Philippe De Jonckheere

(1964 - 2064)

  • ÉMERI : Définition de ÉMERI
    https://www.cnrtl.fr/definition/%C3%A9meri

    − Loc. Bouché à l’émeri (cf. boucher II A 1).[En parlant d’un flacon] Dont le goulot et le bouchon ont été polis à l’émeri pour assurer l’étanchéité. Les fioles de parfumerie taillées à côtes, bouchées à l’émeri et coiffées d’un casque de peau blanche (Huysmans, Marthe,1876, p. 39).

    Ahhhh, c’est donc de là que ça vient… (#merci_arno 49 ans, faut pas hésiter quand on sait pas)

    • C’est assez rigolo, mais en même temps, il y a cette phrase qui suggère que le filtrage par AI par particulièrement approximatif :

      With every sort of content filter, there is a tradeoff, [the executive] explained. When a platform aggressively enforces against ISIS content, for instance, it can also flag innocent accounts as well, such as Arabic language broadcasters.

      Si « Arabic language broadcasters » te classe dans la censure automatique anti-ISIS – mais « la société est prête à l’accepter » (quelle société, si ce n’est la société islamophobe et raciste du shithole country ?) –, le fait que des républicains soient confondus avec des néo-nazis ne m’apparaît plus si défendable (même si, bon quand même…).

    • Ce qui est vraiment consternant c’est que ce type de raisonnement est à la base des logiques de détection algorithmique que ça s’appelle IA, statistiques ou toute autre méthode qu’on voudra bien utiliser. Toute méthode produit des #erreurs (de 1ère espèce, faux positifs ou de 2nde espèce, faux négatifs) et, à l’usage, et on l’évalue en fonction de l’occurrence de la prévalence de l’élément que l’on cherche à détecter dans la population (resp. % de terroristes dans la population d’arabophones, % de néo-nazis chez les républicains).

      Pour une intro de base, voire #Sensibilité et #Spécificité chez WP
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Sensibilité_et_spécificité
      ou encore #courbe_ROC, #AUC, …
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Courbe_ROC

      Après ces bases statistiques – toujours remarquablement absentes dès qu’on parle d’étendre un dispositif de surveillance/détection – mais après seulement, on peut parler en terme de coût (financier ou social) des erreurs des deux types. Et donc, ce que dit @arno, ce qui est socialement acceptable :
      • vu la prévalence de l’islamo-terroriste et quels que soient les performances des détecteurs, on est pratiquement assuré que (presque) tous les positifs seront des faux positifs (et on s’en fout…)
      • pour les néo-nazis, on risque surtout de buter sur l’endroit où on met la limite (et il n’est même pas avéré que les faux positifs soient fâchés de l’erreur de classification…)

    • L’attrait de l’article, c’est l’idée que d’« après Twitter », s’ils censurent automatiquement les contenus néo-nazis, ils vont se retrouver à censurer des élus républicains (« faux positifs »), et ça nous fait à tous un peu plaisir de penser que ça confirme que les élus républicains ne sont pas bien loins des néo-nazis white-power. Si on résume cette logique : « la censure par l’AI de Twitter confirme que les républicains sont des fachos ».

      Le problème, c’est que le même article signale que quand ils filtrent avec la même AI les contenus pro-ISIS, ça met dans le tas des contenus totalement innocents au motif que le simple fait de parler en arabe est un marqueur fort pour l’AI (faux positifs donc aussi).

      Donc l’intérêt – a priori assez plaisant – de l’article, comme quoi les « erreurs » de l’AI de Twitter démontreraient ce qu’on pense déjà, c’est-à-dire que les républicains sont des fascistes, hé ben ça ne tient pas (sinon on accepte l’idée que les gens qui s’expriment en arabe sont pro-ISIS, puisque c’est ce que fait la même AI).

    • merci @arno, je vais te sous-traiter les réécritures de mes écrits « technique »…

      Les mots sont «  techniques  », mais le principe est assez simple. Un «  classificateur binaire  » auquel fait référence WP, ça veut juste dire qu’on trie une population en 2 tas ; pour faire simple des «  méchants  » et des «  gentils  ». Ça marche pour plein de trucs : un œuf pourri dans la production d’un poulailler, un monsieur avec du plastic dans ses semelles parmi les passagers embarquant à Roissy, un «  pas gentil  » parmi les trombines des passants dans une rue, etc.

      Toute méthode, automatisée ou pas, appliquée systématiquement produira des erreurs ; erreurs de DEUX types :
      • un «  gentil  » pris pour un «  méchant  » (faux positif)
      • un «  méchant  » pris pour un «  gentil  » (faux négatif)
      et donc sera associée à DEUX risques, le risque des erreurs de la première espèce ET le risque des erreurs de la seconde espèce (au passage, ce sont les termes techniques).
      Dans la plupart des méthodes, tu disposes (d’au moins) un paramètre qui te permet d’arbitrer entre ces deux risques. Ainsi, si tu ne veux pas avoir de faux positif, il suffit de décider que tout le monde est gentil ; le hic c’est que ta méthode n’interceptera plus aucun méchant. Et tu peux échanger entre les deux risques.

      Typiquement, dans les exemples statistiques qui vont bien (en contrôle qualité, p. ex.) on considère des risques d’erreur de l’ordre de 5% à 10%. Prenons, p. ex. 5% pour le premier et 10% pour le second) au passage, dans la plupart des méthodes de surveillance, on en est très loin. Ainsi dans cet exemple pointé récemment, https://seenthis.net/messages/799826, on trouve 19% des individus identifiés correctement ; on ne sait pas très bien à quoi ça correspond par rapport aux risques ci-dessus, mais on voit que 81% (le complément à 100%) des individus ne sont pas correctement reconnus.

      Gardons 5% et 10%. Le dernier paramètre important pour modéliser le fonctionnement du système de surveillance, c’est le pourcentage a priori de «  méchants  » dans la population totale. Avec ça, tu vas pouvoir calculer combien, en moyenne, ton système produit d’erreurs et de quels types. Je prends par exemple, les passagers transitant à Roissy tous les jours, ça nous en fait environ 200 000, on peut raisonner «  en moyenne  ».

      Si tu as en gros 30% de méchants dans la population, tu en vois passer 60 000 dont tu laisseras passer 10% (2ère espèce) de faux négatifs (6000) et dont tu arrêteras le reste, soit 54 000.
      Sur les 140 000 gentils (les pas méchants, si tu préfères) 5% (1ère espèce) seront arrêtés, soit 7 000 et 133 000 passeront sans encombre.
      Bilan : tous les jours tu interceptes 61 000 personnes dont 54 000 à juste titre et 7 000 par erreur. C’est encore admissible…

      Mais 30% de méchants, c’est ÉNORME. Mettons en 1% (et c’est encore gigantesque) et refaisons les calculs.
      2 000 méchants par jour, dont 200 passent au travers du filet et 1800 sont arrêtés
      198 000 gentils dont 9900 sont arrêtés à tort.
      Bilan : tu as arrêté 10 100 personnes dont 200 vrais méchants. De ce fait, outre le bazar que tu mets à l’embarquement, (pratiquement) toutes les personnes retenues le sont à tort, résultat, très vite, on ne s’occupera plus des alarmes.

      Conclusion, très générale : quand ce que tu cherches est très peu fréquent dans la population, les méthodes de contrôle systématiques en population générale (càd appliquées à tout le monde) ne peuvent pas marcher. Toute personne affirmant le contraire est au mieux un ignare au pire un escroc manipulant les ignares. Ce qui marche (éventuellement) ce sont des méthodes spécifiques (par exemple un indic – on a aussi un exemple tout frais) appliquées sur des populations ciblées (càd où, a priori, le taux de méchants est plus élevé qu’en population générale). La seule justification (?) d’un contrôle systématique de disposer d’une gigantesque base de données qui te permet, quand tu connais le méchant de pouvoir le retrouver dans ta base).

      OK, si tu souffres d’aritmophobie tu auras décroché très rapidement, mais la logique de ce type de calcul est assez simple et imparable, même si c’est un peu long à développer (ce qui fait que ça ne l’est rigoureusement jamais…)

      PS : je sais que j’ai déjà développé ce genre de choses (au moins…) une fois ici.

    • @arno , @simplicissimus Comme je suis super content d’avoir osé dire (après une longue hésitation) que j’avais rien capté, parce que maintenant j’ai compris et je trouve cela vraiment très intéressant, je regrette même de ne l’apprendre que maintenant tant ce raisonnement des faux positifs et des faux négatifs m’aurait été tellement utile quand je travaillais dans l’informatique et que je me battais contre les avalanches de fausses alertes en tentant de faire remonter qu’elles étaient factrices de vraies alertes manquées.

      Avouez que vous êtes l’un et l’autre nettement plus clairs dans vos deuxièmes contributions dont je vous remercie tous les deux.

      Mais ça continue de me faire sourire qu’on confonde les Républicains avec des Nazis. Parce que c’est la même chose non ?

    • Diala a un geste, apparemment libanais, pour qualifier ma façon d’expliquer les choses : ça consiste à se boucher l’oreille gauche avec la main droite en faisant tout le tour de la tête.

    • Une amie proche de la famille avait un jour statué sur le fait que pour mes enfants la vraie punition c’était la longueur de l’explication. Ça nous avait beaucoup fait rire et cela avait été l’occasion d’une sérieuse remise en question paternelle, depuis quand je dois expliquer quelque chose à mes enfants on négocie avant l’explication le temps qui m’est imparti et on se sert d’un compte-minute.

      http://desordre.net/photographie/numerique/divers/videos/20181014_pendule.mp4

  • LE PIRE CONTRE-SOMMET DE L’HISTOIRE
    Biarritz ou le triomphe de la non-bataille

    On peut être défait pour avoir eu le dessous dans un affrontement, mais au moins a-t-on pour soi l’expérience de s’être battu, et parfois la certitude que d’autres viendront un jour vous venger. La défaite absolue consiste en ce que Guy Brossollet appelait la “non-bataille”. Il n’y a pas même de défaite, et c’est cela la véritable défaite.
    Depuis le sommet du G7 de Biarritz, Macron et son équipe se rengorgent de satisfaction pour les deux ou trois petits effets de scène que la mobilisation de tous les moyens médiatiques, militaires, policiers et diplomatiques à leur disposition leur a permis d’obtenir. Et depuis lors, symétriquement, les organisateurs du contre-sommet et ceux qu’ils prétendaient organiser s’échangent des noms d’oiseaux, se renvoyant la responsabilité de ce que lesdits organisateurs ne peuvent structurellement reconnaître comme un échec. Comme si cette situation ne contre-signait pas à elle seule la défaite advenue. La préfecture des Pyrénées-Atlantiques n’a pas manqué d’enfoncer le couteau dans le dos de ceux qui lui ont fait confiance par ces félicitations venimeuses : « Il faut saluer les organisateurs des rassemblements qui ont tout fait pour maintenir les éléments violents à distance, notamment concernant le choix des parcours. L’ultragauche et ses black blocs ont été marginalisés par des militants tout aussi hostiles qu’eux au G7 ». Cerise sur le gâteau : le ministère de l’Intérieur, au vu de cet état de choses, s’est même payé le plaisir de verser encore un peu d’huile sur le feu en déclarant au Canard Enchaîné qu’un deal tacite aurait eu lieu entre la préfecture et les organisations de gauche : l’autorisation de la symbolique “manif des portraits” du dimanche 25 août à Bayonne en échange du renoncement à toute action effective de blocage le matin du même jour. Et les organisateurs de se fendre d’un communiqué peu convaincant pour dénier toute collaboration avec les chefs des forces de l’ordre.
    Il n’y a pas jusqu’à la révélation d’une indic particulièrement active depuis un an tant dans l’organisation du contre-sommet que parmi les gilets jaunes de Toulouse et du Sud-Ouest - une ex-syndicaliste CGT d’EDF à Clermont-Ferrand semble-t-il - qui n’ajoute au marasme. Une si complète déroute ne peut procéder que d’un complexe faisceau de causes. Elle ne se laisse ramener ni à des généralités sur les contre-sommets, les Basques, les gauchistes, les anarchistes et les sociaux-démocrates. Plutôt que de courir après la prochaine échéance, le prochain mouvement et la prochaine défaite en déniant celle que l’on vient de subir cuisamment, plutôt que de tenter d’oublier au plus vite comment l’on a pu se méprendre sur ce qui adviendrait à Biarritz, Bayonne ou Hendaye, nous avons tout à gagner à ouvrir le débat afin de comprendre ce qui a bien pu se passer, et ce qu’il faut se garder de reproduire, si l’on ne veut pas produire de nouveaux échecs en série. Des participants au contre-sommet nous ont fait parvenir la contribution qui suit. Nous la publions en espérant que d’autres suivent.

    LE G7 EN FEU, LE CONTRE-SOMMET AU MILIEU

    Il promettait ce G7. Après une année où la France sortait de son atonie, marquée par l’émergence conjointe du mouvement des Gilets Jaunes et d’un renouveau des luttes écologistes et climatique, le rendez-vous avait été fixé fin août au Pays Basque pour contester ensemble le cynique spectacle de l’ordre néo-libéral. Ces deux luttes qui avaient cohabité pendant l’année, sans jamais vraiment se croiser, devaient être le fer de lance d’un combat anticapitaliste, antiraciste, antiautoritaire, féministe et anti-impérialiste. Tout le monde s’attendait à une incarnation en acte du slogan « fin du monde, fin du mois, même combat ». 
    Certain-e-s avait ironiquement sous-titré la réplique qui se préparait à ce sommet « Welcome to Paradise ! », comme un hommage à la beauté combative des côtes Basques et pour se placer dans la lignée de la réponse populaire et conséquente qui s’était dressée face au G20 de Hambourg en 2017 – « Welcome to Hell ! ». Pourtant, et à rebours de ce qui était annoncé un peu partout et par tout le monde, nous avons eu l’impression d’assister à « We love Green », un festival consensuel où l’impuissance est brandie en victoire politique par ses organisateurs. Alors, comment est-on arrivé à ce désastre ?

    NÉGOCIATIONS AVEC LE MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR ?

    C’est ce qu’avance le Canard Enchainé dans son édition de la semaine dernière. Les concerné-e-s se disent heurté-e-s par de telles allégations et démentent formellement en disant, qu’au vu des organigrammes bureaucratiques, tel-le sous-chef-fe n’a pas pu participer à des réunions avec tel-le autre de la préfecture. 
    Alors, répondons dès maintenant à cette question qui taraude tout le monde : ANV, Bizi, Attac, Alternatiba & co ont-ils secrètement négocié avec le ministère de l’Intérieur ? A vrai dire, on s’en fout, puisque ces orga collaborent ouvertement, et depuis longtemps, avec l’Etat dans le cadre de la préparation de ce contre-G7. Et peu importe qu’il y ait eu ou pas une réunion avec l’une ou l’autre asso : les organisateurs du contre-sommet ont toujours été sur la même ligne politique, stratégique et médiatique que celle des organisateurs du sommet officiel. C’est ce qu’on va tâcher de vous raconter.

    LE G7 ET SON DOUBLE

    Dans un G7 réellement inversé, le contre-sommet n’est qu’un moment de l’officiel. Et c’est un des portes paroles de G7EZ – la plateforme basque - qui l’affirmait en juin : « Pour l’instant, on travaille en bonne intelligence avec les services de la préfecture, mais on n’est pas tout à fait sur la même longueur d’onde. Depuis le début, la préfecture souhaite un contre-sommet réussi pour valider le sommet du G7. Nous, on souhaite clairement invalider le G7 ! Et démontrer que ce sommet n’est que du gâchis. Malgré tout, nous voulons travailler au maximum pour pouvoir permettre aux personnes, aux militants qui souhaitent venir à ce contre-sommet de pouvoir nous rejoindre, dans le cadre de ce que l’on propose, c’est-à-dire une organisation avec un camp, des conférences et des actions pacifistes » [1]. Et étrangement, le « cadre proposé » et négocié avec l’Etat a fait en sorte que « le contre-sommet » soit réussi, c’est-à-dire qu’il ne se passe presque rien. Oupsi. Le ministère de l’intérieur avait de quoi être ravi. Il l’a été.
    Rien qu’à la lecture des plaquettes distribuées à l’entrée du campement d’Urrugne, on pouvait se dire que quelque chose n’allait pas : les trois premiers jours du contre-sommet n’étaient consacrés qu’à des conférences assez consensuelles, le temps des actions ne venant qu’après. « On l’a décidé, vous n’avez pas le choix, sinon partez » a-t-on pu entendre à l’une des premières AG improvisées.
    Dans le campement et dans Hendaye même, beaucoup de gens étaient déçu-e-s, puisque bon nombre, y compris certain-e-s de leurs membres étaient venu-e-s en ayant pris au sérieux leurs communiqués : Si ce G7 est aussi nuisible et cynique que vous le dites, il faut l’empêcher, ou au moins le perturber. A défaut, on leur a seulement proposé d’écouter la bonne parole alternative, dans des amphithéâtres climatisés, flambant neufs, avec leurs caméras et leurs écrans, lors de débats lénifiants et consensuels. La CGT et Greenpeace y ont même promis de se parler prochainement, devant une salle médusée. L’auditoire était venu pour saboter de néfastes réunions, et on leur imposait un piètre simulacre pour militants des conférences du G7. 
    C’est à ce moment-là qu’il est devenu clair que les assos organisatrices de ce contre-sommet voulaient exactement la même chose que Macron, ou plus précisément elles voulaient devenir son double : tout avait été fait pour que ce contre-sommet ne soit rien de plus qu’un droit de réponse télévisuel à l’officiel. La seule chose qui ait été véritablement pensée c’est un partage du temps d’antenne sur BFMTV, où les grand-e-s chef-fes des grandes assos pourraient prêcher la bonne parole, tout comme les grand-e-s cheff-e-s des grands pays prêchaient la leur. Petit théâtre d’ombres sous le soleil basque, où les un-e-s et les autres se répondent, sans que jamais rien ne vienne troubler leur dialogue de représentants.
    De la même manière qu’il est pathétique de se déclarer pour la paix dans un territoire qui connaît une militarisation rappelant les pires moments du franquisme, de se prononcer pour l’ouverture des frontières quand à quelques kilomètres de là des flics de tous pays contrôlent et arrêtent à une barrière de péage, de dénoncer l’impérialisme quand un hélico américain survole Hendaye [2], nos grosses orgas écolo ont demandé « la justice sociale et climatique » à des incendiaires [3], et prôné la non-violence au milieu de leurs policiers armés. Pour ces orgas, l’écologie n’est qu’une vitrine dans laquelle iels peuvent se faire voir, une marchandise symbolique à vendre et à négocier avec les puissants devant les médias du monde entier, et c’est dans cette optique qu’iels ont organisé ce contre-sommet. 
    L’écologie, quand elle est correctement articulée aux autres luttes, peut porter un potentiel immense d’émancipation. Mais elle comporte aussi les pires trahisons : ANV, Bizi, Alternatiba, Attac et consorts n’avaient rien à négocier avec l’État, puisqu’on ne négocie pas avec ses allié-e-s : on s’arrange entre ami-e-s. 

    LE PACIFISME COLLABORE

    En plus d’être sur la même ligne médiatique que l’Etat, ces assos et orgas ont construit une stratégie commune avec lui et l’ont nommée : « consensus d’action ». Ce consensus d’action a pris des formes assez étonnantes pendant cette fin de semaine : sorti bruyamment quand il visait les manifestant-e-s, et mystérieusement tu quand il aurait pu permettre de s’opposer au G7 et à la violence qu’il comporte intrinsèquement.
    Ce fameux « consensus d’action », si décrié, était présenté en très gros sur la jolie plaquette transmise aux participant-e-s du contre-sommet. Nous vous en proposons une retranscription : 
 
    « Les organisateurs de contre-sommet, nous avons convenu ce consensus d’action : 
     Nous agirons avec calme et détermination, dans un esprit de construction et de résistance.
     Nous ne dégraderons rien, nous ferons uniquement usage de méthodes et techniques non-violentes et pacifiques pour montrer notre détermination, nous ne participerons pas à la surenchère et nous ne mènerons pas de stratégie de confrontation avec les forces policières. En cas de charge et violence policières, nous mettrons en place des techniques de résistance non violente, à définir ensemble.
     Nous sommes attaché.e.s à garantir la sécurité des personnes présentes sur les lieux de nos manifestations et actions. Par notre présence, notre nombre et notre cohésion, nous montrerons que nous sommes la solution.
     Par contre, nous nous opposons à toute tentative de récupération de nos mobilisations à des fins commerciales, réactionnaires ou violentes. »
     À la lecture de ce texte, il devient clair que la défense d’ANV, Bizi, Attac, Alternatiba et leurs compères devient un peu plus futile : peu importe que l’une ou l’autre asso soit membre d’une plateforme, ou juste organisatrice de la marche des portraits ou de l’action de blocage annulée du dimanche, puisqu’elles partagent exactement le même point de vue et la même stratégie. Ce consensus d’action est le même que celui porté par Alternatiba, ANV-COP21 et Bizi lors de leur marche des portraits [4]. Et sur place, toutes ces assos étaient plus ou moins interchangeables, discutant cordialement ensemble pendant les conférences et se soutenant mutuellement dans les AG. Qui se renseigne un peu apprend que Bizi est une organisation basque, qu’Alternatiba est sa déclinaison européenne, et qu’ANV-COP21 est la branche "résistance" d’Alternatiba.
    Alors, oui, ANV-COP21, Alternatiba, Attac, Bizi et leurs associé-e-s dénoncent la violence. Mais quand ça les arrange, c’est-à-dire surtout quand elle ne vient pas de l’Etat. Le seul communiqué qui a été réalisé sur la question de la « violence », l’a été pour dénoncer « l’agression d’un passant » lors d’une manifestation qui amenait une charpente du campement au port d’Hendaye où était situé l’Ambazada (lieu des rencontres intergalactiques organisées par des personnes de Notre Dame des Landes) : un monsieur avec une caméra s’est énervé quand il s’est vu expliquer que la contestation n’était pas un spectacle et que les films qu’il réalisait pouvaient mettre en danger des personnes. Selon plusieurs sources, il aurait engagé une bagarre avec ses interlocuteurs. Cette manifestation n’étant pas au programme négocié avec l’Etat, les plateformes ont vu rouge et ont déclaré : « Comme le rappelle notre consensus d’action, aucune forme de violence morale ou physique ne sera tolérée. Nous appelons les agresseurs à prendre leurs responsabilités et à quitter le lieu de vie qui ne peut accueillir les auteurs de telles violence » [5]. Rien sur le contexte, juste une condamnation morale. On se croirait au Tribunal de Grande Instance. 
    En revanche, quand la police attaque par deux fois, dans la même soirée, coup sur coup, une manifestation et le campement, il n’y a plus de Bizi, d’Alternatiba, d’Attac, d’ANV ou de plateformes. Silence radio. Il ne faudrait quand même pas vexer ceux que l’on conteste. 
    Dans la fin d’après-midi du vendredi 23, deux motards de la gendarmerie et une voiture de la BAC se perdent dans une manifestation qui rentre, solidement escortée, d’une tentative de blocage. Ils en sont joyeusement chassés, mais pour sauver l’uniforme bafoué de leurs collègues, des forces antiémeutes (des CSI-CDI), des BAC et des voltigeurs (BRAV-M) chargent à moto sur les bords d’une falaise une foule de 300 personnes qui n’a pas d’autre choix que de courir ou de se prendre des LBD ou des coups de tonfa. Où est le communiqué appelant l’État à stopper sa violence et à quitter les lieux immédiatement ? Où est le soutien aux interpellé-e-s, aux tabassé-e-s et à ceux et celles qui n’ont pas eu la force ou la capacité de courir assez vite pour leur échapper ? [6]
    Moins d’une heure après, et toujours pour assouvir leur petite vengeance corporatiste, ces mêmes policiers accompagnés d’autres attaquent le campement, allant jusqu’à ses portes pour tirer à vue sur tous ceux et celles qui tentent de les faire reculer. Alors que l’auto-défense s’organise collectivement, toujours pas de Bizi, ni d’ANV, ni d’Attac, ni d’Alternatiba, ni de plateforme. Et elles brilleront encore par leur absence quand dans l’AG du soir on apprendra qu’une indicatrice de la police était vraisemblablement infiltrée dans le campement, et qu’une caméra avait été trouvée dans un arbre.
    À vrai dire, elles ont dû avoir peur, ces orgas : à entendre tous les soirs des « tout le monde déteste la police » qui sortaient gaiement du bar des gilets jaunes, à voir que les participant-e-s étaient prêt-e-s à s’auto-organiser sans leur demander leur accord (marche vers l’Ambazada, manif en non-mixité, concert nocturne, action de blocage de l’autoroute, organisation pour aller à Bayonne le samedi…), et surtout prêt-e-s à s’auto-défendre collectivement en cas d’attaque de la police. Elles ont compris que malgré tout ce qui avait été mis en œuvre avec l’Etat, elles ne contrôlaient pas grand-chose, que la politique était un peu plus compliquée qu’un festival We love Green, que personne n’était venu pour consommer des conférences et des actions. Du coup, prises de panique, elles se sont rangées ouvertement derrière l’État : elles ont convoqué une AG le samedi matin à 8h sur le campement pour « assurer la sécurité des personnes pendant ce week-end », reprenant ainsi le vocabulaire policier à défaut de penser une défense collective. 
    Et alors ça a été la débandade politique des alternatifs [7] : les seuls forces de l’ordre qui ont été aperçues dans Hendaye pendant la grande manifestation « anti-G7 » du 24 août, c’était les gilets verts d’ANV, d’Attac d’Alternatiba et de Bizi protégeant les deux banques du parcours, mais aussi, et plus cocassement, un petit salon de coiffure, comme si le black bloc, quand il n’est pas occupé à manger des enfants, complotait contre les teintures. 
    L’action "désobéissante" du dimanche - des occupations de places, sans "blocage" ni "départ en manif" nous a-t-on bien précisé - a été annulée, puisqu’elle risquait d’être trop désobéissante, et a été remplacée par une projet de "mur populaire". Personne n’a jamais su à quoi ça pouvait ressembler puisqu’il s’est vu sacrifié sur l’autel de la ’sécurité des personnes’. Alors, pourquoi ces renoncements en chaîne ? Parce que les orgas se sont rendu compte qu’elles ne pourraient rien maîtriser, et que malgré les leçons de morale faites à ceux et celles qui voulaient s’auto-organiser, on ne leur reconnaissait pas une once d’autorité : elles ont dû penser qu’il fallait mieux abdiquer que de perdre leur face acceptable. 
    Elles ont dû tellement être chamboulées par cette découverte qu’elles n’ont pas pris le temps de dénoncer l’attaque violente d’une manifestation, du campement et de demander la libération immédiate de toustes les incarcéré-e-s. Sûrement pensaient-elles déjà au prochain We Love Green, ou à écouter de la pop en mangeant du quinoa bio. 
    Reste une grande question : pourquoi la manif des portraits du dimanche a-t-elle été maintenue et n’a pas été agressée par la police comme l’ont été les manifs du vendredi 23 sur la Corniche et celle du samedi 24 à Bayonne ? La réponse est sûrement bien plus simple que des négociations secrètes : elle a été accordée par la préfecture aux opposants officiels, en guise de remerciement pour services rendus. Et c’est même Attac qui le dit : "Si la manifestation n’était pas autorisée, pourquoi les forces de l’ordre ne sont pas intervenues ?" La réponse est simple pour le porte-parole d’Attac. “Ils connaissent les organisations, ils savent qu’elles ne causent jamais de problèmes de maintien de l’ordre. Par exemple, vendredi (24 août, la veille du G7) nous avons pu mener une action pacifique, non déclarée, sans être réprimés par les gendarmes”.
    Et c’est ainsi qu’au milieu du week-end, le campement, dépité, s’est rapidement vidé : beaucoup étaient venu-e-s plein de motivations, mais finalement assez peu préparé-e-s. Peut-être avait-on oublié que les orgas ne font jamais des cadres facilement réappropriables. Peut-être avait-on trop cru aux prévisions sur le débarquement massif de contestataires venu-e-s de tous les ronds points et de toute l’Europe. Peut-être avait-on trop écouté la plateforme basque qui annonçait qu’un sommet ici était l’affront de trop qui ne passerait pas. Peut-être avait-on omis que le modèle un peu éculé de ’contre-sommet’ était peu à même nous faire revivre la créativité de ces derniers mois. Trop sûrement, on a pu penser que ce G7 se bloquerait tout seul, comme par magie, puisque tout le monde l’annonçait. Comme si l’histoire pouvait se faire toute seule. Et même si le déploiement délirant des forces répressives a sûrement rendu impossible toute confrontation frontale, il aurait pourtant été faisable de vietnamiser ce contre-sommet, de défaire Biarritz depuis les collines. Mais rien ne sert de refaire le match perdu, gardons juste à l’esprit que maintenant plus jamais, il ne faut croire les promesses médiatiques et bureaucratiques. 
    Bilan de ce contre-sommet pour ANV, Alternatiba, Bizi, Attac & co : un beau temps d’antenne télé, un joli statut d’opposants officiels, de jolies photos, une belle gestion du maintien de l’ordre des « agité-e-s » (de la même manière que Macron à bien géré son « agité » à lui, Trump), de grands discours pleins de bonnes intentions et des longs silences complices quand la police attaque leur contre-sommet. Et tout le monde peut rentrer chez soi heureux et satisfait. Et le sinistre cirque médiatico-politique peut reprendre. Mais jusqu’à quand ?

    LEUR ÉCOLOGIE N’EST QU’UNE VITRINE, DEVENONS LE PAVÉ

    Ce début d’automne va être marqué par le retour des luttes sociales et écologiques. Bon nombre d’actions sont d’ores et déjà prévues. Tâchons d’être à la hauteur de l’enjeu puisque ANV, Bizi, Attac, Alternatiba & leurs complices vont encore tenter de sévir, d’étouffer toute forme de lutte et de révolte un tant soit peu conséquente. Leurs actions continuent de se vouloir symboliques, c’est-à-dire insignifiantes, et c’est justement là qu’il faut les attaquer, les déborder. 
    À toustes les membres de ces assos et orga, nous tenons à vous rappeler que si vous voulez être à la hauteur de vos convictions et que vous essayez d’enrayer effectivement le désastre en cours, il n’est jamais trop tard pour déserter des rangs de la police et de tenter des choses nouvelles : 

    N’attendez rien, désirez tout !

    Lundi.am

    --
    [1] G7 Blokatu et G7 Ez, deux faces d’une même pièce - article à lire attentivement pour ceux et celles qui se laisseraient impressionner par la division du travail bureaucratique défendue par ANV, Bizi, Alternatiba et leur gang. 

    [2] « Pendant ce temps-là, un hélicoptère appartenant à la délégation américaine survolait le port. Ce dernier était arrivé, la veille, dans l’impressionnant avion de l’US Air Force, qui comprenait, en plus de cet hélico, du matériel militaire. » https://www.sudouest.fr/2019/08/21/contre-sommet-du-g7-l-ambazada-de-notre-dame-des-landes-prend-ses-quartiers

    [3] « De plus en plus autoritaires et bellicistes, ces 7 grands pyromanes se rencontrent pour perpétrer un système au service des plus riches et des multinationales. Il est temps de stopper les incendiaires de cette planète ». Contre-G7 et pour un autre monde, 12 juin 2019. Deux mois et demi que les incendies en Amazonie ébranlent le G7 et son double. Tristement prémonitoire

    [4] « Les mouvements Alternatiba, ANV-COP21 et Bizi organisent une « marche des portraits » pour le climat et la justice sociale le dimanche 25 août à 10h00 dans le centre ancien de Bayonne, à l’occasion de la tenue du G7 à Biarritz. (…) La participation à cette marche des portraits doit se faire impérativement à visage découvert et de manière 100 % non-violente, quel que soit ce que pourrait faire la police. » https://anv-cop21.org/g7-appel-a-marche-portraits

    [5] http://g7ez.eus/fr/communique

    [6] Un récit de cette attaque : https://blogs.mediapart.fr/fabrice-loi/blog/280819/incidents-en-marge-du-g7-lopinion-fabriquee-temoignage-de-garde-vue et un autre sous acide : https://www.leberry.fr/bourges-18000/actualites/deux-policiers-berruyers-violemment-agresses-en-marge-du-g7-a-biarritz_13629

    [7] Le sourire béat de la plateforme devant la violence de l’Etat : https://www.sudouest.fr/2019/08/24/apres-les-heurts-a-urrugne-les-organisateurs-du-contre-sommet-reaffirment-l
    --
    https://lundi.am/Le-pire-contre-sommet-de-l-histoire
    http://resistance-verte.over-blog.com/2019/09/le-pire-contre-sommet-de-l-histoire.html

  • #Journal du #Regard : Août 2019
    http://liminaire.fr/journal/article/journal-du-regard-aout-2019

    https://youtu.be/tMqIkjHCKnA

    Chaque mois, un film d’une demie heure environ, regroupant l’ensemble des images prises au fil des jours, le mois précédent, et le texte qui s’écrit en creux.

    « Une sorte de palimpseste, dans lequel doivent transparaître les #Traces - ténues mais non déchiffrables - de l’écriture “préalable” ». Jorge Borges, Fictions

    Au lieu de se souvenir (Semaine 32 à 36)

    Chaque mois, un film d’une demie heure environ, regroupant l’ensemble des images prises au fil des jours, le mois précédent, et le texte qui s’écrit en creux.

    « Une sorte de palimpseste, dans lequel doivent transparaître les traces - ténues mais non déchiffrables - de l’écriture “préalable” ».

    Jorge Borges, Fictions

    Impénétrable, indestructible. Tout est là, qu’on ne voit pas – qu’on ne veut pas voir et dont on ne veut rien savoir. (...)

    #Journal / Journal, #Voix, #Vidéo, #Sons, #Poésie, #Numérique, #Écriture, #Dérive, Regard, #Quotidien, #Ciel, #Nuit, #Nature, #Journal_du_regard, #Paris, Paysage, #Ville, #Travail, (...)

  • Giraldillas desobedientes
    Retour sur le sabotage institutionnel d’initiatives de désobéissance civile au #Pays_Basque sud, par Jonathan Martinez, chercheur en communication
    https://www.naiz.eus/es/iritzia/articulos/giraldillas-desobedientes

    Le 20 août 1999, deux activistes du mouvement Solidarité avec les PreSOS ont assisté à l’inauguration des Championnats du monde d’athlétisme à Séville, se sont déguisés en giraldillas - la mascotte officielle de l’événement - ont tourné en dérision le dispositif de sécurité de quatre mille policiers et cent caméras de surveillance, et ont marché pendant vingt minutes à travers le stade de La Cartuja avec des drapeaux contre la dispersion des #prisonniers_politiques basques. Une troisième personne a infiltré l’événement avec une caméra, une autre a distribué des tracts dans l’espace réservé à la presse et six autres activistes sont descendus en rappel dans les gradins et ont déployé une banderole en faveur du rapprochement des prisonniers. La police a arrêté un total de dix jeunes d’Errenteria.

    Le prince des Asturies l’a vu. Les soixante mille spectateurs qui ont assisté au gala l’ont vu. Nous étions chez nous devant la télévision entre stupeur et rigolade. Soixante chaînes du monde entier ont retransmis l’événement à un public potentiel de 3,5 milliards de personnes. Dans l’apothéose du trollage, l’une des mascotes de solidarité est venue serrer la main du présentateur, le journaliste Carlos Herrera, qui en a profité pour poser avec devant le public et l’appeler "notre giraldilla". Les deux militants camouflés ont applaudi l’hymne de l’Andalousie et sont restés immobiles sur scène pendant que le groupe sévillan Always Thus interprétait la chanson officielle des championnats. Plus tard, les délégations des pays participants ont défilé jusqu’à ce que les organisateurs détectent la blague et fassent sortir les mascotes.

    Après la manifestation, alors que la presse faisait déjà écho à l’événement, nous avons pu connaître la déclaration qui détaillait les intentions des solidaires. L’objectif n’était pas de boycotter le gala mais d’afficher une performance pacifique attirant l’attention sur la violation des droits de l’homme dans les prisons espagnoles. Igor Ahedo recueille cet épisode dans son livre "Le mouvement démo et la nouvelle cuisine basque (désobéissante)". « Nous avons traité la cérémonie avec respect. Nous aurions pu la couper complètement, mais nous nous sommes bien comportés et ne nous sommes placés que dans deux coins. Ils ont expliqué qu’#Euskal_Herria "compte 508 prisonniers politiques et plus de 2 000 réfugiés et exilés, et que l’État espagnol ne respecte pas ses propres lois pénitentiaires". Dans la tradition du mouvement de pro-amnistie, ils ont exigé la libération des prisonniers malades ainsi que de ceux qui avaient purgé les trois quarts de leur peine.

    Après une longue histoire de non-violence en Euskal Herria, les actions désobéissantes ont connu un rebond il y a vingt ans. Le contexte était bien sûr propice. Le 12 septembre 1998, les syndicats et la majorité politique basques avaient signé l’accord de #Lizarra-Garazi en quête de paix et de souveraineté. Une semaine plus tard, l’ETA a répondu par une trêve. Le modèle de négociation irlandais et le rôle de Tony Blair dans l’accord du vendredi saint ont trouvé leur réponse dans l’exécutif d’Aznar, qui a autorisé le 3 novembre « des contacts avec l’environnement du mouvement de libération basque ». Pendant la durée du gouvernement du parti populaire, il y a eu 311 libérations. Entre 1996 et 1999, le PP a approché 190 prisonniers, accordé 42 libérations conditionnelles et conçu un plan de retour pour 304 exilés poursuivis par la justice.

    Le cessez-le-feu et l’accumulation de forces souveraines ont créé un terreau propice à la #désobéissance_civile et ont placé les abus dans les prisons au centre de l’agenda politique basque. Trois mois après que l’ETA a déclaré le cessez-le-feu, Solidarité avec les PreSOS a planifié une action spectaculaire dans la prison d’Algésiras. À la veille du réveillon de Noël, un olentzero [personnage de la mythlogie basque associé au solstice d’hiver, devenu partiellement un équivalent du Père Noël, NdT] perché sur une fenêtre de la prison s’est enchaîné et a commencé à frapper les murs avec une pointe, tandis que deux autres militants déguisés en fermiers traditionnels déployaient une banderole en faveur du rapprochement des prisonniers. En novembre 1999, plusieurs détenus ont entamé une grève de la faim. Daniel Derguy a atteint 63 jours de jeûne au cours desquels il a perdu une trentaine de kilos.

    Mais la dynamique de la résistance pacifique s’est heurtée à la doctrine du "Tout est ETA" du juge Garzón. Dans un jeu retors d’illusionisme, les médias ont affirmé que la désobéissance civile était une forme de #terrorisme. À la fermeture du journal "Egin" en juillet 1998, s’est ajouté le raid contre la fondation Joxemi Zumalabe en octobre 2000. Le ministère de l’intérieur a porté des accusations aussi tordues que "l’ouverture de voies pour le non-usage de documents d’identité espagnols et français, arbitrant des documents exclusifs à Euskal Herria". Dans un galimatias d’instructions et d’accusations, plus de 250 personnes sont passées devant les tribunaux pour rendre compte de leurs activités dans le monde associatif. Sabino Ormazabal et ses compagnons désobéissants ont été acquittés en 2009, neuf ans après le raid. En janvier 2018, sortait de prison Joxean Etxeberria, dernier détenu de l’instruction 18/98.

    Les giraldillas désobéissantes ont vingt ans et la tentation de la comparaison nous assaille. Aujourd’hui, il n’ya pas de trêve, mais un #désarmement consolidé. Il y a eu beaucoup de négociations, mais le seul #processus_de_paix qui ait abouti est devenu celui dans lequel l’État n’était pas le protagoniste. Aujourd’hui, il n’y a pas d’accumulation de #souveraineté, mais une distribution de parts de gâteau entre le PNV, le PSOE et le PP. Aujourd’hui, on n’entend plus dire que "le Statut de Gernika est mort" et nous continuons à grapiller les compétences d’une loi organique violée depuis quarante ans [loi définissant l’autonomie de la Communauté Autonome Basque, toujours non intégralement respectée aujourd’hui, NdT]. Aujourd’hui, nous nous engageons dans des querelles préfabriquées concernant les ongi etorri [cérémonies de bienvenue aux prisonniers politiques retournant chez eux après leur sortie de prison, NdT], tandis que l’Audiencia Nacional explique que ce ne sont rien de plus que "des expressions de satisfaction, de solidarité et du désir d’une politique carcérale favorable". Nous avons aujourd’hui un représentant du gouvernement espagnol, comme Jesús Loza, qui se permet le luxe de brandir la menace d’une "recrudescence du terrorisme". Nous devrons attendre encore vingt ans pour voir un peu de lumière. Mais vingt ans ce n’est rien, chantait Gardel.

    [EDIT du 02/09, deux petites erreurs de traduction]

  • Abécédaire des prépositions : #Whisky
    http://liminaire.fr/palimpseste/article/abecedaire-des-prepositions-whisky

    https://youtu.be/C9jOFnk83JE

    La forme détournée de l’abécédaire est un genre voué à la célébration de l’acte créateur (le livre des livres). Cette année j’ai décidé d’aborder l’abécédaire par la #Vidéo. Deux fois par mois, je diffuserai sur mon site, un montage d’extraits de films (à partir d’une sélection d’une centaine de mes films préférés : fiction, documentaire, art vidéo) assemblés autour d’un thème. Ces films d’une quinzaine de minutes seront accompagnés sur le site par l’écriture d’un texte de fiction. Ce projet est un dispositif à double (...)

    #Palimpseste #Poésie, #Écriture, Vidéo, #Récit, #Musique, #Numérique, Histoire, #Cinéma, Abécédaire des prépositions (le film des films), #Regard, #Cinéma, #Corps, #Quotidien, (...)

    #Abécédaire_des_prépositions_le_film_des_films_ #Amour
    « http://bit.ly/filmdesfilms »

  • Les amis, je vous fais passer un extrait du message de ce matin de Gisèle et Yvon, les parents de Yann :

    Hier matin, tous les deux, on a dispersé les cendres de notre Yann dans ce qu’on appelle ici le Lagon de l’Ile d’Er, à Plougrescant. Lieu superbe bien connu des kayakistes. Nous y sommes allés en zodiac, au soleil levant, la mer était plate et il n’y avait personne, une Nature tellement paisible. On a confié Yann à la mer, jeté des dessins et des galets des enfants mais aussi les fleurs qu’ils avaient cueillies dans notre jardin. On est restés à dériver avec elles un bon moment.


    Le papa de Yann passe désormais beaucoup de temps sur Seenthis, où il retrouve tous ces amis dont Yann leur parlait régulièrement.

    • C’est téléphoné, mais évidemment :

      Oui, mais jamais, au grand jamais
      Son trou dans l’eau n’se refermait
      Cent ans après, coquin de sort
      Il manquait encore

      (La dernière fois qu’il est venu nous voir, on avait passé une journée à Sète, bravant crachin et vent gelé, juste pour aller voir la tombe de Brassens. La chanson qu’il jouait à Layal et à ses neveux, c’est Le petit cheval.)

  • Les chasses à l’homme

    Chasse aux esclaves fugitifs, aux Peaux-Rouges, aux peaux noires ; chasse aux pauvres, aux exilés, aux apatrides, aux Juifs, aux sans-papiers : l’histoire des chasses à l’homme est une grille de lecture de la longue histoire de la violence des dominants. Ces chasses ne se résument pas à des techniques de #traque et de #capture : elles nécessitent de tracer des lignes de #démarcation parmi les êtres humains pour savoir qui est chassable et qui ne l’est pas. Aux #proies, on ne refuse pas l’appartenance à l’espèce humaine : simplement, ce n’est pas la même forme d’#humanité. Mais la relation de chasse n’est jamais à l’abri d’un retournement de situation, où les proies se rassemblent et se font chasseurs à leur tour.
    Si la chasse à l’homme remonte à la nuit des temps, c’est avec l’expansion du #capitalisme qu’elle s’étend et se rationalise. En Occident, « de vastes chasses aux pauvres concourent à la formation du #salariat et à la montée en puissance d’un pouvoir de #police dont les opérations de traque se trouvent liées à des dispositifs d’#enfermement… Le grand #pouvoir_chasseur, qui déploie ses filets à une échelle jusque-là inconnue dans l’histoire de l’humanité, c’est celui du #capital. »


    https://lafabrique.fr/les-chasses-a-lhomme
    #exploitation #chasse #chasses #chasse_à_l'homme #livre

    En lien avec la question des #migrations, voici le petit extrait du mémoire de master de Sarah Bachellerie (pas encore soutenu), où elle cite le livre de #Grégoire_Chamayou :

    #asile #réfugiés

  • Les faits parlent d’eux-mêmes. A Berlin, des chasseurs urbains sont employés par la municipalité pour traquer et abattre les sangliers qui s’aventurent dans les faubourgs depuis plusieurs années. A Rome, un homme a été tué dans une collision entre son scooter et un sanglier en mars 2017. A Barcelone, en 2013, un policier qui avait tenté d’arrêter un sanglier avec son arme de service a atteint par erreur un de ses collègues, gravement blessé.

    https://www.lemonde.fr/big-browser/article/2019/07/30/quand-les-sangliers-arrivent-en-ville_5494965_4832693.html

  • La navigatrice et sauveteuse en mer Pia Klemp refuse la médaille de la ville de Paris !!! – Blog YY
    http://blogyy.net/2019/08/20/la-navigatrice-et-sauveteuse-en-mer-pia-klemp-refuse-la-medaille-de-la-ville

    « Paris, je t’aime. Je t’aime pour tous les gens libres et solidaires qui vivent en ton sein. Des gens qui se battent pour la liberté chaque jour, debout, bras dessus bras dessous, distribuant des couvertures, de l’amitié et de la solidarité. Je t’aime pour ceux qui partagent leur logement, leur amour et leurs luttes chaque jour, sans se soucier de la nationalité des personnes ni de savoir si elles ont des papiers ou pas.

    Madame Hidalgo, vous voulez me décorer pour mon action solidaire en mer Méditerranée, parce que nos équipages « travaillent quotidiennement à sauver des migrants dans des conditions difficiles ». Simultanément votre police vole les couvertures de gens contraintes de vivre dans la rue, pendant que vous réprimez des manifestations et criminalisez des personnes qui défendent les droits des migrants et des demandeurs d’asile. Vous voulez me donner une médaille pour des actions que vous combattez à l’intérieur de vos propres remparts. Je suis sûre que vous ne serez pas surprise de me voir refuser votre médaille Grand Vermeil.

    Paris, je ne suis pas une humanitaire. Je ne suis pas là pour « aider ». Je suis solidaire à tes côtés. Nous n’avons pas besoin de médailles. Nous n’avons pas besoin de pouvoirs décidant qui est un « héro » et qui est « illégal ». En fait, il n’y a pas lieu de faire cela, car nous sommes tous égaux.

    Ce dont nous avons besoin, c’est de liberté et de droits. Il est temps de dénoncer les honneurs hypocrites et de combler le vide par la justice sociale. Il est temps que toutes les médailles soient lancées comme des fers de lance de la révolution !

    Papiers et logements pour toutes et tous !
    Liberté de circulation et d’installation ! »

    Pia KLEMP, 20 août 2019

    #merci

  • Internet et diffamation

    Je prends la liberté de vous alerter sur les possibles conséquences de
    certains de vos commentaires (Reka, hier !) adossés à des liens que
    vous répertoriez sur Seenthis.

    As « gate keeper » de plusieurs listes dédiées à l’eau, auxquelles je
    participe depuis des années, et auxquelles je me réfère au cas
    d’espère mentionné plus bas, j’ai plusieurs fois émis pareilles
    alertes, ayant par ailleurs été mobilisé à une dizaine de reprises
    depuis 15 ans pour témoigner en faveur de camarades activistes qui
    s’étaient fort imprudemment aventurés à diffamer (violemment) diverses multinationales…

    Le bref exposé juridique ci-après synthétise les risques encourus dans l’hypothèse de la diffusion d’écrits qui pourraient être jugés
    diffamatoires :

    1- sur un site Internet assurant une diffusion en ligne, assimilé
    (pour aller vite, ARNO* va râler...) à un organe de presse. Dans ce
    cas de figure c’est la législation rappelée dans le (1) ci-après ("De
    la diffamation"), qui s’applique,

    2 - sur une liste de diffusion, comme la liste Wateragua. Dans ce
    second cas, comme en témoigne une jurisprudence que vous trouverez ci-après en (2) "Droit et listes de diffusion", outre les difficultés prévisibles, et de la définition d’un "groupe d’intérêts", et des obligations dont il sera vérifié que l’animateur de la liste s’y est
    plié ou non, dans le meilleur des cas d’éventuels propos diffamatoires pourront aussi être poursuivis, au titre cette fois du délit de diffamation non publique...

    Histoire vécue il y a quelques années :

    J’ai pu me rendre compte, à l’occasion de l’absence momentanée d’un
    abonné à la liste, dont j’ignorais le nom, le titre, la qualité, mais
    qui en s’absentant avait déclenché une procédure automatique qui m’a révélé son identité :

    – que nous ignorons qui reçoit les messages postés sur Wateragua,

    – que nous ignorons l’usage qui peut être fait, à posteriori, d’un
    message posté sur la liste.

    (Il me serait tout-à-fait possible de republier, en "m’anonymisant"
    pour faire obstacle à toute identification ultérieure, tel ou tel
    message comportant des propos susceptibles d’entraîner des poursuites en diffamation, publique ou non publique, sans que son auteur en soit informé. Jusqu’au moment où il recevra un commandement d’huissier...)

    –-------

    Bonne journée :-)

    Bien à vous.

    ML

    –-------

    1. DE LA DIFFAMATION.

    1. Principes juridiques.

    La Loi du 29 juillet 1881 définit la diffamation comme suit :

    – l’imputation d’un fait précis - donc susceptible de faire l’objet
    d’un débat contradictoire, sur sa réalité,

    – fait portant atteinte à l’honneur et/ou à la considération : il
    n’est pas nécessaire au regard de la loi française que le fait précis
    dont l’imputation pourrait être considérée comme diffamatoire soit
    constitutif d’une infraction pénale.

    – l’imputation de ce fait attentatoire à l’honneur et/ou à la
    considération doit viser une personne déterminée, personne physique ou morale, société ou organisme public.

    Afin d’échapper aux poursuites fondées sur l’application de la Loi du
    29 juillet 1881, plus particulièrement sur les articles de ce texte
    réprimant la diffamation, auteur et éditeur ne peuvent invoquer que
    deux "faits justificatifs" :

    2. La preuve de la vérité des faits dont l’imputation est considérée
    comme diffamatoire.

    Cette preuve doit être parfaite et totale : elle peut être rapportée
    par tous moyens - documents ou témoignages.

    Dans cet ordre d’idées sont rejetés comme modes de preuve les articles de presse ou la citation d’ouvrage précédemment publiés.

    Cette preuve doit être rapportée par un acte de procédure, dit "offre
    de preuve" dans les dix jours de l’introduction de la procédure par la
    personne qui s’estime diffamée.

    Cet acte doit comprendre :

    – Les faits dont on entend rapporter la preuve,

    – Les noms et adresses des témoins que l’on envisage de faire citer.

    A cet acte doivent être jointes toutes les pièces que le, ou les,
    défendeurs souhaitent produire à titre de preuve.

    Soulignons la brièveté de ce délai lequel ne peut être prorogé.

    A défaut de délivrance d’un tel acte, la ou les personnes poursuivies
    sont déchues de leurs droits à prouver les faits dont l’imputation est
    considérée comme diffamatoire, réduisant ainsi considérablement les
    chances d’obtenir du Tribunal une relaxe.

    2. La bonne foi.

    Les tribunaux sont de plus en plus réticents afin d’admettre l’éditeur
    et l’auteur de textes jugés comme diffamatoires au bénéfice de la
    bonne foi.

    Celle-ci, de jurisprudence constante doit répondre à quatre critères
    cumulatifs :

    – La légitimité du but poursuivi,

    – l’absence d’animosité,

    – la prudence dans le propos :

    A noter que l’emploi du conditionnel ou de formules interrogatives ou dubitatives ne fait pas disparaître la diffamation : bien au
    contraire, elle l’aggrave.

    Précisons la tendance jurisprudentielle à la sévérité : les magistrats
    exigent aujourd’hui, afin de pouvoir accorder le bénéfice de la bonne
    foi aux auteurs poursuivis pour diffamation, que ces derniers
    justifient sinon d’une objectivité ou dune impartialité, du moins d’un
    équilibre dans leurs propos.

    –-------

    2. DROIT ET LISTES DE DIFFUSION.

    Vous voudrez bien trouver ci-après le commentaire du jugement rendu le 25 octobre 1999 par la 17ème Chambre du TGI de Paris. Morin, Strauss c/ Grasser et Bechade. In « Legipresse » n°174, septembre 2000, P. 105 :

    « Une liste de diffusion sur l’internet peut ne toucher que des membres liés entre eux par une communauté d’intérêt, exclusive du caractère public des messages qui y sont diffusés.

    La diffusion d’un texte aux seuls membres d’un groupement de personnes liées par une communauté d’intérêt ne constitue pas une distribution publique au sens de l’article 23 alinéa 1er de la loi du 29 juillet 1881. La notion de communauté d’intérêt suppose certaines conditions d’admission au groupement quels qu’en soient la forme et le contenu, car c’est à ce titre seulement qu’un caractère privé peut être attribué à la réunion de ses membres. »

    (Sur l’affaire précitée) :

    « En l’espèce, l’abonnement et la liste des diffusions litigieuses
    permettant d’émettre et de recevoir des messages diffusés sur cette
    liste est soumis à plusieurs conditions qui sont : la qualité de
    membres à l’Association mondiale de psychanalyse qui regroupe une
    Ecole de cause freudienne et l’Association de la cause freudienne, à
    défaut le parrainage par l’un des membres de l’une de ces
    associations, une demande adressée au modérateur qui a vérifié la
    condition d’appartenance à l’un des groupes visés, enfin,
    l’inscription par le modérateur de l’adresse électronique du futur
    abonné auprès d’un serveur désigné, inscription qui lui permet l’accès à la liste de diffusion. Le tribunal considère que le parrainage dont il s’agit constitue une formalité de sélection qui engage la responsabilité du sociétaire qui l’accorde et oblige celui qui le reçoit au respect des règles communes. Dès lors la diffusion aux seuls adhérents de cette liste ne revêt pas un caractère public et les faits doivent être qualifiés en diffamation non publique. »

  • ’The Devil We Know:’ How #DuPont Poisoned the World with #Teflon
    https://www.organicconsumers.org/blog/devil-we-know-how-dupont-poisoned-world-teflon

    One of the key ingredients in DuPont’s Teflon was #C8, a toxic, man-made chemical created by Minnesota Mining and Manufacturing Company, better known as 3M, to make Scotchgard. The chemical, also known as #PFOS or #PFOA, is what gave Teflon its non-stick properties.

    Both #3M and DuPont were well aware of the health hazards associated with C8. But that didn’t stop DuPont from dumping the toxic chemical into local waterways, where it made its way into public drinking water and subsequently sickened thousands of people, and ultimately killing many of them.

    #Substances_alkylées_per_et_polyfluorées #eau #forever_chemicals

  • https://www.publie.net/livre/village-joachim-sene

    Village de @jsene, absolument magistral et obligatoire. Un sens et une qualité de la description balzaciennes et des qualités de narration qui rappellent un peu celles des Mendiants de Louis-René des Forêts.

    (Joachim j’espère qu’on ne peut plus faire le distinguo entre ton visage empourpré et tes cheveux !)

  • Abécédaire des prépositions : #Gare
    http://liminaire.fr/palimpseste/article/abecedaire-des-prepositions-gare

    https://youtu.be/HTW-H5MFsG4

    La forme détournée de l’abécédaire est un genre voué à la célébration de l’acte créateur (le livre des livres). Cette année j’ai décidé d’aborder l’abécédaire par la #Vidéo. Deux fois par mois, je diffuserai sur mon site, un montage d’extraits de films (à partir d’une sélection d’une centaine de mes films préférés : fiction, documentaire, art vidéo) assemblés autour d’un thème. Ces films d’une quinzaine de minutes seront accompagnés sur le site par l’écriture d’un texte de fiction. Ce projet est un dispositif à double (...)

    #Palimpseste #Poésie, #Écriture, Vidéo, #Récit, #Musique, #Numérique, Histoire, #Cinéma, Abécédaire des prépositions (le film des films), #Regard, #Cinéma, #Corps, #Quotidien, (...)

    #Abécédaire_des_prépositions_le_film_des_films_ #Amour
    « http://bit.ly/filmdesfilms »

  • La chancelière Merkel pour un sauvetage en mer des migrant·es organisé par l’État

    Heftige Gegenstimmen sind zu erwarten. Unterdessen geht das „unwürdige Geschachere um Menschenleben“ (Heiko Maas) weiter.

    Die beiden Gipfeltreffen der EU-Innenminister zum Thema „Seenotrettung und Migranten aus Libyen“ in Helsinki und danach in Rom haben keine Fortschritte gebracht. Die Antwort auf die dort aufgeworfene Frage: Wie weit reicht der EU-Konsens? wird in der aktuellen „Bewährungsprobe“, wie vorauszusehen war, wie gehabt beantwortet.

    Die NGO-Rettungsschiffe Ocean Viking und Open Arms warten mit 356 aus Seenot Geretteten an Bord des erstgenannten Schiffs und 147 aus Seenot Geretteten an Bord des zweitgenannten auf die Zusage, in einem europäischen Hafen anlanden zu können. Die Lage wird wie in den Fällen zuvor als dringlich beschrieben. Zwar haben inzwischen laut EU-Kommission Frankreich, Deutschland, Rumänien, Luxemburg, Portugal und Spanien Unterstützung angeboten, aber die Lösung stehe noch aus.

    Die wird wie so oft mit Italiens Bereitschaft verbunden, einen Anlandungshafen zur Verfügung zu stellen. Neu ist, dass sich diesmal ein Streit innerhalb der italienischen Regierung deutlicher äußert. Premierminister Conte äußerte sich in einem Brief gegen Salvinis Haltung zur Migration, dass dieser auf die Formel „geschlossene Häfen“ reduziere, wie die taz berichtet, „um seine Unterstützung zu erhöhen“.
    Wahlkampf-Risse in der italienischen Regierung

    Seit Salvini eine Neuwahl ins Gespräch brachte, werden die Risse zwischen den beiden Koalitionspartnern in Italien wahlkämpferisch betont. So verweigerte Verteidigungsministerin Elisabetta Trenta von der 5-Sterne-Bewegung die Unterschrift, die nach dem neuen Sicherheitsgesetz für ein Verbot der Einfahrt in einen italienischen Hafen nötig ist.

    Salvini will nach Darstellung der taz mit dem Verbot und einem Einspruch der Entscheidung eines Verwaltungsgericht in Rom entgegenwirken, wonach die Open Arms in italienische Gewässer fahren dürfe. Begründet hatte das Gericht dies mit einer „außergewöhnlich ernsten“ Lage.

    Das „unwürdige Geschachere um Menschenleben“, wie der deutsche Außenminister Maas die langen Verhandlungen vor gut einem Monat nannte, geht also weiter. Ein wesentlicher Unterschied zu früheren Verhandlungen über aus Seenot geretteten Migranten an Bord von NGO-Schiffen ist nicht zu merken. Seine Initiative, die die Vorgänge anders organisieren wollte (Seenotrettung im Mittelmeer: Maas für Vorreiterrolle Deutschlands) blieb eine Idee, die schnell verwehte.
    Merkel bringt einen neuen Vorschlag in die Debatte

    Nun hat Kanzlerin Merkel einen neuen deutschen Vorschlag in die Debatte gebracht. Sie plädiert, wie es am Freitag mehrere Medien berichten, für eine Wiederaufnahme der staatlich organisierten Seenotrettung im Mittelmeer.

    Angela Merkel : Sicherlich wäre es gut, wir hätten auch heute wieder eine Mission Sophia und staatliche Schiffe, die retten würden.

    https://www.heise.de/tp/features/Merkel-spricht-sich-fuer-staatliche-Seenotrettung-aus-4499758.html

    #politique_migratoire_UE #sauvetage_en_mer #Allemagne #Angela_Merkel

  • https://www.thecut.com/2019/08/trump-baby-photo-el-paso-shooting.html

    Imagine this: A shooter has entered a public place, where you are walking with your family. You have but a minute to realize you can save your 2-month-old by using your own body to shield him from the bullets raining down around you. Mere days later, your baby, the youngest survivor of the El Paso massacre, will appear on television with the very man who inspired the terrorist who killed both you and your husband. A photograph is taken, for posterity.

    In the photo, your baby wears a bowtie and tiny jacket; someone has dressed him up for this occasion. He gazes off to the side (toward his aunt, who stands beside First Lady Melania Trump), his body stiff, his face solemn. He is not at ease in this strange lady’s arms. How could he be? Your child has just gotten out of the hospital, where he was treated for broken bones incurred when you desperately threw yourself over his little body and took the bullets that seconds later orphaned him and his two siblings.

    Neither the president nor Melania so much as glances at Baby Paul. Oblivious (as ever) to the solemnity of their occasion, they smile broadly, matching veneers on full beam. Your husband came from a family of Trump supporters. Perhaps, in a different world, you might even have wanted to meet Donald Trump, or take a photo with him as he gave one of his signature thumbs-up gestures — everything is A-OK here.

    Imagine this, then look at this photo again.

    Only in America , comme disaient mes amis américains, il y a déjà trente ans.