#eau_potable

  • En #Guadeloupe, l’#eau_courante, potable, est devenue un luxe

    En Guadeloupe, des milliers d’habitants vivent au rythme des « #tours_d’eau », des #coupures programmées, ou n’ont tout simplement pas d’eau au robinet depuis plusieurs années. Les habitants subissent des coupures prolongées, même en pleine pandémie de Covid-19. Face à la catastrophe sanitaire, les pouvoirs publics sont accusés d’#incurie. Premier volet de notre série.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/120721/en-guadeloupe-l-eau-courante-potable-est-devenue-un-luxe
    #eau_potable #eau_de_robinet #eau

    by @wereport photos @albertocampiphoto

  • #Rwanda_1994

    Rwanda, 1994, entre avril et juillet, 100 jours de génocide...
    Celui que l’on appelle « Le dernier génocide du siècle » s’est déroulé dans un tout petit pays d’Afrique, sous les yeux du monde entier, sous le joug des politiques internationales, et sous les machettes et la haine de toute une partie de la population. Sur environ 7,5 millions de Rwandais d’alors, 1,5 million de personnes ont été exterminées pour le seul fait d’appartenir à la caste « tutsi » (chiffres officiels de 2004) : hommes, femmes, enfants, nouveau-nés, vieillards... De cette tragédie historique, suite à plusieurs années de recherche dont sept mois passés au Rwanda pour récolter des témoignages, les auteurs ont tiré une fiction éprouvante basée sur des faits réels.

    https://www.glenat.com/drugstore/rwanda-1994-integrale-9782356261120
    #BD #bande_dessinée #livre
    #Kigali #Murambi #fosses_communes #Nyagatare #FAR #génocide #Rwanda #France #armée_française #opération_Turquoise #camps_de_réfugiés #réfugiés #Goma #zone_turquoise #aide_humanitaire #choléra #entraide #eau_potable

  • A #Vittel, #Nestlé entre faux verdissement et vrais #déchets

    Dans les #Vosges, les sécheresses répétées amplifient la bataille de l’#eau qui oppose Nestlé aux autres consommateurs d’#eau_potable. Sous son vernis écologique, la #multinationale suisse, révèle « Libération », est soupçonnée de dissimuler des décharges sauvages de plastique, au risque de polluer la nappe phréatique qui remplit ses bouteilles d’eau estampillées Vittel, #Contrex et #Hépar.

    C’est un confetti de quelques kilomètres carrés dans le sud des Vosges, coincé entre Vittel et Contrexéville. Sur ce territoire s’étend le royaume français de Nestlé. C’est également ici que jaillit l’eau commercialisée par la multinationale sous les marques Vittel, Hépar et Contrex, générant 245 millions de chiffre d’affaires annuel. La nappe phréatique qui produit ces juteuses eaux minérales se retrouve menacée de pollution par des #décharges_sauvages. Des dépôts appartenant depuis de nombreuses années au géant de l’#eau_minérale, comme nous sommes en mesure de le révéler.

    Le lieu n’est connu que de quelques riverains. Un secret de Polichinelle, dans une région où Nestlé et ses 900 emplois font la loi. Munie d’un parapluie, à quelques centaines de mètres de Vittel, Christiane Vuattoux joue aux guides. La professeure à la retraite fait partie des Vosgiens qui ont pris les armes médiatiques contre la multinationale de l’eau, écœurés par ses pratiques. Les deux pieds dans la glaise, elle jauge ce qu’elle appelle « la montagne ». « C’est hallucinant parce que des arbres ont poussé dessus ! » s’exclame-t-elle en désignant le sommet de la masse de terre et de plastique qui se dresse devant elle en lisière d’un bois vosgien, sur le territoire officiellement protégé où sont embouteillées les eaux minérales de Nestlé.

    Malgré les nombreuses alertes lancées auprès de l’industriel et de la mairie de Vittel depuis sa découverte de la décharge sauvage, en 2014, la « montagne » de Christiane Vuattoux n’a pas bougé d’un pouce. « Je les ai même ramenés ici, se souvient-elle au sujet de la visite d’employés mandatés par une filière de Nestlé, sur les lieux. Ils m’ont dit “Ne vous inquiétez pas, on va tout enlever !” » Depuis, plus rien.

    Colline de #bouteilles plastique

    Venu prêter main-forte à la professeure retraitée pour sonder la décharge à la recherche de preuves de l’implication de Nestlé, Bernard Schmitt est un habitué des promesses non tenues. Sa compagne Renée-Lise Rothiot et lui-même sont à la pointe du combat citoyen contre le géant de l’eau en bouteilles et dirigent un collectif devenu le relais incontournable pour tous les lanceurs d’alerte de la région, à l’instar de Christiane Vuattoux. A les voir arpenter la colline de bouteilles plastique, bêche dans une main, appareil photo dans l’autre, on comprend vite qu’ils en ont vu d’autres. Le couple de médecins retraités se dit malgré tout « sidéré » par cette décharge qui s’étend sur une centaine de mètres de long et une dizaine de hauteur. « Tout près d’ici, il y a les cinq forages Hépar, qui est l’eau la plus superficielle exploitée sur Vittel », rappelle Bernard Schmitt.

    Ce que les militants ignorent, c’est que Nestlé a discrètement tenté de faire le ménage suite aux premiers signalements, en 2014. Du moins en surface. C’est ce que révèle à Libération un entrepreneur vosgien qui souhaite garder l’anonymat. Début 2014, un haut cadre de Nestlé le contacte pour lui confier une mission hautement sensible : ôter les bouteilles de la décharge qui ont refait surface au fil des ans et qui commencent à attirer l’attention des promeneurs, dans ce petit bois en lisière de prairie. Il s’agit du directeur d’#Agrivair, la filiale « verte » de Nestlé qui organise chaque année des ateliers pédagogiques pour apprendre aux enfants « les bons gestes avec les déchets ». Cette filiale est propriétaire du terrain depuis 2001, selon un document fiscal que nous avons pu consulter.

    Les employés de l’entreprise du bâtiment travaillent sur le site pendant trois jours. « Les bennes étaient mises à disposition par Nestlé et les bouteilles repartaient chez eux, se souvient le chef d’entreprise, facture à l’appui. On a enlevé les bouteilles les plus visibles, en bas du talus. » Une mission interrompue par Nestlé dès que celles-ci furent ôtées, sans que la multinationale ne juge utile de s’attaquer à la face immergée de l’iceberg. Coût de l’opération : 6 312 euros.

    Autre décharge, mêmes méthodes. L’imposante tractopelle mord dans le mille-feuille de déchets plastique qui émerge, sur un terrain boueux situé à dix minutes de l’usine d’embouteillage de #Contrexéville. Les mains enfoncées dans les poches de leurs imperméables, les frères Thouvenin observent le ballet de la machine, mâchoires serrées. En 2014 déjà, les deux agriculteurs vosgiens dénoncent l’enfouissement discret de déchets par la multinationale suisse sur ce terrain, devant une caméra de France 5. Sollicitée à l’époque par les réalisateurs du documentaire, Nestlé promettait de s’occuper du problème. Six années plus tard, les détritus continuent de se désagréger dans le sol, représentant un risque de pollution des nappes phréatiques.
    Silence radio

    Des pratiques hors-la-loi, rappelle Aurore Chaigneau, professeure de droit à l’université Paris-Nanterre. « Même sur sa propriété, on n’a pas le droit de polluer. Il existe des règles relatives aux décharges sauvages ou à l’abandon de déchets qui peuvent trouver application », explique la spécialiste du droit de propriété, rappelant qu’un propriétaire a « quelques obligations environnementales ». Une analyse que partage Jean-François Fleck, président de Vosges Nature Environnement. « On se pose la question de la réglementation en vigueur à l’époque où ces déchets ont été enfouis, mais en tout état de cause ça s’est fait de manière sauvage, ça n’est pas enregistré à notre connaissance comme site pollué. C’est très grave parce qu’on ne connaît pas la destination future de ces terres. On va demander que ces terrains soient réhabilités aux frais de l’entreprise », prévient-il, redoutant la pollution des nappes phréatiques du secteur.

    Contactée par Libération, l’entreprise n’a pas répondu à nos nombreuses questions, que ce soit sur les risques de pollution de la nappe phréatique ou la dépollution des sites. Malgré ce silence radio, le dossier pourrait bien prendre une tournure administrative. Selon un courrier de la préfecture des Vosges que nous avons pu consulter, l’inspection des sites classés « s’est saisie du dossier ».

    « On se disait qu’il y aurait une prise de conscience et qu’ils allaient tout retraiter, mais au final ils se moquent de tout », lâche le cadet des Thouvenin en désignant les bâches plastifiées et bouchons de bouteilles exhumés par l’engin de chantier. Dans ce coin du Grand-Est, ce sont plus de 1,5 milliard de bouteilles estampillées Vittel, Contrex ou Hépar qui sont produites chaque année par l’entreprise helvète. Dans le secteur, rares sont les familles qui n’ont pas au moins un membre qui « travaille à l’usine ». Comprendre l’un des deux établissements de Nestlé. Face au géant qui « mutile, assèche et se fait du fric », les Thouvenin l’assurent : ils ne sont plus seuls à dire stop. « Il y a de plus en plus de monde qui a envie de charger le fusil. »

    Signe de la fébrilité de la multinationale de l’eau, une plainte a été déposée contre l’un des frères Thouvenin pour « violation et dégradation de propriété privée en réunion ». Une plainte qui lui a été notifiée lors d’une convocation à la gendarmerie de Vittel, le 22 mai, comme l’intéressé le confie à Libération. Ce qu’on lui reproche : s’être introduit sur le terrain de Nestlé pour y dénoncer l’imposante décharge sauvage.

    #Pompages illégaux

    Dans ce contexte de plus en plus tendu, Bernard Schmitt et Renée-Lise Rothiot sont devenus les porte-parole des révoltés de l’eau. Quelques jours avant d’explorer la décharge de bouteilles signalée par Christiane Vuattoux, pelle à la main, les deux médecins à la retraite donnaient une conférence de presse sur un dépôt illégal jouxtant un terrain appartenant à Agrivair. Leur message était clair : contrairement à ce qu’elle affirme, Nestlé ne peut ignorer la présence de tous ces déchets à ses portes. « Depuis, pleins de gens nous ont signalé des décharges », se réjouit Bernard Schmitt.

    Quelques mois auparavant, c’était une plainte collective contre Nestlé pour « exploitation de forages et prélèvements d’eau sans autorisation » sur les communes de Vittel et Contrexéville qui occupait le couple, aux côtés de la fédération écologiste France Nature Environnement et de l’UFC-Que Choisir. Plus d’un milliard de litres d’eau auraient ainsi été pompées sans autorisation par Nestlé, dans une région où les arrêtés sécheresse rythment chaque été. Avant de quitter les lieux de la décharge sauvage, Bernard Schmitt jette un œil à la cagette que sa compagne remplit de bouteilles tout juste déterrées. « On présentera ces échantillons à notre prochaine action », glisse cette dernière en ajustant ses lunettes ruisselantes.

    Les décharges illégales ne sont que le dernier épisode de la colère qui enfle contre Nestlé dans ce coin paupérisé des Vosges, où la bataille pour l’eau fait de plus en plus de bruit. Si la production d’énergie rafle les deux tiers des prélèvements d’eau en France, le tiers restant doit être réparti entre l’agriculture, l’industrie (dont les géants de l’eau minérale comme Nestlé) et les usagers. Sur le secteur de Vittel et Contrexéville, l’embouteilleur suisse n’est pas que le premier employeur, dont les marques d’eau font la fierté du territoire depuis le XIXe siècle. Il est également – et de loin – le premier consommateur industriel d’eau.
    « Porte du désert »

    Dans la rue du cimetière de Valfroicourt, entre Vittel et Epinal, les époux Chevrier sont la mémoire vivante de cet affrontement pour l’or bleu. « L’accès à l’eau est un droit qu’il faut défendre », lâche l’exploitant retraité. Sa compagne et lui-même ont vu arriver l’eau courante dans le village en 1972. Quatre ans plus tard, la commune décidait de privatiser la fontaine publique, vestige de l’époque où il fallait porter la précieuse ressource par seaux entiers jusque chez soi. « Pas question ! » pour les Chevrier, qui décident de s’enchaîner à la fontaine avec une paire d’amis et quelques pancartes. Prise de court, la commune fera marche arrière, rapidement imitée par d’autres.

    Près de cinquante ans après leur coup d’éclat, c’est un projet contesté de pipeline d’eau potable qui a remis les deux retraités en selle. Avec un nouvel ennemi en ligne de mire : Nestlé. En 2018, la commission locale de l’eau a souhaité acheminer de l’eau potable aux habitants de trois communes dont Vittel depuis une nappe située à une quinzaine de kilomètres de là – notamment sous Valfroicourt. Si l’objectif affiché par les élus locaux est de soulager la nappe phréatique en déficit chronique, le message qu’ils envoient est dévastateur : ce serait aux habitants d’aller boire ailleurs, et non à l’industriel suisse de baisser ses prélèvements.

    « Nous avons déjà deux forages sur notre commune, qui alimentent 21 communes du secteur, on craignait qu’en venant forer sur notre nappe on se retrouve en rupture de stock », expose Jean-Marie Chevrier. Pour signifier son opposition au projet soutenu par Nestlé, l’agriculteur érige un monument de paille au bord de la départementale qui traverse Valfroicourt, barrée de l’inscription « Porte du désert ».

    Face à la mobilisation citoyenne, les tuyaux du pipeline ne seront finalement pas posés. Afin de reprendre la main dans ce dossier embarrassant, la préfecture des Vosges a annoncé la création d’un « observatoire indépendant des ressources en eau » d’ici 2022, qui devra revoir la répartition de l’eau sur le secteur. Longtemps complaisant avec le producteur d’eau minérale, le préfet a prévenu : « Les besoins en eau potable des populations à partir des seules ressources locales [sont] prioritaires ».

    https://www.liberation.fr/resizer/QNfu1KwO-lfq5cYgJSmNNd_uLOo=/1440x0/filters:format(jpg):quality(70):focal(644x456:654x466)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/GSHVL53FBFELPBZOANOF5BSK3Q.jpg

    Les échos du combat vosgien pour l’eau sont parvenus jusqu’aux oreilles de Mathilde Panot. La députée La France insoumise de la 10e circonscription du Val-de-Marne en est convaincue : « Vittel est l’exemple de ce qui se passe de plus fort en termes de main basse sur l’eau par des intérêts privés avec des conséquences dramatiques. » Les sécheresses des dernières années sont pour elles le signal que le législateur doit intervenir. « Nous ne pouvons pas laisser des multinationales continuer à faire du profit et à gaspiller l’eau alors qu’on en a impérativement besoin », assure la présidente de la toute jeune commission d’enquête sur l’industrie de l’eau. Début avril, elle a embarqué des députés en TGV pour aller constater les décharges vittelloises de Nestlé.

    En attendant le rapport parlementaire, attendu début juillet et qui sera sans doute un nouveau pavé dans la mare de Nestlé Waters, Mathilde Panot a pu cuisiner les cadres de l’entreprise suisse. Lors d’une audition en visioconférence le 22 avril, elle interroge Sophie Dubois, la directrice générale de Nestlé Waters France, sur l’inaction de la société suite aux alertes concernant ses deux décharges sauvages. La responsable de la multinationale ne voit pas le problème. « Nous avons engagé un diagnostic de la situation en 2019. Nous aurons le résultat de nos analyses cet été, ce qui nous permettra de prendre les mesures les plus adaptées pour résorber cette situation en accord avec les services de l’Etat », balaye-t-elle.
    Prise illégale d’intérêts

    Interrogée sur les cinq années séparant les premières alertes et la commande de ce « diagnostic », la patronne de Nestlé Waters France relativise : « Ça ne fait pas si longtemps par rapport à l’existence de ces anciens dépôts de déchets, qui datent des années 60 et 70 et dont Nestlé Waters a hérité. » Un délai également justifié par… le temps qui s’est écoulé sans que rien ne soit fait. « La situation est complexe à gérer parce que la végétation a repoussé sur ces sites, qui se sont reboisés naturellement », conclut la responsable de Nestlé à propos de cet « héritage du passé ».

    Dans le rapport de force entre Nestlé et une partie de la société civile, les mauvaises nouvelles sont aussi judiciaires. Suite à un signalement de l’association anticorruption Anticor à l’encontre de l’ex-présidente de la commission locale de l’eau, cette élue locale et l’association présidée par son mari, passé par l’entreprise suisse, devront répondre d’accusations de prise illégale d’intérêts en faveur de la multinationale devant le tribunal de Nancy, en septembre. Il leur est notamment reproché d’avoir favorisé le projet de pipeline d’eau potable malgré leurs liens avec l’entreprise concernée. Chez les Schmitt, les pancartes sont déjà prêtes pour le jour du verdict.

    https://www.liberation.fr/environnement/pollution/a-vittel-nestle-entre-faux-verdissement-et-vrais-dechets-20210526_XU3VVCV

    #eau #eau_en_bouteille #extractivisme

  • Qualité de l’eau : la Suisse inquiète pour son or bleu

    La Suisse possède de grandes réserves d’eau. En tout temps, chaque ménage a accès à de l’eau potable propre. Du moins dans l’idéal… Car le « château d’eau de l’Europe » révèle des fissures.

    En Suisse, les matières premières sont peu abondantes, mais l’eau coule à flots. Ce n’est pas pour rien qu’on dit du pays qu’il est le château d’eau de l’Europe. Le Rhin et le Rhône, qui se jettent dans l’Atlantique et la mer Méditerranée, y prennent leur source et les torrents et rivières suisses alimentent aussi le Pô, le Danube et l’Adige. Les lacs et nappes phréatiques suisses contiennent d’énormes réserves d’or bleu. Certes, le changement climatique rend les étés plus secs, fait fondre les glaciers et tarit localement des sources. Mais la Suisse pourra toujours compter sur les précipitations, qui constituent sa principale ressource en eau. Les réservoirs aquifères sont essentiellement alimentés par les chutes de pluie pendant l’hiver. Chaque année, il tombe en Suisse en moyenne 60 milliards de km3 d’eau du ciel, ce qui correspond au volume des lacs de Constance et des Quatre-Cantons réunis. Du point de vue purement quantitatif, l’approvisionnement en eau ne semble pas en danger en Suisse. Mais sa qualité fait de plus en plus débat.

    Des traces de pesticides dans l’eau potable

    80 % de l’eau potable en Suisse provient des sources et des eaux souterraines, et 20 % des lacs. Les plus grands réservoirs aquifères se trouvent sous le sol des vallées et des plaines fertiles du Plateau suisse, là où l’on cultive légumes et céréales. Sur ces terres agricoles à l’exploitation intensive, on utilise depuis des décennies des pesticides controversés. Dernier exemple en date, le #chlorothalonil, un #fongicide présent dans les produits phytosanitaires qui sont pulvérisés sur les champs depuis les années 1970 pour lutter contre les infestations fongiques.

    Le chlorothalonil a été interdit en 2020, après que les autorités l’ont estimé potentiellement dangereux pour la santé. Son fabricant, #Syngenta, conteste vigoureusement qu’il est probablement cancérigène. Le groupe agrochimique a obtenu par voie judiciaire que l’Office fédéral de l’agriculture retire de son site web une mention dans ce sens jusqu’à la décision définitive du Tribunal fédéral dans cette affaire.

    Mais l’interdiction du chlorothalonil ne résout pas le problème pour l’approvisionnement en eau potable. Car les résidus issus de la décomposition de ce produit phytosanitaire – les #métabolites – continueront de polluer les #eaux_souterraines pendant des années encore. D’après les prescriptions fédérales, ce type de substances « pertinentes » ne doit pas dépasser la valeur de 0,1 microgramme par litre d’eau potable. C’est pourtant le cas dans les zones d’#agriculture_intensive du Plateau suisse, notamment dans le canton de #Soleure : « Dans les plaines de la vallée, ce seuil est dépassé dans presque tous les captages d’eau ; dans certains cas, on enregistre même des quantités 20 fois plus importantes », constate Martin Würsten. Depuis qu’il est à la retraite, l’ancien chef du département de l’environnement soleurois se bat aux côtés de la communauté d’intérêts « #4aqua », qui regroupe des dizaines d’experts de l’eau et de l’environnement bien décidés à donner à l’eau « une voix politique fondée sur des faits ».

    Un million d’habitants concernés

    Pour Martin Würsten, cette voix a été trop peu entendue ces dernières dizaines d’années.

    « Tandis que l’on a fait d’immenses progrès dans l’épuration des eaux usées, la pollution des eaux par l’agriculture ne s’est presque pas améliorée au cours de ces 20 dernières années. »

    Martin Würsten, ancien chef du département de l’environnement soleurois

    Martin Würsten désapprouve aussi le fait que tous les pesticides pulvérisés sur les champs ne font pas l’objet d’études aussi détaillées que le chlorothalonil récemment : « Or, ce qui n’est pas encore considéré comme pertinent pour la santé aujourd’hui le sera demain ». Les experts de « 4aqua » exigent par conséquent plus de transparence et de contrôle dans l’autorisation des pesticides synthétiques. Actuellement, on en utilise environ 370 en Suisse.

    Sur le Plateau, près d’un million de personnes sont actuellement approvisionnées en eau potable contenant des pesticides et ne satisfaisant pas aux exigences de la législation sur les denrées alimentaires. Les autorités ont donné un délai de deux ans aux fournisseurs d’eau potable pour abaisser les résidus de chlorothalonil au seuil autorisé. Il est possible de le faire par exemple en diluant l’eau, c’est-à-dire en lui ajoutant de l’eau non polluée. Un réseau de distribution d’eau du Seeland bernois entend éliminer les résidus par l’utilisation d’un nouveau filtre. D’après Martin Würsten, cela ne résout que partiellement ce grave problème. Car on s’écarte ainsi du principe qui veut que les eaux souterraines, en Suisse, ne doivent pas être traitées à grands frais.

    Deux #initiatives en votation

    Martin Würsten et ses camarades de lutte de « 4aqua » soutiennent ainsi l’initiative populaire pour une eau potable sur laquelle les Suisses voteront le 13 juin. Lancée par un comité de citoyens apolitiques, celle-ci réclame qu’à l’avenir, seuls les paysans qui renoncent à l’utilisation de pesticides et à l’administration régulière d’antibiotiques dans l’élevage puissent encore toucher des subventions publiques. À la même date, le peuple devra aussi se prononcer sur l’initiative « Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse » qui vise, elle, à interdire complètement l’utilisation de tels pesticides. L’interdiction s’appliquerait également à l’importation de produits alimentaires fabriqués à l’aide de produits phytosanitaires synthétiques.

    Pour l’Union suisse des paysans, les deux initiatives vont beaucoup trop loin, car elles rendraient la production nationale et régionale plus difficile, voire impossible. Si l’agriculture devait renoncer aux pesticides, cela entraînerait une baisse d’au moins 30 % de la production, affirment les opposants. L’Union suisse des paysans prévient même que les pommes de terre, le colza ou les betteraves sucrières ne pourront plus guère être cultivés en Suisse. Mais tous les paysans ne partagent pas ces craintes. Ainsi Bio Suisse, l’association faîtière des producteurs suisses bio, soutient l’initiative sur les pesticides parce qu’elle correspond aux principes fondamentaux de l’agriculture biologique. Bio Suisse est plus sceptique quant à l’initiative sur l’eau potable, qui demande que les paysans ne puissent détenir que le cheptel qu’ils sont en mesure de nourrir avec leur propre fourrage. Pour les petites exploitations biologiques, cela pourrait être un problème.

    Le Conseil fédéral et la majorité du Parlement recommandent au peuple de rejeter les deux initiatives. De leur point de vue, elles font du tort à l’agriculture et mettent en péril la sécurité alimentaire en Suisse. En ce qui concerne les pesticides, le gouvernement a promis des améliorations dans le cadre de la Politique agricole à partir de 2022. Mais le Conseil des États a gelé ce projet, tout en se montrant prêt à adopter des mesures modérées pour une meilleure protection des eaux souterraines. Le Parlement entend ainsi couper l’herbe sous les pieds des initiatives dans une campagne de votation qui s’annonce très émotionnelle. Quoiqu’il en soit, la votation du 13 juin aura les contours d’un plébiscite sur l’avenir de l’agriculture suisse, allant bien au-delà des débats sur l’eau potable propre.

    https://www.swisscommunity.org/fr/nouvelles-et-medias/revue-suisse/article/ombres-sur-lor-bleu
    #Suisse #eau #eau_potable #pesticides #pollution #agriculture #industrie_agro-alimentaire

    ping @albertocampiphoto

  • #Développement_humain (2020)

    - L´#indice_de_développement_humain et ses composantes
    – L´évolution de l´indice de développement humain
    – L´indice de développement humain ajusté aux #inégalités
    – L´indice de développement de #genre
    – L´indice d´#inégalités_de_genre
    – Indice de #pauvreté multidimensionnelle : pays en développement
    – Tendances démographiques
    #Santé
    – Niveaux d´#instruction
    #Revenu_national et composition des ressources
    #Travail et #emploi
    #Sécurité_humaine
    #Mobilité humaine et flux de capitaux
    – Qualité du développement humain
    – Inégalités femmes-hommes sur le cycle de vie
    – Autonomisation des #femmes
    #Durabilité_environnementale
    – Viabilité socio-économique

    http://www.cartostat.eu/dr=2020_developpement_humain/F/TABLEAU.html

    #cartothèque #cartes #visualisations #développement_humain
    #ressources_pédagogiques #statistiques #chiffres #monde
    #inégalités #démographie #éducation #mobilité_humaine #dette #tourisme #migrations #téléphone #téléphone_mobile #mortalité_infantile #paludisme #tuberculeuse #VIH #HIV #scolarisation #alphabétisation #PIB #chômage #réfugiés #IDPs #déplacés_internes #suicide #suicides #violence_domestique #violence_conjugale #alimentation #déficit_alimentaire #espérance_de_vie #lits_d'hôpitaux #soins #médecin #PISA #électricité #eau_potable #assainissement #travail_domestique #accouchement #contraception #congé_maternité #combustibles_fossiles #CO2 #émissions_de_CO2 #forêt #engrais #industrie_agro-alimentaire #pollution #pollution_atmosphérique #hygiène #dépenses_militaires #armée #pauvreté

    ping @reka

  • Cuba Prioritises Sustainable Water Management in the Face of Climate Challenges | Inter Press Service
    http://www.ipsnews.net/2021/02/cuba-prioritises-sustainable-water-management-face-climate-challenges

    With the construction of aqueducts, water purification and desalination plants, and investments to upgrade hydraulic infrastructure, #Cuba is seeking to manage the impacts of droughts and floods that are intensifying with climate change.

    #eau #eau_douce #eau_potable #infrastructures #désalinisation #climat

  • Quel droit à l’eau pour les femmes migrantes à Paris ?

    Trois étudiantes présentent leurs recherches sur l’accès à l’eau et à l’#assainissement

    Chaque année, l’École de droit de Sciences Po propose des “Cliniques” : des programmes pédagogiques situés à mi-chemin entre théorie et pratique, articulés autour d’une mission d’intérêt public. Pendant neuf mois, Eline, Ivana et Juliette, étudiantes en première année de Master, ont étudié le sujet de l’accès à l’#eau_potable des populations migrantes, notamment des femmes migrantes, afin d’approfondir l’expertise du collectif #Coalition_Eau. Elles racontent.

    Pourquoi avez-vous choisi de participer à la Clinique de l’École de droit de Sciences Po ?

    Ivana : Je suis étudiante dans le Master Human Rights and Humanitarian Action de l’École des affaires internationales de Sciences Po : poursuivre des études en droits humains peut parfois être trop théorique ; c’est là que le modèle de la Clinique devient très intéressant : le programme Human Rights, Economic Development and Globalisation, propose une approche transversale et assez pratique de ce que signifie être un défenseur des droits humains dans la “vraie vie”. On mélange des études de cas avec des jeux de rôles, et tout au long de l’année on travaille sur un projet de recherche avec une organisation partenaire.

    Avec Eline et Juliette, nous avons travaillé avec le #collectif_Coalition_Eau. Au début de l’année, ça a été un peu une surprise puisqu’aucune de nous trois n’avait postulé pour ce projet sur l’accès à l’eau et à l’assainissement — il nous a été attribué par nos professeurs. Mais aujourd’hui j’aurais du mal à nous imaginer dans un autre projet de Clinique ! C’est un sujet qui nous tient vraiment à coeur. En France, l’accès à l’eau n’est pas considéré comme un droit humain. Certes, il existe un cadre légal autour de l’accès à l’eau, mais il se concentre sur la qualité de celle-ci et non pas sur la garantie d’un accès universel. Ce projet nous a aussi permis de mettre en avant le fait que les problématiques d’accès à l’eau et à l’assainissement ne sont pas exclusives aux pays en développement.

    Pouvez-vous nous décrire les principaux enjeux liés au droit à l’eau pour les femmes migrantes en France aujourd’hui ?

    Eline : En France, 1,4 millions de personnes sont déconnectées du réseau d’eau potable : elles doivent utiliser les services basiques proposés par l’État, comme les fontaines, les toilettes et les douches publiques. On compte environ 250 000 personnes sans-abri, dont 20% à 40% de femmes. Invisibles et invisibilisées, ces femmes sont pourtant celles qui souffrent le plus de cette déconnexion. En tant que femmes, elles sont confrontées à des difficultés spécifiques, comme la gestion de leurs menstruations et le contact avec des toilettes non-conformes aux normes d’hygiène. Non seulement ces femmes sont plus exposées aux risques d’infections urinaires et vaginales et de maladies dermatologiques que les hommes en raison du faible accès à l’eau et à l’assainissement, mais la plupart d’entre elles se sentent en insécurité et utilisent ces services avec la crainte d’être agressées. Ces exemples montrent que la mise en place d’installations unisexes et mixtes ne garantit pas une égalité d’accès.

    Ivana : Lorsque l’on étudie le droit à l’accès à l’eau, on distingue l’eau destinée à la consommation humaine — c’est à dire l’eau potable —, et l’eau utilisée pour se laver, qui correspond à l’assainissement. Nous avons travaillé sur ces deux aspects, et il apparaît que le droit à l’assainissement est le plus problématique : comme l’a dit Eline, la peur de subir des agressions désincite certaines femmes à utiliser les services sanitaires de la ville de Paris qui sont mixtes ; de plus, dans tout la ville, seulement neuf toilettes publiques possèdent une table à langer. Les besoins spécifiques des femmes ne sont pas assez pris en compte dans l’offre de services sanitaires : seules 1,5% des infrastructures existantes prennent en compte ces spécificités et les incluent dans leur offre de services.

    Quelles recommandations avez-vous formulées suite à votre analyse ? Existe-t-il des solutions ?

    Juliette : Au regard de la situation dont nous avons été témoins, nous avons formulé des recommandations au plus près des besoins et à plus ou moins long terme. Premièrement, de manière transversale et systématique, nous recommandons la participation des femmes concernées aux processus de décision. C’est une nécessité à la fois d’un point de vue pratique — car elles sont les mieux placées pour connaître leur réalité — mais aussi car le public concerné par une situation est le plus légitime pour intervenir dans des décisions le concernant.
    Une autre recommandation primordiale, à plus long terme, est la reconnaissance formelle par la France du droit humain à l’eau et à l’assainissement. Ce droit a été reconnu comme tel par les Nations Unies il y a maintenant dix ans et la France doit en faire de même.

    De manière plus immédiate, nous recommandons l’installation de davantage de points d’eau, de douches, de sanitaires et de lieux d’accueil spécifiquement dédiées aux femmes ; le groupe des femmes n’étant pas un groupe homogène, une constante et nécessaire attention devra être portée à la prise en compte des besoins relatifs à chaque situation : le statut migratoire, la langue parlée, les enfants, l’ancienneté dans la rue, les violences subies, etc.

    Enfin, nous recommandons ardemment de relancer le programme de l’INSEE d’enquête et de production de données sur la population sans abri ; les dernières données officielles remontent à 2012. Or, la collecte régulière et détaillée de statistiques est indispensable au respect des droits humains : il n’est pas possible de les mettre en oeuvre si les personnes laissées pour compte sont invisibles.

    Donc en définitive : oui les solutions existent, et la ville de Paris reste un bon exemple en la matière. Néanmoins, tant que ces problématiques ne gagneront pas en visibilité, tant que les victimes ne seront pas écoutées, tant que l’accès à l’eau ne sera pas universel dans son application, la situation n’évoluera pas.

    Comment la crise liée au Coronavirus Covid-19 impacte-t-elle l’accès à l’eau des personnes migrantes ?

    Eline : La crise du Coronavirus Covid-19 a montré qu’il était plus que jamais crucial que les principes fondamentaux des #droits_humains soient respectés. Lorsque l’on dit que "se laver les mains peut sauver des vies" mais que des centaines de personnes — et notamment des femmes — migrantes et sans abri n’ont pas accès ni à l’eau potable, ni à du savon, cela met en lumière les profondes inégalités qui traversent notre société.
    Nous savons que beaucoup de migrantes vivent dans des campements de fortune autour de Paris, où il est impossible de mettre en place la distanciation sociale et le confinement. Les femmes migrantes sont aussi davantage mal logées, dans des petits espaces collectifs où les installations sanitaires sont partagées entre les habitants, augmentant considérablement le risque de contracter le virus. De plus, les femmes migrantes occupant habituellement des emplois informels — comme la garde d’enfants, la vente de nourriture dans la rue ou du ménage — elles ont perdu une source de revenu.

    Un autre point important est soulevé dans notre recherche : le fait que les femmes sans abri ont souvent d’importants problèmes de santé, qui sont parfois causés par un manque d’accès à l’eau et à l’assainissement ; et l’on sait que le Coronavirus est très dangereux pour ces personnes….

    En d’autres termes : la crise du Coronavirus fait non seulement courir un risque plus important aux personnes dont les droits fondamentaux ne sont pas respectés — c’est notamment le cas des femmes migrantes et de leur droit à l’accès à l’eau — mais amplifie aussi les problématiques préexistantes. C’est pour cette raison que nous appelons le gouvernement français à reconnaître ces droits humains fondamentaux pour toutes et tous et à garantir à toutes les femmes, quelles que soient leurs conditions de logement ou leurs parcours migratoires, un accès à l’eau potable et à l’assainissement.

    https://www.sciencespo.fr/programme-presage/fr/actualites/quel-droit-l-eau-pour-les-femmes-migrantes-paris

    #eau #droit_à_l'eau #eau #femmes #femmes_migrantes #Paris #law_clinic #droits_fondamentaux #pandémie #covid-19 #coronavirus

  • Métropole de Lyon : la gestion de l’eau potable redeviendra publique en 2023
    https://www.bfmtv.com/economie/metropole-de-lyon-la-gestion-de-l-eau-potable-redeviendra-publique-en-2023_AD

    Promesse de campagne des écologistes, la métropole de Lyon va reprendre la main sur la gestion de son eau potable. La nouvelle majorité métropolitaine lance le chantier : une régie publique sera chargée, dès le 1er janvier 2023, de produire et de distribuer les 245.000 m3 d’eau nécessaires chaque jour à l’agglomération et à ses 1,2 million d’habitants. Ce marché de 88 millions d’euros annuels échappe au groupe Veolia qui assure l’exploitation du réseau depuis 2015, dans le cadre d’une délégation de service public (DSP) qui arrive à échéance en décembre 2022. [...]

    L’objectif : une meilleure « préservation de la ressource », et non une baisse des tarifs, assurent les écologistes lyonnais. « Il n’y aura pas de changement tarifaire, dans un premier temps du moins, à l’exception d’une tarification sociale et solidaire ayant pour objectif que les premiers mètres cubes soient gratuits pour les plus précaires », a indiqué Bruno Bernard. Les bénéfices dégagés devraient servir, selon la municipalité, à intensifier la lutte contre les fuites du réseau ou à engager des actions pour réduire l’usage des pesticides par les agriculteurs proches du site de captage.

    #eau #communs

  • #soutenance_de_thèse de Mathilde Resch, le 4 décembre 2020 à 14h (visioconférence)
    https://reseaux.parisnanterre.fr/soutenance-de-these-de-mathilde-resch-le-4-decembre-2020-a-14h

    Nous avons le plaisir de vous annoncer la soutenance de thèse de Mathilde Resch intitulée «  Les territoires d’approvisionnement en #eau_potable de #Paris. Du transfert à la préservation des ressources ». Cette soutenance se déroulera le 4 décembre 2020 … Lire la suite

    #Événements #approvisionnement #géographie

  • Rassemblement contre la méthanisation | La belle verte
    https://soundcloud.com/vos-gueules-les-mouettes/rassemblement-contre-la-methanisation

    Le 30 août 2020 avait lieu un rassemblement contre la méthanisation en France suite au débordement de la cuve du méthaniseur de Châteaulin rendant, pendant plusieurs jours, l’eau du robinet impropre à la consommation. 180 000 perrsonnes du Finistère étaient privées d’eau potable... Durée : 1h05. Source : Vos Gueules les Mouettes

  • A #Volvic, #Danone puise et épuise l’eau

    À Volvic, Danone assure « ne pas prendre à la nature plus que ce qu’elle est capable de nous donner ». En réalité, la multinationale augmente ses prélèvements pendant les mois les plus chauds, portant atteinte aux riverains et aux eaux de surface. En toute connaissance de cause et sous le regard bienveillant des autorités.

    Tapie derrière l’image verte de son « eau des volcans », la #Société_des_eaux_de_Volvic (#SEV) se targue d’« encourager des pratiques d’hydratation plus saines et durables dans le respect de notre écosystème ». Cette communication cache pourtant une vérité dérangeante : la SEV a augmenté le débit de ses forages en pleine période de sécheresse, en 2015, 2017 et 2018, comme le montrent des documents confidentiels que Mediapart a pu obtenir. Loin de porter le fer contre la multinationale, les services de l’État ont fermé les yeux sur ces pratiques et permis à l’entreprise de doubler ses prélèvements en vingt ans. L’entreprise consomme aujourd’hui dix fois plus d’eau que la population locale.

    En plein mois de juillet 2015, alors que la sécheresse ravage le Puy-de-Dôme, obligeant la préfecture à constituer une mission d’enquête sur l’étendue des dégâts, le minéralier français appuie sur l’accélérateur. Plus de 250 millions de litres d’eau sont extraits de la nappe en quatre semaines, soit 15 % de plus que la moyenne annuelle. De quoi continuer à remplir plusieurs millions de bouteilles par jour, exportées ensuite vers des dizaines de pays à travers le monde.

    Ce comportement, en contradiction totale avec toutes les affirmations de la multinationale, se reproduit en juillet et en août 2017. Dans un compte-rendu du comité de suivi de « l’aquifère de Volvic », qui réunit services de l’État, syndicat des eaux et représentants de la multinationale, il est question de « légère augmentation » des prélèvements pendant ces deux mois. Sans que les représentants de l’État présents n’y trouvent à redire. L’été 2017 est pourtant une période particulièrement chaude qui pousse la préfecture à prendre des mesures drastiques de réduction de la consommation d’eau pour tous les usagers du département… à l’exception notable de la SEV*.

    Interrogé sur cette pratique, Danone nie en bloc. « Dans le contexte de sécheresse, depuis 2017, nous réduisons chaque année nos prélèvements lors des mois d’été », affirme une agence spécialisée dans la communication de crise, au nom du géant de l’agroalimentaire, avançant même le chiffre invérifiable de « 500 millions de litres d’eau économisés entre 2017 et 2020 ». Une affirmation contredite par les chiffres en possession de Mediapart.

    En 2018, c’est bien en janvier, puis de juin à août, que les forages de Danone ont été les plus performants, comme le montre un document confidentiel de la Direction départementale des territoires du Puy-de-Dôme. Encore une fois, cette augmentation des prélèvements intervient pendant un été particulièrement aride, au point que la préfecture du Puy-de-Dôme reconnaît l’état de catastrophe naturelle sécheresse pour 75 communes du département. Et, encore une fois, les services de l’État en sont informés et ne réagissent pas, ces prélèvements respectant de justesse les limites autorisées par la préfecture. « Les prélèvements sont plafonnés mensuellement, dans l’arrêté d’autorisation. Chaque année le service police de l’eau s’assure du respect de l’intégralité de l’arrêté, notamment des prélèvements réalisés en été », se contente de préciser la préfecture.

    Pour Jacky Massy, de l’association environnementale Preva*, l’appétit du géant français de l’eau met directement en danger les cours d’eau qui dépendent de la nappe exploitée, dont le Gargouilloux. « Tout type de prélèvements opérés sur la nappe impacte l’aval (et les cours d’eau) », explique-t-il. Pour réduire son empreinte écologique, l’activiste aimerait que Danone se limite « au marché national » et ne produise plus que des bouteilles en verre. « Aujourd’hui, avec cinq forages, il est clair qu’ils [Danone] ajoutent aux ennuis qu’on rencontre », conclut-il.

    Massy n’est pas le seul à s’inquiéter des méthodes de la multinationale et de l’attitude de l’État. Le ruisseau du Gargouilloux passe sur le domaine d’Édouard de Féligonde, situé à quelques encablures en aval de l’usine de Volvic. En cette mi-septembre, il n’est plus qu’un mince filet d’eau et les dizaines de bassins de pisciculture du propriétaire des lieux sont quasiment tous à sec. Pour Édouard de Féligonde, qui a d’abord pris la parole dans les colonnes du Monde, c’est bien l’activité de la multinationale qui est à l’origine de la pénurie. « Le comité de suivi de l’aquifère ne suit que les intérêts de Danone », cingle-t-il à propos de l’organe réunissant, depuis 2016, des représentants publics et de Danone afin de surveiller les prélèvements en eau. S’estimant lésé, Féligonde réclame plusieurs millions d’euros à la SEV, dont huit millions d’euros pour la seule remise en état de la partie de sa pisciculture classée monument historique.

    Des accusations confirmées par un document confidentiel de la Société des eaux de Volvic datant de 2017, que Mediapart a pu consulter. Il y est écrit que « l’impact des prélèvements au captage du Gargouilloux » a pu être mis « en évidence » en 2015. Sur le plus long terme, et avec l’aval des autorités, l’embouteilleur a quasiment doublé ses prélèvements depuis 1998, passant de 1,5 million de m3 à 2,7 millions en 2018 (page 29 sur 89 du document). Soit dix fois plus que la consommation annuelle d’eau potable des quelque 4 500 habitants de Volvic (page 5 sur 6 du rapport 2018 de la commune de Volvic). Parallèlement à cette explosion des prélèvements, le débit du Gargouilloux, situé à proximité immédiate du site industriel, a été divisé par sept entre 2013 et 2019, selon les chiffres de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) d’Auvergne.

    Danone continue pourtant de relativiser : « Nos analyses mettent en évidence le fait que la modification du débit s’explique essentiellement par des facteurs naturels », fait savoir l’entreprise. Sur son site, elle se veut encore plus rassurante : « L’Auvergne subit depuis plusieurs années un phénomène de sécheresse. Cela renforce les interrogations des citoyens, que nous comprenons aisément, sur la pérennité des ressources en eau. » Afin de préserver cette « ressource essentielle », Danone explique faire toute confiance à ses « experts [qui] veillent à sa gestion raisonnée ». Concernant l’eau pompée par ses soins, Danone se contente de renvoyer aux autorisations préfectorales en vigueur, sans évoquer les variations estivales : « Les quantités prélevées sont toujours en deçà des quantités autorisées par notre arrêté préfectoral. »

    Hasard malheureux du calendrier, c’est en plein bras de fer autour de la gestion de l’eau, et alors que la préfecture a annoncé pour la première fois dans la presse envisager une « baisse » des autorisations accordées à Danone, que l’État vient de valider en catimini, par un arrêté du 26 août 2020, « l’augmentation temporaire des débits » de forage de l’entreprise. Une autorisation qui intervient en pleine période de « vigilance sécheresse » et qui reste valable six mois, renouvelable une fois. « Les eaux du forage pompées durant les phases d’essai seront réinjectées dans l’aquifère en aval », précise l’arrêté, laissant à Danone le soin de réaliser lui-même le « bilan global » de cette opération, sans en préciser les modalités.

    Le but de cette dérogation ? Permettre à la firme de mener à bien la phase test de son tout nouveau forage, supposé remplacer un autre ouvrage, datant de 1968. Une opération qui ne devrait donc pas modifier les quantités globales prélevées par la SEV au cours de l’année, mais qui pourrait bien raviver les tensions, à quelques semaines d’une réunion entre les associations environnementales et le préfet. Malgré ce couac, la préfecture assure être consciente des enjeux. « Une approche globale est nécessaire et nous examinons depuis plusieurs mois, suite notamment à la sécheresse exceptionnelle de 2019, comment l’eau est consommée pour dégager des solutions à différents niveaux, expliquent les services préfectoraux du Puy-de-Dôme. L’approche doit concerner l’ensemble des prélèvements. »

    Si Danone continue de mettre en doute le lien direct entre ses prélèvements et la baisse des nappes souterraines, la corrélation a été confirmée en 2012 par une thèse de l’Institut de sciences et technologie de Paris. Mediapart a pu consulter ce document scientifique, classé confidentiel jusqu’au 31 décembre 2022. Une confidentialité à la demande du commanditaire des travaux, la Société des eaux de Volvic. L’auteur, Simon Rouquet, est formel : « On peut donc penser que le débit pompé au niveau du forage de Clairval [appartenant à Danone – ndlr] a une incidence sur le débit de la galerie du Goulet sur une durée de quelques jours. »

    Cette « galerie du Goulet » alimente plusieurs cours d’eau ainsi qu’une source utilisés pour alimenter les communes alentour en eau potable. Des données que Jean-François Béraud, expert hydrogéologue mandaté par les avocats de Féligonde, résume ainsi : « Quand on pompe davantage en haut, il y a moins d’eau en bas. »

    Une analyse que Danone réfute, préférant voir le verre à moitié plein. « Il ressort de nos études auprès des plus grands scientifiques hydrogéologues que la cause essentielle de la réduction du débit en aval consiste en des facteurs naturels (climat principalement, couvert forestier, etc.) », avance la firme. Avant de conclure : « Nos prélèvements en amont n’ont pas d’impacts significatifs sur le débit des sources de front de coulée en aval et permettent à l’aquifère de se renouveler. »

    Depuis la parution de la thèse de Simon Rouquet, il y a près de huit années, et en dépit de la communication récurrente du minéralier français, le lien entre les prélèvements de Danone et les ressources en eau de la région est clairement prouvé. Et bien connu des services de l’État, qui ont accordé une nouvelle autorisation de pomper à Danone, valable jusqu’en 2032, seulement deux ans après la publication doctorale.

    C’est un fonctionnaire d’une agence environnementale publique qui fut, à l’époque, rapporteur de la thèse de Simon Rouquet. Ce haut fonctionnaire est, entre-temps, passé avec armes et bagages chez… #Danone_Waters.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/250920/volvic-danone-puise-et-epuise-l-eau
    #eau #eau_potable #France #multinationales #extractivisme #forages #sécheresse #Puy-de-Dôme #eau_minérale #Gargouilloux #pisciculture #pénurie_d'eau #dérogation #Clairval #galerie_du_Goulet

    Une enquête signée @wereport

    • Wasser marsch !

      In der Werbung wirkt das Land bei Volvic wie eine grüne Idylle. Uralte Vulkane prägen die Landschaft rund um die kleine Gemeinde in der zentralfranzösischen Auvergne, aus der das Volvic-Mineralwasser stammt. Der Konzern Danone lässt es hier fördern, in Flaschen füllen und verspricht dabei, stets „nur so viel Wasser zu entnehmen, wie es die Natur erlaubt“.

      Viele Bewohner der Gegend bezweifeln das. Seit Jahren beobachten Bürger und Bauern, dass die Bäche weniger Wasser führen. An nur einem Tag, so hat eine Bürgerinitiative gezählt, hätten mehr als 200 Lastwagen und einige Dutzend Güterzüge die Abfüllanlage von Danone in Volvic verlassen. Ihre Ladung: Mineralwasser in Plastikflaschen für die Supermärkte der Welt.

      https://www.wereport.fr/articles/wasser-marsch-die-zeit

      #paywall, mais...

      Notre enquête #Volvic avec @dergrenzgaenger est l’article le plus lu et le plus partagé de la journée sur @zeitonline avec près de 150 000 vues

      https://twitter.com/alexabdelilah/status/1310231866499366914

    • À Volvic, la justice s’interroge sur les prélèvements d’eau de Danone

      L’État a-t-il accordé trop de droits de pompage à Danone sur les eaux de Volvic ? Ce 25 mai, la #justice a demandé de nouvelles expertises pour déterminer la #responsabilité de l’État dans l’asséchement d’une #pisciculture à Volvic.

      La justice demande des investigations supplémentaires. À Volvic, la #multinationale Danone est accusée d’avoir asséché une des plus vieilles piscicultures d’Europe pour remplir ses bouteilles. Mercredi 25 mai, le #tribunal_administratif de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) a ordonné une première expertise en géologie et hydrologie, pour déterminer si, oui ou non, il y a eu une réduction du débit des sources de l’élevage de poissons — et si cela est lié aux prélèvements de Danone. Une seconde expertise, économique celle-ci, devrait évaluer le préjudice lié à la perte d’exploitation et à la détérioration de la pisciculture.

      Petit retour en arrière. Les #eaux_souterraines de Volvic surgissent en surface à #Saint-Genès-l’Enfant, là où se situe le domaine de la famille d’#Édouard_de_Féligonde. « Les Romains nommaient cet endroit “les sources du dragon”, tant l’eau jaillissait dans un vacarme assourdissant », raconte le notable, propriétaire d’élevage de poissons. En 1927, date des premières mesures, le débit s’établissait à 470 litres par seconde. Mais depuis quelques années, la ressource s’est amoindrie, jusqu’à se tarir. À l’été 2017, les gérants de la pisciculture ont vu les bassins se vider et des centaines de poissons mourir. L’élevage a fermé en octobre 2018.

      Pour Édouard de Féligonde, le responsable est tout indiqué : « Le débit de ma source a été divisé par dix. Dans le même temps, les prélèvements de Danone n’ont fait qu’augmenter. » En 1965, la Société des eaux de Volvic puisait 15,6 litres par seconde. Depuis 2014, l’entreprise, rachetée par Danone, est autorisée par l’État à pomper 88,6 litres par seconde, soit 2,7 millions de mètres cubes par an. Le groupe agroalimentaire assure limiter ses prélèvements — 2,33 millions de mètres cubes en 2020 —, et économiser l’eau au maximum. « Nous avons investi 25 millions d’euros pour réduire notre consommation de 350 millions de litres, nous affirme le service presse du groupe. Volvic prend le sujet avec beaucoup d’attention. »

      « Après l’État, j’attaquerai Danone »

      Insuffisant, selon Édouard de Féligonde, qui a donc attaqué les #autorisations_préfectorales. Il est soutenu dans sa démarche par le collectif Eau bien commun 63 : « Danone et #Limagrain, les deux plus gros “préleveurs” privés du département, ne sont quasiment pas limités dans leurs #prélèvements en période de #sécheresse », dénonce Laurent Campos-Hugueney, porte-parole du collectif et maraîcher près de Volvic. Le préfet a en effet délivré une #autorisation_annuelle : Danone peut ainsi, en théorie, pomper autant qu’il veut en #été, tant qu’il ne dépasse pas la limite annuelle de 2,7 millions de mètres cubes. Les consommateurs s’hydratant plus en période chaude, le groupe embouteille effectivement plus en été qu’en hiver.

      Pour l’État, le coupable n’est pas Danone, mais le #changement_climatique : « Les conditions environnementales, et notamment la sécheresse, ont conduit à une baisse de la recharge de l’#aquifère sans qu’elle puisse être imputée à notre sens aux prélèvements réalisés en aval par la Société des eaux de Volvic », indiquait le préfet lors de son audition par des députés, en 2021. Autrement dit : s’il y a moins d’eau sous Volvic, c’est avant tout parce qu’il a moins plu et fait plus chaud. La température moyenne à l’année dans le Puy-de-Dôme a ainsi augmenté de 2,2 °C depuis les années 1980, diminuant la capacité de la nappe phréatique de 30 %.

      « On est dans une situation de #raréfaction de l’eau liée au changement climatique, dit Laurent Campos-Hugueney. Avant, les prélèvements massifs de Danone passaient inaperçus, maintenant, ce n’est plus le cas. » Pour le maraîcher, il est donc grand temps que la multinationale se sert la ceinture. « On défend des intérêts citoyens pour un usage de l’eau vraiment partagé, souligne-t-il. Mais cette revendication, pourtant légale, n’est pas prise en compte par l’État, il faut aller au tribunal pour espérer se faire entendre. » La mobilisation des citoyens semble avoir porté ses premiers fruits : en septembre dernier, le directeur du groupe à Volvic et le préfet du Puy-de-Dôme ont signé un « plan d’utilisation rationnelle de l’eau ». Volvic s’est engagé à prélever 10 % d’eau en moins sur l’année, avec une attention particulière en cas de sécheresse.

      Comme M. de Féligonde, le collectif #Eau_bien_commun_63 espère que la décision du tribunal de Clermont-Ferrand permettra d’ouvrir le débat sur l’avenir de l’eau sur le territoire. « Avec l’eau de Volvic, on pourrait remettre en culture 3 600 hectares de terres, qui étaient jadis couvertes de potagers et de vergers, dit M. Campos-Hugueney. Plutôt que de profiter aux #multinationales, cette eau pourrait permettre de créer des emplois paysans et de soutenir notre résilience alimentaire. »

      Le propriétaire d’élevage de poissons, Édouard de Féligonde, s’est dit déterminé à ne pas en rester là : « Mon nom provient de “felix onda”, l’eau féconde... autant vous dire que je n’accepte pas de me retrouver à marée basse, soutient-il à Reporterre. Après l’État, j’attaquerai Danone. »

      https://reporterre.net/A-Volvic-la-justice-s-interroge-sur-les-prelevements-d-eau-de-Danone

  • Pollution de l’eau dans le Finistère : interrogations sur la méthanisation industrielle
    https://www.actu-environnement.com/ae/news/pollution-eau-finistere-methanisation-industrielle-35978.php4

    La restriction de l’usage de l’eau dans 50 communes bretonnes résulte d’une pollution occasionée par une installation de méthanisation. Un événement qui interroge sur le fort développement de la filière et les risques qu’il comporte.

    « Cet événement (…) est également révélateur de la fragilité de notre modèle d’approvisionnement en eau », pointe ERB. L’association déplore l’abandon, ces quarante dernières années, de centaines de petits captages communaux et le recours à des interconnexions qui « éloignent toujours plus le consommateur de la ressource ». Résultat ? En cas d’accident de ce type, « ce modèle ne laisse alors aucune alternative qu’une restriction d’usage pour des milliers de consommateurs ».

    #méthanisation #eau_potable #bretagne #agriculture

  • En pleine pandémie, des millions d’américains privés d’eau potable
    https://www.bastamag.net/Etats-Unis-covid-Trump-eau-potable-pollutions-petrole-clean-water-act

    Selon plusieurs études et enquêtes, les services d’eau américains sont comparables à ceux des régions du monde les plus défavorisées. La dégradation des infrastructures, la pollution des nappes phréatiques et des réserves naturelles, ainsi que la forte augmentation du prix de l’eau mettent désormais en péril la vie de plusieurs millions de personnes. Au moins 30 millions d’américains vivent dans des zones où l’eau ne respecte pas les normes de salubrité imposées. Et plus de 2 millions de foyers n’ont pas (...) #Décrypter

    / A la une, Pollutions , #Accès_à_l'eau

    #Pollutions_

  • Les #Roms souffrent du « #racisme_environnemental » de l’UE, conclut le rapport | Nouvelles du monde

    Un rapport conclut que les communautés roms d’#Europe vivent souvent sur des terrains vagues pollués et manquent d’#eau_courante ou d’#assainissement à cause du « racisme environnemental ».

    Le #Bureau_européen_de_l'environnement (#EEB), un réseau paneuropéen d’ONG vertes, a constaté que les communautés roms étaient souvent exclues des #services_de_base, tels que l’#eau_potable courante, l’assainissement et la collecte des #ordures, tout en vivant fréquemment sur ou à proximité de certains des sites les plus sales de Europe, comme les #décharges ou les #terrains_industriels contaminés.

    Jusqu’à 10 millions de Roms vivent en Europe, dont 6 millions dans les États membres de l’UE. Bien que leur exclusion sociale soit documentée depuis longtemps, les chercheurs du BEE disent que le déni des services de base et l’exposition à la pollution ont été négligés.

    L’EEB, en collaboration avec des chercheurs d’Europe centrale et orientale, a trouvé 32 cas de « racisme environnemental » dans cinq pays européens : #Hongrie, #Bulgarie, #Roumanie, #Slovaquie et #Macédoine_du_Nord. Les chercheurs se sont également appuyés sur les travaux existants sur les conditions de vie des Roms en #Bosnie-Herzégovine, en #Serbie, au #Monténégro et au #Kosovo.

    L’absence d’eau, d’assainissement et de collecte des ordures a été un problème dans plus de la moitié des études de cas, comme #Stolipinovo en Bulgarie, la plus grande colonie rom d’Europe et une partie de la ville de #Plovdiv. On estime qu’environ 60000 personnes vivent dans le quartier, mais beaucoup sont coupées des services d’eau courante et d’assainissement du reste de Plovdiv, capitale européenne de la culture en 2019.

    En Hongrie, l’accès à l’approvisionnement public en eau de certaines communautés roms a été fermé pendant les vagues de chaleur estivales – des décisions ont touché 800 personnes à #Gulács en août 2017 et 1 500 habitants de #Huszártelep en 2013. La ville du nord de la Hongrie d’#Ózd a reçu près de 5,5 millions d’euros (£ 4,8 m) de la Suisse pour améliorer l’approvisionnement en eau courante des communautés roms, mais les chercheurs ont déclaré que beaucoup n’avaient pas bénéficié du programme. Les autorités ont affirmé que les ménages roms n’avaient pas payé leurs factures.

    Des recherches antérieures ont conclu que seulement environ 12% des communautés roms avaient des toilettes à chasse d’eau et des systèmes de drainage fonctionnels.

    Pata-Rât, à la périphérie de Cluj-Napoca, dans le nord-ouest de la Roumanie, est connue pour son architecture gothique et ses palais baroques.

    https://www.villagefse2016.fr/les-roms-souffrent-du-racisme-environnemental-de-lue-conclut-le-rappo

    #exclusion #eau_potable #accès_à_l'eau

    ping @albertocampiphoto

  • #Eau, #tourisme et #montagne

    Emmanuel Reynard
    Tourisme de montagne et gestion de l’eau et de la neige en contexte de #changement_climatique
    Mountain Tourism and Water and Snow Management in Climate Change Context

    Martin Gerbaux, Pierre Spandre, Emmanuelle George et Samuel Morin
    Fiabilité de l’#enneigement et disponibilité des ressources en eau pour la production de neige dans les domaines skiables du Département de l’#Isère (#France), en conditions climatiques actuelles et futures
    Snow Reliability and Water Availability for Snowmaking in the Ski resorts of the Isère Département (French Alps), Under Current and Future Climate Conditions

    David Sauri et Joan Carles Llurdés
    Climate Change and Adaptation Strategies of Spanish Catalan Alpine Ski Resorts
    Changement climatiques et stratégies d’#adaptation dans les #stations_de_ski catalanes espagnoles

    Martin Calianno
    La méthode des analogues : reproduire le caractère saisonnier de la distribution d’#eau_potable dans les #stations_touristiques de montagne
    The Analogues Method : Reproducing the Seasonality of Drinking Water Distribution in Mountain Tourist Resorts

    Marie Faulon et Isabelle Sacareau
    Tourisme, gestion sociale de l’eau et changement climatique dans un territoire de haute altitude : le massif de l’#Everest au #Népal
    Tourism, Social Management of Water and Climate Change in an Area of High Altitude : the Everest Massif in Nepal

    https://journals.openedition.org/rga/6689
    #revue #neige #Espagne #Catalogne

  • Main basse sur l’#eau | ARTE
    https://www.arte.tv/fr/videos/082810-000-A/main-basse-sur-l-eau

    Le prometteur marché de l’eau s’annonce comme le prochain casino mondial. Les géants de la finance se battent déjà pour s’emparer de ce nouvel « or bleu ». Enquête glaçante sur la prochaine bulle spéculative.

    Réchauffement climatique, pollution, pression démographique, extension des surfaces agricoles : partout dans le monde, la demande en eau explose et l’offre se raréfie. En 2050, une personne sur quatre vivra dans un pays affecté par des pénuries. Après l’or et le pétrole, l’"or bleu", ressource la plus convoitée de la planète, attise les appétits des géants de la #finance, qui parient sur sa valeur en hausse, source de #profits mirobolants. Aujourd’hui, des #banques et fonds de placements – Goldman Sachs, HSBC, UBS, Allianz, la Deutsche Bank ou la BNP – s’emploient à créer des #marchés porteurs dans ce secteur et à spéculer, avec, étrangement, l’appui d’ONG écologistes. Lesquelles achètent de l’eau « pour la restituer à la nature », voyant dans ce nouvel ordre libéral un moyen de protéger l’environnement.

    En Australie, continent le plus chaud de la planète, cette #marchandisation de l’eau a pourtant déjà acculé des fermiers à la faillite, au profit de l’#agriculture_industrielle, et la Californie imite ce modèle. Face à cette redoutable offensive, amorcée en Grande-Bretagne dès #Thatcher, la résistance citoyenne s’organise pour défendre le droit à l’eau pour tous et sanctuariser cette ressource vitale limitée, dont dépendront 10 milliards d’habitants sur Terre à l’horizon 2050.

    De l’Australie à l’Europe en passant par les États-Unis, cette investigation décrypte pour la première fois les menaces de la glaçante révolution en cours pour les populations et la planète. Nourri de témoignages de terrain, le film montre aussi le combat, à la fois politique, économique et environnemental, que se livrent les apôtres de la #financiarisation de l’eau douce et ceux, simples citoyens ou villes européennes, qui résistent à cette dérive, considérant son accès comme un droit universel, d’ailleurs reconnu par l’#ONU en 2010. Alors que la bataille de la #gratuité est déjà perdue, le cynisme des joueurs de ce nouveau #casino mondial, au sourire carnassier, fait frémir, l’un d’eux lâchant : « Ce n’est pas parce que l’eau est la vie qu’elle ne doit pas avoir un prix. »

  • They Grow the Nation’s Food, but They Can’t Drink the Water

    Water is a currency in California, and the low-income farmworkers who pick the Central Valley’s crops know it better than anyone. They labor in the region’s endless orchards, made possible by sophisticated irrigation systems, but at home their faucets spew toxic water tainted by arsenic and fertilizer chemicals.

    “Clean water flows toward power and money,” said Susana De Anda, a longtime water-rights organizer in the region. She is the daughter of lechugueros who worked in lettuce fields and helped make California one of the agricultural capitals of the world. “Homes, schools and clinics are supposed to be the safest places to go. But not in our world.”

    As she spoke, Ms. De Anda drove through several towns where tainted water is a fact of life, here in the state’s agricultural center. In the foreground, along State Route 201, were miles of lush orange groves and dairy farms. Spotted out the passenger window of her silver Toyota was Stone Corral Elementary in the town of Seville, where century-old pipes contaminate the tap water with soil and bacteria. The school depends on grant money to pay for bottled water for students.

    Today, more than 300 public water systems in California serve unsafe drinking water, according to public compliance data compiled by the California State Water Resources Control Board. It is a slow-motion public health crisis that leaves more than one million Californians exposed to unsafe water each year, according to public health officials.
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    Though water contamination is a problem up and down the state, the failing systems are most heavily concentrated in small towns and unincorporated communities in the Central and Salinas Valleys, the key centers of California agriculture. About half of all failing water systems are in the agricultural San Joaquin Valley, in the southern section of the broader Central Valley, said Ellen Hanak, the director of the Water Policy Center at the Public Policy Institute of California.

    Gov. Gavin Newsom has proposed a tax of about $140 million on urban water districts and the agriculture industry to pay for redevelopment in districts serving unsafe water. That money would come in addition to $168 million he has allocated toward water infrastructure improvements from a bond proposition passed last year.

    Some have bristled at the proposed tax, given already high tax rates in the state and a budget surplus of more than $21 billion. The Association of California Water Agencies — whose members provide an estimated 90 percent of water distributed in the state — has spoken out against the governor’s proposed solution, arguing it would affect the cost of living in already-expensive California.

    “There’s agreement with everyone involved in policy that there is a problem and it needs to be solved,” said Cindy Tuck, the group’s deputy executive director for government relations. But, “we think it doesn’t make sense to tax a resource that is essential.”

    State Senator Melissa Hurtado, a Democrat representing the Fresno area, whose district is severely affected by tainted water, said she would like to see more money allocated for infrastructure spending, but believes a tax on water is a nonstarter. Last week, the Democratic-controlled State Senate budget subcommittee voted against the governor’s proposed water tax, in favor of recommending funding from the state’s general fund. The Legislature is expected to work out the details as part of broader budget negotiations, which will come for a vote in June.
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    But the debate in Sacramento feels far away in East Orosi, a farmworker community of about 500 nestled along the foot of the Sierra Nevada that is surrounded by fields of oranges. There, residents complain of conditions that resemble the developing world, not the richest state in the nation. Fears of nitrate exposure in the tap water — which numerous studies have linked to an increased risk of infant death, and at high levels, an elevated risk of cancer in adults — compound other difficult realities like faraway grocery stores and doctors, grueling work conditions, and a lack of political clout.

    Veronica Corrales, the president of the East Orosi water board, wonders why more people are not outraged that, in 2019, people living in a state as wealthy as California lack such a fundamental necessity.

    “Everyone is saying ‘America First,’ but what about us?” she said.

    Many factors have led to the groundwater contamination reflected in the state’s data, but public health experts say the region’s agriculture industry has played an outsize role. Chemical fertilizers and dairy manure seep into the ground and cause nitrate contamination, like the kind plaguing East Orosi. Such contamination, which is common throughout the valley, takes years to materialize and even longer to clear up.

    Arsenic is naturally occurring in some areas but can become worse with exhaustive groundwater pumping, which has been a longstanding problem in the valley and accelerated during the drought between 2012 and 2016.

    It is exceedingly difficult to say with certainty whether any illness is directly tied to specific environmental factors, including contaminated water. But an article published last month in Environmental Health, an academic journal, estimated that 15,500 cases of cancer in California could occur within 70 years because of unsafe drinking water.

    For years, Martha Sanchez and her husband, Jose — who live in East Orosi and make their living filling crates with oranges or picking cherries — have received notices from the local water system that their taps are unsafe to drink from because of contamination. The family spends at least $60 a month for tap water they can’t use, Ms. Sanchez estimates, which is factored into the rent. To cook and wash dishes, Ms. Sanchez ladles bottled water into pots and pans from heavy blue jugs kept in the kitchen. She and her children shower using the water from the pipes, but she says it makes their skin itch.

    “Some people around here drink it,” Ms. Sanchez said. “Here at home, I don’t use it at all for cooking, not even for beans.”

    Ms. Sanchez’s family is given five free five-gallon jugs of water every two weeks, funded by a grant from the State Water Resources Control Board that was secured by Self-Help Enterprises, a community organization. But, Ms. Sanchez says, it is never enough to hold the family over, and they buy an additional four gallons.

    Her husband, who is a supervisor in the fields, pays for clean water out of pocket for the employees he manages, because the farm does not provide it. Sometimes he brings in about $80 for a full day of work.

    These problems are not new. The failing infrastructure at the heart of the potable water crisis in these communities is tinged with the legacy of rural redlining, said Camille Pannu, the director of the Aoki Water Justice Clinic at the University of California, Davis, who likened the situation in the valley to the one in Flint, Mich. “Flint is everywhere here,” she said.

    “The fact that more than a million Californians in 2019 have been left behind is really appalling,” said Jared Blumenfeld, the secretary of the California Environmental Protection Agency. “I’ll never forget talking to people in Imperial and Coachella Valley who are like, ‘You know what, it’s amazing when we go back to Mexico, the water is better.’”

    Mr. Blumenfeld said the “vast majority” of water systems with unsafe water are in small communities where there are too few customers to cover the cost of water treatment and maintenance. Laying even short distances of pipe can cost millions of dollars, which is sometimes feasible when costs are spread out among many people but not so for individual families, or when towns are especially remote.

    “I’ve never seen as many small drinking water systems in any other state. California is unique in that way,” Mr. Blumenfeld said.

    Many families who live in those areas use water from private wells because their homes are not connected to public water systems. The number of people exposed to dangerous water statewide could be even higher than the data shows: The state does not regulate private wells and does not monitor systems with fewer than 15 connections.

    One solution for expanding potable water access could be for larger systems to absorb smaller systems, which would allow them to spread infrastructure costs across more customers. In the San Joaquin Valley, nearly 80 percent of disadvantaged communities without potable water are less than one mile away from other communities with safe drinking water, according to a 2018 report by the U.C. Davis Center for Regional Change.

    But larger water systems are often wary of absorbing the smaller systems. In part, they do not want to absorb the costs that come with overhauling dilapidated infrastructure, said Ms. Hanak, the Water Policy Center director.

    Often, community members also worry that adding lower-income customers from neighboring communities will leave them to foot the bill. And the poorer customers worry they will have to pay rates they cannot afford.

    The East Orosi water district has teetered from one consolidation effort to another over the last decade, with little success. The state recently signaled that it would order nearby Orosi, which has clean water, to consolidate its system with East Orosi to expand clean-water access. Compelled by the state, the two communities have sought to negotiate a consolidation, but disagreements have left them at a stalemate.

    “Because Orosi has clean water, they don’t want to take on rate payers from East Orosi who they think are so poor they’ll skip out on their bills,” Ms. Pannu said. “Unfortunately, you have poor people versus poorer people.”

    E. Joaquin Esquivel, the chairman of the State Water Resources Control Board, said the gaps in potable water access were unacceptable, and promised that the state would continue using its consolidation authority to ease disparities. But he added that sustained funding for infrastructure and maintenance projects would be crucial for long-term solutions.

    Ms. Corrales, a nurse, stepped in as the president of the East Orosi water board several months ago. There was no one else who wanted the job, she said, and she was voted in at a community meeting almost without realizing it.

    Sometimes she is not sure whom she should be fighting: the state, the farm owners, the skeptics in Orosi. She just wants clean water.

    https://www.nytimes.com/2019/05/21/us/california-central-valley-tainted-water.html

    #eau #eau_potable #pollution #agriculture #industrie_agro-alimentaire #dépendance #technologie #Californie #USA #Etats-Unis #arsénic #fertilisants #contamination

    #atelier_collapsologie

    ping @sinehebdo

  • États-Unis. En #Floride, les #nappes_phréatiques siphonnées par l’#eau en bouteille

    Alors que les ressources en eau douce de la Floride sont sur le déclin, elles continuent d’attiser dangereusement les convoitises des industriels, souligne une tribune publiée par le New York Times.

    https://www.courrierinternational.com/article/etats-unis-en-floride-les-nappes-phreatiques-siphonnees-par-l
    #Etats-Unis #USA #eau_en_bouteille #eau_potable #Nestlé

    ping @albertocampiphoto

  • Le vrai cout de la #viande pas chère : pauvre #cochon, riche affaire

    Depuis une dizaine d’années, les producteurs de porcs d’outre-Rhin jouissent de subventions massives accordées par Berlin pour accélérer l’industrialisation des exploitations. Aujourd’hui, le pays est devenu autosuffisant et inonde l’Europe à prix cassé. Le marché est dominé par une poignée d’entreprises qui pratiquent l’économie d’échelle grâce à l’automatisation, et entassent des dizaines de milliers de bêtes gavées d’antibiotiques dans des hangars sur caillebotis, coupés de la lumière du jour. Si cette viande est si bon marché, c’est aussi en raison du droit du travail allemand, qui permet aux grands abattoirs d’employer des ouvriers détachés venus d’Europe de l’Est et payés au rabais

    https://www.youtube.com/watch?v=L6MrcGNTJak


    #film #documentaire #Seehofer #industrie_agro-alimentaire #viande #travail #exploitation #Allemagne #prix #élevage #élevage_industriel #cochons #porc #exportation #travail_intérimaire #fertilisants #environnement #lisier #nitrates #eau_potable #nappe_phréatique #pollution #santé #cancer #France #abattoir #sous-traitance #dumping_salarial #travailleurs_étrangers #travailleurs_détachés #bactéries_multi-résistants #label #Roumanie #paysannerie #antibiotiques #métaphylaxie #Germanwatch #colistine #Suède #alimentation #travailleurs_détachés #épandage

  • Desalination plants are here, but they’re not solving the water crisis yet | Grist
    https://grist.org/article/are-desalination-plants-the-solution-to-water-scarcity-not-yet-experts-say
    https://grist.files.wordpress.com/2019/06/gettyimages-92085519-e1561148933403.jpg?w=1200&h=675&crop=1

    Because of the cost of seawater processing and the impacts on the ocean, much of the recent desalination growth has involved the use of brackish water. The solids in brackish water are one-tenth the amount in ocean water, and that makes the process much cheaper.

    #eau #eau_potable #eau_saumâtre #désalinisation

    • https://www.lorientlejour.com/article/1174205/un-hydrogeologue-repond-au-cdr-pourquoi-stocker-de-leau-superficielle

      Dans le feuilleton à rebondissements de la construction du barrage de Bisri (la vallée entre Jezzine et le Chouf), un nouvel épisode vient de s’inscrire avec une réponse du Conseil du développement et de la reconstruction à des détracteurs du barrage après une éruption violente d’eau souterraine lors de la construction d’un puits destiné au village de Chehim dans l’Iqlim el-Kharroub. Le creusement d’un des puits s’était heurté à une couche de roches calcaires fissurées et fracturées, parcourues de zones caverneuses et de cours d’eau, ce qui a endommagé la structure en cours, selon les informations de l’hydrogéologue Samir Zaatiti à L’Orient-Le Jour. Les détracteurs du barrage, dont il fait partie, se demandent pourquoi stocker une si grande quantité d’eau venue d’ailleurs quand la région est si riche en eau souterraine accessible, d’autant plus que le sous-sol de la vallée pourrait ne pas supporter un poids si considérable.

      Le barrage de Bisri, rappelons-le, sera conçu pour stocker 125 millions de mètres cubes d’eau. Le projet devrait être exécuté par le CDR sur six millions de mètres carrés, pour un budget de plus de 1,2 milliard de dollars assurés par un prêt de la Banque mondiale. Il rencontre une vive opposition de la part des écologistes comme des habitants de la région : les détracteurs du barrage font valoir qu’il s’agit d’une vallée d’une grande beauté, dotée d’une biodiversité impressionnante et renfermant des vestiges historiques de première importance. De plus, ils invoquent tour à tour le fait que la vallée est traversée par l’une des failles géologiques les plus importantes du pays, mais aussi qu’elle possède un système d’eau souterraine qui aurait permis une exploitation différente, moins coûteuse pour l’environnement.

      La réponse du CDR à ces avis contraires, notamment après l’épisode du puits, s’est concentrée à démontrer que « le barrage de Bisri est la meilleure solution technique et économique pour assurer de l’eau au Grand Beyrouth » et que « s’il fallait assurer la même quantité d’eau par les puits, il faudrait en creuser 200, ce qui n’est pas justifiable étant donné le coût que cela impliquerait ». Le CDR assure qu’il n’est pas étonnant que l’eau ait jailli à l’endroit du puits en question, puisque toutes les études avaient montré la richesse de l’endroit en eaux souterraines. « Il ne sert à rien de dire que le niveau élevé de l’eau souterraine est un argument en faveur des détracteurs du barrage, puisque ce fait a toujours été connu », poursuit le communiqué.

      Pour ce qui est des roches fissurées et des grands vides de centaines de mètres sous terre, « il s’agit d’allégations sorties droit de l’imagination de certains », poursuit le texte. « Le travail sur ces puits se poursuivra puisque le niveau élevé constaté actuellement est dû à l’intensité des précipitations cette année et qu’il devrait baisser durant la période d’étiage ou lors de saisons plus sèches », souligne également le CDR. Il précise également que ce projet de creuser quatre puits ainsi que de construire une station de pompage fait partie du projet du barrage et qu’il servira à assurer une quantité supplémentaire d’eau en cas de besoin, le barrage devant également alimenter le caza de Jezzine et l’Iqlim el-Kharroub

  • Pauvreté: la misère des indicateurs

    Alors que l’#ONU s’était félicitée de la diminution de l’#extrême_pauvreté de moitié, la pauvreté, elle, aurait au contraire augmenté depuis 1990. Tout dépend des critères retenus.

    Eradiquer l’extrême pauvreté et réduire de moitié la pauvreté dans le monde. Tels sont les deux premiers buts que se sont fixés les Nations Unies d’ici à 2030 dans le cadre des Objectifs du développement durable (#Agenda_2030). Est-ce réaliste ? Tout dépend de la façon dont seront calculés les résultats !

    En 2015, l’ONU avait annoncé avoir atteint sa cible fixée en l’an 2000 : l’extrême pauvreté avait été réduite de moitié. Pourtant, son mode de calcul est largement contesté aujourd’hui. Non seulement, il n’est pas aisé de mesurer la pauvreté, mais la méthode choisie peut répondre avant tout à des considérations idéologiques et politiques.

    Selon le multimilliardaire #Bill_Gates, s’appuyant sur les chiffres de l’ONU, le monde n’a jamais été meilleur qu’aujourd’hui. Selon d’autres voix critiques, la pauvreté a en réalité progressé depuis les années 1980. Où est la vérité ?

    Le Courrier a voulu en savoir davantage en interrogeant #Sabin_Bieri, chercheuse au Centre pour le développement et l’environnement de l’université de Berne. La spécialiste était invitée récemment à Genève dans le cadre d’une table ronde consacrée à la lutte contre la pauvreté, organisée par la Fédération genevoise de coopération.

    L’ONU s’était félicitée de la réduction de l’extrême pauvreté de moitié (Objectifs du millénaire). Est- ce que cela correspond à la réalité des faits ?

    Sabin Bieri : Si l’on prend le critère qu’elle a choisi pour l’évaluer (élaboré par la #Banque_mondiale), à savoir un revenu de 1,25 dollar par jour pour vivre (1,9 à partir de 2005), c’est effectivement le cas, en pourcentage de la population mondiale. Mais pour arriver à ce résultat, la Banque mondiale a dû modifier quelques critères, comme considérer la situation à partir de 1990 et pas de 2000.

    Ce critère de 1,9 dollar par jour pour évaluer l’extrême pauvreté est-il pertinent justement ?

    Ce chiffre est trop bas. Il a été choisi en fonction de quinze pays parmi les plus pauvres du monde, tout en étant pondéré dans une certaine mesure par le pouvoir d’achat dans chaque pays. Ce seuil n’est vraiment pas adapté à tous les pays.

    Et si une personne passe à trois dollars par jour, cela ne signifie pas que sa qualité de vie se soit vraiment améliorée. De surcroît, la majeure partie de cette réduction de l’extrême pauvreté a été réalisée en #Chine, surtout dans les années 1990. Si on enlève la Chine de l’équation, la réduction de l’extrême pauvreté a été beaucoup plus modeste, et très inégale selon les continents et les pays. On ne peut donc plus s’en prévaloir comme un succès de la politique internationale ! L’extrême pauvreté a beaucoup augmenté en #Afrique_sub-saharienne en particulier.

    Tout cela est-il vraiment utile alors ?

    Il est pertinent de parvenir à une comparaison globale de la pauvreté. Je vois surtout comme un progrès le discours public qui a émergé dans le cadre de ces Objectifs du millénaire. La réduction de l’extrême pauvreté est devenue une préoccupation centrale. La communauté internationale ne l’accepte plus. Un débat s’en est suivi. Accepte-t-on de calculer l’extrême pauvreté de cette manière ? Comment faire autrement ? C’est là que j’y vois un succès.

    Dans ses travaux, le chercheur britannique #Jason_Hickel considère que la Banque mondiale et l’ONU ont choisi ces chiffres à des fins idéologiques et politiques pour justifier les politiques néolibérales imposées aux pays du Sud depuis la fin des années 1980. Qu’en pensez-vous ?

    Ce n’est pas loin de la réalité. Ce sont des #choix_politiques qui ont présidé à la construction de cet #indice, et son évolution dans le temps. La Banque mondiale et le #Fonds_monétaire_international ont mené des politiques d’#austérité très dures qui ont été vertement critiquées. Si on avait montré que la pauvreté avait augmenté dans le même temps, cela aurait questionné l’efficacité de ces mesures. Au-delà, ces #chiffres sur l’extrême pauvreté sont utilisés par nombre de personnalités, comme le professeur de l’université d’Harvard #Steven_Pinker pour justifier l’#ordre_mondial actuel.

    Certains experts en #développement considèrent qu’il faudrait retenir le seuil de 7,4 dollars par jour pour mesurer la pauvreté. A cette aune, si l’on retire les performances de la Chine, non seulement la pauvreté aurait augmenté en chiffres absolus depuis 1981, mais elle serait restée stable en proportion de la population mondiale, à environ 60%, est-ce exact ?

    Oui, c’est juste. Nombre de pays ont fait en sorte que leurs citoyens puissent vivre avec un peu plus de 2 dollars par jour, mais cela ne signifie pas qu’ils aient vraiment augmenté leur #standard_de_vie. Et le plus grand souci est que les #inégalités ont augmenté depuis les années 1990.

    Une mesure plus correcte de la pauvreté existe : l’#Indice_de_la_pauvreté_multidimensionnelle (#IPM). Qui l’a développé et comment est-il utilisé aujourd’hui dans le monde ?

    Cet indice a été créé à l’université d’Oxford. Adapté par l’ONU en 2012, il est composé de trois dimensions, #santé, #éducation et #standard_de_vie, chacune représentée par plusieurs indicateurs : le niveau de #nutrition, la #mortalité_infantile, années d’#école et présence à l’école, et le #niveau_de_vie (qui prend en compte l’état du #logement, l’existence de #sanitaires, l’accès à l’#électricité, à l’#eau_potable, etc.). L’indice reste suffisamment simple pour permettre une #comparaison au niveau mondial et évaluer l’évolution dans le temps. Cela nous donne une meilleure idée de la réalité, notamment pour les pays les moins avancés. Cela permet en théorie de mieux orienter les politiques.

    https://lecourrier.ch/2019/06/13/pauvrete-la-misere-des-indicateurs
    #indicateurs #pauvreté #statistiques #chiffres #ressources_pédagogiques #dynamiques_des_suds

    ping @reka @simplicissimus

    • J’explique régulièrement que l’argument monétaire est globalement de la grosse merde pour évaluer la pauvreté. Ce qu’on évalue, en réalité, c’est la marchandisation de populations qui étaient jusqu’à présent épargnées et donc une réelle augmentation de la pauvreté inhérente au fonctionnement du capitalisme.

      Un exemple simple pour comprendre : une famille de petits paysans qui vivent plus ou moins en autosuffisance.

      Ils ont un toit sur la tête (mais pas forcément l’eau courante et l’électricité) et ils cultivent et élèvent une grande part de leur alimentation. Les excédents ou produits d’artisanat permettent éventuellement d’acquérir des merdes modernes sur le marché monétarisé, mais majoritairement, ils échangent avec des gens comme eux.
      Ils sont classés extrêmement pauvres par la BM, parce qu’ils n’ont pas 2$/jour.

      Maintenant, ils sont dépossédés de leur lopin de terre, expulsés par le proprio ou à la recherche d’une vie plus moderne en ville.
      En ville, ils n’ont plus de toit sur la tête et tous leurs besoins fondamentaux sont soumis à la nécessité d’avoir de l’argent. S’ils se prostituent ou louent leur bras pour les jobs pourris et dangereux que personne ne veut, ils pourront éventuellement gagner assez pour manger un jour de plus (pas pour se loger ou subvenir à leurs besoins vitaux), ils n’auront jamais été aussi démunis et proches de la mort, mais du point de vue de la BM, ils sont sortis de la grande pauvreté parce qu’ils se vendent pour plus de 2$/jour.

      L’IPM est mieux adapté, mais je doute qu’on l’utilise beaucoup pour se vanter du soit-disant recul de la pauvreté dans le monde !

    • En fait, si, en France, être pauvre prive de l’accès à beaucoup de choses.
      Prenons le RSA 559,74€ pour une personne seule, moins le forfait logement de 67,17 (en gros 12% du montant), soit, royalement 492,57€ → 16,42€/jour pour les mois à 30 jours.

      Ceci n’est pas de l’argent de poche. En admettant que l’on touche l’APL au taquet, ce qui n’est jamais évident, on peut ajouter 295,05€ max d’APL à Paris et 241,00 pour un bled quelconque de province. Comparez avec le montant des loyers pratiqués, le prix des factures (eau, énergie, au même prix pour tout le monde) et demandez-vous comment fait la personne pour seulement se nourrir correctement.

    • Être pauvre monétairement est surtout du au fait que seules les banques sont autorisées a créer la monnaie (€)
      Mais rien nous empêche de créer notre propre monnaie (sans banque ni état), une monnaie créée à égalité par les citoyens pour les citoyens. Un vrai Revenu Universel n’est pas compliqué a mettre en place, ce sont seulement des chiffres dans des ordinateurs (comme pour l’€).
      Une nouvelle monnaie pour un nouveau monde ;)
      https://www.youtube.com/watch?v=SjoYIz_3JLI