• Miriam Makeba, une voix de lutte pour les femmes africaines

    En ce 31 juillet, Journée de la femme africaine, nous recueillons des témoignages de militantes de la MMF en Afrique sur la carrière et le combat de l’artiste

    Les femmes artistes sont présentes dans l’histoire de la résistance féministe et populaire dans le monde entier. À travers leurs voix, leurs mots et leur créativité irrévérencieuse, ces femmes abordent les histoires et la réalité des luttes des gens et des autres femmes qui les entourent.

    Le 31 juillet, Journée de la femme africaine, nous rappelons le travail des femmes artistes impliquées dans la lutte pour l’émancipation sur le continent. Par la musique de Lydia Dola, nous connaissons la langue des femmes du Kenya, du Soudan et de la Tanzanie ; à travers la poésie parlée de Linda Kouamé, nous dénonçons la violence et la marginalisation dont sont victimes les femmes Ivoiriennes ; et dans les paroles écrites de Noémia de Souza nous apprenons la résistance et la sororité noire entre les femmes du Mozambique et les peuples Noirs du monde.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/08/11/miriam-makeba-une-voix-de-lutte-pour-les-femme

    #afrique #féminisme

  • La Tunisie et la Libye trouvent un accord pour accueillir les migrants bloqués à la frontière
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/08/10/la-tunisie-et-la-libye-trouvent-un-accord-pour-accueillir-les-migrants-bloqu

    La Tunisie et la Libye trouvent un accord pour accueillir les migrants bloqués à la frontière
    Le Monde avec AFP
    La Tunisie et la Libye ont annoncé jeudi 10 août s’être entendus pour se répartir l’accueil des migrants africains subsahariens bloqués, pour certains depuis un mois, près du poste frontière de Ras Jedir, après y avoir été conduits par la police tunisienne, selon de multiples témoignages. Lors d’une rencontre entre les ministres de l’intérieur des deux pays à Tunis mercredi, « on s’est mis d’accord pour se partager les groupes de migrants présents sur la frontière », a confirmé à l’Agence france-Presse (AFP) un porte-parole du ministère tunisien. Environ trois cents migrants originaires d’Afrique subsaharienne étaient encore bloqués ces derniers jours dans des conditions très précaires sur une langue de terre au bord de la mer, dans la zone tampon de Ras Jedir, ont affirmé à l’AFP des sources humanitaires. « La Tunisie va prendre en charge un groupe de 76 hommes, 42 femmes et 8 enfants », a précisé le porte-parole tunisien, Faker Bouzghaya. C’est le ministère de l’intérieur libyen qui a le premier annoncé dans la nuit la conclusion d’un accord bilatéral « pour une solution consensuelle, afin de mettre fin à la crise des migrants irréguliers, bloqués dans la zone frontalière ». Côté tunisien, le communiqué officiel s’est borné à annoncer que le ministre tunisien Kamel Feki avait reçu son homologue libyen, Imed Trabelsi, soulignant le besoin d’une « coordination des efforts pour trouver des solutions qui tiennent compte des intérêts des deux pays ».
    L’accord prévoit que les Libyens prendront en charge le reste des migrants bloqués, de 150 à 200 personnes. « Le transfert du groupe a eu lieu hier [mercredi] dans des centres d’accueil à Tataouine et Médenine avec la participation du Croissant-Rouge » tunisien (CRT), a ajouté M. Bouzghaya.
    Dans un nouveau communiqué jeudi, le ministère libyen a annoncé qu’« il n’y avait plus aucun migrant irrégulier dans la zone frontalière » après l’accord bilatéral. « Des patrouilles sont organisées en coordination » entre les deux pays pour « sécuriser la frontière ». Jusqu’à 350 personnes ont été bloquées à Ras Jedir, parmi lesquelles 12 femmes enceintes et 65 enfants et mineurs, d’après des sources humanitaires et selon lesquelles l’essentiel des aides (nourriture, eau, soins médicaux) leur était apporté depuis le 20 juillet par le Croissant-Rouge libyen avec le soutien des agences onusiennes. Après la mort le 3 juillet d’un Tunisien lors d’une rixe avec des migrants à Sfax, épicentre de l’émigration clandestine en Tunisie, « au moins 2 000 ressortissants subsahariens » ont été « expulsés » par les forces de sécurité tunisiennes et déposés dans des zones inhospitalières aux frontières libyenne, tunisienne et algérienne, avaient rapporté plusieurs sources humanitaires à l’AFP. Le 12 juillet, le CRT a mis à l’abri, environ 630 personnes récupérées à Ras Jedir, selon des ONG. Il en a aussi pris en charge environ 200 autres, refoulées initialement vers l’Algérie. Mais les semaines suivantes, divers médias dont l’AFP ont documenté avec des témoignages de migrants, des gardes-frontières libyens et d’ONG, que plus de 350 migrants se trouvaient toujours à Ras Jedir. Des centaines d’autres migrants affluent en outre en Libye, en provenance de Tunisie, à la hauteur de Al’Assah, à 40 kilomètres au sud de Ras Jedir, errant sans nourriture ni eau jusqu’à ce que des gardes libyens viennent à leur secours, a constaté une équipe de l’AFP début août. L’ONU a dénoncé, le 1er août depuis son siège de New York, « l’expulsion de migrants de Tunisie vers la Libye », appelant à ce que « les expulsions cessent immédiatement ». Les autorités tunisiennes ont réfuté deux jours plus tard « les allégations sur des expulsions », évoquant des « imprécisions voire des contrevérités ». Depuis début juillet, « au moins 27 migrants » sont morts dans ce désert et « 73 sont portés disparus », a affirmé cette source. La Libye, qui compte sur son sol plus de 600 000 migrants, a elle été épinglée par plusieurs rapports de l’ONU sur de graves violences à leur encontre.

    #Covid-19#migration#migrant#tunisie#libye##ONU#violence#refoulement#frontiere#afriquesusaharienne#politiquemigratoire#migrationirreguliere#postcovid#crise

  • Naufrages en Méditerranée : avec plus de 2 000 morts depuis le début de l’année, le bilan de 2022 est déjà dépassé
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/08/10/naufrages-en-mediterranee-avec-plus-de-2-000-morts-depuis-le-debut-de-l-anne

    Naufrages en Méditerranée : avec plus de 2 000 morts depuis le début de l’année, le bilan de 2022 est déjà dépassé
    EN GRAPHIQUES - Le nombre de migrants morts ou disparus en mer Méditerranée recensés depuis le début de l’année 2023 est déjà supérieur aux bilans sur douze mois des quatre années précédentes.
    Par Dorian Jullien
    Samedi 5 août, deux embarcations de migrants ont fait naufrage au large de l’île de Lampedusa (Italie), en mer Méditerranée. La mort d’une femme et celle d’un enfant âgé de 2 ans ont été confirmées, et une trentaine de victimes sont portées disparues, tandis que cinquante-sept personnes ont survécu. Cette traversée tragique s’ajoute aux tentatives mortelles relayées par la presse quasi quotidiennement.
    Le centre d’accueil de Lampedusa est déjà saturé, avec environ 2 500 migrants pour 600 places, selon la Croix-Rouge italienne, en raison de l’intensification des arrivées de demandeurs d’asile. En Italie, principale porte d’entrée en Europe, le Haut Conseil des Nations unies pour les réfugiés (HCR) estime que 90 763 migrants sont arrivés entre janvier et août 2023, soit presque autant que les 105 131 enregistrés sur l’ensemble de l’année 2022. Pour le seul mois de mars 2023, l’UNHCR a décompté 13 267 entrées en Italie, contre 1 358 sur la même période de l’année précédente.
    Un bilan 2023 déjà équivalent aux quatre années précédentes
    Depuis la crise migratoire européenne de 2014-2015, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) tient un recensement des migrants morts, portés disparus et survivants au cours de leur migration. Sont comptés « les migrants morts aux frontières extérieures des Etats ou au cours du processus de migration vers une destination internationale, quel que soit leur statut juridique ». Sont exclus les morts dans les camps de réfugiés, pendant les expulsions, ceux résultant de l’exploitation du travail ou d’un retour forcé dans le pays d’origine, ainsi que les morts de personnes déplacées au sein de leur pays d’origine. Par définition, le décompte de l’OIM est donc probablement sous-évalué. Le bilan reste pourtant vertigineux : en neuf ans, plus de 27 000 personnes ont payé de leur vie leur tentative de passage vers l’Europe.
    27 364 morts et portés disparus recensés en mer Méditerranée depuis 2014
    Données collectées de différentes sources par l’Organisation internationale pour les migrations (organisation liée aux Nations unies)
    Après un pic en 2016, avec plus de 5 000 morts, le nombre de migrants morts ou portés disparus en mer Méditerranée s’est stabilisé autour de 2 000 à partir de 2018, avant de connaître une baisse en 2020 en raison de la pandémie de Covid-19. Mais, après seulement sept mois, le bilan 2023 est déjà plus lourd que ceux des quatre années passées.
    La Méditerranée centrale : cette route part des côtes d’Afrique du Nord et finit en Italie, ou à Malte dans une moindre mesure. Historiquement, c’est celle dont proviennent le plus d’arrivées, selon le HCR, mais c’est aussi la plus risquée. L’OIM chiffre à 4,78 % le taux de mortalité en 2019, soit 1 migrant sur 21 qui meurt lors d’une tentative de traversée.La Méditerranée occidentale : il s’agit de la voie entre le Maroc et l’Espagne, en traversant le détroit de Gibraltar ou en posant pied à Melilla ou Ceuta, les deux enclaves espagnoles situées sur le continent africain. Le taux de mortalité est estimé à 1,67 %. La Méditerranée orientale : c’est la route qui relie la Turquie à la Grèce, principalement. Ce passage fut la première route empruntée en 2015, après la crise syrienne : selon le HCR, 856 723 personnes sont arrivées de la Turquie en Grèce cette année-là. Cette route est désormais moins empruntée. En 2019, le taux de mortalité y était de 0,05 %, selon l’OIM. Un chiffre possiblement sous-estimé, selon l’organisation, qui reconnaît un manque d’exhaustivité des données et des biais temporels.
    La Méditerranée occidentale est la route privilégiée, aussi la plus mortelle, pour les migrants qui tentent de rallier l’Europe
    Dans près de deux tiers des cas, l’OIM n’est pas en mesure de retracer la région d’origine des personnes mortes ou portées disparues en mer. Parmi les victimes dont l’origine géographique est connue, la plus grande partie provient d’Afrique subsaharienne. Ce sont les migrants de ces pays qui sont depuis plusieurs semaines victimes de violences (délogements, violences physiques, expulsions et abandons dans le désert…) commises par les autorités tunisiennes. Plus de 6 000 migrants morts ou portés disparus en mer Méditerranée sont originaires d’Afrique subsaharienne

    #Covid-19#migrant#migration#OIM#europe#afriquesubsaharienne#HCR#mortalite#traversee#migrationirreguliere#mediterranee#routemigratoire#postcovid

  • Où va la Cedeao ? Quelques réflexions juridiques à partir du cas nigérien
    https://afriquexxi.info/Ou-va-la-Cedeao-Quelques-reflexions-juridiques-a-partir-du-cas-nigerien

    Parti pris · Les sanctions infligées au Niger après le coup d’État d’une partie de l’armée, et la menace d’une intervention militaire, interrogent sur le rôle de l’organisation régionale, qui a évolué depuis sa création en 1975, et posent la question de son avenir à court terme.

    .... Les peuples africains expriment leur exaspération d’être gouvernés par des dirigeant·es civil·es ou militaires corrompu·es et incompétent·es. Quoi qu’en dise la « communauté internationale », il n’y a pas, dans cette reconfiguration sous-régionale, de « bons » et de « méchants ». Il y a juste, derrière les mouvements sociaux qui s’expriment, des peuples qui en ont assez d’élites endogames, souvent inféodées aux agendas occidentaux, russe ou chinois, et qui aspirent à un avenir social et politique meilleur ; ce peuple-là ne demande rien d’autre que la paix, la stabilité, une redistribution adéquate des richesses nationales et la fin de l’impunité liée aux gabegies qui ne cessent de gangrener le continent africain depuis les indépendances.

    #Niger #CEDEAO #Afrique_de_l'Ouest

  • Au Niger, l’incertitude politique pèse sur la politique migratoire de l’Europe
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/08/08/au-niger-l-incertitude-politique-pese-sur-la-politique-migratoire-de-l-europ

    Au Niger, l’incertitude politique pèse sur la politique migratoire de l’Europe
    Depuis 2016, les autorités de Niamey ont aidé l’Union européenne à endiguer les flux d’arrivées de migrants subsahariens en Afrique du Nord.
    Par Frédéric Bobin
    Des migrants sur la route connectant Assamakka et Arlit, au sud de la frontière entre l’Algérie et le Niger, le 12 novembre 2022. Chaque année, l’Algérie expulse des milliers d’Africains subsahariens vers le Niger, les abandonnant à un endroit appelé Point-Zéro sur la frontière au milieu du Sahara. Le village nigérien d’Assamaka, à quelques heures de marche au sud, a été submergé par ces vagues de refoulements successifs.
    Une crise peut en cacher une autre. Derrière l’effervescence diplomatique et militaire autour du coup d’Etat à Niamey se profile un lourd enjeu pour les Européens : la question de la migration subsaharienne. Le Niger occupe en effet une place stratégique sur les routes migratoires du continent en sa qualité couloir de transit privilégié vers la Libye, plate-forme de projection – aux côtés de la Tunisie – sur l’Italie. A Rome, l’inquiétude est déjà palpable.
    Depuis le putsch ayant renversé le 26 juillet le président Mohamed Bazoum, les dirigeants italiens multiplient les mises en garde contre la tentation d’une intervention militaire à Niamey qui risque à leurs yeux d’approfondir le chaos sahélien. Evoquant le rebond de la courbe d’arrivées de migrants sur la Péninsule par la Méditerranée (87 000 sur les sept premiers mois 2023, soit plus qu’un doublement par rapport à la même période de 2022), le ministre italien des affaires étrangères Antonio Tajani a averti lundi 7 août dans le quotidien La Stampa : « Le problème de la nouvelle vague d’immigrants est déjà une réalité. Chaque jour qui passe, si aucun accord n’est trouvé, la situation risque de s’aggraver. Si une guerre éclate au Niger, ce sera une catastrophe. »
    Le Niger a pleinement pris sa place dans la stratégie de l’Union européenne (UE) de contrôle des flux au lendemain du sommet de La Valette (Malte) en novembre 2015, dominé par la crise migratoire à laquelle le Vieux Continent faisait alors face sur une échelle inédite. Sous pression de Bruxelles, les autorités de Niamey ont globalement joué le jeu, mettant en œuvre toute une série de mesures visant à freiner l’accès à sa frontière septentrionale avec la Libye. A partir de 2017, elles ciblent la ville d’Agadez, « capitale » du pays touareg, qui officiait jusque-là comme le grand carrefour des migrants se préparant à la traversée du Sahara.
    A cette fin, le grand architecte de ce plan d’endiguement, le ministre de l’intérieur de l’époque – un certain… Mohamed Bazoum – décide d’appliquer avec la plus grande sévérité une loi de 2015 réprimant le trafic illicite de migrants, jusqu’alors mollement respectée. Les ressortissants du Sénégal, de Côte d’Ivoire, du Mali ou du Nigeria font subitement l’objet de multiples tracasseries administratives – le plus souvent en contradiction avec les règles de libre-circulation prévues au sein de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) – dans leurs tentatives de rallier Agadez par bus en provenance de Niamey.
    Surtout, le gouvernement s’attaque aux réseaux de passeurs, au risque de raréfier les ressources du nord du pays. L’oasis d’Agadez, par où avaient transité en 2016 près de 333 000 migrants vers l’Algérie et la Libye, avait longtemps prospéré sur une vibrante économie migratoire. Ultime porte d’accès au désert, là où on harnache les convois de 4x4 et de camions pour l’odyssée saharienne, la ville fourmillait de prestataires de « services migratoires » – criminalisés du jour au lendemain – guidant, logeant, nourrissant, équipant et transportant les migrants. Dans les années 2010, la floraison de ces activités était venue opportunément compenser l’effondrement du tourisme, victime des rébellions touareg (1990-1997 et 2007-2009), ainsi que les aléas de l’exploitation minière régionale (uranium, or). A partir de 2017, Agadez n’était plus que l’ombre d’elle-même. Certains notables locaux se plaignaient ouvertement que l’Europe avait réussi à « imposer sa frontière méridionale à Agadez ».
    Cette soudaine répression des réseaux de passeurs a avivé les crispations locales et fragilisé le délicat équilibre politico-ethnique qui avait permis à Niamey d’apaiser les revendications irrédentistes touareg. Conscient du danger, le gouvernement a confié à Abou Tarka, le président de la Haute Autorité à la consolidation de la paix (HACP), institution qui avait joué un rôle-clé dans la stabilisation du nord touareg, le soin de superviser la reconversion professionnelle des anciens passeurs – désormais pudiquement appelés « acteurs de la migration » – à partir de financements de l’UE. Mission semée d’embûches et génératrice de frustrations, les nouveaux emplois n’étant pas aisés à trouver.
    D’où la résilience des réseaux de passeurs, toujours actifs bien que plus discrets. « Les flux de migrants ont diminué mais les réseaux contournent désormais Agadez », témoigne Amadou Moussa Zaki, magistrat et ancien procureur à Agadez. Les nouveaux itinéraires évitent également les grands axes trop contrôlés menant aux postes-frontières de Toummo (en Libye) et d’Assamakka (frontière avec l’Algérie), situés respectivement à 1 150 km et 418 km d’Agadez, pour emprunter des routes sahariennes secondaires impossibles à surveiller. Ce redéploiement des circuits explique que les chiffres de migrants parvenant à gagner l’Algérie et la Libye à partir du Niger sont repartis à la hausse : 8 800 en février 2003, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), comparé à une moyenne mensuelle de 5 400 en 2017. On reste certes loin du pic de 27 000 traversées par mois en 2016 mais le rebond est là, témoignant de la fragilité des acquis de la pression de l’UE.
    La reconfiguration des routes comporte en outre un coût humain élevé, le moindre accident à l’écart des grands axes étant susceptible de virer en tragédie. Selon l’OIM, 5 600 personnes transitant par le désert du Sahara depuis 2014 sont mortes ou disparues. L’insécurité à laquelle sont désormais soumis les migrants a récemment pris une autre dimension avec une politique d’expulsion sans état d’âme menée par les autorités d’Alger. Ces dernières ont refoulé 20 000 migrants subsahariens vers le Niger depuis le début de l’année, selon l’organisation Alarm Phone Sahara. Les turbulences actuelles à Niamey remettront-elles en cause cette nouvelle équation migratoire autour du nord du Niger ? Toute réponse est à ce stade prématurée

    #Covid19#migrant#migration#niger#UE#routemigratoire#politiquemigratoire#OIM#tunisie#algerie#afriquesubsaharienne#Alarmphonesahara#cedeao#assamakka#arlit#crise

  • En Italie, les naufrages se succèdent près de Lampedusa
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/08/07/en-italie-les-naufrages-se-succedent-pres-de-lampedusa_6184700_3210.html

    En Italie, les naufrages se succèdent près de Lampedusa
    La détérioration des conditions météorologiques contribue à une situation critique sur l’île : une trentaine de migrants sont désormais portés disparus, alors que les arrivées se multiplient.
    Par Allan Kaval(Rome, correspondant)
    A Lampedusa, le mauvais temps a apporté de nouvelles journées de détresse et de mort. Samedi 5 août, au moins une trentaine de migrants espérant rallier la petite île italienne ont disparu lors du naufrage de deux embarcations, selon les récits recueillis par les autorités auprès des survivants, au nombre de cinquante-sept. Les gardes-côtes italiens qui ont procédé à leur sauvetage, grâce à deux vedettes assistées d’hélicoptères, ont annoncé avoir trouvé parmi eux le cadavre d’une femme et celui d’un enfant de 2 ans. Les images de l’opération, publiées dimanche, témoignent des difficultés rencontrées pour secourir les naufragés, à la dérive dans deux petites barques en métal malmenées par les flots.
    La détérioration des conditions météorologiques a par ailleurs contribué à une situation critique sur l’île même. Trente-quatre naufragés, dont deux femmes enceintes, ont ainsi été bloqués pendant près de quarante-huit heures sous une falaise, dans l’ouest de Lampedusa, piégés entre une mer démontée et une paroi de pierre abrupte, sur un amas de rocher où leur embarcation avait échoué. Les vagues et les vents violents avaient empêché toute opération de sauvetage par les airs ou par la mer jusqu’à dimanche, et leur évacuation par hélicoptère, assurée par des équipes de secouristes venus le matin même de Sicile.
    Depuis vendredi, près de 2 600 migrants ont posé pied à Lampedusa, les arrivées se succédant à un rythme soutenu depuis le mois de juin. Le « hot spot » de l’île, un centre d’accueil où transitent les migrants avant d’être convoyés vers le continent, arrive à saturation, le mauvais temps n’ayant jusqu’à présent pas permis de les évacuer. Conçu pour abriter six cents personnes selon la Croix-Rouge italienne qui en assure la gestion depuis le mois de mai, il en accueille aujourd’hui près de 2 500 dans des abris d’urgence. Les survivants du naufrage meurtrier de samedi se trouvent parmi eux. « Mis à part deux personnes hospitalisées, les conditions de santé physique des rescapés s’améliorent »,explique le vice-secrétaire de la Croix-Rouge italienne, Ignazio Schintu, joint par téléphone à Lampedusa. « Nos équipes s’entretiennent à présent avec eux pour reconstituer le fil des événements et comprendre ce qui a causé ces naufrages meurtriers », ajoute-t-il. Une enquête de police a par ailleurs été ouverte à Agrigente, en Sicile. Evoquant le mauvais temps annoncé, Emmanuele Ricifarivchef de la police de la ville, cité dans la presse italienne a déclaré : « Ceux qui leur ont permis de partir, ou les ont forcés à partir, sont des fous criminels sans scrupule. » Les naufragés, les morts en mer, les disparus de ces derniers jours, sont les dernières victimes en date sur la route migratoire qui s’est développée cette année entre la région de Sfax, en Tunisie, et Lampedusa, un morceau d’Europe planté à moins de 140 kilomètres des côtes africaines.Depuis 2022 partent ainsi en plus grand nombre, des plages tunisiennes, des nuées de petites barques faites de plaques de tôle soudées, extrêmement dangereuses pour les passagers, des personnes majoritairement originaires d’Afrique subsaharienne. Avec la montée d’un discours xénophobe et raciste en Tunisie par ailleurs en proie à de graves difficultés économiques, ces flux se sont intensifiés, permettant au président tunisien, Kaïs Saïed, d’obtenir toute l’attention des autorités italiennes. La présidente du conseil italienne, Giorgia Meloni, à la tête d’un gouvernement d’extrême droite qui s’est voué à mettre fin à l’immigration irrégulière, a fait de M. Saïed son interlocuteur privilégié dans le sud de la Méditerranée, l’Italie ayant comptabilisé 92 000 arrivées sur ses côtes cette année, soit le double des chiffres de 2022 à la même période.
    Les contacts entre Rome et Tunis se sont donc multipliés, Rome ayant fait campagne pour que le Fonds monétaire international débloque des financements destinés à la Tunisie. Mme Meloni a également joué un rôle moteur dans la conclusion, le 16 juillet, d’un accord politique entre l’Union européenne et la Tunisie, conditionnant dans des termes vagues une aide économique de Bruxelles à des réformes et à une coopération plus efficace sur les migrations. La présidente du conseil a même qualifié de « modèle pour l’Afrique du Nord », le partenariat des Européens avec une Tunisie accusée de violations des droits de l’homme dans son traitement des migrants. Pour l’heure, l’accord n’a pas contribué à freiner les départs ou à éviter les morts en mer. A la comptabilité approximative et macabre des disparus et des noyés, dressée à Lampedusa en cette fin de semaine, la garde nationale tunisienne a ainsi ajouté dix nouveaux cadavres de migrants, trouvés sur les plages du nord de Sfax, entre vendredi et samedi. Ils rejoignent les 1 800 morts comptabilisés par l’Organisation internationale des Nations unies pour les migrations, en Méditerranée centrale, la route migratoire la plus meurtrière au monde, et un nombre à jamais inconnu de morts sans sépulture.

    #Covid-19#migrant#migration#afrique#tunisie#italie#lampedusa#UE#politiquemigratoire#routemigratoire#mediterranee#naufrage#traversee#morbidite#sfax#postcovid

  • Pour le Sahara Occidental, De Mistura croit à la révision de la diplomatie aux USA.
    http://www.argotheme.com/organecyberpresse/spip.php?article4493

    Il n’est pas nécessaire de sans-cesse préciser les éléments véridiques qui ne peuvent guère mêler l’Algérie au juste combat du front POLISARIO. D’abord, il y a la mitoyenneté avec le territoire envahi par la « marche verte » initiée par le royaume marocain. Le Makhzen avait déjà attaqué en 1963, lors de la guerre des sables, son voisin de l’est fraîchement libéré du colonialisme français, avec le même envahissement expansionniste... #nationale,_fait_politique,_une_et_première_page,_médias,_actualité,_pays,_france,_afrique,_maghreb

    / Maghreb, Algérie, Tunisie, Maroc, Libye, Africa, population, société , Afrique, Monde Arabe, islam, Maghreb, Proche-Orient,, #USA,_Maison_Blanche,_CIA, diplomatie, sécurité, commerce, économie (...)

    #Maghreb,Algérie,_Tunisie,_Maroc,_Libye,_Africa,_population,_société #Afrique,_Monde_Arabe,_islam,_Maghreb,_Proche-Orient, #diplomatie,_sécurité,_commerce,_économie_mondiale

  • Les Africains aux Français : du balai ! (+ autres textes)

    Dans la marche forcée du monde actuel, l’Afrique tient la corde. Même si « la France est devenue pour elle un acteur secondaire » (Achille Mbembe). Retour sur un continent toujours agité, au Sahel notamment où les putschistes tentent un coup de force. (Gilles Fumey)

    Ça cogne au Niger, après le Mali, la Guinée, le Burkina Faso. Au point que le géographe Marc-Antoine Pérouse de Montclos se demande si les putschistes n’ont pas été formés par l’opération Barkhane menée depuis 2017, et sans doute aussi par les Etats-Unis où les militaires prenaient déjà le pouvoir en 2012. Il ajoute : « Le coup de force au Niger [de cet ét 2023] démontre les limites stratégiques d’une puissance moyenne qui n’en a pas fini de purger son passé colonial ».

    Du coup, comment fabriquer une opinion en Europe qui ne soit pas en opposition avec celle des Africains qui n’en peuvent plus de la politique étrangère menée par Macron (qui compte sur le Tchad alors que le pays peut basculer d’un jour à l’autre dans l’opposition à la France) ? On peut prendre de la hauteur avec l’Atlas des Afriques qui est en kiosque en ce moment.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/08/07/les-africains-aux-francais-du-balai-autres-tex
    #international #afrique

  • Au moins 30 migrants portés disparus au large de Lampedusa, après le chavirement de deux bateaux
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/08/06/au-moins-30-migrants-portes-disparus-au-large-de-lampedusa-apres-le-chavirem

    Au moins 30 migrants portés disparus au large de Lampedusa, après le chavirement de deux bateaux
    Les bateaux étaient des petites embarcations de métal, vraisemblablement parties jeudi de Sfax, en Tunisie. Des équipes de secours tentent de mettre en sécurité une vingtaine de migrants, piégés dans une zone rocailleuse de la côte.
    Le Monde avec AFP
    Après le chavirement de deux bateaux, au large de l’île italienne de Lampedusa, environ 28 migrants – passagers de l’un des bateaux – et trois autres – du deuxième –, sont perdus en mer. Les bateaux étaient des petites embarcations de métal vraisemblablement parties jeudi de Sfax, en Tunisie. Après avoir parlé avec des survivants, les responsables de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) estiment qu’« au moins 30 personnes ont disparu », a précisé à l’Agence France-Presse l’attaché de presse, Flavio Di Giacomo. L’OIM précise que les bateaux se seraient renversés en raison des mauvaises conditions météorologiques.
    Le chef de la police d’Agrigente, Emmanuele Ricifari, chargé de l’enquête, a souligné que le mauvais temps était annoncé. « Ceux qui leur ont permis de partir, ou les ont forcés à partir, sont des fous criminels sans scrupule », a-t-il déclaré aux médias italiens. Alors que le mauvais temps persistait dimanche, des équipes de secours se préparaient à mettre en sécurité une vingtaine de migrants, piégés dans une zone rocailleuse de la côte de Lampedusa. Ces derniers se trouvent à cet endroit depuis vendredi soir, après que des vents violents ont drossé leur bateau sur les rochers.
    La Croix-Rouge leur a fourni de la nourriture, de l’eau, des vêtements et des couvertures de survie, mais les garde-côtes n’ont pu les secourir par la mer, en raison de la hauteur des vagues. Si le vent ne tombe pas, les secouristes vont les treuiller jusqu’en haut des 140 mètres de la falaise, selon des informations de presse.La route de la Méditerranée centrale au départ de l’Afrique du Nord et en direction de l’Europe est la plus meurtrière au monde. Plus de 1 800 personnes sont mortes depuis le début de l’année en tentant de l’emprunter, selon M. Di Giacomo. C’est près de 900 de plus que l’année dernière.
    « La vérité, c’est que ce chiffre est vraisemblablement plus élevé, a souligné l’attaché de presse. Beaucoup de corps sont retrouvés en mer, ce qui suggère qu’il y a beaucoup de naufrages dont nous n’entendons jamais parler. » Le nombre de corps retrouvés en mer s’est accru, en particulier sur ce qui est appelé « la route tunisienne », devenue de plus en plus dangereuse en raison des bateaux utilisés, a ajouté M. Di Giacomo.
    Les passeurs font prendre la mer aux migrants subsahariens « sur des bateaux de fer qui coûtent moins cher que les habituels bateaux en bois mais qui sont totalement inaptes à la navigation en mer, ils se brisent facilement et coulent », a-t-il expliqué. Et souvent, les migrants doivent subir en mer le vol des moteurs de leurs bateaux pour que les passeurs puissent les réutiliser.

    #Covid-19#migrant#migration#afrique#italie#mediterranee#routemigratoire#routecentrale#naufrage#traversee#mortalite#politiquemigratoire#postcovid#europe#tunisie

  • « Les putschs en Afrique de l’Ouest annoncent la fin d’un cycle qui aura duré près d’un siècle », Achille Mbembe

    (...) on n’a en effet pas suffisamment souligné, (...) à quel point l’anticolonialisme et le panafricanisme auront contribué à l’approfondissement de trois grands piliers de la conscience moderne, à savoir la démocratie, les droits humains et l’idée d’une justice universelle. Or, le néosouverainisme se situe en rupture avec ces trois éléments fondamentaux. D’abord, se réfugiant derrière le caractère supposé primordial des races, ses tenants rejettent le concept d’une communauté humaine universelle. Ils opèrent par identification d’un bouc émissaire, qu’ils érigent en ennemi absolu et contre lequel tout est permis. Ainsi, quitte à les remplacer par la Russie ou la Chine, les néosouverainistes estiment que c’est en boutant hors du continent les vieilles puissances coloniales, à commencer par la France, que l’Afrique parachèvera son émancipation.

    Le culte des « hommes forts »

    Obnubilés par la haine de l’étranger et fascinés par sa puissance matérielle, ils s’opposent, d’autre part, à la démocratie qu’ils considèrent comme le cheval de Troie de l’ingérence internationale. Ils préfèrent le culte des « hommes forts », adeptes du virilisme et pourfendeurs de l’homosexualité. D’où l’indulgence à l’égard des coups d’Etat militaires et la réaffirmation de la force comme voies légitimes d’exercice du pouvoir.

    Ces basculements s’expliquent par la faiblesse des organisations de la société civile et des corps intermédiaires, sur fond d’intensification des luttes pour les moyens d’existence et d’imbrication inédite des conflits de classe, de genre et de génération. Effet pervers des longues années de glaciation autoritaire, les logiques informelles se sont étendues dans maints domaines de la vie sociale et culturelle. Le charisme individuel et la richesse sont désormais privilégiés au détriment du lent et patient travail de construction des institutions, tandis que les visions transactionnelles et clientélistes de l’engagement politique l’emportent.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/08/04/achille-mbembe-en-afrique-la-stabilite-passera-par-une-demilitarisation-effe

    #Afrique #putschs #Francafrique #néosouverainisme #Mali, #Guinée, #Burkina_Faso #Niger #décolonisation_limitée #décolonisation #diasporas #femmes

    • Mue par des forces, pour l’essentiel autochtones, [l’Afrique] est en train de se retourner sur elle-même. Pour qui veut comprendre les ressorts profonds de ce pivotage, les luttes multiformes qu’il entraîne et son inscription dans la longue durée, il faut changer de grille d’analyse et partir d’autres postulats. Il faut surtout commencer par prendre au sérieux les compréhensions que les sociétés africaines elles-mêmes ont désormais de leur vie historique propre. Le continent fait en effet l’expérience de transformations multiples et simultanées. D’ampleur variable, elles touchent tous les ordres de la société et se traduisent par des ruptures en cascade. A la faveur du multipartisme, les enjeux de masse sont de retour, tandis que ne cessent de se creuser de nouvelles inégalités et qu’apparaissent de nouveaux conflits, notamment entre genres et générations.

      Lame de fond

      L’arrivée dans l’espace public de celles et de ceux qui sont nés dans les années 1990-2000, et ont grandi dans un temps de crise économique sans précédent, constitue un événement charnière. Il coïncide avec le réveil technologique du continent, l’influence grandissante des diasporas, une accélération des processus de créativité artistique et culturelle, l’intensification des pratiques de mobilité et de circulation et la quête forcenée de modèles alternatifs de développement puisant dans la richesse des traditions locales. Enjeux démographiques, socioculturels, économiques et politiques s’entrecroisent désormais, ainsi que l’attestent la contestation des formats politico-institutionnels, issus de la décennie 1990, les mutations de l’autorité familiale, la rébellion silencieuse des femmes et une aggravation des conflits générationnels.

      https://justpaste.it/2tkx4

    • Qui l’eut cru. 50 ans à pousser les politiques d’ajustement structurel du FMI et des occidentaux en général tout en prétendant à la supériorité de la démocratie et à l’universalisme et voilà où on arrive, voilà où ils nous amènent finalement, à la barbarie, et à la gouvernance la plus rétrograde.

    • A la génération sacrifiée de l’époque des ajustements structurels (1985-2000) est venue s’en ajouter une autre, bloquée de l’intérieur par une gérontocratie rapace et interdite de mobilité externe, en conséquence des politiques antimigratoires européennes et d’une gestion archaïque des frontières héritées de la #colonisation. Ainsi, aux enfants-soldats des guerres de prédation d’hier s’est substituée la foule des adolescents et mineurs, qui, aujourd’hui, n’hésite pas à acclamer les putschistes, lorsqu’elle ne se retrouve pas aux premiers rangs des émeutes urbaines et des pillages qui s’ensuivent.

      #histoire #démographie #jeunesse

  • La mainmise des entreprises sur les systèmes alimentaires et les ressources naturelles de l’Afrique

    Leonida Odongo dénonce le pouvoir des entreprises dans les pays africains et partage des alternatives populaires basées sur l’agroécologie

    Les sociétés transnationales sont, en général, des entreprises enregistrées dans les pays du Nord avec des filiales dans les pays du Sud. Ces entreprises profitent souvent de l’existence de matières premières et de main-d’œuvre bon marché dans les pays du Sud, et de la fragilité des lois du travail qui caractérisent les pays en développement.

    Le pouvoir exercé par les sociétés transnationales contribue à de nombreuses violations des droits humains.
    L’Afrique a souffert et continue de souffrir des impacts négatifs de l’action des sociétés transnationales sur le travail, l’alimentation et l’environnement, entre autres aspects. L’Afrique est considérée comme la nouvelle frontière en matière d’affaires, ce qui est évident par l’existence de nombreuses sociétés transnationales opérant sur le continent. Combien de sociétés transnationales ont établi des succursales, par exemple, en République démocratique du Congo pour extraire des minerais, et ces mêmes minerais n’apportent aucun bénéfice au peuple congolais ? Combien de réfugiés congolais et réfugiées congolaises sont dispersé.e.s à travers le monde, empêché.e.s de rentrer chez eux/elles par les conflits ?

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/08/03/la-mainmise-des-entreprises-sur-les-systemes-a

    #international #afrique

  • « Cela fait déjà 3 semaines » : à bout de forces, des migrants manifestent dans le désert pour revenir en Tunisie - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/50801/cela-fait-deja-3-semaines--a-bout-de-forces-des-migrants-manifestent-d

    « Cela fait déjà 3 semaines » : à bout de forces, des migrants manifestent dans le désert pour revenir en Tunisie
    Par Louis Chahuneau Publié le : 02/08/2023
    Près de 150 migrants subsahariens sont toujours bloqués, depuis le début du mois de juillet, en plein désert, à Ras Jedir, dans la zone transfrontalière entre la Tunisie et la Libye. Ils ont été abandonnés là par les autorités de Tunis. Mardi, ils ont improvisé une manifestation pour réclamer leur retour en Tunisie et l’aide de la communauté internationale, pour l’instant sourde à leurs appels. La situation est toujours aussi déplorable à la frontière entre la Tunisie et la Libye, où des centaines de migrants subsahariens se sont fait expulser par les autorités de Tunis, en plein désert, au début du mois de juillet. A Ras Jdir, dans la zone transfrontalière, un groupe de 150 migrants ivoiriens, maliens ou encore nigérians, sont bloqués en pleine nature, sans eau sans nourriture et sans abris contre la chaleur depuis maintenant trois semaines.
    Face au silence assourdissant des autorités internationales et à l’inertie de la Tunisie, ils ont organisé ce mardi une manifestation en plein désert pour réclamer de l’aide, un retour en Tunisie, un accueil dans un camp de réfugiés ou même un départ vers l’Europe. « Cela fait déjà 3 semaines que nous sommes là, témoigne Kelvin un jeune nigérian de 33 ans joint au téléphone par InfoMigrants. Nous avons manifesté pour interpeller les autorités car on nous traite comme des animaux, mais le président tunisien ne veut pas répondre à nos appels ». Dans une vidéo envoyée par le jeune homme, on peut voir quelques dizaines d’exilés à la frontière tunisienne brandir des pancartes en carton indiquant en anglais ou en arabe « We need your help » ou encore « Please Tunisian government, take us back ». D’autres tapent sur des casseroles en métal à seulement quelques mètres de militaires tunisiens qui se contentent de les observer.
    Arrivé en Tunisie il y a un peu moins d’un an avec son frère pour travailler dans le bâtiment, Kelvin n’a plus de nouvelles de lui depuis leur expulsion en bus dans le désert par les forces de l’ordre tunisiennes. Selon lui, son frère a été expulsé à la frontière algérienne. D’après l’ONG américaine Human Rights Watch, au moins « 1 200 ressortissants subsahariens » ont été expulsés de Tunisie à la frontière libyenne ou algérienne, depuis début juillet.
    Le groupe de migrants a reçu il y a 5 jours quelques colis humanitaires déposés par le Croissant Rouge libyen et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), mais ils n’ont désormais plus rien : « Nous n’avons ni eau ni nourriture, beaucoup de gens sont malades dont des enfants », témoigne Kelvin, l’un des rares exilés à avoir réussi à charger son téléphone portable avec la complicité de « bons policiers libyens ». Les migrants ont tendu des bâches sur les rares arbres pour se protéger du soleil, mais ils souffrent également du froid pendant la nuit. « J’aimerais pouvoir revenir en Tunisie, certains d’entre nous ont de la famille là-bas, et des activités commerciales, mais les militaires nous ont prévenus qu’ils nous tireraient dessus si on essayait de franchir la frontière. On appelle n’importe qui à nous venir en aide, car on ne pourra pas se battre à mains nues contre les militaires armés », prévient Kelvin.
    Pour l’instant, quasiment aucune autorité internationale n’a réagi aux exactions qui se multiplient depuis début juillet en Tunisie, à la suite du discours xénophobe de Kaïs Saïed en février dernier. « Nous sommes profondément préoccupés par l’expulsion de migrants, réfugiés et demandeurs d’asile de Tunisie vers les frontières avec la Libye, et aussi avec l’Algérie », a déclaré ce mardi Farhan Haq, le porte parole du secrétaire adjoint des Nations unies.
    Quelques jours plus tôt, le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) et l’OIM avaient réclamé des « solutions urgentes » concernant les centaines de migrants bloqués à la frontière tunisienne, mais cet appel semble être resté lettre morte, et ce malgré la vingtaine de morts décomptés par InfoMigrants dans le désert depuis début juillet. Un bilan qui pourrait être bien plus élevé en raison de l’étendue de la zone. L’Union européenne, qui vient pourtant de passer un « partenariat stratégique » avec la Tunisie à hauteur de 105 millions d’euros pour limiter les traversées maritimes vers l’Europe, n’a pour l’instant pas réagi.
    De son côté, la Tunisie a rejeté « les allégations » de mauvais traitements contre des migrants subsahariens fin juillet. La Tunisie « n’hésite pas à accomplir son devoir d’aide humanitaire aux immigrés africains et autres étrangers sur le sol tunisien », pouvait-on lire dans ce communiqué publié par le ministère de l’Intérieur.

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#UE#HCR#algerie#libye#frontiere#migrationirreguliere#expulsion#routemigratoire#afriquesubsaharienne

  • Notes de Putsch, suite, d’une certaine trahison des clercs (sur la situation au Niger) par Rahmane Idrissa (Nigérien, politiste, son profil ici > https://corafrika.org/profils/rahmane-idrissa), publiées sur son blog « La gazette perpendiculaire ».
    https://rahmane.substack.com/p/notes-de-putsch-suite-dune-certaine

    La réaction des Nigériens, en particulier, dernièrement, des intellectuels (universitaires) qui ont publié une lettre de soutien à la junte et un “J’accuse” tonitruant vis-à-vis de toutes les entités qui sont en désaccord peut surprendre hors du Niger, ou peut-être hors d’Afrique. Elle n’a rien de surprenant. D’abord, il faut remarquer que la cible principale de la haine, dans cette réaction, est la France pour des raisons contingentes. Ailleurs, au Nigeria — en particulier au Nord Nigeria — c’est plutôt les USA qui sont rendus coupables de tous les malheurs du pays. Les reproches que les Nigériens font à la France existent de manière symétrique au Nord Nigeria contre les USA. Bien avant que les Nigériens commencent à accuser la France d’armer des djihadistes, les Nigérians (encore une fois, plutôt du nord que du sud suivant mon expérience et les rapports que j’en ai) croyaient fermement que Boko Haram était une création des USA.

    Ces croyances sont idéologiques. Entre autres choses, cela revient à dire qu’il n’y a rien que les Occidentaux puissent faire pour changer l’opinion des gens. Même s’ils se retiraient complètement du terrain, ils seraient encore perçus comme tirant les ficelles à travers tout Africain qui se permettrait de ne pas suivre la directive idéologique. Cette directive est simple. C’est une histoire que se racontent les Africains et dans laquelle les rôles sont distribués une fois pour toute : les Occidentaux (Français surtout au Sahel) sont les méchants, les Africains sont les bons et les victimes, et la lutte que les deux mènent entre eux n’a pas de fin, sauf peut-être si les Russes parvenaient à détruire totalement l’Occident.

    Les observateurs étrangers ont du mal à s’apercevoir de cette idéologie parce qu’en général, ceux qui s’intéressent à l’Afrique sont des gauchistes qui éprouvent de la solidarité et de la compassion pour les Africains et sont, comme eux, mais pour des raisons différentes, anticolonialistes et anti-impérialistes. Les raisons des gauchistes occidentaux sont humanistes, celles des Africains sont nationalistes. Les uns sont effectivement à gauche, les autres sont réellement à droite. C’est un malentendu.

    #Niger

  • North Africa a ’testing ground’ for EU surveillance technology

    The EU is outsourcing controversial surveillance technologies to countries in North Africa and the Sahel region with no human rights impact assessments, reports say.

    Controversial surveillance technologies are being outsourced by the European Union to countries in North Africa and the Sahel region with no transparency or regulation, according to two new reports.

    Funding, equipment and training is funnelled to third countries via aid packages, where autocratic governments use the equipment and techniques to surveil the local population.

    Beyond the borders of Europe, the movements of asylum seekers are being policed and eventually used to assess their asylum applications.

    Antonella Napolitano, author of a report for human rights group EuroMed Rights, told Middle East Eye that the implementation of these projects is opaque and lacks proper consideration for the rights of civilians and the protection of their data.

    “There aren’t enough safeguards in those countries. There aren’t data protection laws,” Napolitano said. “I think the paradox here is that border externalisation means furthering instability [in these countries].”

    The complex web of funding projects and the diversity of actors who implement them make the trails of money difficult to track.

    “This enables states to carry out operations with much less transparency, accountability or regulation than would be required of the EU or any EU government,” Napolitano told MEE.

    The deployment of experimental technologies on the border is also largely unregulated.

    While the EU has identified AI regulation as a priority, its Artificial Intelligence Act does not contain any stringent provision for the use of the technologies for border control.

    “It’s creating a two-tiered system,” Napolitano told MEE. “People on the move outside the EU don’t have the same rights by design.”
    Asylum claims

    The surveillance of migrants on the move outside of Europe is also brought to bear back inside Europe.

    A Privacy International report published in May found that five companies were operating GPS tagging of asylum seekers for Britain’s Home Office.

    “It’s been massively expanded in the past couple of years,” Lucie Audibert, legal officer at Privacy International, told MEE.

    Other, less tangible forms of surveillance are also deployed to monitor asylum seekers. “We know, for example, that the Home Office uses social media a lot… to assess the veracity of people’s claims in their immigration applications,” Audibert told MEE.

    According to the reports, surveillance equipment and training is supplied by the EU to third countries under the guise of development aid packages.

    These include the EU Emergency Trust Fund for Africa (EUTF for Africa) and now the Neighbourhood, Development and International Cooperation Instrument.

    The reports cite multiple instances of how these funding instruments served to bolster law enforcement agencies in Algeria, Egypt, Libya and Tunisia, furnishing them with equipment and training that they then used against the local population.

    The EUTF for Africa allocated 15 million euros ($16.5m USD) in funding to these countries to train up a group of “cyber specialists” in online surveillance and data extraction from smart devices.

    A Privacy International investigation into the role of CEPOL, the EU law enforcement training agency, revealed that it had supplied internet surveillance training to members of Algeria’s police force.

    The investigation highlights a potential connection between these tactics, which contravened the EU’s own policies on disinformation, and the wave of online disinformation and censorship driven by pro-regime fake accounts in the aftermath of the 2019 Hirak protests in Algeria.
    A dangerous trend

    For journalist Matthias Monroy, the major development in border surveillance came after the so-called migration crisis of 2015, which fuelled the development of the border surveillance industrial complex.

    Prior to that, Europe’s border agency, Frontex, was wholly dependent on member states to source equipment. But after 2015, the agency could acquire its own.

    “The first thing they did: they published tenders for aircraft, first manned and then unmanned. And both tenders are in the hands of private operators,” Monroy told MEE.

    Frontex’s drones are now manned by the British company Airbus. “The Airbus crew detected the Crotone boat,” Monroy told MEE, referring to a shipwreck off the coast of Crotone, Italy, in February.

    “But everybody said Frontex spotted the boat. No, it was Airbus. It’s very difficult to trace the responsibility, so if this surveillance is given to private operators, who is responsible?”

    Almost 100 people died in the wreck.

    Since 2015, with the expansion of the border surveillance industrial complex, its digitisation and control has been concentrated increasingly in the hands of private actors.

    “I would see this as a trend and I would say it is very dangerous,” Monroy said.

    https://www.middleeasteye.net/news/eu-north-africa-surveillance-technology-testing-ground

    #surveillance #technologie #test #Afrique_du_Nord #Sahel #asile #migrations #réfugiés #frontières #intelligence_artificielle #IA #EU_Emergency_Trust_Fund_for_Africa (#EUTF_for_Africa) #développement #Emergency_Trust_Fund #Algérie #Egypte #Tunisie #Libye #complexe_militaro-industriel #contrôles_frontaliers #Frontex #Airbus #drones #privatisation

    ping @_kg_

    • The (human) cost of Artificial Intelligence and Surveillance technology in migration

      The ethical cost of Artificial Intelligence tools has triggered heated debates in the last few months. From chatbots to image generation software, advocates and detractors have been debating the technological pros and societal cons of the new technology.

      In two new reports, Europe’s Techno-Borders and Artificial Intelligence: The New Frontier of the EU’s Border Externalisation Strategy, EuroMed Rights, Statewatch and independent researcher Antonella Napolitano have investigated the human and financial costs of AI in migration. The reports show how the deployment of AI to manage migration flows actively contribute to the instability of the Middle East and North African region as well as discriminatory border procedures, threatening the right to asylum, the right to leave one’s country, the principle of non-refoulement as well as the rights to privacy and liberty.

      European borders and neighbouring countries have been the stage of decades-long efforts to militarise and securitise the control of migration. Huge sums of public money have been invested to deploy security and defence tools and equipment to curb arrivals towards the EU territory, both via externalisation policies in countries in the Middle East and North Africa and at the EU’s borders themselves. In this strategy of “muscling-up” the borders, technology has played a crucial role.

      EuroMed Rights’ new reports highlight how over the decades, surveillance technology has become a central asset in the EU’s migration policies with serious impacts on fundamental rights and privacy. In Artificial Intelligence: The New Frontier of the EU’s Border Externalisation Strategy we analyse how surveillance technology has been a crucial part of the European policy of externalisation of migration control. When surveillance technologies are deployed with the purpose of anti-smuggling, trafficking or counterterrorism in countries where democracies are fragile or there are authoritarian governments, they can easily end up being used for the repression of civic space and freedom of expression. What is being sold as tools to curb migrant flows, could actually be used to reinforce the security apparatus of repressive governments and fuel instability in the region.

      At the same time, Europe’s Techno-Borders highlights how this security obsession has been applied to the EU’s borders for decades, equipping them with ever-more advanced technologies. This architecture for border surveillance has been continuously expanding in an attempt to detect, deter and repel refugees and migrants. For those who manage to enter, they are biometrically registered and screened against large-scale databases, raising serious concerns on privacy violations, data protection breaches and questions of proportionality.

      Decades of “muscling-up” the EU’s borders keep showing the same thing: military, security, defence tools or technology do not stop migration, they only make it more dangerous and lethal. Nonetheless, the security and surveillance apparatus is only expected to increase: more and more money is being invested to research and develop new tech tools to curb migration, including through Artificial Intelligence.

      In a context that is resistant to public scrutiny and accountability, and where the private military and security sector has a vested interest in expanding the surveillance architecture, it is crucial to keep monitoring and denouncing the use of these technologies, in the struggle for a humane migration policy that puts the right of people on the move at the centre!

      Read our reports here:

      - Artificial Intelligence: the new frontier of the EU’s border externalisation strategy: https://euromedrights.org/wp-content/uploads/2023/07/Euromed_AI-Migration-Report_EN-1.pdf
      - Europe’s Techno-Borders: https://euromedrights.org/wp-content/uploads/2023/07/EuroMed-Rights_Statewatch_Europe-techno-borders_EN-1.pdf

      https://euromedrights.org/publication/the-human-cost-of-artificial-intelligence-and-surveillance-technology
      #rapport #EuroMed_rights

  • En Pologne, le chantier de la raffinerie de Plock met en lumière les contradictions du gouvernement sur la question migratoire
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/07/31/en-pologne-le-chantier-de-la-raffinerie-de-plock-met-en-lumiere-les-contradi

    En Pologne, le chantier de la raffinerie de Plock met en lumière les contradictions du gouvernement sur la question migratoire
    Par Jakub Iwaniuk (Plock (Pologne), envoyé spécial)
    Publié hier à 05h30, modifié hier à 09h37
    ReportageEn plein essor économique, la Pologne se voit obligée de faire appel à de la main-d’œuvre de pays toujours plus lointains. Une réalité qui, en période électorale, va à l’encontre du discours officiel du pouvoir national-populiste. Le monstre de béton et d’acier est visible de loin, au milieu des champs, avec ses imposantes grues par dizaines, ses cheminées crachant tantôt du feu, tantôt une épaisse fumée blanche. La raffinerie de Plock, à cent kilomètres de Varsovie, propriété du géant pétrolier public polonais Orlen, est l’une des plus grandes d’Europe. Le lieu est réputé pour sa production de polymères et autres matières premières issues du pétrole, exportés dans le monde entier. A l’image de la Pologne, le complexe est perpétuellement en travaux et en pleine croissance. Mais l’agrandissement de la raffinerie pour installer une troisième chaîne de production suscite un fort remous dans le pays. Le chantier vient d’être érigé en un temps record, un « village ouvrier » de 2 200 conteneurs habitables, destiné à accueillir près de 6 000 travailleurs d’Inde, du Pakistan, du Bangladesh, des Philippines, de Malaisie et du Turkménistan, alors même qu’à Varsovie le gouvernement est toujours prompt à instrumentaliser la question migratoire.
    Les travaux doivent durer jusqu’en 2027, et les sous-traitants d’Orlen, le coréen Hyundai Engineering et l’espagnol Tecnicas Reunidas, ont fait appel à ces travailleurs venus de l’autre bout du globe. Même le 1,5 million d’immigrants et de réfugiés ukrainiens ne suffit plus à combler la pénurie de main-d’œuvre qui touche de nombreux secteurs en Pologne. En ce mois de juillet, sous un soleil de plomb, les travaux vont bon train sur le site et le va-et-vient des poids lourds rend l’atmosphère poussiéreuse. Des employés de la sécurité d’Orlen mettent du film plastique pour camoufler le panneau « Camp » qui indique l’entrée du « village » ouvrier, terme privilégié par la communication de l’entreprise. « L’avantage, c’est que c’est un système très flexible, indique Anna Blazejewska, de la société Modular System, qui a conçu le lieu. On peut enlever ou ajouter des conteneurs en fonction des besoins. A la fin du chantier, tout disparaîtra et sera remis à l’état d’origine, c’est-à-dire un champ. »
    Les conteneurs sentent le neuf, le linge sur les lits superposés est encore sous emballage. Ils sont climatisés, mais la connexion Internet n’est pas accessible à l’intérieur. Chaque conteneur accueille une chambre de 13 mètres carrés pour quatre personnes. La cantine fournit de la nourriture des pays d’origine des ouvriers. Un magasin ouvrira bientôt et des terrains de cricket et de basket sont sur le point d’être construits. Tout est conçu pour que les travailleurs aient à quitter le lieu le moins possible. Il n’y a d’ailleurs aucun transport public vers le centre-ville, situé à une dizaine de kilomètres.
    Les ouvriers sont censés faire les trois-huit six jours par semaine. Mais il arrive que le village soit complètement désert, comme si tous les travailleurs – trois cents actuellement – étaient au travail en même temps. Les entreprises gestionnaires soulignent que ce genre d’infrastructures d’hébergement se déplace en permanence sur divers sites en Europe et dans le monde, et que les ouvriers n’en sont pas à leur premier contrat. A Plock, on note aussi la présence de plusieurs dizaines de Coréens : les ingénieurs et les cadres de chez Hyundai, hébergés, parfois avec leurs familles, dans des appartements et hôtels du centre-ville. Ici, ce ne sont pas les conditions d’hébergement ou de travail qui créent la polémique – les Polonais ont une longue tradition de migrations professionnelles dans des conditions rudimentaires –, mais les nationalités des nouveaux venus. En 2015, le parti national-populiste Droit et justice (PiS) était arrivé au pouvoir en tirant bénéfice des peurs suscitées par la crise migratoire en Méditerranée, agitant le spectre de l’arrivée massive d’« hommes issus d’autres cultures ». Lors des tensions migratoires provoquées à l’automne 2021 par le dictateur biélorusse Alexandre Loukachenko, la propagande gouvernementale n’avait pas de mots assez durs pour déshumaniser les migrants et justifier une politique de violents refoulements aux frontières. Le gouvernement a alors décidé d’ériger une clôture de 200 kilomètres à la frontière avec la Biélorussie. Ironie de la situation, c’est à cette époque que se négociaient les contrats pour l’agrandissement de la raffinerie de Plock.
    Située en banlieue de Plock, la commune rurale de Stara Biala, 12 000 habitants, sur laquelle est installé le village de conteneurs, est typique de la Pologne périurbaine. « Il est clair qu’à l’annonce de l’arrivée des travailleurs, il y a eu une forte inquiétude de la population, souligne le maire, Slawomir Wawrzynski, porte-voix des habitants depuis près de trente-cinq ans. Les gens font le rapprochement avec la situation en Europe, les vagues migratoires d’Afrique. Ils redoutent avant tout des situations difficiles que pourrait engendrer la présence soudaine de nombreux hommes culturellement différents. » En Pologne, la question migratoire est perçue par la population à travers un prisme principalement sécuritaire. Dans les environs de Plock, à l’annonce du projet, les craintes étaient telles que le vice-ministre de l’intérieur, Maciej Wasik, a fait le déplacement au mois de mai pour annoncer un renforcement des effectifs policiers, et même l’ouverture d’un commissariat vingt-quatre heures sur vingt-quatre sur le terrain du camp ouvrier. L’entreprise Orlen et les pouvoirs publics ont mis en place une politique de communication très active, multipliant les conférences pour tuer dans l’œuf diverses rumeurs sur de supposés troubles ou sur le nombre de nouveaux venus.
    (...) Dans un pays largement monoethnique où le multiculturalisme ne va pas de soi, il s’apprend. Fait inédit, les autorités ont mis en place, à l’échelle locale, une politique de sensibilisation contre les discriminations. Intitulée « Le respect n’a pas de couleur », la campagne a été confiée à la police, qui fait le tour des écoles pour discuter avec les élèves des préjugés et du langage de haine, particulièrement sur Internet. Des posters vantant la diversité ont été distribués, et Orlen organise des « pique-niques d’intégration » entre employés polonais et étrangers, avec présentation des cultures et cuisines respectives. Le géant pétrolier a également financé plusieurs centaines de traducteurs électroniques de poche mis à disposition des pouvoirs publics, de la police aux ambulanciers. Ces initiatives d’une entreprise d’Etat étroitement contrôlée par le pouvoir n’ont quasiment aucune résonance à l’échelle nationale, tant elles contrastent avec le langage virulent du gouvernement de Mateusz Morawiecki sur l’immigration, à moins de trois mois des élections législatives. Alors que, dans le débat public, la confusion entre migrants économiques et demandeurs d’asile est totale, le pays n’a officiellement ni politique ni doctrine migratoires. A Plock, la plupart des habitants semblent croire qu’à l’image de l’éphémère village de conteneurs la Pologne se dirigerait vers un modèle de « multiculturalisme provisoire ». Les expériences dans d’autres pays européens montrent pourtant que les migrations professionnelles ont, à terme, un caractère durable. Une réalité dont le pays, qui a vu son niveau de vie doubler en l’espace de dix ans, commence à peine à prendre conscience.

    #Covid-19#migrant#migration#pologne#postcovid#economie#travailleurmigrant#integration#multiculuturalisme#etranger#afrique#asie

  • #Cartographie. #Al-Zaatari, le #camp_de_réfugiés devenu la douzième ville de #Jordanie

    Il y a onze ans, près de la frontière syrienne, ce camp commençait à accueillir des réfugiés syriens. Aujourd’hui, il compte toujours plus de 80 000 habitants, dont près de 60 % ont moins de 18 ans. Voici le #plan de cette véritable ville, avec ses écoles et ses marchés. Un plan à retrouver dans notre hors-série “L’Atlas des migrations”, en vente chez votre marchand de journaux.

    https://www.courrierinternational.com/grand-format/cartographie-al-zaatari-le-camp-de-refugies-devenu-la-douziem

    #réfugiés #migrations #asile #villes #urban_refugees #camps_de_réfugiés #visualisation

  • Niger : la France « ne tolèrera aucune attaque contre ses intérêts », prévient Emmanuel Macron | AFP | 30.07.23

    https://www.mediapart.fr/journal/international/300723/niger-la-france-ne-tolerera-aucune-attaque-contre-ses-interets-previent-em

    Emmanuel Macron « ne tolèrera aucune attaque contre la France et ses intérêts » au Niger et Paris répliquera « de manière immédiate et intraitable », a fait savoir dimanche l’Élysée alors que des milliers de personnes ont manifesté devant l’ambassade de France à Niamey en soutien aux militaires putschistes.

    C’est Poutine qui doit trembler :-)

    « intraitable » c’est pas un élément de language de Justin Bridoux ?

    Edit : pas Justin Bridoux, mais Pierre Martinet :

    Pierre Martinet : Salades Traiteur, Taboulés, Légumières
    Intraitable depuis 1968 ... De l’ouverture de sa boucherie-charcuterie à l’agrandissement du siège social à St-Quentin Fallavier (38) [...]


    Sinon, la vraie raison, c’est l’Uranium :

    En 2020, 34,7 % de l’uranium importé en France vient du Niger, 28,9 % du Kazakhstan et 26,4 % d’Ouzbékistan. Si le Niger bascule vers la Russie, 90 % de notre uranium viendra de la sphère d’influence de Poutine.

    https://www.liberation.fr/checknews/luranium-importe-en-europe-et-en-france-provient-il-tres-largement-de-rus
    https://piaille.fr/@Arsene@mamot.fr/110804900732732892

  • Pour le Sahara Occidental, De Mistura croit à la révision de la diplomatie aux USA.
    http://www.argotheme.com/organecyberpresse/spip.php?article4492

    Il n’est pas nécessaire de sans-cesse préciser les éléments véridiques qui ne peuvent guère mêler l’Algérie au juste combat du front POLISARIO. D’abord, il y a la mitoyenneté avec le territoire envahi par la « marche verte » initiée par le royaume marocain. Le Makhzen avait déjà attaqué en 1963, lors de la guerre des sables, son voisin de l’est fraîchement libéré du colonialisme français, avec le même envahissement expansionniste... #nationale,_fait_politique,_une_et_première_page,_médias,_actualité,_pays,_france,_afrique,_maghreb

    / Maghreb, Algérie, Tunisie, Maroc, Libye, Africa, population, société , #USA,_Maison_Blanche,_CIA, Afrique, Monde Arabe, islam, Maghreb, Proche-Orient,, diplomatie, sécurité, commerce, économie (...)

    #Maghreb,Algérie,_Tunisie,_Maroc,_Libye,_Africa,_population,_société #Afrique,_Monde_Arabe,_islam,_Maghreb,_Proche-Orient, #diplomatie,_sécurité,_commerce,_économie_mondiale

  • Un naufrage de migrants marocains fait au moins cinq morts au large du Sahara occidental
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/07/26/un-naufrage-de-migrants-marocains-fait-au-moins-cinq-morts-au-large-du-sahar

    Un naufrage de migrants marocains fait au moins cinq morts au large du Sahara occidental
    Selon l’Association marocaine des droits humains, le bilan pourrait s’alourdir car plusieurs personnes présentes à bord de l’embarcation sont portées disparues.
    Cinq jeunes Marocains ont trouvé la mort dans un nouveau naufrage de migrants au large du Sahara occidental et le bilan pourrait s’alourdir, a indiqué une ONG locale de défense des droits humains, mardi 25 juillet. « Le naufrage a eu lieu [lundi] près de Dakhla, d’après des témoignages de rescapés qui nous sont parvenus », a déclaré à l’AFP Mohamed Zendour, un membre de l’Association marocaine des droits humains (AMDH).

    « L’embarcation, qui comptait près d’une soixantaine de migrants, a chaviré non loin de la côte à cause des vagues, a expliqué M. Zendour. Certains ont pu nager jusqu’au rivage, d’autres ont perdu la vie. Cinq à notre connaissance, mais le bilan pourrait s’alourdir car d’autres migrants sont portés disparus. » Il n’a pas été possible d’obtenir confirmation auprès des autorités marocaines.Les victimes étaient originaires du village de Tighassaline, situé dans une région rurale déshéritée du Moyen-Atlas, près de la ville de Khenifra. « L’entière responsabilité de ce drame revient aux élus et aux autorités locales, et à travers eux à l’Etat marocain », a estimé M. Zendour, président de la section de l’AMDH à Khenifra, en réclamant l’ouverture d’une enquête et l’arrestation des passeurs dans tout le Maroc.
    Les tentatives de migration clandestine au départ du nord-ouest de l’Afrique et des côtes du Maroc et du Sahara occidental à destination de l’Europe se multiplient depuis début juin. En fin de semaine dernière, six candidats à l’émigration sont morts noyés lors d’une tentative de traversée vers l’Espagne au large de la province de Nador (nord du Maroc), selon les autorités locales. Une cinquantaine de rescapés avaient pu regagner le littoral à la nage. Selon l’AMDH à Nador, les six migrants décédés étaient marocains.La marine marocaine a annoncé avoir porté secours à près de 900 migrants irréguliers durant la période allant du 10 au 17 juillet, en majorité d’origine subsaharienne. Des ONG font régulièrement état de naufrages meurtriers – dont les bilans non officiels se chiffrent selon elles en dizaines voire en centaines de morts – dans les eaux marocaines, espagnoles ou internationales. Les autorités marocaines disent avoir déjoué 26 000 tentatives d’émigration irrégulière durant les cinq premiers mois de l’année.

    #Covid-19#migrant#migration#maroc#routemigratoire#atlantique#mortalite#migrationirreguliere#afriquesubsaharienne#postcovid

  • Libye : cinq corps de migrants découverts à la frontière avec la Tunisie
    https://www.dakaractu.com/Libye-cinq-corps-de-migrants-decouverts-a-la-frontiere-avec-la-Tunisie_a2

    Libye : cinq corps de migrants découverts à la frontière avec la Tunisie
    Le gouvernement libyen a annoncé mardi dans un communiqué la découverte de cinq corps de migrants qui ont péri dans le désert dans une zone à la frontière avec la Tunisie. Les gardes-frontières libyens « ont découvert cinq corps non identifiés de migrants clandestins d’origine africaine lors d’une patrouille dans la zone de Dahr al-Khass à Tawilat al-Ratba », le long de la frontière avec la Tunisie, selon le communiqué du ministère de l’Intérieur. Les corps « ont été remis aux autorités », a indiqué à l’AFP une source des gardes-frontières ayant requis l’anonymat. Depuis dix jours, les gardes-frontières libyens viennent au secours de migrants subsahariens expulsés par les autorités tunisiennes qui les ont déposés, selon eux, dans une zone inhabitée, près d’Al’Assah, à environ 150 km au sud-ouest de Tripoli. Abandonnés sans eau, nourriture ou abris par des températures qui dépassent les 50 degrés, ils ont marché pendant des kilomètres, pénétrant jusqu’à 15 km à l’intérieur du territoire libyen, d’après des gardes- frontières libyens. Une équipe de l’AFP qui s’était rendue sur place a pu photographier et filmer plusieurs groupes de jeunes hommes et quelques femmes, assis ou couchés sur le sable, tentant de s’abriter sous des arbustes décharnés. De nombreuses vidéos circulent depuis sur les réseaux sociaux, prises par les gardes eux-mêmes lors de leurs patrouilles, documentant l’arrivée à pied depuis la frontière tunisienne de femmes et d’hommes de tous âges, épuisés et assoiffés, selon eux. A la suite d’affrontements ayant coûté la vie à un Tunisien le 3 juillet, des centaines de migrants africains ont été chassés de Sfax, deuxième ville du pays et principal point de départ en Tunisie pour l’émigration clandestine.
    Le 18 juillet, des experts de l’ONU ont appelé la Tunisie à cesser les expulsions collectives de migrants subsahariens après des informations faisant état de l’abandon de dizaines d’entre eux par la police tunisienne dans les zones désertiques de la frontière avec la Libye. « Nous appelons les autorités à cesser immédiatement toute nouvelle expulsion et à poursuivre et élargir l’accès humanitaire à une zone dangereuse à la frontière tuniso-libyenne où de nombreuses personnes, y compris des femmes enceintes et des enfants, ont déjà été expulsées », ont-ils déclaré. La Libye, qui abrite au moins 600.000 migrants subsahariens, a été accusée à plusieurs reprises de multiples abus à leur encontre, dont des « meurtres, disparitions forcées, tortures, esclavage, viols » par des ONG et des organisations internationales.

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#afriquesubsaharienne#politiquemigratoire#migrationirreguliere#expulsion#mortalite#postcovid

  • Les pays méditerranéens jettent les bases d’un fonds commun pour réguler les flux migratoires
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/07/24/migration-a-rome-les-pays-mediterraneens-jettent-les-bases-d-un-fonds-commun

    Les pays méditerranéens jettent les bases d’un fonds commun pour réguler les flux migratoires
    La présidente du conseil italien, Giorgia Meloni, entend promouvoir un nouveau mode de coopération entre pays d’immigration et d’émigration, sur le modèle de l’accord signé par l’Union européenne avec la Tunisie.
    Le Monde avec AFP
    Publié le 24 juillet 2023 à 11h41, modifié le 24 juillet 2023 à 13h07
    Le sommet des dirigeants du pourtour méditerranéen réunis dimanche 23 juillet à Rome par Giorgia Meloni a esquissé les contours d’un fonds pour financer les projets d’investissements et le contrôle aux frontières, avec l’objectif à moyen terme de mieux réguler les flux migratoires. A l’origine de cette conférence rassemblant les dirigeants d’une vingtaine de pays, Mme Meloni entend promouvoir un nouveau mode de coopération entre pays d’immigration et pays d’émigration, sur le modèle de l’accord signé par l’Union européenne (UE) avec la Tunisie dans le but de freiner l’arrivée de migrants en Europe. A l’issue d’une demi-journée de pourparlers, la présidente du conseil italien a annoncé la création d’un fonds qui sera abondé par une première conférence des donateurs dont la date n’a pas été arrêtée, initiative à laquelle les Emirats arabes unis ont déjà apporté 100 millions d’euros. Si aucune autre mesure concrète n’a émergé de la conférence, « c’est le début d’un long travail » avec le lancement du « processus de Rome », dont Mme Meloni a fixé les priorités. « Lutte contre l’immigration illégale, gestion des flux légaux d’immigration, soutien aux réfugiés, et surtout, la chose la plus importante, sinon tout ce que nous ferons sera insuffisant, une large coopération pour soutenir le développement de l’Afrique, et particulièrement des pays de provenance » des migrants, a-t-elle détaillé. Selon la dirigeante d’extrême droite, « les lignes de financement prioritaires doivent avant tout concerner les investissements stratégiques et les infrastructures, car c’est la manière la plus pérenne de faire de la coopération ».Parmi les personnalités présentes, les présidents de la Tunisie, Kaïs Saïed, des Emirats arabes unis, Mohammed Ben Zayed, de la Mauritanie, Mohamed Ould Ghazouani, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le président du Conseil européen, Charles Michel, le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, et des délégués des grandes institutions financières internationales.
    Pendant la campagne des législatives de 2022 qui l’ont portée au pouvoir, Giorgia Meloni avait promis de « stopper les débarquements » de migrants en Italie. Son gouvernement a depuis mis des bâtons dans les hélices des navires humanitaires, sans pour autant tarir les départs. Selon Rome, quelque 80 000 personnes ont traversé la Méditerranée et sont arrivées sur les côtes de la péninsule depuis le début de l’année, contre 33 000 l’an dernier sur la même période, en majorité au départ du littoral tunisien.
    Face à ce constat, Mme Meloni et la Commission européenne ont intensifié leur « dialogue » avec la Tunisie en promettant des financements si le pays s’engage à combattre l’émigration à partir de son territoire. Bruxelles et Rome ont signé la semaine dernière avec le président tunisien un protocole d’accord qui prévoit notamment une aide européenne de 105 millions d’euros destinée à empêcher les départs de bateaux de migrants et lutter contre les passeurs, ainsi que plus de retours de Tunisiens en situation irrégulière dans l’UE.Un haut responsable européen s’exprimant sous couvert de l’anonymat a confirmé que l’UE souhaitait négocier avec l’Egypte et le Maroc des partenariats similaires. Et selon Mme Meloni, il est d’autant plus important de soutenir les pays africains après la suspension par Moscou de l’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes « La Tunisie est un pays en extrême difficulté et l’abandonner à son sort peut avoir des conséquences très graves », a-t-elle averti.
    Les ONG sont en revanche vent debout. Sea-Watch déplore que « l’UE et ses Etats membres continuent de durcir leurs politiques mortelles d’isolement », tandis que Human Rights Watch (HRW) estime que « l’Europe n’a rien appris de sa complicité dans les abus atroces commis à l’encontre des migrants en Libye ». HRW a également pointé « de graves abus », ces derniers mois, chez les forces de sécurité tunisiennes contre les migrants africains, estimant que l’UE devrait « cesser son soutien » à ce pays dans la lutte contre l’immigration irrégulière.A la suite d’affrontements ayant coûté la vie à un Tunisien le 3 juillet, des centaines de migrants africains ont été chassés de Sfax, deuxième ville du pays et principal point de départ en Tunisie pour l’émigration clandestine. Ils ont été conduits par les autorités, selon des ONG, vers des zones inhospitalières près de la Libye à l’est, et l’Algérie à l’ouest.Selon l’ONU, plus de 100 000 migrants sont arrivés en Europe au cours des six premiers mois de 2023 par la mer, depuis les côtes nord-africaines, la Turquie et le Liban. Ils étaient un peu plus de 189 000 en 2022.

    #Covid-19#migrant#migration#UE#italie#ONU#afrique#liban#turquie#libye#migrationirreguliere#politiquemigratoire#ONG#postcovid

  • Chassés de Tunisie, des dizaines de Subsahariens secourus dans le désert par les autorités libyennes
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/07/17/chasses-de-tunisie-des-dizaines-de-subsahariens-secourus-dans-le-desert-par-

    Chassés de Tunisie, des dizaines de Subsahariens secourus dans le désert par les autorités libyennes. Selon des témoignages recueillis par l’AFP, les migrants avaient été déposés par la police tunisienne dans une zone désertique à la frontière entre les deux pays.
    Le Monde avec AFP
    Publié aujourd’hui à 09h53, modifié à 10h14
    Des gardes-frontières libyens ont secouru des dizaines de migrants subsahariens déposés selon eux par les autorités tunisiennes dans une zone désertique à la frontière entre les deux pays, et laissés sans eau, nourriture ou abri, a constaté une équipe de l’AFP, dimanche 16 juillet. Ces journalistes ont pu photographier et filmer plusieurs groupes de jeunes hommes et quelques femmes, visiblement épuisés et assoiffés, assis ou couchés sur le sable, tentant de s’abriter sous des arbustes décharnés, par des températures dépassant les 40 °C.A la suite d’affrontements ayant coûté la vie à un Tunisien le 3 juillet, des centaines de migrants africains ont été chassés de Sfax, deuxième ville de Tunisie et principal point de départ pour l’émigration clandestine vers l’Europe. Ils ont été conduits par la police tunisienne, selon des ONG, et abandonnés à leur sort dans des zones inhospitalières près de la Libye à l’est et l’Algérie à l’ouest.
    Les migrants secourus par les gardes-frontières libyens erraient dans une zone inhabitée, près d’Al-Assah, à environ 150 km au sud-ouest de Tripoli et une quinzaine de kilomètres à l’intérieur du territoire libyen. « Le nombre de migrants ne cesse d’augmenter chaque jour. Là, nous avons secouru entre 50 et 70 migrants. Nous leur offrons des soins médicaux, des premiers secours, considérant le trajet qu’ils ont fait dans le désert », a déclaré à l’AFP le lieutenant Mohamad Abou Snenah, membre d’une brigade qui effectue des patrouilles frontalières. L’AFP a pu rencontrer un groupe de femmes et d’enfants, dont des bébés, accueillis dans un centre où on les voit allongés sur des matelas ou manger des yaourts. « Ils nous ont raconté comment ils ont été maltraités par les autorités tunisiennes et ont dit avoir été frappés et torturés », a poursuivi l’officier, précisant que sa brigade est « chargée de sécuriser ce tronçon de la frontière ».
    Abou Kouni, un Ivoirien, a dit à l’AFP être arrivé en Tunisie il y a sept ans et avoir été brutalement interpellé avec sa femme dans la rue, la semaine passée, avant d’être embarqué dans un camion. Selon lui, les policiers leur ont dit qu’ils allaient « les jeter en Libye ». A la question de savoir pourquoi, ils lui auraient répondu : « On n’a pas besoin de vous en Tunisie », avant de lui prendre son téléphone et ceux de sa femme. M. Kouni a affirmé à l’AFP que les policiers l’ont « frappé » au torse et dans le dos, et menacé de le tuer. « Ils nous ont mis dans le désert et ils ont tiré dans notre direction en disant : “Allez en Libye !” », a-t-il dit, soulignant qu’après un périple dans le désert, ils ont croisé la police libyenne, qui leur a donné de l’eau, de la nourriture et des médicaments. « Je marche dans le désert depuis deux jours. Il y a 30 autres personnes de l’autre côté. Je ne veux plus retourner en Tunisie », a dit à l’AFP Moussa, un Malien de 20 ans.
    Selon des ONG tunisiennes, de 100 à 150 personnes se trouvaient encore abandonnées à leur sort, vendredi, dans des zones désertiques à la frontière entre la Libye et la Tunisie. Les jours précédents, le Croissant-Rouge tunisien avait mis à l’abri plus de 600 migrants, lâchés après le 3 juillet près du poste-frontière libyen à Ras Jedir, à 40 km au nord d’Al-Assah. La Libye abrite au moins 600 000 migrants subsahariens et a été accusée à de nombreuses reprises de mauvais traitements à leur encontre par des ONG et des organisations internationales.

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#libye#migrationirreguliere#expulsion#afriquesubsaharienne#frontiere#sante#postcovid

  • Les violences contre les migrants en Tunisie divisent la diaspora tunisienne
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/07/13/les-violences-contre-les-migrants-en-tunisie-divisent-la-diaspora-tunisienne

    Les violences contre les migrants en Tunisie divisent la diaspora tunisienne
    Par Emma Larbi
    Publié le 13 juillet 2023 à 19h00
    « Quand j’arriverai en Tunisie pour les vacances, je sourirai aux migrants, ce n’est pas grand-chose, mais qu’ils ressentent qu’on n’est pas tous les mêmes », promet Mayssa Ben Abdallah, une étudiante en commerce de 22 ans qui appréhende son prochain voyage dans le pays de son père.
    Depuis la mort, le 3 juillet, d’un Tunisien, lors d’affrontements à Sfax entre habitants et migrants subsahariens, la Tunisie est en proie à des violences racistes, encouragées par les déclarations du président Kaïs Saïed. En février, le chef de l’Etat dénonçait les « hordes de migrants » dont la présence serait le fruit d’un complot « pour changer la composition du paysage démographique en Tunisie ». Depuis, plusieurs centaines de personnes originaires d’Afrique subsaharienne, dont des femmes et des enfants, ont été expulsées de Sfax et conduites aux frontières libyenne et algérienne.
    En France, la diaspora tunisienne, qui comptait 328 200 personnes en 2022 selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), est divisée. Certains condamnent les violences à l’encontre des migrants, d’autres leur présence sur le sol tunisien et soutiennent la politique gouvernementale, voire justifient les brutalités sur les étrangers.Sur le marché de Belleville, à Paris, l’absence d’empathie envers les migrants est criante. « Y en a plus que marre ! », martèle un homme en rangeant ses marchandises. L’homme d’une trentaine d’années, qui n’a pas souhaité donner son nom, estime que le nombre de migrants a augmenté en Tunisie, les viols, les crimes, et même les actes de cruauté sur les animaux ont explosé. « Avant, on leur tendait la main, maintenant, ils violent les femmes et ils tuent », renchérit un passant anonyme. Des dénonciations sans précisions ni éléments de preuves mais qui éclairent sur l’état des relations. « Qu’on les renvoie dans le désert ! », conclut ce dernier.
    Pour l’étudiante Mayssa Ben Abdallah, le rejet des migrants serait une question d’âge : « C’est vrai qu’une partie de la génération plus âgée tient le même discours que tiennent les Français d’extrême droite. » Mohamed Bhar, ex-coordinateur de la Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives, dans le 19e arrondissement de Paris, condamne sans réserve les violences racistes observées de l’autre côté de la Méditerranée. Le 6 juin, comme chaque été, il est parti à Ksour Essef, à 200 km au sud de Tunis. Quelques jours après son arrivée, dans un supermarché, « quelqu’un s’est mis à lancer que les Subsahariens nous colonisent », témoigne-t-il.
    « J’ai très peur des vacances que je vais passer en Tunisie, des discussions qui vont sans doute nous diviser », anticipe la psychiatre et écrivaine franco-tunisienne Fatma Bouvet de la Maisonneuve. « En France, l’extrême droite s’exprime comme on aurait jamais imaginé il y a quinze ans, ajoute Wafa Dahman, journaliste et enseignante à Lyon. En Tunisie, il se passe exactement la même chose. » Après les violences qui ont suivi la mort de Nahel, tué par un policier le 27 juin, une partie de la classe politique française a fait le lien entre immigration et émeutes. Pour certains immigrés tunisiens, leur pays d’origine répète ce schéma de stigmatisation. « Alors que les Tunisiens peuvent subir cette situation en France, nous, Tunisiens, exerçons la même chose sur nos frères Africains ? », s’indigne Fatma Bouvet de la Maissonneuve. Parmi les personnes interrogées, les difficultés économiques actuelles de la Tunisie sont mises en avant comme première piste d’explication à la dérive raciste. « Avec la pauvreté, certains ne trouvent pas un bout de pain sec pendant trois jours », assure Ali Choubani, 80 ans, installé devant un lait fraise sur la terrasse d’un café de Belleville.
    « Il y a des files d’attente pour acheter du pain et il manque des produits de base comme la semoule ou le café, poursuit Mohammed Bhar. Certains rejettent les migrants à cause de ça, mais ce n’est qu’une justification, une partie de la population est simplement tombée dans le rejet de l’autre. » Pourtant, au sein de la société civile, certains se sont mobilisés. Des vidéos, filmées notamment à Sfax, montrent des habitants distribuer eau et nourriture aux migrants.
    Par-delà la politique et les difficultés du quotidien, l’étudiante en commerce rappelle que la Méditerranée ne fait pas de préférence : « Les Tunisiens vivent la même chose vers l’Europe, ils galèrent et se noient. » Si de janvier à mai 2023, 3 432 Tunisiens, dont 864 mineurs, ont atteint les côtes italiennes, selon le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, chaque année, des dizaines de jeunes harraga (littéralement des brûleurs de frontières) meurent en mer. Ces violences sont advenues dans un contexte de négociation de « partenariat global » entre la Tunisie et l’Union européenne, qui souhaite que Tunis renforce ses contrôles migratoires.
    L’épisode d’attaques racistes sur les migrants semble passé, mais « personne n’en sortira indemne », s’inquiète Fatma Bouvet de la Maisonneuve. « Ici, j’ai vu des Français pleurer pour les jeunes de banlieue. Nous, on pleure pour ce qu’on fait aux Noirs dans notre pays », raconte la psychiatre, « que deviendra la femme qui a accouché dans le désert ? Son enfant ? Les gamins, assoiffés, qu’on a laissés traîner dans la chaleur ? Tous auront des séquelles, que l’on ne verra pas. »

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#afriquesubsaharienne#migrationirreguliere#racisme#discrimination#violence#UE#controlemigratoire#harraga#italie#frontiere#economie#postcovid

  • Des côtes du Maroc aux îles Canaries, l’autre route mortelle des migrations
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/07/10/des-cotes-du-maroc-aux-iles-canaries-l-autre-route-mortelle-des-migrations_6

    Des côtes du Maroc aux îles Canaries, l’autre route mortelle des migrations
    Par Emma Larbi
    Publié le 10 juillet 2023 à 18h00, modifié le 11 juillet 2023 à 07h55
    Leur naufrage n’est que le dernier d’une nouvelle série de drames. Cinquante et un migrants de nationalité indéterminée, dont trois enfants, sont morts dans les eaux de l’Atlantique, samedi 1er juillet. Ils avaient embarqué dans le sud du Maroc, avec l’espoir d’atteindre l’archipel des Canaries. Finalement, « il ne reste du bateau qui a quitté Tan-Tan que quatre rescapés », rapportait sur Twitter Helena Maleno Garzón, la fondatrice de l’ONG Caminando Fronteras, après la découverte du drame.
    Le 11 juin déjà, 51 Marocains avaient disparu dans des conditions similaires. Ils avaient commencé une traversée au départ de la ville balnéaire d’Agadir, environ 265 km plus au nord. À peine dix jours plus tard, le 21 juin, un autre naufrage est déclaré à 160 km de l’île de Grande Canarie ; deux personnes sont retrouvées mortes lors du sauvetage, 39 autres seraient portées disparues, d’après les renseignements de Caminando Fronteras, une association qui défend les droits des migrants.Si les regards sont aujourd’hui tournés vers la Tunisie – notamment vers la ville portuaire de Sfax, où des violences à l’encontre des migrants ont éclaté –, à l’autre bout du Maghreb, le sud du Maroc et le Sahara occidental, territoire que le royaume chérifien revendique, sont redevenus, eux aussi, des points de départ.
    Sur les îles Canaries, archipel espagnol situé au large des côtes marocaines et destination visée par les migrants, les entrées irrégulières étaient pourtant en baisse de 63 % au premier trimestre 2023 par rapport à la même période en 2022, affirmait le premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, en avril. Le résultat d’un accord entre Rabat et Madrid, entré en vigueur en avril 2022, après trois ans de crise diplomatique.Depuis le début de cette nouvelle coopération, les frontières des deux enclaves espagnoles en terre africaine, Ceuta et Melilla, et le détroit de Gibraltar sont davantage surveillés. Les Subsahariens et Marocains qui continuent de tenter d’y pénétrer seraient « les plus désespérés, ceux qui n’ont ni réseaux, ni contacts », indique Mehdi Alioua, enseignant-chercheur spécialiste des migrations à l’Université internationale de Rabat. Il y a un an, le 24 juin 2022, alors qu’environ 2 000 migrants subsahariens tentaient de franchir en force le mur entourant Melilla, la répression policière avait fait 27 morts, selon l’Association marocaine des droits humains (AMDH).
    Le durcissement de la surveillance au nord du Maroc pourrait expliquer l’augmentation des tentatives par le sud, malgré les prix plus élevés des traversées. L’étendue des côtes rend la surveillance plus complexe. « Si l’Atlantique est surveillé, ce n’est pas la priorité sécuritaire, décrit Mehdi Alioua. Les forces marocaines surveillent surtout l’est du territoire », le long de la frontière avec l’Algérie. Cependant, pour le chercheur, les passages empruntés par les migrants n’obéissent pas nécessairement à une logique réfléchie. « Il y a des paramètres qui font bifurquer les routes (…), le bouche-à-oreille ou les réseaux sociaux. » En Espagne, à deux semaines des élections générales, certains analysent la recrudescence des flux migratoires en provenance des côtes marocaines à travers un prisme politique. « A droite particulièrement, certains pensent qu’il peut s’agir d’un avertissement pour le possible successeur de Pedro Sanchez, Alberto Nuñez Feijoo, s’il rectifiait le positionnement espagnol sur le Sahara marocain [nom donné par le Maroc au Sahara occidental] », avance comme possible piste d’explication le journaliste espagnol Ignicio Cembrero. Si l’actuel chef du gouvernement espagnol avait sorti son pays de sa neutralité sur le sujet, en mars 2022, en estimant dans un courrier au roi Mohammed VI que le plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental représentait « la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend », son rival du Parti populaire semble moins favorable à un tel positionnement.
    Sur le territoire marocain, les autorités tenteraient de limiter les tentatives de traversées par la voie sud, témoignent des associations locales. « En ce moment, il est impossible de voyager sans carte de séjour vers le Sud », raconte Jonas Nsona, responsable à l’Arcom, une association d’aide aux migrantes. « Les contrôles préalables sont plus présents, notamment dans les bus et les transports, on demande davantage de documents administratifs », ajoute Camille Denis, directrice du Groupe antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers et migrants (Gadem).
    Le trajet vers les îles Canaries est considéré comme l’un des itinéraires les plus dangereux par l’Organisation internationale pour les migrations. S’il faut compter 450 km de navigation au départ de Dakhla, au Sahara occidental, certains migrants tentent une traversée encore plus longue et périlleuse. Le 4 juillet, 159 personnes secourues en mer puis débarquées à Tenerife seraient « parties de Mbour, au Sénégal, huit jours plus tôt », indique l’agence de presse espagnole EFE. Lundi 10 juillet, les sauveteurs espagnols ont annoncé avoir localisé une embarcation sur l’Atlantique qui pourrait transporter environ 200 migrants partis du Sénégal. Finalement, ce ne sont que 86 personnes, 80 hommes et 6 femmes, qui ont été sauvées plus tard dans la journée. Un navire de secours en mer les a ramenées vers l’île de Grande Canarie où elles ont été accueillies par des employés de la Croix-Rouge qui leur ont prodigué des soins médicaux. Selon Caminando Fronteras, qui tient ses informations des appels de migrants ou de leurs proches, le navire recherché par les autorités espagnoles est parti le 27 juin de la localité sénégalaise de Kafountine, située à environ 1 700 km des côtes des îles Canaries. L’ONG assure enfin que deux autres bateaux partis du Sénégal le 23 juin sont portés disparus, avec environ 120 personnes à bord au total.

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