• Chroniques françaises , par Toni Negri
    14 Décembre 2018

    Nous proposons ici la traduction d’une contribution rédigée par Antonio Negri au lendemain du discours d’Emmanuel Macron du 10 décembre dernier. Il s’agit d’un texte d’analyse (...) qui avance (...) des pistes de lecture intéressantes, notamment pour ce qui est des clivages classe/peuple, de l’impossibilité de médiation et de l’épuisement de la gouvernance, mais aussi de la question de la socialisation du salaire et de l’enjeu de la prolifération des foyers des luttes.

    http://www.platenqmil.com/blog/2018/12/14/chroniques-francaises

    #giletsjaunes #fédéralisme #municipalisme #macron #salaire #salaire_social #classe #peuple #multitude #médiation #représentativité #néolibéralisme #Macron #giletsjaunes #gilets_jaunes #Negri

    • Commentaire d’une camarade #intermittente : "Si Toni Negri lisait la page de la #CIP IDF, il aurait su le soir même qu’il n’y a pas d’augmentation du #SMIC et que la « prime d’activité », comme son nom l’indique, est idéologiquement très marquée (les pauvres sont des fainéants, etc)."

    • « Pas de coup de pouce, mais un revenu en hausse » dans L’iMmonde est incomplet mais pas que
      https://seenthis.net/messages/743277
      Si d’autres ont vu mieux...

      Negri, il plane grave sur le SMIC (entre autre chose), comme tous ceux qui oublient que le SMIC mensuel n’est plus le salaire minimum effectif, qu’il a été remplacé pour des millions d’actives et actifs par un SMIC horaire un temps de travail annualisé.
      En revanche lorsqu’il intègre la #prime_d'activité -aussi marquée soit-elle par le travaillisme- au #salaire social, il vise juste et à un endroit tout à fait négligé par l’analyse sociale (un aveuglement pallié par la nostalgie du CNR). Il y a pas de lecture possible de l’évolution des #droits_sociaux (au dela de l’emploi) sans partir du fait que cette prime finance en même temps (si si) des emplois et employeurs et la reproduction de la forme de travail, que c’est un rapport politique, pas juste une diversion conjoncturelle ou une anomalie à résorber. Comment fonctionne cette #individualisation du salaire social ? Quel mixte d’intégration (au modèle d’emploi, précaire et mal payé et/ou à la figure du cas’sos ; le rouage ou le déchet, telle est l’alternative offerte), de coercition (aiguillon de la faim, inséreurs, proprio, #dette) et de #punition (désocialisation, culpabilité, contrôle) présente-t-elle ?
      Je ne sais pas si ça se lit sur le site de la cip, mais on y trouve de nombreux papiers sur la nécessité de ne pas en rester à la #cotisation_sociale gagée sur la durée d’emploi et les salaires pour financer un #droit_au_chômage). On peut tout savoir du #salaire_social si on s’en tient à l’imaginaire des idéologues de la gauche formol (tel Friot qui exclue du salaire social le RSA, le minimum vieillesse, les bourses et tout droit financé par l’#impôt...), on peut continuer de se poser des questions comme certains secteurs syndicaux tout en ayant de moins en moins de prise au conflit capital travail, et puis on peut aller chercher des réponses chez les #Gilets_jaunes, dans la #grève_sociale expérimentale en cours... Les réponses de l’État sont à tout le moins un élément à prendre en compte dans un programme d’#enquête. Tout comme la réforme un instant reporté du droit aux chômage où les #chômeurs en activité à temps réduit seront en première ligne : diminuer les #allocations_chômage versée de 1,3 milliard est leur projet.

  • Notation des salariés : l’autre guerre des étoiles
    http://www.liberation.fr/france/2018/03/29/notation-des-salaries-l-autre-guerre-des-etoiles_1639923

    De plus en plus d’entreprises utilisent les questionnaires de satisfaction remplis par les clients comme un outil managérial : des notes attribuées à la va-vite qui peuvent influer sur les salaires ou aboutir à une perte d’emploi. « Nous remarquons que vos dernières notes sont très en dessous des standards de qualité qu’attendent les utilisateurs. » Trois mois après avoir pris le volant de sa berline noire, Fabien (1) reçoit ce texto comme un coup dans le ventre. Les évaluations laissées par les clients (...)

    #Apple #Deliveroo #Microsoft #Starbucks #Uber #travail #contrôle #travailleurs (...)

    ##surveillance

  • Les étudiants livrés au marché de l’anxiété - Annabelle Allouche, Le Monde Diplomatique, avril 2018
    http://www.sauvonsluniversite.fr/spip.php?article8217

    La réforme du baccalauréat et l’instauration de critères de sélection à l’entrée des universités bouleversent l’articulation entre enseignements secondaire et supérieur. Dès la classe de seconde, les élèves sont désormais sommés de se projeter dans l’avenir, au risque de prendre la mauvaise voie. (...)

    La loi ORE réalise une promesse formulée par le président Emmanuel Macron : « Nous ferons en sorte que l’on arrête de faire croire à tout le monde que l’université est la solution pour tout le monde » (Le Point, 31 août 2017). Fondée sur deux volets, l’un relatif à l’instauration de critères de sélection à l’université, l’autre sur la réforme du baccalauréat et du lycée, ce texte sonne le glas des politiques de démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur menées depuis les années 1960 dans le but d’élargir le nombre de salariés qualifiés.

    La réforme promeut une conception « tubulaire » de l’orientation, qui relie directement la classe de seconde au marché du travail dans une suite ininterrompue d’épreuves sélectives et de choix d’orientation « rationnels », selon une approche parfois appelée « bac — 3 - bac + 3 ». Avec le futur lycée à la carte, qui verra disparaître les filières scientifique, littéraire et économique, un élève souhaitant entrer à l’université devra, dès la seconde, s’assurer que les « disciplines de spécialité » et les modules choisis correspondent bien aux critères de sélection (les « attendus ») de l’établissement qu’il veut intégrer. Cela suppose non seulement d’avoir une idée claire de l’offre de formation disponible, mais aussi d’être certain de son choix d’orientation, à un âge de découverte, et non de projection dans l’avenir. Au risque de se retrouver coincé dans une mauvaise voie.

    La loi fait ainsi reposer sur l’élève — et sur des choix effectués à 15 ou 16 ans — la responsabilité de sa réussite ou de son échec. Fini les errements, les tâtonnements que permettait dans une certaine mesure l’ancien système : désormais, chacun doit anticiper la place qu’il veut se donner dans la société, sous peine qu’on la lui impose. Bien sûr, de ce point de vue, la réforme n’invente pas tout. Elle renforce des logiques déjà présentes dans l’univers scolaire, en particulier ce que Pierre Bourdieu nommait dès 1964 la « culture de la précocité », c’est-à-dire la prime donnée aux trajectoires linéaires et aux « voies royales » .

    #école #étudiants #lycéens #sélection #réforme #individualisation #peur

  • #SUPERHUMANS ? - Les mots sont importants (lmsi.net)
    http://lmsi.net/SUPERHUMANS

    Tout d’abord, le nom de la campagne « We are Superhumans » est révélateur de l’impossibilité pour les médias de sortir de la désormais célèbre dichotomie « mendiant/héros » dont j’ai déjà eu l’occasion de parler.

    Sportifs de haut niveau ou non, pourquoi devrions nous être plus que des humains ?

    Parce que si nous ne répondons pas à la définition du misérable, nous ne pouvons être que des héros, des « superhumains » comme le confirme cette vidéo, et rien d’autre.

    Les figures du mendiant et du héros ne sont pas seulement d’affreuses caricatures déshumanisantes, mais constituent de véritables injonctions sociales pour les personnes handicapées.

    Nous ne sommes visibles et acceptables socialement que si nous entrons dans l’une et l’autre de ces catégories. Nous sommes sommés d’être soit objet de pitié, soit objet d’admiration, et en tout état de cause toujours « objets ».

    Il nous est donc interdit d’être banalement humains, simplement nous mêmes, d’être des sujets libres d’agir et de s’exprimer, notamment sur notre existence en tant que personne handicapée, sans craindre de verser dans l’une ou l’autre de ces caricatures, ce qui est proprement insupportable.

    Ensuite, le titre et le refrain de la chanson, qui se veulent le slogan de la campagne et martèlent « Yes I can » sont au service d’une énième #individualisation et #dépolitisation de la question du #handicap.

  • Quand les superaliments deviennent un outil de #discrimination sociale | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/124223/superaliments-outil-discrimination-sociale

    « Cela créé une #individualisation massive, une quête absurde pour une nouvelle forme de #narcissisme que l’on pourrait intituler : “comment puis-je vivre éternellement ?” [...] Ce qui est terrible avec cette obsession de la classe aisée pour la “bonne” #nourriture c’est que les gens sont obsédés par ce qu’ils mangent –le kale, le quinoa– comme si c’était des choses magiques dont ils voulaient s’entourer pour être en bonne #santé et se protéger le plus possible, sans pour autant se préoccuper de ce que mangent les autres. »

  • Gilles Carrez : le prélèvement à la source est « inutile » et « complexe »
    http://www.lemonde.fr/politique/article/2016/08/03/gilles-carrez-le-prelevement-a-la-source-est-inutile-et-complexe_4977681_823

    [...] nous ne voyons pas l’intérêt de s’embarquer dans une réforme qui sera extrêmement complexe, notamment sur la question des #niches_fiscales ou du traitement des revenus de l’année 2017.

    [...] L’#impôt_sur_le_revenu souffre déjà d’une concentration de plus en plus excessive : aujourd’hui, moins de la moitié des foyers fiscaux payent cet impôt. Si la #CSG devenait elle aussi progressive et subissait elle aussi la même concentration, cela serait un vrai martyr fiscal pour les classes moyennes et supérieures .

    Enfin, le prélèvement à la source sera aussi les prémices d’un autre changement ; dans un deuxième temps, le système du #quotient_familial sera remplacé par un crédit d’impôt forfaitaire. Notre système fiscal a la particularité d’être familiarisé, c’est-à-dire calculé par « foyer fiscal ». Avec cette réforme, il deviendrait à terme individualisé or nous ne voulons pas d’une #individualisation_de_l’impôt.

  • Eye Scan Therefore I am: The Individualization of Humanitarian Aid

    The iris of an eye is surely one of the most individual parts of a person – a unique signifier of each one of us. Today, Syrian refugees standing at ATM machines in Jordan are being recognized by iris scanning technology so they can withdraw UN #cash that enables their families to survive another month.

    https://iow.eui.eu/2015/03/15/eye-scan-therefore-i-am-the-individualization-of-humanitarian-aid
    #aide_humanitaire #individualisation #réfugiés #asile #migrations #Jordanie #surveillance (?) #iris #aid_in_cash #cash_based_intervention #monétisation

    • Sur l’#aide_en_cash :
      Aide en cash, une analyse de Gilles Carbonnier

      Alors qu’en Suisse, le législateur et les autorités fédérales mettent tout en œuvre pour étendre au maximum l’aide « en nature » pour les demandeurs d’asile, en particulier dans la mise en place de la restructuration de la loi sur l’asile, une approche inverse a été déployée par les organisations humanitaires pour soutenir les Syriens réfugiés au Liban, en Turquie ou en Jordanie. L’expérience avait déjà été faite, mais jamais à une telle échelle et sur une telle durée, explique le Pr Gilles Carbonnier, qui consacre un chapitre de son prochain livre Humanitarian Economics aux conditions de mise en place de ce mode d’aide au Liban, où il a mené une étude fin 2014. Plus d’un million de réfugiés reçoivent aujourd’hui une aide « cash ». Chaque mois, le montant d’assistance individuel est crédité sur une carte ATM avec laquelle les réfugiés peuvent retirer de l’argent quand ils le souhaitent. Coordonné par le HCR, le programme implique tant les agences onusiennes et des ONG de terrain que des acteurs privés locaux comme des banques libanaises et quelque 400 commerces agréés pour fournir des produits alimentaires et non alimentaires (1), dispersés dans tout le pays. Interview.

      http://asile.ch/2015/08/06/laide-en-cash-une-analyse-de-gilles-carbonnier

    • LIFE IN PARADISE un film de Roman Vital / 2013 / Suisse / 78’ / Primatoni Filmverleih / VOSTF ;
      Depuis que le gouvernement suisse a installé un centre de déportation pour les demandeurs d’asile rejetés dans le village montagnard idyllique de Valzeina, une personne sur quatre au village est un #immigrant clandestin.
      Le film montre la façon dont fonctionne la #politique d’asile suisse. Il témoigne de la manière dont nous, privilégiés du monde occidental, nous occupons des demandeurs d’asile et comment nos vies sont affectées par cela. Il donne à comprendre ce que signifie vivre en tant que demandeur d’asile rejeté au « paradis »
      http://www.cineman.ch/fr/movie/2013/LifeInParadiseIllegaleInDerNac


      http://www.comptoirdudoc.org/programmations/images-de-justice

    • @cdb_77 : Le lien entre le film « Life in Paradise » et les autres billets sur l’aide humanitaire en cash est tout à fait subjectif. J’ai répondu après avoir visité le site asile.ch. C’est le .ch qui m’a rappelé le film qui se passe à Valzeina. Ce village situé entre Davos et le Liechtenstein est sur la route des migrants. A l’issue du film j’étais vaguement mal à l’aise. La neutralité de la Suisse et Henri Dumont (fondateur suisse de la croix rouge) me laisse dubitatif. Ne dit-on pas : « boire en suisse ».
      L’association Vivre Ensemble - Service d’information et de documentation sur le droit d’asile - est surement utile pour les demandeurs d’asile. Dans le film, les gestionnaires du « centre de déportation » ( dixit la présentation du documentaire ) ont un air de dame patronnesse. De là à exporter ces bons sentiments en cash humanitaire ; je propose aux suisses de balayer devant leur porte avant d’aller faire le ménage en #Syrie,#Liban,#Turquie ou en #Jordanie.
      Pour ce qui est des territoires bombardés,le drapeau de la #croix rouge flotte sur la plupart des champs de ruines. On tire même sur les ambulances !
      Par contre j’ai pas bien compris l’utilité du scanner de l’iris pour retirer de l’argent à la tirette ??
      Surement une embrouille de suisse pour tracer l’argent plus facilement !
      http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2014-02-13-vote-suisse#nh6
      https://youtu.be/oMTLXg9bjSM


      [...]

      Humanitaire faut pas nous la faire !
      Si t’as pas de richesses, tu l’as au fond des fesses
      On bougera pas le petit doigt de pied, espèce de sous évolués
      T’avais pas remarqué, on aide que ceux qui peuvent faire de l’humanitaire pour nous !
      Pas de minerai ? Rien à piller ? Ils n’ont qu’à se démerder
      Comme dit Bernard Kouchner : « faut qu’l’humanitaire soit une bonne affaire ! »

      [...]
      Les Garçons Bouchers - Ecoute, petit frère - 1995 -Boucherie production

    • @vanderling... juste deux mots de réflexion...
      – « Ce village situé entre Davos et le Liechtenstein est sur la route des migrants. » —> non, ce village n’est pas situé sur la « route des migrants », qui d’ailleurs n’est pas UNE route, mais plusieurs...
      – Henri Dumont (fondateur suisse de la croix rouge) —> C’est Henri Dunand
      – « L’association Vivre Ensemble - Service d’information et de documentation sur le droit d’asile - est surement utile pour les demandeurs d’asile » —> L’association Vivre Ensemble, pour laquelle je travaille, ne se veut pas « utile » pour les demandeurs d’asile, c’est un service d’information et de documentation, qui vise plutôt le grand public...
      – « je propose aux suisses de balayer devant leur porte avant d’aller faire le ménage en #Syrie,#Liban,#Turquie ou en #Jordanie » —> je le propose aussi aux Français, aux Allemands, aux Anglais, etc etc. Ce n’est pas parce qu’on vient d’un pays qu’on ne peut pas en critiquer un autre, surtout si on critique aussi le sien...
      – « Par contre j’ai pas bien compris l’utilité du scanner de l’iris pour retirer de l’argent à la tirette ??
      Surement une embrouille de suisse pour tracer l’argent plus facilement ! » —> l’idée de l’ « aide en cash » et celle de l’iris ne vient pas de la Suisse...

      J’ai un peu l’impression qu’on mélange des poires et des pommes...

    • Tracking Refugees With Biometrics: More Questions than Answers

      Samira stands looking diligently at the camera. At six years old, she is being enrolled in the first countrywide implementation of biometrics by the United Nations High Commissioner for Refugees. Samira caught my eye because she is not a MAM — a military aged male — like the hundreds of Iraqis and Afghans I helped enroll in the U.S. military’s biometric efforts in those countries after 9/11.

      http://warontherocks.com/2016/03/tracking-refugees-with-biometrics-more-questions-than-answers

    • How cashless programmes to support refugees’ independence can restrict their freedoms

      The scale of 2015’s “refugee crisis” and the displacement of the Syrian population in the Middle East has led to a concerted effort to provide more practical and accessible financial support to migrants and asylum seekers along their journey to new host countries.

      To that end, humanitarian agencies are increasingly adopting technological solutions for managing refugees. In camps in Jordan and Lebanon particularly, the UN Refugee Agency (UNHCR) is implementing technological innovations and cash transfer mechanisms to make life easier for thousands of displaced people.

      At the same time, “refugee apps” devised by the likes of Apple and aid organisations have been used by migrants to make their own way to Europe and find help in the form of shelters, food banks, first aid points and legal support.

      Journalists, academics and NGOs have been examining the opportunities and risks associated with digital technologies and financial tools, such as cashless programmes that employ prepaid cards. While these things enable migrants to improve digital connectivity, get up-to-date information and have access to funds without banking, this same technology can be also used for tracking refugees and collecting useful data.

      Critically, my research focuses on a related issue that is not addressed in the current debate – how much these digital technologies and cash assistance programmes actually enhance the ability of refugees to live more independently.

      For instance, a 2017 UNHCR report states:

      There is growing evidence that cash assistance represents a highly effective form of aid by providing recipients with the autonomy and dignity to meet their own needs.

      But how is refugee autonomy regarded by the organisations that promote these digital technologies and “techno-humanitarian” innovations? How is it actually fostered and sustained? And is it of genuine benefit to refugees?
      Financial independence

      Greece is the first EU country in which the European Commission implemented a cashless system for asylum seekers. In 2016, in cooperation with the UNHCR, the EU launched a Refugee Cash Assistance Programme. Under this system, asylum seekers are entitled to monthly financial support of between €90 and €150 per person. The UNHCR delivers the cards to the islands across all refugee camps and accommodation centres, and they can be used to get cash from ATMs.

      Cash assistance programmes grant refugees flexibility in terms of buying products and services and are designed to help people feel they have control over their lives, even if they find themselves stranded somewhere facing an uncertain future.

      But restrictions apply. Only asylum seekers who accept accommodation provided by the UNHCR or the Greek authorities are entitled to this financial support. But some asylum seekers prefer to live in the solidarity of an unofficial refugee centre such as the disused City Plaza Hotel in Athens – but this means they are excluded from the cash assistance programme as it is not recognised by the authorities.

      The UNHCR checks each month that asylum seekers who hold a pre-paid card do actually live in the camps or apartments they have been allocated. The monthly top-up of cards is also subjected to a series of disciplinary rules that migrants are requested to comply with on a daily basis in refugee camps (such as having their card blocked if they are deemed to “abuse” the electricity in their accommodation).

      In the summer of 2018, 120 asylum seekers in Athens occupied the building where UNCHR prepaid cards are distributed for more than a month, demanding “cash cards for all”. Most had been suspended or excluded from the programme because they were not living in the accommodation provided by the authorities.

      The protest over the cards was a catalyst for other claims – including a request to abolish the Skype system to book appointments for lodging an asylum application, which became compulsory in Greece in 2016. In this case, technology was an obstacle to getting access to rights. And in this way, migrants who want to live as independently as possible are excluded from financial help and support.
      Autonomy vs freedom

      Promoting refugee autonomy is seen as a temporary situation that grants flexibility and treats them as “beneficiaries”, but is actually a system that is subject to restrictions, conditions and disciplinary procedures. Pre-paid cards are seen as digital tools that improve migrants’ conditions. But the reality for many asylum seekers on the Greek islands is that they have been stranded for months – some of them more than a year – due to the “geographical restrictions” imposed by the EU-Turkey Deal.

      This deals states that migrants who land on Greek islands and claim asylum must await the response to their application and cannot transfer to mainland Greece or Turkey unless they are deemed highly vulnerable. At a refugee centre on Lesbos, an Afghani man told me: “We are all going crazy here – our mental health is as precarious as our physical health on this island”.

      The prepaid cards are of course beneficial to migrants stuck on the Greek islands, but these are extremely vulnerable people whose protracted time there and lack of appropriate psychological and medical support continues to exacerbate their vulnerability – ironically, the one way they can be transferred to the mainland.

      A growing debate points to the need to enhance and support refugees’ self-reliance through financial aid and technological access. But the current set-up ensures that refugees can only become autonomous by accepting the restrictions imposed on them.

      This kind of temporary inclusion cannot be a substitution for rights and legal protection, nor can claims to foster autonomy be separated from the struggle to end refugees’ containment on islands such as Lesbos.

      The drive for autonomy needs to dispense with the inequalities between individuals – between “saviours” and “saved”, those free to move and those stuck in limbo – that underpin humanitarian interventions. If we want to support refugees’ independent living, we cannot separate autonomy from freedom, which supports choice, dignity, mobility and a sense of control over their own lives.

      https://theconversation.com/how-cashless-programmes-to-support-refugees-independence-can-restri
      #autonomie #liberté #indépendance_financière #Grèce
      #Martina_Tazzioli

  • خطبة جريئة على الهواء مباشرة وبدون تقاليد عائلية تثير جدلا في الأردن | رأي اليوم
    http://www.raialyoum.com/?p=365950

    Petit scandale en #Jordanie ! Deux étudiants se sont en effet fiancés « à la mode occidentale », comprendre sans cérémonie familiale mais à l’occasion d’une grosse fête à l’Université (pour laquelle ils n’avaient bien entendu pas demandé d’autorisation).

    Comme dans ce message précédent, j’y vois le signe de la marche inéluctable d’un processus d’#individualisation qui traverse toutes les jeunesses arabes.

    Cette fois-ci, @dror je n’oublie pas la vidéo !

    https://www.youtube.com/watch?v=VscFjO0IoLo

  • نداء شرارة تكسر القاعدة... محجبة تفوز بـ « ذا فويس » | الأخبار
    https://www.al-akhbar.com/node/248892

    On peut l’interpréter comme on veut, à savoir un signe d’ouverture (après tout, pourquoi pas une comme elle ?) ou comme un signe de repli (attention les filles, désormais il faudra être comme elle). En tout cas, la victoire, au concours télévisé, d’une fille voilée, la première du genre dans l’histoire de la téléréalité moderne arabe, fait couler pas mal d’encre. (En plus, signe qu’on peut interpréter positivement, elle a concurru contre la volonté de son père...) Bref, l’ #individualisation fait son bonhomme de chemin dans les esprits du #monde_arabe.

  • Mélissa et Alison en #service_civique à Pôle emploi, la parole au directeur de l’antenne.
    http://www.republicain-lorrain.fr/edition-de-forbach/2015/11/03/forbach-melissa-et-alison-en-service-civique-a-pole-emploi

    Vêtues de leur gilet bleu, siglé "service civique", les deux jeunes filles se repèrent facilement à l’#accueil de #Pôle_emploi. Mélissa Bekka, 19 ans, de Petite-Rosselle, et Alison Cokovic, 19 ans, de Henriville, ont démarré leur mission lundi à 9 h à l’agence de la Ville-Haute à Forbach. « Elles ne sont ni salariées, ni stagiaires, ni bénévoles », indique Pascal Thuillier, directeur, qui accueille, pour la première fois, des volontaires du service civique. « Une nouveauté chez nous. Pôle emploi de Lorraine a décidé d’ouvrir ses portes au service civique. » A Forbach, les deux agences accueillent chacune deux jeunes filles pour une mission de huit mois. « C’est une très bonne #expérience pour elles comme pour nous » , se réjouit Pascal Thuillier, mettant en avant la notion d’#intérêt_général et d’engagement de ce dispositif destiné aux 16-25 ans, « cela a un parfum de #cohésion_sociale. »

    Facilitateurs d’inclusion numérique

    Plongées dans le grand bain dès leur arrivée, Alison et Mélissa se sont immédiatement retrouvées en contact avec le public. « Leur mission consiste à aider les #usagers [9alors, il disent ni D.E ni candidats, ndc] qui arrivent en zone d’accueil, en particulier ceux qui rencontrent le plus de difficultés à utiliser nos nouveaux #services_numériques , détaille le responsable. Elles sont là, en renfort des animateurs de Pôle emploi, pour accompagner les gens un peu perdus dans l’utilisation des services digitaux, pour leur permettre de gagner en #autonomie. »

    D’ici juin, les jeunes volontaires seront également appelées à coanimer les ateliers de Pôle emploi sur les #services_à_distance. « Comme notre emploi store que nous avons mis en place récemment », souligne Pascal Thuillier, souhaitant que les deux recrues soient avant tout « des facilitateurs d’inclusion numérique. »

    Le directeur de l’agence insiste sur l’impact du numérique dans la recherche d’emploi : « Aujourd’hui, 89 % des #DRH utilisent internet. Un recrutement par ce biais dure trois semaines contre trois mois par la voie traditionnelle. Un demandeur d’emploi qui n’a pas de #CV_en_ligne et qui ne dispose pas de boîte mail va être pénalisé. »

    « Une vraie valeur ajoutée »

    Suivies par un tuteur durant toute leur mission Mélissa et Alison ont un statut spécifique. « Elles ont signé un contrat d’engagement du service civique, elles travaillent 24 heures par semaine chez nous et touchent des indemnités » [#467€34/mois, soit un peu plus que le montant du RSA, ce minimum que la classe politique a en 1988 interdit aux moins de 25 ans à l’initiative du PS, ndc], explique le directeur de Pôle emploi.

    Très heureux d‘accueillir les jeunes filles, Pascal Thuillier compte sur leur maîtrise de l’outil numérique pour développer le portail digital et améliorer les services rendus aux usagers.

    « Nos agences de Forbach sont particulièrement visitées dans un bassin d’emploi compliqué , note-t-il. Pour l’instant, nous n’avons qu’un CV sur trois en ligne, un niveau assez faible. Nous allons essayer de passer un cap avec nos volontaires, qui représentent une vraie valeur ajoutée. »

    Depuis les #stages Barre en 1976, le « manque d’expérience » des #entrants_sur_le_marché_du_travail a servi le prétexte pour les sous payer au nom de l’insertion dans le monde de l’entreprise et de l’emploi. Un phénomène dont l’ampleur a explosé durant le premier septennat socialiste (Travaux d’utilité collective, stage d’insertion à la vie professionnelle, etc.). On note que ces deux femmes sont en première ligne dans le travail de l’agence (accueil), quelles effectuent un travail de formation à partir d’une #qualification_gratuite (une maîtrise des outils informatiques, ici faiblement indemnisé par l’état, Pôle n’ayant rien à dépenser). L’#échelle_des_salaires comporte désormais une myriade de niveaux, une stratification accrue accompagnée d’une #individualisation, la destruction de ces valeurs collectives là a permis de faire exploser les #inégalités de salaires. It’smore fun to compete, et il n’y a pas d’alternative, sauf à rejoindre les casso’s, mais, la aussi, la #concurrence façonne fortement les moeurs.
    #B-scale_partout_Reagan_Thatcher_itou

  • L’« Ubérisation » de l’emploi est déjà partout !, Marie-Claire Carrère-Gée (Présidente du Conseil d’orientation pour l’emploi (COE))
    http://www.lemonde.fr/emploi/article/2015/11/05/l-uberisation-de-l-emploi-est-deja-partout_4803410_1698637.html

    Les débats sur les nouvelles #formes_d’emploi sont marqués par la nostalgie d’un passé imaginaire – l’âge d’or du CDI – et la fascination pour un avenir fantasmagorique – la fin du salariat.

    Or, l’âge d’or du CDI n’a jamais existé. La construction législative et jurisprudentielle du #CDI comme emploi protégé et stable ne date que des crises des années 1970. Au même moment, le législateur reconnaissait l’#intérim et le #CDD, leur assurant ainsi une progression fulgurante.

    En fait, depuis le début des années 2000, la répartition des grandes composantes de l’emploi – en CDI, temporaires, indépendant – est stable. En France, comme ailleurs, le CDI demeure la forme ultradominante d’emploi, autour de 87 % de l’emploi salarié. L’explosion du CDD et de l’intérim est derrière nous. Et nous n’assistons pas non plus à une explosion du #travail_indépendant : il s’est stabilisé autour de 10 % de l’emploi total, avec un regain récent tiré par l’autoentrepreneuriat.

    C’est vrai, on assiste à une diversification des formes juridiques d’emploi aux confins du salariat et du travail indépendant, avec le portage salarial, les coopératives d’activité et d’emploi, ou lorsqu’un indépendant exerce son activité dans un cadre contraint (la franchise, l’agent commercial mandataire indépendant, le gérant non-salarié de succursales de commerce de détail). Mais ces formes d’emploi, récentes ou plus anciennes, sont ultraminoritaires.

    Le CDI déjà minoritaire

    Alors, rien n’aurait changé ? Si, bien sûr. C’est même à un véritable bouleversement auquel nous assistons, avec une grande vague de #flexibilisation et d’#individualisation, qui touchent toutes les conditions d’emploi.

    A tout seigneur, tout honneur, le premier concerné est le CDI : le fameux « CDI à temps plein avec des horaires stables et chez un seul employeur » est déjà minoritaire, avec la progression du #temps_partiel, qui concerne un peu plus de 4 millions de #salariés, et des horaires décalés et variables. Près d’un tiers des salariés travaillent habituellement ou occasionnellement le dimanche, contre un sur cinq il y a vingt ans. La part des horaires à la carte a aussi quasiment doublé et dépasse les 10 %. L’unité de lieu du travail est également remise en question avec l’essor du #télétravail, qui concerne près de 17 % des actifs.

    La flexibilisation progresse aussi de façon fulgurante au sein des CDD : les contrats temporaires les plus courts explosent. Les flux d’emploi de moins de trois mois en CDD ou intérim représentent neuf embauches sur dix. L’explosion est encore plus forte pour les contrats de moins d’un mois.

    L’emploi indépendant s’individualise également de plus en plus : c’est, en son sein, l’emploi indépendant sans aucun salarié qui progresse avec notamment 1 million d’#autoentrepreneurs.

    Individualisation de l’activité

    Mais le phénomène le plus marquant de ces dernières années est l’individualisation de l’activité elle-même, avec l’explosion de la #pluriactivité – avoir plusieurs emplois salariés, ou un emploi salarié et un autre indépendant. Elle concerne aujourd’hui plus de 2,3 millions d’actifs, contre 1 million il y a dix ans. Un tiers des autoentrepreneurs le sont en complément d’un emploi salarié.

    A l’origine de ces évolutions, il y a des facteurs économiques : la crise, la financiarisation et la mondialisation de l’économie, qui conduisent les entreprises à réduire leurs coûts ; l’essor du secteur tertiaire ; l’installation d’un #chômage de masse, qui réduit les capacités de négociation des actifs.

    Mais des facteurs sociologiques sont aussi à l’œuvre, avec des aspirations croissantes à davantage d’autonomie dans le travail, et de liberté dans la gestion de son temps. Enfin, l’essor des nouvelles technologies donne un formidable élan à toutes les formes d’activité dans lesquelles le travail ne s’exerce pas dans l’#entreprise qui embauche.

    C’est le cas des sites de « jobbing » entre particuliers, des plates-formes de services entre professionnels, des sites de free-lance, où un nombre important de personnes, rémunérées ou non, contribuent à la réalisation d’un #projet divisé en microtâches.

    Stress, flou entre vie professionnelle et personnelle

    Pour les entreprises, les avantages vont de soi. Mais, énormément d’actifs y trouvent également leur compte, et davantage encore le pourraient : meilleur accès à l’emploi, revenus supplémentaires parfois très significatifs, diminution du risque en multipliant les employeurs ou donneurs d’ordre, souplesse dans l’organisation de son temps, plus grand intérêt d’un travail autonome et varié, acquisition de nouvelles compétences, possibilités accrues de reconversion, envie de faire autre chose en plus ou à la place de l’activité habituelle.

    Les risques sont tout aussi clairs : stress, flou entre vie professionnelle et personnelle, enfermement dans la #précarité, difficulté d’accès aux prêts et au logement pour les CDD très courts et les indépendants, déplacement du partage du risque économique, pertes de chance d’accéder à la formation, perte de ressources pour les assurances sociales, difficulté d’application de la législation du travail (notamment pour la rémunération minimale, la durée maximale et la santé), nécessité d’inventer d’autres formes de dialogue social…

    Il n’y a pas l’ancienne économie, d’un côté, et la nouvelle économie, de l’autre, les salariés et les « anciens indépendants » contre les « ubérisés » : la nouvelle économie est partout. L’enjeu n’est pas d’inventer de nouvelles formes juridiques d’activité, mais de maximiser les avantages de la flexibilisation et de l’individualisation de toutes les formes d’emploi, et d’en minimiser les risques pour tous.

  • La spirale infernale de la dette de l’Unédic et l’austérité menacent le droit aux indemnités chômage
    http://www.bastamag.net/La-spirale-infernale-de-la-dette-de-l-Unedic-et-l-austerite-menacent-le-dr

    La dette de l’assurance-chômage s’accumule, amplifiée par la crise, et dépasse les 21 milliards d’euros. Les cinq millions de sans emplois en seraient-ils les principaux responsables, comme le laisse croire la multiplication des contrôles et des contraintes contre ceux qui bénéficient du droit – constitutionnel – à une indemnité chômage ? Nous nous sommes plongés dans la dette de l’Unédic pour savoir d’où elle venait et comment elle augmentait. Et pourquoi aucune solution pérenne n’est mise en place pour la (...)

    #Décrypter

    / A la une, #Syndicalisme, Quel avenir pour nos #Protections_sociales ?, #Enquêtes, Emploi , #Fractures_sociales, #Finance, Protections (...)

    #Quel_avenir_pour_nos_protections_sociales_ ? #Emploi_

  • Premiers guichets de l’accès au droit, les associations militantes se bureaucratisent| AlterEco+ Alterecoplus
    http://www.alterecoplus.fr/en-direct-de-la-recherche/quand-les-associations-militantes-tombent-dans-la-bureaucratie-20150528

    plusieurs facteurs sont mis en avant par les deux chercheurs : #externalisation croissante de l’action publique, #juridicisation et #individualisation de la vie sociale, complexification du #droit, présence accru des spécialistes du droit parmi les #militants, diffusion d’une « #culture_du_résultat » au sein des associations... Selon Pette, « la position offensive des années 1970 s’est effacée au profit d’une position plus défensive. La défense des acquis sociaux, des emplois ou des individus occupe aujourd’hui la plus grande partie du temps et du travail militant. Par conséquent, les répertoires ont eux aussi changé (...) et la négociation semble privilégiée par les militants. » Cet enrôlement des associations semble en tout cas être garant d’une certaine efficacité : Weil montre, statistiques à l’appui, que « les requérants soutenus par une association ont environ deux fois plus de chances de valider leur recours que ceux qui ont fait l’objet d’un simple suivi par un #travailleur_social ». (...)
    ... En intégrant les attentes de l’Etat
    Mais cette efficacité a un prix : celui d’une #sélection drastique des #candidats défendus, pour ne retenir que les « bons », autrement dit ceux qui ont la plus grande chance d’obtenir une réponse positive de l’administration.

    #séjour #régularisation #logement #DALO

  • « Oui, les musulmans sont en accord avec la République »
    https://lejournal.cnrs.fr/print/718 31.03.2015, par Nadia Marzouki

    La plupart des médias et des politiques continuent de diffuser l’image de musulmans tiraillés entre leur supposée identité religieuse et leur adhésion aux valeurs de la République. La chercheuse Nadia Marzouki nous explique pourquoi cette vision n’est pas fondée.
    Parmi les nombreuses interrogations suscitées par les attentats de janvier, la question de la prétendue incompatibilité de l’islam avec la laïcité est, une fois de plus, apparue au premier plan. Face à la énième réitération de ce débat dans les champs médiatique et politique, on sent une certaine lassitude, voire du découragement, chez les chercheurs spécialistes de l’islam en France. Car cela fait au moins depuis les années 1990 que les enquêtes de sciences sociales ont fait apparaître la non-pertinence de questions du type « peut-on réformer l’islam ? » ou « l’islam est-il compatible avec… ? ». Ce que montrent tous ces travaux, c’est que la question de la sécularisation n’a de sens que lorsqu’elle est posée au niveau des pratiques concrètes et que, de ce point de vue, la majorité des musulmans français s’accommodent très bien des règles de la laïcité. Plutôt que demander si l’islam est compatible avec la laïcité ou comment le réformer, il convient aujourd’hui de se demander pourquoi le fait accompli de la sécularisation des musulmans français est toujours en question.

    Le débat public repose encore largement sur une conception caricaturale du rapport que les musulmans entretiendraient au dogme, à la norme et à l’autorité. Dès lors que l’on envisage la subjectivité musulmane comme intégralement déterminée par son obéissance à un corpus théologique, à une autorité religieuse ou a une communauté d’origine, l’obsession actuelle des journalistes et responsables politiques pour la question de la réforme de la théologie et de l’éducation des imams se comprend mieux. Pourtant, les enquêtes de sciences sociales n’ont cessé de montrer comment la migration a produit non pas un repli identitaire et communautaire, mais une déconnexion importante entre la quête de religiosité et la culture dite d’origine1. Dans son livre sur les imams en France2, le sociologue Romain Sèze parle de « bricolage » et de « braconnage » pour décrire le rapport des imams et de leurs fidèles à la norme religieuse. Les imams jouent un rôle essentiel dans la déconnexion entre religion et culture d’origine, en rejetant un grand nombre de pratiques comme relevant de la « tradition » et en appelant à une contextualisation des principes du droit islamique. Beaucoup d’entre eux recourent au raisonnement par analogie (al-qiyās) afin de redéfinir certaines normes. Loin du fantasme de l’islam rigoriste et communautaire, Romain Sèze décrit la religion qu’enseignent les imams comme un islam « fragile ».

    L’enquête de Christine Rodier 3 sur les pratiques de consommation halal menée auprès d’une population habitant en Moselle depuis les années 1970 et originaire du sud du Haut Atlas marocain montre également en quoi aborder l’application d’une règle religieuse dans la seule perspective de la soumission est erroné. La sociologue fait apparaître toute la part d’individualisme, d’inventivité et de réflexivité qui caractérise l’appropriation de cette prescription. Elle déplore le simplisme des oppositions binaires entre le halal et la laïcité ou la modernité. L’adoption de cette pratique, loin d’être un indice de communautarisation ou de rejet de la laïcité, reflète l’individualisation importante de la religiosité. À la différence des premières générations de musulmans, chez les jeunes générations de pratiquants, le halal est devenu un « concept éthique à la base d’une hygiène de vie qui va au-delà de la simple prescription alimentaire 4 ».
     

    Il y a une forte part d’individualisme et d’inventivité dans la consommation halal des jeunes générations.
    Ceux que Christine Rodier décrit comme des « mangeurs consommateurs » se distinguent de leurs aînés en ce qu’ils « désirent manger des plats dits français auxquels ils s’identifient (comme la plupart des jeunes de cette classe d’âge), étant eux-mêmes nés sur sol français ». À côté de cette figure du « consommateur », Christine Rodier évoque également celles du mangeur « revendicatif », qui trouve que ses parents ne sont pas assez pieux, et celle de l’« ascète », qui souhaite afficher une identité spécifique. Mais, dans les trois cas, manger halal découle d’un choix libre et individuel. Cette pratique révèle un rapport réflexif aux prescriptions et aux normes religieuses « en faveur d’une éthique sollicitant davantage l’engagement personnel et la recherche d’une ascèse 5 ».

    On pourrait multiplier les exemples de travaux de sciences sociales qui font apparaître, à partir de cas différents, ce même processus d’individualisation de la religiosité et d’intégration inventive au contexte laïc républicain. Ainsi de la recherche du sociologue Elyamine Settoul 6 sur l’intégration des Français musulmans dans l’armée française, ou des travaux en cours de Warda Hadjab sur les relations amoureuses entre jeunes musulmans français. Ces derniers parviennent à conjuguer des normes issues de la tradition que veulent leur transmettre les parents et une expérimentation subjective de la vie séculière européenne. L’image de l’islam comme « problème » ou source de conflit est doublement invalidée. D’une part, parce que la majorité des conflits qui naissent de la rencontre de ces normes sont résolus au sein de la famille, de l’environnement amical, de la mosquée, des espaces associatifs, des réseaux sociaux. D’autre part, parce que, pour nombre de ces jeunes, l’appropriation de la norme religieuse est précisément une ressource qui les aide à s’affirmer contre une pression familiale. C’est ainsi qu’ils parviennent à justifier le mariage avec une personne d’une autre origine, voire d’une autre religion, contre l’avis des parents, au nom des valeurs « islamiques » de l’amour ou de la famille.

    Quant aux formes d’expression religieuses les plus piétistes, systématiquement présentées dans les médias sous l’angle de l’oppression de la femme musulmane, elles ne peuvent pas non plus être comprises dans la seule perspective binaire de l’opposition au féminisme ou au sécularisme. Le travail de Claire Donnet sur les pratiques de femmes qui cultivent une forme de piété intégraliste – respect strict des temps de prières, du halal, port du voile… – montre que la recherche de cette féminité pieuse a en réalité deux enjeux : critiquer la conception libérale du féminisme, mais aussi déconstruire les normes machistes et patriarcales au sein de leur propre environnement. Autrement dit, ces femmes mettent en avant leur respect des «  fondamentaux » de l’islam pour pouvoir en parallèle s’affirmer et réaliser différents objectifs : travailler, étudier, prendre la parole…

    Certaines femmes utilisent leur respect des fondamentaux de l’islam pour s’affirmer dans le travail, les études...
    Étudiant la démarche des participantes au site Web islamique féminin Hijab and the City, Claire Donnet affirme que « ces blogueuses, au croisement de multiples rapports de domination, se réapproprient les représentations essentialisées de la femme et s’en servent stratégiquement pour changer leur condition au sein de leur groupe confessionnel. Elles s’insèrent dans l’ordre normatif préexistant pour le changer 7 » Les travaux très riches sur le féminisme islamique font apparaître la même ambivalence face au sécularisme libéral, qui est rejeté en tant qu’il est associé à une forme d’impérialisme culturel, mais dont l’idée centrale – les droits individuels – est acceptée et réappropriée.

    L’affaire du jugement « SAS contre France » 8 est de ce point de vue éclairante. Pour protester contre la loi interdisant le port de la burqa dans l’espace public, une requérante française a saisi la Cour européenne des droits de l’homme de Strasbourg en mettant en avant un argumentaire tout à fait cohérent avec le registre libéral de la défense des droits des individus. Son argument ne consistait en effet pas à se plaindre de l’impossibilité pour elle de vivre enfermée dans sa « communauté » musulmane, mais à dénoncer l’incompatibilité de la loi de 2009 avec des articles précis de la Convention, notamment avec l’article 9 qui défend la liberté religieuse des individus.

    Qu’ils optent pour une stratégie de transformation du religieux en éthique en réinterprétant des normes strictes en valeurs ouvertes, ou au contraire qu’ils défendent une conception plus fondamentaliste du religieux en voulant détacher l’activité pieuse de l’influence des folklores culturels des pays « d’origine », dans les deux cas les musulmans acceptent, voire renforcent, l’idée fondamentale du sécularisme, celle de la séparation entre l’espace du religieux et celui du politique. Paradoxalement, alors que la plupart des musulmans français insistent pour qu’on fasse la distinction entre l’islam comme religion et ce qui relève des traditions ou de la culture d’origine, le débat public et politique repose largement sur l’idée selon laquelle le seul islam acceptable, c’est l’islam folklorisé des instituts de « cultures d’islam » et des festivals de musique soufie, ou l’islam athéisé promu par les intellectuels d’origine musulmane non croyants et non pratiquants.

    Ce malaise à l’égard de la religion comme telle, dès lors qu’elle n’est pas neutralisée en « fait religieux historique » ou en culture folklorique, est contradictoire avec les injonctions à rejeter la communautarisation. Alors que la question de l’institutionnalisation de l’islam revient au centre du débat public, il faut rappeler que l’institutionnalisation étatique, de tradition gallicane, n’implique pas la sécularisation, au contraire. Il paraît plus important et plus urgent de créer les conditions pour que se poursuive le processus en cours d’individualisation et de pluralisation des pratiques de l’islam en France, et de cesser d’assigner les musulmans à une « communauté » d’identité ou de culture, qui devrait pouvoir être unifiée et représentée. Loin des fantasmes de l’islam conquérant et communautaire, il est temps pour les médias et les responsables politiques de voir les musulmans français tels qu’ils sont et tels que les décrivent les chercheurs depuis plusieurs décennies…

     

    Notes
    1.L’Islam mondialisé, Olivier Roy, Le Seuil, 2001.
    2.Être imam en France, Romain Sèze, Éditions du Cerf, 2013.
    3.La Question halal. Sociologie d’une consommation controversée, Christine Rodier, PUF, 2014.
    4. « Manger Halal, pour diversifier ses pratiques alimentaires », Christine Rodier, Le Monde, 20 mars 2012.
    5.Ibid.
    6. « Présence musulmane croissante dans l’armée », Elyamine Settoul, Le Monde, 26 mars 2012.
    7. « Hijab et City et la construction d’une féminité pieuse », Claire Donnet, Actes de colloque, coll. « Fira-HAL-SHS », janvier 2012, pp. 1-9.
    8. Arrêt de Strasbourg, affaire « SAS contre France », 1er juillet 2014.❞

  • Le ciel des travailleurs
    http://www.greekcrisis.fr/2015/03/Fr0417.html

    Dans un premier temps, durant la soirée du lundi (9 mars), une nouvelle avait été diffusée par les medias, faisant état d’une altercation verbale qu’aurait eu lieu entre Yanis Varoufákis et Wolfgang Schäuble, au soir de l’Eurogroupe. Le ministre des Finances allemand et de l’Europe unifiée... à travers les victimes des génocides économiques en cours et futurs, aurait rétorqué devant son (supposé) homologue grec, que les mesures visant à lutter contre la crise humanitaire sont unilatérales car non chiffrées, et que de ce fait, elles devraient être suspendues (hebdomadaire “To Pontíki”). Source : greek crisis

    • Les exemples ne manquent pas. Eleni est à la fois une victime et une rebelle dans cette guerre, à géométrie très variable. Fait très rare, dans les rayons du supermarché AB, appartenant essentiellement à la maison belge Delhaize, des tracts étaient posés mardi matin (10 mars) sur les articles en rayon, faisant état du cas d’Eleni, une employée, humiliée et ensuite licenciée par la direction après 15 ans de #travail à mi-temps. Sa faute : elle avait réclamé l’application de la #législation sur la pause de dix minutes ; supprimée par la direction.

      D’après le tract, que les clients lisaient alors dans un silence de cimetière, “l’entreprise AB, recycle comme on dit ses salariés dans le but de réduire ses coûts, pour ce qui est des #salaires, des cotisations et des primes, imposant sur les lieux de travail de conditions de bagne, en réduisant les droits des salariés, par les cadences insupportables, par la terreur et par des humiliations. Plus précisément, les salariés plus anciens sont essentiellement visés car ils ont davantage de droits que les nouveaux venus. Les anciens salariés sont donc poussés à la démission dans le but de les remplacer. Ils sont en effet remplacés par les nouveaux, sans droits (le mémorandum est passé par là) et très mal payés, étant donné que leurs maigres salaires sont financés par les programmes dits d’aide de l’UE, tandis que l’ANPE finance alors les cotisations de l’employeur. En réalité, ces employés offrent pratiquement du TRAVAIL GRATUIT, et cela très cyniquement car au nom de la... lutte contre le #chômage. En plus, l’entreprise AB-Delhaize a le culot d’offrir une ristourne de 10% aux clients qui préfèrent désormais faire leurs courses un dimanche, au moment où les droits des salariés sont bafoués et leurs salaires sont considérablement réduits. Beau monde alors... que celui des patrons !”


      Tracts devant l’entrée du supermarché AB. Athènes, le 10 mars

      Eleni, poursuit l’entreprise AB devant la justice, tandis que les syndicats ou plutôt #collectifs, annoncent une quinzaine d’#actions durant ce mois de mars 2015. D’autres petits tracts sous les caddys, annonçaient tant la couleur du temps qui fait : “Horaires dits souples et travail non payé. Voilà le vrai terrorisme” et “Le mémorandum n’est pas une image à la télé”.

      C’est le vieux truc de la #B-scale, double échelle de salaires qui sépare les nouveaux employés des anciens, le salaire n’étant le plus souvent pas le seul élément modifié par cette politique de précarisation (horaires, durée et conditions de travail, etc).
      La double échelle des salaires fut d’abord mise en oeuvre dans l’Amérique de Reagan contre une aristocratie salariale, les contrôleurs aériens, avant de donner lieu dans divers pays du monde à de multiples conflits, en particuliers dans les transports et parmi les chauffeurs de bus dépendants de sociétés locales (#grève de #traminots). On ruine des identités collectives fondées sur une condition partagée (puis chacun est conduit à se bricoler de l’identité, en repli, pour ne pas tout à fait disparaître subjectivement).

      Peu après cette offensive de « libéralisation » des années 80, les #inégalités de salaires qui avaient été battues en brèche par les luttes des 60’ et 70’ ont explosé, la France socialiste des années 90 étant à cet égard un cas d’école tout à fait spectaculaire où se cumulent balkanisation contractuelle, salaire au #mérite, #individualisation des salaires, etc.

      #Gouverner les populations implique entre autre moyen de prendre appui sur une lutte de classes devenue interne à un salariat généralisé.

      #restructuration #décomposition

  • Notes d’Alabama
    http://www.article11.info/?Notes-d-Alabama

    Système de santé en capilotade, gauche déserteuse, religion et complotisme en plein essor, etc... Le paysage politico-social du Sud des États-Unis, et plus particulièrement de l’Alabama, n’a rien de rieur. Zig-zaguant entre passé et présent, Curtis Price livre sur le sujet quelques notes de terrain éclairantes - même si on n’est pas forcément d’accord avec tout. (...) Source : Article11

  • Pluralité (et contradiction) des systèmes normatifs en Afghanistan : droit civil / Sharia / coutume tribale | NYT

    http://www.nytimes.com/2014/05/04/world/asia/in-spite-of-the-law-afghan-honor-killings-of-women-continue.html?emc=edit_t

    Rubina Hamdard, a lawyer at a coalition of women’s advocacy groups, the Afghan Women’s Network, estimates that 150 cases of honor killing occur annually in Afghanistan, based on statistics kept over the past five years. Fewer than half of them are formally reported, however, and very few end in convictions. (…)
    Neither Amina nor Zakia and Mohammad Ali did anything against the law — or, more specifically, against two of the legal systems in effect in Afghanistan: the body of civil law enacted over the past decade with Western assistance, or the classic Islamic code of Shariah that is also enshrined in law. Both protect the rights of women not to be forced into marriage against their will.
    But in Afghanistan, an unwritten, unofficial third legal system has remained pervasive: customary law, the tribal codes that have stubbornly persisted despite efforts at reform. “In Afghanistan judges stick to customary law, forget Shariah law, let alone civil law,” said Shala Fareed, a professor of law at Kabul University. (…)
    Of 4,505 cases of violence against women last year — which includes issues like “denial of relationship,” or trying to prevent someone from choosing their own husband or wife — less than 10 percent are resolved through legal process, according to the latest report from the Women’s Ministry. Nearly half of the cases were either dropped or settled out of court, often to the women’s detriment.

    NB. La Sharia, ici, est du côté du droit moderne, contre la coutume tribale. Voir Weber : religion et rationalisation.

    #normes
    #droit
    #individualisation
    #religion

  • CIP-IDF > Non à l’agrément d’une convention assurance chômage qui impose une cure d’austérité de 400 millions d’euros aux précaires - Sud emploi
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=6923

    Après la loi de sécurisation de l’emploi facilitant les licenciements au printemps 2013, le pacte de responsabilité en ce début d’année 2014 finançant le patronat sans contreparties, l’accord #UNEDIC signée le 22 mars 2014 poursuit la destruction massive des #garanties_sociales et la dégradation des conditions de vie de la majorité de la population.

    Les rares « avancées » sur les droits rechargeables consistant à garder le reliquat de ses droits en cas de nouvelle période de #chômage, et sur les changements annoncés en matière de dispositifs de cumuls entre allocations chômage et salaires, sont loin d’être à la hauteur. Il faudra bien en mesurer la portée et les règles de calcul. En particulier l’incidence des droits rechargeables en cas de reprise d’emploi mieux rémunéré que celui qui a permis la première ouverture de droits. En fait ces mesures (…) ne font qu’entériner une logique pernicieuse d’#individualisation_des_droits chers aux signataires qui veulent créer des comptes individuels pour toute la protection sociale : #retraite, pénibilité, santé, #formation ...au détriment d’un renforcement de la mutualisation et de la #solidarité.


    #précarisation #syndicat #Pôle_emploi

  • « Comment je contrôle que les chômeurs cherchent bien du travail »

    http://emploi.blog.lemonde.fr/2014/01/27/comment-je-controle-que-les-chomeurs-cherchent-bien-du-travail

    Julie (dont le prénom a été modifié à sa demande) est conseillère à Pôle emploi. Elle s’est portée volontaire à l’été 2013 pour faire partie des nouvelles équipes de contrôle de la recherche d’emploi des chômeurs, expérimentées dans la plus grande discrétion dans douze agences. Elle raconte pour Le Monde comment elle travaille. Si cette expérience est jugée concluante par la direction, elle sera étendue à partir de juin à toutes les agences.

    Je contrôle vraiment tout type de profil. Ce matin, j’ai radié une personne qui était à deux ans de la retraite. Son conseiller lui avait dit d’envoyer des candidatures, ce qu’elle n’avait pas fait. On tournait en rond. Nous radions environ 10 % des chômeurs contrôlés. Seul un tiers se réinscrit ensuite à Pôle emploi.

    #chômage #contrôle #précarité #pôle_emploi

  • Un continent littéraire inépuisable que sont les" dits et écrits" de Michel Foucault. Une pensée en mouvement qui ne cesse d’interroger et penser l’histoire,l’actualité, les idées... Paru à l’époque en quatre volumes, ils existent aujourd’hui en deux volumes dans l’excellente collection #Quarto chez #Gallimard
    http://www.ina.fr/video/I07302844

    Après un extrait de « Lecture pour tous » du 15 juin 1966, François EWALD présente les « Dits et écrits » de Michel Foucault , textes écrits par le philosophe de 1954 à sa mort en 1984, en France et dans le monde entier et rassemblés dans quatre volumes. #Arlette_FARGE parle du bonheur qu’elle a eu en lisant ces textes. #François_EWALD évoque le reportage de #FOUCAULT en Iran, dont il a soutenu la révolution de 1978. Avant de mourir, Michel FOUCAULT travaillait sur la notion de l’amitié. #Jean-Pierre_FAYE se souvient de son amitié avec FOUCAULT, de son rire, de l’affaire iranienne, de sa maladie, de l’affaire Klauss Croissant, de sa défaite par rapport à l’histoire qui a été plus rapide que lui.

    #Philosphie #Histoire #littérature #Politique #Ethique

    • Il me semble utile de préciser que l’un des intervenants sur cette #vidéo, le renégat François Ewald (http://fr.wikipedia.org/wiki/François_Ewald) est aujourd’hui directeur de l’École nationale d’assurances. Il fut l’un des tenants de la « justice prolétarienne » à la G.P, c’est-à-dire d’une conception punitive de la politique à laquelle il est en quelque sorte resté fidèle tout en changeant de côté de la barricade. Si il a travaillé avec Foucault, il a fait son chemin depuis, ce qui l’a conduit à devenir un #intellectuel_organique du patronat, l’un des initiateurs de la « refondation sociale » patronale qui a présidé à la transformation du CNPF en Mouvement des entreprises de France (#MEDEF) en 1998.

      L’éthique du bouffon, Valérie Marange
      http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=3183

      Quand le philosophe François Ewald, colégataire de l’oeuvre de Foucault, et son compère Denis Kessler, numéro deux du Patronat, vilipendent en coeur la « démoralisation » contemporaine c’est pour faire l’éloge de l’« économie politique du #risque » et du contrat social qui « trouve sa vérité dans l’assurance » . Dans le détournement de la référence à Foucault, l’éthique de la « refondation sociale » patronale se révèle ainsi une véritable éthique du bouffon.

      "Refondation sociale" patronale : Le gouvernement par l’individualisation, #Maurizio_Lazzarato
      http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=3279

      Peut-on définir la « refondation sociale » du Medef comme un projet bio-politique dans le sens foucaldien du terme ? Y a-t-il un transfert de souveraineté de l’État à l’entreprise, de ses fonctions biopolitiques ? Sommes nous confrontés à une sorte de privatisation de la biopolitique ? La refondation sociale annonce une volonté de « gouverner la société » en partant de l’entreprise. Elle affiche la détermination patronale à « gérer la vie » des individus du point de vue de la logique du profit.

      Refondation sociale patronale : Le Pare, une entreprise travailliste à la française
      http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=3184

      Avec le Pare (Plan d’aide au retour à l’emploi) il s’agit de régler le marché du travail par le biais de restrictions dans l’accès au salaire socialisé, de prévenir et de circonvenir ainsi une mobilité qui est toujours un objet de conflit. Un dispositif qui s’inscrit parfaitement dans la volonté du Medef de définir pour toute la classe dirigeante une nouvelle discipline du travail

      Le projet du Pare (Plan d’aide au retour à l’emploi) découle directement du consensus politique autour de ce qui est communément appelé « l’activation des dépenses passives ». En ce sens, la réponse de Lionel Jospin au mouvement des chômeurs et précaires en 1997-1998 était très claire : quelques aides financières et un fonds d’urgence (« le milliard Jospin ») accompagnaient la réaffirmation d’une orientation de principe, à savoir, le choix d’ « une société fondée sur le travail et non sur l’assistance. »
      Cette réponse était une fin de non recevoir à la revendication d’un revenu garanti pour tous que portait le mouvement. Depuis, des changements au sein du patronat organisé ont permis à celui-ci de redevenir un acteur politique. Une fraction du patronat issue des « services » (assurance, banque) construit actuellement son hégémonie sur la faillite politique du patronat industriel fordien de la métallurgie. Le Medef succède ainsi au CNPF et propose un projet qui synthétise et approfondit la restructuration de l’organisation du travail et de ses marchés à l’oeuvre depuis 25 ans. Avec pour toile de fond la décomposition d’une droite en mal de projet, le Medef initie une « refondation sociale » qui a, logiquement, pour premier volet la réforme de l’assurance-chômage.

      #chômage #précarité #capitalisme #restructuration #individualisation #gouvernementalité #refondation_sociale

    • Oui ! Un échantillon (vous en trouverez davantage à l’url indiqué ci-dessus) :

      Jack Lang. (...) Protecteur des renégats
      Tu as la futilité des girouettes, et le je-m’en-foutisme élégant de l’apparatchik un peu marginal ; aussi tes « convictions » ne t’incluent-elles pas au nombre des véritables renégats, objets de ce livre. Mais tu fus, si trop futile même pour le reniement, le maquereau, le grand protecteur des nouveaux renégats. Grâce à toi, le plus fou-fou des ministres, « l’imagination au pouvoir » des murs de la Sorbonne a servi de devise et d’excuse pour le rachat, en vrac, des intellos et #artistes de toutes tendances ; pas si fou, au fond, tu as fait des écrivains, des peintres, des #journalistes, que tu as arrosés, décorés, traînés en avion de cocktails – plus du tout Molotov, sauf la vodka – en buffets-champagne, tes complices ou tes esclaves. D’accord, la « fête gauchiste » d’autrefois était un tantinet ridicule, mais le placage du verbalisme généreux sur le bal des #nantis, sur les mondanités du #Versailles #socialiste, ce fut odieux. Protecteur des Arts et Lettres, tu fus leur proxénète.

      #renégat