[C&F] Ce que le confinement nous dit de l’éducation
Bonjour,
Omicron est partout, on ne parle plus que de lui. Mais face à l’épidémie, les stratégies ont changées. On ne veut plus confiner tout le monde comme en 2020, mais pour autant les protocoles ne sont pas clairs et souvent impraticables. Les mesures d’hygiène élémentaires manquent de moyens (masques, tests, capteurs de CO2, ouverture protégée des fenêtres,...). Les enseignants et les enseignantes, mais également les autres personnels de l’Éducation nationale, qui sont trop souvent oubliés dans les débats sur l’école, se mobilisent pour que l’école, le lieu dans lequel s’exerce l’enseignement, soit le plus sûr possible. La sécurité dans l’enceinte scolaire concerne évidemment aujourd’hui la santé, mais il nous faut aussi penser à la protection morale des enfants et des jeunes (contre le cyberharcèlement, notamment).
Tirer le bilan de l’expérience
Pour autant, il existe de nombreuses leçons que l’on peut tirer de la période de plein confinement de 2020. Quand l’École (avec une majuscule pour représenter la fonction d’éducation, l’institution) se retrouve sans école (le lieu d’exercice de l’éducation) que se passe-t-il ? Que découvre-ton qui était masqué ? Comment les élèves peuvent-ils traverser cette période qui ne correspond pas à des vacances, et qui pourtant les empêche de côtoyer leurs camarades et les oblige à suivre un enseignement impersonnel, derrière un écran ?
C’est à ce travail de bilan que nous avons convié plusieurs auteurs et autrices, afin que cette « expérience Covid » serve à nous éclairer sur ce qui se transmet réellement dans l’école. D’ou le parti-pris de donner la parole aux « autres » personnels de l’éducation (conseillers d’éducation, psychologues, documentalistes). Et celui de mesurer le sous-investissement de l’Éducation nationale dans l’informatique pédagogique, qui est le corollaire de la volonté de livrer les « édutechs » aux entreprises privées.
_L’École sans école. Ce que le confinement nous dit de l’éducation
Ouvrage collectif : Stéphane Bortzmeyer, Gilles Braun, Éric Bruillard, Goundo Diawara, Olivier Ertzscheid, Camille Fée, Pierre-Yves Gosset, Hélène Mulot, Hélène Paumier, Serge Pouts-Lajus, Delphine Riccio, Élisabeth Schneider, Céline Thiery, Stéphanie de Vanssay, et les élèves Lola, Ilyès & Shana.
15 x 21 cm. - 208 p.
Collection Éducations
ISBN 978-2-37662-025-9 - 20 €
▻https://cfeditions.com/sans-ecole_
L’ouvrage L’École sans école est le premier d’une nouvelle collection intitulée Éducations qui sera consacrée aux questions scolaires en relation avec le numérique, l’éducation aux médias et à l’information ou les communs. Une collection à suivre.
Ils en parlent
AEFInfo - Dépêche n°664122 – décembre 2021
#coronavirus"L’École sans école, ce que le confinement nous dit de l’éducation" : un ouvrage collectif livre une analyse de terrain.
Extrait :
"Les articles réunis dans ce livre se veulent des constats, des comptes rendus vivants de cette expérience Covid", prévient l’éditeur C&F en présentation de l’ouvrage collectif. "On a eu beau se faire les gorges chaudes de la ’continuité pédagogique’, c’est avant tout de l’isolement physique et relationnel qu’ont souffert les enfants et les adolescents. Et cela plus encore dans les familles dysfonctionnelles, dans les zones blanches de la connexion, dans les familles dont les parents ne pouvaient assurer la prise en charge pédagogique." [...]
L’ouvrage expose des exemples de pratiques pédagogiques de terrain pendant le confinement, de problématiques posées aux acteurs de l’École, qu’il s’agisse des enseignants, des familles, des collectivités, des services de l’Éducation nationale. Les auteurs apportent des témoignages sur les nouvelles pratiques pédagogiques et approches interdisciplinaires, livrent leurs vécus d’enseignants confrontés à la réalité du confinement et la manière dont ils se sont mobilisés pour assurer une "continuité éducative". [...]
"Les semaines de confinement ont agi comme un véritable révélateur des conditions de scolarité et de vie des élèves et des inégalités qui leur sont inhérentes", remarque ainsi Goundo Diawara, porte-parole du syndicat de parents de quartiers populaires "Front de mères". En REP, le confinement a été vécu comme un "cumul des obstacles". Selon elle, "outre l’impréparation des institutions" la pandémie a mis en évidence "la casse méthodique et la réduction des moyens alloués aux différents services publics".
"L’annonce de la fermeture des établissements scolaires a sonné comme un cataclysme car, en tant que personnels d’enseignement et d’éducation, nous savions que nous n’étions pas prêts", témoigne ainsi Goundo Diawara. Elle ajoute : "malgré la communication ministérielle affirmant que c’était le cas, nous ne savions pas selon quelles modalités techniques et pédagogiques nous allions pouvoir assurer l’enseignement à distance".
Après la crise : L’école sans l’école ?
Par Bruno Devauchelle
Le Café pédagogique, novembre 2021.
Extraits :
Dès le premier propos de l’éditeur, il est écrit : " Notre société est plongée dans l’écosystème numérique qui est devenu dominant. Elle est également appelée à faire face à de nombreuses crises sanitaires ou climatiques, pour lesquelles les compétences et les comportements ouverts, développant l’empathie, l’échange, le soutien mutuel se révèlent fondamentaux.". Il fixe ainsi le cap de cet ouvrage qui va constamment osciller au coeur de ce triangle problématique : crise, numérique, humain, au coeur de nos sociétés contemporaines. [...]
Gilles Braun, inspecteur général honoraire de l’éducation, du sport et de la recherche, qui jadis fut aussi responsable des ressources numériques au sein de la sous-direction des TIC au ministère de l’éducation, puis délégué à la protection des données, propose lui un texte "d’équilibre". En effet situé au centre de l’ouvrage cet article pose la question de la forme scolaire et rassemble en quelque sorte l’ensemble des questionnements sous-jacents à l’ensemble des articles du livre. On peut d’ailleurs le lire dans cette question "la classe sera-t-elle renversée avant d’avoir été inversée ?" qui, tout en reprenant une thématique actuelle en pédagogie, la transpose à une échelle plus large, celle qui est posée depuis longtemps au système scolaire : peut-on transformer l’école, autrement qu’en refaisant plus d’école ? […]
Éric Bruillard ("L’École buissonnière confinée") aborde par le prisme du buissonage la question du vécu du confinement. [...] "L’école buissonnière ne serait-elle pas un modèle qui pourrait aider à repenser l’école tout court ? Ne pourrait-on pas sortir d’une dichotomie trop simple entre une école formelle et fermée et une école de la nature ouverte mais hors du monde ?". Il rejoint en cela l’interrogation posée par Gilles Braun. [...]
Car si, comme l’éditeur le précise au début, il faut aller d’abord chercher l’humain, la lecture de tous les articles révèle en fait que c’est le numérique, sous toutes ses formes, qui est désormais une pandémie d’un autre genre. Quant à l’école, ou plutôt l’École, elle montre ses limites au travers de ces témoignages. Elle montre aussi ses non-dits, ses invisibilités que la situation de crise a mis au jour. Elle montre surtout qu’elle est d’abord celle des acteurs du quotidien, qu’ils soient enseignants ou personnels de cantine, personnels éducatifs, personnels d’entretien... Bref une école qui est d’abord un lieu d’humanité et d’humanisation qui n’en a pas suffisamment conscience. Et le témoignage des trois jeunes élèves invités contribue à le rappeler.