• L’opportunisme pandémique du néolibéralisme

    https://www.lamuledupape.com/2021/12/06/lopportunisme-pandemique-du-neoliberalisme-vu-par-celia-izoard

    Lors de la dernière Fête du Vent organisée par l’Amassada à la fin du mois d’août 2021, #Celia_Izoard a donné une conférence consacrée à la gestion sanitaire de la pandémie de #Covid-19 en France, et plus largement, à l’impact des intérêts capitalistes sur les politiques de #santé_publique.

    Celia Izoard introduit son propos en remontant à l’époque de l’incendie de l’usine #Lubrizol à Rouen, le 26 septembre 2019. 10 000 tonnes de produits chimiques partent en fumée : reprotoxiques, mutagènes, cancérigènes… La population locale constate des effets directs sur la santé : crises d’asthme violentes, vomissements et diarrhée, pertes de capacité respiratoire qui perdurent…
    « Ce qui est frappant, dès le départ dans cette catastrophe, c’est que très rapidement la préfecture a déclaré qu’il n’y avait pas de toxicité aiguë, en jouant délibérément sur les mots : pas de toxicité aiguë, ça veut juste dire qu’on ne va pas mourir tout de suite en respirant cet air. »
    Les angles morts de la santé publique
    Celia Izoard se lance dans une série d’enquêtes, et constate qu’il y a toute une catégorie de la population qu’on a obligé à travailler ce jour-là, malgré les nuages de fumée très dense. Les services de communication de la préfecture opposent toujours la même réponse à la journaliste : « Mais voyez-vous, l’air était complètement respirable ce jour-là. » La situation, mise en parallèle avec la crise sanitaire dans lequel le monde est plongé depuis début 2020, interroge lourdement sur la vocation de l’État à protéger la santé des citoyen•nes.
    « À ce moment-là, j’ai commencé à m’intéresser au cancer, pour plusieurs raisons. La première, c’est que je me demandais si on pourrait montrer un jour que l’incendie de Lubrizol a eu un impact. Pour l’instant, la version officielle c’est que non, on ne peut rien prouver, rien montrer. La seconde, c’est que comme dans d’autres endroits en France, près de Rouen, il y a des parents et plus particulièrement des mères de familles dont les enfant sont atteints de cancer et qui constatent des taux anormaux de cancers de l’enfant dans leur entourage – ce qu’on appelle un cluster. Elles alertent Santé Publique France, qui vient faire une enquête. Le plus souvent, l’agence de santé constate la surincidence de cancers, mais ne conclut pas sur une cause quelconque, alors que les parents suspectent les pollutions des usines ou des exploitations agricoles environnantes. »
    Dans ce cadre d’enquête, Celia Izoard travaille sur l’épidémiologie et sur le #cancer, son lien avec l’environnement, et sur la manière dont on produit les chiffres officiels. La journaliste est très étonnée de s’apercevoir que les pouvoirs publics, notamment l’agence Santé Publique France, n’a pas du tout les moyens de savoir combien il y a de cas de cancers en région parisienne ou autour de Rouen, là où se trouve une grande partie de l’industrie pétrolière et chimique française. Les registres du cancer ne sont en effet établis que dans 22 départements en France et ne concernent que 22 % de la population. Ils sont faits de manière assez arbitraire en fonction des registres préexistants, parmi lesquels figurent par exemple le Tarn ou d’autres zones pas forcément connues pour leurs forts risques environnementaux.
    « C’est très étonnant quand on se souvient du fait que le cancer fait 150 000 morts par an, qu’il y a 350 000 nouveaux cas chaque année, et que pour certaines catégories de cancers, l’augmentation est très importante et devrait constituer un signal. »
    Pour exemple avec les cancers de la thyroïde, en augmentation de 4,4% par an, ce qui est très important.
    « Il y a vraiment ce qu’on appelle une science « non produite » autour de ces questions. Et je suis très étonnée du discours officiel de ces institutions, à la fois Santé Publique France et le Circa (Centre International de Recherche sur le Cancer), qui ont une politique de santé publique fondée sur les comportements individuels : alerter la population sur le fait qu’il faut avoir une bonne alimentation, faire du sport, ne pas fumer, ne pas boire, etc. »
    Selon Celia Izoard, certains textes tendent même à dissuader les gens de penser que le cancer pourrait être lié à des facteurs environnementaux.
    Dans un article consacré à la pétrochimie et à l’incendie de Lubrizol pour la Revue Z, la journaliste reproduit un tableau du Circa dans lequel sont découpés les facteurs de risque pour le cancer : tabac, alcool, alimentation, expositions professionnelles, pollution de l’air extérieur… Les substances chimiques de l’environnement y sont classées comme dernier facteur de risques, avec seulement 0,1% des cas. Pour Celia Izoard, on a là un découpage d’une incroyable mauvaise foi, car on pourrait très bien considérer que les substances chimiques de l’environnement peuvent être liées à des expositions personnelles comme l’alimentation.
    « Ce découpage n’est pas honnête intellectuellement. J’en arrive à la conclusion qu’il y a une volonté délibérée de la part des pouvoirs publics de ne pas incriminer l’industrie et de ne pas produire de données là-dessus. »
    Lors de son enquête, Celia Izoard essaie de téléphoner à Santé Publique France afin d’obtenir un entretien, dans le but de confronter l’institution à ses conclusions. Mais l’agence oppose une fin de non-recevoir :
    « On est désolé, c’est pas contre vous, mais il n’y a personne pour vous répondre parce qu’il y a un nouveau virus, et tout le monde est là dessus. »
    On est en janvier 2020, et l’État ne peut répondre à une journaliste à propos des cancers en France, en raison d’un nouveau virus. Une non-réponse qui en dit long sur les moyens mis en place pour la santé publique.
    L’État et la pandémie
    Le cancer fait plus de 150 000 morts en France chaque année. Celia Izoard compare la différence de traitement du cancer par les autorités publiques avec le cas des infections de rougeole, pour laquelle existe un vaccin, mais non obligatoire jusqu’à récemment. Elle constate que l’État opère un pilotage très serré du contrôle de cette maladie.
    « Quand il y a des cas de rougeole, on peut être appelé, on demande quels sont les cas contacts, etc. La rougeole faisant à peu près huit morts par an, je m’interroge alors sur ce décalage avec la manière dont le cancer est pris au sérieux dans la recherche de ses causes. »
    Entre Lubrizol et l’épidémie de Covid, à ce moment la journaliste fait partie du camp des perplexes, à cause de la différence de réaction des pouvoirs publics, de l’État, face à ces deux événements catastrophiques.
    « D’un côté, une forme de déni caractéristique des catastrophes industrielles : « non ce n’est rien, il ne se passe pas grand chose », Emmanuel Macron fait un scandale car on a osé comparer Lubrizol à AZF, deux catastrophes chimiques pourtant comparable. »
    Avec le Covid, très rapidement des mesures d’exception sont prises, et semblent à beaucoup de personnes assez disproportionnées par rapport au danger. Après une première phase de déni, les médias se montrent très alarmistes, suivant les impulsions du gouvernement.
    Celia Izoard s’interroge. Et émet une première hypothèse, « très faible », pour comprendre la réaction des États qui sont désormais prêts, pour protéger la population, à bouleverser fondamentalement le système social et modifier radicalement les modes de vie en inversant les règles du droit.
    « C’est l’idée qu’il y a une sorte de peur atavique vis à vis des maladies infectieuses et contagieuses, qui serait un reste historique lié à la peste et aux grandes épidémies. »
    Par ailleurs, on accepterait certaines maladies, le cancer notamment, comme étant la rançon du progrès, bien qu’on ne présente pas celui-ci de manière objective et qu’on occulte les pollutions diverses qu’il engendre. On n’accepterait pas le retour des maladies infectieuses car elles représentent une dimension rétrograde : « l’âge moderne n’est pas censé tolérer ce genre d’événements. »
    En deuxième idée, la journaliste émet la pensée suivante : il ne faut pas confondre santé publique et santé de l’ordre public.
    « C’est à dire que la principale menace dans cette situation de pandémie, c’est la menace pour l’État lui-même. »
    Le degré de contrainte exercé par le gouvernement français sur la population serait ainsi lié à la fragilité de ses infrastructures de base. Au cours des trente dernières années, 160 000 lits d’hôpitaux ont été supprimés. On a un risque de débordement réel.
    « On ne peut pas entasser des cadavres comme on compte les décès de mort lente du cancer, ce n’est pas du tout le même phénomène visuel d’un point de vue de ce que l’on appelle une crise . »
    En mettant en place des mesures draconiennes, l’État se protègerait ainsi lui-même. C’est moins la préservation de la santé publique qui serait recherchée que celle de la continuité du pouvoir.
    « La différence de l’enjeu entre l’incendie de Lubrizol à Rouen et la pandémie de Covid, même si les phénomènes ne sont pas comparables dans leurs proportions, c’est la distinction entre la santé publique et la santé de l’ordre public. »
    Pour Celia Izoard, l’illustration la plus frappante en est le fait que des centaines de postes de vigiles ont été créés pour contrôler les passes sanitaires à l’entrée des hôpitaux, alors même qu’on est en déficit de soignant•es depuis des années.
    « La santé ne paraît pas être la priorité, ou d’une manière extrêmement spécifique et discutable, dans les mesures qui sont prises. »
    Dans sa réaction primitive, l’État cherche donc rapidement à se protéger d’un procès en imprévoyance, qui romprait le pacte qui le lie aux citoyen•nes qu’il est censé protéger. Il faut éviter de subir de plein fouet l’effet de la baisse drastique des moyens de la santé publique et de l’inaction face aux maladies chroniques, qui forment des comorbidités très importantes dans le cadre du Covid. Les discours politiques prennent soin de retourner l’accusation contre la population (on se souviendra par exemple de la déclaration du préfet de Paris Didier Lallement :
    « Ceux qui sont aujourd’hui hospitalisés, ceux qu’on trouve dans les réanimations, ce sont ceux qui au départ du confinement ne l’ont pas respecté. »
    En somme, si la situation est dramatique, c’est parce que les citoyen•nes ne se plient pas aux mesures sanitaires ou ne se font pas vacciner.
    L’opportunisme néolibéral piloté par le gouvernement
    Le troisième axe de réflexion suivi par Celia Izoard intègre les enjeux du capitalisme moderne.
    « L’État protège les empires industriels, et son rôle depuis la révolution industrielle est de piloter la modernisation. C’est à dire, développer les forces productives et, depuis un certain temps, mettre en place l’orthodoxie néolibérale. »
    L’État va donc développer des politiques de santé publique convergentes avec cet objectif. Dans le cas de Lubrizol et des accidents industriels, on comprend donc que les politiques menées ne peuvent viser à démanteler l’industrie pétrochimique, pourtant l’un des principaux vecteurs de ce type de pollution. Le rôle de l’État est donc de répondre à tout événement en plaçant avantageusement ses alliés, typiquement les grands groupes industriels ou les entreprises prometteuses.
    Pour Celia Izoard, les politiques de santé publique menées face à l’épidémie de Covid19 répondent très clairement à ces critères : « on a un soutien très fort à la télémédecine et à l’e-santé, le déploiement d’un gouvernement algorithmique et d’un vaccin biotechnologique. » On nage en plein NBIC (Nano Bio Info Cogno), cette convergence des technosciences très en vue qui tire la croissance économique.
    « D’une certaine manière, la pandémie est une opportunité dont s’est saisie l’État pour accélérer la société du Big Data et ouvrir de gigantesques marchés par la contrainte légale sur les individus. Le passe sanitaire est un formidable couteau suisse dont vont pouvoir émerger tout un tas de nouvelles start-ups et de nouveaux usages, qui ont tous pour point commun d’être liés à l’intelligence artificielle, à la donnée et à la numérisation des activités. »
    La journaliste en veut pour preuve le Ségur de la Santé à l’automne dernier, lequel a débloqué une enveloppe de 8 milliards d’investissements pour le secteur. On y trouve une augmentation de 180€ de salaire pour certaines catégories de soignant•es, mais le quart de l’enveloppe est dévolu au développement de la télémédecine, à la numérisation et à la collecte de données.
    « Entre la clinique et la télémédecine, nous avons deux visions du soin diamétralement opposées. D’un côté une médecine liée aux pratiques incarnées par des humains, qui nécessite d’embaucher. Et de l’autre côté, une médecine des nouvelles technologies fondée sur l’automatisation : la e-Santé. »
    Ainsi, c’est dans ce sens là qu’il faudrait comprendre la négligence absolue de l’État en matière de soutien aux moyens humains pour faire face à la pandémie.
    « Il y a vraiment un passage d’un système à l’autre, avec l’idée d’un système de santé où les humains, les soignant•es ont beaucoup moins de place, et où on va pouvoir marchandiser la santé en faisant travailler des tas de boîtes pour collecter des données, piloter les appareils de télémédecine, déployer la 5G et mettre en place des systèmes de capture et de surveillance épidémiologique etc. »
    Cette nouvelle médecine, sa e-Santé, ses robots et ses capteurs, sont considérés comme prioritaires dans la course des nations autour de la révolution technologique que représente l’intelligence artificielle. La réaction de l’État est donc inscrite au coeur d’une guerre économique : « data is the new oil ».
    « Le but de notre gouvernement est de créer des géants nationaux dans ce domaine et d’ouvrir des marchés. Et ça, on ne peut le faire sans une collecte massive de données de santé. »
    « Cédric Villani, dans le rapport sur l’intelligence artificielle qu’il a dirigé, le précise : le rôle de l’État aujourd’hui, c’est de lancer des grands projets qui permettent une collecte massive de données de qualité, dans les domaines prioritaires, la santé et l’éducation notamment. »
    Dans les discours politiques tenus dès les premiers temps de la pandémie, on comprend à cette lumière la mise en avant d’un monde d’après auquel s’opposerait l’archaïsme de celui d’avant. Et ce monde d’après, c’est celui dont ont besoin un certain nombre d’États pour maintenir leurs intérêts industriels.
    La formule d’Emmanuel Macron : « Nous sommes en guerre », elle fait sens. Oui, nous sommes en guerre, c’est la guerre économique. Ce qui explique aussi la violence du débat intellectuel et la violence avec laquelle tous ceux qui sont considérés comme « covido-sceptiques » ou susceptibles de tenir des propos covido-sceptiques, ou qui pourraient, de manière épidémique, être cas contact avec d’autres personnes ayant produit de tels discours, sont évincés du débat de manière hystérique et inédite.
    Le Covid s’est ainsi présenté comme une opportunité extraordinaire pour accélérer drastiquement cette transformation #numérique de la santé et de la société en général. Dès la fin 2019, l’Agence européenne de la santé lance un appel d’offres pour créer une e-carte de vaccination, dédiée à limiter les risques pandémiques en Europe. Cet appel d’offres est remporté début 2020 par quatre entreprises françaises, dont le spécialiste de la transformation numérique, l’entreprise Jouve. C’est ce consortium qui met très rapidement en place le passeport sanitaire européen. Dans le domaine de la collecte massive de données de santé, et de manière plus générale, du Big Data et de l’intelligence artificielle, « la France a beaucoup de pions à placer. »
    La course mondialisée
    Un autre élément important vient étayer la réflexion de Celia Izoard :
    « Aujourd’hui le modèle en matière de monde d’après, de société pilotée par ce genre de technologies – de manière très antagoniste avec nos traditions politiques -, ce sont les pays asiatiques : la Chine, la Corée du Sud, Singapour, Taiwan… Ce n’est pas un hasard si très rapidement, il est dit dans les plus hautes instances, qu’il va falloir imiter ces pays. »
    Ainsi de l’Institut Montaigne, l’un des principaux responsables de la mise en place des doctrines néolibérales en France, qui publie un rapport dès avril 2020 sur la réponse des pays asiatiques à la pandémie, vantant les systèmes mis en place. Au moment de la publication de ce rapport, ce n’est pas l’efficacité de ces mesures qui est mise en avant : non seulement il est encore trop tôt pour mesurer leurs effets, mais une partie des pays cités sont aussi des îles et ne connaissent donc pas les mêmes enjeux de gestion de la pandémie. Sans parler de la Chine dont les chiffres ne sont pas fiables. On ne cesse depuis de vanter ces systèmes, voire de les appliquer. « C’est un enjeu industriel majeur, il faut donc pousser dans ce sens. »
    En juin 2021, trois sénateurs français rédigent le rapport Crise sanitaire et outils numériques , dans lequel ils se livrent au même exercice, passant en revue les réponses des pays asiatiques. Le discours, en substance, est le suivant : plein de verrous ont sauté, les gens sont plus prêts à accepter les mesures, le passe sanitaire se met en place, mais ça ne va pas assez loin du tout. Il faut faire sauter d’autres obstacles politiques rapidement. Les sénateurs mettent en cause le rôle de la CNIL, terrible obstacle par sa lecture beaucoup trop traditionaliste des droits et libertés. Le modèle chinois est porté aux nues : des caméras biométriques à reconnaissance faciale permettent de scruter les interactions sociales, de rattraper ceux devant être placés en quarantaine, des caméras thermiques mesurent leur température, et un équivalent du passe sanitaire est mis en place dès mars 2020, au moment où le confinement est décrété en France. Ce passe numérique est développé par de très grandes entreprises liées au gouvernement chinois. Alibaba et Tencent développent les fameuses applis et services de réseaux sociaux utilisés par la quasi-totalité de la population en Chine. Un contact tracing est inclus dans ces applis, tout le monde y est donc soumis de fait.
    En Corée du Sud, des quarantaines obligatoires sont décidées, avec un contact tracing très intrusif. On utilise toutes les données disponibles : relevés bancaires, factures téléphoniques, géolocalisation… Lorsqu’on est placé en quarantaine, une application de géolocalisation alerte les forces de l’ordre si celle-ci n’est pas respectée ou si le smartphone est éteint pendant plus de quinze minutes. À Singapour, on a aussi une quarantaine géolocalisée couplée à une vidéosurveillance analysant les interactions des individus dans l’espace public, ainsi qu’une application « Trace Together », qui permet à l’administration de surveiller nominativement toutes les interactions en fonction de la localisation du téléphone. Dès mars 2020, un passe sanitaire est mis en place, « Safe Entry », pour contrôler les accès aux espaces publics. C’est un passe nominatif, et les données sont directement transmises aux autorités. C’est ce genre de mesures qui est clairement visé par les sénateurs ou par l’institut Montaigne, et qui dessinent l’accélération de l’hypercapitalisme contemporain.

    #QR_code, #passe_sanitaire, #technocritique, #Etat, #sauver_des_vies, #obligation_vaccinale.

  • Im-passe sanitaire, le gouvernement est dans l’illusion !
    https://www.youtube.com/watch?v=bcPn5HVqCA0

    Le 7 décembre 2021, le député Ugo Bernalicis interpelle le Gouvernement dans le cadre de la séances des questions au gouvernement et lui reproche de s’obstiner à imposer le #Passe-Sanitaire, sans jamais faire la démonstration de son efficacité.
    #Cnil
    #Covid19 : « Le passe sanitaire ne nous protège pas, c’est une passoire sanitaire, c’est une impasse sanitaire », affirme #Ugo-Bernalicis.

  • Six thérapeutes transculturelles pour p(e)anser les plaies du trauma colonial
    https://desoriental.fr/therapie-transculturelle-decoloniale

    mis à jour le 01/12/2021

    "Comme nous le rappelle tristement l’actualité en Guadeloupe, le passé esclavagiste et colonial de la France a encore des conséquences aujourd’hui, économiques et politiques, mais aussi dans les âmes et dans les corps.

    Cette semaine, on t’emmène faire un tour du côté des thérapies transculturelles (car non, la psychologie et la psychiatrie ne sont pas universelles mais bien ancrées culturellement.), un champ d’étude et d’action en santé mentale encore peu connu, et qui pourtant pourrait nous aider, collectivement et individuellement, à penser et à panser les plaies du trauma colonial.

    On parle d’approches thérapeutiques transculturelles, décoloniales ou encore d’ethnopsychiatrie. L’occasion de rappeler que n’importe qui peut aller consulter un.e psychiatre. Il s’agit juste d’un.e professionnel.le qui allie psychologie et médecine et offre une modalité (remboursée par la sécu’) de prendre soin de sa santé mentale. Et comme dirait l’autre, les 20% qui vont en thérapie y vont à cause des 80% qui n’y vont pas. A bon entendeur !

    Cette semaine donc, on te présente six thérapeutes transculturelles et/ou décoloniales à suivre ou à consulter. Ces six femmes, de générations et de cultures différentes, ont toutes pour point commun d’avoir à un moment de leur vie, ressenti le besoin viscéral d’apporter une solution à cet angle mort de la santé mentale française. Elles offrent à leurs patient.e.s des espaces sécurisés qui prennent en compte leurs spécificités culturelles mais aussi l’impact des oppressions systémiques sur leurs vécus, sans jugement.
    En introduction, aux origines des approches thérapeutiques transculturelles

    Impossible de citer toutes les contributions majeures au champ des thérapies transculturelles, aussi nous te présentons très subjectivement deux personnalités dont la pensée est un repère toujours pertinent pour comprendre la réalité psychologique des Français.e.s transculturel.le.s post-coloniaux.ales :

    L’incontournable Frantz Fanon, psychanalyste français afro-caribéen fortement impliqué dans la lutte pour l’indépendance algérienne et enterré en Algérie, est l’un des premiers à envisager la part psychologique du processus et du système de colonisation et à décrire les séquelles et aliénations de la colonisation sur la psyché des sujets colonisés.

    Alice Cherki, psychanalyste judéo-algéroise indépendantiste et disciple de Fanon est, elle, toujours vivante et sa réflexion n’a fait que suivre l’évolution des générations de déraciné.e.s, comme en témoigne son livre de 2007 La Frontière invisible, violence de l’immigration. Le trauma n’est plus vécu mais hérité des générations précédentes, souvent dans le silence, souvent par le corps.
    Six praticiennes transculturelles et/ou décoloniales

    1. Marie-Ève Hoffet-Gachelin, pédopsychiatre franco-vietnamienne

    Elle exerce au centre médico-psycho-pédagogique de Colombes et a fait de la recherche sur la pédopsychiatrie post-coloniale en partant de sa connaissance des parcours post-coloniaux franco-vietnamiens.
    2. Hagere Mogaadi, psychanalyste inclusive à Paris

    Elle se présente comme décolonialiste, queer friendly, musulmane, féministe et transculturelle.

    Au-delà des consultations, elle propose du contenu autour des questions identitaires et de santé mentale sur son compte instagram : @la_psy_qui_cause.
    3. Selma Sardouk, coach décoloniale et féministe

    Selma n’est pas thérapeute mais coach formée en hypnose et en thérapies brèves, créatrice de contenu autour des questions décoloniales et féministes.

    Elle vulgarise des sujets très précis en formats très synthétiques. Mais on adore les Reels de son compte Instagram @selmasardouk qui mettent le doigt sur ces micro-moments où on peut se sentir incompris.e ou en colère face au racisme ordinaire voire bienveillant, en tant que Français.e transculturel.le. Rire libérateur assuré !
    4. Amalani Simon, psychologue clinicienne franco-indienne

    Elle exerce à l’hôpital Avicenne de Bobigny et est fortement impliquée dans la psychanalyse transculturelle et a notamment produit des travaux de recherche autour des liens entre psychologie et langage des enfants français d’ascendance tamoule.
    5. Soumaëla Boutant, psychologue interculturelle française afro-caribéenne

    L’intérêt de Soumaëla pour la psychologie interculturelle naît pendant ses études, où elle sent une sorte de dissonnance “entre [son] vécu de jeune femme française et afrocaribéenne et certaines théories qui [lui] étaient enseignées à l’université”.

    Basée en Guadeloupe, Soumaëla propose des consultations de psychologie interculturelle en visio spécifiquement pour les caribéen.ne.s francophones expatrié.e.s.
    6. Karima Lazali, psychologue franco-algérienne

    Elle exerce à Levallois-Perret en libéral et a écrit Le trauma colonial, une enquête sur les effets psychiques et politiques contemporains de l’oppression coloniale en Algérie.❞

    #colonial #France #psychologie #trauma

  • Migrants : « Ce sont bien les Etats qui tuent aux frontières de l’Europe »

    Face aux discours de dédouanement de nombreux responsables politiques après la mort d’au moins 27 personnes au large de Calais le 25 novembre, plus de 200 universitaires spécialistes des questions migratoires demandent, dans une tribune au « Monde », que les Etats européens, y compris le Royaume-Uni, reconnaissent leurs responsabilités.

    Tribune. Mercredi 24 novembre, au moins 27 personnes sont mortes dans la Manche après avoir tenté une traversée en bateau vers les côtes britanniques. C’est le bilan le plus meurtrier de ces dernières années à Calais et ses environs. Pourtant, quiconque connaît la région ne peut s’étonner d’une telle nouvelle. D’abord parce que les frontières – mais surtout les politiques visant à empêcher leur passage – ont tué plus de 300 personnes sur ce seul littoral depuis 1999.

    Ensuite parce que, depuis le début des passages en small boats, en 2018, on ne pouvait que craindre un tel drame : la Manche est l’une des voies maritimes les plus empruntées au monde, les personnes qui traversent le font dans des embarcations de fortune et avec un équipement minimum, et la température de l’eau ne laisse que peu de chance de survie aux personnes qui passent par-dessus bord. Enfin, parce qu’avec l’approche de l’hiver et la politique de non-accueil des pouvoirs publics français, les personnes en transit sont prêtes à tout pour passer coûte que coûte.

    Dans les heures qui ont suivi le repêchage de plusieurs corps sans vie au large de Calais, on a assisté à un véritable déferlement de déclarations émanant d’élus et de représentants d’institutions publiques, se défaussant de toute responsabilité dans les conséquences dramatiques d’une politique migratoire meurtrière, qu’ils ont pourtant choisie et rendent opérationnelle tous les jours. A les entendre, les « passeurs » seraient les seuls et uniques criminels dans cette « tragédie humaine », épaulés, selon certains, par les associations non mandatées par l’Etat, qui auraient « du sang sur les mains », selon les propos tenus par Pierre-Henri Dumont, député [LR] du Pas-de-Calais, sur Franceinfo, le soir du drame. Ce retournement des responsabilités est odieux et inacceptable.

    Rhétorique éculée

    Le dédouanement des politiques en France et au Royaume-Uni fait tristement écho à la situation dramatique dans le canal de Sicile, où, depuis maintenant plus de vingt ans, des bateaux chavirent et des exilés se noient dans l’indifférence. Il fait écho aussi au traitement de la situation en cours à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, où quelques milliers de migrants sont pris au piège entre les forces armées biélorusses et polonaises, poussés en avant par les premières et repoussés par les secondes. N’y voir que le machiavélisme de la Biélorussie épaulée par la Russie, c’est occulter la responsabilité de l’Union européenne (UE) dans ce refus obstiné d’accueillir celles et ceux qui fuient leur détresse.

    C’est bien avec l’assentiment de tous les Etats membres que les gardes-frontières polonais repoussent à coups de grenades lacrymogènes et de lances à incendie des familles afghanes, syriennes et d’autres nationalités, dont la vie est chaque jour mise en danger dans des forêts marécageuses, par des températures glaciales. Ce sont bien les Etats qui tuent aux frontières européennes.

    Face à la rhétorique éculée de l’appel d’air et de l’invasion, face à l’entier report de la responsabilité à des passeurs ou à des régimes dits hostiles à l’UE, face à la criminalisation toujours plus grande de la solidarité, nous, sociologues, politistes, géographes, anthropologues, historiens, juristes, philosophes et psychologues spécialistes des questions migratoires, souhaitons rétablir quelques vérités issues de nos longues années d’observation et d’analyse des situations créées par les politiques anti-immigration :

    – les migrations ne sont pas le fait de criminels, mais de personnes qui fuient des situations insoutenables et qui exercent un droit à la mobilité devenu, dans les faits, le privilège d’une minorité ;

    – les passeurs n’existent que parce que les frontières sont devenues difficiles, voire impossibles, à traverser légalement ;

    – l’augmentation des contrôles et des moyens policiers ne fait qu’accroître le prix des services proposés pour l’aide à la traversée ;

    – les frontières tuent ; dans les pays d’origine et de transit, en Méditerranée, dans la Manche, aux frontières terrestres, dans l’espace Schengen, dans les territoires d’outre-mer, des personnes en détresse sont confrontées à la multiplication des dispositifs de contrôle frontaliers financés en grande partie par l’UE, ses Etats membres, et le Royaume-Uni ; pour éviter d’être enfermées, expulsées, maltraitées, elles empruntent des itinéraires toujours plus dangereux et tentent malgré tout le voyage en prenant des risques immenses ;

    – le durcissement et la violence de ces contrôles augmentent la durée de l’attente, le nombre de tentatives de passage aux abords des frontières, les risques d’expulsion, conduisant à des parcours erratiques à travers la France et l’Europe, renforçant d’autant les souffrances endurées et les risques létaux ;

    – la politique de « non-accueil » mise en œuvre à Calais comme ailleurs, consistant à harceler sans relâche les personnes exilées, à leur dénier l’accès aux droits fondamentaux les plus élémentaires et à entraver le travail des associations qui leur viennent en aide ne fait que rendre l’horizon britannique plus désirable ;

    – à l’encontre des politiques dominantes, la solidarité des populations avec les personnes migrantes est de plus en plus patente à travers l’Europe ; des individus et des associations se mobilisent pour permettre à des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants de survivre malgré des conditions toujours plus difficiles ; qu’ils et elles soient accusés de « favoriser l’appel d’air », quand ce n’est pas de complicité de meurtre, est tout simplement honteux.

    Face à ces drames, il est urgent que l’UE et les Etats européens, y compris le Royaume-Uni, reconnaissent leurs responsabilités et changent radicalement de cap : il n’est pour nous ni concevable ni acceptable que les institutions poursuivent dans leur entêtement à traiter les personnes migrantes comme des criminels, pour ensuite regretter hypocritement les morts que les mesures sécuritaires contribuent à produire.

    Premiers signataires : Annalisa Lendaro (CNRS, Certop) ; Karine Lamarche (CNRS, CENS) ; Swanie Potot (CNRS, Urmis) ; Marie Bassi (université Nice-Sophia-Antipolis, Ermes) ; Michel Agier (IRD-EHESS, IIAC) ; Didier Bigo (Sciences Po, CERI) ; Alain Morice (CNRS, Urmis) ; Léa Lemaire (ULB, Cofund Marie Curie) ; Morgane Dujmovic (AMU, Telemme) ; Mustapha El Miri (AMU, LEST) ; Etienne Balibar (université Paris-Nanterre, Sophiapol) ; Nicolas Fischer (CNRS, Cesdip) ; Marie-Laure Basilien-Gainche (université Lyon-III, Ediec) ; Yasmine Bouagga (CNRS, Triangle) ; Mathilde Pette (UPVD, ART-Dev) ; Sarah Sajn (Aix-Marseille Université, Mesopolhis) ; Nicolas Lambert (CNRS, RIATE)

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/12/01/ce-sont-bien-les-etats-qui-tuent-des-migrants-aux-frontieres-de-l-europe_610

    –-

    En contre-point :
    #Gérarld_Darmanin autour des morts dans #La_Manche (sans honte)
    https://seenthis.net/messages/938261

    #responsabilité #Etats #asile #migrations #réfugiés #morts #décès #morts_aux_frontières #passeurs

    • Morts et #refoulements pour cause de #non-assistance délibérée dans la Manche

      Lorsque la nouvelle a commencé à circuler qu’un bateau avait coulé au milieu de la Manche et que 27 personnes, hommes, femmes et enfants, avaient perdu la vie le mercredi 24 novembre, les gouvernements britanniques et français se sont empressés d’accuser les ” passeurs ” de cette perte de vie. Les informations qui ont émergé depuis montrent que c’est la décision des autorités de ne pas intervenir et de ne pas coopérer entre elles, alors qu’elles avaient été alertées que le bateau était en détresse, qui a conduit directement à leur mort.

      L’un des deux survivants, Mohammad Khaled, s’est entretenu avec le réseau d’information kurde Rudaw et a expliqué son histoire. Il raconte que les voyageurs sont montés sur le bateau et sont entrés dans l’eau près de Dunkerque vers 21 heures HEC dans la nuit de mardi à mercredi. Trois heures plus tard, ils pensaient être arrivés à la ligne de démarcation entre les eaux britanniques et françaises.

      Mohammad raconte que pendant leur traversée le flotteur droit perdait de l’air et des vagues entraient dans le bateau. Les passagers ont évacué l’eau de mer et utilisé une pompe manuelle pour regonfler le flotteur droit du mieux qu’ils pouvaient, mais lorsque la pompe a cessé de fonctionner, ils ont appelé les garde-côtes français à la rescousse. Ils ont partagé leur position GPS via un smartphone avec les autorités françaises, ce à quoi les Français ont répondu que le bateau se trouvait dans les eaux britanniques et qu’ils devaient appeler les Britanniques. Les voyageurs ont alors appelé les garde-côtes britanniques qui leur ont dit de rappeler les Français. Selon son témoignage, “deux personnes appelaient – l’une appelait la France et l’autre la Grande-Bretagne”. Mohammad a raconté que : “La police britannique ne nous a pas aidés et la police française a dit : “Vous êtes dans les eaux britanniques, nous ne pouvons pas venir”. Bien que les garde-côtes de Douvres et le centre français de coordination des secours maritimes de Gris-Nez connaissent l’emplacement et l’état du bateau, aucun des deux n’a lancé d’opération de recherche et de sauvetage.

      Un parent d’une des personnes à bord, également interrogé par Rudaw, explique que les problèmes avec le flotteur ont commencé vers 01h30 du matin GMT. Il a été en contact avec les personnes à bord jusqu’à 02h40 GMT et suivait également la position du bateau, partagée en direct sur Facebook. Il insiste sur le fait qu’à ce moment-là, le bateau se trouvait dans les eaux britanniques et que les garde-côtes de HM étaient au courant de la situation. Il déclare : “Je crois qu’ils étaient à cinq kilomètres à l’intérieur des eaux britanniques” et lorsqu’on lui demande si les Britanniques étaient au courant du bateau en détresse, il répond : “100 pour cent, 100 pour cent et ils [la police britannique] ont même dit qu’ils viendraient [à la rescousse]”.

      Interrogés par Rudaw, les Britanniques ont nié que le bateau se trouvait dans leurs eaux. Un communiqué du ministère de l’Intérieur indique : “Les responsables ici ont confirmé hier soir que l’incident s’est produit bien à l’intérieur des eaux territoriales françaises, ils ont donc dirigé les opérations de sauvetage, mais [nous] avons déployé un hélicoptère en soutien à la mission de recherche et de sauvetage dès que nous avons été alertés.” Cependant, Rudaw (au 29/11) n’a toujours pas reçu de réponse détaillée sur la question de savoir si oui ou non les garde-côtes de HM avaient reçu un appel de détresse du navire pendant la nuit ou tôt le matin.

      Une question se pose quant à la déclaration du ministère de l’Intérieur : quelle est la période qui, selon lui, constitue “l’incident” ? La déclaration mentionne le déploiement d’un hélicoptère “dès que nous avons été alertés”. Le suivi du vol de l’hélicoptère G-MCGU des garde-côtes de HM (nommé “Sar 111232535” sur MarineTraffic) par Sergio Scandura montre qu’il a effectué trois vols au-dessus de la zone le 24 novembre :

      Le premier entre 03h46 et 06h26 GMT, où il semble avoir effectué une recherche de type “carré en expansion”, et le second des cibles spécifiques qu’il a trouvées. S’il s’agit du lancement “dès que nous avons été alertés” dont parle le ministère de l’Intérieur, cet hélicoptère a-t-il repéré le bateau de Mohammad et d’autres navires ont-ils été lancés pour participer à la mission de recherche et de sauvetage ?

      La fois suivante, l’hélicoptère a été lancé dans l’après-midi, à 13 h 16 GMT. Il semble faire une “recherche de secteur” et encercle à nouveau certains endroits spécifiques. C’est à peu près l’heure à laquelle les Français ont lancé leur opération de recherche et de sauvetage, et il est plus probable qu’il s’agisse du lancement et de l’ “incident” dont il est question dans la déclaration du ministère de l’Intérieur. Ce n’est qu’à 15 h 47 que la préfecture maritime de la Manche et mer du Nord a indiqué pour la première fois sur Twitter qu’elle coordonnait une opération de recherche et de sauvetage concernant un naufrage dans la Manche. Les données de MarineTraffic montrent que les bateaux impliqués dans le sauvetage, par exemple le canot de sauvetage Notre Dame Du Risban de la SNSM, n’ont commencé à se diriger vers cet endroit que vers 14h00, soit environ 12 heures après que Mohammad et son parent aient déclaré avoir parlé pour la première fois avec les autorités. La majeure partie de l’activité des navires français chargés de l’opération de sauvetage en question se déroule autour de 51°12′ N, 1°12 E, une position située à environ 1 mile seulement à l’est de la ligne séparant les eaux françaises des eaux britanniques.

      Cela signifie que pendant environ 12 heures, entre 02h30 et 14h00 environ, plus de trente personnes ont été laissées à la dérive dans un bateau qui coulait et sans moteur dans l’une des voies maritimes les plus fréquentées et les plus surveillées du monde. Des informations supplémentaires sont encore nécessaires pour prouver définitivement que Mohammad et les autres personnes à bord de son bateau se trouvaient dans les eaux britanniques, pendant combien de temps, et que leur situation de détresse était connue des garde-côtes de HM. Toutefois, compte tenu du témoignage de Mohammad, des parents des autres passagers, du premier hélicoptère et du temps pendant lequel le bateau a dérivé en mer, il est extrêmement probable que les garde-côtes britanniques étaient au courant de la situation. Mais au lieu d’intervenir pour sauver des vies en mer, il semble qu’ils aient décidé de faire de la politique et d’espérer que les voyageurs reviennent à la dérive et se noient dans les eaux françaises.

      Mohammad a témoigné que, même si l’eau pénétrait dans le bateau pendant la nuit et que des personnes étaient submergées, “tout le monde pouvait supporter la situation jusqu’au lever du soleil, puis, lorsque la lumière a brillé, personne ne pouvait plus supporter la situation et ils ont abandonné la vie”. Au moment où le soleil s’est levé, ils avaient déjà perdu tout espoir de survie.

      20/11/21

      Le récit de Mohammad Khaled du 24 novembre n’est pas le premier de ce qui semble être une non-assistance délibérée aux bateaux de migrants en détresse dans la Manche. Moins d’une semaine auparavant, le 20 novembre, nous nous sommes entretenus avec une autre personne dont les appels à l’aide dans la Manche, près de la ligne frontalière, semblent avoir été délibérément ignorés par les Britanniques et qui nous a fourni le récit suivant de son voyage :

      ‘’ C’était aux environs de trois heures du matin le samedi 20 novembre, lorsque nous avons embarqué sur notre bateau. Nous étions 23 personnes sur le bateau. Trois heures après, je pense, nous avons atteint la frontière britannique puis nous nous sommes retrouvés à court d’essence, je pense à 7 heures et ensuite nous avons décidé d’appeler le 999.

      Lorsque nous les avons appelé, ils nous ont dit que nous étions dans les eaux françaises sans nous demander notre localisation. Ils nous ont dis d’appeler le 196. Dans un premier temps, nous n’étions pas d’accord pour appeler les français.

      Nous avons essayé de ramer, mais c’était très difficile à cause des vagues. Puis, nous avons décidé d’appeler les français. Quand nous avons appelé, ils nous ont demandé de leur envoyer notre localisation en direct, puis ils nous ont dit ʺ vous êtes dans les eaux britanniques ʺ. Ils nous ont dit d’appeler le 999.

      Ensuite, nous avons rappelé les anglais beaucoup de fois, mais ils ont continué à nous répéter que nous étions dans les eaux françaises et puis ils nous ont raccroché au nez. Les britanniques nous ont répondu de manière très impolie, et il nous a semblé qu’ils se moquaient de nous. Je leur ai dis deux fois qu’il y avait des gens qui mouraient à bord, mais ils n’en avaient rien à foutre.

      Nous avons envoyé notre localisation en direct une deuxième fois aux gardes côtes français. Nous avons également appelé, et nous avons essayé de les joindre avec deux téléphones mais ils ont continué à nous dire que nous étions dans les eaux anglaises.

      J’ai donc décidé aux alentours de 9h30 de téléphoner à Utopia. Puis, ils nous ont aidé et ont forcé les autorités françaises à nous envoyer un bateau pour nous sauver aux alentours de 10H-10H30.

      La raison pour laquelle je partage cela c’est parce que je ne veux pas que cela arrive encore parce que cela concerne la vie des gens. ‘’

      Utopia 56, après avoir été appelé par les personnes en détresse, a appelé le CROSS Gris-Nez, le centre français de coordination des secours maritimes responsable du détroit de Douvres.
      Utopia 56 a relayé les informations reçues et la position du bateau, puis le CROSS lui a répondu qu’il était certain que les Britanniques n’étaient délibérément pas intervenus et avaient laissé les personnes dériver vers les eaux françaises.

      Les conséquences mortelles d’un manque de coopération

      Ces deux cas indiquent que, bien que la Border Force n’ait pas encore mis en œuvre de refoulement forcé en retournant les bateaux de migrants avec des jet-skis ou en les ramenant dans les eaux françaises, des refoulements ont déjà lieu, sous la forme de refus délibéré des garde-côtes de HM de venir en aide aux migrants qui, selon eux, dériveront vers les eaux françaises. Cette non-assistance délibérée est une tactique mortelle qui laisse les gens en mer, dans des bateaux surpeuplés et en mauvais état, pendant de nombreuses heures après leur appel à l’aide, afin de traumatiser les voyageurs et de les dissuader de tenter à nouveau la traversée vers le Royaume-Uni en bateau.

      Les garde-côtes français et britanniques “ont le devoir de coopérer ensemble pour prévenir les pertes de vie en mer et assurer l’achèvement d’une mission de recherche et de sauvetage” en vertu de la Convention internationale pour la sauvegarde de la vie humaine en mer et de la Convention sur la recherche et le sauvetage. Les deux parties ont notamment la responsabilité de se contacter dès qu’elles reçoivent des informations sur des personnes en danger et de coopérer aux opérations de recherche et de sauvetage de toute personne en détresse en mer.

      Cependant, il semble que les politiques anti-migrants actuelles du Royaume-Uni signifient que cette coopération n’existe pas, dans les faits, pour les migrants en détresse dans la Manche. En particulier, le gouvernement britannique ne veut pas être vu en train de secourir les bateaux immédiatement après leur entrée dans ses eaux.

      En outre, leurs critiques à l’encontre des Français qui (à leurs yeux) n’en font pas assez pour intercepter les bateaux de migrants en mer ou les empêcher de quitter les côtes françaises, ont semblé empoisonner les relations diplomatiques et opérationnelles entre les pays. Par exemple, le Journal du Dimanche a récemment publié que, même dans les enquêtes sur les réseaux de passeurs, il y a eu une rupture dans la coopération française et britannique.

      Au lieu de coopérer pour sauver des vies en mer, la réponse franco-britannique a été de se disputer, d’introduire davantage de mesures de police aux frontières (y compris la surveillance aérienne de Frontex), de blâmer les victimes et de continuer à faire des passeurs des boucs émissaires. Cela a été utile pour détourner l’attention de leurs propres échecs de ces derniers jours, mais n’améliorera pas la situation des personnes qui doivent réellement entreprendre ces voyages. Une sécurisation accrue des plages et des mers ne fera que pousser les gens à emprunter des routes plus longues et plus dangereuses, où la couverture téléphonique n’est pas toujours bonne. Les petits bateaux en détresse se retrouveront plus loin du grand nombre de moyens de recherche et de sauvetage potentiels situés dans le détroit de Douvres.

      La mort de leurs amis et les heures passées en détresse à dériver en mer sans secours ne dissuaderont pas les gens d’essayer d’effectuer les mêmes trajets car ils n’ont pas d’autres options. Les solutions proposées, telles que les visas humanitaires, n’offriront pas à tous ceux qui en ont besoin une route sûre vers le Royaume-Uni. D’autres continueront à s’embarquer sur de petits bateaux qui ne sont pas en état de naviguer. Simultanément, des millions de personnes font ce même voyage chaque année à bord des ferries et des trains qui traversent la Manche plusieurs fois par jour sans incident. Ce n’est qu’en accordant le droit à la liberté de circulation à tous que nous mettrons fin à l’apartheid frontalier et que nous éviterons que d’autres vies soient perdues en mer.

      https://calaismigrantsolidarity.wordpress.com/2021/11/30/morts-et-refoulements-pour-cause-de-non-assistanc

    • Naufrages dans la Manche : de l’indécence à l’horreur

      Le drame qui s’est noué le 24 novembre 2021 dans la Manche est le pendant de ce qui se joue tous les jours en Méditerranée. Il était prévisible et donc évitable : la situation qui s’enlise depuis des années dans le nord de la France est la conséquence des politiques d’asile nationale et européenne.

      Face à ce drame, la réaction des autorités navre, mais ne surprend pas.

      – L’#indécence d’abord, lorsque les responsables politiques imputent aux seuls « passeurs » la responsabilité de ce drame collectif, en faisant abstraction de l’ensemble des autres causes et singulièrement de la politique de non-accueil qui offre maintenant prise à un chantage migratoire devenu outil de pression diplomatique dans toute l’Europe.

      – Le #déni, ensuite, quand le ministre de la justice assène impunément la post-vérité officielle sur les plateaux-télés : « Vous vous rendez compte de ce que l’on suggère ? Que l’on pourrait comme ça impunément lacérer des tentes, qu’on l’encouragerait et qu’on ne distribuerait pas des vivres à ces migrants ? », en se gardant bien de s’interroger sur les raisons pour lesquelles des exilé.es continuent de transiter par Calais depuis plus de vingt ans en dépit du harcèlement violent qu’ils y subissent.

      – L’#hypocrisie, quand après avoir constaté que les lacérations de tentes étaient documentées et qu’il n’était plus possible de continuer à mentir devant l’évidence, le ministre de l’intérieur rétropédale et renvoie la responsabilité ... sur les co-contractants de l’Etat qui auraient pris l’initiative, d’eux-mêmes, de décider la destruction de ces tentes.

      – L’#horreur, enfin, quand le ministre de l’intérieur affirme que « les migrants utilisaient des bébés et menaçaient de les jeter dans une eau à quelques degrés sur un moteur (sic) si [les policiers] venaient les interpeller » ou que les premiers témoignages de rescapés du naufrage du 24 novembre dénoncent l’inaction des secours français et britanniques.

      Il faut le marteler : le harcèlement policier et administratif, les démantèlements quotidiens, systématiques et violents de tous les campements sont inadmissibles. L’État doit en finir avec sa politique de déni : en cherchant à invisibiliser ou à faire fuir les personnes étrangères, il n’aboutit qu’à les mettre toujours plus en danger. Il doit cesser d’attenter à la dignité de ces femmes et ces hommes qui ont fui le danger dans leur pays et qui vivent désormais dans l’angoisse de perdre le peu qui leur reste.

      Il faut le réaffirmer : la solution à l’hécatombe migratoire ne passe pas par l’envoi d’un avion de Frontex, cette agence européenne soupçonnée d’être complice de violations des droits humains en Grèce ; ni par la seule dénonciation des accords du Touquet, qui délocalisent les frontières britanniques sur le sol français ; elle ne passe pas par l’intensification de la lutte contre le « trafic migratoire », dont les réseaux ne prospèrent que grâce au durcissement des contrôles aux frontières.

      Il faut le dénoncer : la rhétorique mensongère des pouvoirs publics français et européens ne peut tenir lieu de politique. En invoquant la faute des autres tout en poussant les exilé.es à prendre toujours plus de risques au péril de leur vie, ils sont les premiers responsables des drames qui endeuillent les frontières.

      La France doit prendre acte de la présence d’exilé.es depuis les années 1990 et leur offrir des conditions de vie dignes. Elle doit reconnaître que, quelles que soient ces conditions de vie, certains d’entre eux voudront se rendre au Royaume-Uni, quoi qu’il en coûte.

      L’Union européenne et les Etats membres doivent en finir avec une politique qui, des îles grecques au détroit de Gibraltar, de la Pologne aux côtes de la Manche, enferme, harcèle, bafoue les droits et va jusqu’à tuer, dans un renoncement fatal aux principes qui l’engagent.

      https://www.gisti.org/spip.php?article6703

    • Hécatombe aux frontières : identifier les responsables

      À la suite du dramatique accident qui a causé la mort de trois personnes exilées, fauchées par un train à proximité de Saint-Jean-de-Luz le 12 octobre dernier et au cours duquel une quatrième a été grièvement blessée, trois associations s’associent à la plainte contre X déposée ce 6 décembre par plusieurs victimes entre les mains du procureur de la République de Bayonne.

      Le 12 octobre dernier, un train en provenance d’Hendaye a percuté quatre personnes qui se trouvaient sur les voies ferrées non loin de la gare de Saint-Jean-de-Luz. Trois d’entre elles ont perdu la vie dans l’accident. Le seul survivant, très grièvement blessé, a déclaré aux enquêteurs que leur groupe, qui venait d’Espagne, s’était réfugié au niveau de cette voie, déserte et non éclairée, afin d’éviter les contrôles de police.

      De fait, depuis leur rétablissement en 2015, les contrôles aux frontières intérieures françaises sont sans cesse renforcés et la frontière franco-espagnole n’échappe pas au déploiement des moyens matériels, technologiques et humains toujours plus importants consacrés à cette surveillance.

      Pourtant, chacun sait que cette politique a un coût humain considérable : en rendant le franchissement des frontières toujours plus difficile et périlleux, elle accroît mécaniquement les risques d’accidents et de morts pour les personnes exilées auxquelles toute autre voie d’accès ou de circulation est interdite.

      C’est ainsi que le drame du 12 octobre est venu aggraver le bilan des morts à la frontière franco-espagnole pour 2021, après les décès par noyade de Yaya Karamamoko le 22 mai et d’Abdoulaye Koulibaly le 8 août – tous deux ayant tenté de traverser la Bidassoa pour rejoindre la France depuis la ville d’Irun – et celui, le 16 juillet, d’une personne également fauchée par un train entre Cerbère et Banyuls-sur-Mer. S’y ajoute désormais le décès d’une troisième personne, par noyade dans la Bidassoa, le 20 novembre dernier.

      A la frontière franco-italienne, ce sont plus de trente décès qui ont été recensés depuis 2015 : principalement des cas d’électrocution sur des trains ou de collisions avec des trains ou des véhicules sur la voie Nice-Vintimille, ainsi que des cas de chute ou d’hypothermie sur les chemins de montagne. Le 6 novembre dernier, le corps d’une personne exilée qui avait chuté du « sentier du pas de la mort » était ainsi retrouvé vers Menton, dans un état de décomposition avancée.

      Quant à la frontière avec l’Angleterre, au moins 336 personnes ont perdu la vie, depuis 1999, en tentant de la franchir : cachées dans la remorque d’un camion, électrocutées par un caténaire du site d’Eurotunnel, noyées dans la Manche, ou mortes par défaut de prise en charge médicale ou des suites d’une intervention des forces de l’ordre.

      Ces drames ne peuvent continuer de s’accumuler sans que soient questionnées des décisions et des pratiques de verrouillage des frontières toujours plus rigoureuses et sophistiquées, et ayant pour conséquence d’accroître les risques auxquels expose leur franchissement.

      C’est pourquoi l’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé), le Groupe d’information et de soutien des immigré·es (Gisti) et la Cimade ont décidé de s’associer à la plainte contre X qui vient d’être déposée entre les mains du procureur de la République de Bayonne par plusieurs victimes afin que toute la lumière soit faite sur les circonstances et les causes du drame de Saint-Jean-de-Luz.

      L’hécatombe aux frontières doit cesser : en s’associant à cette plainte, nos associations manifestent l’exigence de transparence et de vérité qui doit contribuer à en identifier tous les responsables.
      Le 8 décembre 2021

      Anafé
      Gisti
      La Cimade

      Reçu via la mailing-list du Gisti, le 08.12.2021

    • Débat : Peut-on en finir avec la « #crise » des migrants dans les #médias ?

      Le 24 novembre 2021, 27 personnes meurent dans un naufrage au large de Calais alors qu’elles espéraient traverser la Manche pour rejoindre l’Angleterre.

      Dans les heures qui suivent, l’événement fait la une et les journalistes se mettent à la recherche d’« experts » à inviter à la radio et à la télévision. Rebelote quelques jours plus tard, cette fois pour commenter l’annonce du ministre de l’Intérieur d’appeler en renfort Frontex, l’agence européenne de contrôle des frontières.

      Il se trouve qu’à l’instar de nombre de mes collègues, je fais partie des chercheurs et universitaires considérés comme « spécialistes des migrations ». C’est à chaque fois pareil : les journalistes cherchent un invité pour parler durant quelques minutes ; il y a urgence car l’émission est prévue pour le soir même, ou le lendemain matin au plus tard ; et comme tout le monde prévoit de parler de Calais, les « spécialistes » sont sur-sollicités, renvoient à d’autres collègues, les journalistes enchaînent les coups de fil, l’agitation croît au fil de la journée – parfois jusqu’à l’absurde.
      Nous disons tous la même chose

      Les collègues qui finissent par passer à l’antenne disent tous la même chose. Non, les passeurs ne sont pas les seuls responsables de ces drames, ce sont les États qui condamnent les migrants à prendre des risques insensés. Non, le traitement inhumain infligé aux migrants, que ce soit à Calais, ailleurs en Europe ou encore en Libye, ne décourage personne, mais ne fait que perpétuer une impasse qui aboutit aux tentatives les plus désespérées. Oui, il est possible d’accueillir décemment ces exilés, en garantissant leur droit de demander l’asile ou en reconnaissant qu’ils occupent les emplois dont personne ne veut. Et non, une telle politique ne créerait pas l’appel d’air tant redouté, mais ne ferait que respecter les principes les plus élémentaires d’un continent qui se prétend un « espace de liberté, de sécurité et de justice ».

      De telles séquences ne sont malheureusement pas nouvelles. Depuis des décennies les migrants meurent aux frontières de l’Europe. Et depuis des décennies les États européens accusent les passeurs et renforcent le contrôle des frontières. Qui se souvient qu’au début des années 2000, l’Espagne réclamait déjà « bateaux et avions » pour empêcher les arrivées de migrants sur les îles Canaries ?

      Certains chercheurs font donc le tour des plateaux, pour l’adrénaline du direct et le narcissisme inhérent à l’exercice, bien sûr, mais aussi pour de très bonnes raisons : apporter un éclairage au débat public, valoriser l’utilité des sciences sociales, défendre des valeurs, et contrer les propos xénophobes qui saturent l’espace public, a fortiori en ce début de campagne présidentielle.

      D’autres chercheurs sont plus hésitants. Question de tempérament, d’expérience des médias, et aussi de rigueur car force est d’avouer qu’on ne connaît pas toujours grand-chose du sujet du jour, et qu’on a de toute manière pas le temps de se préparer. Pour ma part, bien que « spécialiste des migrations », je n’ai jamais étudié la situation à Calais et n’ai aucune connaissance particulière sur le sujet (de même que je connais pas grand-chose non plus sur la frontière entre la Pologne et la Biélorussie, sujet sur lequel mes collègues et moi-même sommes aussi sollicités).

      Ce n’est pas vraiment un problème car je maîtrise bien les quelques généralités qu’on me demande d’énoncer. Mais cette superficialité n’en est pas moins un peu insatisfaisante, voire parfois aliénante. Et puis il y a le problème de la disponibilité, avec des émissions de très bon matin ou vers 19-20 heures, quand ce n’est pas le dimanche à midi – autant dire des horaires défavorables à la vie de famille.
      Des questions de fond

      Au-delà de ces petits débats entre collègues, le traitement médiatique des migrations pose des questions de fond. Avec la crise des migrants et des réfugiés en Europe, la manière dont la presse couvre des événements comme les naufrages en Méditerranée a fait l’objet de beaucoup de réflexions. On s’accorde à considérer que les médias jouent un rôle clé et qu’ils ont une responsabilité particulière. L’Unesco, par exemple, travaille avec les médias pour qu’ils fournissent « des informations vérifiées, des opinions éclairées ainsi que des récits équilibrés ».

      De même, Amnesty International déconseille l’usage de termes qui « déshumanisent » les migrants comme : clandestins, illégaux, ou flux migratoires.

      On se souvient aussi qu’en 2015 la chaine Al Jazeera écartait le terme de migrant et ne parlait que de réfugiés, pour insister sur les raisons impérieuses et légitimes qui motivent leur départ (là où de nombreux médias européens faisaient le contraire).

      Il existe également un manuel destiné aux journalistes qui travaillent sur le sujet, tandis que l’association France Terre d’asile organise des séances de formation à leur intention.

      C’est là aussi le sens des invitations aux « spécialistes des migrations », lesquels fourniraient un éclairage aux journalistes (et, à travers eux, à leur public). Mais on peut s’interroger sur ce besoin d’instruire les médias. Les quelques journalistes que j’ai eu l’occasion de rencontrer connaissent tout aussi bien que moi les arguments sur les impasses des politiques migratoires actuelles. S’ils m’invitent, ce n’est donc pas pour mes connaissances. Ce n’est pas étonnant : à force d’inviter des chercheurs, les journalistes sont devenus familiers de leurs explications. Le « spécialiste » ne fait donc que redire ce que tout le monde sur le plateau sait déjà.
      Une médiatisation qui renforce le climat de crise

      Ce que je constate surtout, c’est que les interactions entre médias et « spécialistes » sont pernicieuses car elles renforcent paradoxalement le climat de « crise » qui caractérise la perception des migrations.

      En ce qui me concerne, j’expliquerais volontiers qu’un naufrage comme celui de Calais ne relève pas d’une « crise », mais d’une forme de routine – une routine certes tragique et inacceptable, mais une routine quand même. Cette routine est la conséquence directe de la manière dont les États gouvernent les migrations, et il ne faut donc pas s’en étonner. C’est là le travail des universitaires (et des sciences sociales) : prendre du recul par rapport à l’actualité brûlante, mettre l’événement en perspective, rappeler des précédents historiques, etc.

      Mais comment exposer de tels arguments si, précisément, on ne parle des migrations qu’à l’occasion de naufrages ? En matière de communication, la forme prend souvent le pas sur le fond. Et naturellement, plus on évoque les migrations sous l’angle d’une crise, plus les responsables politiques seront fondés à ne présenter les naufrages que comme des événements imprévus et tragiques, et à les traiter à grands coups de réunions d’urgence et de mesures ad hoc – perpétuant ainsi un cycle de crise et d’urgence qui dure depuis près de trente ans.

      On objectera que les lamentations sur les biais médiatiques sont aussi anciennes que les médias eux-mêmes, et que face à l’urgence il faut se lancer dans l’arène sans hésitation ni cynisme, et avec toute l’indignation qui sied aux circonstances. Éternel débat, auquel il n’existe probablement aucune réponse satisfaisante. Mais tout de même, comment se fait-il qu’en 2021, alors que la barre des 20 000 décès de migrants en Méditerranée a été franchie depuis 2020 déjà, on continue à solliciter en urgence des « spécialistes » à chaque naufrage, pour qu’ils interviennent le soir même et commentent un événement qui, hélas, n’en est pas un ?

      https://theconversation.com/debat-peut-on-en-finir-avec-la-crise-des-migrants-dans-les-medias-1

  • Covid-19 : la santé publique comme laboratoire du contrôle social

    https://aoc.media/analyse/2021/11/23/covid-19-la-sante-publique-comme-laboratoire-du-controle-social

    La gestion de la #pandémie est largement passée par le recours à des dispositifs techniques de modélisation #statistique des comportements. En mettant à l’écart les #sciences_humaines et sociales, cette gestion techniciste aboutit à des politiques de santé publique qui visent le #contrôle plutôt que l’autonomie des acteurs.

    En participant au dispositif du contrôle social, la santé publique a délaissé sa prétention à la promotion de la #santé [1] visant l’autonomie des acteurs, pour mieux maîtriser les conduites. L’octroi de capabilités a fait place à une instrumentalisation du choix social qui, en se normalisant au gré des décisions publiques, guide l’agent de manière diffuse, insidieuse et sans contradiction. Ce tournant laisse penser que l’autonomisation des acteurs de la santé et la défense des droits n’ont plus leur place dans l’application des normes sanitaires. Il faut au contraire réguler, inhiber et désinhiber les comportements en appareillant les individus de laissez-passer.
    Qu’elle est la raison de ce changement de perspective ? Est-ce véritablement la population qui s’est écartée de la raison, en perdant confiance dans la science et les institutions ? Ou bien serait-ce plutôt les institutions qui ont perdu confiance dans l’autonomie de leurs administrés ? Alors que la complainte de la défiance s’amenuise et que plus de 50 millions de français sont vaccinés, le gouvernement réaffirme encore une fois sa visée comportementale aspirant à l’adaptation toujours plus astreinte des individus au milieu sociotechnique.
    Cette conscience dirigiste de l’État est sans doute le signe d’une inquiétude concernant la population, ou pour le moins, celui d’une conviction dans le bien-fondé de sa mise sous tutelle. La défiance, quasi-continue depuis les gilets jaunes jusqu’aux anti-vaccins, aura sans doute conduit le gouvernement à la certitude que les politiques publiques doivent parvenir à maîtriser la conduite en instrumentalisant la raison et la science. À tel point qu’embarquées dans ce dispositif, les valeurs de la santé publique se sont vidées de leur sens.
    Sommes-nous encore capables de trouver un équilibre entre le respect des droits de la personne et la protection de la santé collective ? Dans le contexte actuel, cela semble difficile à concevoir. En réduisant « l’acteur de la santé » à un « agent rationnel », le gouvernement oriente la décision et l’action individuelle par une géométrisation variable des droits de la personne. Abstrait de toute complexité, l’agent devient l’instrument d’un contrôle social qui pèse sur lui sans contrainte manifeste, dans la déréliction d’une psychologie sans sujet et d’une sociologie sans socius.
    Implémenter la conduite
    L’implémentation du #passe_sanitaire aura permis d’éluder les doutes sur les effets médicalement indésirables de la vaccination, par la promotion d’effets socialement désirables. Retrouver la vie civile suppose de consentir « librement » à la circonscription technologique de nos activités. Rien d’intrusif en apparence, si ce n’est une contrainte affranchie du statut d’obligation. L’incitation à la prophylaxie vaccinale masque ainsi de vertu un appareil de capture. La volonté d’accéder aux spectacles, aux lieux de sociabilité et aux évènements collectifs conduit nécessairement l’agent à accepter sans la moindre hésitation la vaccination, de même que l’utilisation indéfinie de ses données de santé.
    L’accoutumance à la surveillance confère un certain confort, pour lequel on concède sans regret une part de notre vie privée au contrôle. On estime ainsi éviter l’enfermement, tout en s’offrant la possibilité de prendre part à nouveau à la société. Ce new deal semble propice à la pérennisation d’un équilibre. Le suivi de nos activités, même s’il ne permet pas une sortie définitive de la crise sanitaire, apporte une certaine stabilité sociale bénéfique à la croissance économique. Aussi, les retours d’expérience des phases de confinement, de couvre-feu et de déconfinement auront finalement permis aux autorités publiques de trouver un moyen de maîtriser en douceur la crise sanitaire par un subtil jeu d’inhibition et de désinhibition.
    Le gouvernement s’en félicite. Ce dispositif technologique, que le monde entier nous envie, apporte des résultats inespérés. Il nous rappelle d’ailleurs qu’on peut débattre de tout sauf des chiffres. En valorisant ainsi un système devenu autoréférentiel, les pouvoirs publics ont évincé toute aspiration à un horizon démocratique du soin à la faveur d’un équilibre pour le moins fragile. Car, dans l’ombre de cette situation en apparence paisible, cet ingénieux dispositif pourrait finir par compromettre la santé de la population par une dégradation continue de l’accès aux soins, et par malmener les dimensions psychologique et sociale par une pratique répandue de l’aliénation.
    Le testeur testé
    Derrière le voile de la réussite autoproclamée de ce dispositif technologique, le laboratoire civil réserve des surprises. Le testeur finit lui-même par devenir le testé. À quelques mois de l’élection présidentielle, la ruse du dispositif technologique guette dans l’ombre de revirements potentiels. Alors que le contrôle des populations s’insinue en apparence sans responsabilité directe pour le décideur, le risque de l’échec plane. Le pass sanitaire, rendu nécessaire, pourrait conduire le gouvernement à être victime de ce qu’il dénonce : l’irresponsabilité.
    L’incitation, parée du masque de la vertu vaccinale, a semblé un temps à même d’éluder la responsabilité du décideur, sous les traits d’une instrumentalisation vertueuse favorisant la stabilisation de l’épidémie. Seulement, alors même que la vaccination devait nous conduire à une sortie de crise pérenne, sa mise en œuvre a exclu des soignants de la pratique clinique. Malmenés durant les vagues précédentes, voire opposés au pass sanitaire, ces derniers ont déserté les services de soin. Les lits se ferment, alors que les cas augmentent à nouveau et que le virus continue à muter.
    Comme le mentionnent les rapports du conseil scientifique en date du 5 et du 6 octobre 2021, la fragilité sociale du système de soins, avec la fermeture de 20 % de lits[2] (chiffre contesté par Olivier Véran et réduit à 5 %), la survenue cet automne/hiver d’infections respiratoires notamment chez les plus jeunes (non-vaccinés) et l’impact des retards dans la prise en charges de patients non-covid[3] laissent présager une situation critique dans les mois à venir. Comment donc faire pour ne pas subir une nouvelle vague révélant encore davantage la fragilité de notre système de santé, à la veille d’une élection présidentielle ?
    Compartimenter les suspects
    La solution gouvernementale tient au compartimentage accentué de la population, alors même que la fin de la gratuité systématique des tests fait baisser le nombre de dépistages[4]. La baisse des données issues du dépistage ne semble toutefois pas perturber les pouvoirs publics. En suivant la logique des compartiments épidémiologiques, ces derniers continuent de circonscrire la population dans des catégories abstraites de suspects, d’infectés et de retirés pour pallier le manque d’informations. En reconfigurant ainsi la distribution, on instrumentalise les non-vaccinés devenus les seuls suspects à haut risque.
    Toute cette architecture qui, dérive et/ou contribue directement à préciser la forme à compartiments SIR[5], n’est peut-être plus aussi scientifiquement valide qu’elle le prétend. Mais elle reste hautement utile d’un point de vue politique. Dans un tel modèle, les relations entre les compartiments d’individus S (suspectés), I (infectés) et R (retirés) sont définies par un taux d’infection et un taux de rémission, décrivant l’évolution de l’épidémie dans le temps au sein d’une population passant d’un état de crise à un état stable.
    Si on s’en tient à la forme simple, au début d’une épidémie (abstraite de dynamique démographique), on a dans la population complète N = S + I + R, l’approximation S(0) ≈ N ; tous les individus ou presque sont suspects. Pour atteindre la stabilité, le nombre de suspects doit donc décroître et le nombre de retirés croître de manière à infléchir le compartiment des infectés. Cette modélisation classique de l’épidémiologie est basée sur l’hypothèse que l’épidémie se terminera par l’équilibration du compartiment des retirés et le tarissement du compartiment des suspects et des infectés.
    En circonscrivant donc le compartiment des suspects aux non-vaccinés, en retirant d’office les vaccinés et en sous-évaluant les infectés par un manque de dépistage, il est probable qu’on se laisse surprendre par une vague devenue imprévisible. Si bien que pour désamorcer toute critique, le pouvoir politique change de discours. On parle déjà en Allemagne d’une « pandémie des non-vaccinés[6] » ; en Autriche, on ordonne de confiner les non-vaccinés[7]. À la première réduction de la pandémie à un phénomène épidémique nationale s’ajoute une seconde réduction du compartiment des suspects aux seuls non-vaccinés.
    Ainsi, alors même que les modèles épidémiologiques sont de moins en moins accrédités[8], il semble que leur structure fasse la part belle à une gestion politique des compartiments. Et si la vaccination permet en principe d’obvier la catégorie « infecté », la tant espérée immunité collective semble s’éloigner en raison de la baisse progressive de l’efficacité vaccinale[9]. La piqûre de rappel permettra-t-elle d’éviter une nouvelle fois la crise des hôpitaux ? Doit-on s’attendre au retour périodique de la crise ? Quoi qu’il en soit, le report de la date d’application du pass sanitaire à l’été 2022 s’annonce d’ores et déjà comme le prélude d’une géométrisation indéfinie des compartiments et de nos droits.
    La réduction des comportements
    Cette nouvelle forme de gouvernance, qui s’adjoint à l’usage du nudge, des influenceurs, des messages publicitaires, à la distanciation et à l’aménagement de l’espace-temps physique de nos activités engendre un réductionnisme physicaliste et probabilitaire des mécanismes comportementaux. L’autonomie du sujet semble irrémédiablement compromise. Au croisement des sciences cognitives et de l’épidémiologie, on évalue la probabilité d’apparition des bonnes conduites. La politique sanitaire devient alors le corrélat d’un conditionnement opérant par lequel s’efface la part raisonnable du jugement. De toute évidence, la rationalité se doit d’être instrumentalisée dans l’intérêt général. Et pour cela, il faut anticiper les conduites.
    Si on se réfère, pour illustrer cette nouvelle conception de l’agent, au modèle CovidSim de Ferguson et son équipe[10] (qui a guidé les gouvernements européens vers la mise en place du confinement général), on voit que la stabilisation de l’épidémie tient à l’évaluation et au contrôle stochastique de deux forces physiques[11]. Le comportement collectif varie ainsi selon la densité de population sous la forme d’une force communautaire (community force), propageant le virus par l’effet d’une action de masse, alors que le comportement individuel suit une force d’infection (infectivity force) variable selon l’âge des individus. Cette dernière permet d’évaluer le hasard de l’infection par le calibrage de la fréquence des rencontres des agents au domicile, à l’école, au travail et dans la société en général.
    Cette modélisation individu-centrée suppose la poursuite d’un équilibre stable entre des agents rationnels au moyen d’une physique des rapports sociaux allié à un calibrage stochastique des déplacements. Aussi spectaculaire que cela puisse paraître, l’échec de ce modèle met en exergue une erreur manifeste concernant la pensée humaine qui relève du réductionnisme. Toute considération pour l’altérité et la singularité des individus a disparu. Il s’agit bien d’une psychologie sans sujet et d’une sociologie sans socius. En effaçant le vécu des agents, pour ne s’intéresser qu’aux forces physiques qui conditionnent leurs activités et à la probabilité de leurs mouvements, la modélisation engendre un réductionnisme qui rend paradoxalement l’épidémie imprévisible.
    L’altérité au principe de la différence entre les décisions et les actions des individus n’est dès lors plus compréhensible. Comme l’indique à ce propos Simon Cauchemez, modélisateur à l’Institut Pasteur, « le problème est moins le virus lui-même que la prise en compte des comportements dans nos modèles[12] ». Il est évident que la complexité de l’individuation psychologique et sociale ne peut pas être comprise dans une telle modélisation. Aussi, la mise à l’écart, quasi-systématique, des sciences humaines et sociales dans la prise de décision sanitaire aura conduit au réductionnisme le plus creux : l’agent est réduit à un corps brut qui laisse prise à une brutalisation de ses facultés mentales.
    Transformer le laboratoire comportemental en laboratoire éthique
    Notre société ressemble de plus en plus à un laboratoire comportemental où s’inventent de nouvelles méthodes de contrôle social. Couplé à nos activités quotidiennes les plus banales, le contrôle opère ainsi selon une suite d’états discrets dans les bars, les restaurants, les salles de concert, les bureaux, les gares, les aéroports comme les hôpitaux, pour mieux nous orienter l’air de rien. En couplant nos appareils connectés à la synergie de nos vies, l’outil numérique s’élude et avec lui notre autonomie s’efface. En se confondant avec le choix social, le pass sanitaire est devenu peu à peu imperceptible, abstrait de toute contrainte.
    L’acceptation des normes par l’oubli relatif de l’outil confère à la conscience de l’utilisateur la satisfaction du choix social consenti. Lorsque le fonctionnement s’efface et qu’il se connecte parfaitement à l’agencement du monde, il se naturalise, comme si tout allait de soi. La synergie s’établit ainsi dans l’occultation des fonctions techniques du contrôle. En paramétrant les comportements, ces outils ouvrent une nouvelle voie pour l’application des politiques publiques. Le gouvernement pense alors parvenir à tout normaliser par un devenir imperceptible du contrôle, instrumentalisant le choix social du vivre-ensemble.
    Alors que la crise sanitaire aurait pu changer la société en laboratoire éthique, où la réflexion collective inventerait de nouvelles manières de considérer l’action juste, elle l’a réduit à un dispositif technologique aliénant. Et bien que la gestion de crise d’une pandémie engage une gestion statistique, administrative et sécuritaire, force est de constater que le comportement individuel et la coopération sociale échappent à cette circonscription des pouvoirs publics. L’ethos manque à toute modélisation comme, à toutes les mesures engagées par la santé publique. De sorte que c’est dans la part d’inconnu propre à l’autonomie et l’altérité que se joue la concrétisation de notre vivre-ensemble. La santé publique, si elle veut de nouveau tendre à une pérennisation de bonnes pratiques, doit reprendre contact avec sa perspective émancipatrice et sortir de l’illusion techniciste du contrôle.
    L’éthique doit, en ce sens, à nouveau tenir une place déterminante dans l’efficacité et la bonne application des normes. En les adaptant avec la réalité du terrain et au vécu des individus, la santé publique peut encore offrir à la société une perspective respectueuse de la personne et de ses droits. En favorisant les capabilités au principe de l’autonomisation individuelle et collective, il s’agit de valoriser la part de raison humaine qui échappe à tout modèle prédictif. Aussi un certain écart, voire un conflit, prend forme en silence au sein de la société civile entre la politique sanitaire fixe et impérative, et l’éthique sociale en adaptation permanente et libre.
    C’est, me semble-t-il, dans cet écart, qui entraîne nécessairement des conflits de valeurs, que naissent de nouveaux enjeux de société sur la manière la plus juste d’agir dans un monde en proie au risque indéfini de la ruine collective. La visée éthique de la santé publique doit participer à nouveau au renversement des valeurs qui se joue actuellement face à l’axiologie surannée d’une société réfractaire au progrès de la raison. C’est dans les lignes de fuite de ce système que se construit la part de raison qui échappe à la raison d’État.
    Mathieu Corteel
    Philosophe et historien des sciences, Chercheur associé à Sciences Po et à Harvard

    #Multitudes, #autonomie, #discernement, #covid

  • Migration de transit : #Belgique et #France appellent #Frontex à l’aide

    L’agence aux frontières extérieures pourrait fournir une surveillance aérienne pour identifier les embarcations tentant de traverser la #Manche depuis les côtes françaises.

    Et pourquoi ne pas aider le nord ? Dans le cadre des « #consultations_de_Val_Duchesse » – rencontre entre gouvernements français et belge sur les thématiques sécuritaires –, Sammy Mahdi, le secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration, a appuyé la #demande française d’un #renfort de l’agence des frontières extérieures, Frontex, pour surveiller la #côte_d’Opale. En cause : le nombre grandissant de traversées de migrants tentant de rejoindre l’Angleterre par la mer. En à peine deux jours, ce week-end, près de 250 personnes ont ainsi été secourues par les autorités alors qu’elles étaient en difficulté en mer. « Depuis le Brexit, la lutte contre la transmigration n’est pas devenue plus facile », a souligné le secrétaire d’Etat dans un communiqué. « Frontex apporte son aide dans le sud et l’est de l’Europe, mais devrait également le faire dans le nord. »

    Phénomène longtemps marginal, les traversées irrégulières de la Manche par bateau ont commencé à augmenter à partir de fin 2019 et n’ont pas cessé depuis. Un transfert s’expliquant probablement par la sévérité des contrôles des camions, par l’imminence du Brexit – dont le bruit courait qu’il aurait un impact sur la possibilité de franchir la frontière avec des contrôles douaniers systématiques – et peut-être par l’effet dissuasif du drame de l’Essex, lorsque 39 personnes avaient été retrouvées mortes dans un camion frigorifique. Mais aussi… par son taux de réussite. Depuis le début de l’année, la préfecture maritime Manche-mer du Nord a enregistré 1.231 tentatives de traversées impliquant plus de 31.500 personnes (certaines personnes ayant pu être impliquées dans plusieurs traversées). Seules un quart ont été interceptées et ramenées vers les côtes françaises. Et comme le Royaume-Uni a refusé de négocier un volet « réadmission » dans le cadre de l’accord du Brexit (pour remplacer le règlement Dublin), il doit gérer les personnes migrantes une fois débarquées.

    Pour les autorités belges, mais surtout françaises, le défi tient à l’immensité de la zone à surveiller. Alors que les départs avaient jusqu’à récemment lieu depuis les alentours de Calais, le point le plus proche de l’Angleterre, ils se sont dispersés vers le sud à mesure de la hausse des contrôles, allant jusqu’au Touquet, à 70 km de là. Ils sont en revanche toujours rarissimes côté belge. Les petites embarcations restent la norme – Decathlon a annoncé il y a quelques jours suspendre la vente de ses kayaks dans les magasins de Calais et Grande-Synthe, constatant un « détournement de leur usage sportif » –, signe de traversées autonomes. « Mais depuis 2019, avec la montée en puissance de réseaux criminels, voire mafieux, nous voyons des embarcations de plus en plus grandes et de plus en plus chargées, engendrant un effet de saturation ponctuelle. Les embarcations plus robustes, type voiliers ou chalutiers, restent plus anecdotiques », indique la préfecture maritime. Comprendre : les moyens de traversée les plus sûrs sont les plus rares. Or, la Manche est réputée être une autoroute de cargos, très dangereuse pour de petites embarcations la traversant.

    La France a déjà considérablement renforcé les moyens de surveillance et le travail de coordination pour mieux contrôler la côte, soutenue par une enveloppe de 62 millions d’euros promise par le Royaume-Uni. Un cadre opérationnel doit encore être déterminé pour définir l’intervention de Frontex : combien de temps, quels moyens humains, matériels… L’agence indique que la demande concerne du « soutien de surveillance aérienne ».

    « Ce serait la première fois que Frontex s’emploie à stopper les flux sortants au lieu de protéger les frontières extérieures contre les menaces extérieures », souligne le cabinet du secrétaire d’Etat Sammy Mahdi. « Mais si vous regardez les chiffres des départs en 2021, c’est une façon valable de penser. Si ce modèle continue à porter ses fruits avec les arrivées au Royaume-Uni, la transmigration sera difficile à arrêter. »

    https://www.lesoir.be/407906/article/2021-11-22/migration-de-transit-belgique-et-france-appellent-frontex-laide
    #asile #migrations #réfugiés #frontières #aide

    • Frontex deploys Danish surveillance aircraft over northern France

      Frontex has deployed a plane to support French and Belgian authorities trying to spot illegal boat crossing activity, a week after 27 migrants drowned when their dinghy deflated in the Channel, the European Union’s joint frontier force said.

      In a statement, Frontex said the plane, provided by Denmark had landed in Lille, northern France, adding the aircraft was equipped with modern sensors and radar to support land and sea border control.

      The deployment was decided during a meeting on Sunday in Calais between French Interior Minister Gerald Darmanin and some of his European counterparts, an event to which British Interior Minister Priti Patel had been disinvited following a letter from British Prime Minister Boris Johnson letter that angered Paris. (https://www.reuters.com/world/europe/france-says-it-will-not-be-held-hostage-by-british-politics-migration-2021-)

      France and Britain are at loggerheads over post-Brexit trading rules and fishing rights and last week relations soured further after 27 people died trying to cross the Channel.

      “The evolution of the situation in the Channel is a matter of concern. Upon the request from member States, Frontex deployed a plane in France to support them with aerial surveillance in just three days,” Frontex Director Fabrice Leggeri said.

      “We are starting with one plane, but we stand ready to reinforce our support if needed.”

      The aim of the operation on the coastline is to prevent the rising number of sea crossings.

      https://www.reuters.com/world/europe/frontex-deploys-danish-surveillance-aircraft-over-northern-france-2021-12-0

      #Danemark #militarisation_des_frontières

    • Le ministre de l’Intérieur @GDarmanin a annoncé la semaine dernière la mise en service d’un avion de l’agence #Frontex pour surveiller les traversées de migrants dans la Manche.

      Repéré par notre collègue @MickaelGoavec, l’appareil a commencé à survoler la zone aujourd’hui.

      Comment s’y prendre pour pister l’appareil ?
      La photo ci-dessus ne montre pas l’immatriculation.

      En cherchant sur Twitter on tombe sur un autre tweet du ministère @Interieur_Gouv et on devine les chiffres «  ??-080 ».

      En passant cette image dans Bing et en zoomant sur l’avion, on tombe sur plusieurs photos d’un appareil ressemblant fortement à celui évoqué par @GDarmanin.

      On peut alors récolter « l’empreinte » de l’avion :

      Immat. : C-080 de la Royal Danish Air Force
      Code ICAO/HEX : 45F422

      En poursuivant les recherches, on tombe sur cette note diffusée par le ministère des Affaires étrangères danois.

      Elle indique que l’avion a été envoyé par le #Danemark pour contribuer à l’opération Triton de lutte contre l’immigration illégale en Méditerranée en 2017.

      Comme beaucoup d’avions militaires et gouvernementaux, le parcours de vol est masqué sur la plupart des sites comme @flightradar24
      ou @flightaware
      .

      Le site @RadarBox24 montre un parcours partiel mais précise bien que les informations sont « bloquées ».

      Mais certains internautes l’ont déjà repéré avant qu’il n’atterrisse à Lille.

      Et d’autres sites, notamment @ADSBexchange, n’acceptent généralement pas les demandes des particuliers ou des organisations souhaitant masquer leurs avions des sites de tracking.

      On peut donc suivre le parcours de l’appareil de surveillance en direct sur ce site :
      https://globe.adsbexchange.com/?icao=45f422

      On remarque un « motif » de surveillance et une altitude basse, un peu moins de 400m.

      Il semble aussi s’attarder sur les dunes qui entourent les villes de #Dunkerque et #GrandeSynthe, où les migrants ont installé des campements.

      https://twitter.com/RevelateursFTV/status/1466745416045764614

    • Migrants dans la Manche : Frontex a la « possibilité de déployer des personnels au sol »

      Fabrice Leggeri, directeur exécutif de Frontex, a été auditionné ce mercredi 8 décembre devant la commission des affaires étrangères du Sénat. Il est revenu sur la « nouvelle opération » de #surveillance_aérienne dans la Manche, qui a commencé début décembre, ainsi que sur les différentes crises auxquelles fait face l’agence européenne. « On va vivre pour longtemps avec une pression migratoire forte », prévient-il.

      Entre la France et le Royaume-Uni, la tension reste forte sur la question de l’immigration depuis le naufrage, au large de Calais, d’une embarcation causant la mort de 27 personnes, le 24 novembre dernier. Hier, lors de son audition à la commission des Lois de l’Assemblée nationale, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a demandé, une fois de plus, au Royaume-Uni « d’ouvrir une voie légale d’immigration » pour réduire le nombre de traversées illégales entre les deux pays. Ce mercredi, Fabrice Leggeri, le directeur exécutif de Frontex, a détaillé devant les membres de la commission des affaires étrangères du Sénat la « #nouvelle_opération » de surveillance de l’agence européenne de #garde-côtes et #gardes-frontières dans la Manche. « L’#avion de Frontex est arrivé à Lille le 1er décembre et a commencé ses patrouilles [..]. Nous fournissons depuis quelques semaines des #images_satellitaires à la France - la Belgique est intéressée, les Pays Bas aussi - pour détecter quelques jours à l’avance des #préparatifs_de_départs, des activités de #passeurs ou de #trafiquants près de la #côte », indique-t-il.

      « Nous pouvons faire davantage » si des États le souhaitent

      Pour assurer la #surveillance des dizaines de kilomètres de côtes, en France, en Belgique ou même aux Pays-Bas, Fabrice Leggeri garantit que « nous pouvons faire davantage s’il y a un souhait [des pays] d’aller plus loin ». Outre « le #rapatriement et l’#éloignement des #étrangers_en_situation_irrégulière, nous avons la possibilité de déployer des personnels de gardes-frontières au #sol qui pourraient avoir des missions de surveillance en complément et sous la direction des autorités nationales ». Sans oublier le devoir d’information de l’agence si elle observe « des situations de détresse en mer ».

      Interrogé sur la tenue de discussions avec le Royaume-Uni pour pouvoir intervenir sur leur territoire, le directeur de Frontex pointe « un paradoxe. Nous sommes présents physiquement en Albanie, en Serbie, parce qu’il y a un accord entre l’Union Européenne et ces pays-là, mais il n’y en a pas le Royaume-Uni. Pas d’accord post-Brexit pour coopérer avec eux dans la Manche ». Et Fabrice Leggeri d’insister sur sa volonté de travailler « dans un cadre juridique. On ne peut pas faire du bricolage à la carte ».

      « Avoir un cadre juridique clair »

      Sur d’autres frontières, en Biélorussie, Pologne et Lituanie, le patron de Frontex – qui parle de « #menace_hybride, d’une instrumentalisation des migrants comme moyen de pression politique ou géopolitique - rapporte aussi « une incertitude juridique qui me préoccupe au moins autant que la force physique ». Il donne l’exemple d’une loi lituanienne, adoptée à l’été 2021 en réponse à l’afflux de migrants à sa frontière : « Certains disent que cette loi n’est pas conforme à l’ordre juridique de l’Union européenne. […] Il est important pour l’agence d’avoir un cadre juridique clair. Ce n’est pas le cas actuellement ».

      Au total, entre 2 000 et 2 200 personnels de Frontex sont déployés dans l’Union Européenne. Les plus grosses opérations ont, pour le moment, lieu en Grèce (400 personnels), Italie (200), Espagne (200) et en Lituanie (une centaine). L’objectif est d’atteindre les 10 000 agents en 2027. Qui seront les bienvenus, selon Fabrice Leggeri. Car en plus de la lutte contre la criminalité et la prévention des menaces terroristes, « on va vivre pour longtemps avec une #pression_migratoire forte. La démographie l’explique, les déséquilibres économiques aussi, accentués avec la #crise_sanitaire ».

      https://www.publicsenat.fr/article/parlementaire/migrants-dans-la-manche-frontex-a-la-possibilite-de-deployer-des-personn

    • Frontex en action dans la Manche : la Grande-Bretagne, une force d’attraction pour les réfugiés

      Le pilote danois #Michael_Munkner est de retour à la base après cinq heures et demie de vol au-dessus de la Manche.

      Il est commandant de l’avion « #Côte_d'Opale » dans le cadre de l’opération européenne Frontex. Depuis le naufrage d’un radeau qui a tué 27 demandeurs d’asile le mois dernier, il surveille la zone :

      « Je ne peux pas entrer dans le détail de ce que nous avons vu exactement, mais nous avons pris quelques photos que nous pouvons vous montrer des différents camps que nous surveillons en particulier à Calais et Dunkerque. Nous surveillons les camps pour voir, ce qu’ils font, s’ils se préparent à partir, et aussi bien sûr les plages pour voir s’il y a des départs. »

      L’agence Frontex a organisé des vols au-dessus de la zone à la demande de la France. La mission est censée durer jusqu’à la fin de l’année.

      Si les agents ont admis que des discussions sur le renouvellement de leur mandat étaient en cours, certains doutent de l’efficacité des mesures prises pour dissuader les personnes désespérées d’effectuer la traversée de la Manche.

      « Je pense que les gens tenteront la traversée. S’ils sont suffisamment désespérés, ils iront, quoi qu’il arrive. J’espère simplement que nous pourrons être là pour aider à éviter les pertes de vies humaines » explique Michael Munkner, le commandant du détachement Frontex pour la Manche.

      Elyaas Ehsas est un réfugié afghan. Il est d’accord pour dire que les exilés continueront de chercher à traverser par tous les moyens pour se rendre au Royaume-Uni, malgré les obstacles.

      « S’ils avaient une chance de rester dans leur pays d’origine, ils resteraient. Imaginez comme ça... quelqu’un dans votre pays vous prend tout, que feriez-vous ? »

      Elyaas a quitté l’Afghanistan il y a 6 ans. Après avoir vu sa demande d’asile rejetée par la Suède, il avait aussi pensé à faire la traversée de la Manche :

      « Une des raisons pour lesquelles les gens traversent et prennent beaucoup de risques, c’est à cause de l’accord de Dublin, ils se disent si je vais au Royaume-Uni, il n’y a pas de règlement de Dublin au Royaume-Uni à cause du Brexit. Le Royaume-Uni a quitté l’Union européenne, et donc il n’y a pas d’empreintes digitales. Au moins, ils peuvent rester là-bas pendant un certain temps et se reconstruire une nouvelle vie. »

      Le règlement de Dublin part du principe que les réfugiés bénéficient du même niveau de protection dans tous les États membres de l’UE, et qu’ils doivent demander l’asile dans le pays d’arrivée.

      Les 27 ont reconnu les limites du dispositif et promis de créer un nouveau système de gouvernance migratoire.

      Le mois dernier, Elyaas a pu faire une nouvelle demande d’asile, cette fois-ci en France. Mais son histoire n’est pas encore terminée. Il dit que si les autorités françaises rejettent sa demande, il poursuivra son voyage quelles qu’en soient les conséquences.

      https://fr.euronews.com/2021/12/17/frontex-en-action-dans-la-manche-la-grande-bretagne-une-force-d-attract

  • « Que n’ont-ils pas fait pour nous contraindre ? S’arroger tous les pouvoirs en créant un état d’urgence sanitaire dès le début de la pandémie afin de passer au dessus des lois. Amplifier les chiffres du Covid et les aligner tous les jours sans remise à zéro annuelle du « compteur » (avec une prime en cas de décès Covid pour les hôpitaux ou de consultation pour les médecins de ville). Interdiction des traitements précoces par les médecins de ville. Administration du Rivotril à nos anciens en EHPAD afin qu’ils partent plus vite et n’encombrent pas les urgences… Obligation du port du masque en extérieur et même sur la plage allant même jusqu’à poursuivre quelques malheureux randonneurs par hélicoptère ou personnes isolées dans le bois d’un petit village. Aucune augmentation du nombre de lits de réanimation, de personnels soignants, de matériel médical. Verrouillage de tous les médias : journaux, TV. Censure de toutes les voix qui ne sont pas dans la droite ligne du discours unique officiel avec l’aide des Facebook, YouTube et autres. Pourchasser et démettre de leur fonction les médecins et scientifiques récalcitrants même nos plus grands, reconnus dans le monde entier. Organiser la délation en favorisant les appels anonymes pour les fêtes privées à plus de six personnes. Invention du mot « complotiste », « conspirationniste », « antivax », etc. Levée du secret médical afin d’aller chercher nominativement chacun qui ne sera pas encore vacciné. »

    #passe_sanitaire #pass_sanitaire #vaccination #coronavirus #obligation_vaccinale #Covid19 #Covid_19

    https://appelantigone.over-blog.com/2021/08/que-n-ont-ils-pas-fait-pour-nous-contraindre.html

  • AIBD - Voyageurs entrants : Les vaccinés dispensés de test - Lequotidien - Journal d’information Générale
    https://lequotidien.sn/aibd-voyageurs-entrants-les-vaccines-dispenses-de-test

    AIBD – Voyageurs entrants : Les vaccinés dispensés de test
    Les passagers vaccinés à destination du Sénégal sont dispensés de test Rt-Pcr, a annoncé hier le ministère du Tourisme et des transports aériens.
    Par Dialigué FAYE – Le ministère du Tourisme et des transports aériens informe de la signature et de l’entrée en vigueur de la circulaire du lun­di 11 octobre 2021 dispensant de test Pcr les passagers vaccinés à destination du Sénégal. La-quelle abro­ge et remplace les circulaires du 1er septembre 2021 et celle 28 sep­tem­bre 2021. Cette décision, expliquent les services du ministre Alioune Sarr, entre dans le ca­dre du « processus gra­duel de le­vée des restrictions pesant sur les voyageurs à destination du Sénégal, consacrant ainsi l’ouverture progressive des frontières aériennes, à travers deux circulaires précisant les conditions de prise de trafic des compagnies aériennes desservant le Sénégal ». En effet, note le ministère du Tourisme et des transports aériens dans un communiqué, « la circulaire 1626 /Mtta/Dg/Anacim du lundi 11 octobre 2021 ren­force la dynamique de levée des restrictions qui pesaient sur les voyageurs à destina­tion du Sénégal. Par conséquent, les compagnies aériennes dont les programmes d’exploitation ont été approuvés par l’Au­torité de l’Aviation civile ou qui disposent d’une autorisation ponctuelle, sont autorisées à em­bar­quer ou débarquer leurs passagers sur présentation d’un test Rt-Pcr Covid-19 négatif datant de moins de cinq jours ou d’un « pass sanitaire » dûment délivré par les services compétents ». Le « pass sanitaire », précise-t-on, « devra attester que les passagers ont reçu les doses requises de vaccin au moins quatorze jours avant la date du voyage. Seuls les vaccins homologués par l’Orga­nisation mondiale de la santé sont acceptés. Toutefois, les présentes dispositions sont sans préjudice des formalités d’immigration et des conditions sanitaires en vi­gueur ».

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#sante#vaccination#passesanitaire#frontiere#circulation#tourisme#economie

  • Covid-19 au Sénégal : Le ministère du Tourisme et des Transports Aériens informe de la signature et de l’entrée en vigueur de la circulaire dispensant de test PCR pour les passagers vaccinés.
    https://www.dakaractu.com/Covid-19-au-Senegal-Le-ministere-du-Tourisme-et-des-Transports-Aeriens-in

    Covid-19 au Sénégal : Le ministère du Tourisme et des Transports Aériens informe de la signature et de l’entrée en vigueur de la circulaire dispensant de test PCR pour les passagers vaccinés.
    Dans un communiqué rendu public, le ministère du Tourisme et des Transports Aériens informe les voyageurs à destination du Sénégal, de la signature et de l’entrée en vigueur de la circulaire 1626/MTTA/DG/ANACIM du lundi 11 Octobre 2021 dispensant de test PCR, les passagers vaccinés, abrogeant et remplaçant les circulaires N°1386/MTTA/ANACIM/DG du 1er septembre 2021 et la circulaire 1562 du 28 septembre 2021 portant sur un processus graduel de levée des restrictions pesant sur les voyageurs à destination du Sénégal, consacrant ainsi l’ouverture progressive des frontières aériennes."Le Ministère du Tourisme et des Transports aériens du Sénégal, a entrepris depuis le 01 Septembre 2021 un processus graduel de levée des restrictions pesant sur les voyageurs à destination du Sénégal, consacrant ainsi l’ouverture progressive des frontières aériennes, à travers deux circulaires précisant les conditions de reprise de trafic des compagnies aériennes desservant le Sénégal.Il s’agit de la circulaire N°1386/MTTA/ANACIM/DG du 1er septembre 2021 et la circulaire 1562 du 28 septembre 2021.Dans ce sillage, le Ministère du Tourisme et des transports aériens informe de la signature et de l’entrée en vigueur de la circulaire 1626/MTTA/DG/ANACIM du lundi 11 Octobre 2021 abrogeant et remplaçant les circulaires précédentes et dispensant de test PCR les passagers vaccinés. En effet, la circulaire1626 /MTTA/ DG/ ANACIM du lundi 11 Octobre 2021 renforce la dynamique de levée des restrictions qui pesaient sur les voyageurs à destination du Sénégal", renseigne le communiqué du ministère du tourisme et des transports aériens.
    Par conséquent, le communiqué informe que "les compagnies aériennes dont les programmes d’exploitation ont été approuvés par l’Autorité de l’Aviation civile ou qui disposent d’une autorisation ponctuelle sont autorisées à embarquer ou débarquer leurs passagers sur présentation d’un test RT-PCR COVID-19 négatif datant de moins de cinq (05) jours ou d’un « pass sanitaire » dûment délivré par les services compétents.Le « pass sanitaire » devra attester que les passagers ont reçu les doses requises de vaccin au moins quatorze (14) jours avant la date du voyage. Seuls les vaccins homologués par l’Organisation Mondiale de la Santé sont acceptés".

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#sante#vaccination#passesanitaire#frontiere#circulation#tourisme

  • Le passe sanitaire est un moyen extrajudiciaire de désactiver socialement les gens

    Selon le professeur de droit #Guillaume_Zambrano, le #passe_sanitaire est une atteinte aux droits fondamentaux ainsi qu’une sanction extrajudiciaire. Il a lancé une requête collective auprès de la Cour européenne des #droits_de_l’Homme.

    Voir le site https://nopass.fr

    #Celia_Izoard, #recours-juridique, #critique_techno, #technocritique.

    https://reporterre.net/Le-passe-sanitaire-est-un-moyen-extrajudiciaire-de-desactiver-socialemen

  • England’s Covid travel rules spark outrage around the world | Coronavirus | The Guardian
    https://www.theguardian.com/world/2021/sep/23/englands-covid-travel-rules-spark-outrage-around-the-world
    https://i.guim.co.uk/img/media/63f5a3be4108753290c582388b2d34975d4490c7/0_9_3959_2377/master/3959.jpg?width=1200&height=630&quality=85&auto=format&fit=crop&overlay-ali

    England’s Covid travel rules spark outrage around the world
    England’s Covid travel rules and refusal to recognise vaccines administered across huge swaths of the world have sparked outrage and bewilderment across Latin America, Africa and south Asia, with critics denouncing what they called an illogical and discriminatory policy.The transport secretary, Grant Shapps, described England’s rules, unveiled last Friday, as “a new simplified system for international travel”. “The purpose is to make it easier for people to travel,” Shapps said.But in many parts of the world there is anger and frustration at the government’s decision to recognise only vaccinations given in a select group of countries. Under the new rules, travellers fully vaccinated with Oxford/AstraZeneca, Pfizer/BioNTech, Moderna or Janssen shots in the US, Australia, New Zealand, South Korea or an EU country will be considered “fully vaccinated” and exempt from quarantine when they arrive in England from an amber list country.
    But people who have been fully vaccinated with the same vaccines in Africa or Latin America, as well as other countries including India, will be considered “not fully vaccinated” and forced to quarantine for 10 days on arrival from an amber list country. In Europe, there is frustration at Britain’s refusal to accept as “fully vaccinated” people who have had Covid and then a single dose of a two-dose shot. Such people are considered fully vaccinated in most EU countries and are able to travel freely around the bloc with an EU digital Covid certificate.
    To visit the UK, however, they must quarantine for 10 days, with UK government guidelines currently requiring people vaccinated with a two-dose vaccine such as Moderna or Pfizer to have had both doses “even if you have recently recovered from Covid-19 and have natural immunity”.Britain did relax its rules on Wednesday to allow quarantine-free travel by people from Europe who have had doses of two different vaccines. Hundreds of thousands on the continent received mix-and-match shots after the use of AstraZeneca was restricted to older age groups over rare blood clot concerns. But amid mounting anger abroad at what many view as discriminatory treatment, the Indian politician Shashi Tharoor announced on Monday that he was pulling out of a series of appearances in England to protest the “offensive” decision to ask fully vaccinated Indians to quarantine.“There isn’t a single person I have spoken to who isn’t angry about this. People are perplexed,” said one exasperated Latin American diplomat.“How can a Pfizer or Moderna or AstraZeneca vaccine that is administered [in Latin America] not be sufficient for someone to be allowed in? I just don’t see how this can be acceptable. I simply cannot get my head around it,” they added. “I cannot explain what is behind this – I just know that it is very, very, very unfair.”A west African diplomat condemned the restrictions as “discriminatory”. “[But] it’s not even the discrimination that concerns me the most, it’s the message it sends out,” they added.
    “All around the world we’re struggling with vaccine hesitancy. There’s all sorts of fake news. When you say, ‘We are not going to accept the vaccine from Africa’, you lend credence to these kinds of theories. It’s only going to create a situation where it allows the pandemic to be prolonged.”
    Ifeanyi Nsofor, a doctor and chief executive of a public health consultancy in Nigeria, said: “The UK is one of the largest funders of the Covax facility and now the UK is saying that the same vaccines they have sent, will now not be considered. It’s sad, it’s wrong, it’s discriminatory.”
    The Moonsamys reunited in Oakland after a year of socially distanced gatherings.
    The new travel rules came as a severe blow to families who have spent many months separated from their England-based loved ones because of the pandemic. André Siqueira, a tropical diseases specialist from Rio de Janeiro, said he was desperate to see his four-year-old son who lives in London for the first time in a year. But the new rules made it almost impossible for him to travel to England – despite having been fully vaccinated in red-listed Brazil – since he would have to spend 10 days in an amber list country before spending another 10 days quarantining in England after he arrived. “Does the world do this for any other vaccines? Does the UK say we’re not going to recognise your polio vaccines from Pakistan? No. We accept that your vaccines are safely administered. If we’re worried that there are variants that are resistant to the vaccines, that’s happening all over the world. But the Delta variant is in 100 countries of the world and the vaccines do work against Delta.”
    Rees said she hoped the decision would be reconsidered. “I’m not worried that this is cast in stone but I think it’s something that really must be discussed. Not least because if the world starts closing borders to what looks like poorer countries, what does that mean for inequality? For refugees? We can’t close our borders, we must trust the vaccines and we must trust the governments that are administering the vaccines.”
    Asked to explain why vaccines administered in certain countries were acceptable but in others not, a government spokesperson said in a statement: “Our top priority remains protecting public health, and reopening travel in a safe and sustainable way, which is why vaccine certification from all countries must meet the minimum criteria taking into account public health and wider considerations.”
    The statement did not make clear what those wider considerations were.
    In response to international upset at the restrictions, the UK has pledged to work with some countries to recognise their vaccine passports. On Wednesday, the UK high commission in Kenya released a joint statement with the Kenya health ministry, saying the UK recognised vaccines administered in the east African country. The joint statement recognised there had been “significant public concern about the issue of vaccine certification” but added, “establishing a system to mutually recognise each other’s vaccine passport programme for travel takes time, particularly in an unprecedented pandemic”.

    #Covid-19#migrant#migration#grandebretagne#sante#frontiere#circulation#restrictionsanitaire#vaccination#quarantaine#passepoortvaccinal

  • #Midnight_Traveler

    Lorsque les talibans mettent sa tête à prix, le réalisateur afghan Hassan Fazili est forcé de prendre la fuite avec sa femme et ses deux jeunes filles. Saisissant leur parcours incertain à l’aide de trois smartphones, Fazili montre à la fois le danger et le désespoir auxquels sont confrontés les réfugiés demandeurs d’asile mais aussi l’immense amour qui le lie à sa famille.

    « Lorsque les talibans mettent sa tête à prix, le réalisateur afghan Hassan Fazili, sa femme et leurs deux filles sont contraints de fuir leur pays. Leur crime ? Avoir ouvert un café proposant des activités culturelles. D’abord réfugiés au Tadjikistan, l’impossibilité d’obtenir l’asile les pousse à prendre à nouveau la route, cette fois pour l’Europe. Commence alors un périple incertain et dangereux qui les met à la merci des passeurs. Pendant trois ans, Hassan Fazili filme sa famille et leur vie d’attente, de peur, d’ennui. Cinéaste sans autre caméra que son téléphone portable, il filme la lutte quotidienne qu’est devenue leur existence, ses filles qui grandissent dans des camps de transit, et l’amour qui les unit. Il filme pour ne pas être oublié. Il filme pour ne pas devenir fou. Ce désir impérieux de créer, même dans les pires conditions, Midnight Traveler nous le fait partager avec une intensité rare. Pour nos yeux tristement accoutumés aux images des migrants, le film est non seulement une odyssée familiale bouleversante, mais aussi une réflexion sur la nature et le pouvoir de ces images. »

    http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_actualite_film/55325

    –-> film réalisé avec un téléphone portable

    #film #film_documentaire #documentaire

    #Tadjikistan #migrations #talibans #Afghanistan #Hassan_Fazili #asile #réfugiés #réfugiés_afghans #Iran #Qom #frontière_Iran-Turquie #Iran #Turquie #Istanbul #Bulgarie #Sofia #passeurs #camps_de_réfugiés #Ovcha_Kupel #Dimitrovgrad #forêt #Belgrade #Serbie #route_des_Balkans #Krnjaca #Hongrie #Röszke #centre_de_transit

  • Des étudiants étrangers, des retardataires, des réticents finalement convaincus… à l’université de Nanterre, vaccination pour tous
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2021/09/07/des-etudiants-etrangers-des-retardataires-des-reticents-finalement-convaincu

    Des étudiants étrangers, des retardataires, des réticents finalement convaincus… à l’université de Nanterre, vaccination pour tous
    La rentrée universitaire se fait sous un soleil estival, lundi 6 septembre à Nanterre. Les teints sont halés, les visages souriants et les masques se portent négligemment à la main où sous le menton. Après presque une année passée loin du campus, un sentiment est presque palpable : celui d’un plaisir partagé de se retrouver, là, ensemble. Nouveauté de cette rentrée 2021 : l’université offre à ses étudiants – mais également à son personnel administratif et ses enseignants – la possibilité de se faire vacciner sur place contre le Covid-19, pendant trois jours.
    Dans le gymnase planté au milieu du campus altoséquanais, les filets de volley-ball ont été rangés, remplacés par trois barnums. Du 6 au 9 septembre, 500 doses de vaccins attendront quotidiennement des bras volontaires pour une injection. L’opération sera renouvelée du 27 au 29 septembre pour une seconde dose. Et ce, même s’il n’y a pas d’obligation d’être vacciné pour assister à des cours à l’université, « mais une incitation forte », rappelle Manuel Tunon de Lara, médecin et président de la Conférence des présidents d’universités.Selon les statistiques du ministère de la santé, 85 % des 18-24 ans ont reçu une première dose de vaccin, et 75 % sont entièrement vaccinés.
    A Nanterre, le centre de vaccination provisoire a ouvert ses portes à 10 heures. Une heure après l’ouverture, les candidats à une injection sont rares. Il faut dire que 85 % des 18-24 ans ont reçu une première dose de vaccin, et 75 % sont entièrement vaccinés, selon les statistiques du ministère de la santé. Parmi ceux que l’on rencontre, plusieurs étudiants étrangers, qui, dans leur pays, ne bénéficiaient pas de l’offre vaccinale disponible en France. Arrivé en France il y a trois jours, Omar Bald, Sénégalais de 21 ans, en licence de langues, a profité sans attendre de l’opportunité que lui offre l’université française. Idem pour Helena Dibi, Ivoirienne de 18 ans, en première année de langues étrangères appliquées.
    Plusieurs étudiants chinois sont également volontaires pour une injection. Ils sont pourtant tous vaccinés depuis de longs mois. Jianing Zhao, 19 ans, en troisième année de sciences du langage, a dans une pochette un certificat vaccinal traduit en anglais. Le document prouve qu’il a reçu deux doses en mars 2021. Mais le vaccin chinois n’est pas reconnu en France. Il a le choix entre passer un test sérologique pour évaluer le taux d’anticorps développés par son organisme et une nouvelle dose de vaccin. Il choisit de se faire injecter une troisième dose.

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#vaccination#inclusion#etranger#etudiant#passesanitaire#santepublique

  • « Enfin, les Français vont revenir » : Montréal compte beaucoup sur le retour des touristes
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/09/06/montreal-compte-sur-les-touristes-francais_6093559_3234.html

    « Enfin, les Français vont revenir » : Montréal compte beaucoup sur le retour des touristes
    Accoudé au présentoir de sa galerie d’art inuit, Le Chariot, au cœur du Vieux-Montréal, Samuel Namour n’en finit pas d’attendre les clients. Mais à quelques heures de l’ouverture des frontières canadiennes, le 7 septembre, à tous les voyageurs internationaux doublement vaccinés, il s’anime : « Enfin, les Français vont revenir ! » Les touristes français (500 000 à Montréal en 2019) représentent en temps normal plus de 40 % de sa clientèle. « Ce sont des clients fidèles et amateurs, ils vont nous sauver », affirme celui qui n’est pas peu fier d’avoir vendu, il y a quelques années, à un Français renommé, l’ex-président Jacques Chirac, pas moins de neuf sculptures d’art autochtone.A quelques pas de là, sur le Vieux-Port, le bâtiment historique du marché Bonsecours, haut lieu de tourisme avec ses boutiques d’artisanat du Québec, a encore triste mine : rideaux de fer baissés sur des magasins qui ont mis la clé sous la porte, plages d’ouverture restreintes pour ceux qui tiennent encore le coup. Dora Urena, propriétaire d’Arts en mouvement Québec, une échoppe de souvenirs locaux, voit passer une quinzaine de clients par jour, quand elle en comptait plus d’une centaine dans la vie d’avant. « Les Canadiens de l’Ontario, de Colombie-Britannique ou des provinces maritimes de l’est du pays nous ont permis de survivre cet été. Mais les Américains [autorisés à entrer au Canada depuis le 9 août] n’ont pas été au rendez-vous. » Elle attend sans beaucoup d’illusions le retour des touristes européens. « Ils ne vont pas tous reprendre l’avion le 7 septembre. Ce qui signifie que la saison 2021 est déjà derrière nous, l’hiver, saison morte, arrive si vite ici. »Yves Lalumière préfère, lui, voir le verre à moitié plein. « On a encore un genou à terre, mais on avait les deux il y a encore quelques mois », se réjouit-il, pariant sur le revenge travel (que l’on pourrait traduire par « voyage de revanche ») des touristes frustrés par ces deux dernières années. Il constate déjà une forte hausse des réservations d’hôtel pour les prochains mois. Son objectif à court terme : faire savoir que Montréal – « mieux qu’une ville, une île », précise-t-il pour en souligner l’attractivité – est désormais prête à accueillir les voyageurs, français notamment, en toute sécurité ; d’ici à avril, il espère aussi convaincre les compagnies aériennes de rétablir toutes leurs liaisons directes Paris-Montréal, ainsi que les lignes au départ des grandes métropoles régionales comme Lyon, Bordeaux ou Toulouse.
    Seul bémol, le tourisme d’affaires et de congrès, duquel la ville s’enorgueillissait d’être une place forte – plus de 350 événements en 2019, devant New York –, peine à redécoller. Entreprises et congressistes restent rebutés par des contraintes sanitaires encore fortes, comme le test PCR obligatoire avant l’entrée sur le territoire ou encore la mise en place d’un passeport sanitaire au Québec. « La reprise est encore timide avec un taux de réservation de 20 % pour septembre, mais ça frémit », assure Bertil Fabre, le patron du Centre Sheraton Montreal Hotel (825 chambres). En attendant le retour de sa clientèle habituelle, il se dit prêt à adapter de nouveau son modèle d’affaires comme il l’a fait depuis le début de la pandémie, pour accueillir amis et familles de l’importante communauté française de Montréal (estimée entre 120 000 et 150 000 personnes) avides de se retrouver.

    #Covid-19#migrant#migration#france#quebec#sante#tourisme#economie#pandemie#passeportsanitaire#test#circulation#frontiere

  • Cent projets de start-up pour renforcer le service public
    https://www.lefigaro.fr/entrepreneur/cent-projets-de-start-up-pour-renforcer-le-service-public-20210905

    L’État est devenu incubateur de jeunes pousses. À Bercy, l’une d’elles, Signaux Faibles, est censée mieux détecter les entreprises en difficulté.

    Pour faire bouger l’État, il y a les vastes réflexions sur les nouveaux enjeux du service public et les petits pas concrets. Le programme Beta.gouv suit clairement la seconde voie. Il vise à « aider les administrations publiques à améliorer le service public de l’intérieur grâce au numérique » en s’appuyant sur des start-up d’État, c’est-à-dire des services innovants incubés au sein des ministères ou des administrations.

    Concrètement, il s’agit de donner aux fonctionnaires, à l’esprit entrepreneur et au projet solide, les moyens financiers et le temps pour développer leurs idées de nouveaux outils internet tournés vers les usagers. Ces incubateurs inspirés du privé permettent ainsi à l’État de valoriser ses agents les plus innovants, mais aussi de mobiliser l’expertise de jeunes informaticiens, codeurs, qui, sans cette promesse de souplesse et d’autonomie dans le travail, n’auraient jamais pensé rejoindre la direction d’un ministère.

    La suite payante, mais à lire : Start-up nation : quand l’État programme son obsolescence Jules Brion https://seenthis.net/messages/926470

    #start-ups #France #État_français #schumpeters #entreprenariat. #jeunes_pousses #start-up_nation #French_Tech #Fleur_Pellerin #Innovation #Économie_numérique #French_Tech_Visa #licornes #innovation #subventions #réindustrialisation #bpi #Banque_Publique_d_Investissement #Caisse_des_Dépôts_et_Consignations #CDC #conversion_numérique #Transition_numérique #Cedric_O #passerelles_public-privé #SATT #Italie #mythe #chômage #désindustrialisation #qwant #souveraineté_technologique #start-up_mania #chômage_structurelle #plateformisation #Uber #Deliveroo #code_du_travail #Aircall #Voodoo #Tencent #healthtech #Owkin #Lucine #Icade #agents_publics #zeitgeist #Doctolib #AP-HP #COVID-19 #financiarisation #burn_rate #Theranos #Rifft #The_camp #AirBnb #Lyft #pyramide-de_Ponzi #néolibéralisme #économie_disruptive #services_publics

  • Vaccin : ville ou campagne, à chaque territoire ses résistances - CAROLINE COQ-CHODORGE, Mediapart

    Le #passe_sanitaire a fait bondir la vaccination contre le Covid-19, sans résorber les inégalités. Ce n’est pas une surprise, tant cette décision autoritaire est contraire aux fondamentaux de la #santé_publique. Dans l’Oise et les Pyrénées, des acteurs locaux expliquent les résistances propres à leurs territoires.

    Avec le passe sanitaire, Emmanuel Macron a réussi le pari de la vaccination : la France a rattrapé son retard au cours de l’été. Avec 72 % de sa population au moins partiellement vaccinée, elle a dépassé l’Italie, l’Angleterre ou l’Allemagne, mais reste loin derrière le Portugal (86 % de la population vaccinée).

    Néanmoins, c’est une réussite de façade, car une partie des plus fragiles n’est toujours pas vaccinée : 11,3 % des 75 ans et plus, 7,9 % des 65-74 ans, 11,2 % des 55-64 ans, 15 % des diabétiques, 18, 6 % des personnes obèses, 12,3 % des personnes hypertendues.

    Ce sont des centaines de milliers de personnes à risque face au virus, susceptibles de remplir les hôpitaux à l’automne, si la rentrée des classes fait repartir l’épidémie. Pour ces personnes fragiles, l’échec français est patent : l’Espagne, le Portugal ou la Belgique sont eux parvenus à vacciner 100 % de leurs personnes âgées.

    Dans la tradition jacobine française, le passe sanitaire a été décidé d’en haut. Puis il s’est imposé par le contrôle des citoyens par les citoyens dans les lieux de la vie sociale, culturelle, du soin. Un mois après son entrée en vigueur, il n’a pas non plus résorbé les inégalités territoriales d’accès à la vaccination.

    La seule région parisienne en est un exemple flagrant : 75 % de la population est vaccinée dans le XVIe arrondissement parisien mais 45 % à Stains, en Seine-Saint-Denis.

    En France métropolitaine (...), la carte bigarrée de la vaccination en France met au jour des dynamiques complexes. Les inégalités sociales de santé – dont les principaux ressorts sont la compréhension du système de santé ou la possibilité d’avoir accès à un médecin – ne sont pas une explication suffisante.

    S’expriment bien sûr le refus de ce contrôle sanitaire des citoyens, la revendication d’une liberté individuelle de pas être vacciné. Sur les réseaux sociaux, dans les manifestations, cette protestation politique se confond souvent avec une défiance, parfois une franche hostilité aux vaccins, à la médecine conventionnelle, aux systèmes politique et médiatique. Mais une majorité de la population fait le choix de la protection collective face au virus.

    Dans certains territoires, cette fracture est plus vive qu’ailleurs. La région Provence-Alpes-Côte d’Azur, frappée de plein fouet par le Covid au cours des deuxième, troisième et quatrième vagues, riche et bien dotée en médecins, est presque entièrement en retard, dans les zones urbaines comme rurales. Cette résistance propre au Sud-Est gagne, le long de la Méditerranée, une bonne partie de l’Occitanie, jusqu’aux Pyrénées.

    Des zones plus localisées du Sud-Ouest, essentiellement rurales, sont aussi sous-vaccinées. Dans l’est de la France, la ville de Mulhouse, martyre de la première vague, est à la traîne. Les zones frontalières avec la Suisse apparaissent dans le rouge, mais les statistiques y sont faussées par les nombreux travailleurs transfrontaliers qui dépendent de l’assurance-maladie suisse et s’y sont fait vacciner. 

    Le déploiement de gros centres de vaccination a parfois suffi. C’est manifestement le cas dans le centre de la France, mal doté en médecins, mais où les niveaux de vaccination sont bons, quelles que soient les classes d’âge.

    Dans d’autres territoires, ces gros centres n’ont pas trouvé leur public, comme l’explique Maud Gelly, qui est à la fois sociologue, spécialiste des inégalités sociales de santé et médecin dans le centre IVG de l’hôpital Avicenne de Bobigny (Seine-Saint-Denis) : « On sait que l’hésitation vaccinale est plus forte dans les classes populaires. Or, la campagne vaccinale n’a rien fait pour les atteindre. Les déterminants des inégalités sociales de santé ont été ignorés. Ce n’est pas étonnant : [la vaccination] a été pensée par #MacKinsey, mise en œuvre avec #Doctolib, selon le principe du premier arrivé, premier servi . »

    Maud Gelly dirige la thèse d’une interne en médecine qui a recueilli, le premier mois de la vaccination, 1 500 questionnaires auprès de personnes vaccinées au centre de la santé de la Courneuve, qui renseignent sur leur lieu de résidence ou leur profession.

    Le résultat est sans appel : « Les classes moyennes et supérieures parisiennes se sont emparées des doses, explique la sociologue. Chaque fois qu’on construit une action de santé publique de manière universelle, non différenciée, elle creuse les inégalités. Pour les réduire, il faut faire de l’universalisme proportionné, faire plus pour les personnes les plus éloignées du système de santé ou les plus à risque. L’Espagne et le Portugal ont eux choisi de réserver des créneaux de vaccination pour les plus âgés, les plus fragiles, de les appeler un à un. »

    La ville de Creil, dans l’Oise , l’un des premiers territoires français touchés par le Covid-19 en 2020, accuse aussi un net retard dans toutes les classes d’âge, surtout les plus jeunes.

    Loubina Fazal, adjointe au maire chargée de la santé, ne cache pas sa déception : « Nous avons beaucoup travaillé, consacré beaucoup d’argent à nos centres de vaccination, où nous avons réalisé 70 000 vaccinations. Il y a 35 000 habitants à Creil, théoriquement, toute la ville devrait être protégée. Mais nous venons d’obtenir les chiffres sur l’origine des personnes vaccinées : seules 10 000 sont des Creillois. La plupart viennent de Chantilly, de Compiègne, de villes plus #riches. Ce sont elles qui ont pris les créneaux de vaccination. »

    Ici, le doute, voire l’hostilité aux vaccins s’exprime avec force dans l’espace public. Loubina Fazal raconte une réunion publique organisée, jeudi 2 septembre, sur la vaccination des collégiens et des lycéens, en présence de la préfète et du recteur : « Les débats ont été houleux. De nombreux parents ont expliqué qu’il était hors de question qu’ils fassent vacciner leurs enfants, que le vaccin était encore expérimental, que leurs enfants ne sont pas des cobayes. Certains sont venus avec des documents trouvés sur Internet, par exemple ceux de Reaction 19. »

    Cette association diffuse des chiffres fantaisistes sur l’épidémie et sur la létalité des vaccins. « On a du mal à contrer un tel mur d’hostilité. À la fin, en aparté, des parents d’élèves hésitants, qui n’ont pas osé prendre la parole, sont venus nous voir. On est parvenus à les convaincre », précise l’élue municipale.

    La mairie de Creil compte poursuivre ses efforts d’information : « Des personnels municipaux volontaires ont été formés par l’Agence régionale de santé pour devenir des ambassadeurs Covid. Avec les élus, ils vont se rendre dans les quartiers, aux abords des écoles. Je reste optimiste mais cela va prendre du temps. On a le sentiment que le passe sanitaire a braqué une partie de la population, qui ne supporte pas de se sentir contrainte. »

    À l’autre bout de la France, dans les Pyrénées, la communauté de communes de Couserans (Ariège), une zone de montagne où vivent 16 habitants au kilomètre carré, est tout aussi en retard, dans toutes les classes d’âge, surtout les plus jeunes. L’hostilité aux vaccins d’une partie de la population y est bien ancrée. « On est aussi en retard sur la vaccination des enfants : nous avons connu des épidémies de rougeole, de coqueluche », explique Jean-François Pouches, coordonnateur du contrat local de santé du territoire.

    La principale explication est la présence forte de populations néorurales sur le territoire, arrivées par vagues successives depuis les années 1970 : « Nous les appelons les hippies, poursuit Jean-François Pouches. Il y a beaucoup de membres de la Rainbow family, un mouvement New Age peu favorable aux vaccins. Nos professionnels de santé, y compris nos médecins, sont aussi à l’image de notre population, certains sont hostiles à la vaccination. »

    La population du Couserans est « âgée, habite un habitat dispersé, isolé. Nous avons 18 vallées, la circulation est difficile ». La question de l’accès physique de ces personnes aux vaccins s’est très vite posée : « Chaque mairie a recensé ses personnes âgées fragiles. Il y a eu des transports à la demande, une belle solidarité pour leur permettre d’accéder au vaccin. »

    Jean-François Pouches en est convaincu : « Tous ceux qui veulent se faire vacciner, le peuvent. » Il reste « les hostiles à la vaccination et les hésitants. Sur ceux-là pèse une forte pression sociale, des familles se déchirent ».

    Pour l’élue Jocelyne Fert, maire du village de Montesquieu-Avantès, « on a fait le maximum en direction des plus fragiles, qui au départ ne voyaient pas l’intérêt de la vaccination, car nous avions été peu touchés. Puis on a pris de plein fouet la quatrième vague ».

    Avec les plus hostiles au vaccin, elle n’a « même pas envie d’essayer » : « Je suis défaitiste. Les néoruraux sont venus en Ariège pour être tranquilles. À l’effort collectif de la vaccination, ils opposent leur liberté. » Ces récalcitrants se font entendre, en particulier dans le plus important lieu de rencontres du territoire, le marché de Saint-Girons : samedi dernier, 200 personnes y ont manifesté contre le passe sanitaire.

    Pierre-André Juven, sociologue de la santé, a un terrain d’observation idéal, la ville de Grenoble, dont il est l’adjoint à la santé. Il donne avec précaution son avis sur le passe sanitaire : « L’outil est efficace à court terme, mais il peut avoir des effets secondaires : on met à mal toute une philosophie en santé publique qui promeut la médiation, l’information, la conviction. En termes d’éducation à la santé, on prend des années de retard. »

    Il confie se retrouver dans des situations inconfortables en tant qu’élu : « Aux bibliothécaires de la ville qui refusent d’appliquer le passe sanitaire, pour de bonnes raisons, on doit expliquer qu’on est contraints d’appliquer la loi. »

    Grenoble tente de multiplier les opérations d’« aller vers », « en vaccinant en proximité, dans les locaux des centres sociaux, d’associations bien identifiées par les personnes précaires », détaille Pierre-André Juven. « On monte aussi des opérations plus fines, dans la ville, avec des centres éphémères. Car ce qui nous remonte, c’est que les gros centres de vaccination sont rédhibitoires pour une partie de la population : le questionnaire à remplir est difficile à comprendre et il n’y a personne pour expliquer, répondre aux questions. C’est aussi difficile pour les gens sans Sécurité sociale. Et comment atteindre les personnes isolées, toutes seules chez elles ? On sous-estime les situations sociales qui peuvent expliquer la non-vaccination. »

    https://www.mediapart.fr/journal/france/040921/vaccin-ville-ou-campagne-chaque-territoire-ses-resistances?onglet=full

    (pas trouvé moyen de déposer ici les infographies très parlantes réalisées par Mediapart...)

    #vaccination

  • En Australie, selfies et vidéos en direct deviennent des outils de #Surveillance des personnes en quarantaine - Le Temps
    http://www.davduf.net/en-australie-selfies-et-videos-en-direct

    Lu dans Le Temps | « Vous avez été mis en quarantaine ? Vous avez quinze minutes pour vous connecter à l’application de l’Etat d’Australie méridionale et prouver que vous êtes bien chez vous, grâce à la reconnaissance faciale et la géolocalisation. Un dispositif orwellien qui pourrait être déployé au niveau national » Pour s’assurer du respect des mesures de quarantaine imposées dans le pays, un Etat australien impose à ses citoyens de se plier à un contrôle atypique : une application développée par le (...) Revue de presse, du web & veille en tous genres

    / Surveillance, #Passe_sanitaire, #Traces_numériques

    #Revue_de_presse,du_web&_veille_en_tous_genres

  • Un point de vue sur le #pass_sanitaire, la #vaccination, et ce que devrait faire la « #gauche ».

    La gauche, le manifs « anti-Pass » et le piège de Macron | Ensemble
    https://www.ensemble-fdg.org/content/la-gauche-le-manifs-anti-pass-et-le-piege-de-macron

    Dès la rentrée, un front commun de toute la gauche et de l’ensemble des organisations syndicales doit s’établir pour dire ce qu’aurait fait un gouvernement populaire, au service des intérêts de la majorité :

    défense de l’hopital public, arrêt immédiat des fermetures de lits et plan de réouverture ;
    levée des brevets sur les vaccins permettant une généralisation de la vaccination au niveau mondial et mettre fin au pouvoir des profiteurs de guerre que sont actuellement les actionnaires des grands labos ;
    extension effective de la couverture vaccinale, par une campagne qui aille vers les gens (à la porte des entreprises, des immeubles, des bahuts), par des mesures incitatives et positives (vaccination sur temps de travail, jours de congés dans ce cadre...).
    l’annonce que cette extension aboutira rapidement à la vaccination universelle et obligatoire de toute la population

    #santé, #covid, #vaccins, #passe_sanitaire

    • C’est malheureusement l’inverse qui est vrai ! Le piège a consisté à accompagner l’annonce du Pass de deux provocations sociales, sur le chômage et les retraites, afin d’être bien sûr d’amalgamer ses oppositions, ce qui a toujours été la tactique de Macron, et en comptant sur les vacances pour empêcher la gauche et les organisations de prendre la main et de lier politiquement Pass, politique sanitaire et questions sociales. En digne représentant du populisme libéral des classes dominantes, il tente désormais de disqualifier et de cornériser l’adversaire, de le présenter comme un maelstrom d’extrémistes et de déséquilibrés, manifestant côte à côte avec de réels antivax et complotistes pour leur « liberté », quand il s’agit simplement de « faire société » en se vaccinant contre une maladie épidémique mortelle...

      Sans appel clair, sans dire par quoi nous remplacerions le Pass, participer à ces manifs revenait à tomber à pieds joints dans le piège.

      Le volontarisme « anti-Pass mais pro-Vax » ne sera malheureusement d’aucun secours à la gauche dans ces manifestations : son ciment est l’opposition au Pass (surtout sans dire par quoi le remplacer), sa revendication unique la « Liberté », son carburant principal l’obscurantisme antivax... . Dès lors les militants de gauche qui y participent, parfois avec les meilleures intentions du monde, se retrouvent aspirés sur une ligne qui n’est pas la leur. Il ne serait que temps de s’en rendre compte.

      On ne doit pas s’étonner qu’une majorité de la population et des travailleurs, déjà très largement vaccinée, se dise hostile à ces manifestations et à ceux qui les soutiennent. Jackpot donc pour Macron, qui travaille à se refaire une stature de présidentiable et peut se frotter les mains pour 2022.

      UNE PARTIE DE LA GAUCHE CONTAMINEE PAR LES ARGUMENTS TECHNOPHOBES

      Et la situation empire. Plus le temps passe, plus les signaux inquiétants se multiplient au sein même des organisations syndicales et politiques :

      – interview sur RMC d’un responsable national de la CGT Santé-sociaux, Guylain Cabantous, vice-président de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie de l’Hérault et membre du bureau de l’Union Fédérale de la Santé Privée CGT, relayant tout l’argumentaire anti-vax ;

      – lui-même s’appuyant sur la dérive hallucinante d’un sociologue comme Laurent Muchielli, spécialiste des questions de délinquance, devenu une des égéries de la mouvance anti-vax et désormais interdit de blog sur Mediapart pour non-respect de sa charte morale (il lui reste heureusement France-Soir).

      – que dire de l’appel intersyndical guadeloupéen à la manif du 14 août, "pour montrer qu’il y a des traitements efficaces utilisés dans le monde et que la COVID n’est pas une fatalité", contre "les diffuseurs du Covid-19" qui "refusent de soigner les malades", contre ceux qui "projettent de nous injecter autant de vaccins que de variants de la Covid-19", pour la "mise en valeur de notre pharmacopée" (je suppose qu’on entend par là des traitement par des plantes locales)… appel signé UGTG, Solidaires, FO, CFTC, UNSA et même 3 petits syndicats de la FSU. Pendant ce temps, l’épidémie explose aux Antilles avec moins de 20% de vaccinés.

      – sans parler des multiples appels locaux, réunissant syndicats et politiques (parfois même Ensemble comme à Saint-Brieuc !), « contre l’obligation vaccinale », défendant la « liberté de se vacciner », signés notamment par les syndicats Santé de Solidaires, de la CGT ou de FO.

      – enfin la dérive la plus emblématique est celle de Lutte Ouvrière, organisation ayant pourtant pris position pour l’obligation vaccinale en 2017 (loi Buzyn faisant passer le nombre de vaccins obligatoires de 3 à 11) et qui aujourd’hui, dans un article de Georges Kaldy, présente « les vaccins » comme « des armes » au mains de la bourgeoisie « contre les pauvres ici, en France » et « à l’échelle du monde, des pays riches contre les pays pauvres ».

      On ne pourra voir ici au mieux qu’un opportunisme crasse d’une partie de la gauche radicale, déboussolée par ce mouvement qui, s’il a entraîné des secteurs très minoritaires du salariat aux allures « radicales » pour un mélange de raisons parfois compréhensible, a démarré sur une base technophobe, complotiste et réactionnaire. Quand les dégâts idéologiques ne sont pas pires encore.

  • Vaccins et manifestations (des nouveaux textes)

    Lorenzo Battisti (CGT Banque Assurance) : La CGT et les manifestations contre le Pass Sanitaire
    Jean-Claude Mamet : Syndicats et vaccination : l’hésitation de l’obligation
    Sud éducation : Pour la vaccination, contre l’extrême-droite
    La quadrature du net : Passe sanitaire : quelle surveillance redouter ?

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/08/20/vaccins-et-manifestations

    #santé #passesanitaire

  • Passe sanitaire : quelle #Surveillance redouter ?
    https://www.laquadrature.net/2021/08/19/passe-sanitaire-quelle-surveillance-redouter

    Les critiques du passe sanitaire dénoncent unanimement un « danger autoritaire ». Assez justement, la CNIL elle-même présente ce danger comme « le risque d’accoutumance et de banalisation de tels dispositifs attentatoires à la vie privée et de…

    • #critique_techno, et surtout : #acceptabilité

      Je ne pense pas qu’il faut éluder ces questions, et ça va dans les deux sens :
      – si on est sincèrement de gauche/anar contre la surveillance, on ne doit pas éluder la question sanitaire, et comment à notre façon, dans une société qu’on aimerait, comment on voudrait gérer les problèmes sanitaires, notamment avoir bien plus de personnes vaccinés et comment ne pas avoir des comportements dangereux (ex : ne pas avoir des gens non vaccinés sans masque dans un lieu fermé : école, resto, musée, etc)
      – si on est sincèrement de gauche/anar pour la solidarité sanitaire, pour le fait de prendre réellement soin les uns des autres et donc pour le vaccin à fond et pour le masque en même temps, et pour les capteurs CO2, etc, on ne doit pas éluder la question de la surveillance et de l’acceptabilité de mesures liberticides horribles, et là aussi on doit réfléchir obligatoirement à comment on voudrait « imposer » l’idée du vaccin au max de gens mais sans l’imposer physiquement par la contrainte et l’emploi de technologies de ce genre.

      Reformulé :
      – si on est contre le passe et la surveillance, on se doit d’affirmer clairement être pour le vaccin et sa propagation massive et affirmer dans les mêmes textes comment y parvenir au mieux sans autoritarisme sur les individus
      – si on est pour le vaccin et toutes les autres mesures importantes, on se doit d’affirmer clairement être contre la surveillance par technologies et affirmer dans les mêmes textes comment augmenter les mesures sans autoritarisme sur les individus

      (Je précise « sur les individus » car c’est différent d’imposer des choses à des organisations, entreprises, etc : par ex rendre obligatoire les capteurs CO2 et les ventilations avec extraction d’air dans les lieux fermés accueillant du public : écoles, restaurants, etc.)

      Ce texte de @laquadrature rentre dans le premier cas, et même s’il y a un petit passage évoquant des mesures à prendre, je trouve qu’il n’insiste pas assez du tout.

      il a refusé de déployer ou de tester l’efficacité de mesures alternatives qui ne causeraient aucun risque pour les libertés (telles que des campagnes de communication bienveillantes, transparentes et non-paternalistes pour inviter à se faire vacciner), ou des mesures complémentaires ambitieuses (tel que le déblocage de financements pour permettre le dédoublement des salles de classe et leur aération, ce que le gouvernement à tout bonnement écarté).

      Pour que les anti-passe qui sont anti-sanitaire (anti-vax, anti-masque, etc) ne puissent pas récupérer un texte qui est clairement contre la surveillance techno, il me semble qu’il FAUT être bien plus clair, bien plus explicite, en ayant un chapitre dédié avec un gros intertitre dédié, à ce point : réaffirmer que oui le virus est dangereux et il faut faire des choses ambitieuses pour le réduire à mort. Pas juste à l’intérieur d’un chapitre qui critique l’efficacité du passe !

      Un point bienvenue tout de même à la fin :

      Dernier rappel stratégique : si le gouvernement français se permet d’imposer de tels outils de détection et d’exclusion des personnes qu’il juge indésirables, c’est notamment car il peut reprendre à son compte, et redynamiser à son tour, les obsessions que l’extrême droite est parvenue à banaliser dans le débat public ces dernières années afin de traquer, de contrôler et d’exclure une certaine partie de la population. La lutte contre les risques autoritaires du passe sanitaire serait vaine si elle ne s’accompagnait pas d’une lutte contre les idées d’extrême droite qui en ont été les prémices. La lutte contre le passe sanitaire ne doit pas se faire avec, mais contre l’extrême droite et ses obsessions, qu’elles soient dans la rue ou au gouvernement.

      #covid-19 #autoritarisme #politique_sanitaire #santé #santé_publique #solidarité #pédagogie #extrême-droite #récupération

    • D’autant que la Quadrature s’est déjà illustrée en rejetant toute forme d’application de traçage des contaminations, par principe, malgré le travail sérieux de spécialistes sur le sujet pour proposer des façons de faire non intrusives. (Attitude infantile, je crois, a été utilisé par un de nos amis par ici.)

      La première partie subtilement titrée « Contrôler pour exclure », traitée sur l’analogie avec la façon de traiter les personnes étrangères, au lieu de considérer qu’il s’agit d’une obligation vaccinale, est un choix très problématique. Ce n’est pas aussi grave que les analogies avec l’Allemagne nazie ou l’Apartheid, mais c’est du même tonneau : la question ici peut être traitée sous l’angle de l’obligation vaccinale, qui est ouverte à tous et totalement socialisée (et pas de partir dans l’analogie avec des situations où l’on est juif par la naissance, noir par la naissance, étranger par la naissance, c’est-à-dire une discrimination basée sur un statut inhérent et réputé immuable des individus).

      Traité sous l’angle de l’obligation vaccinale, on n’est plus totalement dans l’ordre de la nouveauté dans l’« exclusion » (on l’a déjà répété ici) : en tant que parents, on livre déjà régulièrement le carnet de vaccination de nos enfants pour les entrées à l’école (je me demande si on ne fournit pas aussi des preuves d’assurance scolaire/parascolaire et de sécu en septembre), et je ne crois pas que ça passe par des agents de l’État assermentés. Du coup oui il y a des soucis, mais le choix initial de partir sur l’« exclusion » et la « répression » des étrangers plutôt que l’obligation vaccinale, c’est un choix problématique. (Zut, toujours ce choix de dramatiser à l’extrême la vaccination.)

      Problème accentué ici par le fait que le dernier argument est le plus mauvais : « Obligation de prouver la nécessité », qui ressort de la naïveté (ou de la mauvaise foi). Outre le fait que l’impact de l’annonce sur la remontée des premières injections a été spectaculaire pendant les vacances, on n’a par ailleurs jamais attendu de « prouver » que ça fonctionne pour nous enfermer complètement pendant le premier confinement, et nous imposer d’interminables fermetures des lieux publics, de nos loisirs et des activités des enfants pendant des mois, et des couvre-feus pendant de longues semaines.

      À l’inverse, l’argument que je partage, c’est celui-ci (puisque j’ai écrit grosso modo la même chose ici) :

      Certes, la police entend réaliser des contrôles d’identité pour lutter contre ces échanges mais, si l’efficacité du système repose au final sur des contrôles de police aléatoires, il n’était pas nécessaire de déployer des mécanismes de surveillance de masse pour aller au-delà ce qui se fait déjà en la matière, par exemple avec les ordonnances manuscrites délivrées par les médecins que la police peut vérifier en cas de soupçons. Cela permettrait au moins de diminuer les risques d’accoutumance à un nouveau système de contrôle de masse.

      Mais dans le genre « acceptabilité », on a un problème d’une autre ampleur : les gens gueulent encore plus fort quand ils voient arriver les flics contrôler les passes dans un restaurant que quand c’est le serveur qui vient le faire avec son smartphone.

      Et surtout, vu le premier paragraphe sur le fait que l’obligation vaccinale contrôlée par la police est déjà une « exclusion » et une « répression » (par principe condamnable), il est clair que c’est ici un argument réthorique auquel on n’est pas censé adhérer réellement.

    • Pour mémoire, en avril 2020, « Que penser du protocole de traçage des Gafam ? » :
      https://www.laquadrature.net/2020/04/29/que-penser-du-protocole-de-tracage-des-gafam

      qui se terminait par la recommandation de consulter « risques-traçages.fr » :
      https://risques-tracage.fr
      dont l’argument essentiel était ce contre-exemple totalement crétin :


      (oui : un patron qui utiliserait et configurerait un smartphone pour chaque personne à laquelle il ferait passer un entretien d’embauche, pour savoir s’il a attrapé le Covid dans les 15 jours qui suivent - oh là là, mon dieu non je vais pas embaucher quelqu’un qui a eu le Covid !). Et en gros c’était ça le principal argument qui a tourné partout pour rejeter les applications conçues en mode privacy-first. (Ah ah, rétrospectivement, tout déconne complètement dans cette BD).

    • @arno comme dit plus haut, ce qu’écrit @laquadrature ne me satisfait pas, car pas assez explicite sur le fait que la vaccination est importante (en addition et non en remplacement des autres moyens) et doit être massivement diffusée, mais dans ce cas en donnant des billes concrètes sur comment on aimerait le faire de manière non autoritaire.

      Mais ce que tu dis, du coup, ne me satisfait pas non plus, car
      – une obligation vaccinale sur une population entière, non ça n’est pas quelque chose qui existe déjà et ya jamais trop eu ça
      – la comparaison avec l’école est justement un peu fallacieuse : il s’agit d’une obligation portant sur un faible pourcentage de la population à un instant T, et en plus une fois que c’est fait et contrôlé, on n’a pas à le re-contrôler car ce sont toujours les mêmes enfants qui vont dans le même établissement, pendant des années. Autrement dit c’est une politique de prévention sur le long terme : on finit par vacciner des générations entières, mais… sur des années et des années ! Alors que pour une obligation vaccinale qui porterait sur la population entière, il faut contrôler 100% de la population, dans 100% des lieux (fermés, et ouverts avec foule), en continu, toutes l’année, et en contrôlant plusieurs fois les mêmes personnes : ça n’a vraiment vraiment rien à voir avec l’entrée (unique) à l’école. Je ne crois pas que cette argument puisse convaincre grand monde du coup.
      – il y a encore plein de raisons de pas réussir à avoir les deux doses même quand on veut : à commencer par les pays riches qui accaparent, et à l’intérieur d’un pays riche chez nous, ya un biais quand on habite dans une grande métropole où c’est facile, yavait pas assez de doses au départ, ya des déserts médicaux, ya des difficultés sociales, etc : si là avec l’état en déclin du système de santé on impose une obligation stricte, je sais même pas si c’est matériellement possible
      – ça ne prend pas en compte l’histoire de la démocratie sanitaire (Sida, Act up, etc) et ses possibilités non coercitive

      Et dans tout ça bien sûr il faut aussi prendre en compte que :
      – le complotisme est une des maladies majeures du siècle, qu’il est mille fois plus fort qu’aux époques précédentes (n’en déplaise aux rassuristes du « ça a toujours existé » : pas dans ces proportions), qu’il touche toutes les classes sociales, des élites au pouvoir, au péquin moyen
      – qu’en France, mais ça vaut pour d’autres pays, on a une très faible éducation scientifique, là aussi toute classe sociale confondue (des gens ayant fait plein d’études mais dans des domaines précis, ne comprennent pas comment fonctionne la recherche, ce qui fait qu’on peut dire que ça marche ou pas, etc)
      – que les médias unidirectionnels de masse qui restent (télé, radio surtout), et qui pourraient être utilisés pour de la vulgarisation sérieuse et populaire, sont presque tous des trucs privés immondes (la question étant : sont-ils vraiment incontrôlables, ou bien est-ce que l’État pourrait faire jouer le CSA, ce genre d’autorité, pour faire interdire des propos manifestement dangereux) et sur ceux publics ya pas vraiment de politique de vulgarisation massive

      Une lueur d’optimisme au fond de moi me dit qu’il y a forcément encore des choses possibles qui ne soient pas trop autoritaires (et surtout pas avec des technologies modernes de surveillance) pour augmenter la vaccination. Mais il faudrait pour ça détailler ces solutions concrètes, pas être dans le vague, avoir un « programme » clair qu’on peut opposer à la fois au gouvernement qui fait n’importe quoi, et aux anti-passe qui sont anti-sanitaires. C’est possible ou pas ?

      Je suis bien conscient qu’on ne doit pas confondre les solutions à long terme (remettre à balle d’éducation à la méthode scientifique dès le plus jeune âge, d’éducation à la logique, à l’argumentation) avec qu’est-ce qu’on peut bien y foutre là maintenant tout de suite pour que le max de gens se protègent au mieux les uns les autres (vaccins ET masques lorsque pertinent ET aération, etc) sans rapport avec de la carotte ou du bâton.

      Bref, sale époque. (Déso je suis en mode désespérance complète depuis une semaine avec des amis qui sont anti-passe mais car anti-sanitaire, et qui en plus relaient sans distinction des fachos parce qu’allant dans leur sens.)

    • Sur la Quadrature, un point qui renforce le problème que tu soulèves (ne pas insister sur ce qu’il faut faire de positif en faveur de la vaccination), c’est qu’ils se positionnent nettement avec les questions Covid dans la dénonciation (à mon avis infantile) d’un supposé « solutionnisme technologique » (c’était très explicite avec le contact tracing). Or, quand on aborde les questions liées à la vaccination, ça devient vite un argument anti-vax, parce que qu’est-ce que c’est au fond la vaccination sinon une solution technologique à une maladie ? Donc quand tu es sur un thème « oh là là, faut pas faire ça c’est du solutionnisme technologique », si tu ne rappelles pas intensément qu’il y a tout de même un geste technologique vital (le vaccin), tu laisses la porte ouverte à un bon gros délire.

      –----

      Sinon, oui tu as raison, tout ne se fait pas déjà tel quel. Mais à l’inverse, l’idée que tout ça c’est la technopolice et que c’est totalement nouveau et disproportionné, c’est du flan. Parce qu’on se soumet déjà à un grand nombre de contrôles par des autorités pas totalement légitimes, largement non contrôlées, notamment sur la question des vaccins (et des assurances).

      Je me disais justement que cette histoire de QR-Code qualifié de technopolice est ici un problème, ou un fausse-promesse du titre de l’article. Parce que l’article ne donne aucune information sur des risques proprement techniques liés au QR-Code : est-ce que la QR-Code est lu dans l’application du smartphone qui contrôle, ou bien est-ce que c’est centralisé ? est-ce que l’information nominative est stockée dans le smartphone (pour servir par exemple de carnet de rappel en cas de contamination dans le restaurant) ? Rien de tout ça n’est abordé (justement parce qu’il me semblait que le principe du QR code était juste de faire apparaître un écran vert, pas d’expédier tes aller et venues au ministère de l’intérieur).

      Au point que l’article est obligé d’avoir une lecture un peu biaisée :

      Pourtant, paradoxalement, dans son format actuel, le passe sanitaire n’apparaît pas comme étant lui-même un outil de régulation très efficace. […] Et, quand bien même les passes seraient attribués aux « bonnes personnes », en l’état celles-ci peuvent facilement les partager avec les « mauvaises personnes ».
      […]

      Comme vu plus haut, certains proposent déjà un nouveau système affichant le visage des personnes contrôlées.

      Or le système du visage est présenté comme une façon justement de résoudre le problème du partage de passes, sans pour autant imposer le contrôle des papiers d’identité (et même sans connaître l’identité de la personne) :
      https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/pass-sanitaire/une-nouvelle-application-pour-verifier-le-passe-sanitaire-en-protegeant

      Du coup on est dans la critique tech sans arguments techs : reprocher dans un paragraphe le fait qu’on peut truander facilement le passe, parce que seule la police peut contrôler les identités (oh…), et dans le paragraphe suivant présenter comme l’horreur suprême une proposition qui vise explicitement à résoudre ce problème tout en préservant l’anonymat du porteur du passe. Je dis pas que la proposition serait parfaite, mais là on est clairement dans la posture automatique à la con.

      L’aspect « technopolice », ici, se résume au fait que c’est un QR Code (falsifiable qui plus est !) lu par un smartphone. Mais si ça ne sort pas du téléphone, si ce n’est pas stocké (je ne sais pas exactement : ce n’est juste pas abordé dans l’article, alors que ça devrait être la spécialité de la Quadrature – de ce que j’ai toujours lu par ailleurs, les informations ne quittent pas le téléphone qui scanne, ne sont pas stockées, et ne sont pas centralisées, ce qu’avait rappelé la CNIL), c’est l’équivalent d’un document officiel imprimé, sous forme numérique. L’« innovation », c’est qu’on le met sous forme de QR code, et pas d’un document officiel imprimé réputé infalsifiable – parce que c’est pratique, parce que c’est pas cher, etc. (et là, un vrai document imprimé infalsifiable, tu m’étonnes que ça gueulerait encore plus à l’ausweis… et là tu peux être certain qu’il y aurait la photo dessus).

      Pour dire autrement : tu utilises le terme « technique moderne de surveillance », mais justement l’article ne donne aucune indication de cela. Sauf preuve du contraire, ce QR Code est moins « innovant » et moins intrusif (« surveillant »), techniquement, que le simple fait de payer avec sa carte de crédit, ou de simplement se promener avec son smartphone dans la poche.

      Alors sauf à également gueuler contre l’existence même des smartphones et des cartes de paiement, le texte se résume à gueuler contre le fait que c’est une obligation vaccinale déguisée. On revient à, dès le début, insister sur le fait que c’est destiné à « exclure » et « réprimer », ce qui est une vision extrêmement orientée et restrictive du principe d’obligation vaccinale.

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      La question de préférer des solutions non-autoritaires. Pourquoi pas, mais nous vivons dans le monde qui existe, pas dans le monde idéal de l’anarchie réalisée, et nous devons vivre maintenant. C’est toi-même qui a (me semble-t-il) assez longuement argumenté contre ces postures qui refusent le vaccin ou d’autres trucs, parce que dans un monde idéal, on n’aurait pas de zoonoses ni de conditions de vie qui nuisent à notre santé. Je pense qu’on peut avoir des arguments similaires ici.

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      Un aspect là-dessus, pour revenir à ton argument sur le fait de rappeler l’importance de la vaccination et autres gestes barrières et solidaires, c’est qu’il est aussi très problématique de réclamer que ce soit l’État qui fasse la pédagogie, surtout quand on ne la fait pas soit-même.

      Dans une logique de démocratie libérale (le monde dans lequel nous vivons), l’État ne fait pas tout (sauf à accepter les délires bonapartistes sarkozo-macronistes) : les corps intermédiaires, constitués, société civile, etc., servent largement à cela. Or tous les groupes politiques sont allés faire la retape pour Raoult (y compris Mélenchon), on attend encore les syndicats là-dessus (pourtant, c’est leur rôle la pédagogie sur la sécurité), les médias, c’est même pas la peine, etc. On cite le SIDA et Act’Up, mais qui fait le job aujourd’hui, si ce n’est une petite vingtaine de femmes et hommes médecins qui nous informent et debunkent les conneries essentiellement sur Twitter ? (De fait, ceux-là sont totalement légitimes à dénoncer l’absence de pédagogie et de politiques positives du gouvernement, et le font en permanence, et en même temps, de ce que j’ai vu pour l’instant, ne sont généralement pas hostiles au passe sanitaire.)

      On arrive au point où le Pape (le Pape !) est plus clair et plus explicitement progressiste sur la question de la vaccination qu’un François Ruffin (bravo les gens).

      Ça devient tout de même compliqué de réclamer des méthodes non-autoritaires et plus de communication positive, quand les seuls qui font de la pédagogie depuis 18 mois, c’est une vingtaine de gus sur Twitter (qui, par ailleurs, ne sont pas soutenus par les partis politiques, ni par les syndicats, ni par grand monde en général, alors qu’ils se prennent des sauts de merde à longueur des journées de la part de la complosphère et de la raoulsphère).

      Et dans une logique anar, je suppose que je n’ai pas besoin de trop développer à quel point il est vain de réclamer de la « pédagogie » à l’État. (D’autant qu’ici, les anti-fas défilent à côté des panneaux contre Soros et le Great Reset, entourés de slogans anti-vaccination. Ce qui fait qu’à nouveau, le Pape fait plus de pédagogie en faveur de la vaccination que les anars de Montpellier.)

  • Start-up nation : quand l’État programme son obsolescence Jules Brion
    https://lvsl.fr/start-up-nation-quand-letat-programme-son-obsolescence

    Depuis de nombreuses années, les start-ups françaises peuvent se targuer d’avoir à leur disposition de nombreuses subventions publiques et un environnement médiatique favorable. Partant du postulat que la puissance privée est seule capable d’imagination et d’innovation, l’État français finance à tour de bras ces « jeunes pousses » dans l’espoir schumpéterien de révolutionner son économie. Cette stratégie économique condamne pourtant la puissance publique à l’impuissance et à l’attentisme.


    Emmanuel Macron, alors ministre de l’Economie, promouvant la “French Tech” au Consumer Electronics Show de Las Vegas en 2016. © Christophe Pelletier

    En 2017, Emmanuel Macron avait largement axé sa campagne présidentielle sur un discours général favorable à l’entreprenariat. La stratégie économique française valorise ainsi la création de nouvelles entreprises, dites jeunes pousses ou start-ups. En avril 2017, le futur président français assène qu’une « start-up nation est une Nation où chacun peut se dire qu’il pourra créer une start-up. Je veux que la France en soit une ». Ces entités ont pour vocation de proposer des technologies de ruptures disruptives, selon l’expression de l’économiste américain Clayton Christensen, c’est-à-dire une redéfinition des règles du jeu économique venant remplacer les anciens schémas de pensée.

    Cette configuration institutionnelle favorable aux start-ups n’est cependant pas apparue subitement lors de la dernière présidentielle. Le label French Tech est en effet lancé dès 2013 par Fleur Pellerin, alors Ministre déléguée chargée des Petites et moyennes entreprises, de l’Innovation et de l’Économie numérique. Ce programme a pour ambition de développer les jeunes pousses hexagonales. Les successeurs de Fleur Pellerin vous tous accompagner et poursuivre ce mouvement d’effervescence : en 2015 sont lancés le French Tech Ticket ainsi que le French Tech Visa en 2017.

    Ce discours s’accompagne d’un appel à créer le plus de licornes possibles : des start-ups valorisées sur les marchés à plus d’un milliard d’euros. Alors que la France compte 3 licornes en 2017, ce chiffre est passé à 15 en 2020. Le gouvernement espère qu’il en sera crée 10 de plus d’ici 2025. Ce constant appel à l’innovation s’inspire de l’exemple israélien, parangon de la start-up nation, qui compte une jeune pousse pour 1400 habitants. Poussé par l’afflux de liquidités fourni par son ministère de la défense, l’État hébreux s’est lancé très tôt dans cette stratégie économique. Les nombreuses start-ups qui y sont créées permettent à Israël de mieux peser sur la scène internationale : son secteur de l’innovation représente 10% de son PIB et près de la moitié de ses exportations.

    De l’État providence à l’État subventionneur
    Toutes ces entreprises ne se sont pas créées d’elles-mêmes. Pour leur écrasante majorité, elles ont largement été financées par la puissance publique. Dès 2012, tout un écosystème institutionnel favorable à l’entreprenariat individuel est mis en place. En pleine campagne présidentielle, François Hollande promet une réindustrialisation rapide et efficace de la France. Afin d’atteindre cet objectif ambitieux, ce dernier entend créer « une banque publique d’investissement qui […] accompagnera le développement des entreprises stratégiques ». Quatre mois plus tard naît la Banque Publique d’Investissement (BPI), détenue par la Caisse des Dépôts et des Consignations (CDC) ainsi que par l’État. La BPI a pour mission de « financer des projets de long terme » et d’œuvrer à la « conversion numérique » de l’Hexagone. Très vite, l’institution devient un outil permettant à l’État de financer massivement les start-ups. La BPI subventionne ainsi le label French Tech à hauteur de 200 millions d’euros et est actionnaire de nombreuses start-ups françaises.

    Comme le pointe un rapport publié par Rolland Berger, une grande majorité des entreprises du French Tech Next 40/120 — un programme regroupant les start-ups françaises les plus prometteuses — a reçu des prêts et des subventions de la puissance publique. On estime ainsi que 89% de ces entreprises ont reçu une aide indirecte de la BPI ! En pleine crise sanitaire, l’institution obtient plus de 2 milliards d’euros pour soutenir ces entreprises innovantes tandis que 3,7 milliards du plan de relance décidé en 2020 par le gouvernement a été fléché vers la création et l’aide aux start-ups. Cedric O, Secrétaire d’État chargé de la Transition numérique, confirme ainsi qu’il « va y avoir des opportunités suite à la crise [sanitaire], tout comme celle de 2008 ».

    Pour autant, l’État français ne soutient pas ses start-ups uniquement sur le plan financier. La loi Pacte de 2019, en continuité avec la loi Allègre de 1999, facilite les passerelles public-privé et encourage les chercheurs à créer des entreprises. Ces dispositions législatives permettent à des recherches menées et financées grâce à de l’argent public d’être « valorisées », c’est-à-dire en réalité privatisées, par le secteur lucratif. Des Sociétés d’Accélération du Transfert de Technologies (SATT) ont été créées pour accélérer ce processus dans de nombreuses universités. Plus de 250 start-ups ont été développées par le prisme de ce réseau depuis 2012. L’Union européenne n’est pas en reste dans cette stratégie de soutien massif aux « jeunes pousses ». Sa stratégie Horizon 2020, un programme de 79 milliards d’euros étalé entre 2014 et 2020, dédiait 20% de son budget à la création de start-ups. Pléthore de pays européens se tournent eux aussi vers des stratégies de numérisation de l’économie, souvent via un soutien sans faille aux start-ups. En 2012, le ministre italien de l’économie, sous le gouvernement du technocrate Mario Monti, a promulgué une loi qui a permis à l’État italien de dépenser 200 millions d’euros pour aider les jeunes entreprises du pays, dans le but de « promouvoir la mobilité sociale ». Depuis 2019, le fonds national pour l’innovation italien a dépensé 245 millions d’euros pour subventionner 480 start-ups.

    Le mythe des start-ups souveraines et créatrices d’emplois
    Si les nations européennes axent autant leurs stratégies économiques sur le développement des start-ups, c’est avant tout car cette politique permet aux États de prétendre agir dans des domaines clefs où leur incurie a mainte fois été pointée du doigt : la lutte contre le chômage de masse et la mise en place d’une souveraineté technologique. 

    Nombre de médias se sont ainsi fait le relais de la start-up mania, louant la capacité de la French Tech à « créer 224.000 nouveaux emplois d’ici à 2025 » et à être le « fer de lance de l’économie ». Ces jeunes pousses permettraient de créer jusqu’à « 5,2 emplois indirects qui dépendent de [leur] activité » et d’œuvrer à la réindustrialisation de la France. Ce constat mérite pourtant d’être nuancé. Comme cela a déjà été évoqué, la start-up mania s’accompagne d’une aide inconditionnelle de l’État français par le prisme de la BPI. Pourtant, comme l’ont analysé nos confrères du Média, le bilan de l’institution est tâché de nombreux scandales. La banque, dès sa création, n’a pas été pensée comme un organisme capable de contenir et d’endiguer la désindustrialisation de l’Hexagone. M. Moscovici, alors ministre des finances, déclarait ainsi en 2012, que « la BPI n’est pas un outil défensif, c’est un outil offensif, n’en faisons pas un pompier ».

    L’institution est en effet souvent demeurée indifférente aux plans de licenciements et en a même favorisé certains comme le confirment les exemples des entreprises Veralia et Arjowiggins. Une loi du 23 mars 2020 a quant à elle permis d’ouvrir le conseil d’administration de l’institution à des acteurs privés, laissant une fois de plus planer le doute sur la capacité et la volonté de la banque publique d’agir pour le bien commun.

    Il est également permis de rester sceptique face à une stratégie de réduction de chômage structurelle se basant principalement sur le soutien à des start-ups qui participent à la « plateformisation » de notre économie. En proposant de mettre en contact clients et professionnels, des entreprises telles que Uber ou Deliveroo s’évertuent à détruire code du travail et régulations étatiques. Alors qu’elles sont vendues comme des instruments permettant de lutter contre le chômage, ces start-ups ne peuvent exister et espérer devenir rentables que par une grande flexibilité et en excluant leurs travailleurs du salariat. Le gouvernement socialiste espagnol vient ainsi récemment de légiférer afin de contrôler ces géants de l’économie de plateforme, permettant de conférer un statut de salarié aux livreurs qui étaient considérés comme des travailleurs indépendants. À peine la nouvelle annoncée, Deliveroo a annoncé qu’elle comptait mettre fin à ses activités dans le pays, tandis que ses concurrents Stuart, Glovo et UberEats critiquaient cette décision qui va mettre « en danger un secteur qui apporte 700 millions d’euros au PIB national ».

    En somme, la France semble avoir abandonné toute stratégie ambitieuse de réduction du chômage de masse. Plutôt que de défendre le droit de tout citoyen à obtenir un emploi, inscrit dans le préambule de la Constitution de 1946, l’État dépense des sommes faramineuses afin d’encourager la création d’entreprises à l’avenir très incertain. Dans cette politique qui s’apparente à un véritable choix du chômage, les citoyens sont appelés à innover alors même que les multiples causes du chômage structurelle sont éludées. Pour autant, cette incurie étatique ne date ni du quinquennat Hollande ni du mandat du président Macron : Raymond Barre déclarait en 1980 que « les chômeurs pourraient essayer de créer leur entreprise au lieu de se borner à toucher les allocations de chômage ! ».

    NDLR :  Pour en savoir plus sur les choix politiques et économiques ayant conduit à un chômage de masse persistant, lire sur LVSL l’interview de Benoît Collombat par le même auteur https://lvsl.fr/le-choix-du-chomage-est-la-consequence-de-decisions-neoliberales-entretien-avec : « Le choix du chômage est la conséquence de décisions néolibérales ».

    Outre l’argument des créations d’emplois, le soutien aux start-ups est également justifié par une nécessaire préservation de la souveraineté nationale. Dès qu’éclate en 2013 l’affaire Snowden, la préservation de la vie privée et la souveraineté technologique deviennent des préoccupations politiques majeures. Des entrepreneurs ont profité de ce phénomène pour proposer des technologies souveraines capables de réduire l’impuissance des nations européennes face à l’espionnage de masse. Les États comme la France vont alors largement baser leur politique de défense de la souveraineté nationale par un soutien massif à des start-ups.

    L’exemple de l’entreprise Qwant est sur ce point éloquent tant il permet de montrer les insuffisances et les impasses d’une telle approche. Fondée en 2011 par Jean-Manuel Rozan, Eric Léandri et Patrick Constant, l’entreprise se rêve en « Google français » en proposant un moteur de recherche souverain. Alors que la société n’est pas loin de la faillite, l’affaire Snowden lui permet de faire un large lobbying au sein des institutions françaises. Ces efforts seront rapidement récompensés puisque la Caisse des Dépôts et des Consignations investit en 2017 plus de 20 millions d’euros dans le projet tout en détenant 20% de son capital. En janvier 2020, l’État annonce même que Qwant est désormais installé sur les postes informatiques de l’administration publique. Pourtant, force est de constater que cette aide massive n’a pas permis de bâtir un moteur de recherche réellement souverain : en 2019, soit sept ans après sa création, Qwant utilise la technologie de Bing (Microsoft) dans 75% des recherches effectuées. Une note de la Direction interministérielle du numérique (DINUM) pointe également les nombreuses failles de l’entreprise, tels que les salaires mirobolants de ses dirigeants et les nombreux problèmes techniques du logiciel utilisé par Qwant, qui laissent perplexe quant au soutien massif que lui prodigue l’État. Plus largement, rien n’indique qu’une entreprise créée sur le sol français ne tombera pas aux mains de fonds d’investissements étrangers : parmi les licornes « françaises », la start-up Aircall (téléphonie via IP) est détenue à majorité par des acteurs non-français, tandis que Voodoo (jeux vidéo) a fait rentrer le géant chinois Tencent à son capital.

    Quand les start-ups remplacent l’État
    Le recours aux start-ups s’explique également par une prétendue incapacité de l’État à innover, à comprendre le marché et à « prendre des risques ». Ce mythe, pourtant déconstruit méthodiquement par l’économiste Mariana Mazzucato dans The Entrepreneurial State (paru en français en 2020), laisse penser que seul le secteur privé est capable de faire évoluer nos activités économiques et donc de créer des emplois. Comme l’analyse l’auteure, « le « retard » de l’Europe par rapport aux États-Unis est souvent attribué à la faiblesse de son secteur du capital-risque. Les exemples des secteurs de haute technologie aux États-Unis sont souvent utilisés pour expliquer pourquoi nous avons besoin de moins d’État et de plus de marché ». Nombre de start-ups se servent de ce mythe auto-réalisateur pour légitimer leur activité.

    Il est intéressant de noter que cette mentalité a également imprégné les dirigeants d’institutions publiques. Un rapport de la CDC ayant fuité en 2020 et prétendant redéfinir et révolutionner la politique de santé française chantait les louanges du secteur privé, des partenariats public-privé et de 700 start-ups de la healthtech. La puissance publique finance volontiers des jeunes pousses du domaine de la santé, à l’image d’Owkin, qui utilise l’intelligence artificielle pour traiter des données médicales, ou encore Lucine qui, grâce à des sons et des images, revendique la capacité de libérer des endorphines, de la morphine ou de l’adrénaline. La CDC détient également 38,8% d’Icade santé, un des acteurs majeurs du secteur privé et lucratif de la santé en France. De fait, les start-ups médicales s’immiscent de plus en plus au sein des institutions privées, à l’image d’Happytal, financé à hauteur de 3 millions d’euros par la BPI, qui propose à prix d’or aux hôpitaux des services de pré-admission en ligne ou de conciergerie de patients hospitalisés. Pour encourager les jeunes pousses à envahir les hôpitaux publics, la puissance publique va jusqu’à prodiguer, via un guide produit par BPI France https://www.lemediatv.fr/articles/2021/bpi-france-banque-publique-interets-prives-letat-livre-la-sante-aux-financ , des conseils pour entrepreneurs peu scrupuleux expliquant comment passer outre des agents publics dubitatifs et méfiants qui ont « tendance à freiner les discussions » !

    Ainsi, comme l’analyse Mariana Mazzucato, « c’est donc une prophétie auto-réalisatrice que de considérer l’État comme encombrant et uniquement capable de corriger les défaillances du marché ». Pourtant, les start-ups ne pullulent pas uniquement grâce à ce zeitgeist favorable à l’entreprenariat, mais profitent directement de l’incapacité de l’État à fournir des services à ses citoyens, renforçant d’autant plus le mythe évoqué par Mariana Mazzucato. L’exemple de l’attribution à Doctolib du vaste marché de la prise de rendez-vous en ligne des Hôpitaux de Paris (AP-HP) en 2016 est révélateur de ce phénomène : devenu incapable de fournir un service public de prise de rendez-vous, l’État a dû confier les données de santé de millions de français à cette start-up française. La même expérience s’est répétée lors de la prise des rendez-vous de la vaccination contre le COVID-19, qui ont permis à l’entreprise d’engranger des millions de nouveaux clients sans aucune dépense de publicité.

    Vers une bulle spéculative ?
    Outre les questions que soulève le soutien massif de l’État français aux jeunes pousses du numérique, il convient également de se poser la question de la crédibilité économique de ces entreprises. En effet, il apparaît que nombre de ces sociétés participent à la financiarisation de nos activités économiques et deviennent des actifs spéculatifs et instables. Plus que de « changer le monde », un créateur de start-up recherche principalement à réaliser un « exit », c’est-à-dire à réaliser une belle plus-value via le rachat ou l’entrée en bourse de son entreprise. Dans un climat hostile et instable — on estime que seulement 20 % des jeunes pousses réussissent cet « exit » — les entrepreneurs sont poussés à dilapider le plus rapidement l’argent qu’ils ont à leur disposition. Cette stratégie, dénommée burn rate, est souvent perçue comme une perspective de croissance future par les investisseurs.

    De plus, les entrepreneurs sont souvent poussés à embellir leurs entreprises en exagérant le potentiel des services qu’elles proposent, voire en mentant sur leurs résultats, comme le montrent les exemples de Theranos (tests sanguins soi-disant révolutionnaires), Rifft (objets connectés) ou The Camp (technopôle provençal en perdition adoubé par M. Macron). Cela conduit les start-ups technologiques à avoir un ratio de valorisation sur chiffre d’affaires très élevé. Alors qu’il n’est que de 2,6 fois pour Amazon, c’est-à-dire que la valorisation boursière de l’entreprise n’excède « que » de 2,6 fois son chiffre d’affaires, ce nombre atteint plus de 50 pour certaines licornes. Pour AirBnb, la troisième licorne mondiale valorisée à 25,5 milliards de dollars, le chiffre est par exemple de 28,6. Alors que dans une entreprise traditionnelle la valeur des actions est estimée par les investisseurs en fonction de l’estimation des bénéfices futurs d’une entreprise, ce chiffre est très largement secondaire dans les levées de fonds de start-ups. Ainsi, de nombreuses licornes ne prévoient pas à court ou moyen terme de réaliser des bénéfices. L’entreprise Lyft a par exemple enregistré l’an dernier une perte de 911 millions de dollar, tandis qu’Uber a perdu 800 millions de dollars en un trimestre. On estime que sur les 147 licornes qui existent autour du globe, seulement 33 sont rentables. En somme, les investisseurs s’intéressent principalement à la capacité d’une start-up à produire une masse d’utilisateurs la plus large possible. Ce phénomène justifie des dépenses gargantuesques par ces mastodontes de l’économie de plateforme : Lyft a dépensé 1,3 milliard de dollars en marketing et en incitations pour les chauffeurs et les coursiers en 2018. Cet écosystème très instable a toutes les chances de participer à la création d’une bulle spéculative sous la forme d’une pyramide de Ponzi. En effet, si nombre de ces entreprises sont incapables à moyen terme de produire un quelconque bénéfice, que leurs actifs sont surévalués et que les règles du jeu économique poussent les entrepreneurs à dépenser sans compter tout en accentuant excessivement les mérites de leurs produits, les marchés financiers risquent de connaître une nouvelle crise technologique comparable à celle de 2001.

    La stratégie économique de soutien massif aux start-ups adoptée par l’État français s’apparente ainsi fortement à une politique néolibérale. En effet, comme ont pu l’analyser Michel Foucault et Barbara Stiegler, le néolibéralisme, loin d’être favorable à un État minimal, comme le libéralisme classique, prône l’émergence d’un État fort capable de réguler l’économie et d’adapter les masses au sens de l’évolution capitaliste ; c’est-à-dire aux besoins du marché. Ce constat conduit l’auteure d’Il faut s’adapter (Gallimard, 2019) à affirmer que « la plupart du temps les responsables de gauche caricaturent ainsi le néolibéralisme en le prenant pour un ultralibéralisme lointain […] si bien que dès qu’un gouvernement fait appel à plus l’État, ces responsables croient que ça signifie que la menace ultralibérale a été repoussée ». De fait, plutôt que de considérer de facto une politique de soutien aux start-ups comme souhaitable et efficace, il conviendrait de rester prudent vis-à-vis de ce genre d’initiative. Une telle attitude serait d’autant plus vertueuse qu’elle permettrait de comprendre que « l’économie disruptive », loin de dynamiter les codes du secteur économique, imite sans scrupule les recettes du « monde d’avant ». Les concepts flous de « start-up » ou de « technologies de ruptures » y sont les nouveaux arguments d’autorité justifiant la destruction de nos écosystèmes, la disparition des petites entreprises et des services publics et la précarisation de pans entiers de la populations.

    NDLR :  Pour en savoir plus sur la différence entre libéralisme et néolibéralisme, lire sur LVSL https://lvsl.fr/limperatif-neoliberal-de-ladaptation-par-barbara-stiegler l’article réalisé par Vincent Ortiz et Pablo Patarin : L’impératif néolibéral de « l’adaptation » : retour sur l’ouvrage de Barbara Stiegler.

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    • Paris - 29 Mars 2021 : Think Tec Summit, 10 000 start_ups pour changer le monde ! (Cérémonie).
      https://10kstartups-pour-changer-le-monde.fr

      La Tech au coeur de la relance économique ? 
Financement, impact, hypercroissance, Covid-19, jeunesse et relance, mixité, relocalisations dans les territoires d’industrie, biotech, souveraineté…
      Le 29 mars, La Tribune réunit l’ensemble de l’écosystème tech au Grand Rex de Paris pour le Think Tech Summit, l’événement de référence qui pense le futur de la French Tech, comme moteur de la relance, comme tremplin d’emplois, comme modèle d’insertion.
      https://www.youtube.com/watch?v=Xl3G02GYyY8

      15h00 - Keynote : Où va la French Tech ?
      15h20 - 11 licornes, et après ? Les défis de l’hypercroissance
      15h50 - Vaccins, médicaments : comment faire grandir les biotech ?
      16h20 - KEYNOTE : L’international avec Business France
      16h30 - La startup nation, moteur de la Relance ?
      17h00 - La tech peut-elle relancer les territoires d’industrie ?
      17h30 - KEYNOTE : Les startups contre Apple, un enjeu de concurrence
      17h45 - Cleantech, Enertech : quelles innovations de rupture ?
      18h15 - La souveraineté peut-elle se gagner par la technologie ?
      18h45 - KEYNOTE : Les années 20 seront exubérantes !
      19h00 - Cérémonie 10K
      20h00 - After Work « Think Tech Summit »

      L’apothéose d’une tournée dans toute la France et en Outre-Mer, pendant laquelle La Tribune et son jury d’experts ont entendu 180 pitchs et primé 48 lauréats dans six catégories.

  • Covid-19 : la Guinée renforce les contrôles aux frontières et ferme les boîtes de nuit
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/08/11/face-au-covid-19-la-guinee-renforce-les-controles-aux-frontieres-et-ferme-le

    Covid-19 : la Guinée renforce les contrôles aux frontières et ferme les boîtes de nuit
    La Guinée a annoncé, mardi 10 août, le renforcement des contrôles sanitaires aux frontières, le port obligatoire du masque et la fermeture des boîtes de nuit afin de lutter contre l’épidémie de Covid-19. « A situation exceptionnelle, il faut des mesures exceptionnelles appliquées avec courage, détermination et la plus grande fermeté », a déclaré le président Alpha Condé, selon un communiqué rendant compte du conseil des ministres. Le port obligatoire du masque a ainsi été décrété, ainsi que la « fermeture jusqu’à nouvel ordre des boîtes de nuit et d’autres lieux de loisirs très fréquentés ». Les fonctionnaires, y compris les ministres, ne pourront accéder à leur lieu de travail que munis de leur passe sanitaire.
    Les personnes entrant en Guinée et « venant de pays notamment touchés par le variant Delta » devront être vaccinées, ont ajouté les autorités, sans donner la liste des pays concernés, mais en soulignant que des tests PCR devront également être présentés à l’arrivée. Alpha Condé a précisé que l’objectif du gouvernement était de vacciner d’ici au mois de novembre 70 % de la population du pays, qui compte plus de 13 millions d’habitants.
    Variant Delta et virus de Marburg. La Guinée a officiellement recensé 27 112 cas de Covid-19, dont 263 mortels, un chiffre sous-évalué selon les observateurs. Avec l’émergence du variant Delta, plus contagieux, la barre des 1 000 personnes testées positives par jour est en passe d’être franchie, avec près de dix décès quotidiens à l’hôpital, selon les chiffres officiels.
    Sur un autre front sanitaire, les autorités guinéennes n’ont encore annoncé aucune décision concernant le premier cas de la maladie à virus de Marburg, hautement virulente et provoquant une fièvre hémorragique.

    #Covid-19#migrant#migration#guinee#sante#frontiere#circulation#passesanitaire#vaccination#variant

  • Data et nouvelles technologies, la face cachée du contrôle des mobilités

    Dans un rapport de juillet 2020, l’#Agence_européenne_pour_la_gestion_opérationnelle_des_systèmes_d’information_à_grande_échelle (#EU-Lisa) présente l’#intelligence_artificielle (#IA) comme l’une des « #technologies prioritaires » à développer. Le rapport souligne les avantages de l’IA en matière migratoire et aux frontières, grâce, entre autres, à la technologie de #reconnaissance_faciale.

    L’intelligence artificielle est de plus en plus privilégiée par les acteurs publics, les institutions de l’UE et les acteurs privés, mais aussi par le #HCR et l’#OIM. Les agences de l’UE, comme #Frontex ou EU-Lisa, ont été particulièrement actives dans l’expérimentation des nouvelles technologies, brouillant parfois la distinction entre essais et mise en oeuvre. En plus des outils traditionnels de #surveillance, une panoplie de technologies est désormais déployée aux frontières de l’Europe et au-delà, qu’il s’agisse de l’ajout de nouvelles #bases_de_données, de technologies financières innovantes, ou plus simplement de la récupération par les #GAFAM des données laissées volontairement ou pas par les migrant·e·s et réfugié∙e∙s durant le parcours migratoire.

    La pandémie #Covid-19 est arrivée à point nommé pour dynamiser les orientations déjà prises, en permettant de tester ou de généraliser des technologies utilisées pour le contrôle des mobilités sans que l’ensemble des droits des exilé·e·s ne soit pris en considération. L’OIM, par exemple, a mis à disposition des Etats sa #Matrice_de_suivi_des_déplacements (#DTM) durant cette période afin de contrôler les « flux migratoires ». De nouvelles technologies au service de vieilles obsessions…

    http://migreurop.org/article3021.html

    Pour télécharger la note :
    migreurop.org/IMG/pdf/note_12_fr.pdf

    #migrations #réfugiés #asile #frontières #mobilité #mobilités #données #technologie #nouvelles_technologies #coronavirus #covid #IOM
    #migreurop

    ping @etraces

    voir aussi :
    Migreurop | Data : la face cachée du contrôle des mobilités
    https://seenthis.net/messages/900232

    • European funds for African IDs: migration regulation tool or privacy risk?

      The first person you meet after you land at Blaise Diagne Airport in Dakar is a border guard with a digital scanner.

      The official will scan your travel document and photograph and take a digital print of your index fingers.

      It’s the most visible sign of the new state-of-the-art digital biometrics system that is being deployed in the airport with the help of EU funding.

      The aim is to combat the increasingly sophisticated fake passports sold by traffickers to refugees.

      But it also helps Senegal’s government learn more about its own citizens.

      And it’s not just here: countries across West Africa are adopting travel documentation that has long been familiar to Europeans.

      Passports, ID cards and visas are all becoming biometric, and a national enrolment scheme is underway.

      In Europe too, there are proposals to create a biometric database of over 400 million foreign nationals, including fingerprints and photographs of their faces.

      The new systems are part of efforts to battle illegal migration from West Africa to the EU.

      ‘Fool-proof’ EU passport online

      Many are still plying the dangerous route across the Sahara and the Mediterranean to reach Europe, but a growing number are turning to the criminal gangs selling forged passports to avoid the treacherous journey over desert and sea.

      There’s a burgeoning market in travel documents advertised as ‘fake but real”.

      Prices vary according to the paperwork: an EU Schengen transit visa costs €5,000, while a longer-stay visa can be twice as high.

      Some forgers have even mastered the ability to incorporate holograms and hack the biometric chips.

      “Morphing” is an image processing technique that merges two people’s photographs into a single new face that appears to contain entirely new biometric data.

      Frontex, the EU’s border guard agency, says 7,000 people were caught trying to enter the Schengen area in 2019 carrying such documents — but it admits the true figure could be much higher.

      Sending migrants back

      Last year, the largest number of travellers with fake documents arrived via Turkish and Moroccan international airports.

      Many were caught in Italy, having arrived via Casablanca from sub-Saharan countries like Ghana, Mali, Nigeria and Senegal.

      A Frontex team responsible for deporting migrants without the correct paperwork was deployed this year at Rome’s Fiumicino Airport.

      It’s the first sign of a new European Commission regulation expanding the agency’s role, which includes access to biometric data held by member states, according to Jane Kilpatrick, a researcher at the civil liberties think-tank Statewatch.

      “The agency’s growing role in the collection of data, it links overtly to the agency’s role in deporting individuals from the EU,” she said.

      Over 490,000 return decisions were issued by member states last year, but only a third were actually sent back to a country outside the EU.

      There are multiple reasons why: some countries, for example, refuse to accept responsibility for people whose identity documents were lost, destroyed or stolen.

      Legally binding readmission agreements are now in place between the EU and 18 other countries to make that process easier.
      There are no records

      But a bigger problem is the fact that many African countries know very little about their own citizens.

      The World Bank estimates the continent is home to roughly half of the estimated one billion people on the planet who are unable to prove their identities.

      An absence of digitisation means that dusty registers are piling up in storage rooms.

      The same goes for many borders: unlike the scene at Dakar’s airport, many are still without internet access, servers, scanners and cameras.

      That, the Commission says, is why EU aid funds are being used to develop biometric identity systems in West African countries.

      The EU Trust Fund for Africa has allotted €60 million to support governments in Senegal and Côte d’Ivoire in modernising their registry systems and creating a national biometric identity database.

      Much of the funding comes through Civipol, a consulting firm attached to France’s interior ministry and part-owned by Milipol, one of the most important arms trade fairs in the world.

      It describes the objective of the programme in Côte d’Ivoire as identifying “people genuinely of Ivorian nationality and organising their return more easily”.
      Data security concerns

      European sources told Euronews that the EU-funded projects in West Africa were not designed to identify potential migrants or deport existing ones.

      A Commission spokesperson insisted no European entity — neither Frontex, nor member states, nor their partners — had access to the databases set up by West African countries.

      But the systems they are funding are intimately connected to anti-migration initiatives.

      One is the Migrant Information and Data Analysis System (MIDAS), a migration database that can send automatic queries to Interpol watchlists to detect travel documents and people possibly linked to organised crime, including human trafficking.

      Connections like these, and the role of French arms giants like Thales in the growing biometric market, has led data protection experts to become worried about possible abuses of privacy.
      World’s newest biometric market

      As Africa becomes the coveted market for biometric identification providers, the watchdog Privacy International has warned it risks becoming a mere testing ground for technologies later deployed elsewhere.

      So far 24 countries on the continent out of 53 have adopted laws and regulations to protect personal data.

      A letter by Privacy International, seen by Euronews, says EU must “ensure they are protecting rights before proceeding with allocating resources and technologies which, in absence of proper oversight, will likely result in fundamental rights abuses.”

      It has published internal documents tracking the development of Senegal’s system that suggest no privacy or data protection impact assessments have been carried out.

      Civipol, the French partner, denies this: it told Euronews that the Senegalese Personal Data Commission took part in the programme and Senegalese law was respected at every stage.

      Yet members of Senegal’s independent Commission of Personal Data (CDP), which is responsible for ensuring personal data is processed correctly, admit implementation and enforcement remained a challenge — even though they are proud of their country’s pioneering role in data governance in Africa.

      For the Senegalese cyber activist Cheick Fall, the charge is more serious: “Senegal has sinned by entrusting the processing of these data to foreign companies.”

      https://www.euronews.com/2021/07/30/european-funds-for-african-ids-migration-regulation-tool-or-privacy-risk

      #biométrie #aéroport #Afrique #étrangers #base_de_données_biométrique #empreintes_digitales #passeports #visas #hologramme #Morphing #image #photographie #Frontex #EU_Trust_Fund_for_Africa #Trust_Fund #Civipol #Milipol #armes #commerce_d'armes #Côte_d’Ivoire #Afrique_de_l'Ouest #Migrant_Information_and_Data_Analysis_System (#MIDAS) #Interpol #Thales #Sénégal #Senegalese_Personal_Data_Commission #Commission_of_Personal_Data (#CDP)

    • EU Watchdog Finds Commission Failed to Protect Human Rights From its Surveillance Aid to African Countries

      The European #Ombudsman has found that the European Commission failed to take necessary measures to ensure the protection of human rights in the transfers of technology with potential surveillance capacity supported by its multi-billion #Emergency_Trust_Fund_for_Africa

      The decision by the EU’s oversight body follows a year-long inquiry prompted by complaints outlining how EU bodies and agencies are cooperating with governments around the world to increase their surveillance powers filed by Privacy International, Access Now, the Border Violence Monitoring Network, Homo Digitalis, International Federation for Human Rights (FIDH), and Sea-Watch.

      The complainants welcome the decision by the European Ombudsman and call on the Commission to urgently review its support for surveillance in non-EU countries and to immediately implement the Ombudsman’s recommendations in their entirety. 

      The inquiry, which investigated the support of projects across Africa aimed at bolstering surveillance and tracking powers and involved extensive evidence-gathering from the Commission and complainants, found that “the Commission was not able to demonstrate that the measures in place ensured a coherent and structured approach to assessing the human rights impacts”.

      It recommends that the Commission now require that an “assessment of the potential human rights impact of projects be presented together with corresponding mitigation measures.” The lack of such protections, which the Ombudsman called a “serious shortcoming”, poses a clear risk that these surveillance transfer might cause serious violations of or interferences with other fundamental rights. 

       

      Ioannis Kouvakas, Senior Legal Officer at Privacy International, commenting on the decision:

      “This landmark decision in response to our complaint marks a turning point for the European Union’s external policy and sets a precedent that will hopefully protect the rights of communities in some of the most vulnerable situations for the years to come.”

      An FIDH Spokesperson said:

      “Indeed, this decision warns once again the European Commission about its failure to comply with its human rights obligations. The decision makes clear that the EU has to better develop its processes to effectively put the protection of human rights at core of the design and the implementation of its policies and external activities. All human rights and all activities are at stake.”

      Marwa Fatafta from Access Now said:

      “We welcome the Ombudsman’s decision which scrutinises the EU’s failure to protect and respect the human rights of people living off its shores. The EU’s ongoing surveillance transfers to authoritarian regimes in Africa and elsewhere cannot continue business as usual. We hope this decision will help hold the EU accountable to its values overseas, and protect the rights and freedoms of vulnerable communities from intrusive tracking and government surveillance.”

      Homo Digitalis said:

      “The shortcomings that the Ombudsman has identified prove that the Commission is not able to demonstrate that the measures in place ensure a coherent and structured approach to assessing the human rights impacts of #EUTFA projects. This is an important first step, but we need specific accountability mechanisms in place to address violations of rights and freedoms in EUTFA projects. This cannot be ensured via just some revised templates.”

      https://privacyinternational.org/press-release/4992/eu-watchdog-finds-commission-failed-protect-human-rights-its-s
      #EUTF_for_Africa