chaîne concurrente LCI.
      « Quotidien » déroule le tapis rouge à Ruth Elkrief Sophie Eustache #Acrimed
      https://www.acrimed.org/Quotidien-deroule-le-tapis-rouge-a-Ruth-Elkrief?recherche=ruth%20ekkrief

      « Quotidien » : service communication du groupe TF1 ? Jeudi 1er avril, Yann Barthès accueillait en grande pompe sa consœur Ruth Elkrief qui, après avoir travaillé pendant quinze ans chez BFM-TV, vient de retrouver la chaîne concurrente LCI : « On l’appelle "la Queen de l’info", elle est partie brutalement de BFM sans qu’on ne comprenne vraiment pourquoi et bonne nouvelle ! Cette semaine on a appris qu’elle allait être notre collègue de bureau : elle arrive dans le groupe TF1. Voici #Ruth_Elkrief ! », annonce #Yann_Barthès.

      L’interview est l’occasion de vanter les mérites de la nouvelle recrue. « Quotidien » passe ainsi en revue le parcours de la « Queen de l’info », qui a participé au lancement de LCI en 1994 avant de rejoindre BFM-TV en 2005. Mais l’interview, ou l’entretien d’embauche, ne serait pas probant sans une mise à l’essai. Yann Barthès propose donc à Ruth Elkrief de réagir à l’allocution d’Emmanuel Macron. La journaliste se prête au jeu : « Il était indispensable qu’il se prononce, qu’il parle, car le fil était un petit peu distendu avec l’opinion et qu’il était indispensable qu’il prenne la parole. Je crois que la situation est vraiment difficile pour lui. Que les gens ne comprennent pas ce qu’il se passe. Qu’il a essayé d’expliquer. J’ai beaucoup de questions […] ». Yann Barthès est béat : « C’est là qu’on voit que vous êtes bonne, parce que je vous pose une question sur ce qu’il s’est passé hier et vous donnez une analyse juste comme ça. »

      En plus de démontrer ses talents, Ruth Elkrief profite de la tribune pour s’adonner à une ode à l’info en continu. Extrait :

      - Yann Barthès : À l’époque, vous disiez que LCI était une chaîne pour les élites…

      - Ruth Elkrief : C’est comme ça qu’on l’avait créée à l’époque, il y avait une volonté d’en faire une chaîne pour les décideurs. Aujourd’hui, c’est une chaîne qui est sur la TNT donc elle s’adresse à tout le monde, elle est regardée par beaucoup beaucoup de monde. Avec [l’élection] présidentielle, […] on va faire l’événement. Je pense que ça continue d’être l’ADN de n’importe quelle chaîne d’info, c’est faire l’événement. Sur LCI.

      - Yann Barthès : En 2022, est-ce que la Présidentielle va se passer sur les chaînes d’info ?

      - Ruth Elkrief : Elle va se passer sur les réseaux sociaux, sur Instagram, Twitch… mais on ne pourra pas se passer des chaînes d’info.

      - Yann Barthès : Les politiques ne pourront pas se passer de vous ?

      - Ruth Elkrief : Ils ne pourront pas se passer de nous car on parle au plus grand nombre. […] Une campagne présidentielle, c’est minute par minute, il peut y avoir des coups de théâtre, il peut y avoir un nouveau candidat, un événement, tout peut basculer, ça va être sur les chaînes d’info et ça va être sur LCI !

      - Yann Barthès : On sent que ça vous fait vibrer !

      Nous aussi…

      Oulala "la queen de l’info" chopait une jaunisse en décembre 2019, vite une cuillerée d’huile de foie de morue !
      https://www.youtube.com/watch?v=6s3VG3TFDOA&t=192s


      https://www.acrimed.org/Gilets-jaunes-il-y-a-un-an-Ruth-Elkrief-paniquait
      #éditocrates

    • BFM TV, CNews, LCI… Les fléaux de l’information
      https://www.monde-diplomatique.fr/podcast/2021-04-BFM-TV-CNews-LCI-fleaux-information

      Les chaînes d’information en continu ont colonisé notre imaginaire visuel et mental. Ces antennes négligent l’enquête et le reportage, mais impriment leur rythme à la vie politique.
      Entretien avec Sophie Eustache. Par Thibault Henneton & Yoko

      https://www.monde-diplomatique.fr/audio/Podcast_diplo/2021-04-Entretien_Eustache.mp3


      « CNews est une chaîne de débats, de polémiques, Pascal Praud est un show-man pas possible, mais est-ce que c’est une chaîne d’info ? Ce qui m’intéresse, c’est ce que son succès révèle… »
      L’animatrice Ruth Elkrief, qui vient de quitter BFM TV pour LCI, le 1er avril sur TMC

      https://seenthis.net/messages/909361

  • « L’entretien avec l’agent de la CAF a été une humiliation » : Les bénéficiaires du RSA dans l’enfer des contrôles
    https://justpaste.it/9ki0y

    Au fil des ans, des progrès du big data et des croisements de fichiers, les Caisses d’allocations familiales et les départements intensifient leur chasse aux fraudeurs, parfois jusqu’à l’acharnement.

    [...]

    « Tant pis si les sommes à recouvrer sont prescrites ou si les dossiers ne sont pas assez étayés… » , dénonce une ancienne agent de la CAF.

    [...]
    Sur les forums de discussion entre fonctionnaires territoriaux, les « bonnes recettes » s’échangent. « Sur le RSA, les premiers contrôles ont porté sur les travailleurs indépendants, avec demande de relevés bancaires [professionnels] et personnels. Ce créneau semble très porteur », se félicite un contrôleur des Hauts-de-Seine. « Si pas de contrat [d’engagement réciproque signé], radiation après trois mois », recommande de son côté un responsable de Tarn-et-Garonne.

    Prestations sociales : les « dérives » de la chasse à la fraude, 2017, Toubon...
    https://seenthis.net/messages/627815

    #CAF #RSA #APL #contrôles #radiations #chasse_aux_pauvres #visites_domiciliaires

    • Souvenir de mon dernier passage à la CAF : après un an de tentatives pour obtenir mes droits auprès de la CAF, l’"aide de 3 assisstantes sociales" et d’un centre obligatoire qui ne sert qu’a t’enfoncé, j’étais venu avec les texte de loi pour faire valoir mes droits, car le statut d’artiste est inconnu des agents et fort complexe. L’agente me dit sans même jeté un oeil «  la CAF n’est pas soumise à la loi, nous avons notre propre réglementation interne », je lui ai dit que la CAF n’était pas un état indépendant de la France et j’ai demandé à voire son supérieur hiérarchique, elle m’a montré du doigt une affichette qui menace de poursuite les allocataires malpolis et un vigile s’est approché. Je suis partie et j’ai lâché l’affaire. Peut etre 9 mois après un agent de la CAF m’appel au tel pour me dire que je peu bénéficié de l’aide de la CAF, sauf que depuis 21 mois que j’aurais du avoir le RSA, j’ai bien du me démerdé en taxant à droite à gauche et donc j’aurais certainement été l’objet de poursuite pour fraude vu que mes déclarations dataient de presque 2 ans, du coup j’ai dit au mec que c’etait trop tard et que je ne voulais pas de leurs emmerdes garanties à 100% et j’ai raccroché. Bref tout ca pour dire que non seulement ils chassent les fraudes en dépis du bon sens mais leurs méthodes fabriquent des fraudes qui n’existent pas à la base.

    • On voit bien dans ce que tu racontes @mad_meg comment est fabriquée un partie du #non_recours...
      On le droit de se faire accompagner (par exemple pour rappeler le texte de loi sans être menacé.e de poursuites...).
      La dernière fois que j’ai « accompagné » une allocataire lors d’une visite domiciliaire, l’examen des relevés de compte bancaire tendait à faire conclure à l’agent contrôleur que 30 balles mentionné au crédit du compte constituait un revenu non déclaré alors que c’était une somme reçue pour avoir covoituré quelqu’un... Soit dit en passant, quand même, le type a battu en retraite progressivement, nous avons trouvé après sa visite de quoi « justifier » les quelques rentrées « louches », et il n’y a pas eu d’indus ni de coupure de revenu.

      Si ce guide n’est plus tout à fait d’actualité (des choses sont à vérifier sur légifrance etc.), il est bon de le conseiller aux allocataires, demandeurs de revenus, etc.
      https://cafard93.wordpress.com/2012/04/06/organisons-nous-face-aux-controles-domiciliaires-caf

      #droit_à_l'accompagnement

    • Arf, j’avais bien cru comprendre que tu avais lâché l’affaire, @mad_meg.
      Au CAAP, on passe pas mal de temps à rappeler à la CAF qu’elle n’est pas du tout au-dessus des lois et comme nous sommes un syndicat assez hargneux, nous obtenons généralement gain de cause… L’agente, là, on aurait pu la démonter.
      Dommage, mais ça se comprend que personne n’a envie de vivre dans la peau d’un·e présumé·e coupable permanent·e.

    • Tu m’avais quand même bien conseillé @monolecte c’est comme ca que j’étais venu avec le texte de loi. Mais je pouvais pas resté 21 mois sans aucune forme de revenus et du coup ce sont des proches qui m’ont aidé le temps que je trouve mes propres moyens de subsistance, sauf que cette aide qui m’a été apporté me mettais de fait en situation de fraude vis à vis de la CAF et ca se mordait la queu.

    • Cool.
      On prépare notre AG et c’est un gros casse-tête parce qu’on est un millier + ou - à jour de cotisations, ce qui nous permet de peser contre les pouvoirs publics qui ne font pas le taff… mais met à rude épreuve le bureau que ne suffit plus à tout gérer.

      Là, on se demande si on ne devrait pas répliquer à cette infâmie et comment.

      Viendez, les AA  : https://www.helloasso.com/associations/caap/adhesions/adherer-au-caap-1

    • il semble que la diffusion sans autorisation écrite contrevienne à un article des conditions d’utilisation
      https://justpaste.it/terms

      just copy and pasteyou agree not to distribute any part of or parts of the Website or the Service, including but not limited to any Content, in any medium without JustPaste.it prior written authorisation, unless JustPaste.it makes available the means for such distribution through functionality offered by the Service;

    • Le contrôleur de la CAF est arrivé chez moi alors qu’on avait ensemble décalé le rendez-vous du contrôle de mes revenus. Il était derrière la grille à vouloir entrer et moi au téléphone avec le secrétariat de l’institut Curie à gérer un rendez-vous entre deux opérations. Il a pâlit quand il a compris, il est quand même revenu quinze jours plus tard, je sortais de la chirurgie pour entrer en radiothérapie. Je pense qu’il a eu quand même honte parce qu’il a été assez rapide à vérifier les papiers que j’avais préparé, je crois que j’ai même eu pitié de lui à le voir paniquer devant mes sourires de cancéreuse. J’ai aussi compris que j’avais été dénoncé par mes anciens proprios qui avaient la haine contre moi parce que j’avais demandé qu’ils réparent la porte défoncée de l’immeuble et le plafond qui m’était tombé dessus. Je pense que eux n’ont jamais eu aucun souci pour palper l’argent de la CAF qui aide les proprios à s’enrichir sans aucune obligation de décence du logement.
      Mais ça m’a bien retournée qu’ils osent faire ça alors que j’étais en arrêt maladie, à côté les humiliations constantes des assistantes sociales pour le suivi RSA sont devenues une rigolade.

    • Dans cet article, la CAF est tout de même responsable du suicide d’une femme …
      L’article se termine par

      Nous demandons, avec le Secours catholique, que l’État fasse confiance aux pauvres.

      nan mais tu imagines où on en est arrivé ?

      Tu crois que sous Hitler ils l’auraient aussi écrit sans sourciller

      Nous demandons, avec le Secours catholique, que l’État fasse confiance aux juifs.

      #guerre_aux_pauvres
      #surnuméraires
      #catholicisme

    • Avant ou après le cancer que j’ai eu (on s’en fout, mais quand même, je suis devenue un poil plus exigeante vu que je suis aux premières loges pour une fois) j’ai toujours détesté la facilité morbide à comparer un fait politique à une maladie ou un virus que ce soit ou non entre guillemets c’est médiocre, inopportun et il serait temps de corriger ce mode d’expression chaque fois qu’il se présente à la bouche d’égout.
      Utiliser ces termes comme si la politique était une affaire médicale, c’est inepte et je le reçois vraiment très mal après ce que je viens de poster ici.

    • Oui, entièrement d’accord @vraiment (avant on avait eu "le chômage, cancer de la société française", ça marche à tout coup pour brouiller les choses). Ici je n’ai pas tiqué, les «  » citant Wauquiez étant suivis de "préjugé".
      À part l’aspect sondage, l’article est plutôt intéressant pour les éléments historiques qu’il présente. Il se conclue "à gauche" : « Si l’on mesurait la part des budgets publics qui va aux pauvres et celle qui va aux privilégiés, on aurait sans doute des surprises », un "renversement de perspective, qui fait du pourfendeur de l’assistanat… un assisté qui s’ignore", sans avoir jamais pointé... la responsabilité des socialistes (emploi emploi emploi).

      #idéologie_du_travail

    • ... la commission de solidarité territoriale (CST) (...) s’occupe de l’examen des demandes de revenu de solidarité active (RSA). Ce qui sous-entend que certains bénéficiaires sont parfois radiés de ce dispositif.

      Au grand dam des membres du collectif d’autodéfense face aux contrôles de l’administration (Cafca) qui assimile la CST à un "tribunal" chargé de "juger les personnes pauvres qui touchent le RSA et ne trouvent pas d’emploi stable ou ne développent pas assez vite leur activité" et donc procède à leur #radiation.

      Ce lundi, la CST se réunissait pour examiner plusieurs dossiers. Le Cafca s’est rendu à cette réunion pour accompagner les bénéficiaires du RSA et demander des informations au conseil départemental sur ses procédures. Sachant que, depuis janvier 2020, c’est l’entreprise A.CO.R qui gère ce dispositif d’aide pour le compte de la collectivité.

      Le conseil départemental de l’Ariège va accéder à la demande d’informations de Cafca. Lequel appelle à deux rassemblements "pour s’opposer à ces charrettes vers la misère" à l’occasion des prochaines tenues de la CST. Celle-ci se réunit ce jeudi 7 janvier, à 10 h 45, à Saint-Girons, et jeudi prochain, à Pamiers, à 10 heures. Mais ces deux réunions ont été annulées en raison du contexte sanitaire. "Elles se tiendront donc par téléphone avec les personnes concernées", a précisé le conseil départemental hier après-midi.

      #droits_sociaux #guerre_aux_pauvres #luttes

  • Fraude sociale : la CAF va créer une brigade de contrôleurs « hyperspécialisés et mobiles »
    https://www.bfmtv.com/economie/fraude-sociale-la-caf-va-creer-une-brigade-de-controleurs-hyperspecialises-et

    Actuellement 700 contrôleurs sont chargés de traquer les fraudeurs grâce aux outils informatiques de datamining. Utilisés depuis 2012, ces logiciels permettent l’exploitation massive des données sur les bénéficiaires de prestations.

    99% des fraudes et erreurs détectés par les contrôles informatiques

    « Les trois quarts des contrôles aujourd’hui sont initiés de cette façon. En 2014, des fraudes ou erreurs étaient détectées dans 66% de ces contrôles, aujourd’hui c’est 99% » commente le directeur de la Cnaf .

    #CAF #contrôle #guerre_aux_pauvres

  • La #Cour_des_comptes appelle à renforcer sans tarder la lutte contre la #fraude_sociale | Public Senat
    https://www.publicsenat.fr/article/parlementaire/la-cour-des-comptes-appelle-a-renforcer-sans-tarder-la-lutte-contre-la-f

    Auditionné ce 8 septembre 2020 devant la commission des Affaires sociales du Sénat, le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, n’a pas pu livrer une estimation précise du volume des fraudes aux #prestations_sociales. En cause : le manque d’enquêtes de la part de différents organismes de #protection_sociale, la « zone grise » entre #erreurs et fraudes, ou encore le calendrier contraint de la Cour pour remettre ses conclusions.

    https://www.ccomptes.fr/system/files/2020-09/20200908-rapport-Lutte-contre-fraudes-prestations-sociales.pdf

  • Orsay : privés de manuels scolaires car leurs parents n’auraient soi-disant pas payé la cantine - Le Parisien
    https://www.leparisien.fr/essonne-91/orsay-prives-de-manuels-scolaires-car-leurs-parents-n-auraient-soi-disant

    « Ils ont appelé les enfants en formant deux groupes. Pour ceux qui étaient à droite, un membre de la direction leur a expliqué qu’il ne pouvait pas avoir les livres car leurs parents n’avaient pas réglé la cantine. »

    #éducation_à_coup_de_bâton #honte #vieille_école #vieille_France #pauvreté #surnuméraires

  • Les leçons de l’épidémie : la grande peste de Londres vue par Daniel Defoe
    https://theconversation.com/les-lecons-de-lepidemie-la-grande-peste-de-londres-vue-par-daniel-d

    Des rues désertes, des volets fermés, des portes cadenassées, des hurlements de démence qui portent dans le silence d’une ville vidée de ses habitants et ces convois de cadavres dont la puanteur se mêle aux fumigations pratiquées par les habitants pour désinfecter l’atmosphère. Nous sommes en 1665. Et l’on ne se sait à peu près rien du mal qui s’abat sur Londres.

    Une chronique quotidienne de l’épidémie
    Publié sous un pseudonyme en 1722, le Journal de l’année de la peste est à la fois une chronique, une fiction documentée (Daniel Defoe n’a que cinq ans en 1665), un récit d’édification et un avertissement lancé aux autorités londoniennes. En 1720, la peste débarquait en Provence et prélevait en quelques mois la moitié de la population de Marseille. Quelques années auparavant, en 1712, elle avait déjà fauché des milliers de vies dans les ports polonais, suédois et dans les villes des principautés allemandes. Defoe s’y intéresse de près, accumule les témoignages (notamment la Loïmologia de Hodges), publie des articles et un opuscule, Préparatifs convenables pour la peste. Peine perdue pour ce génial polygraphe, la calamité n’atteindra finalement jamais Londres.

    Longtemps dénigré pour sa faible valeur documentaire (tout y serait exagération) et littéraire (un style maladroit et redondant), le Journal de l’année de la peste est pourtant un texte mûrement pensé, fruit de plusieurs tentatives d’écriture dans des formats et des styles différents. Camus, qui s’en inspira, ne s’y était pas trompé. Jean Delumeau en fit une source essentielle pour penser L’histoire de la peur en Occident (1978).

    #peste #pandémie #guerre_aux_pauvres

  • « Virage social » : Brigitte Klinkert, la ministre de l’Insertion qui voulait conditionner le RSA à du bénévolat
    https://www.marianne.net/societe/virage-social-brigitte-klinkert-la-ministre-de-l-insertion-qui-voulait-con

    La nouvelle ministre de l’Insertion, Brigitte Klinkert, s’est distinguée en tant que présidente du conseil départemental du Haut-Rhin en instaurant …

    • Un homme de 34 ans est mort mercredi soir à Béziers, juste après avoir été arrêté. Il avait été interpellé dans le centre-ville vers 22h30, notamment pour non-respect du confinement.

      Selon le communiqué du procureur de la République, trois policiers municipaux l’ont contrôlé alors que Béziers fait l’objet d’un couvre-feu à compter de 21 heures ordonné par le préfet de l’Hérault dans le cadre la lutte contre la pandémie de coronavirus. Selon leur témoignage, le trentenaire a alors eu « un comportement agressif » et ils ont décidé de l’interpeller.

      Le maîtrisant difficilement, les policiers ont raconté avoir eu des difficultés à le menotter et l’un d’eux s’est assis sur lui dans le véhicule pour « le maintenir sur le ventre » le temps du transport jusqu’au commissariat tout proche.

      Père de trois enfants

      Mais l’homme était inconscient à l’arrivée. Malgré l’intervention des pompiers pour tenter de le ranimer, il est décédé vers 23h30.

      Le trentenaire était connu de la police. Le parquet de Béziers a ouvert une enquête pour homicide involontaire et l’a confiée aux policiers de la sûreté départementale de Montpellier.

      Une autopsie et des analyses toxicologiques doivent être réalisées vendredi.

      La victime, sans emploi, était père de trois jeunes enfants à la garde de leur mère dont il était séparé. Il avait été condamné à huit reprises depuis 2005, en particulier pour des violences et des vols. Sa dernière condamnation remontait à la veille de son décès, le 7 avril. « Il avait été présenté au parquet de Béziers à l’issue d’une garde à vue pour avoir volé de l’argent dans les mains d’une personne à la sortie d’un distributeur automatique de billets » signale le communiqué du procureur. Il avait été condamné à six mois d’emprisonnement ferme, mais « sans mandat de dépôt, dans le cadre d’une comparution avec reconnaissance préalable de culpabilité ». Il avait alors déclaré vivre actuellement chez sa sœur à Béziers.

    • https://seenthis.net/messages/840942
      Pascale Viktory pour France bleu Hérault :
      https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/confinement-un-homme-decede-a-son-arrivee-au-commissariat-de-beziers-1586

      Selon le procureur de Béziers, "les policiers municipaux entendus dans la nuit en audition libre ont expliqué avoir eu des difficultés à le menotter puis à le faire entrer à l’arrière de leur véhicule en le maintenant sur le ventre. Un policier municipal se serait alors assis sur les fesses de l’individu encore très excité dans le but de le maintenir jusqu’à sa conduite au commissariat de police à quelques centaines de mètres du lieu d’interpellation. Il se serait calmé au cours du bref transport, les trois policiers affirmant l’avoir entendu « ronfler », leur laissant penser qu’il s’était endormi."

      c’est bien connu, quoi de mieux qu’un car de police pour faire un p’tit roupillon, avec les menottes dans le dos et un lardu sur les endosses.

  • A NOS CORPS DEFENDANTS - 2020 - 90 min - FR / ENG

    https://www.youtube.com/watch?v=zrHcc_rPacE

    Désarmons les
    –------------
    Durée : 90 min

    Année : 2019

    Réalisation : IanB

    Synopsis

    Ce film ne raconte pas une histoire. Il se veut une approche sensible et radicale des violences psychologiques et physiques infligées aux habitant·es des quartiers populaires par la police. Les récits prennent place dans la France des vingt dernières années, celle de l’après Sarkozy, et sont rapportés par les premier·e·s concerné·e·s : pas de sociologue, pas d’historien, pas de journalistes ni de storytelling. Juste la parole de celles et ceux qu’on voudrait voir silencieux·ses : Wassil Kraiker et ses parents Zohra et Abdelaziz, des jeunes d’Argenteuil, Amine Mansouri et son père Moustapha, Ali Alexis et son épouse, Ramata Dieng et Farid El Yamni…

    On y aborde la question de la domination, ou comment l’Etat traite les corps étrangers pour mieux les contrôler. Il est question de racisme, de torture et d’un combat vital pour la vérité. Les protagonistes de ce film n’avaient pas choisi de devenir un jour visibles, mais les violences systémiques en ont fait des combattant·e·s, à leurs corps défendants.

    Sur le réalisateur

    IanB est membre fondateur d’un collectif qui existe et se bat depuis 2012 contre les violences d’Etat, Désarmons-les ! Ce film, il l’a pensé à la fois comme une manière de clore un chapitre dans son combat personnel, une déclaration de guerre et un message sans concession à l’attention de celles et ceux qui oseraient encore nier le caractère systémique des violences policières.
    Contacts :

    Mail : ianb@riseup.net

    Twitter : @ianb_desarmons

    Site internet : https://volte-face.info/film-a-nos-corps-defendants

  • #Coronavirus : quelles raisons pour la mortalité « exceptionnelle » en Seine-Saint-Denis ?
    https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/coronavirus-quelles-raisons-pour-la-mortalite-exceptionnelle-en-seine-saint-deni

    « En Seine-Saint-Denis, il y a plus de morts car il y a plus de contaminés, tout simplement », dit Frédéric Adnet, chef du Samu 93. Dans le département de 1,6 million d’habitants, l’un des plus denses de France, « le virus circule beaucoup plus facilement qu’ailleurs », ajoute-t-il. Et à cela, il y a des raisons démographiques mais aussi sociales.

    « Le confinement est complexe dans les territoires défavorisés comme le nôtre, où il y beaucoup de familles nombreuses dans des petits logements, des foyers de travailleurs migrants, des bidonvilles », explique l’urgentiste. « On sait que les maladies infectieuses touchent plus durement les plus précaires, car la transmission est plus facile, et qu’il sont plus difficiles à suivre », poursuit-il.

    Même constat du côté des médecins de « Place santé », un centre de santé associatif situé au coeur de la cité des Francs-Moisins à Saint-Denis. « L’impression que l’on a, c’est que l’épidémie va être exacerbée dans les quartiers populaires où des inégalités de santé existent déjà », dit la coordinatrice du centre, Gwenaëlle Ferré, qui dénombre « plusieurs foyers avec plusieurs cas » de coronavirus.

    #pauvres #surnuméraires #mort

  • Where America Didn’t Stay Home Even as the Virus Spread - The New York Times
    https://www.nytimes.com/interactive/2020/04/02/us/coronavirus-social-distancing.html

    In areas where public officials have resisted or delayed stay-at-home orders, people changed their habits far less. Though travel distances in those places have fallen drastically, last week they were still typically more than three times those in areas that had imposed lockdown orders, the analysis shows.

    #cartographie #données_téléphoniques (agrégées !)

  • Raphaël Kempf
    @raphkempf
    https://twitter.com/raphkempf/status/1243956219796168706
    La loi sur l’état d’urgence sanitaire a été publiée mardi. Depuis, il y a eu l’ordonnance sur la procédure pénale (au JO de jeudi) et la circulaire du ministère de la @justice_gouv
    (publiée vendredi au BO).

    Je n’imaginais pas que ce serait aussi grave.

    Ces textes sont d’une violence inouïe.

    Pour la détention provisoire : suppression des droits de la défense, de la publicité des audiences et du contradictoire.

    L’idée est claire : garder les détenus en prison pendant l’état d’urgence. NE PAS LES LIBÉRER.

    Pourtant, les experts, autorités médicales et scientifiques, disent qu’il faut désengorger les prisons.

    Michelle Bachelet @UNHumanRights
    a exhorté les gouvernements à travailler rapidement pour réduire le nombre de personnes en détention.

    https://ohchr.org/FR/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=25745&LangID=F

    Rien n’est prévu pour faciliter la libération des prisonniers en détention provisoire PRÉSUMÉS INNOCENTS dans l’attente de leur procès ou de la fin d’une information judiciaire.

    La loi dit pourtant qu’en principe, ces personnes doivent être libres.

    https://legifrance.gouv.fr/affichCode.do;jsessionid=CAD7ABB1C3B81D02B45A3003E59537E6.tplgfr44s_

    Aujourd’hui, près d’un tiers des prisonniers en France sont présumés innocents et en détention provisoire.

    https://liberation.fr/debats/2016/08/31/stop-au-tout-carceral_1475776

  • Attestation en règle pour faire ses courses de la semaine, contrôle du sac à la sortie du supermarché par la police, 360 € d’amende pour 2 paquets de gâteaux jugés ne pas être de première nécessité.

    Je sais maintenant pourquoi j’avais cette peur sourde au ventre en allant faire les courses hier. Mes proches se demandaient si je vrillais pas parano.

    Non.

    Peut être que je sens un peu en avance certains trucs... et c’est souvent perturbant ou lourd à porter. (Thread)

    https://twitter.com/isAshPsy/status/1242556982042791942?s=20

  • Que va-t-il advenir des personnes sans-abri durant l’épidémie ? - Libération
    https://www.liberation.fr/checknews/2020/03/18/que-va-t-il-advenir-des-personnes-sans-abri-durant-l-epidemie_1782022

    Pour le directeur de la fédération des acteurs de la solidarité Florent Gueguen, outre les personnels et les places, ce sont aussi les matériels qui font défaut. Et notamment les masques de protection, pour les malades comme pour les personnels – « difficile d’inciter les gens à aider quand on ne peut pas les protéger », remarque-t-il. Même commentaire chez Emmaüs Solidarités.

    Marché 2h tôt ce matin, vu plusieurs tentes de sans abris, deviné des gens dormant sur les bancs dans des sacs de couchage, certains dans des immondices et des squats crasseux. Toutes les personnes que je croise sur la grande digue de la Garonne qui mène à Blagnac et qui font du sport tiennent leurs distances, évitent mon regard, l’angoisse est là. Alors tu peux imaginer qu’aucun·e ne peut s’arrêter pour aider, pensera à offrir un café, une soupe si on ne leur donne pas les moyens de se protéger. C’est déjà super dur en temps normal, là, ça fait pleurer de savoir que les maraudes se sont arrêtées faute de masques.

    #sdf #sans #abandon

  • #Nantes sur fond de #guerre_aux_pauvres qui roulent avec des vieilles #bagnoles

    Nantes. Une nouvelle opération contre la « mécanique sauvage », à Bellevue cette fois

    Six véhicules, destinés à cette pratique interdite, ont été enlevés par la police ce mercredi 11

    Ce mercredi 11 mars au matin, la police a procédé à une nouvelle opération de lutte contre la « mécanique sauvage », dans le quartier Bellevue, à Nantes. Les fonctionnaires ont procédé à l’enlèvement de six véhicules : quatre rue du Rhône, un rue du Doubs et un rue de l’Isère. Ils ont aussi dialogué longuement avec deux riverains pour leur expliquer pourquoi cette pratique n’était pas autorisée.

    Les voitures enlevées étaient là pour subir des vidanges ou des petites réparations, réalisées directement sur la voie publique.
    À la Bottière il y a un mois

    Il y a tout juste un mois, le 11 février, une opération similaire avait été menée à la Bottière, à l’est de Nantes.

    Les autorités précisaient alors que cette « mécanique sauvage » présentait des risques pour l’environnement, avec des déversements incontrôlés de substances nocives comme des lubrifiants, de l’huile ou du liquide de refroidissement, des dépôts sauvages de déchets relatifs à ces réparations et occasionne aussi des nuisances sonores pour les riverains en lien avec les bruits de mécanique.

    Cette activité peut en revanche être pratiquée légalement à l’intérieur d’une propriété privée.

    #mécanique_sauvage

    Source : « Fouette-Rance »

  • La #fondation_Abbé-Pierre met en lumière les pires dispositifs anti-#SDF lors de sa cérémonie des « Pics d’Or »
    https://www.banquedesterritoires.fr/les-pires-dispositifs-anti-sdf-recompenses-par-la-fondation-abb

    Pics, barreaux, grilles, rochers sous les porches et sous les ponts ou encore arrêtés anti-mendicité : les pires dispositifs anti-SDF ont été ironiquement « récompensés » lundi 2 mars 2020 au soir par la fondation Abbé-Pierre, lors de la deuxième cérémonie des #Pics_d'Or.

    #mobilier_urbain

  • Reine des neiges : TF1 fact-checke les loisirs des prolos... - Par Sherlock Com’ | Arrêt sur images
    https://www.arretsurimages.net/chroniques/plateau-tele/reine-des-neiges-tf1-fact-checke-les-loisirs-des-prolos
    https://api.arretsurimages.net/api/public/media/vlcsnap-2020-02-15-17h55m35s702/action/show?format=thumbnail&t=2020-02-15T17:56:07+01:00

    Comme lorsque la télé scrute le portefeuille des Français qui vivent "“à l’euro près”" (souvenez-vous de cette chronique), les loisirs des “mauvais pauvres” doivent trouver une raison autre que la simple possibilité de se distraire ou de se faire plaisir.

    En pénétrant cette intimité, en multipliant les scènes d’introspection et d’auto-justification, la caméra donne aux téléspectateurs les éléments pour juger du bien fondé de cette dépense, du bien fondé de cette passion bizarroïde. Et du coup, que s’est-il passé sur les réseaux sociaux d’après vous...

    Tout justifier, tout le temps. C’est le sort réservé par TF1 à ces classes populaires qui osent avoir des loisirs. Car il ne viendrait pas à l’idée de ces journalistes d’interroger les plus riches sur les motivations de leurs loisirs hors norme. Au hasard, prenons le sujet de "Sept à huit" de juin 2019, intitulé "“Luxe, yacht et volupté”" à Monaco. Un reportage ou l’on croise des bateaux loués 330 000 euros la semaine, avec "“option sous-marin à 50 000 euros”" pour "“boire une coupe de champagne en observant les poissons”".

    A aucun moment la voix off ne s’interroge sur les ressorts psychologiques d’une telle démesure, ni sur les motivations de cette famille qui navigue de temps de temps sur ce bateau de 2 millions d’euros…

    #télévision #mépris_de_classe #loisirs #Disneyland #guerre_aux_pauvres