• Sciences-Po Bordeaux : « J’ai été violée et l’administration a répondu par de la violence supplémentaire » – Libération
    https://www.liberation.fr/societe/sciences-po-bordeaux-jai-ete-violee-et-ladministration-a-repondu-par-de-l

    « Libération » a pu s’entretenir avec une dizaine d’étudiantes de l’institut d’études politiques victimes d’agressions sexuelles ou de viols, le plus souvent lors de séjours académiques à l’étranger. Dans certains cas, ils auraient été perpétrés par leurs camarades. Toutes questionnent la prise en charge par l’institution.

    Elle n’oubliera jamais la couleur bleue du mur. Le sentiment de « tétanie ». « L’humiliation. » Puis « l’anéantissement ». Ce mois de septembre 2016, Brune (1) le garde gravé au fer rouge dans sa mémoire. La jeune étudiante de Sciences-Po Bordeaux explique avoir été violée à plusieurs reprises par un étudiant d’un autre institut d’études politiques (IEP) français, durant son année de mobilité dans un pays européen, lorsqu’elle était à peine majeure. Quatre années plus tard, le 23 janvier, Brune a choisi de briser le silence sur un groupe Facebook privé des étudiants de l’institut bordelais, galvanisée par la publication d’un autre témoignage. Libérée d’un poids, elle pointe en revanche la responsabilité de l’établissement dans l’aggravation de son mal-être : « J’ai été violée et l’administration a répondu par de la violence supplémentaire. […] Je me suis sentie abandonnée et niée dans ma chair et dans ma souffrance. »

    #sciencesporcs sur touiteur accompagne de nombreux témoignages dans divers #IEP. La complicité de directions d’instituts ("pas de vagues") y est régulièrement invoquée.
    #paywall #viol #culture_du_viol

    • Sciences-Po SCIENCES-PO BORDEAUX « J’ai été violée et l’administration a répondu par de la violence supplémentaire » « Libération » a pu s’entretenir avec une dizaine d’étudiantes de l’institut d’études politiques victimes d’#agressions_sexuelles ou de #viols, le plus souvent lors de séjours académiques à l’étranger. Toutes questionnent la prise en charge par l’institution.

      Elle n’oubliera jamais la couleur bleue du mur. Le sentiment de « #tétanie ». « L’#humiliation. » Puis « l’#anéantissement ». Ce mois de septembre 2016, Brune (1) le garde gravé au fer rouge dans sa mémoire. La jeune étudiante de #Sciences-Po #Bordeaux explique avoir été violée à plusieurs reprises par un étudiant d’un autre institut d’études politiques (IEP) français, durant son année de mobilité dans un pays européen, lorsqu’elle était à peine majeure.

      Quatre années plus tard, le 23 janvier, Brune a choisi de briser le silence sur un groupe Facebook privé des étudiants de l’institut bordelais, galvanisée par la publication d’un autre témoignage. Libérée d’un poids, elle pointe en revanche la de l’établissement dans l’aggravation de son mal-être : « J’ai été violée et l’administration a répondu par de la #violence supplémentaire. [ ] Je me suis sentie abandonnée et niée dans ma chair et dans ma souffrance. » Créé il y a deux semaines, ce groupe Facebook privé dédié à des étudiants de l’école accueille désormais près de 200 #témoignages de victimes de #violences_sexuelles, avec cette phrase en étendard : « La honte change de camp. » Y sont relatés des viols, des agressions sexuelles, des affaires d’inceste, de revenge porn, de zones grises ou encore de stealthing (le retrait du préservatif sans l’accord du ou de la partenaire) Seize étudiants mis en cause étaient scolarisés dans un IEP français au moment des faits, et certains le sont toujours. Seule une petite minorité de victimes a porté plainte. Au-delà des faits rapportés, c’est un système défaillant qui est mis au jour. Comment accueillir la parole des #victimes ? Comment détecter leurs souffrances ? Ou, plus simplement : comment leur venir en aide ? Libération a pu s’entretenir avec une dizaine de jeunes femmes, actuellement étudiantes ou récemment diplômées de l’institut bordelais, pour tenter de comprendre les dysfonctionnements dans la prévention et la prise en charge des violences sexuelles. Toutes, anonymement, réclament a minima davantage d’« empathie », d’« écoute », d’« aménagements scolaires », et dénoncent un climat « peu propice à la prise de parole ».

      « NE PAS "SALIR" L’IMAGE DE SCIENCES-PO » « Nous sommes stupéfaits par l’ampleur du phénomène. Encore plus face à cette nouvelle vague de témoignages », a réagi la direction de l’établissement auprès de Libération. Mardi, après une rencontre avec l’association féministe de l’institut, #Sexprimons-nous, très mobilisée sur le sujet, le directeur, Yves Déloye, a tenu à saluer « le courage de toutes celles et tous ceux qui ont choisi de témoigner de ces actes odieux ». Il a condamné fermement ces faits et leurs auteurs. Plusieurs dispositifs ont été déployés ces dernières années (cellule de veille, affichages, discours ), a-t-il rappelé, tout en ajoutant qu’il fallait « en poursuivre le développement, en ajouter de nouveaux et les adapter pour saisir tous les cas avérés ». « Il faut une prise de conscience à la hauteur des drames », a-t-il martelé.

      Les témoignages sont glaçants. Il y a celui d’Anouk, qui a fait une énorme crise de panique pendant un cours après son agression sexuelle lors d’un échange académique à l’étranger. Elle a tenté de s’ouvrir à une professeure qui, raconte-t-elle, n’a pas su quoi lui dire et a même eu un mouvement de recul en le mot « traumatisme ». L’étudiante est restée dans son mutisme. Il y a aussi Marie, violée à plusieurs reprises par un proche durant son année de mobilité à Sciences-Po, qui s’est sentie « démunie » à l’autre bout du monde, sans savoir vers qui se tourner - « j’aurais aimé que l’école nous arme mieux avant de nous envoyer si jeunes et si vulnérables ». Alice, agressée sexuellement, a préféré garder le silence : « Avec le recul, je sais que je n’ai pas parlé car on nous avait martelé en cours, lors des discours de rentrée, dans les couloirs, qu’il ne fallait surtout pas "salir" l’image de la maison Sciences-Po. » Chloé, violée par un camarade pendant une soirée, n’a pas parlé ni porté plainte, notamment par peur de « créer un esclandre ». Ou de se « voir coller une étiquette de victime qui [la] définirait pour le reste de sa scolarité ». Depuis la parution, le 7 janvier, du livre de Camille Kouchner la Familia grande, dans lequel elle accuse son beau-père Olivier Duhamel -qui était entre autres président de la Fondation nationale des sciences politiques- de viols répétés sur son frère jumeau, alors adolescent, une onde de choc secoue Sciences-Po Paris. Les étudiants appellent à une « réforme des structures de gouvernance » ainsi qu’à la démission de leur directeur, Frédéric Mion, alerté il y a quelques années.

      POLÉMIQUE VIRILISTE Sur le groupe Facebook privé des étudiants de Sciences-Po Bordeaux, ce sont désormais des dizaines de victimes de violences sexuelles qui ont, elles aussi, décidé de prendre la parole. Toutes racontent la déflagration entraînée parle viol, l’impact sur leur #santé_mentale, leurs études. Beaucoup remettent en cause la mauvaise gestion de l’administration de l’école et l’absence totale de prévention. Une libération de la parole d’autant plus salutaire que l’IEP a souffert, il y a quelques années, d’une vive polémique aux relents virilistes. En février 2013, dix étudiants passaient en conseil de discipline pour avoir créé une page Facebook sexiste et homophobe intitulée « Osez le masculinisme », utilisant le nom et le logo de l’école. Défendu par l’ex-avocat Pierre Hurmic - désormais maire écologiste de la ville -, Sciences-Po Bordeaux déposait également une plainte en diffamation contre X visant le Collectif féministe bordelais contre les violences sexistes dans l’enseignement supérieur, mobilisé contre cette page.

      Sarah, l’une des femmes ayant témoigné sur le groupe Facebook, pointe du doigt les « #micro-violences » de l’administration. Agée de 23 ans, la jeune femme, diplômée de l’IEP l’an dernier, nous raconte avoir été violée pendant l’été 2017 par « un jeune homme croisé en soirée qu’[elle] ne connaissait pas ». Elle n’a pas porté plainte. A cette époque, elle part pour la seconde fois étudier à Madrid lors d’un échange. Alors qu’elle tarde à faire une démarche administrative (sans rapport avec l’affaire),

      Sciences-Po Bordeaux lui demande des explications. Encore très affectée, elle leur fait part, dans un mail envoyé le 1er octobre 2018, de sa « grande anxiété » et raconte être très « éprouvée sur le plan psychologique », sans toutefois mentionner ce viol. L’étudiante explique aussi avoir des difficultés à trouver un suivi sur place. Côté administration, la réponse est laconique : on se dit « désolé » et on lui indique avoir prévenu sa professeure référente. « Elle pensait certainement bien faire, mais elle ne m’a pas demandé mon autorisation pour en parler à une tierce personne », regrette aujourd’hui Sarah.

      Personne ne reviendra vers elle par la suite. Du moins jusqu’à ce jour d’avril 2019, lors d’un entretien de sélection en vue d’une année d’étude à l’université colombienne de Bogotá : « C’est une ville difficile, et je ne pense pas que tu sois prête, tu es trop fragile psychologiquement », aurait estimé sa professeure référente. Des propos douloureux qui blessent l’étudiante : « Elle n’est pas médecin, ce n’était pas à elle de juger de ça. » Ce manque d’attention, Victoria l’a aussi vécu durant sa scolarité. Eté 2016, l’étudiante alors âgée de 19 ans est en deuxième année en échange à l’étranger. « Un étudiant m’a violée pendant une soirée », confie-t-elle. A l’époque, elle n’en parle à personne, ni à la police ni à son école - « je n’avais pas la force, pas l’argent ». Aujourd’hui, elle témoigne pour communiquer sa « rage » et sa « colère » contre un système « déficient qui perpétue les agressions ». Deux ans plus tard, un événement l’a particulièrement heurtée, ravivant ses souvenirs alors qu’elle étudiait dans un autre pays. Elle a appris que deux élèves avaient déposé plainte après avoir été droguées à leur insu et violées par un étudiant étranger. « Sa garde à vue levée, il est revenu à l’université. J’étais très angoissée, je restais prostrée dans ma chambre », se souvient-elle. Le 24 septembre 2018, elle en informe par mail le service des relations internationales de Sciences-Po Bordeaux et l’enjoint de contacter l’université de l’agresseur pour « prendre des mesures et garantir la sécurité des étudiants ». Une nouvelle fois, la réponse est succincte : l’administration de Sciences-Po Bordeaux informera la faculté concernée « le moment venu ». A aucun moment, ils ne reviendront vers elle à ce sujet.

      De plus en plus conscient du #sexisme et des violences sexuelles qui gangrènent la société, et n’épargnent pas l’institut de Bordeaux, l’établissement crée en décembre 2018 une cellule de veille et d’écoute. Depuis sa création, celle-ci a été saisie une vingtaine de fois. Deux cas ont abouti au licenciement d’un agent pour #harcèlement_sexuel et à une procédure judiciaire contre un étudiant. Mais des failles ont perduré.

      En janvier 2019, après plus de deux années de « terreurs » entrecoupées de « flashs », de phases de « dépression » et de « troubles alimentaires » liées à son viol par un camarade, Brune a elle aussi cherché de l’aide auprès de Sciences-Po Bordeaux, encore « trop fragile psychologiquement » pour porter plainte au commissariat. L’étudiante veut « connaître ses droits » et savoir s’il est possible d’« avertir » l’IEP où celui qu’elle accuse d’être son agresseur est scolarisé. Elle obtient un premier rendez-vous avec la chargée de mission égalité femmes-hommes de son école.

      Puis un deuxième. Dans un échange de mails du 6 mars 2019 que Libération a pu consulter, Brune explique s’être sentie « peu considérée et soutenue ». Surtout, l’étudiante regrette que son interlocutrice ait « insisté » pour qu’elle porte plainte et qu’elle ait « pointé du doigt [ses] émotions pour remettre en cause [sa] lucidité et la pertinence de [sa] démarche ».

      « MA DOULEUR ÉTAIT PIÉTINÉE » Dans un nouveau mail, la chargée de mission s’excuse de l’avoir blessée « sans le vouloir ». Elle nie en revanche avoir « questionné la légitimité de sa demande », puis précise : « Oui, je me suis permis de partager avec vous ce que je ferais personnellement. [ ] Je pense que cela ne doit sans doute pas être à moi de vous recevoir par rapport à votre situation douloureuse mais à un·e professionnel·le, formé·e dans ces questions. » Son conseil : contacter la nouvelle cellule de veille et d’écoute.

      Malgré cette mauvaise expérience, qui la « fragilise davantage », Brune s’exécute.

      Elle contacte une première fois la cellule le 7 mars. Un échange qu’elle juge a posteriori « traumatisant ». « On m’a demandé de tout raconter en détail, de donner un nom. On m’a expliqué que la cellule était dans l’obligation légale de prévenir le procureur, qu’une enquête allait peut-être être ouverte, que je serais peut-être amenée à témoigner, que ça ne serait plus de leur ressort. Tout est allé trop vite, j’ai paniqué. En sortant, j’avais l’impression que ma volonté, mon courage et ma douleur étaient piétinés. » Sur ce point, la direction s’appuie sur l’article 40 du code de procédure pénale, qui oblige « les autorités à saisir la #justice en cas de crime ou délit quand elles ont pu en avoir connaissance ». Le dossier de Brune a-t-il créé un précédent ? Toujours est-il qu’aujourd’hui, l’administration concède à Libération « être plus souple » et faire « du cas par cas » avec les élèves.

      Dans un mail du 17 mars, Brune demande un nouveau rendez-vous avec la cellule car elle a d’autres interrogations. Le lendemain, pour insister sur le caractère urgent de sa demande, elle précise dans un mail avoir été prise de « crises de tétanie ». Un message qui restera sans réponse. Il faudra attendre plus d’un mois, le 29 avril, pour qu’on lui propose une rencontre. Sur ce délai, la direction reconnaît « une malheureuse erreur » - la cellule n’aurait pas vu le mail à temps. A bout de force, Brune finira par abandonner Sciences-Po quelques jours plus tard. Le 5 mai, l’administration « accuse réception de sa décision » dans un courrier et lui souhaite « bonne continuation ».

      « [La direction] pensait certainement bien faire, mais elle ne m’a pas demandé mon autorisation pour en parler à une tierce personne. » Sarah

    • Sexprimons-Nous
      https://www.sciencespobordeaux.fr/_shared-resources-images/all/Logos%20associations/SEXPRIMONS%20NOUS_max150x150.JPG

      Sexprimons-Nous est l’association féministe mixte à vocation intersectionnelle en faveur de l’égalité des genres et des sexualités à Sciences Po Bordeaux et sur le campus de Pessac. Fondée en 2015 à Sciences Po Bordeaux, Sexprimons-Nous veille à promouvoir les valeurs de l’égalité et du respect entre les genres et les sexualités sur le campus. Notre démarche est mixte, pro-choix et à vocation intersectionnelle. Nous organisons divers événements dans l’année : rencontres, conférences, projections, lectures, échanges entre membres, organisation de la journée du 8 mars, et autres.

      Mais nous sommes aussi actif·ve·s sur Facebook et Instagram, où nous partageons des avis, des articles et de la documentation sur les luttes contre les inégalités. Nous soutenons au quotidien les étudiant·e·s afin de lutter à notre échelle contre le sexisme sous toutes ses formes dans la bienveillance et le respect des personnes. Pour nous rejoindre ou pour plus d’infos, n’hésitez pas à nous contacter et nous suivre !

      https://www.sciencespobordeaux.fr/fr/vie-etudiante/vie-associative/les-associations-de-sciences-po-bordeaux/sexprimons-nous.html

    • Bien vu par Willem, ce qui touche de plein fouet Sciences Po, et qui est au cœur du récit de Camille Kouchner, c’est la destruction de la respectabilité bourgeoise, confrontée à la révélation de ses violences cachées…

      Mon propos n’est en rien celui d’une spécificité de classe des violences sexuelles. Mais ce dont bénéficie la bourgeoisie, à l’inverse des classes pop., c’est d’une protection institutionnelle a priori, qui la met à l’abri des mises en cause. D’où l’intérêt du dévoilement actuel .

      https://twitter.com/gunthert/status/1359759773076516864

  • L’oublieuse mémoire coloniale italienne

    Commencée avant le fascisme, galvanisée par Mussolini, la colonisation par l’Italie de la Libye, de la Somalie et de l’Ethiopie fut marquée par de nombreuses atrocités,loin du mythe d’une occupation douce. Longtemps refoulés, ces souvenirs commencent à ressurgir

    Tout commence dans le centre de Rome, sur l’Esquilin, la plus haute des sept collines antiques. Plus précisément dans la cage d’escalier d’un immeuble sans ascenseur, situé à deux pas de la piazza Vittorio. Dans ce quartier à deux pas de la gare Termini, les prix de l’immobilier sont beaucoup plus modestes que dans le reste du centre, si bien que l’Esquilin est devenu, depuis une vingtaine d’années, un lieu de concentration de l’immigration africaine et asiatique, ce qui n’est pas sans provoquer des tensions le squat, occupé depuis 2003 par les militants néofascistes de CasaPound, est juste à côté.

    C’est donc là, en rentrant chez elle, épuisée, dans la touffeur d’une après-midi de fin d’été 2010, qu’Ilaria Profeti se retrouve nez à nez avec un jeune homme arrivé d’Ethiopie par la route des migrants. Dans un italien presque sans accent, celui-ci lui assure, documents à l’appui, qu’il est le petit-fils de son père, Attilio, un homme de 95 ans qui est resté, sa longue vie durant, plus que discret sur ses jeunes années de « chemise noire » fasciste, en Abyssinie.

    Levons toute ambiguïté : la scène qui vient d’être décrite est tout à fait vraisemblable, mais elle est issue d’une oeuvre de fiction. Il s’agit en réalité des premières pages d’un roman, le superbe Tous, sauf moi (Sangue giusto), de Francesca Melandri (Gallimard, 2019), qui dépeint avec une infinie subtilité les angles morts de la mémoire coloniale italienne. Le fil conducteur de la narration est le parcours sinueux d’un vieil homme dont le destin finalement assez ordinaire a valeur d’archétype.

    Issu d’un milieu plutôt modeste, Attilio Profeti a su construire à sa famille une position plutôt enviable, en traversant le mieux possible les différents mouvements du XXe siècle. Fasciste durant sa jeunesse, comme l’immense majorité des Italiens de son âge, il est parti pour l’Ethiopie, au nom de la grandeur impériale. Après la chute de Mussolini et la fin de la guerre, il parviendra aisément à se faire une place au soleil dans l’Italie du miracle économique, jouant de son physique avantageux et de ses amitiés haut placées, et enfouissant au plus profond de sa mémoire le moindre souvenir de ses années africaines, les viols, les massacres, les attaques chimiques. C’est ce passé, refoulé avec une certaine désinvolture, qui revient hanter ses enfants, trois quarts de siècle plus tard, sous les traits d’un jeune homme d’une vingtaine d’années, arrivé à Rome après une interminable traversée.

    Comme l’héroïne de Tous, sauf moi, Francesca Melandri vit sur l’Esquilin, au dernier étage d’un immeuble à la population mélangée. Et à l’image d’Ilaria, c’est sur le tard qu’elle a découvert ce pan escamoté de l’histoire italienne. « Quand j’étais à l’école, on ne parlait pas du tout de ce sujet-là, confie-t-elle depuis sa terrasse dominant les toits de la ville. Aujourd’hui ça a changé, il y a eu une prise de conscience, et de nombreux travaux universitaires. Pourtant cette histoire n’est jamais rappelée par les médias. Lorsqu’on parle du dernier attentat à la bombe à Mogadiscio, qui se souvient des liens entre Italie et Somalie ? Quand des bateaux remplis de migrants érythréens sont secourus ou coulent avant d’être sauvés, qui rappelle que l’Erythrée, nous l’appelions "l’aînée des colonies" ? »

    Le plus étrange est qu’à Rome, les traces du passé colonial sont légion, sans que personne n’ait jamais pensé à les effacer. Des stèles près desquelles personne ne s’arrête, des bâtiments anonymes, des noms de rue... rien de tout cela n’est explicité, mais tout est à portée de main.

    Comprendre les raisons de cette occultation impose de revenir sur les conditions dans lesquelles l’ « Empire » italien s’est formé. Création récente et n’ayant achevé son unité qu’en 1870, alors que la plus grande partie du monde était déjà partagée en zones d’influence, le royaume d’Italie s’est lancé avec du retard dans la « course » coloniale. De plus, il ne disposait pas, comme l’Allemagne qui s’engage dans le mouvement à la même époque, d’une puissance industrielle et militaire susceptible d’appuyer ses prétentions.

    Visées impérialistes

    Malgré ces obstacles, l’entreprise coloniale est considérée par de nombreux responsables politiques comme une nécessité absolue, à même d’assurer une fois pour toutes à l’Italie un statut de grande puissance, tout en achevant le processus d’unification du pays nombre des principaux avocats de la colonisation viennent de la partie méridionale du pays. Les visées impérialistes se dirigent vers deux espaces différents, où la carte n’est pas encore tout à fait figée : la Méditerranée, qui faisait figure de champ naturel d’épanouissement de l’italianité, et la Corne de l’Afrique, plus lointaine et plus exotique.

    En Afrique du Nord, elle se heurta vite à l’influence française, déjà solidement établie en Algérie. Ses prétentions sur la Tunisie, fondées sur la proximité de la Sicile et la présence sur place d’une importante communauté italienne, n’empêcheront pas l’établissement d’un protectorat français, en 1881. Placé devant le fait accompli, le jeune royaume d’Italie considérera l’initiative française comme un véritable acte de guerre, et la décennie suivante sera marquée par une profonde hostilité entre Paris et Rome, qui poussera le royaume d’Italie à s’allier avec les grands empires centraux d’Allemagne et d’Autriche-Hongrie plutôt qu’avec sa « soeur latine .

    Sur les bords de la mer Rouge, en revanche, la concurrence est plus faible. La première tête de pont remonte à 1869, avec l’acquisition de la baie d’Assab (dans l’actuelle Erythrée) par un armateur privé, pour le compte de la couronne d’Italie. Cette présence s’accentue au cours des années 1880, à mesure du recul de l’influence égyptienne dans la zone. En 1889, est fondée la colonie d’Erythrée, tandis que se structure au même moment la Somalie italienne. Mais l’objectif ultime des Italiens est la conquête du my thique royaume d’Abyssinie, qui s’avère plus difficile que prévu.

    En 1887, à Dogali, plusieurs centaines de soldats italiens meurent dans une embuscade menée par un chef abyssin, le ras Alula Engida. Cette défaite marque les esprits, mais ce n’est rien à côté de la déconfiture des forces italiennes lors de la bataille d’Adoua, le 1er mars 1896, qui porte un coup d’arrêt durable aux tentatives italiennes de conquête.

    Seul pays africain indépendant (avec le Liberia), l’Ethiopie peut désormais se targuer de devoir sa liberté à une victoire militaire. Le négus Menelik II y gagne un prestige considérable. Côté italien, en revanche, cette défaite est un électrochoc. Ressentie comme une honte nationale, la déroute des troupes italiennes entraîne la chute du gouvernement Crispi et freine durablement l’im périalisme italien.

    Adoua est un tournant. L’historien et ancien sénateur de gauche Miguel Gotor est l’auteur d’une remarquable synthèse sur le XXe siècle italien, L’Italia nel Novecento. Dalla sconfitta di Adua alla vittoria di Amazon (« L’Italie du XIXe siècle. De la défaite d’Adoua à la victoire d’Amazon » Einaudi, 2019, non traduit). Pour lui, c’est là-bas, sur les hauteurs de la région du Tigré, par cette humiliation retentissante, que le XXe siècle italien a commencé.

    L’aventure coloniale italienne s’est ouverte de façon peu concluante, mais l’aspiration à l’empire n’a pas disparu. La décomposition de l’Empire ottoman offrira à Rome une occasion en or, en lui permettant, en 1911-1912, de s’implanter solidement en Cyrénaïque et en Tripolitaine. « Souvent la conquête de ce qui allait devenir la Libye est évacuée un peu vite, mais c’est un moment très important. Pour l’armée italienne, c’est une répétition, un peu comme a pu l’être la guerre d’Espagne, juste avant la seconde guerre mondiale », souligne Miguel Gotor. Ainsi, le 1er novembre 1911, un aviateur italien lâche quatre grenades sur des soldats ottomans, réalisant ainsi le premier bombardement aérien de l’histoire mondiale.

    « La conquête des côtes d’Afrique du Nord est importante, certes, mais la Libye est juste en face de la Sicile, au fond c’est du "colonialisme frontalier". La colonie au sens le plus "pur", celle qui symboliserait le mieux l’idée d’empire, ça reste l’Abyssinie », souligne Miguel Gotor. Aussi les milieux nationalistes italiens, frustrés de ne pas avoir obtenu l’ensemble de leurs revendications territoriales au sortir de la première guerre mondiale, continueront à nourrir le rêve de venger l’humiliation d’Adoua.

    Le fascisme naissant ne se privera pas d’y faire référence, et d’entretenir le souvenir : les responsables locaux du parti se feront appeler « ras », comme les chefs éthiopiens. A partir de la fin des années 1920, une fois le pouvoir de Mussolini solidement établi, les prétentions coloniales deviendront un leitmotiv des discours officiels.

    Aussi la guerre de conquête déclenchée contre l’Ethiopie en 1935 est-elle massi vement soutenue. L’effort est considérable : plus de 500 000 hommes sont mobilisés. Face à un tel adversaire, le négus Haïlé Sélassié ne peut résister frontalement. Le 5 mai 1936, les soldats italiens entrent dans la capitale, Addis-Abeba, et hissent le drapeau tricolore. Quatre jours plus tard, à la nuit tombée, depuis le balcon du Palazzo Venezia, en plein coeur de Rome, Mussolini proclame « la réapparition de l’Empire sur les collines fatales de Rome » devant une foule de plusieurs centaines de milliers de personnes.

    « C’est bien simple, à ce moment-là, en Italie, il est à peu près impossible d’être anti fasciste », résume Miguel Gotor. Dans la foulée de ce succès, le roi Victor-Emmanuel III est proclamé empereur d’Ethiopie ; Benito Mussolini peut désormais se targuer d’avoir bâti un empire. La faillite d’Adoua avait été causée par un régime parle mentaire inefficace et désorganisé ? La victoire de 1936 est due, elle, aux vertus d’une Italie rajeunie et revigorée par le fascisme. La machine de propagande tourne à plein régime, l’assentiment populaire est à son sommet. « Ce moment-là est une sorte d’apogée, et à partir de là, la situation du pays se dégrade, analyse Miguel Gotor. Ar rivent les lois raciales, l’entrée en guerre... tout est réuni pour nourrir une certaine nostalgie de l’épopée éthiopienne. »

    Mécanisme de refoulement

    Le rêve impérial sera bref : il ne survivra pas à la défaite militaire et à la chute du fascisme. L’Ethiopie est perdue en 1941, la Libye quelques mois plus tard... Le traité de Paris, conclu en 1947, met officiellement un terme à une colonisation qui, dans les faits, avait déjà cessé d’exister depuis plusieurs années. Tandis que l’Ethiopie indépendante récupère l’Erythrée, la Libye est placée sous la tutelle de la France et du Royaume-Uni. Rome gardera seulement une vague tutelle sur la Somalie, de 1949 à 1960.

    Le projet d’empire colonial en Méditerranée et en Afrique, qui fut un des ciments de l’assentiment des Italiens à Mussolini, devient associé pour la plupart des Italiens au régime fasciste. L’un et l’autre feront l’objet du même mécanisme de refoulement dans l’Italie de l’après-guerre. Les dirigeants de l’Italie républicaine font rapidement le choix de tourner la page, et ce choix est l’objet d’un profond consensus qui couvre tout le spectre politique (le premier décret d’amnistie des condamnations de l’après-guerre remonte à 1946, et il porte le nom du dirigeant historique du Parti communiste italien Palmiro Togliatti). Les scènes de liesse de la Piazza Venezia ne seront plus évoquées, et avec elles les faces les plus sombres de l’aventure coloniale. Même la gauche transalpine, qui prendra fait et cause pour les mouvements anticoloniaux africains (notamment le FLN algérien) n’insistera jamais sur le versant italien de cette histoire.

    « Cela n’est pas étonnant, la mémoire est un phénomène sélectif, et on choisit toujours, consciemment ou non, ce qu’on va dire à ses enfants ou ses petits-enfants », remarque le jeune historien Olindo De Napoli (université de Naples-Frédéric-II), spécialiste de la période coloniale. « Durant l’immédiat après-guerre, ce sont les témoins qui parlent, ce sont eux qui publient », remarque l’his torien. Ainsi de la collection d’ouvrages L’Italia in Africa éditée sous l’égide du ministère des affaires étrangères, emblématique de la période. « Ces volumes sont passionnants, mais il y a certains oublis, qui vont vite poser des problèmes. »

    Parmi ces « oublis », la question la plus centrale, qui fera le plus couler d’encre, est celle des massacres de civils et de l’usage de gaz de combat, malgré leur interdiction par les conventions de Genève, lors de la guerre d’Ethiopie. Dans les années 1960, les études pionnières d’Angelo Del Boca et Giorgio Rochat mettront en lumière, documents officiels à la clé, ce pan occulté de la guerre de 1935-1936. Ils se heurteront à l’hostilité générale des milieux conservateurs.

    Un homme prendra la tête du mouvement de contestation des travaux de Del Bocaet Rochat : c’est Indro Montanelli (1909-2001), considéré dans les années 1960 comme le journaliste le plus important de sa géné ration. Plume du Corriere della Sera (qu’il quittera pour fonder Il Giornale en 1974), écrivain d’essais historiques à l’immense succès, Montanelli était une figure tutélaire pour toute la droite libérale.

    Comme tant d’autres, il avait été un fasciste convaincu, qui s’était porté volontaire pour l’Ethiopie, et il n’a pris ses distances avec Mussolini qu’en 1943, alors que la défaite était apparue comme certaine. Ra contant « sa » guerre à la tête d’une troupe de soldats indigènes, Montanelli la décrit comme « de longues et belles vacances », et qualifie à plusieurs reprises d’ « anti-Italiens » ceux qui font état de massacres de civils et d’usage de gaz de combat. La polémique durera des années, et le journaliste sera bien obligé d’admettre, à la fin de sa vie, que les atrocités décrites par Rochat et Del Bocaavaient bien eu lieu, et avaient même été expressément ordonnées par le Duce.

    A sa manière, Montanelli incarne parfaitement la rhétorique du « bon Italien » (« Italia brava gente »), qui sera, pour toute une génération, une façon de disculper l’homme de la rue de toute forme de culpabilité collective face au fascisme. Selon ce schéma, contrairement à son allié allemand, le soldat italien ne perd pas son humanité en endossant l’uniforme, et il est incapable d’actes de barbarie. Ce discours atténuant la dureté du régime s’étend jusqu’à la personne de Mussolini, dépeint sous les traits d’un chef un peu rude mais bienveillant, dont le principal tort aura été de s’allier avec les nazis.

    Ce discours trouve dans l’aventure coloniale un terrain particulièrement favorable. « Au fond, on a laissé s’installer l’idée d’une sorte de colonisation débonnaire, analyse Olindo De Napoli, et ce genre de représentation laisse des traces. Pourtant la colonisation italienne a été extrêmement brutale, avant même le fascisme. En Ethiopie, l’armée italienne a utilisé des soldats libyens chargés des basses oeuvres, on a dressé des Africains contre d’autres Africains. Et il ne faut pas oublier non plus que les premières lois raciales, préfigurant celles qui seront appliquées en 1938 en Italie, ont été écrites pour l’Ethiopie... Il ne s’agit pas de faire en sorte que des enfants de 16 ans se sentent coupables de ce qu’ont fait leurs arrière-grands-pères, il est seulement question de vérité historique. »

    Désinvolture déconcertante

    Malgré les acquis de la recherche, pour le grand public, la colonisation italienne reste souvent vue comme une occupation « douce », par un peuple de jeunes travailleurs prolétaires, moins racistes que les Anglais, qui se mélangeaient volontiers avec les populations locales, jusqu’à fonder des familles. L’archétype du colon italien tombant amoureux de la belle Abyssine, entretenu par les mémoires familiales, a lui aussi mal vieilli. Là encore, le parcours d’Indro Montanelli est plus qu’éclairant. Car aujourd’hui, si sa défense de l’armée italienne apparaît comme parfaitement discréditée, ce n’est plus, le concernant, cet aspect de sa vie qui fait scandale.

    En effet, on peut facilement trouver, sur Internet, plusieurs extraits d’entretiens télévisés remontant aux années 1970 et 1980, dans lesquelles le journaliste raconte avec une désinvolture déconcertante comment, en Ethiopie, il a « acheté régulièrement » à son père, pour 350 lires, une jeune fille de 12 ans pour en faire sa femme à plusieurs reprises, il la qualifie même de « petit animal docile », devant un auditoire silencieux et appliqué.

    Célébré comme une gloire nationale de son vivant, Indro Montanelli a eu l’honneur, à sa mort et malgré ces déclarations sulfureuses, de se voir dédié à Milan un jardin public, au milieu duquel trône une statue de lui. Au printemps 2019, cette statue a été recouverte d’un vernis de couleur rose par un collectif féministe, pour rappeler cet épisode, et en juin 2020, la statue a de nouveau été recouverte de peinture rouge, en lointain écho au mouvement Black Lives Matter (« les vies noires comptent ») venu des Etats-Unis.

    Indro Montanelli mérite-t-il une statue dans l’Italie de 2021 ? La question a agité les journaux italiens plusieurs jours, au début de l’été, avant que la polémique ne s’éteigne d’elle-même. Pour fondée qu’elle soit, la question semble presque dérisoire eu égard au nombre de témoignages du passé colonial, rarement explicités, qui subsistent un peu partout dans le pays.

    Cette situation n’est nulle part plus visible qu’à Rome, que Mussolini rêvait en capitale d’un empire africain. L’écrivaine italienne Igiaba Scego, née en 1974 de parents réfugiés somaliens, y a dédié un passionnant ouvrage, illustré par les photographies de Rino Bianchi (Roma negata, Ediesse, réédition 2020, non traduit).

    Passant par la stèle laissée à l’abandon de la piazza dei Cinquecento, face à la gare Termini, dont la plupart des Romains ignorent qu’elle a été baptisée ainsi en mémoire des 500 victimes italiennes de l’embuscade de Dogali, ou l’ancien cinéma Impero, aujourd’hui désaffecté, afin d’y évoquer l’architecture Art déco qui valut à la capitale érythréenne, Asmara, d’être classée au patrimoine de l’Unesco, la romancière fait une station prolongée devant le siège romain de la FAO (l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), construit pour abriter le siège du puissant ministère de l’Afrique italienne.

    Devant ce bâtiment tout entier dédié à l’entreprise coloniale, Benito Mussolini avait fait ériger en 1937 un obélisque haut de 24 mètres et vieux d’environ seize siècles, ramassé sur site d’Axoum, en Ethiopie. Il s’agissait, rappelle Igiaba Scego, de faire de ce lieu « le centre de la liturgie impériale .

    La république née sur les ruines du fascisme s’était engagée à restituer cette prise de guerre à la suite des traités de 1947, mais après d’innombrables vicissitudes, le monument est resté en place jusqu’en 2003, où le gouvernement Berlusconi choisit de le démonter en trois morceaux avant de le renvoyer à Axoum, à ses frais.

    En 2009, la mairie de Rome a fait installer sur la même place, à deux pas de cet espace vide, une stèle commémorative afin « de ne pas oublier le passé . Mais curieusement, celle-ci a été dédiée... à la mémoire des attentats du 11-Septembre. Comme s’il fallait enfouir le plus profondément possible ce souvenir du rêve impérial et de la défaite, la ville a choisi de faire de ce lieu le symbole d’une autre tragédie. « Pourquoi remuer ces his toires horribles ? Pensons plutôt aux tragédies des autres. Le 11-Septembre était parfait », note, sarcastique, Igiaba Scego.

    A une quinzaine de kilomètres de là, dans le décor grandiose et écrasant du Musée de la civilisation romaine, en plein centre de ce quartier de l’EUR où la mémoire du fascisme est omniprésente, l’ethno-anthropologue Gaia Delpino est confrontée à un autre chantier sensible, où s’entrechoquent les mémoires. Depuis 2017, elle travaille à fusionner en un même lieu les collections du vieux musée ethnologique de Rome (Musée Pigorini) et du sulfureux Musée colonial inauguré en 1923, dont les collections dormaient dans des caisses depuis un demi-siècle.

    D’une fascinante complexité

    Lorsqu’on lui parle de l’odyssée de l’obélisque d’Axoum, elle nous arrête tout de suite : « C’est bien simple : ce qui a été réalisé là-bas, c’est exactement l’inverse de ce qu’on veut faire. » Restituer ces collections dans leur contexte historique tout en articulant un message pour l’Italie d’aujourd’hui, permettre à toutes les narrations et à toutes les représentations de s’exprimer dans leur diversité... L’entreprise est d’une fascinante complexité.

    « Les collections du MuséePigorini ont vieilli bien sûr, comme tous ces musées ethnographiques du XIXe siècle qui véhiculaient l’idée d’une supériorité de la civilisation occidentale. Le Musée colonial, lui, pose d’autres problèmes, plus singuliers. Il n’a jamais été pensé comme autre chose qu’un moyen de propagande, montrant à la fois les ressources coloniales et tout ce qu’on pourrait en tirer. Les objets qui constituent les collections n’ont pas vu leur origine enregistrée, et on a mis l’accent sur la quantité plus que sur la qualité des pièces », expliqueGaia Delpino.

    Sur des centaines de mètres de rayonnages, on croise pêle-mêle des maquettes de navires, des chaussures, des outils et des objets liturgiques... L’accumulation donne le vertige. « Et ce n’est pas fini, nous recevons tous les jours des appels de personnes qui veulent offrir des objets ayant appartenu à leur père ou à leur grand-père, qu’ils veulent nous confier comme une réparation ou pour faire un peu de place », admet l’anthropologue dans un sourire.

    Alors que le travail des historiens peine à se diffuser dans le grand public, où les représentations caricaturales du système colonial, parfois instrumentalisées par la politique, n’ont pas disparu, le futur musée, dont la date d’ouverture reste incertaine pour cause de pandémie, risque d’être investi d’un rôle crucial, d’autant qu’il s’adressera en premier lieu à un public scolaire. « Ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que parallèlement à ce difficile travail de mémoire, la population change. Aujourd’hui, dans nos écoles, il y a aussi des descendants de victimes de la colonisation, italienne ou autre. Nous devons aussi penser à eux », précise Gaia Delpino.

    Retournons maintenant au centre de Rome. En 2022, à mi-chemin du Colisée et de la basilique Saint-Jean-de-Latran, une nouvelle station de métro doit ouvrir, dans le cadre du prolongement de la ligne C. Depuis le début du projet, il était prévu que celle-ci soit baptisée « Amba Aradam », du nom de la large artère qui en accueillera l’entrée, appelée ainsi en souvenir de la plus éclatante des victoires italiennes en Ethiopie.

    Ce nom était-il opportun, alors que les historiens ont établi que cette victoire écrasante de l’armée fasciste avait été obtenue au prix de 10 000 à 20 000 morts, dont de nombreux civils, et que les troupes italiennes avaient obtenu la victoire en faisant usage d’ypérite (gaz moutarde), interdit par les conventions de Genève ? Le 1er août 2020, la mairie a finalement fait savoir que la station serait dédiée à la mémoire de Giorgio Marincola.

    Pour le journaliste Massimiliano Coccia, qui a lancé cette proposition avec le soutien de collectifs se réclamant du mouvement Black Lives Matter, « revenir sur notre passé, ce n’est pas détruire ou incendier, mais enrichir historiquement notre cité . Et on peut choisir de célébrer la mémoire d’un résistant italo-somalien tué par les nazis plutôt que celle d’une des pages les plus sombres de l’histoire coloniale italienne.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/02/05/libye-somalie-ethiopie-l-oublieuse-memoire-coloniale-italienne_6068846_3232.

    #Italie #colonialisme #colonisation #Mussolini #fascisme #Libye #Somalie #Ethiopie #atrocités #occupation_douce #mémoire #mémoire_coloniale #occultation #impérialisme #Corne_de_l'Afrique #baie_d'Assab #royaume_d'Abyssinie #Alula_Engida #bataille_d'Adoua #Menelik_II #Crispi #Adoua #Tigré #Cyrénaïque #Tripolitaine #colonialisme_frontalier #Abyssinie #Haïlé_Sélassié #propagande #traité_de_Paris #refoulement #mémoire #massacres #gaz #Indro_Montanelli #gaz_de_combat #bon_Italien #Italia_brava_gente #barbarie #humanité #lois_raciales #vérité_historique #culpabilité #viol #culture_du_viol #passé_colonial #Igiaba_Scego #monuments #toponymie #toponymie_politique #Axoum #stèle #Musée_Pigorini #musée #Musée_colonial #Amba_Aradam #ypérite #gaz_moutarde #armes_chimiques #Giorgio_Marincola #Black_Lives_Matter

    L’article parle notamment du #livre de #Francesca_Melandri, « #sangue_giusto » (traduit en français par « Tous, sauf moi »
    https://seenthis.net/messages/883118

    ajouté à la métaliste sur le #colonialisme_italien :
    https://seenthis.net/messages/871953

    ping @cede

  • Affaire Darmanin : deux dossiers aux nombreuses similitudes - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/280121/affaire-darmanin-deux-dossiers-aux-nombreuses-similitudes
    (je retire la photo d’emblée, marre de voir sa tronche)

    Près d’une décennie sépare les deux affaires, mais elles concernent le même élu devenu ministre, et présentent de nombreuses similarités. Les derniers développements de l’enquête pour viol visant Gérald Darmanin révèlent des points communs notables avec l’affaire de Tourcoing, l’autre dossier dans lequel une femme a accusé l’actuel ministre de l’intérieur d’avoir abusé de sa position pour obtenir des faveurs sexuelles.

    Les accusations de viol portent sur les conditions d’un rapport sexuel remontant à mars 2009, le dossier de Tourcoing date lui de 2016. Mais, dans les deux affaires, Gérald Darmanin a eu des relations sexuelles avec des femmes venues lui demander de l’aide sur des dossiers de la plus grande importance pour elles : son dossier judiciaire pour la première, ses recherches de logement et de travail pour la seconde.

    À chaque fois, #Gérald_Darmanin a adressé des lettres en tant que représentant politique, laissant penser à ces femmes qu’il avait un levier d’action pour débloquer leur situation : en tant que conseiller communautaire (tout en étant chargé de mission à l’#UMP, parti alors au pouvoir) dans un cas, en qualité de maire de Tourcoing, dans l’autre.

    #viol #abus_de_pouvoir #impunité #culture_du_viol

  • Janvier 2017 : Témoignage d’agression à Bure – Manif’Est
    https://manif-est.info/Janvier-2017-Temoignage-d-agression-a-Bure-1670.html
    https://infokiosques.net/spip.php?article1391

    Il y a 4 ans, en janvier 2017, la brochure Pour une fois j’ai dit non était publiée sur infokiosques.net. @infokiosques

    « Dans cette brochure il est question de viol. Pas d’un viol dans une ruelle sombre, tard le soir, par un inconnu violent et déséquilibré. Non, il y est question d’un viol commis par un "camarade" sur un lieu de lutte. »

    https://bureburebure.info/janvier-2017-temoignage-dagression-a-bure
    #Metoo #culture_du_viol

    • (...) le choix, politique, a été fait de dégager l’agresseur des espaces collectifs de Bure, afin de permettre à la personne agressée de continuer à y militer sans avoir à subir sa présence [1].

      Le but était aussi d’affirmer clairement et politiquement que les #agressions_sexuelles n’ont pas leur place, ni dans les luttes, ni ailleurs.

      Du fait qu’il s’agissait d’un homme très actif dans la lutte, porte-parole du mouvement à certains moments et présent dans beaucoup de commissions ou réunions, l’ensemble de ses mandats lui ont été retirés et interdiction lui a été faite de parler au nom du mouvement ou de le représenter d’une quelconque façon.

      Par la suite, la brochure restera diffusée en version papier dans les espaces collectifs et elle sera aussi publiée sur le site internet du mouvement, vmc.camp.

      [...]

      Pour une fois, j’ai dit non
      https://infokiosques.net/spip.php?article1391
      (...) au fur et à mesure que je décrivais ma relation avec cet homme qui m’a violée, que j’y réfléchissais et en parlais, plein de liens se sont faits avec mon éducation, la société dans laquelle j’ai grandi, l’intégration de certaines normes en bref avec ce qu’on appelle la « culture du viol ». Ce ne sont pas « que » des situations individuelles, elles s’inscrivent dans un contexte social sexiste que je tenais donc à repréciser.

      En tout cas, j’espère que par ce témoignage et ces réflexions j’ai réussi à transmettre un peu de cette force, cette conviction que ce n’est pas encore perdu, nous sommes nombreus.es, on ne pourra pas nous faire taire, nous ne sommes pas les coupables et nous méritons tou.te.s d’être respecté.e.s et considéré.e.s. »

      #viol #militantisme #activisme #brochure

  • Condamner le #viol pour renforcer la culture du viol - Mon blog sur l’écologie politique
    http://blog.ecologie-politique.eu/post/Condamner-le-viol

    Ces réactions violentes témoignent aussi d’une grande ignorance. Le viol, c’est partout. Le violeur, c’est potentiellement n’importe qui. Ça n’est pas un monstre qui se repère de loin, c’est le copain qui ne se vante pas de forcer son épouse quand elle ne veut pas ; c’est le collègue qui dit après un verre que de toute façon c’est toutes des salopes, même les petites ; c’est le tas de merde qui se vante d’en choper plein alors qu’objectivement il est moche comme le cul de DSK ou de Trump. Vu la prévalence du viol dans la vie des femmes, et comme ces violences ont majoritairement lieu dans des espaces privés entre proches, ces violeurs ne sont pas quelques dizaines de monstres multi-récidivistes dont on pourrait « se débarrasser » mais des milliers de n’importe qui qu’on croise partout. Ce n’est donc pas les personnes qui sont à éliminer mais la culture qui doit changer. Les mecs qui se déchaînent contre des monstres fantasmatiques ont le droit d’ignorer ça, personne n’est tenu·e de s’intéresser à tout. Mais si on l’ignore c’est qu’on s’en fout, au fond, alors pas la peine de sortir les menaces violentes et le costume de justicier.

  • L’inceste, ancien tabou, prochain #MeToo ?
    https://lvsl.fr/linceste-ancien-tabou-prochain-metoo

    6,7 millions de Français sont victimes d’inceste, selon une enquête Ipsos datée de novembre 2020. Ce chiffre vertigineux prouve que l’inceste n’est pas un phénomène qui relève de l’anecdotique, du pathologique ou du fait divers. C’est au contraire une violence massive qui structure notre ordre social, dès son organisation la plus élémentaire, à savoir la cellule familiale. Néanmoins, le tabou de l’inceste commence à être levé, et ce qui constitue l’un des « noyaux du patriarcat » semble petit à petit se fissurer. Les récentes révélations de Camille Kouchner dans son ouvrage La Familia grande, dans lequel elle relate les agressions sexuelles perpétrées par son beau-père, le célèbre constitutionnaliste Olivier Duhamel, participent de cette sortie du silence. Ces prises de parole ont inauguré un nouveau mouvement, le #MeTooInceste, qui est déjà viral sur les réseaux sociaux. Même si les témoignages affluent, le chemin législatif, politique et culturel à parcourir pour briser ce tabou reste colossal.

  • UNE OMERTA AU NOM DE L’ART « Tout le monde savait » : Claude Lévêque,
    Par Emmanuelle Lequeux (le Monde) / Suggestion Nicole Esterolle
    https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/01/15/tout-le-monde-savait-claude-leveque-une-omerta-au-nom-de-l-art_6066318_3246.

    Alors qu’une partie du milieu artistique est sidérée d’apprendre que le plasticien fait l’objet, depuis 2019, d’une enquête préliminaire pour « viols et agressions sexuelles sur mineurs », d’autres semblent moins surpris…

    Au milieu des années 1980, une artiste – qui préfère rester anonyme – s’était aventurée à demander à un galeriste parisien qui exposait Claude Lévêque pourquoi il ne représentait aucune femme artiste :  « Je n’ai peut-être pas d’artiste femme, mais j’ai un pédophile » , s’était-elle entendu rétorquer. Plaisanterie tordue, aveu, provocation ?  « En tout cas, ça résume bien le contexte, raconte-t-elle aujourd’hui. Je m’étais tue, mais quand je visitais les expositions, je vous assure que je ne lâchais pas mon petit garçon de l’œil. »


    L’artiste plasticien français, Claude Lévêque, le 5 octobre, chez lui à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Photo Audoin Desforges

    « Comment une telle carrière est-elle possible, alors que depuis des années “ÇA SE SAVAIT ?” » , interroge la critique d’art Marie Chênel dans un Tweet très relayé https://twitter.com/MaChenel/status/1348523575687475200 . Il résume la sidération du milieu de l’art depuis les révélations du  Monde , le 10 janvier, concernant la plainte du plasticien Laurent Faulon contre l’artiste Claude Lévêque et l’enquête ouverte par le parquet de Bobigny (Seine-Saint-Denis), en mai 2019, pour « viols et agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans ». M. Faulon, un sculpteur de 51 ans, dénonce des  « abus sexuels »  subis entre ses 10 et 17 ans de la part de M. Lévêque, assurant qu’il était, comme sa famille, sous son « emprise ». Le site d’information Mediapart a lui aussi publié une longue enquête, le 13 janvier, qui accable l’artiste https://www.mediapart.fr/journal/france/130121/pedocriminalite-plusieurs-temoins-accablent-l-artiste-claude-leveque?ongle .
    L’enquête judiciaire est en cours et la présomption d’innocence prévaut. Mais dans le milieu de l’art, où Claude Lévêque était si connu, chacun s’interroge. Qui n’a jamais aperçu l’artiste entouré d’adolescents plus ou moins jeunes, à un vernissage, un dîner de galerie ? Qui n’a jamais entendu de rumeurs ? 
    « C’était comme un nuage flottant autour de lui, reconnaît une conseillère de collectionneurs qui le connaît, et s’en méfie, depuis trente ans. Tout le monde savait qu’il aimait s’entourer de jeunes éphèbes, et un bon nombre craignait le pire. Mais comment agir contre un homme qui a une telle aura, quand on n’a que des rumeurs, et qu’on n’est pas témoin de ses manœuvres ? Contre un artiste qui exerce une telle fascination, car il a produit une œuvre incroyable ? » _

    Filleuls, neveux, assistants…
    Ces adolescents qui l’entourent, Claude Lévêque les présente comme ses filleuls, ses neveux, ses assistants, voir comme ses « fils ». Ces doudous et nounours qu’il trimballe autour du monde, qu’il sort en plein repas, qu’il déploie dans chaque recoin de ses deux maisons, ont été, selon l’artiste, dans ses interviews,  « donnés par des amis, souvenirs trop intimes pour en parler ».  Son obsession pour le monde de l’enfance est considérée comme une « sublimation artistique », la part de fantasme d’un adulte qui est bien plus à l’aise avec les enfants qu’avec le monde des grands.

    « QUAND J’AI COMPRIS QUE CES DOUDOUS ÉTAIENT SANS DOUTE CEUX DE SES VICTIMES, DES TROPHÉES, J’AI PRIS UNE ÉNORME CLAQUE », JONATHAN LOPPIN, ARTISTE.

    Et puis, comment condamner sur la base de « racontars » ?  « On lui aurait donné le bon Dieu sans confession » , admet l’artiste Jonathan Loppin, dont la compagne, Julie Faitot, a envoyé un signalement à la justice concernant Claude Lévêque en février 2019. Pendant les quinze ans que dura leur amitié, il avoue avoir été subjugué par cette star prête à défendre corps et âme le moindre squat, toujours disposée à prendre fait et cause pour la veuve et l’orphelin :  « Claude apparaît comme un nounours au charisme fort, et un vrai aimant à enfants. En fait, il sait les ferrer. Quand j’ai compris que ces doudous étaient sans doute ceux de ses victimes, des trophées, j’ai pris une énorme claque. »

    « Je l’ai toujours vu bouleversé par la beauté des jeunes garçons, elle le secouait, et il l’assumait, ses premières œuvres en témoignent »,  souligne un habitant de Nevers (Nièvre), proche des Faulon. Enfant, il a connu Lévêque comme moniteur de centre aéré dans les années 1970, sans jamais entendre de rumeurs pouvant l’incriminer. Depuis quelques jours, il fouille dans sa mémoire.  « J’essaie d’analyser le phénomène d’emprise, détaille-t-il. En abordant l’environnement de cet adulte entouré de jeunes hommes, on avait d’abord un sentiment de malaise, mais la situation était ensuite validée par les proches ; familles, amis, tous semblaient acter ce qui se passait. Le trouble ressenti était alors étouffé par cette validation collective. En outre, j’en ai été témoin à deux reprises, Claude entretient aussi une relation très forte avec les mères des enfants, dont je ne sais comment elle s’articule, une relation presque amoureuse. Mécanique qu’il semble, hélas, avoir affinée avec le temps. »

    Collectionneurs, experts, galeristes, conservateurs, critiques, artistes : cette validation a été tout aussi collective dans le milieu de l’art, même si certains tenaient scrupuleusement leurs distances.  « Les institutions lui ont fait confiance, à cause de la fascination qu’exerce son œuvre, mais aussi de son engagement pour les causes sociales, politiques, analyse une directrice de musée. Tout cela était-il un écran de fumée ? Tout comme ces références à l’enfance, sans cesse convoquée, sacralisée, sanctuarisée : elles faisaient la beauté et la pureté de son travail ; désormais, elles peuvent ressembler à un sacrifice. »

    La suite, sans subir les demandes d’enregistrement, les cookies . . . . de le monde  : https://levadrouilleururbain.wordpress.com/2021/01/17/une-omerta-au-nom-de-lart-par-emmanuelle-lequeux-le-

    #Art #pédophilie #culture_du_viol #viol #france #enfants #justice #viols #violences_sexuelles #pédocriminalité #pedocriminalité #grand_homme #impunité

  • « Tout le monde savait » : Claude Lévêque, une omerta au nom de l’art
    https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/01/15/tout-le-monde-savait-claude-leveque-une-omerta-au-nom-de-l-art_6066318_3246.

    Qui n’a jamais aperçu l’artiste entouré d’adolescents plus ou moins jeunes, à un vernissage, un dîner de galerie ? Qui n’a jamais entendu de rumeurs ? « C’était comme un nuage flottant autour de lui, reconnaît une conseillère de collectionneurs qui le connaît, et s’en méfie, depuis trente ans. Tout le monde savait qu’il aimait s’entourer de jeunes éphèbes, et un bon nombre craignait le pire. Mais comment agir contre un homme qui a une telle aura, quand on n’a que des rumeurs, et qu’on n’est pas témoin de ses manœuvres ? Contre un artiste qui exerce une telle fascination, car il a produit une œuvre incroyable ? »

    • Claude Lévêque, une omerta au nom de l’#art

      Alors qu’une partie du milieu est sidérée d’apprendre que le plasticien fait l’objet, depuis 2019, d’une enquête préliminaire pour « #viols et #agressions_sexuelles sur mineurs », d’autres semblent moins surpris.

      Alors qu’une partie du milieu est sidérée d’apprendre que le plasticien fait l’objet, depuis 2019, d’une enquête préliminaire pour « viols et agressions sexuelles sur mineurs », d’autres semblent moins surpris.

      Au milieu des années 1980, une artiste qui préfère rester anonyme s’était aventurée à demander à un galeriste parisien qui exposait Claude Lévêque pourquoi il ne représentait aucune femme artiste : « Je n’ai peut-être pas d’artiste femme, mais j’ai un pédophile », s’était-elle entendu rétorquer. Plaisanterie tordue, aveu, provocation ? « En tout cas, ça résume bien le contexte, raconte-t-elle aujourd’hui. Je m’étais tue, mais, quand je visitais les expositions, je vous assure que je ne lâchais pas mon petit garçon de l’oeil. »

      « Comment une telle carrière est-elle possible, alors que depuis des années "ÇA SE SAVAIT ?" », interroge la critique d’art Marie Chênel dans un Tweet très relayé. Il résume la sidération du milieu de l’art depuis les révélations du Monde, le 10 janvier, concernant la plainte du plasticien Laurent Faulon contre l’artiste Claude Lévêque et l’enquête ouverte par le parquet de Bobigny (Seine-Saint-Denis), en mai 2019, pour « viols et agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans . M. Faulon, un sculpteur de 51 ans, dénonce des « abus sexuels » subis entre ses 10 et 17 ans de la part de M. Lévêque, assurant qu’il était, comme sa famille, sous son « emprise . Le journal en ligne Mediapart a lui aussi publié une longue enquête, le 13 janvier, qui accable l’artiste.

      L’enquête judiciaire est en cours, et la présomption d’innocence prévaut. Mais dans le milieu de l’art, où Claude Lévêque était si connu, chacun s’interroge. Qui n’a jamais aperçu l’artiste entouré d’adolescents plus ou moins jeunes, à un vernissage, un dîner de galerie ? Qui n’a jamais entendu de rumeurs ? « C’était comme un nuage flottant autour de lui, reconnaît une conseillère de collectionneurs qui le connaît, et s’en méfie, depuis trente ans. Tout le monde savait qu’il aimait s’entourer de jeunes éphèbes, et un bon nombre craignait le pire. Mais comment agir contre un homme qui a une telle aura, quand on n’a que des rumeurs, et qu’on n’est pas témoin de ses manoeuvres ? Contre un artiste qui exerce une telle fascination, car il a produit une oeuvre incroyable ? »

      Filleuls, neveux, assistants...

      Ces adolescents qui l’entourent, Claude Lévêque les présente comme ses filleuls, ses neveux, ses assistants, voir comme ses « fils . Ces doudous et nounours qu’il trimballe autour du monde, qu’il sort en plein repas, qu’il déploie dans chaque recoin de ses deux maisons, ont été, selon l’artiste, dans ses interviews, « donnés par des amis, souvenirs trop intimes pour en parler . Son obsession pour le monde de l’enfance est considérée comme une « sublimation artistique », la part de fantasme d’un adulte qui est bien plus à l’aise avec les enfants qu’avec le monde des grands.

      Et puis, comment condamner sur la base de « racontars » ? « On lui aurait donné le bon Dieu sans confession », admet l’artiste Jonathan Loppin, dont la compagne, Julie Faitot, a envoyé un signalement à la justice concernant Claude Lévêque en février 2019. Pendant les quinze ans que dura leur amitié, il avoue avoir été subjugué par cette star prête à défendre corps et âme le moindre squat, toujours disposée à prendre fait et cause pour la veuve et l’orphelin : « Claude apparaît comme un nounours au charisme fort, et un vrai aimant à enfants. En fait, il sait les ferrer. Quand j’ai compris que ces doudous étaient sans doute ceux de ses victimes, des trophées, j’ai pris une énorme claque. »

      « Je l’ai toujours vu bouleversé par la beauté des jeunes garçons, elle le secouait, et il l’assumait, ses premières oeuvres en témoignent », souligne un habitant de Nevers (Nièvre), proche des Faulon. Enfant, il a connu Lévêque comme moniteur de centre aéré dans les années 1970, sans jamais entendre de rumeurs pouvant l’incriminer. Depuis quelques jours, il fouille dans sa mémoire. « J’essaie d’analyser le phénomène d’emprise, détaille-t-il. En abordant l’environnement de cet adulte entouré de jeunes hommes, on avait d’abord un sentiment de malaise, mais la situation était ensuite validée par les proches ; familles, amis, tous semblaient acter ce qui se passait. Le trouble ressenti était alors étouffé par cette validation collective. En outre, j’en ai été témoin à deux reprises, Claude entretient aussi une relation très forte avec les mères des enfants, dont je ne sais comment elle s’articule, une relation presque amoureuse. Mécanique qu’il semble, hélas, avoir affinée avec le temps. »

      Collectionneurs, experts, galeristes, conservateurs, critiques, artistes : cette validation a été tout aussi collective dans le milieu de l’art, même si certains tenaient scrupuleusement leurs distances. « Les institutions lui ont fait confiance, à cause de la fascination qu’exerce son oeuvre, mais aussi de son engagement pour les causes sociales, politiques, analyse une directrice de musée. Tout cela était-il un écran de fumée ? Tout comme ces références à l’enfance, sans cesse convoquée, sacralisée, sanctuarisée : elles faisaient la beauté et la pureté de son travail ; désormais, elles peuvent ressembler à un sacrifice. »

      « Si c’est vrai, c’est un séisme, auquel je peine à me résoudre, glisse un autre conservateur. Ses oeuvres des années 2000, pleines d’un danger punk qui fascine, ont été un choc esthétique pour toute une génération. Nous nous sommes construits en partie avec elles. » Un artiste éperdu d’admiration pour Claude Lévêque, « bouleversé par le témoignage de Laurent Faulon », s’avoue tout autant « blessé, et en colère » : « J’ai la sensation d’avoir été manipulé, comme tout le monde de l’art l’a été. J’ai aujourd’hui l’impression que, avec toutes ces oeuvres mettant en scène l’enfance, il nous disait : "Regardez, je vous mets ça sous le nez, et vous ne voyez rien !" »

      Qu’il mette la même énergie à préparer la Biennale de Venise (2009) qu’à exposer à l’école élémentaire Pierre-Budin, à la Goutte d’Or (Paris 18e), lors d’une résidence artistique en 2012 ? Cela relevait de son engagement social. Qu’il peigne de noir les fenêtres de l’appartement mis à disposition par l’école, juste au-dessus des salles de classe ? On y voyait sa marque punk. Qu’il se déclare, un an après, toujours ami avec l’un des bambins de 8 ou 9 ans qui collabora au projet, le plus curieux, le plus créatif ? On l’admirait alors pour n’avoir pas pris la grosse tête. Tout cela peut aujourd’hui faire frémir.

      Dans les archives du Quotidien de l’art, nous avons retrouvé les paroles de l’enfant que nous avions rencontré au sein de l’école pendant la préparation de leur exposition « Seasons in the Abyss . Il interpellait ainsi l’artiste : « Je t’ai amené mon nounours, parce que je lui ai percé le cerveau. Avant, il bougeait dans son Jacuzzi, il faisait très chaud, c’était le feu, et je lui ai percé la tête ... « Le trou dans la tête », c’est aussi une phrase gravée par Lévêque sur un lit tout rouillé d’enfant, dans une oeuvre de 1986.

      #Aveuglement_collectif

      Pour comprendre aujourd’hui ce qui a pu relever d’un aveuglement collectif, les témoignages affluent, chacun s’employant à replacer une pièce dans un puzzle qui, trop longtemps, n’a pas fait sens. L’un se rappelle cette chambre d’enfant, dans la maison de Montreuil (Seine-Saint-Denis) de #Lévêque, « avec ses petites bagnoles sur les étagères », qu’il disait destinée « aux amis qui venaient avec leurs petits . L’autre, ces manèges abandonnés dans sa maison de campagne. Une troisième, l’aveu de cette mère « manifestement perdue, dans un monde parallèle, qui me racontait que Claude Lévêque dormait dans la chambre de son fils de 15 ans, et qui semblait comme flattée qu’il ait été "choisi". J’ai pris mes distances, désespérée qu’il soit impossible de lui faire comprendre que son môme était en danger .

      Galeriste et commissaire d’exposition, Stéphane Corréard dénonce aujourd’hui ce qu’il considère comme une omerta. « Beaucoup savaient, tout le monde pouvait se douter, personne n’est surpris, résume-t-il. Alors pourquoi avons-nous toléré, abrité, protégé, pendant des décennies, un supposé prédateur sexuel, un pédocriminel récidiviste ? Parce que, dans notre milieu, personne ne dit rien, jamais. La parole est cadenassée, le fonctionnement clanique. »

      Comment l’expliquer ? « La tolérance de notre milieu pour la transgression, y compris sexuelle, y est pour beaucoup », suggère-t-il. Un artiste pourrait donc franchir toutes les lignes rouges ? Laurent Faulon se souvient en tout cas très bien « des commissaires et artistes qui venaient dîner à la maison : avec Lévêque, on était comme un couple recevant des invités. Sauf que j’avais 15-16 ans. Tous découvraient les bricolages que j’avais faits dans l’atelier, et me disaient : "Tu as une oeuvre incroyable, ne t’embête pas à faire les Beaux-Arts, tu sais déjà tout !" . C’est ainsi que Laurent Faulon s’est retrouvé exposé à la Fondation Cartier de Jouy-en-Josas (Yvelines) ou au Magasin de Grenoble, à pas même 18 ans. Sans plus de questions, juste pour la reconnaissance de son talent naissant.

      Poursuivant son analyse, Stéphane Corréard évoque aussi le « souvenir de l’époque glorieuse où l’avant-garde était menacée de toute part, notamment par les réactionnaires et l’extrême droite. Nous avons alors pris le pli d’une opposition facile entre "pro" et "anti" art contemporain qui est devenue factice, mais qui continue de structurer largement le fonctionnement de notre monde de l’art . Impossible de dénoncer sur la foi de racontars, certes. « Mais ces directeurs de musée, qui racontent de façon anonyme avoir refusé que Lévêque partage une chambre d’hôtel avec un ado, n’avaient-ils pas obligation, en tant que fonctionnaires, de dénoncer des crimes dont ils avaient eu connaissance dans le cadre de leurs fonctions ? »

      Comme tous, il en est cependant conscient : la mécanique à l’oeuvre est complexe à déconstruire. Qu’un artiste puissant s’écroule, et tout un système s’effondre : ceux qui le collectionnent, le louent, l’honorent, le capitalisent. « Les relations entre les acteurs organisent la valeur de l’oeuvre en mettant l’artiste sur un piédestal, dans une relation romantique à l’art, explique ainsi un directeur d’institution. Les jeux de pouvoir sont réels, et pas seulement financiers, à tous les maillons de la chaîne, on ne peut se permettre que l’image de l’auteur soit entachée. Les liens d’interdépendance et les rapports de domination organisent le silence, à quoi s’ajoute la peur d’être blacklisté du milieu. Ils neutralisent toute possibilité de prise de parole. L’autocensure est forte, jusqu’à se frapper soi-même de cécité. La structure protège son capital. »

      Averti de la plainte de Laurent Faulon peu après son dépôt, le Mamco de Genève a pris position dès 2020, en faisant disparaître de son site toute mention de Claude Lévêque, qui y a exposé en 2003. Il est, pour l’instant, le seul. « Avec l’équipe de conservation, nous avons décidé un moratoire immédiat sur la présence de ses oeuvres en nos murs, explicite Lionel Bovier, son actuel directeur. Je n’ai jamais travaillé avec cet artiste, ni avec ses oeuvres d’ailleurs. Mais, de mon point de vue, le discrédit qui est aujourd’hui jeté sur son travail sera absolument irrémédiable si les accusations se révèlent fondées. Il ne m’appartient pas de me prononcer sur les conséquences légales des actes qui sont relatés, mais je peux témoigner de cela : je ne pourrai plus jamais regarder ce travail sans y trouver des indices des crimes qui lui sont reprochés. Par conséquent, le musée que je dirige ne montrera ni ne diffusera son travail dans le futur. »

      #pédophilie #pédocriminalité #Laurent_Faulon #abus_sexuels #emprise #rumeurs #fantasme #validation_collective #enfance #omerta #silence #impunité #transgression #domination #pouvoir #autocensure #cécité

    • Affaire Claude Lévêque : collectionneurs et musées s’accrochent aux œuvres devenues embarrassantes

      https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/01/15/affaire-claude-leveque-collectionneurs-et-musees-s-accrochent-aux-uvres-deve

      https://www.lalsace.fr/culture-loisirs/2021/01/16/l-embarrassant-claude-leveque

      #censure #appel_à_la_censure

      Je tiens à rappeler que Springora n’ a jamais exigé la disparition des livres de Matzneff, c’est Gallimard qui s’achète une conscience en le faisant.

      Par ailleurs, le type doit répondre des ses actes, et il mériterait surtout des soins et une gigantesque psychothérapie (plutôt que la taule et la censure), mais il me semble au contraire très important de pouvoir continuer à voir ses oeuvres, même et surtout les pires, en sachant ce que l’on savait déjà, certes plus ou moins, mais en sachant au moins que le type n’était pas là pour rigoler et qu’il nous parlait bien de choses sombres et dégueulasses.

    • Dager je déteste et je comprend pas pk on le voie dans toutes les expos d’art brut. Sinon par rapport à la censure de Matzneff et Leveque le plus ahurissant c’est qu’on accusera les victimes d’etre #cancel_culture alors que ce sont les liberaux qui en sont les instigateurs dans un geste revisionniste. Parfois ce sont aussi les pedosexuels qui censurent pour être « les cowboys de leur sujet ».

    • – Tout ce qui peut permettre d’entamer le système du silence, à l’échelle des individus, des familles et de la société, doit être encouragé.

      Premier axe à mettre en œuvre par les pouvoirs publics : il faut réfléchir à un moyen d’informer les enfants incesteurs et les adultes incesteurs sur le fait que la sexualité avec quiconque est âgé de moins de quinze ans (la majorité sexuelle) est une infraction grave. Dans toutes les familles où il y a de l’inceste, les incesteurs savent très bien que l’inceste est interdit, que le viol est interdit, qu’abuser de son enfant est interdit. Les incesteurs contournent l’interdit, et contournent la mésestime d’eux-mêmes, en utilisant d’autres mots (« les bêtises », « ça », « faire l’amour »), ou aucun mot, pour définir ce qu’ils font avec l’enfant. En entreprise, dans l’espace public par voie d’affichage, à la télévision, il faut informer les adultes et les enfants, en évitant les périphrases et en communiquant sur l’idée qu’une situation ou un geste avec un mineur qui provoque une excitation sexuelle chez l’adulte, est interdit.

      Deuxième axe : il faut responsabiliser davantage tous les adultes, et pas seulement dans les familles où il y a de l’inceste. Nous avons tous – c’est statistiquement inévitable – connu des gens, collègues, amis, compagne ou compagnon, qui nous ont fait part d’une histoire d’inceste, qui les a concernée directement ou qui a concerné des proches. Si nous arrivions à dépasser notre gêne (légitime) pour en reparler, poser des questions, amener la personne qui nous en parle à aller questionner sa famille et révéler l’inceste, nous aiderions à faire circuler la parole sur l’inceste, et peut-être nous permettrions de prévenir d’autres incestes. Les révélations d’inceste sont souvent faites incidemment, sans qu’on réalise vraiment qu’on vient de nous révéler une situation d’inceste. Les personnes qui révèlent l’inceste à leur entourage, que ce soit au fil d’une conversation qui n’a rien à voir, ou quand elles racontent une période de leur vie, parviennent à le dire mais à étouffer la révélation dans l’œuf. Et nous ne les accompagnons pas dans la révélation, parce que nous sommes gênés. Nous devrions tous être responsabilisés davantage.

      Troisième axe : favoriser la circulation de la révélation d’inceste dans la famille incestueuse, pour prévenir d’autres incestes dans la famille. De nombreuses études menées au Québec et en Amérique du nord montrent l’efficacité de la parole pour prévenir les récidives d’inceste et de violence domestique. Je schématise mais grosso-modo, on sait que si on rassemble les membres de la famille et qu’on dit, publiquement, devant tout le monde : untel a incesté untel, ou bien, untel bat sa compagne, ses enfants, alors les violences ne sont pas reconduites car on est sorti du système silence. Ce qui, au passage, bat en brèche la notion de pulsion, qui peut être totalement inhibée dès lors que les infractions sont étalées au grand jour.

    • L’ancien commissaire à la carrière exemplaire, médaillé d’honneur de la police nationale, n’avait sans doute jamais imaginé se retrouver là, derrière la barre de la 28e chambre du tribunal correctionnel de Paris, quelques mois à peine après avoir quitté l’institution policière et mis un terme à près de quarante ans d’un investissement sans faille. En longue veste de cuir et costard-cravate sombre, les mains jointes et le teint blafard, il fait face à 61 ans à la présidente du tribunal qui le juge, ce mardi, pour voyeurisme. Tout juste retraité, il a été surpris cet été dans les allées du grand magasin parisien BHV en train de filmer sous les jupes de clientes à l’aide d’une microcaméra fixée sur une de ses chaussures. On n’en saura guère plus sur le dispositif technique employé, mais on sait que ce prévenu féru d’informatique dirigea, dans les années 1990, le novateur service d’enquête sur les fraudes aux technologies de l’information (Sefti) avant de devenir, vingt ans plus tard, numéro deux de la police du Val-de-Marne.

      Quand les vigiles du BHV le repèrent, il « passe son pied » doté d’une caméra micro SD sous les jupes de clientes en vue de tourner des vidéos de quelques minutes. Ce qu’il avait déjà fait, quelques semaines plus tôt, dans une autre grande surface, afin d’apercevoir, selon la présidente, « les parties intimes cachées sous les habits ». « Comment expliquer ce passage à l’acte chez une personne au parcours tout à fait exemplaire ? », lance la procureure qui ne cache pas son incompréhension face à des faits « regrettables » qui auraient pu, « si les victimes en avaient été informées, être vécues comme une atteinte sérieuse à leur personnalité et leur intimité ». D’une voix à peine audible malgré l’exiguïté de la salle, le prévenu, dos voûté, répète ce qu’il a dit, déjà, quand il a été entendu dans la foulée et a reconnu immédiatement les faits.
      « Electrochoc »

      Son masque de protection ne facilitant pas son élocution, l’ancien policier répète le « mal-être » qui l’a envahi quand, à peine retraité en juin dernier, il a quitté la police pour de bon. A cela s’est ajouté un départ de la capitale qui semble l’avoir déstabilisé. Et le passage à l’acte ? « Je ne sais pas comment l’expliquer », dit-il en se courbant un peu plus. « Quand j’ai été interpellé, lors des faits, ça m’a fait comme un électrochoc ». Il cherche ses mots :"« Je n’ai pas compris, je savais parfaitement que des vigiles se trouvaient dans ce magasin, j’étais complètement à côté de la réalité des choses »."

      L’expertise psychiatrique à laquelle il a été soumis n’a révélé ni anomalie mentale ni état dangereux. L’ancien commissaire n’a pas tardé, toutefois, à débuter une thérapie dont il dit avoir « vraiment besoin ». Il fait état d’un épisode dépressif passé lié à des problèmes de santé et une succession de décès de proches, d’une « envie d’en finir » déjà ressentie. « J’ai voulu tenir, ne pas montrer une image de faiblesse », souffle-t-il. Son départ en retraite a réactivé chez lui, avance-t-il, « ce sentiment d’une fin de vie. »

      « Quel lien faites-vous entre cet épisode dépressif et ces faits qui sont presque de nature sexuelle ? », le coupe alors la présidente. « Je ne suis pas psychiatre », répond le prévenu en évoquant pêle-mêle « une pulsion de vie, d’existence, un besoin de trouver quelque chose. » Il ajoute, hésitant : « Je ne sais pas, j’en parle beaucoup avec ma psychothérapeute ».

      La présidente : « Vous êtes-vous mis à la place de ces femmes ? »

      Le prévenu : « C’est inadmissible. »

      La présidente : « Avez-vous pensé à ce qu’elles peuvent ressentir ? »

      Le prévenu : « Je ne sais pas comment le qualifier. Du dégoût ».

      Sa femme, épousée il y a quarante ans, ne le lâche pas des yeux. « Elle m’a beaucoup soutenu, nous en avons beaucoup parlé », dit celui qui dit s’être engagé bénévolement, depuis, auprès d’une association caritative, ce qui l’aide à structurer sa nouvelle vie.
      « Mini-pétage de plombs »

      La procureure rappelle l’existence du délit de voyeurisme, punissable d’un an de prison et de 15 000 euros d’amende. Puis revient sur le « mal-être profond » du prévenu et ce départ à la retraite qui a pu « créer une sorte d’effondrement, le sentiment d’être inutile ». Tout en maintenant son interrogation sur la relation entre cet état et le délit, elle souligne « une prise en compte des faits et une reconnaissance » et insiste sur l’importance du suivi thérapeutique. Avant de requérir la culpabilité du prévenu et l’ajournement du prononcé de la peine - soit le fait de se prononcer sur la peine dans plusieurs mois - avec mise à l’épreuve ainsi que la garantie de la poursuite des soins. « Il a vécu la fin de sa carrière dans laquelle il s’est extrêmement investi comme une petite mort », a ensuite déclaré l’avocat du prévenu, Thibault de Montbrial. « C’était quasiment voué à l’échec », poursuit celui qui qualifie les faits de « mini pétage de plombs ». Le tribunal déclare finalement son client coupable tout en le dispensant de peine au vu des « mesures » qu’il a lui-même mis en place « susceptibles de permettre qu’il n’y ait pas réitération », ainsi que de sa « situation familiale et professionnelle ». Du bout des lèvres, l’ancien commissaire remercie le tribunal puis quitte la salle à pas feutrés.

      #agression_sexuelle #police #justice #sexisme_d’état #violophilie #misogynie #culture_du_viol

    • Les femmes devraient cesser de payer leurs impôts vu qu’elles ne bénéficient pas de la protection de l’état contrairement aux hommes. Il est évident que les femmes sont de simples défouloir mis à disposition des hommes, blancs, et flics manifestement. Agresser des femmes est un divertissement pour retraités de la police, du bétail pour reprendre gout à la vie quant on peut plus tabasser des prostituées en GAV. Alors pourquoi financé cet etat misogyne qui subventionne les violences sexuelles et leur impunité ?

    • #Irlande : sept essais de #vaccins contraires à l’ #éthique ont été menés entre 1934 et 1973. + 9000 décès d’enfants de mères célibataires dans ces établissements tenus par des religieuses catholiques et l’Etat
      https://www.rts.ch/info/monde/11892060-une-enquete-en-irlande-pointe-le-drame-des-maisons-pour-meres-celibatai

      Une commission d’enquête sur les anciennes maisons pour mères célibataires en Irlande a mis en lumière mardi la mortalité dramatique des enfants dans ces établissements tenus par des religieuses catholiques et l’Etat.

      Elle a aussi révélé l’hostilité générale envers ces naissances jugées illégitimes. « Toute la société était complice », a résumé le Premier ministre Micheal Martin à l’occasion de la publication après cinq ans d’enquête du rapport de 3000 pages. Il a annoncé qu’il présenterait les « excuses » de l’Etat mercredi devant le Parlement irlandais, le Dail.

      L’enquête a mis en évidence 9000 décès, soit 15% des 57’000 enfants qui sont passés par ces établissements entre 1922 et 1998. « Il est difficile de concevoir l’ampleur de la #tragédie et le chagrin qui se cache derrière ce chiffre », a déclaré le ministre irlandais de l’Enfance, Roderic O’Gorman.

      Ces maisons ne sauvaient pas les vies
      Dans son rapport, la commission a conclu qu’avant 1960, de fait ces maisons « mère-enfant » ne « sauvaient pas les vies des enfants ’illégitimes’ », pire, « il semblent avoir significativement réduit leurs perspectives de survie ».

      Le taux de #mortalité « très élevé » était « connu des autorités locales et nationales à l’époque et enregistrés dans les publications officielles », souligne-t-il. La plupart des décès dont les cause étaient identifiables étaient dus à des infections respiratoires et des gastro-entérites.

      Ces maisons accueillaient jeunes filles et jeunes femmes rejetées par leurs familles qui n’avaient pour la plupart « aucune alternative ». Considérés comme illégitimes, les enfants qui y naissaient étaient souvent séparés de leur mère pour ensuite être adoptés, rompant tout lien avec leur famille biologique.

      Scandales dans l’Eglise catholique
      La commission a été mise sur pied pour faire la lumière sur le haut niveau de mortalité des enfants dans ces anciennes institutions de la très catholique Irlande. Cette affaire s’inscrit dans une série de scandales qui ont ébranlé la puissante église catholique irlandaise ces dernières années, avec l’ampleur de la pédophilie et les « Magdalene Sisters », ces jeunes filles qui travaillaient gratuitement dans des blanchisseries exploitées commercialement par des #religieuses.

      Dans le cas des « maisons mère-enfant », l’enquête avait été ouverte en 2015 dans le sillage des travaux d’une historienne, Catherine Corless. Elle affirmait que près de 800 enfants nés dans l’une de ces maisons de naissance, le foyer St Mary des soeurs du Bon Secours de Tuam (ouest de l’Irlande), avaient été enterrés dans une fosse commune entre 1925 et 1961.

      Responsabilité des familles
      Le rapport final porte surtout la responsabilité sur les familles qui envoyaient les femmes concernées dans ces établissements ou ne leur laissaient pas d’autre choix faute de soutien, et au delà sur toute la société irlandaise.

      Il décrit un chapitre « sombre et honteux de l’histoire récente de l’Irlande », a déclaré Micheal Martin, et met en lumière la « culture misogyne » qu’a connu le pays pendant « plusieurs décennies », particulièrement les « discriminations graves et systématiques contre les femmes, particulièrement celle qui ont accouché hors mariage ».

      « Nous avions une attitude complètement déformée vis-à-vis de la sexualité et de l’intimité », « dysfonctionnement » pour lequel « les jeunes mères et leurs fils et filles » dans ces établissement « ont été contraints de payer un prix terrible », a déclaré Micheal Martin.

      afp/jpr

      Mères « forcées à abandonner leurs enfants »
      Un groupe de victimes de ces institutions, Irish First Mothers, a dénoncé l’échec du rapport à établir que « les mères étaient forcées à abandonner leurs enfants ». Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, le groupe estime que la commission « absout à la fois l’église et l’Etat de toute responsabilité systémique pour ce qu’elle reconnaît comme l’incarcération de fait de mères enceintes ».

      Jusqu’au années 1960, « la plupart des femmes plaçaient leur enfant à l’adoption » et quittaient l’établissent « dans les quelques mois qui suivaient la naissance », selon le rapport.

      Certaines estiment que « leur consentement n’était pas total, libre et éclairé », mais hormis quelques cas qui ont été porté devant la justice, « il n’y a pas de preuve que tel était leur opinion au moment de l’adoption ».

      Les investigations ont également permis d’établir que sept essais de vaccins contraires à l’éthique ont été menés dans ces maisons entre 1934 et 1973.

      #religion #catholique #monstres #culture_du_viol #viol #femmes #ventre_des_femmes #blame_the_victim #génocide #enfants #femmes #vaccin #Tuam #couvent #religion #Galway #Magdalene_asylums #église #église_catholique #enfants_placés

    • Bingo : le monsieur qui gueule contre la « société victimaire » se pose en victime.

      Affaire Duhamel : « LCI me bâillonne », juge Alain Finkielkraut, écarté de l’antenne
      https://www.msn.com/fr-fr/actualite/france/affaire-duhamel-c2-ablci-me-b-c3-a2illonne-c2-bb-juge-alain-finkielkraut-c3-a9cart-c3-a9-de-l-e2-80-99antenne/ar-BB1cHaj1

      Puis Alain Finkielkraut dénonce la façon dont il a été écarté de la chaîne d’informations du groupe TF 1. « C’est une éviction injuste, une éviction d’une incroyable goujaterie, s’emporte-t-il. LCI me bâillonne. Je suis sous le choc. On ne vire pas les gens pour ça. Comme si j’avais commis un délit irrémédiable. Mais qu’on écoute mes propos dans leur intégralité ! Et si on les trouve toujours ambigus, qu’on me demande de m’expliquer à l’antenne. ». « A aucun moment, je n’ai été complaisant avec Olivier Duhamel. Aucun ! assure encore le philosophe. J’essayais juste d’avoir une pensée subtile. Et je ne changerais rien aujourd’hui. Nous vivons dans un monde de délire collectif et j’en suis la victime. »

      C’est ça pauvre chou : nous vivons dans une société victimaire et j’en suis la victime.

    • La réponse à Pauline Bock (commentaire ouvert), qui précise la position d’André Gunthert sur l’analyse du « marqueur » Finkielkraut dans l’évolution de la société française sur la pédocriminalité :

      Je remercie vivement Pauline Bock d’avoir repris, vérifié et déployé mon hypothèse du « marqueur » Finkielkraut, dont la stabilité des positions permet de mesurer l’évolution des sensibilités et du débat public. Sur Twitter, certaines intervenantes ont prétendu que ma formule équivalait à tirer le rideau sur les combats féministes, et faisait le jeu des masculinistes. C’est évidemment un mauvais procès. Comme le confirme l’enquête de Pauline Bock, mieux que je n’ai pu le faire, l’accueil de la défense des pédocriminels par Finkielkraut a très manifestement évolué entre 2009 et 2021, et on peut légitimement s’en réjouir. Ce progrès ne signifie bien sûr en aucune manière que la France en serait quitte avec la culture du viol. Mais il serait à l’inverse paradoxal de laisser croire que les combats féministes sont incapables de changer la société.

      Pour contribuer à l’analyse que propose Pauline Bock, et pour préciser ma pensée, il me semble que lla réception des propos de Finkielkraut permet de mesurer un progrès, non pas sur l’ensemble des aspects de la culture du viol, mais de façon plus spécifique sur la sensibilité à la pédocriminalité. C’est en effet sur ce point que le débat public a connu la plus importante évolution, notamment avec le livre de Vanessa Springora, Le Consentement. Ce témoignage a fait bouger les lignes sur une question essentielle, auparavant absente du débat : celle de l’emprise. A la différence de Samantha Geimer, qui n’était ni consentante ni amoureuse de Polanski, Vanessa Springora décrit sa relation avec Matzneff comme la fiction d’une relation amoureuse consentie. Mais ce « consentement » apparent doit en réalité être corrigé par la différence d’âge et d’ascendant qui sépare l’adulte de l’enfant, assure son emprise, et déguise sous les traits de l’émancipation ce qui est un assujetissement.

      Cette inégalité de statut, à la source des violences sexuelles, était déjà la question centrale qui avait animé le mouvement #Metoo, à partir du modèle du harcèlement professionnel dans le domaine du cinéma. La prise de conscience de l’importance de l’emprise ôte évidemment toute pertinence à la justification de la pédocriminalité par la mise en avant de l’âge ou de l’expérience sexuelle de la victime – argument des prédateurs repris par Finkielkraut. Dans une relation de majeur à mineur, ce qui compte n’est pas l’âge de la victime, mais la différence d’ascendant entre les protagonistes. Inutile de préciser que l’agression de Samantha Geimer par Polanski, discutée en 2009 comme un « viol », coche toutes les cases de l’emprise, non seulement par la différence d’âge, mais aussi par le statut et la célébrité du violeur. Il ne serait plus possible de défendre aujourd’hui le cinéaste avec les arguments utilisés en 2009, car ils ont été invalidés par de nouvelles connaissances sur la réalité des violences sexuelles.

      En d’autres termes, l’évolution des sensibilités ne s’effectue pas par un progrès magique du débat public, qui irait naturellement de l’avant. Elle s’appuie sur une nouvelle compréhension des faits, qui se diffuse dans la société à l’instar de toute connaissance nouvelle, par l’intermédiaire de témoignages et d’alertes, par la validation et le commentaire d’autorités, mais aussi par la controverse ou les paniques morales, ou encore par l’évolution juridique et institutionnelle. Les progrès de ces différents processus sont variables et parfois contradictoires, et on sera toujours fondé à regretter que sur des questions si cruciales, la société n’avance qu’à pas comptés. Mais en tant qu’historien des cultures, et en comparaison d’autres fronts du débat public, ce qui me frappe en l’occurrence est plutôt la remarquable avancée des mentalités. Cette avancée, dans le contexte d’une résistance acharnée des privilèges du patriarcat qu’incarne Finkielkraut, est dûe à la lutte inlassable de tous les acteurs, militants, témoins, chercheurs, politiques, juristes, journalistes… Constater que leur combat n’a pas été vain est rendre hommage à leur courage et à leur opiniâtreté.

      https://twitter.com/gunthert/status/1350011979759570945
      https://www.arretsurimages.net/discussions/pedophilie-inceste-le-marqueur-finkielkraut?uuid=0d7a5c75-778a-4800-
      https://www.arretsurimages.net/articles/pedophilie-inceste-le-marqueur-finkielkraut

      (abonnées)

  • Montpellier : du sursis pour le professeur jugé pour atteintes sexuelles sur une collégienne
    https://www.midilibre.fr/2021/01/08/montpellier-du-sursis-pour-le-professeur-juge-pour-atteintes-sexuelles-sur

    Cet homme de 40 ans est condamné à trois ans de prison avec sursis probatoire, cinq ans de toute activité en contact avec un mineur et sera inscrit dans le fichier judiciaire national des auteurs d’infractions sexuelles. Il avait entretenu pendant plus de deux ans une relation amoureuse avec une de ses élèves, qui au départ n’avait que 14 ans. 

    Le tribunal judiciaire de Montpellier a condamné ce vendredi 8 janvier un professeur de collège d’un établissement de l’Hérault à trois ans de sursis probatoire, pour atteintes sexuelles et corruption de mineure. L’homme est également interdit pendant cinq ans d’exercer toute activité en rapport avec des mineurs, et sera inscrit dans le fichier judiciaire des auteurs d’infractions sexuelles.

    Ce professeur avait été suspendu de ses fonctions à la suite de la découverte, en 2017, par un père de famille, de photos pornographiques et sadomasochistes mettant en scène sa fille, alors âgée de 16 ans, et ce professeur, âgé de 22 ans de plus qu’elle. L’enquête avait alors révélé que depuis qu’elle avait 14 ans, la collégienne entretenait une relation amoureuse avec cet enseignant, lui-même en couple et père de famille, et qu’ils avaient eu des relations sexuelles dans l’établissement scolaire même.

  • Duhamel Kouchner : Merci à celles qui brisent l’omerta
    https://sandrine70.wordpress.com/2021/01/05/duhamel-kouchner-merci-a-celles-qui-brisent-lomerta

    Je voudrais surtout ici réagir à un tweet mal intentionné qui reproche à Camille Kouchner d’être la compagne de Louis Dreyfus, président du directoire du Monde qui le premier sort l’affaire (mais 3 jours avant la parution du livre au Seuil donc s’il fallait lui reprocher qqch, ce serait de privilégier le média de son conjoint, et alors ?), avec L’Obs, dont il est aussi le patron. Alors non, ça ne me choque pas. Mais m’inspire deux réflexions.

    La première, pas nouvelle, c’est qu’il faut ça pour qu’une femme puisse parler. Etre Adèle Haenel, actrice reconnue, ou Vanessa Springora, éditrice reconnue, ou enfin Camille Kouchner, avocate et proche d’un grand patron de presse. On imagine combien c’est difficile pour celles qui n’ont pas ces soutiens de le faire, et on les remercie de le faire aussi pour elles. Pensons aussi à toutes les autres pour qui être entendues (parce qu’elles parlent) est encore plus difficile

    Deuxièmement, c’est une bonne nouvelle, qu’aujourd’hui des médias, des réseaux d’influence puissent servir la dénonciation des crimes et non plus la protection des criminel·les Et quand c’est Le Monde, on sait en plus qu’ils ne le font pas à la légère mais avec sérieux. Depuis quelques mois, avec les unes sur les féminicides, avec la une contre l’inceste, on voit que le plus réputé des quotidiens français a évolué.
    Et si c’est parce qu’un homme puissant a su écouter la parole des victimes, qu’il ne s’agit évidemment pas de vengeance mais de justice et de vérité, alors je dirais juste, TANT MIEUX !

    #inceste #violences_sexuelles #viol #culture_du_viol #domination_masculine #domination_adulte #famille #omerta

  • Crêpe Georgette publie un très bon thread sur les biais sexistes dans la justice en réponse au thread d’un proc.
    Je vous laisse « juges », et on commence par le thread du proc.
    https://twitter.com/SirYesS25095892/status/1343277586928037888

    Je lis qu’il faut CROIRE les femmes victimes de violences conjugales. CROIRE. Je suis procureur, je ne crois pas. Je prouve, ou je ne prouve pas. Je poursuis, ou je classe. Mon avis, ma reprobation, mon jugement de valeur, le tribunal s’en fiche. & il a raison

    Je rappelle que des hommes sont victimes. Des enfants. Parlons de violences intra familiales, de VIF pour aller plus vite. C’est plus neutre, moins marqué idéologiquement. Car je ne fais pas d’idéologie, je fais du droit.

    Il se peut que vous soyez victime. Depuis des mois des années peut être. Jusqu’à présent vous n’avez pas pu pas osé pas voulu en parler. Pour des raisons qui vous appartiennent. Que personne n’a le droit de juger. Et la vous avez franchi le pas.

    Vous avez poussé la porte d’une gendarmerie ou d’1 commissariat. Vous avez tout raconté. Peut être pleuré. On vous a envoyé voir un médecin. Ça a été très dur de déballer tout ca, et la vous avez peur. Pour vous quelque chose a basculé. Pour moi c’est le début du travail.

    Mon travail est de vous protéger. Pour ça je dois PROUVER ce que vous affirmez. Par tous moyens, témoignages, certificats medicaux, enquête d’environnement, constatations, tout ce que les enquêteurs vont pouvoir trouver. Et ils vont chercher !

    Même quand on ne se sent pas prêt(e) a franchir le pas, c’est bien de se confier, a ses amis, a son médecin. De prendre des photos si on est marqué, si la maison porte les traces du dernier petage de plombs... Tous ces petits éléments de preuve, que nous viendrons récolter.

    Pour vous protéger le Procureur doit faire bien plus que vous croire. Aucune parole n’est sacrée et ne peut se suffire a elle-même... Si elle se heurte a des dénégations, sans élément de preuve, elle restera lettre morte.

    La lutte contre les VIF est une noble lutte, que je porte depuis longtemps. Elle ne justifie pas tout. Ne demandez pas aux enquêteurs ou a la justice de croire les victimes, une condamnation basée sur ma seule croyance, celle de l’enquêteur ou celle du juge serait terrifiante.

    Perso, l’invisibilisation du côté patriarcal des violences et le coup de la symétrie avec des hommes violentés, ça te place vite le curseur.

    Réponse de Crêpe Georgette qui a donc mis plein de pièces dans la machine à produire des trolls mascus.
    https://twitter.com/valerieCG/status/1343549022305398788

    Me voilà de retour car « Monsieur je ne fais pas d’idéologie, je fais du droit » le mérite bien. (thread sur les biais judiciaires en matière de sexisme - rions (jaune) un peu).

    Les lois sont le produit d’une histoire ; si aujourd’hui nous différencions le viol (pénétration) des autres agressions sexuelles c’est le produit d’1 histoire où ce qui était considéré comme grave était de mettre enceinte 1 femme qui n’était pas la vôtre (ce n’est qu’un ex).

    Donc les lois sont elles mêmes le produit d’une idéologie et il faut être diantrement présomptueux pour penser qu’on les applique sans aucune idéologie. quelques ex issus du merveilleux livre Une culture du viol à la française de votre adorée moi-même ==>

    On sait que selon l’heure de la journée, les jugements sont différents, si un jury est entièrement blanc et juge un noir, il sera plus sévère que s’il y a un seul noir dans le jury, on sait qu’il existe ce qu’on appelle des stéréotypes judiciaires. je me cite ==>

    On a de beaux exemples de stéréotypes judiciaire sexistes au Canada en 2017, en Espagne avec un viol collectif, en France à Nanterre, ou en Italie (cas détaillés en screenshot)

    les NotAllJurists vont me répondre « ce ne sont que quelques brebis galeuses !! ». Mais on a aussi des enquêtes sur l’ensemble de raisons poussant par ex au classement sans suite (menées par des juristes et pas des abominables idéologues féministes) du viol . que nous disent-elles ?

    1. l’enquête a été insuffisante
    2. s’il y a viol conjugal ds 1 contexte de violences, on va confondre le viol avec les autres violences
    3. ds un contexte de séparation
    4. pour les tentatives de viol
    5. pour les victimes fragiles (maladie mentale, drogue, alcool

    On a aussi des études sur la correctionalisation des viols et que lit on de la bouche même d’un acteur de la chaine judiciaire ?
    Si la société toute entière souffre de préjugés sur les violences faites aux femmes, le système n’en est pas exempt.

    Revenons ensuite au merveilleux screen. la grande force des réactionnaires est de nous faire croire que nous serons biaisés alors qu’eux sont dans le fait le plus pur. (et le pire ca fonctionne). donc fions nous aux statistiques.

    Toutes les enquêtes de victimination (dont celles de l’ONDRP qu’il va être difficile de considérer comme féministe) prouvent que l’écrasante majorité des auteurs de violences sont des hommes, que les victimes soient des femmes, des hommes ou des enfants.

    arrêtons nous ensuite sur ce screen. Personne n’a demandé aux tribunaux de croire les victimes sur parole ; ce sont vos fantasmes. Et guess what vous pouvez croire une victime, même en tant que procureur et ne pas pouvoir condamner le coupable car il y a un manque de preuves.

    Continuons avec ce screen. Notez l’absence, idéologiquement marquée, du mot « pouvoir » qui fait porter à la victime la responsabilité (en ayant l’air de ne pas y toucher) de son sort
    la plupart des victimes ne portent pas plainte à cause de gens qui ne les croient pas et par peur.

    Enfin le pompon sur la Garonne, que dis-je l’Amazonie. Mesdames, entre 2 fouilles intégrales de votre téléphone auquel il a évidemment accès (c’est pour ca que les sites d’aide sont anonymes champion !), pensez a photographier votre pain dans la gueule !!

    vous noterez au passage que Monsieur « je fais du droit et pas de l’idéologie » appelle des violences sur conjoint un « petage de plomb ». (ca ira ensuite nous expliquer que le terme de féminicide n’est pas dans la loi).

    Incroyable l’Europe elle même (foutue idéologie !!) qui produit des rapports expliquant qu’hommes et femmes n’ont pas un accès égal à la justice à cause de biais et stéréotypes de genre.

    https://www.coe.int/en/web/genderequality/equal-access-of-women-to-justice

    Incroyable (bis) le Grevio a pointé les manquements de la France, entre autres au niveau judiciaire pour proteger les femmes victimes de violences. (c’est ou tous ces idéologues)

    https://www.lejdd.fr/Societe/violences-sexistes-et-sexuelles-ce-quil-faut-retenir-du-rapport-qui-pointe-les

    Enfin (et ca s’adresse à mes camarades féministes) certain-e-s arrivent (avec succès) à connoter négativement le terme idéologie et à faire croire qu’il ne serait pas neutre (donc négatif) de défendre les droits des femmes.
    Observons cette inversion de valeurs. Documentons-là.

    Magnifique exemple de stéréotype judiciaire puisqu’il est prouvé depuis longtemps (SI VOUS PRENIEZ LA PEINE DE LIRE SUR LE SUJET) que la part de mensonges en termes de violences conjugales/sexuelles est congrue. (2nd screen une étude US)

    enfin (je vais m’arrêter à un moment promis), les stéréotypes judiciaires sont aussi raciaux. la source : « Demographic differences in sentencing, United States Sentencing Commission, novembre 2017.
    donc travaillez sur vos biais au lieu de les nier

  • Et toujours le même constat : un type qui se revendique « catholique extrémiste » et qui semble totalement correspondre aux stéréotypes de l’extrême-droite survivaliste tue 3 gendarmes, mais parmi les dizaines et dizaines d’articles répertoriés sur la page de Google Niouzes, il y en a un seul qui indique dans son titre qu’il était un extrémiste chrétien, et aucun qui suggère qu’il était d’extreme-droite. (LCI trouve même le moyen de le qualifier de « tireur sportif ».)

    On en est déjà à évoquer ses antécédents psychiatriques. Comme pour le type abattu à Avignon fin octobre, qui se revendiquait de Génération identitaire.

    • « tireur sportif » ça laisse aussi entendre qu’il fréquentait les flics (et pas que) au stand de tir. Finalement c’est peut être ça qui en dit le plus. Mais les vrais qualificatifs sont éludés, c’est vrai.

    • Tireur sportif, ça veut juste dire qu’il avait le droit aux armes de guerre, au delà du fusil de chasse, en gros. Ce qui explique probablement le carnage, mais c’est difficile à dire, les infos étant effectivement lacunaires.

    • Un Famas c’est de l’A2, donc effectivement interdit. Par contre, un FM en mode semi-auto semble possible pour le tir sportif c’est de l’A1 avec dérogation.
      Mais bon, comme il s’agit pas de terrorisme islamique, on a pas beaucoup d’infos.

    • Selon Libération, c’est un AR15 (version civile du M16). Libération le qualifie d’ailleurs de survivaliste chrétien d’extrême droite. Autant de morts qu’à Nice, 10 fois moins d’echo.

    • Ok il était ancien #militaire, catholique traditionaliste, survivaliste d’extrême droite, mais c’est pas autre chose a priori qu’un #féminicide manqué qui s’est transformé en un accrochage meurtrier avec les gendarmes suivi d’un suicide. Certes, la presse insiste pas sur le côté faf (dédiabolisation partout) mais cet accident du travail de police n’a rien à voir avec le terrorisme. (Ou alors il faut appeler terrorisme, les féminicides, et ça demande des développements, voire la menace latente ou manifeste subie par les femmes de la part des hommes).
      Ce qui est emmerdant dans l’affaire c’est la manière dont le gouvernement utilise la mort de ces gendarmes pour nous raconter que les femmes sont protégées des hommes. (j’entends à cette occasion que la gendarmerie à elle seule interviendrait toutes les 4 minutes sur des « différents familiaux », situation parmi les plus dangereuses pour les forces de police).

    • Effectivement, c’est pas du terrorisme. Mais ça fait autant de morts, ça transforme le lieu d’une arrestation en zone de guerre et l’effet de sideration devrait être le même. Sauf que non.
      Quand a savoir lequel du feminicide ou du carton de flics est le pretexte de l’autre, difficile à dire à ce stade de l’enquête. Ce qui est clair, c’est que si feminicide il y aurait du avoir, il aurait eu lieu vu la facilité deconcertante avec laquelle il a buté les flics- flinguer son ex aurait été une formalité . Donc, oui, il y a peut etre terrorisme latent.

    • (Ou alors il faut appeler terrorisme, les féminicides, et ça demande des développements, voire la menace latente ou manifeste subie par les femmes de la part des hommes).

      La menace latente et manifeste subie par les femmes de la part des hommes est bien du terrorisme. Du terrorisme sexuel https://seenthis.net/messages/892656 ici des attaques en meute place Tahrir en 2014.
      Et si « cet accident du travail de police » n’a rien à voir avec le terrorisme. Il semble avéré quand même que ce n’est pas un accident mais un guet-apens. Si le tueur n’a pas supprimé sa compagne, il s’était préparé à l’intervention de la gendarmerie (400 flics en tout). Il en a buté trois et blessé un autre, le bilan aurait pu être bien plus lourd.

    • Il a tué quatre gendarmes juste après l’arrivée des premiers renforts. C’est ensuite, lorsqu’il était en fuite, que 400 gendarmes ont été mobilisés, avant qu’il ne se suicide.
      Il n’y a pas de guet-apens. Il cogne sa compagne, des gendarmes alertés arrivent, distinguent une arme, appellent des renforts, et là, ce type met en route ce pour quoi il s’était programmé : utiliser son équipement de fana mili survivaliste.

    • Perso, la question de savoir si c’est du terrorisme ou pas m’importe peu. Ce qui m’intéresse, c’est la différence de traitement.

      Corlporteur, tu écris :

      ce type met en route ce pour quoi il s’était programmé : utiliser son équipement de fana mili survivaliste

      Si un type isolé, totalement déséquilibré, se « programme » pour commettre un attentat - dont l’issue suicidaire est évidemment connue - en tuant des juifs et/ou en criant Allah Akhbar, les titres des journaux n’hésiteront pas à tous titrer sur le terrorisme islamique.

      Je suppose que c’est ce que veut dire aussi Lefayot avec l’expression « terrorisme latent ». Le fond de commerce idéologique/religieux/masculiniste… du gars mène assez logiquement à ça. Et je pense que pour un autre fond de commerce idéologico-religieux tout aussi masculiniste, la question du terrorisme ferait déjà la Une.

    • Oui je pensais justement à ça c.a.d aux mass murders en série aux USA. Et ça commence à devenir du terrorisme revendiqué comme tel par les auteurs (en fait, ça l’est depuis un moment). Le cinglé du puy de dome était amha dans ce cas là. A deux doigts de franchir le pas qu’il a franchi quand les flics se sont pointés. Mais je pense qu’il rêvait de faire un carton depuis un moment (en plus les flics c’est la milice de l’etat profond, tout bénef)

    • Vous vous souvenez que les meurtriers de masse ne tuent pas souvent des policiers ou des gendarmes mais bien plutôt des civils désarmés (et souvent les plus désarmés possible, scolarisés pour l’essentiel, ou femmes pour un exemple québécois, etc). Pour terroriser, l’idéal est de s’en prendre à des « innocents » que ni les policiers ni les gendarmes ne sont puisqu’il sont potentiellement des meurtriers avec l’aval de la société qui les arme.

      Ici, on est dans un contexte militaire, sans victime civiles. Notons à ce propos de ce passage à l’acte là que ce gars a vite perdu (dans quelles circonstances ?) le cadre contenant (l’armée) qu’il s’était choisi...

      Il me semble qu’il faut distinguer ses actes (le contexte et les hypothèses qui peuvent l’expliquer) d’un traitement médiatique qui je le répète « dédiabolise » aussi souvent que possible l’extrême droite bien au delà de ce que le FN avait entrepris pour son compte (tout comme le fait de réhabiliter Pétain dans le débat public n’est plus une spécificité de Zemmour, Sarkozy et Macron étant entée dans le game). C’est aussi comme ça que le rôle du faf indic Hermant dans la fourniture d’armes au gang Coulibaly est passé crème (procédure judiciaire dissociée de celle d’autres comparses survivants).
      Bref, les comparaisons sont pas aisées. Cette affaire me parait assez singulière bien qu’elle se rapproche d’autres histoire de forcenés qui refusant de se rendre s’en prennent aux forces de l’ordre. Avec ce fond particulier, fana mili survivaliste facho (mascu dans ces cas là c’est ordinaire, en effet).

    • Au contraire je croi que c’est très important de bien nommer les choses. A mon avis c’est significatif que le terrorisme adressé aux femmes soient nié, invisibilisé et que ca ne soit même pas considéré comme une chose importante dont on pourrait discuté. Bien sur que les féminicides sont des terroristes. Les terroristes qu’ils soient islamistes ou d’extrême droite ce qui les unis c’est leur profonde misogynie. C’est un sujet que j’avais largement documenté sous le tag #male_entitlement
      La culture du viol est aussi du terrorisme. Le controle des armes par les hommes est un des moyens que s’arrogent les hommes pour terroriser les femmes. ( cf #paola_tabet )

      Par l’étude des auteurs de violences interfamiliales on sait que les agresseurs sont très souvent aussi des maltraiteurs de tout ce qui respire, pour ceci voire les émissions sur l’inceste que j’avais partagé ici ; https://seenthis.net/messages/878720
      Les agresseurs de femmes sont aussi des agresseurs d’hommes, d’enfants, d’animaux non humains, hommes qu’on laisse agir en « bon pères de famille ».

      Pour cette idée du terrorisme ciblant les femmes invisibilisé voire aussi Francis Dupuis-Déri qui explique cela
      https://www.youtube.com/watch?v=ndXqR_aWHcU

      #culture_du_viol #inceste #déni #invisibilisation

    • Je trouve inapproprié et dangereux d’employer le terme terroriste à tout bout de champ.

      On se souvient, par exemple, qu’il y a eu (il y a, il y aura) plein de meurtres racistes dans ce pays qui n’étaient pas du terrorisme.

      Pour ce qui est des femmes, oui, la culture du viol, la violence machiste, la crainte ou la terreur causé par des conjoints, patrons, collègues, proches, dans la rue existent. Mais je ne me souviens pas d’autre cas d’attentat contre des femmes visant à les tuer sans distinction pour ce qu’elles sont qu’un exemple québécois. La terreur exercée sur les femmes fonctionne selon d’autres modalités, en général, au moins à cette heure.

      Pour ce qui est de ces gendarmes, si on met un instant de côté la violence machiste dans cette affaire, cela fait partie du boulot des gens d’armes que de risquer de tomber sur des personnes lourdement armées, entrainées et décider à ne pas se rendre. On aurait pu avoir le même bilan sur un braquage, une évasion, bien que les voyous essayent plutôt de limiter les dégâts (de faire peur, quitte à tirer en rafale, pour arriver à fuir) lorsqu’ils sont confrontés à la police. Tout le monde sait que moins de spectacle, de scandale, de blessés, de morts, ça contribue à limiter l’ampleur des moyens déployés ensuite par la police, et celles des peines.

      On nous dit qu’il était lourdement armé, à part la pléthore de couteaux, et la lunette de visée nocturne (fana mili jusqu’au bout), il était armé comme bon nombre de gens qui savent risquer d’avoir à faire face à la police, une arme de poing et arme longue (d’aucuns ont aussi une ou des grenades défensives). Et il a pas utilisé d’explosif ou de lance roquette comme c’est le cas lors d’attaques moins meurtrières (par exemple des transports de fonds).

      Si ce type avait voulu tuer des femmes, des Arabes, des Musulmans, des Juifs, un max de passants, d’écoliers, des habitants d’un quartier, si ce type avait faut sauter une gare bondée ou posé une bombe sur un marché, etc, on pourrait parler de terrorisme (même en l’absence de morts en cas d’échec). C’est pas de ça qu’il s’agit. Et c’est grave de relayer cette propension à coller partout du « terrorisme ». Ça participe directement de la banalisation et de la généralisation d’un droit d’exception dont l’abus est déjà constant.

      À part ses compagnes, qui donc a-t-il terrorisé ? Des collègues trouffions ? des voisins ? des subalternes ? On ne passe pas comme ça de relations tyranniques et violentes effectivement terrorisantes au « terrorisme ».

      Le survivalisme c’est pas une politique de terreur, c’est, un culte, la glorification de la force ; s’en sortir quelque soit les circonstances. Oui, ça peut s’associer à du terrorisme, en particulier raciste, et à tout le moins à des violences racistes. Oui, ça peut s’associer à des formes de violence sociale (flic, militaire, vigile, nervis). Dans cette histoire, close par le suicide du type (ce qui n’est pas non la même chose que de contraindre la police à la mise à mort, les djihadistes ne se suicident guère ; et ici, la police tient assez peu à les arrêter, le meurtrier de Paty a été tué désarmé au prétexte qu’il aurait pu porter des explosifs), jusqu’à plus ample informé, cela n’a pas été le cas.

      Tous les crimes d’allure un tant soit peu exceptionnelle ne sont pas du terrorisme.

    • L’ex-épouse de Frédérik Limol est sortie de son silence dans une interview au quotidien Le Dauphine Libéré ce vendredi.
      https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/j-ai-alerte-qu-il-etait-dangereux-l-ex-epouse-du-tueur-des-trois-gendarme

      « J’avais lancé des alertes, des dizaines ! Je savais qu’il était dangereux, » affirme-t-elle au sujet du tueur des trois gendarmes d’Ambert.

      Elle raconte que son ex-mari était violent avec elle, « il a essayé de m’étrangler, j’ai pu me sauver », qu’il la menaçait de mort, « je croyais qu’il nous tuerait tous ». Elle explique avoir alerté la police, les gendarmes et l’aide à l’enfance : « J’ai même écrit à Marlène Schiappa [alors secrétaire d’Etat en chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes]. Rien n’a été fait. On m’a dit à chaque fois qu’il allait certainement se calmer. »

      Dans la nuit de mardi de mercredi des policiers sont venus à son domicile de Privas, en Ardèche, où elle vit avec son nouveau compagnon, leurs enfants et celui qu’elle a eu avec Frédérik Limol : « Ils sont venus nous mettre en sécurité, je les remercie. »

      Elle explique que Frédérik Limol a soudainement changé en 2012, devenant violent et survivaliste. « Quand j’ai accouché, il m’a donné une radio militaire, pour que l’on puisse communiquer en cas de fin du monde, » se souvient-elle.

      Je ne pensais pas que des innocents allaient mourir

      Très « en colère » contre les institutions qui sont restées sourdes à ses appels à l’aide, elle dit aujourd’hui se sentir « coupable » : « Aujourd’hui, il y a quatre orphelins, si j’avais pu me faire entendre, on n’en serait pas là. J’ai tout essayé. »

    • Je trouve inapproprié et dangereux d’employer le terme terroriste à tout bout de champ.

      @colporteur Je ne parle pas d’employé ce mot à tout bout de champ. Il est question de comprendre pourquoi les tueurs de masse isolé sont désigné « terroristes » lorsqu’ils sont racisés et « tueurs fous/isolés » lorsqu’ils sont blancs.
      Dans les liens que j’ai fournis il y a de nombreux exemples de tueurs de masse se revendiquant des Incels et Brevik théorise largement le contrôle des femmes, ainsi que l’histoire du « grand remplacement ». Le tueur de Polytechnique est simplement le seul pour qui le motif masculiniste n’est pas invisibilisé contrairement aux autres tueurs de ce type.
      Je ne dit pas que tous les féminicides sont des terroristes, les liens que j’ai fournis parlent des tueurs de masse , ceux qu’on appelait aussi Amok et c’est de ceux là que je veux parlé.
      L’Amok est une forme de violence typiquement masculiniste dans laquelle un homme « pète un plomb » et dans sa violence sois disant aveugle, emporte avec lui des quidam (proches, passants, flics...) en tuant sur son passage jusqu’à etre abattu lui même, dans une forme de suicide terroriste.

      Ce sont des hommes qui réclament leur « due » (male entitlement), ce qui aurait due leur être donné de fait car ils sont des hommes et il méritent des privilèges (c’est à dire une ou des femmes, des enfants, de la propriété terrienne).

      Pour le survivaliste dont il est question ici, je remarque que les violences subit par sa compagne ont commencé lors de son accouchement - or c’est le moment particulier que choisissent les hommes pour activer leurs violences contre leurs compagnes - je remarque aussi qu’il à construit un discours d’assiégé qui crain pour son due, c’est à dire SES BIENS agricoles A LUI que lui volerait des citadins (on à ici un clivage paysan/citadins différent de celui du grand remplacement ou de l’islamiste mais ca reviens en fait au même). A cela s’ajoute le fait qu’il ai un accès aux armes, ce qui fait que sa capacité de nuisance est déculpée. Par là je veux faire référence aux tueurs de masse de Chine qui s’attaquent à des écoles maternelles car ils n’ont pas leur progéniture qui leur serait due, que mentionnent la documentation que j’ai fourni. Ils n’ont pas le même impact car ils ne disposent « que » de couteau et non de Famas, paceque le PCC contrôle drastiquement les armes contrairement aux US ou à la France.

      Pour moi ce qui unit tous ces tueurs d’extreme droite, qu’ils soient musulmans, chretiens, survivalistes, c’est ce culte, cette glorification de la force que tu identifie toi même tout en etant completement aveugle au fait que c’est la base même du masculinisme.

    • J’ai bien connu Fred, le forcené du Puy de Dôme, Emmanuelle Strub @EmmanuelleMdM
      https://twitter.com/EmmanuelleMdM/status/1343119438061694977

      J’essairai d’écrire quelque chose de plus long, plus tard et dans un autre format, mais là, j’ai juste un ou deux trucs à dire, je vais faire court. Et ne m’en voulez pas si je ne dis pas ce que vous pensiez.

      Je connaissais Fred depuis 25 ans et ne le voyais plus depuis son mariage et la naissance de sa fille, moment où il est devenu violent avec sa femme. J’ai dû accepter que mon pote Fred était aussi un type minable, niant sa violence, se victimisant en permanence,

      incapable d’admettre que le problème de son couple c’était lui, incapable de se faire aider, incapable d’être à la hauteur de l’enfant dont il était si fier. Un gros gros naze agressif, qui, en plus, commençait à perdre pied avec le réel. Bref. Je l’ai perdu à cette période.

      L’année dernière il a relancé une charge judiciaire (multiple et sur tous les fronts) contre son ex femme pour obtenir la garde de l’enfant. Je n’avais plus de contact mais on m’avait dit qu’il était devenu « un survivaliste fan de Jésus » quelque part au milieu de la France.

      Nos amis communs avaient eux aussi perdu le contact depuis quelques années. J’ai fait une attestation pour le JAF dans laquelle j’écrivais, entre autres "pour moi il est malade, violent, paranoïaque, une bombe à retardement" .

      J’avais compris qu’il était passé à un stade supérieur encore dans la violence et j’étais vraiment très inquiète pour son ex femme et sa fille. Je suis dévastée par ce qu’il a fait mais pas surprise. Pas plus que son ex femme.

      Elle n’a pas été entendue et je n’ai pas été entendue non plus par certains de mes proches. Si la remise en question de la société sur les violences faites aux femmes va au même rythme que dans mon entourage, on n’est pas sortis des ronces.

      Alors c’est sûr dans le cas de Fred il y a un double problème, la violence sur ses compagnes et la décompensation psychique (l’enquête le dira mais c’est mon hypothèse)

      Je ne sais pas ce qu’on aurait pu faire pour éviter ce drame mais je sais comment on aurait dû croire son ex femme quand elle disait qu’il était dangereux pour elle et sa fille.

      [...]

    • Gendarmes tués à Saint-Just (Puy-de-Dôme) : le forcené est passé par le 15e régiment du Train à Limoges
      https://www.lamontagne.fr/limoges-87000/actualites/gendarmes-tues-a-saint-just-puy-de-dome-le-forcene-est-passe-par-le-15e-r

      Xavier* écoute la radio quand il apprend la tuerie de Saint-Just. En entendant le nom du forcené, « Frédérik Limol », une lumière s’allume tout de suite dans son esprit. Ce nom ne lui est pas étranger. Si elle remonte à loin, sa rencontre avec le dénommé Limol l’a marquée. Et elle n’éveille pas en lui de bons souvenirs… Loin s’en faut.

      A cheval sur les armes

      C’était en août 1995, à Limoges, à la caserne Marceau. « Je faisais mes classes au 15e régiment de Train. Appelé du contingent, comme on dit, se remémore Xavier. Frédérik Limol était mon chef de peloton. Il était lieutenant aspirant. Il était très antipathique, c’est le moins que l’on puisse dire. Toujours dans la brimade, à montrer qu’il était le chef ».

      Xavier se souvient d’un trait caractéristique de son ancien chef de peloton. « Il était très à cheval pour tout ce qui concerne les armes : la sécurité notamment, c’est normal, mais aussi le nettoyage… Cela n’allait jamais. Pour lui, l’arme n’était jamais assez propre. Dans ce domaine-là, il faisait vraiment valoir son autorité. »

      Intransigeant et antipathique

      Si sa rencontre avec Frédérik Limol date de 25 ans, son souvenir est intact dans la mémoire de Xavier. « Je me souviens très bien de son visage. Il était originaire des Antilles. Je m’en souviens d’autant plus qu’on avait exactement le même âge. À la caserne, on essayait de créer un lien. Il y avait des instructeurs dans leur rôle pendant les missions mais qui, pendant les moments de détente, venaient boire un coup ou discuter avec nous. Lui, c’était impossible. Il était intransigeant et ne faisait rien pour attirer la sympathie. Il n’était pas du tout chaleureux, voire même à la limite du respect.

    • Un survivaliste ultra-violent et surarmé : Frederik Limol, itinéraire d’une radicalisation
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/01/02/frederik-limol-itineraire-d-une-radicalisation_6065002_3224.html

      Le meurtre de trois gendarmes à Saint-Just, le 22 décembre, après une tentative de féminicide, est l’issue d’un engrenage complexe que les autorités n’ont pas su détecter, malgré les signaux d’alerte. Par Samuel Laurent et Lorraine de Foucher

      Il faisait très sombre dans le hameau de Saint-Just (Puy-de-Dôme), le soir du 22 décembre 2020, lorsque les deux premiers gendarmes sont tombés, l’un mort, l’autre blessé, sans comprendre ce qui leur arrivait. A peine auraient-ils entendu le bruit des balles tirées par Frederik Limol. Probablement allongé dans les fourrés, celui-ci les a ciblés à travers la lunette à vision nocturne de son AR-15, la version commerciale du M-16, le fusil d’assaut de l’armée américaine, qu’il a équipé d’un silencieux.
      « L’expertise devra encore préciser la scène de crime, mais avec les bruits de la nature, je pense qu’ils n’ont rien entendu. Le gendarme blessé lui a demandé de se calmer, et il a vu une silhouette paisible, déterminée, se mouvoir. C’est un tireur d’élite, qui tire pour tuer, ça ressemble aux tueries de masse aux Etats-Unis », décrit Eric Maillaud, le procureur de Clermont-Ferrand. Au fond, la grange puis la maison brûlent. Les flammes éblouissent les militaires, qui mettent du temps à comprendre que « quatre d’entre eux sont au tapis », selon les mots du magistrat. « Ce n’est que le lendemain, une fois le jour levé, qu’ils m’ont dit avoir saisi que la maison était en plein milieu d’un hameau », poursuit-il.

      Avec la lumière de l’aube, le Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) arrivé en renfort retrouve, à 1,5 kilomètre de là, le 4 x 4 de Frederik Limol accidenté, et son corps à proximité, non loin d’un pistolet Glock et d’un fusil AR-15. Il semble s’être tiré une balle dans la tête. Le coffre est rempli à ras bord de cartons : à l’intérieur, un an de denrées alimentaires, des boîtes de conserve ou de nourriture lyophilisée. Ce néosurvivaliste croyait la fin du monde proche et se déplaçait souvent avec des quantités de rations.

      « Connards en costard »
      L’enquête commence seulement pour tenter de déterminer les différentes strates d’une affaire complexe, entre tentative de féminicide, « radicalisation politique » et décompensation psychique. Avant de tuer trois gendarmes, cet informaticien de 48 ans, diplômé d’une grande école d’ingénieurs et fils de militaire, avait basculé peu à peu dans une paranoïa brutale. Avec pour premières victimes ses deux compagnes successives, Catherine A. et Sandrine, en butte des années durant à sa violence.

      Sandrine, sa dernière compagne, a connu Frederik Limol sur son lieu de travail avant qu’il ne soit marié à Catherine A. Elle est cadre dans une grande entreprise de ressources humaines parisienne, il est consultant en informatique. Ils nouent en 2009 une relation amoureuse de quelques mois. Elle est en pleine quête spirituelle. Lui est très pratiquant et l’encourage dans sa foi catholique. Il est aussi violent. Lors d’une balade dans un parc, il l’agresse : « Eloigne-toi ou je te plante le couteau que j’ai dans la poche. » Sandrine prend ses distances, mais ils conservent une relation autour de la religion. Frederik Limol devient son parrain de confirmation en 2010.

      En 2011, alors qu’il est toujours consultant en informatique, mais installé dans le sud de la France, il rencontre et épouse Catherine A. Un mariage qui ne dure que quelques jours, avant qu’il ne tente de l’étrangler. Elle est alors enceinte. Ils se séparent avant la naissance de leur enfant, il se montre de plus en plus paranoïaque. Converti aux thèses collapsologistes, il lui offre une radio militaire en cas d’effondrement de la planète. Il est défiant envers la société. « Il a un discours antisystème, parle des “connards en costard”, ne se présente pas au divorce », raconte l’avocat de Catherine A., Me Wissam Bayeh. Le jugement du divorce, rendu le 13 avril 2015, fait état de sa détention d’armes à feu, de ses menaces de mort, de ses intimidations et de son refus de scolariser, de donner des médicaments et de vacciner sa fille.

      Autant d’éléments qui ne sont pas pris en compte lorsque Frederik Limol s’inscrit, en 2013, à un club de tir sportif de Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône). « Il venait régulièrement, plus d’une fois par mois, il n’a jamais fait état de quelque signe d’agressivité ou de quoi que ce soit », assure son président, Claude Cunin, qui parle d’un homme « convivial, très abordable ». En 2017, il obtient sans problème de son club l’autorisation nécessaire pour constituer un dossier qui doit lui permettre d’acquérir des armes de catégorie B, parmi lesquelles trois pistolets Glock et deux fusils de type AR-15.

      Caméras de surveillance
      Sandrine retrouve Frederik Limol à l’été 2017. Depuis son divorce, il est très endetté, a subi un redressement fiscal, qu’il estime indu. Il vit à découvert et aux crochets de sa nouvelle compagne. De l’extérieur au moins, leur couple semble être une « idylle », selon Gérald Pandelon, l’avocat du triple meurtrier.
      Catherine A., son ex-femme et mère de sa fille, continue, elle, de vivre un enfer. Frederik Limol ne cesse de réclamer de voir son enfant, souvent brutalement. Elle porte plainte contre lui le 29 juin 2017, pour menaces de mort et violences – c’est en tout cas la première plainte dont le parquet de Clermont-Ferrand retrouve la trace ; elle assure en avoir déposé auparavant. Elle se rend à la gendarmerie et raconte des coups de poing contre les murs, « le bris du contenu de l’appartement, et qu’il aurait suspendu leur enfant par les pieds au-dessus du vide », précise Eric Maillaud.

      En 2018, Sandrine et Frederik Limol emménagent dans la bâtisse en pierre de Saint-Just, petit village niché dans les collines du Puy-de-Dôme. Elle a envie de partir de la région parisienne, lui d’un retour à la nature, ils se lancent dans le travail du bois et l’apiculture. Elle est propriétaire de tout (la maison, les voitures et certaines des armes). « Elle n’a jamais touché une arme avant de le rencontrer », précise Pierre de Combles de Nayves, l’avocat de Sandrine. Frederik Limol est plus convaincu encore de l’apocalypse à venir. Dans la presse locale, ses voisins racontent qu’il a équipé sa maison de caméras de surveillance. Ils entendent régulièrement des coups de feu retentir autour de sa propriété. Là-bas, Sandrine est plus isolée et les violences s’abattent sur elle.

      Les 280 pages de leurs conversations WhatsApp, dont Le Monde a pu consulter des extraits, sont remplies d’insultes (« merde », « pute », « connasse ») qu’il lui inflige, mais aussi de messages plus amoureux. Il la rabaisse souvent, reconnaît qu’elle est son « souffre-douleur ». Elle a listé les violences qu’il lui a fait subir : décembre 2018, il l’attrape par les cheveux, la projette au sol, la menace avec un couteau. Février 2019, c’est un coup de tête sur la terrasse. Elle s’est prise en photo : son visage est maculé du sang qui coule de son crâne. Une autre fois, il lui tord tellement le poignet qu’elle se rend à l’hôpital, mais préfère mentir et dire être tombée. Quelque temps après, il lui appuie si fort le canon d’un revolver sur le front qu’elle en garde la marque pendant trois jours. Et puis il lui tire dessus dans le jardin, la rate, maltraite le chien, casse les portes.

      Pourquoi ne porte-t-elle pas plainte contre lui ? Sandrine est terrorisée et sous emprise, coincée dans l’ambivalence classique de ces relations de prédation, liée à un agresseur capable aussi d’être charismatique et intelligent, qui la convainc qu’elle est responsable de son comportement.
      Cet engrenage, Catherine A., l’ancienne épouse, le documente devant la justice. En 2019, elle porte à nouveau plainte contre Frederik Limol, et parle dans son audition des menaces de mort et des armes. Dans un mail, il lui écrit : « Je vais te buter, toi et ta fille. »

      La gendarmerie d’Ambert, dont trois membres mourront sous ses balles, se décide enfin à enquêter sur ce qu’elle comprend à tort comme un divorce houleux et un différend autour de la garde d’une enfant. Les violences post-séparation, de celles qu’on impose à une ex-compagne pour continuer à la contrôler, sont en réalité un vrai marqueur de dangerosité tout court. Frederik Limol est entendu, il nie tout, les menaces, les coups, explique qu’il aime sa fille plus que tout et porte à son tour plainte contre Catherine A. pour non-représentation d’enfant. Il vient parfois à l’improviste, accompagné d’un huissier. A une occasion, il s’accroche avec le nouveau mari de Catherine A., un « voyou » selon Me Pandelon.

      Vidéos complotistes
      Aux témoignages de son ex-femme, Frederik Limol oppose les siens. Convoqué pour les violences, il déclare en rentrant de son audition que « le gendarme est de [s]on côté ». Effectivement, tout est classé sans suite, aucune vérification n’est faite sur les armes, aucune saisie ou révocation d’autorisation n’est envisagée, alors que le tout nouvel article 56 du code de procédure pénale, adopté le 30 juillet 2020, le permet sans même une décision de justice.

      Alors que deux plaintes pour violences et menaces de mort ont été déposées contre lui, Frederik Limol voit même ses autorisations de détention d’armes de catégorie B renouvelées par la préfecture du Puy-de-Dôme, en octobre. Sollicitée par Le Monde à ce sujet, la préfecture a répondu ne pas faire de commentaire pour « ne pas entraver l’enquête judiciaire ». Côté parquet, Eric Maillaud reconnaît que l’enquête sur l’autorisation de détention d’armes n’a peut-être pas été assez poussée, mais justifie « qu’il y en a une telle masse qu’on clique sur trois fichiers, et basta ».

      A l’automne, Frederik Limol passe des heures sur YouTube, à s’abreuver de vidéos complotistes sur le coronavirus ou sur les théories trumpistes d’une élection américaine « volée ». Il considère la police et la gendarmerie comme des milices « aux ordres d’un pouvoir corrompu », s’emporte contre les francs-maçons, prononce souvent des phrases homophobes ou violemment sexistes. « Il a un profil de trumpiste à la française », décrit Me Pierre de Combles de Nayves. « Il me fait penser à ces électeurs de Trump ultra-armés, à un radicalisé d’extrême droite », corrobore Eric Maillaud.

      Comment un profil aussi violent a-t-il pu passer sous les radars ? « Quand on refait l’histoire, on se dit qu’un individu comme ça, avec un tel arsenal et de telles idées, aurait pu être surveillé. Mais il n’a allumé aucun voyant du côté des services de renseignement, débordés par le djihadisme et l’ultragauche », poursuit le procureur de Clermont-Ferrand.

      Nicolas Hénin, consultant en prévention de la radicalisation, s’étonne qu’il ait fallu attendre la mort de trois gendarmes pour découvrir la dangerosité de Frederik Limol. « La France est le seul pays occidental à ne traiter la radicalisation que d’un point de vue islamiste. Alors qu’on est typiquement sur une personne radicalisée : il est enfermé dans son extrémisme, et produit un passage à l’acte violent. Par ailleurs, les violences conjugales étaient un signal d’alerte important de sa radicalisation. »
      Le 22 décembre, Frederik Limol se réveille énervé. Selon le récit de sa compagne, vers 19 h 30, il descend au sous-sol, casse des objets, parle de l’apocalypse et crie : « Je vais tous vous tuer. » Sandrine se réfugie dans sa douche. Quand elle en sort, il a un Glock à la main et lui ordonne de sortir l’AR-15 du coffre de leur chambre. Elle déclenche l’enregistreur de son téléphone. Pendant quarante minutes, c’est un déferlement de violence. Sandrine envoie au père de Frederik Limol et à une amie en région parisienne, dont le compagnon est policier, la photo de son visage ensanglanté. Elle profite d’un moment de répit pour récupérer son ordinateur, son sac à main, et s’échappe par la fenêtre de la salle de bain, qu’elle referme. Sur le toit, elle parvient à entrer en contact avec les gendarmes, les prévient de la tentative de féminicide en cours et les guide jusqu’à la maison.

      Lire aussi Gendarmes tués dans le Puy-de-Dôme : « Je vais être un killeur de keufs »

      Entre-temps, Frederik Limol est allé boire un dernier verre chez son voisin, son AR-15 à la main. Le voisin remarque bien les gyrophares bleus des gendarmes éclairant la nuit de Saint-Just. Il pense à une ambulance. Selon lui, Frederik Limol l’aurait pris dans ses bras, pleurant, lui disant adieu. De son toit, Sandrine voit son compagnon allumer le feu de la grange, mettre des affaires dans le coffre de la voiture. Elle entend ses pas sur le gravier, puis des voix d’homme et des coups de feu. Le 4 x 4 de Frederik Limol démarre. Sandrine descend du toit, elle suffoque avec la fumée. Au sol, le lieutenant Cyrille Morel, l’adjudant Rémi Dupuis et le brigadier Arno Mavel viennent de mourir.

  • Résumé de Refuser d’être un homme de John Stoltenberg - Crêpe Georgette
    http://www.crepegeorgette.com/2013/10/09/virilite-stoltenberg

    On en arrive donc au fait suivant ; l’homme viole et la femme en est blâmée. Une homme viole une femme, elle en est responsable donc le viol n’est pas un viol. S’en suit un témoignage où une victime de viol rapporte les propos de son violeur « ne me force pas à te faire mal » qui est une des phrases typiques qu’on entend dans des cas de viol ou de violence conjugale. La victime est directement rendue responsable de ce qu’on lui a fait. Comme le dit Stoltenberg « Violer c’est bien. Se faire violer c’est mal ».

    Dans le chapitre suivant, Stoltenberg parle de l’humanité comme une espèce multisexuée ou hommes et femmes n’existent pas. Il cite Dworkin qui écrivait en 74 (et c’est pourquoi il faut lire Dworkin - enfin si elle était traduite en français - qu’on soit ou non d’accord avec elle parce qu’elle a initié quasi toutes les réflexions féministes actuelles) « Nous sommes, clairement, une espèce multisexuée, dont la sexualité s’étale sur un vastes continuum où les éléments appelés homme et femme sont imprécis ». Stoltenberg parle un peu plus de lui dans ce chapitre ; de sa joie à comprendre que la masculinité n’existe pas, alors qu’il a tout le temps senti qu’il n’arrivait pas à être assez masculin, qu’il ne correspondait pas à l’image traditionnelle de l’homme et qu’il en souffrait.
    Il dit alors « les pénis existent ; le sexe masculin, non. le sexe masculin est socialement construit. C’est une entité politique qui ne s’affirme qu’au moyen de force et de terrorisme sexuel » (on dirait « genre » à la place de « sexe masculin » aujourd’hui).
    Je fais un bref aparté sur ce passage qui, je l’imagine, va en scandaliser plus d’un-e. On sait qu’il existe des crimes sexospécifiques comme le viol ou la violence conjugale. On sait que la majorité des gens emprisonnés sont des hommes. On sait que la majorité des suicidés sont des hommes. On peut penser qu’il s’agit de coïncidences, de cas isolés. On peut penser que c’est du « à la nature » ou on peut se dire que la virilité, la masculinité sont parties prenantes là-dedans et causent des meurtres, des viols, des blessures y compris au sein même de la classe hommes. Tous les hommes qui ne sont pas rentrés dans les modèles traditionnels de la virilité (et qui ont cessé de s’en culpabiliser ce qui est très difficile) ont d’ailleurs bien compris que ce n’est pas eux le problème. Tous les hommes traités de « tapette », de « pd », de « femmelette », de « fille », parce qu’ils n’étaient pas considérés comme assez virils ont bien compris que c’est la virilité qu’il faut détruire et pas eux qui sont anormaux. La virilité ne peut pas être reconstruite car il y aura toujours des gens à la marge ; cela serait comme déconstruire la blancheur dont on parlait plus haut. La virilité et la blancheur et l’hétérosexualité (les 3 en tant qu’identités politiques) n’existent qu’en assujettissant l’autre, ils sont donc à détruire, à abolir et pas à reconstruire.

    • le résumé est presque plus clair que le bouquin, qui m’a quand même semblé traduit avec les pieds, quoique possible aussi que le langage employé soit chelou, ou novateur...

      Bref, un truc qui n’est pas dit ici, et qui me semble intéressant, c’est quand Stoltenberg parle de « l’érotisme de la petite enfance ».

      Pour donner un exemple frappant, lors de l’allaitement, on peut légitimement ressentir des trucs chelou en se faisant sucer les tétons. Après, on peut encore ressentir des trucs chelou en jouant avec son gosse. On peut alors se sentir salement paniqué par ces trucs chelou ou, pire, commencer à les confondre avec des trucs qui appartiendrait à la sexualité masculine.

      Je ne sais pas si je suis clair. Il y a un « érotisme de la petite enfance » qu’il s’agit d’accepter, en tout cas si on veut s’occuper de son gosse dès le début. Typiquement, la virilité bloque ou empêche ou rend impossible ou dangereux l’accès à cette « tendresse », cette « sensualité » qui ne va pas plus loin qu’elle-même, ou disons plutôt qu’il va falloir limiter, bien sûr, avec, par exemple, un minimum de bon sens, du moins si on n’a pas décidé d’être une crapule.

      Pour précision, à mon sens, il s’agit pas du tout d’un discours pédo.

      Simplement il faut faire face à cet « érotisme », et cela peut-être très difficile, voire impossible, à la fois pour des gens qui ont vécu des sales trucs et pour des mecs qui se vivent en violeur-viril-sadique h24.

  • #Model - #Michael_Gross
    https://mgross.com/writing/books/model

    The definitive story of the international modeling business—and its evil twin, legalized flesh peddling—Model is a tale of beautiful women empowered and subjugated; of vast sums of money; of sex and drugs, obsession and tragic death; and of the most unholy combination in commerce: stunning young women and rich, lascivious men.

    Investigative journalist Michael Gross takes us into the private studios and hidden villas where models play and are preyed upon, and tears down modeling’s carefully constructed façade of glamour to reveal the untold truths of an ugly trade.

    le bouquin qui, en 1995, exposait les pratiques de #brunel, qui va aujourd’hui sur ses 75 ans...

  • « Thomas B. professeur harcèle et agresse vos élèves » : une figure de la gauche intellectuelle mise en cause à l’#Université_de_Paris

    Une dizaine d’élèves ont contacté « Le Monde » pour accuser #Thomas_Branthôme, maître de conférences en histoire du droit. Provisoirement suspendu, il dément toute forme de harcèlement ou d’#abus.

    Le collage en lettres majuscules à la peinture noire, typique des collectifs féministes, s’est étalé le 21 novembre sur les fenêtres des anciens locaux de l’Ecole nationale de la statistique et de l’administration économique (Ensae) à Malakoff (Hauts-de-Seine), en face du campus de droit de l’Université de Paris : « Thomas B. professeur harcèle et agresse vos élèves », suivi d’un « Harceler ≠ enseigner » (« harceler n’est pas enseigner »). Derrière ce prénom et cette initiale, Thomas Branthôme, maître de conférences en histoire du droit qui enseigne dans cette université depuis 2014.


    Une dizaine d’élèves du même campus ont également contacté Le Monde pour mettre en cause l’enseignant. D’autres nous ont été signalées par une association féministe du campus et le collectif de colleuses L’Amazone. Des jeunes femmes de Sciences Po Paris et de l’université d’Evry nous ont aussi confié leur récit. Toutes font état de pratiques qu’elles ont ressenties comme du harcèlement sexuel, voire, dans au moins un cas, comme une agression sexuelle. Plusieurs ont alerté les autorités universitaires, qui sont en train d’instruire le dossier en vue d’une procédure disciplinaire. Aucune n’a saisi la justice pour l’heure. L’enseignant, de son côté, dément toute forme de harcèlement ou d’abus.
    « De plus en plus vulgaire »

    A 38 ans, Thomas Branthôme est un spécialiste de l’histoire de la République, un intellectuel reconnu, régulièrement invité lors des universités d’été de La France insoumise, de la Gauche républicaine et socialiste – le parti de l’ancien membre du Parti socialiste Emmanuel Maurel. On le retrouve également dans la mouvance du média en ligne Le vent se lève et au comité scientifique du think tank Institut Rousseau. Dans toutes les universités où il a donné des cours, M. Branthôme connaît un vrai engouement de la part des jeunes, qui se pressent à ses cours.

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/12/09/harcelement-sexuel-une-figure-montante-de-la-gauche-intellectuelle-mise-en-c
    #France #harcèlement_sexuel #université #facs #grands_hommes #ESR

    #paywall

    –—

    Ajouté à la métaliste dédiée à harcèlement sexuel dans les universités :
    https://seenthis.net/messages/863594

    • Les garçons innocents et l’obsédé coupable

      Les propos orduriers et les comportements graves et inadmissibles à l’égard d’étudiantes de Thomas Branthôme, MCF en histoire du droit, ont été très récemment exposés par Sylvia Zappi dans Le Monde. Ils ont suscité beaucoup de réactions. Ce qui nous inquiète, c’est à quel point les réactions se focalisent sur son #vocabulaire et ses #expressions_grossières, plus que sur son #comportement lui-même, et les conditions qui lui ont permis de se conduire ainsi dans la plus totale #impunité durant des années, entre l’#Université_d’Evry, #Science_Po et désormais Université de Paris.

      Nous craignons que ne se mette en branle un mécanisme analogue à celui que décrit si bien Valérie Rey-Robert dans son ouvrage sur la #culture_du_viol , et qui relève de la mythologie du viol que des théoriciennes et chercheuses déconstruisent depuis les années 19703 : plus on décrit le violeur comme violent, grossier, brutal, plus les hommes « normaux » se sentent dédouanés dans leurs petites manœuvres et petites pressions, leurs chantages feutrés pour extorquer des rapports sexuels—le #violeur, c’est toujours l’autre, celui qui menace d’un couteau dans une ruelle obscure ! Plus on nous décrit « l’enseignant-chercheur queutard » comme agressant verbalement des étudiantes avec des propos crus, plus les enseignants-chercheurs « ordinaires », juste modérément sexistes, avec des propos policés, s’autorisent à penser qu’eux, c’est différent : eux draguent leurs étudiantes, mais dans le respect…

      Nous comprenons pleinement la stratégie des étudiantes et de la journaliste qui rapporte leurs témoignages : ces mots crus, orduriers, sont ce qui fait réagir l’opinion, qui serait sinon prompte à normaliser le comportement de Branthôme, ou à insister sur le fait qu’après tout, les étudiantes sont majeures et en mesure de consentir à une relation entre adultes… Faisant fi de la déontologie professionnelle et du fait que non, jamais, la relation entre enseignant et étudiante, même à l’université, n’est une relation entre égaux. Elle se construit nécessairement dans une relation d’#autorité et de #domination car même si on n’est plus directement dans une relation où l’un note le travail de l’autre, on peut toujours se trouver dans une relation où l’un peut nuire à l’autre : en refusant une lettre de recommandation, en le critiquant auprès de collègues ou de partenaires professionnels, bref, en limitant par différents gestes ses opportunités académiques et professionnelles…

      Des Branthôme mais policés, amicaux, souriants, l’université en compte des dizaines sinon des milliers. Ils ne sont pas seulement ceux qui découragent et finalement expulsent de l’enseignement supérieur des milliers de jeunes femmes qui se sentent humiliées, ou auxquelles on a fait comprendre que leur seule place et leur seul rôle dans cet univers théoriquement dédié au savoir et à sa transmission était d’illuminer et de décorer, d’assurer le « repos du guerrier », et non de participer comme actrice pleine et entière de la production et aux avancées de la connaissance. Tous ces Branthôme au petit pied, en train de s’exonérer à qui mieux mieux en ce moment parce qu’eux, ils ne réclament pas de but en blanc des fellations aux étudiantes, infligent pourtant de la #violence_symbolique sans vouloir (se) l’admettre.

      Nous en avons eu un exemple aussi concret que sordide avec la tribune de #Camille_Zimmerman qui explicite en septembre 2020 pourquoi elle arrête sa thèse commencée à l’université de Lorraine : sous le titre d’« #emprise », elle décrit un processus de #prédation, qui commence pour elle en fin de licence, qui entame la confiance en elle à mesure qu’elle gravit les échelons diplômants, son malaise, son inquiétude quand elle observe que le processus est répété — et la rupture qui est moins consécutive au suicide de sa camarade doctorante que dans la prise de conscience que l’institution ne lui procurerait aucune protection — celle de l’existence d’une #mise_au_silence, d’une « #omerta ». Il faut penser que ce comportement n’est restreint ni à l’Université de Lorraine, ni à l’Université de Paris. Bien au contraire, l’étude des décisions disciplinaires d’appel au CNESER — qu’Academia publie régulièrement — manifeste combien étudiant∙es et femmes ne sont pas des sujets à part entière des universités.

      Un article a aidé l’une d’entre nous à mettre des mots sur des pensées confuses : « She Wanted to Do Her Research. He Wanted to Talk ‘Feelings” » (https://www.nytimes.com/2016/03/06/opinion/sunday/she-wanted-to-do-her-research-he-wanted-to-talk-feelings.html), texte de #Hope_Jahren paru dans le New York Times en 2016. Cette biologiste explique très clairement la façon dont nombre de ses jeunes collègues féminines sont confrontées à des #avances non pas sexuelles, mais « sentimentales » de la part de collègues masculins — ce que résume bien son titre « Elle voulait faire sa recherche, lui voulait parler de ses ‘sentiments’ ». Jahren montre très bien comment ces avances, même présentées en mots choisis, avec des #compliments délicats, des aveux d’une irrésistible attraction… Contribuent au #malaise des femmes dans cet univers de la recherche, et les font fuir. Sans doute les collègues qui ont ce genre de comportement ne pensent-ils pas qu’ils constituent du harcèlement sexuel, et pourtant : les effets sont les mêmes.

      Il semble donc important d’insister sur le fait que, quand bien même Thomas Branthôme aurait choisi un registre de langue châtié pour faire ses avances, c’est bien son comportement qui pose problème : il est celui d’un grand nombre de collègues qui ne comprennent pas qu’on ne peut en toute #déontologie_professionnelle entretenir de #relation_intime avec des étudiant∙es qui, même si on ne les a pas en cours, peuvent être à la merci du #pouvoir dont disposent inévitablement les enseignant∙es-chercheur∙ses, en termes de réseau professionnel, d’influence… En science biologique, en droit, comme dans tous les autres champs disciplinaires.

      Plus on met en avant les paroles « monstrueuses » de TB, inadmissibles dans la bouche d’un enseignant-chercheur, plus on conforte l’idée du « monstre » obsédé sexuel, de la brebis galeuse, et plus on occulte, donc, le caractère systémique, institutionnalisé et normalisé de #relations_asymétriques dont les étudiantes paient chèrement le prix, en #dépression, en #suicide, en abandon de leurs études ou de leurs recherches.

      Combien de sections disciplinaires, à l’avenir, statueront sur le fait que « ce n’est pas si grave » par rapport à l’affaire Branthôme, parce que les propos graveleux sont absents d’une attitude volontairement séductrice pourtant tout aussi répréhensible ? Et encore, seulement si les victimes ont le courage de se faire connaître et de se plaindre, si elles sont suffisamment soutenues dans cette démarche par des collectifs féministes comme le Clasches qui font un travail extraordinaire.

      https://academia.hypotheses.org/29429

      ping @_kg_

  • Affaire DSK : Chambre 2806, une démonstration implacable de la culture du viol à la française - Marie Claire
    https://www.marieclaire.fr/affaire-dsk-documentaire-chambre-2806-netflix-critique,1365718.asp

    Près de dix ans plus tard, cette rhétorique est encore ancrée chez plusieurs de ses proches ou anciens proches, interrogés dans Chambre 2806. On sent chez certains un regret de ce qui aurait pu avoir lieu, si l’Histoire avait été différente. Et des convictions qui n’ont pas été ébranlées par le mouvement #MeToo.

    La rhétorique n’a pas bougé : ils présentent DSK comme un « séducteur » dont « l’amour des femmes » était « connu de tous ». Les clichés typiques de la culture du viol s’enchaînent dans un bingo de l’horreur, confondant violences sexuelles et moeurs libertines, viol et sexualité.

    (...)

    « L’amour n’est pas un complot du diable. L’amour appartient aux être humains. [Dominique Strauss-Kahn, ndr] est peut-être plus spécialement porté vers les choses de l’amour. Et alors ? Et alors ? Un président de la République doit-il être un homme sans sensualité ? », demande ainsi face caméra #Jack_Lang, en souriant.

  • Selon Serge Lemoine (conseiller chez Artcurial et ancien directeur du musée d’Orsay), ce n’est pas Balthus qui est pédophile et lui un connard de première, mais nous qui serions des crétins bornés et minoritaires.

    Peut-on encore aimer Balthus ? - Le Point
    https://www.lepoint.fr/culture/peut-on-encore-aimer-balthus-08-12-2020-2404755_3.php

    Serge Lemoine : On parle ici d’art, de peinture et non de la vie quotidienne aujourd’hui : la première question à se poser est la suivante : s’agit-il de création artistique et Balthus est-il un grand peintre ? Je réponds oui. Sa vision artistique, son inspiration, sa manière de composer, ses œuvres qui ont marqué son époque ne laissent aucun doute : Balthus occupe une place majeure dans l’histoire de l’art. Picasso lui-même avait un tableau de Balthus… Balthus crée dans un cadre artistique parfaitement classique, c’est un peintre figuratif, qui travaille d’après le modèle dans son atelier, qui prépare chaque détail, ses compositions sont mises au point, calculées. Si certaines scènes sont choquantes pour certains, c’est délibéré ! Chez lui, tout est réfléchi, y compris la provocation. Mais les minorités agissantes qui font pression, au nom de leur conception de la morale , sur les institutions muséales notamment, n’ont aucune culture historique ou artistique, aucune des références qui permettent d’éviter les contresens…