• Peine de mort pour les djihadistes : l’exécutif devant ses contradictions
    https://www.mediapart.fr/journal/france/040619/peine-de-mort-pour-les-djihadistes-l-executif-devant-ses-contradictions

    En remettant le sort des djihadistes français entre les mains de la justice irakienne, Paris a pris le risque de voir certains de ses ressortissants être exécutés, au mépris de ses principes fondamentaux. Emmanuel Macron écrivait pourtant en 2016 qu’« un pays n’a jamais surmonté une épreuve décisive en reniant les lois qui le fondent ni leur esprit ».

    #Analyse #Jean-Yves_Le_Drian,_Emmanuel_Macron,_terrorisme,_peine_de_mort,_djihadistes,_exécutif,_droits_fondamenatux,_Etat_islamique,_A_la_Une

  • En Suisse, une initiative veut taxer davantage le capital que le travail
    https://www.mediapart.fr/journal/international/310519/en-suisse-une-initiative-veut-taxer-davantage-le-capital-que-le-travail

    Une initiative populaire des Jeunes socialistes suisses propose de taxer les revenus du capital à hauteur minimale de 150% par rapport au travail. Une votation et un débat auront lieu sur le sujet, alors que la question de la pauvreté se pose de plus en plus dans la Confédération.

    #Analyse #Impôts,_Travail,_inégalités,_Capital,_Suisse

  • Monde arabe : des révolutions qui se suivent et ne se ressemblent pas
    https://www.mediapart.fr/journal/international/310519/monde-arabe-des-revolutions-qui-se-suivent-et-ne-se-ressemblent-pas

    Les actuels soulèvements populaires en Algérie et au Soudan sont l’occasion de revisiter les six révolutions, en Tunisie, en Égypte, en Libye, au Yémen, à Bahreïn et en Syrie, qui ont bouleversé le monde arabe à partir de 2011. Et de comprendre ce qui les rapproche et les distingue.

    #Analyse #Egypte,_Bahreïn,_Tunisie,_libye,_Syrie,_Yémen,_Algérie,_Soudan

  • Projet de loi Notre-Dame : un hochet pour la vanité présidentielle
    https://www.mediapart.fr/journal/france/250519/projet-de-loi-notre-dame-un-hochet-pour-la-vanite-presidentielle

    Le projet de loi d’urgence pour la reconstruction de Notre-Dame de Paris arrive devant le Sénat après avoir été adopté à l’Assemblée nationale en première lecture. La cohérence d’ensemble de ce texte le fait apparaître surtout comme un tremplin pour la vanité du chef de l’État, au détriment de toutes les règles et de toutes les prudences. Explications.

    #Analyse #Culture,_Emmanuel_Macron,_patrimoine,_Architecture,_Notre-Dame_de_Paris,_A_la_Une

  • Assange inculpé pour espionnage, danger majeur pour la liberté d’informer
    https://www.mediapart.fr/journal/international/240519/assange-inculpe-pour-espionnage-danger-majeur-pour-la-liberte-d-informer

    Le département de la justice américain vient de révéler 17 nouvelles charges contre Julian Assange. Le fondateur de WikiLeaks est inculpé au nom de la loi sur l’espionnage de 1917. Aux États-Unis, pays du sacro-saint premier amendement, jamais un éditeur n’avait été poursuivi pour ces motifs. Il s’agit d’une attaque en règle de l’administration Trump contre la liberté d’informer.

    #Analyse #Julian_Assange,_espionage,_WikiLeaks

  • Un procureur contre l’information, un pouvoir contre le journalisme
    https://www.mediapart.fr/journal/france/220519/un-procureur-contre-l-information-un-pouvoir-contre-le-journalisme

    Une journaliste du "Monde "est convoquée comme suspecte par la DGSI en marge de l’affaire Benalla. Cela fait suite à la tentative de perquisition de Mediapart dans le même dossier et aux auditions comme suspects de journalistes dans le dossier des armes françaises au Yémen. À chaque fois, les enquêtes sont dirigées par le même homme : le procureur Rémy Heitz.

    #Analyse #Liberté_de_la_presse,_Liberté_d’informer,_Ventes_d’armes,_Disclose,_benalla,_Ariane_Chemin,_Le_Monde,_Yémen,_Rémy_Heitz,_A_la_Une

  • Le match installé par Macron a asséché la campagne des européennes
    https://www.mediapart.fr/journal/france/220519/le-match-installe-par-macron-asseche-la-campagne-des-europeennes

    Le clivage entre « progressistes » et « nationalistes » mis en place par le président de la République a réduit la campagne des européennes à une course de petits chevaux, rythmée par les sondages. Aucune force politique n’est parvenue à en sortir. Les candidats ont fait du surplace, le débat sur l’Europe aussi.

    #Analyse #élections_européennes_2019,_Emmanuel_Macron,_europe,_union_européenne

  • BREXIT - LA FIN DE L’UNION EUROPÉENNE ? Tatiana Ventôse
    https://www.youtube.com/watch?v=SBLRkiY87XY&

    NAVIGUER DANS L A VIDÉO
    0:48 « L’APOCALYPSE » = conséquence du Brexit ou mauvaise gestion ?
    1:30 Pourquoi personne ne veut du plan de Theresa May ?
    5:58 L’erreur fatale et l’heure des choix
    9:24 Un pays sans projet pour son avenir est condamné à l’échec
    10:53 « Ça va mieux depuis le Brexit » … REALLY ?
    15:16 Les problèmes datent d’avant le Brexit
    17:08 Comment le débat s’est VRAIMENT posé
    21:09 L’Union Européenne contre les citoyens (ou le saccage et la ruine à marche forcée)
    24:58 « L’UE ou le chaos » - la propagande pour écraser la critique
    28:05 « L’identité européenne » ou la négation du réel
    31:50 Article 50 ou pas article 50 ?

    #Analyse #Tatiana_Ventôse #ue #union_européenne #brexit

  • Six mois de « gilets jaunes » : une politique économique réaffirmée
    https://www.mediapart.fr/journal/france/170519/six-mois-de-gilets-jaunes-une-politique-economique-reaffirmee

    Sur le papier, le gouvernement a beaucoup cédé aux « gilets jaunes », entre augmentation de la prime d’activité, reculs sur des mesures prises et baisse de l’impôt sur le revenu. En réalité, le cap n’a pas changé : la priorité est donnée aux réformes structurelles et non à la lutte contre les inégalités de revenus.

    #Analyse #Impôts,_gilets_jaunes,_Macron,_politique_fiscale,_réformes

  • Une politique économique réaffirmée
    https://www.mediapart.fr/journal/france/170519/une-politique-economique-reaffirmee

    Sur le papier, le gouvernement a beaucoup cédé aux « gilets jaunes », entre augmentation de la prime d’activité, reculs sur des mesures prises et baisse de l’impôt sur le revenu. En réalité, le cap n’a pas changé : la priorité est donnée aux réformes structurelles et non à la lutte contre les inégalités de revenus.

    #Analyse #Macron,_gilets_jaunes,_réformes,_Impôts,_politique_fiscale

  • John Bolton, l’homme qui pousse Trump à faire la guerre à l’Iran
    https://www.mediapart.fr/journal/international/150519/john-bolton-l-homme-qui-pousse-trump-faire-la-guerre-l-iran

    Le conseiller à la sécurité nationale fut un partisan enthousiaste de la guerre en Irak. Il réclame depuis longtemps des frappes contre l’arsenal nucléaire iranien. Le voilà qui cherche désormais à convaincre Trump de l’opportunité d’une guerre avec Téhéran.

    #Analyse #Etats-Unis,_Donald_Trump,_John_Bolton,_Iran

  • The Data Gaze. Capitalism, Power and Perception

    A significant new way of understanding contemporary capitalism is to understand the intensification and spread of data analytics. This text is about the powerful promises and visions that have led to the expansion of data analytics and data-led forms of social ordering.

    It is centrally concerned with examining the types of knowledge associated with data analytics and shows that how these analytics are envisioned is central to the emergence and prominence of data at various scales of social life. This text aims to understand the powerful role of the data analytics industry and how this industry facilitates the spread and intensification of data-led processes. As such, The Data Gaze is concerned with understanding how data-led, data-driven and data-reliant forms of capitalism pervade organisational and everyday life.

    Using a clear theoretical approach derived from #Foucault and critical data studies the text develops the concept of the #data_gaze and shows how powerful and persuasive it is. It’s an essential and subversive guide to data analytics and data capitalism.


    https://uk.sagepub.com/en-gb/eur/the-data-gaze/book257707
    #capitalisme #données #livre #analyse_de_données #connaissance
    ping @fil

  • Résultats ambigus des élections en #Thaïlande
    https://www.cetri.be/Resultats-ambigus-des-elections-en

    Le 24 mars dernier, les Thaïlandais se sont rendus aux urnes pour la première fois depuis le coup d’État de 2014. Alors qu’on attend toujours les résultats définitifs, les premiers chiffres pointent vers un pays plus polarisé que jamais. Entretien avec Pitch Pongsawat, Politologue à l’université Chulalongkorn de Bangkok, et animateur sur la chaîne d’information d’opposition « Voice TV ». CETRI : Dans quel contexte interviennent ces élections en Thaïlande ? Pitch Pongsawat : Il s’agit de la première (...)

    #Le_regard_du_CETRI

    / #Le_Sud_en_mouvement, #Le_regard_du_CETRI, #Analyses, Thaïlande, #Election

  • #Enjeux_numériques en Asie du Sud-Est
    https://www.cetri.be/Enjeux-numeriques-en-Asie-du-Sud

    En mars 2019 s’est tenue à Bangkok, en Thaïlande, une rencontre internationale de mouvements sociaux consacrée à la « justice numérique ». Une soixantaine d’activistes et universitaires, issus du monde entier, y ont participé. Entretien avec Edgardo Legaspi, Développeur de programme au sein de l’ONG Focus on the Global South . CETRI : Focus on the Global South vient de co-organiser une rencontre internationale en faveur de la « justice numérique ». En quoi cette problématique est pertinente pour l’Asie (...)

    #Le_regard_du_CETRI

    / #Le_Sud_en_mouvement, #Le_regard_du_CETRI, Enjeux numériques, #Analyses

  • Numérisation de l’agriculture : quels risques pour les paysans et populations du Sud ?
    https://www.cetri.be/Numerisation-de-l-agriculture

    En mars 2019 s’est tenue à Bangkok, en Thaïlande, une rencontre internationale de mouvements sociaux consacrée à la « justice numérique ». Une soixantaine d’activistes et universitaires, issus du monde entier, y ont participé. Entretien avec Kartini Samon, chercheuse et représentante régionale pour l’Asie de l’ONG « GRAIN ». CETRI : Comment une association d’aide aux petits agriculteurs et aux luttes paysannes dans le Sud se retrouve-t-elle à participer à une rencontre sur la « justice numérique » ? (...)

    #Le_regard_du_CETRI

    / #Enjeux_numériques, #Analyses, #Le_Sud_en_mouvement, #Le_regard_du_CETRI, Agriculture & luttes pour la (...)

    #Agriculture_&_luttes_pour_la_terre

  • Êtes-vous plutôt tourismophobe ou touristophobe ?
    https://www.cetri.be/Etes-vous-plutot-tourismophobe-ou

    « Tourismophobie », « touristophobie », les deux néologismes sont apparus ces dernières années dans la foulée d’un autre, le « surtourisme », lui-même avatar 2.0 du « #Tourisme de masse », boosté par l’explosion des minitrips low-costs et l’« airbnbisation » des centres-villes historiques. Qui est touristophobe, qui est tourismophobe aujourd’hui ? Les critiques du tourisme international publiées par le CETRI le sont-elles ? Focus sur les contours et les raisons d’une aversion… moins récente qu’il n’y paraît. « (...)

    #Le_regard_du_CETRI

    / #Le_regard_du_CETRI, #Le_Sud_en_mouvement, #Analyses, Tourisme

  • Et maintenant ? Gilets jaunes, politique et retour à l’ordre – carbure
    https://carbureblog.com/2019/03/25/et-maintenant

    (...) Depuis les annonces de décembre et le début du grand débat national de Macron, la ligne du gouvernement consiste à poser que le mouvement des #Gilets_jaunes n’a plus lieu d’être, et que ceux qui descendent encore dans la rue et occupent les ronds-points sont de simples agitateurs, voire des factieux qui veulent renverser la République. C’est une répression policière et judiciaire d’une ampleur et d’une violence sans précédent qui s’est abattue sur des populations qui ne sont pas criminalisées a priori par leur propre statut social, comme les banlieues. La répression s’est exercée sur des Français moyens, et c’est déjà une rupture notable.

    Face à cela, les Gilets jaunes ont réussi à faire vivre le mouvement, qui s’est maintenu dans sa forme interclassiste « par en bas », c’est-à-dire associant la petite classe moyenne et une forte composante prolétarienne sans être spécifiquement ouvrière, de travailleurs pauvres et précaires, de retraités, d’employés du secteur public parmi les plus mal traités, etc. Cette composition, qui n’est pas homogène mais comprend de fortes disparités locales, paraît maintenant stabilisée, mais quoi qu’il en soit, elle ne nous donnera pas la clé de la situation. Le dépassement des oppositions de classe n’est pas contenu dans ces oppositions, la contradiction n’est pas la garantie de son propre dépassement. Qualifier ce mouvement de prolétarien ou non ne nous avancera guère dans sa compréhension, pas plus que les considérations idéologico-morales sur le fait de savoir s’il est notre « ami » ou notre « ennemi ».

    Ce qui est notable, c’est que l’ensemble interclassiste qui s’est constitué depuis décembre semble désormais stabilisé, et qu’il ne paraît pas devoir s’étendre au-delà de lui-même. En particulier, les deux types d’alliances qui paraissaient au cours du mouvement les plus probables, l’alliance avec les « quartiers populaires » et celle avec les syndicats ont échoué à se faire ou ont avorté. Non pas que des racisés ou des travailleurs syndiqués n’aient pas rejoint le mouvement, mais tout se passe comme si ce mouvement produisait une extinction de la particularité sociale de ceux qui le rejoignent.

    Cet état de fait est produit par la nature interclassiste du mouvement : chaque secteur de la société est invité à se fondre dans cet ensemble populaire, à se défaire de ses appartenances politiques et sociales pour s’agréger à l’ensemble « peuple ». Pour être tous ensemble, il faut être tous pareils, et il est difficile d’appeler les syndicats à organiser une grève générale tout en leur demandant de cesser d’exister comme syndicats, et de demander aux racisés de rejoindre le mouvement pour aussitôt affirmer que le racisme se résout de lui-même dans la demande de justice sociale.

    Cette capacité intégrative a été et demeure la plus grande force du mouvement, c’est sa volonté de « faire peuple » qui constitue sa dynamique, mais on voit ici que c’est également sa limite et ce qui l’empêche de s’étendre. C’est que « le peuple » n’est pas la réalité immanente qu’il pense être, qu’il est construit de manière différente dans chaque mouvement interclassiste. Les Gilets jaunes peinent à accepter le fait qu’ils sont désormais essentiellement un mouvement des plus pauvres, de la force de travail non-intégrée, et si on persiste à parler d’une supposée composante « petits patrons », c’est comme un gage de respectabilité et d’universalité. En réalité, cette composante a empoché les primes de Macron (dans les petites entreprises familiales, une telle prime défiscalisée est une aubaine pour tout le foyer), et les commerçants ont déserté le mouvement dès avant les fêtes. La capacité intégrative des Gilets jaunes s’exerce désormais essentiellement vers le bas, c’est de ce peuple-là dont il s’agit.

    Contrairement à ce qui se passe en Algérie, où toutes les composantes de la société descendent ensemble dans la rue pour réclamer la démocratie, en ordre de bataille et selon la hiérarchisation sociale qui est la leur, c’est-à-dire sous les classes moyennes supérieures et la bourgeoisie, les Gilets jaunes forment un ensemble « populaire », au sens où l’on parle couramment de « classes populaires », et ceci est la nature de leur interclassisme. Le jeune avocat Gilet jaune François Boulo le dit : à Rouen, il a échoué à convaincre le moindre de ses collègues à le suivre sur les ronds-points. Il n’y a pas d’avocats, pas de médecins, pas de professeurs d’université parmi les Gilets jaunes. Que par ailleurs, dans les sondages, « 70% des Français » soutiennent ou pas les Gilets jaunes ne change pas grand-chose à cet état de fait. Reste à savoir quelle est la situation politique dans laquelle cet l’ensemble populaire ainsi constitué se trouve plongé.

    Le problème principal des Gilets jaunes est désormais le refus de dialogue de l’Etat. Macron a déjà reculé une fois, certes en trompe-l’œil eu égard aux mesures prises, mais il a dû subir l’humiliation d’un mea culpa et faire au moins mine de prendre en compte le mouvement. Personne n’a été dupe par ailleurs du fait que cette prise en compte soit en réalité une reprise en main, et la mise en scène du grand débat, auquel les Gilets jaunes qui en étaient la cause n’ont jamais été associés a été assez tournée en dérision. Toujours est-il qu’« ils » ont bougé, pour la première fois depuis des années, et c’est assez notable.

    Mais il semble que maintenant on en soit revenu à la gestion de crise qui a fait ses preuves depuis au moins 2010 : faire bloc et ne pas broncher. Il n’est pas certain que cette stratégie soit la plus habile, mais en réalité, on voit mal sur quoi l’exécutif pourrait raisonnablement céder sans perdre la face et surtout sans ouvrir la voie a plus de revendications encore. Céder sur l’ISF ou autre chose serait sans doute possible, moyennant quelques-uns de ces aménagements dont les technocrates ont le secret, mais alors cette victoire ne serait qu’un encouragement à continuer la lutte pour obtenir plus encore, le tabou absolu étant une augmentation significative du SMIC et des minima sociaux. La limité est clairement posée : le coût du travail n’augmentera pas en France. Nous ne sommes pas en 1968, il n’y aura pas d’accords de Grenelle, quelle que soit la puissance du mouvement, et confusément tout le monde le sait. On sait bien qu’« ils » ne lâcheront rien sur l’essentiel ni sur l’accessoire.

    Si le mouvement des Gilets jaunes a échoué pour l’heure à s’étendre au-delà de lui-même en intégrant d’autres secteurs susceptibles d’entrer en lutte, c’est au niveau politique qu’est susceptible de se construire le consensus le plus large en son sein. Ce niveau de l’idéologie est celui où la hiérarchisation interne du mouvement peut le mieux se produire, sous la domination de la petite classe moyenne cultivée, qui vote ou qui milite et qui est en capacité de s’emparer d’éléments de discours critiques susceptibles de s’opposer de manière crédible au discours de la bourgeoisie. Il faut tout de même préciser que si ce niveau idéologique est bien réel et agit sur la forme des luttes, l’activité de lutte elle-même ne se réduit pas à la production idéologique et la déborde souvent, en même temps qu’elle la constitue.

     On a chassé à plusieurs reprises l’extrême-droite des manifestations, critiqué E. Chouard et l’UPR, mais les points de convergence gauche-droite vont bien au-delà de ces clivages, signe que le vieux clivage, en l’absence d’un mouvement ouvrier constitué, n’a plus guère de sens. La distinction entre gauche et droite aujourd’hui n’est plus qu’une affaire de distinction culturelle et sociale, qui n’a même plus pour se cliver la question du racisme, qui est devenu transversal au deux camps. On pourrait faire une cartographie croisée de l’islamophobie et de l’antisémitisme de gauche et de droite ces quinze dernières années, pour ne prendre que les deux axes essentiels du racisme en politique, observer les points de chevauchement et d’éloignement, etc., et constater que l’ensemble du champ politique est couvert. On est loin des années Mitterrand et des petites mains jaunes. De la même manière, en dehors du camp libéral, dès lors qu’il s’agit de critique sociale et de dénoncer les inégalités, tout le monde parle de plus en plus le même langage. Ce langage commun, dont des éléments peuvent se retrouver du militant d’Attac au syndicaliste en passant par l’électeur du RN ou de la FI, le complotiste qui s’informe sur Internet ou le Black bloc anarchiste parisien, constituent le socle théorique populiste qui a fait que depuis quatre mois les gens ont pu réussir à se parler dans les manifestations et sur les ronds-points sans se fâcher. Les Gilets jaunes sont moins apolitiques que transpolitiques.

    Ce discours commun repose sur toute une série d’oppositions idéologiques : opposition entre le peuple et les élites d’abord, discours qui se retrouve autant chez les Pinçon-Charlot qu’à l’extrême-droite, et qui produit, en focalisant la critique sur les plus riches, un lissage artificiel des oppositions de classe réelles, telles qu’elles existent dans la société, et qui sont loin de se ramener au schéma simpliste lui aussi, mais qui tombe en désuétude, des ouvriers contre les patrons. Car si ce mouvement est bien dirigé contre la bourgeoisie, il ne peut faire l’impasse sur le fait que celle-ci est toujours portée par les classes moyennes supérieures, qui ne soutiennent pas spécialement Macron mais qui que ce soit leur garantissant de pouvoir s’enrichir sans être matraquées fiscalement, le droit à la propriété et à la spéculation immobilière, et le droit à l’héritage qui consolide le tout et qui fait que les chiens ne font pas des chats ni les ouvriers des chirurgiens cardiaques. C’est cette classe-là qui soutient activement le régime libéral en place et qui tire de son sein même les éditocrates qui hantent les plateaux de BFM et de LCI, qui ne sont pas simplement des propagandistes à la solde du pouvoir mais bien les porte-voix d’une classe qui n’est pas celle des Bouygues et des Bolloré, mais de leurs employés.

    Cette focalisation sur les plus riches produit au sein du mouvement une égalisation comparative des situations qui confirme le droit à s’enrichir honnêtement, c’est-à-dire justifie l’aspiration des enfants de la classe moyenne à sauter dans l’ascenseur social qui leur fera rejoindre les couches supérieures de la société, où ils s’empresseront à leur tour de verrouiller leurs privilèges de classe, là où pour certains la revendication de « vivre de son travail » signifie simplement la possibilité de survivre. Le mythe de la méritocratie libérale persiste contre toute évidence, dans un monde où pour certains « travailler dur » signifie simplement ne pas se retrouver à la rue, et pour d’autres, accumuler des statuts, des rentes et des propriétés.

    Une autre opposition fondatrice du discours commun populiste est l’opposition entre la finance, la banque, la spéculation et l’économie dite réelle. Cette distinction tend à valider idéologiquement l’activité immédiate des sujets du capital, le travail et la consommation, comme production et consommation réelles de biens et de services, comme activité sociale neutre, mue uniquement par les besoins et leur satisfaction, ou dans le langage libéral par l’offre et la demande, et à y opposer l’activité parasitaire de capitaux qui ne seraient pas liés à cette activité et tendraient à l’orienter en leur sens propre. Les chaînons qui sautent dans cette description sont (entre autres) l’investissement (le capital investi n’étant jamais constitué uniquement de plus-value, mais provenant de prêts qui sont un pari sur de futurs bénéfices) et l’exploitation (ces futurs bénéfices n’étant jamais produits que par de la plus-value, c’est-à-dire du travail non payé). Le phénomène de la spéculation n’y change pas grand-chose : sans prêts bancaires, c’est-à-dire sans un capital ne provenant pas de son activité propre, aucune entreprise (ni d’ailleurs aucun Etat) ne pourrait fonctionner, uniquement sur ses bénéfices propres patiemment réinvestis. La pression des actionnaires cherchant un retour sur leur investissement n’est pas fondamentalement différente de celle du petit patron qui veut tirer un bénéfice de son activité : sans surtravail, pas de plus-value. L’existence des marchés de capitaux n’exprime que la tendance aveugle du capital à s’accumuler, ils ne sont pas un à-côté parasitaire du capitalisme. (...)

    • Euh ben non, @val_k comme c’est ni paywall ni Ration ou un autre média main stream qui encaisse à chacun de nos clics, ni un média crapule à la Valeurs actuelle ou Dieudonné, etc, je n’ai mis qu’un extrait du texte (trop long sans doute, ta remarque me conduit à ajouter (...) en début et fin d’extrait afin que ce soit plus clair). Avec y compris un échantillon de ce dogmatisme obligé (?) du courant « communisateur » ( "La pression des actionnaires cherchant un retour sur leur investissement n’est pas fondamentalement différente de celle du petit patron qui veut tirer un bénéfice de son activité" disent-ils, gâchant ainsi la nécessaire mise à distance des dénonciations de « la finance » ) qui comme toute une tradition ultra gauche fait de l’#invariance du #capitalisme une boussole.

      [EDIT : il est très nettement préférable pour suivre l’argumentation proposé par Carbure de lire le texte plutôt que l’extrait que j’ai proposé, mais] Pour ma part, je trouve plus proche d’une analyse concrète le dernier texte de Temps critiques (dont j’ai sans doute aussi donné un trop long extrait)
      https://seenthis.net/messages/769764

      #analyse #critique #communisation

    • oups... merci pour ces précisions, la navigation sur le téléphone m’a encore joué un tour et j’ai commenté avant d’aller au bout de ta publication ;) Je m’apprêtais à le publier avec le passage sur l’interclassicisme « stabilisé » et la petite flèche automatique-bien-pratique m’a indiqué ta publication ! Et merci pour les ajouts, aussi, je file voir l’autre publication ;)

  • Impasse thaïlandaise : confiscation du pouvoir et concentration des richesses
    https://www.cetri.be/Impasse-thailandaise-confiscation

    Une fois n’est pas coutume, des élections se tiennent en #Thaïlande ce dimanche 24 mars : les premières depuis le Coup d’État de mai 2014. Si ce scrutin était réclamé par une majorité, les perspectives de changement sont maigres. La junte militaire a orchestré un processus électoral fait à sa mesure et destiné à lui octroyer une légitimité aux yeux de la population et de la communauté internationale. Le général Prayut a beau avoir revêtu l’habit civil et accepté de concourir aux élections, il n’en est pas (...)

    #Le_regard_du_CETRI

    / #Le_regard_du_CETRI, #Analyses, Thaïlande, #Election, Inégalité, Homepage - Actualités à la (...)

    #Inégalité #Homepage_-_Actualités_à_la_une

  • B-Fast : l’évaluation manquée d’une intervention ratée
    https://www.cetri.be/B-Fast-l-evaluation-manquee-d-une

    L’échec de B-Fast lors du séisme au Népal, en 2015, avait suscité la polémique et soulevé nombre de questions. Le gouvernement s’était alors engagé à réaliser une évaluation. Quatre ans plus tard, la voilà enfin. Mais partielle, limitée et déconnectée des véritables enjeux. Le 4 mai 2015, l’équipe belge de sauvetage, B-Fast, rentrait du Népal, sans avoir pu apporter une aide concrète aux victimes du séisme, qui avait frappé le pays dix jours plus tôt. Parti le 26 avril au soir, l’avion n’avait pu atterrir à (...)

    #Le_regard_du_CETRI

    / #Analyses, #Le_Sud_en_mouvement, #Le_regard_du_CETRI, #Interventions_humanitaires, Homepage - Actualités à la (...)

    #Homepage_-_Actualités_à_la_une

  • Bal macabre au #Brésil : le clan Bolsonaro, l’extrême droite et les milices
    https://www.cetri.be/Bal-macabre-au-Bresil-le-clan

    Les révélations récentes de la presse brésilienne sur les liens entre le fils aîné du président Bolsonaro et l’une des plus dangereuses organisations criminelles de Rio, soupçonnée notamment de l’assassinat de la jeune conseillère progressiste Marielle Franco, le 14 mars 2018, jettent une lumière crue sur la proximité entre l’extrême droite politique et les milices urbaines qui contrôlent une partie des quartiers périphériques de la ville. Les mesures prises par l’actuel gouvernement offrent à ces groupes (...)

    #Le_regard_du_CETRI

    / #Le_Sud_en_mouvement, #Le_regard_du_CETRI, #Analyses, Brésil

    https://www.cetri.be/IMG/docx/bolsomilice-ultimerelu-1.docx

  • Élections thaïlandaises : l’illusion de la démocratie
    https://www.cetri.be/Elections-thailandaises-l-illusion

    Cinq ans après le coup d’État qui a installé la junte militaire au pouvoir et après plusieurs reports d’élections, les Thaïlandais se rendront aux urnes le 24 mars prochain. Un signal fort salué depuis l’étranger, mais sans pour autant garantir un rétablissement de la démocratie et une transformation du pays. Les enjeux sont en effet plus complexes qu’il n’y paraît… Deux événements majeurs ponctueront l’année 2019 en #Thaïlande : le scrutin législatif du printemps et le couronnement du jeune monarque Maha (...)

    #Le_regard_du_CETRI

    / #Le_regard_du_CETRI, Thaïlande, #Election, #Autoritarisme, #Homepage_-_Actualités_à_la_une, #Analyses, Le Sud en (...)

    #Le_Sud_en_mouvement

    • Nous sommes ce que nous faisons

      La seule façon de définir une révolte, qui ne dispose pas d’une théorie préalable partagée par l’ensemble de ses participants, est de s’en tenir à ses pratiques. C’est une méthode qui s’oppose à celle de tous les commentateurs extérieurs qui s’imaginent encore que la pensée consciente, c’est-à-dire individuelle, prime sur les actes. L’essence de la révolte des gilets jaunes, sans leaders et autoconvoquée à l’origine via les réseaux sociaux, réside dans l’ensemble des pratiques collectives de tous ceux qui y ont participé sans se connaître préalablement. Par leur nouveauté, leur radicalité, leur ubiquité et leur unité, elles forment déjà un discours. Elles définissent un parti pris parce qu’elles rompent avec l’ordre des choses, avec la résignation et la soumission ordinaires. Rupture en deçà de laquelle il n’y a rien que le retour inexorable du même. La critique en actes reconnaît la part d’inconnu qu’elle contient, la traduction théorique qui lui manque encore, et le possible qu’elle ne peut fermer prématurément. Une telle rencontre, basée sur l’insatisfaction, progresse à ce rythme, dans son rapport de force avec tous les pouvoirs en place et par les perspectives nouvelles qu’elle ouvre. Sa négativité est féconde.

      Fin des mouvements sociaux

      Quoi de plus scandaleux que la révolte des gueux ?

      Le tour offensif qu’a pris la contestation depuis la fin du mois de novembre constitue la nouveauté principale en France. Blocages, émeutes, destructions de péages, attaques de bâtiments publics et gouvernementaux, affrontements avec la police, agressions publiques d’élus et de journalistes : nous ne sommes pas dans un énième mouvement social aux motifs défensifs et réactifs, mais dans la forme moderne de la révolte. Ces pratiques inaugurales ne sont pas le fait de casseurs ou d’ultras, contrairement à ce que le matraquage médiatique et gouvernemental tente de faire croire, mais celui des acteurs principaux du soulèvement. En parler autrement et propager ces anathèmes consiste à trahir tous ceux qui, plus courageux que d’autres, en payent aujourd’hui le prix en prison. Le pouvoir a bien compris le danger d’un tel basculement, au point d’utiliser des moyens exceptionnels pour l’éradiquer ; on a pu vérifier à cette occasion le mensonge sur l’Etat de droit s’assumant en l’espace de quelques semaines comme un Etat autoritaire. La guerre qui s’est instaurée, siège des antagonismes fondamentaux, ne laisse place à aucune négociation, réforme ou compromis possibles. Un cap a été franchi à l’automne 2018 avec la sortie de tous les chantages, dont en premier lieu celui à la catastrophe écologique. A la différence de mobilisations antérieures, la révolte dont il est ici question contient un enjeu historique. Attaquer pour ne plus subir s’y est imposé comme une nécessité.

      L’illégalité assumée

      Il n’y a pas de révolte légale

      Durant sa phase ascendante, c’est-à-dire jusqu’au 1er décembre inclus, nul ne se souciait de la légalité des actions entreprises dans le cours de la révolte, chacun sachant bien alors que l’on ne transforme pas les conditions existantes en respectant des lois édictées pour leur conservation. Paralyser la circulation, ne pas déclarer une manifestation, y participer dans ce cas, occuper l’espace public sans autorisation, y porter un masque de chantier ou des lunettes de piscine, taper dans un bouclier de CRS, tout cela est puni par la loi. Jamais dans l’histoire ceux qui l’ont faite, aux prises avec toutes les forces organisées et unifiées de la conservation, ne se sont posé la question du respect de la loi. L’histoire n’est ni le domaine de la morale ni celui du droit, les temps d’obéissance y sont ses pages blanches. L’émeute parisienne du 1er décembre a été le point culminant de cette négativité où personne n’entendait déplorer les dégâts qu’elle causait dans les quartiers les plus riches de France. Sans ces heures d’émeute, nous n’en serions pas là. Les mesures d’exception prises en urgence pour accentuer la répression nous montrent, s’il en était besoin, qui détient l’arme de la loi et pour quel but.

      Refus des encadrements

      Ni Macron, ni Mélenchon, ni Le Pen ni personne

      La décomposition de la classe politique, du pouvoir séparé, et celle de l’encadrement syndical du défunt mouvement ouvrier, est arrivée en phase terminale. La révolte des gilets jaunes a acté cette décomposition. Le néo-monarque Macron, qui gouverne par ordonnances, n’a pas fait ce vide, il est le résultat transitoire de ce vide. Le système représentatif produit des spécialistes, des professionnels d’une comédie stérile conduisant à l’usurpation systématique du pouvoir. La plupart des pauvres n’en étaient pas dupes avant, mais une partie d’entre eux agit désormais en conséquence suivant des constats qui ne peuvent plus être occultés : l’Etat libéral dit la vérité de l’Etat, il est au seul service de la marchandise ; les syndicats ne sont qu’un rouage du pouvoir, dernier recours pour éteindre tout mouvement social conséquent ; les partis politiques, confinés à l’impuissance perpétuelle, sont périmés par une révolte qui a su si bien transcender les divisions et catégories préexistantes : leurs « logiciels » comme leurs conditions mêmes d’existence sont obsolètes.

      Refus de la représentation

      On veut pas plus de SO que de Jacline Mouraud
      (...)

      #gilets_jaunes #révolte #analyse

  • 8 mars : « Au nom des droits des femmes »
    https://www.cetri.be/8-mars-Au-nom-des-droits-des

    L’accaparement des idéaux féministes, sous des formes et à des fins diverses, est devenu un réflexe ces dernières années. Le « au nom des droits des femmes » s’est révélé un discours légitimateur particulièrement efficace au service d’objectifs non émancipateurs. Ce constat n’est pas neuf, mais on observe toutefois aujourd’hui une tendance à la hausse des usages détournés du #Genre. Le 8 mars, déclaré par les Nations-Unies, journée internationale des femmes est une illustration de cette entreprise de (...)

    #Le_regard_du_CETRI

    / #Le_regard_du_CETRI, #Analyses, #Le_Sud_en_mouvement, Genre, Homepage - Actualités à la (...)

    #Homepage_-_Actualités_à_la_une
    https://www.cetri.be/IMG/pdf/au_nom_des_droits_des_femmes-al.pdf

  • La panacée touristique... creuse les écarts
    https://www.cetri.be/La-panacee-touristique-creuse-les

    Dans une tribune au « Monde », le sociologue Bernard Duterme dénonce les méfaits du #Tourisme international, pourtant vanté chaque trimestre par l’OMT. « L’avenir radieux du tourisme international », « 2018, nouvelle année faste », « Hausse très supérieure à la croissance économique mondiale ». À chaque parution du « baromètre » trimestriel de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), un même refrain extasié s’impose, acritique, repris en chœur par monts et par vaux, comme s’il s’agissait de la chronique (...)

    #Le_regard_du_CETRI

    / #Le_regard_du_CETRI, #Le_Sud_en_mouvement, #Analyses, Tourisme, #Le_Monde, Homepage - Actualités à la (...)

    #Homepage_-_Actualités_à_la_une

  • #Haïti, le scandale du siècle (3) : le sens de la révolte
    https://www.cetri.be/Haiti-le-scandale-du-siecle-3-le

    Si la dégradation de la situation socio-économique, déjà très précaire, est le terreau des mobilisations sociales qui secouent Haïti, le scandale PetroCaribe en est le catalyseur. Il nous semble important d’offrir une analyse synthétique et vulgarisée des causes de la crise actuelle. Dans ce troisième et dernier papier, nous voulons mettre en avant la dynamique et les contours des manifestations de ces derniers mois. Lire le premier volet de ce dossier consacré à la crise haïtienne Lire le deuxième (...)

    #Le_regard_du_CETRI

    / #Le_Sud_en_mouvement, #Le_regard_du_CETRI, Haïti, #Mobilisations_populaires, #Analyses