#anne_cordier

  • « Si les ados n’ont pas accès aux réseaux sociaux, on les prive d’une forme de sociabilité » – Libération
    https://www.liberation.fr/societe/education/si-les-ados-nont-pas-acces-aux-reseaux-sociaux-on-les-prive-dune-forme-de
    https://www.liberation.fr/resizer/En1wdEBUFtDr_Sjfi8kVmfupQTg=/1200x630/filters:format(jpg):quality(70):focal(2625x1205:2635x1215)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/CFELPWCCZBAYZGG267V5CVEWAM.jpg

    Alors qu’une proposition de loi examinée ce jeudi vise à interdire l’accès aux réseaux sociaux avant 15 ans, la chercheuse Anne Cordier estime que ces plateformes restent un lieu de socialisation et d’éducation important.

    "Alors qu’une proposition de loi
    examinée ce jeudi vise à in-
    terdire l’accès aux réseaux
    sociaux avant 15 ans, la chercheuse
    Anne Cordier estime que ces plate-
    formes restent un lieu de socialisation et
    d’éducation important.
    Les réseaux sociaux, pas avant 15 ans
     ? La proposition de loi du député Lau-
    rent Marcangeli (Horizons) visant à in-
    staurer une majorité numérique à cet âge
    sera examinée ce jeudi à l’Assemblée.
    En dessous de 15 ans, les jeunes ne
    pourraient pas s’inscrire sans accord
    parental. Aujourd’hui, il n’est en théorie
    pas possible de se créer un compte avant
    13 ans mais, dans la pratique, la dé-
    marche est facile, et les réseaux sociaux
    restent très largement utilisés par les
    plus jeunes. Notamment à l’école, où ils
    peuvent être un outil de socialisation et
    une source d’information, souligne Anne
    Cordier, professeure en sciences de l’in-
    formation et de la communication à
    l’université de Lorraine.
    Depuis 2018 , l’utilisation des porta-
    bles, et donc l’accès aux réseaux soci-
    aux, est interdite dans l’enceinte des
    écoles et des collèges, en dehors d’une
    utilisation pédagogique. Les élèves re-
    spectent-ils cette règle ?
    Non. Certains expliquent qu’ils coupent
    le téléphone « au maximum », donc pas
    totalement. Ils racontent que leurs par-
    ents vérifient où ils sont, leur envoient
    des messages la journée. Les téléphones
    sont sur eux, donc il y a aussi beaucoup
    de consultations sauvages, cachées. Les
    équipes de vie scolaire évoquent sou-
    vent cette difficulté de faire respecter la
    règle. Beaucoup d’élèves profitent des
    interstices du temps scolaire (cantine,
    cour de récré, dans les couloirs) pour
    jeter un coup d’oeil sur les réseaux soci-
    aux.
    Qu’est-ce qui a changé à l’école depuis
    l’arrivée des réseaux sociaux ?
    Avec l’arrivée d’Internet, il y a eu des
    interrogations sur l’autorité de l’école,
    questionnée par Wikipédia, les moteurs
    de recherche. Les réseaux sociaux vi-
    ennent ajouter une couche supplémen-
    taire à ces interrogations et plus encore
    sur la porosité des temps et des espaces
    puisque, dans un établissement scolaire,
    les jeunes sont aussi connectés à autre
    chose que l’école elle-même. Ils ont
    deux vies au sein de l’école : celle dans
    l’établissement et celle sur les réseaux
    sociaux. L’information circule rapide-
    ment entre eux ce qui leur permet de
    suivre le lien social. Parce que beaucoup
    de sociabilités adolescentes passent par
    les réseaux sociaux. Ils n’échangent plus
    par SMS mais par WhatsApp pour se
    donner rendez-vous d’une classe à
    l’autre, parce que cela leur donne davan-
    tage la sensation d’être en réseau. Si les
    ados n’ont pas accès aux réseaux soci-
    aux, on les prive d’un mode de sociabil-
    ité.
    Les jeunes sont inscrits de plus en
    plus tôt sur ces plateformes mais est-
    ce que cela concerne tous les milieux
    sociaux ?
    Il y aurait des distinctions sociales sur
    cette question. Dans le cadre d’un projet
    sur les enfants et les cultures
    numériques, nous avons enquêté dans
    des établissements très différents so-
    cialement et il apparaît assez nettement
    que les enfants scolarisés en éducation
    prioritaire semblent avoir plus de
    comptes sur les réseaux sociaux que les
    autres. Ils accèdent à ces comptes plutôt mais ils ne publient pas pour autant.
    Ils vont sur TikTok ou Snapchat mais ils
    ne publient pas de photos ou de vidéos.
    Les ados ont une grande conscience de
    la question des données personnelles.
    Des CE1 m’ont par exemple expliqué
    qu’ils cachent leur visage, enregistrent
    leurs photos en brouillon parce qu’ils
    sont encore petits. Ils savent qu’ils n’ont
    pas le droit d’y accéder totalement avant
    13 ans. C’est une sorte d’antichambre à
    une socialisation adolescente : ils se pré-
    parent à ce qui les attend au collège.
    Il n’y a pas de déficit dans l’accompag-
    nement parental mais un choix éducatif
    différent selon les milieux sociaux, très
    probablement lié à la volonté d’être in-
    clus socialement.
    Les réseaux sociaux ont-ils empiré le
    phénomène du harcèlement scolaire ?
    On n’a jamais parlé autant du harcèle-
    ment scolaire que depuis qu’il y a les
    réseaux sociaux mais ça ne veut pas dire
    que cela n’existait pas avant. Le véri-
    table souci est cette continuité de l’es-
    pace-temps du harcèlement scolaire ren-
    du possible par les réseaux . Cela in-
    terroge leur usage dans l’espace privé
    domestique. Et une régulation parentale
    nécessaire, notamment. Mais pas que.
    Car cette violence n’est pas imputable
    au dispositif technique en soi. Mais à la
    conception de l’autre, à la capacité d’em-
    pathie de chacun.
    Les ados sont-ils plus informés ou
    plus désinformés avec les réseaux so-
    ciaux ?
    Ils sont sans aucun doute davantage in-
    formés mais forcément aussi davantage
    soumis au risque de désinformation. Les
    collégiens s’informent sur les matchs du
    week-end, le dernier album de Beyon-
    cé... Cela nourrit leur culture générale,
    une culture adolescente, qui leur permet
    d’échanger ensuite entre eux.
    Est-ce que cela a changé quelque
    chose dans leurs apprentissages ?
    Pour un exposé, ils utilisent beaucoup
    YouTube. Ils sont attirés par le format
    vidéo et plus encore par la personnali-
    sation de l’information. Le youtubeur est
    proche d’eux dans sa façon de parler,
    dans son look. Il les tutoie. En dehors
    de YouTube, les ados ne font pas de for-
    cément de recherche active d’informa-
    tion par les réseaux sociaux mais ces
    derniers constituent une sorte de canal
    de transmission pratique parce que l’in-
    formation leur arrive « sans le vouloir »,
    comme ils le disent le plus souvent,
    sachant qu’ils sont nombreux à suivre
    des titres de presse en ligne, sans savoir
    toujours bien identifier ce qu’est une
    source d’information.
    Est-ce qu’ils restent très perméables
    aux fake news ?
    Pour leurs travaux scolaires, les élèves
    ont tendance à aller vérifier une infor-
    mation auprès de l’autorité enseignante
    ou parentale. Ils sont nombreux à parler
    de la peur de prendre une fausse infor-
    mation pour une vraie. Ils ont con-
    science de ce problème. L’ éducation
    aux médias et à l’information est dans
    les programmes scolaires existe institu-
    tionnellement depuis 2015. Mais il n’y
    a pas d’heures dédiées. Elle reste mal-
    heureusement une éducation de circon-
    stance alors qu’elle devrait être quotidi-
    enne et pas seulement traitée lorsqu’il y
    a un problème, comme au moment des
    attentats ou de la guerre en Ukraine. Ce
    n’est jamais bon de traiter l’information
    sur le coup de l’émotion.

    #Anne_Cordier #Médias_sociaux #Adolescents #Sociabilité

  • Vers une majorité numérique fixée à 15 ans - Les visiteurs du soir du 05/03/2023 | CNEWS
    https://www.cnews.fr/emission/2023-03-05/les-visiteurs-du-soir-du-05032023-1329407

    Une partie de l’émission Les visiteurs du soir animée par Frédéric Taddei.

    L’extrait concerné débute à 52’30.
    Avec comme invités :
    Anne Cordier
    Charleyne Biondi
    Tariq Krim

    #Anne_Cordier #Grandir_informés

    • Est-il interdit de regarder CNews et C8 sans l’autorisation de ses parents ? Quelles sont les amendes prévues pour Hanouna et Praud s’ils ne mettent pas en place les outils pour vérifier qu’ils sont pas regardés sans autorisation par des mineurs de moins de 15 ans ? :-)

      Sinon y’a Tarik Krim dans l’émission.

      Plus sérieusement : je suis tout à fait pour le contrôle de l’accès par les parents, c’est ce qu’on fait chez nous, et de manière plutôt drastique par rapport aux copains/copines. Mais dans le même temps, l’aspect « une loi pour que les parents s’occupent de leurs gosses », avec encore une fois un contrôle sans autre intérêt que de renforcer le monopole des grosses plateformes qui seules sont en mesure de faire le truc. Et d’aller encore plus dans le sen de ces plateformes qui (entre autres) se rêvent comme certificateurs d’identité numérique.

  • Anne Cordier, professeure en science de l’information et de communication
    https://www.europe1.fr/emissions/C-est-arrive-demain/anne-cordier-professeure-en-science-de-linformation-et-de-communication-4170

    FRÉDÉRIC TADDEI 06h00, le 07 mars 2023
    Intellectuels, chefs d’entreprises, artistes, hommes et femmes politiques ... Frédéric Taddeï reçoit des personnalités de tous horizons pour éclairer différemment et prendre du recul sur l’actualité de la semaine écoulée le samedi. Même recette le dimanche pour anticiper la semaine à venir. Un rendez-vous emblématique pour mieux comprendre l’air du temps et la complexité de notre monde.

    Invitée : 

    – Anne Cordier, professeur en sciences de l’information et de communication à l’Université de Lorraine et auteure de « Grandir connectés : les adolescents et la recherche d’information » chez CF édition

    #Anne_Cordier #Europe_1 #Frédéric_Taddei #Médias_sociaux #Pratiques_informationnelles

  • Plus qu’une majorité numérique, il faut « expliquer » les plateformes aux...
    https://www.notretemps.com/depeches/plus-qu-une-majorite-numerique-il-faut-expliquer-les-plateformes-aux-enf

    Sans une éducation « véritablement ambitieuse » aux dangers des réseaux sociaux, la majorité numérique à 15 ans, adoptée jeudi par les députés, risque d’être contre-productive, voire inapplicable, estime Anne Cordier, professeure à l’université de Lorraine et spécialiste des pratiques numériques des enfants et adolescents.

    QUESTION : Que signifie selon vous la volonté politique de légiférer sur une limite d’âge pour accéder aux réseaux sociaux ?

    REPONSE : « Pour le politique, il y a une volonté de démontrer qu’on a conscience des questionnements sociétaux autour de la gestion des données personnelles et de l’attention, qu’on s’y intéresse et qu’on cherche des solutions.

    Le texte de loi permet d’avoir de la visibilité auprès d’un plus grand public, celui des parents. Mais est-ce que la réponse doit passer par des mesures législatives dont l’applicabilité est loin d’être acquise ?

    Le système des VPN (réseaux virtuels) permet facilement de contourner la législation. Et de façon plus générale, les enfants ont déjà extrêmement bien intégré cette notion et déclarent l’âge qu’il faut avoir pour accéder au réseau social. »

    Q : Les enfants accèdent de plus en plus tôt aux réseaux sociaux, pourtant interdits aux moins de 13 ans. Est-ce un problème ?

    R : « L’interdiction d’accès aux réseaux sociaux avant 13 ans, c’est la règle définie au départ par les plateformes. Les recommandations ont ensuite souvent repris cet âge frontière (également fixé dans la règlementation européenne sur les données personnelles, ndlr).

    Fixer la majorité numérique à 15 ans, c’est une façon de se démarquer de la prescription des plateformes, et c’est aussi l’entrée symbolique au lycée. Mais les enfants et adolescents ne sont pas un ensemble homogène. Il y a entre eux des différences de maturité, de pratiques sur les réseaux.

    On sait que l’adolescence, c’est aussi la nécessité de disposer d’espaces personnels, les fameux jardins secrets. Il ne faut pas croire qu’on va empêcher cette recherche en encadrant tout. »

    Q : Quelles sont alors les solutions pour protéger les plus jeunes ?

    R : « Le choix politique différent ou complémentaire serait de reconnaître ces plateformes comme des espaces d’accès à l’information et de socialisation, ce qui est le cas pour les enfants et les adolescents, et de mettre en place une éducation véritablement ambitieuse à l’information, aux médias et au numérique.

    Je ne considère pas que l’interdiction soit en soi une mesure éducative car il faut qu’elle soit expliquée, comprise, qu’un dialogue se fasse.

    On peut espérer une contractualisation entre les parents et les enfants, des discussions sur les règles en famille. Mais l’éducation, c’est beaucoup par l’école, c’est là qu’on va toucher les enfants de tous les milieux, qu’on pourra venir structurer les connaissances.

    Pourquoi j’ai autant de mal à sortir de ce +scroll+ (navigation) incessant, pourquoi c’est problématique que je diffuse des données personnelles sur une plateforme, pourquoi je ne dois pas croire ces images qui utilisent des filtres : ça c’est de la culture numérique.

    Pour donner aux enfants et adolescents le pouvoir sur les plateformes, il faut leur expliquer comment elles fonctionnent. »

    #Anne_Cordier #Pratiques_informationnelles #Médias_sociaux

  • Interview de Anne Cordier - Régulation d’Internet en Californie : « Sous prétexte de protéger les enfants, on autorise un fichage permanent"
    https://www.20minutes.fr/by-the-web/4008611-20221104-regulation-internet-californie-sous-pretexte-proteger-enf
    https://img.20mn.fr/Z6GazKFORS6v5cFwfl1Hhyk/1200x768_mexico-city-mexico-august-25-a-young-woman-takes-online-classes-fr

    INTERVIEW « 20 Minutes » a tenté avec Anne Cordier, spécialiste des usages du numérique dans l’éducation, d’imaginer une transposition en France de la loi californienne sur la régulation d’Internet, et notamment dans l’accès aux mineurs
    Propos recueillis par Laure Gamaury

    Une loi particulièrement stricte sur la régulation d’Internet, et notamment l’accès des mineurs à des contenus sensibles, a été votée en Californie et s’appliquera au 1er juillet 2024.
    Est-il possible et souhaitable de la transposer en France ? Anne Cordier, spécialiste des usages du numérique dans l’éducation, répond aux questions de 20 Minutes.
    « Sous prétexte de protéger les enfants, on autorise un fichage permanent, en considérant que l’accès à leurs profils, leurs données personnelles est possible, et même souhaitable. C’est quand même compliqué d’imaginer une société où les individus préfèrent déléguer à un dispositif sa propre régulation », analyse-t-elle.

    Alors que la France peine à régler la question de la vérification de l’âge des mineurs pour les contenus en ligne, et notamment ce qui concerne l’accès à la pornographie, la Californie vient d’adopter une législation très stricte pour protéger les plus jeunes. Elle sera effective au 1er juillet 2024 et doit pallier le manque de vigilance d’Internet qui ne parvient pas à déterminer de manière sûre et définitive si l’internaute est majeur ou mineur quand il se connecte à des contenus potentiellement sensibles.

    La nouvelle loi impose que « toute entreprise qui propose un service en ligne dédié aux moins de 18 ans ou susceptible d’être utilisé par des mineurs doit tenir compte de l’intérêt supérieur des enfants lors de la conception, du développement et de la fourniture de ses services. En cas de conflit entre les intérêts commerciaux et l’intérêt supérieur des enfants, les entreprises doivent donner la priorité à la vie privée, à la sécurité et au bien-être des enfants sur les intérêts commerciaux. » Bien plus intrusive que le RGPD, cette nouvelle loi pose une multitude de questions, dont la principale est de savoir si cette législation applicable et surtout souhaitable en France. Éléments de réponse avec Anne Cordier, spécialiste des usages du numérique dans l’éducation.

    Est-il possible de voir une telle législation en France ? Est-ce même souhaitable ?

    Dans son aspect très rigide, il me paraît difficile d’envisager un transfert tel quel, c’est effrayant. Mais le DSA, voté par le Parlement européen, et sa déclinaison en France qui est la loi sur les services numériques, reprend certains aspects de cette législation, notamment sur le plan de la régulation. Elle est moins rigide et heureusement, ne serait-ce qu’en termes de faisabilité.

    Je ne pense pas que cette législation soit souhaitable en France, car on prête à la loi dans ce cas une valeur et un pouvoir éducatifs. Ce n’est pas son rôle. Elle peut néanmoins aider, comme le RGPD avant elle, à mettre en place des processus éducatifs. Mais une loi aussi rigide ne peut se substituer à l’accompagnement, la prévention et l’émancipation éducative. Et puis, sous prétexte de protéger les enfants, on autorise un fichage permanent, en considérant que l’accès à leurs profils et à leurs données personnelles est possible, et même souhaitable. C’est quand même compliqué d’imaginer une société où les individus préfèrent déléguer à un dispositif sa propre régulation.

    Devant la difficulté de l’Arcom à faire appliquer la législation européenne, n’est-il pas tentant d’aller vers ce type de loi bien plus restrictive ?

    Hélas oui ! Mais la tentation est vraiment très mauvaise. La difficulté de la mise en place en France est en grande partie liée à des cadres très peu clairs et à un manque de solutions pratiques. Il paraît difficile d’imposer les mêmes contrôles à des plateformes qui n’ont pas les mêmes moyens techniques et technologiques à leur disposition. A mon sens, on s’intéresse plus au pansement qu’au véritable problème derrière. La question n’est pas de savoir comment mieux surveiller ou contrôler, mais bien de traiter les dérives à la racine en éduquant et en prévenant. On a une responsabilité sociale et sociétale dans l’accès des mineurs à des contenus inappropriés en ligne et on tente de le résoudre à grands coups d’arsenal juridique et non pas en améliorant le vivre-ensemble.

    Y a-t-il quand même des éléments à retenir dans cette législation californienne ?

    Il y a bien l’analyse de risques en amont de la mise en ligne d’un service, qui pourrait être intéressante. Mais étant donné que les résultats n’ont pas vocation à être communiqués, on rencontre un souci de transparence qui me gêne. Comment va-t-elle être effectuée ? Comment les experts vont-ils être choisis ?

    Concernant la surveillance des algorithmes, j’ai l’impression que c’est impossible à mettre en pratique. Comment imaginer que les plateformes laissent l’accès à des algorithmes qu’elles gardent jalousement secrets ? J’ai l’impression d’un effet d’annonce avec ce type de mesure, pour rassurer les gens, les prendre en charge. Sauf que pour moi, c’est un somnifère. Comment va-t-on pouvoir réellement contrôler ce genre de choses ?

    #Anne_Cordier #Régulation #Economie_numérique #Enfants #DSA

  • Le « doomscrolling » : cette mauvaise habitude que l’on fait dès le matin
    https://www.femina.fr/article/le-doomscrolling-cette-mauvaise-habitude-que-l-on-fait-des-le-matin

    Une des choses les plus partagées par les personnes possédant un smartphone est de l’allumer dès que le réveil a sonné.

    Pour beaucoup c’est le premier geste de la journée. On découvre les messages reçus durant la nuit. S’ensuit la consultation de vos réseaux sociaux préférés, de vos mails et pourquoi pas d’un site d’informations. Et parfois, ce sont de mauvaises nouvelles qui nous tombent sous le nez, avant même d’avoir posé le pied à terre. Seulement, au lieu de reposer le téléphone, vous cherchez d’autres informations concernant ces mauvaises nouvelles, de manière presque compulsive. Il s’agit du doomsrolling. Ce mot vient de la contraction de doom qui signifie tragédie en anglais et de scrolling qui est l’action de scroller sur son téléphone. Mais cette tendance à consulter des contenus anxiogènes a un impact direct sur la santé mentale et peut devenir très toxique : « doomscroller peut devenir un cercle vicieux pour votre bien-être » explique Fatmata Kamara, infirmière-conseil spécialisée en santé mentale au magazine Cosmopolitan UK. Notre monde connecté, qui passe pour beaucoup par le smartphone, fait que l’on est constamment exposé aux informations et donc à l’actualité anxiogène. La professeure en sciences de l’information et de la communication à l’université de Lorraine Anne Cordier a analysé le phénomène dans le journal du Monde : « La notion traduit la façon dont ces nouvelles négatives font désormais irruption dans les moments les plus intimes et, si j’ose dire, les plus doux de nos vies, ceux où l’on se sent d’ordinaire à l’abri, comme l’heure du coucher ». Ceci mène ensuite à une augmentation du stress et de l’anxiété.

    #Anne_Cordier #Doomscrolling

  • Le « doomscrolling », ou l’ascenseur émotionnel sans fin des réseaux sociaux
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/04/20/le-doomscrolling-ou-l-ascenseur-emotionnel-sans-fin-des-reseaux-sociaux_6122

    Histoire d’une notion. Dans les transports, dans la file d’attente du supermarché, dans l’ascenseur, dans le confort d’un canapé ou l’intimité d’un lit, les contenus défilent d’un mouvement machinal du pouce ou de l’index quasi automatique. Sur Facebook, Instagram, TikTok ou Twitter, ils s’égrènent inexorablement : images de la guerre en Ukraine, chiffres de la pandémie de Covid-19, articles déchiffrant le dernier rapport du GIEC, commentaires alarmés sur l’état du paysage politique. Le plus souvent, aucune émotion ne transparaît sur le visage de l’utilisateur ; mais, en son for intérieur, la curiosité ou l’ennui le cèdent parfois à l’appréhension, voire à l’angoisse la plus pure. Qu’importe : il continue. Cette consultation compulsive a désormais un nom : le doomscrolling, c’est-à-dire le fait – ou le sentiment – de ne pas pouvoir s’empêcher de faire défiler indéfiniment des contenus multimédias anxiogènes.

    Pourquoi cette incapacité à s’autoréguler semble-t-elle si partagée ? « Le modèle économique des entreprises type réseaux sociaux est basé sur le temps passé par les utilisateurs sur les plates-formes, car c’est cette durée d’attention qui sera valorisée auprès des annonceurs publicitaires, détaille Nicolas Nova, anthropologue du numérique. Celles-ci ont donc un fort intérêt à trouver, dans la conception des interfaces, des mécanismes incitant les utilisateurs à rester le plus longtemps possible. Cet intérêt explique le recours au format du scrolling infini, mais aussi le mécanisme de récompense variable (analogue à celui des machines à sous des casinos) mis en place par les algorithmes, ou le fait de survaloriser la répétition de certains types de contenus suscitant particulièrement l’intérêt, comme les informations négatives ou les titres racoleurs. » La sensation de doomscrolling naît ainsi de la rencontre entre la nature curieuse des êtres humains et les nouvelles interfaces produites par les entreprises numériques capitalistes.

    En ce sens, le doomscrolling séduit aussi par sa capacité à traduire le contraste démesuré entre une activité banale, quotidienne, anodine – le geste de scroller sur son téléphone – et la teneur alarmiste, voire apocalyptique, de certains contenus. « La notion traduit la façon dont ces nouvelles négatives font désormais irruption dans les moments les plus intimes et, si j’ose dire, les plus doux de nos vies, ceux où l’on se sent d’ordinaire à l’abri, comme l’heure du coucher », abonde Anne Cordier, professeure en sciences de l’information et de la communication à l’université de Lorraine.

    « Nous sommes tous vulnérables face à ce phénomène : autoréguler sa consommation de contenus, qui est à l’heure actuelle la seule solution pour y remédier, est extrêmement difficile, insiste Mme Cordier. A ce titre, les enfants et adolescents bénéficient souvent d’une éducation à l’information qui les sensibilise à ces dangers ; ils apprennent tôt à réfléchir à leurs pratiques numériques. Ce n’est, en revanche, pas le cas de la génération de leurs parents, qui n’est pas ou peu accompagnée… » Mettre un mot sur ce tourbillon immobile, entre recherche délibérée de l’information, légitime inquiétude et pulsion morbide, représente sans doute un premier pas vers cette prise de conscience.

    #Anne_Cordier #Doomscrolling #Médias_sociaux #Anxiété

  • Jean Massiet, HugoDécrypte, « Brut »… Comment de nouveaux producteurs d’infos captent les jeunes sur les réseaux sociaux
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2022/04/05/jean-massiet-hugodecrypte-brut-comment-de-nouveaux-producteurs-d-infos-capte

    Pour Anne Cordier, l’enjeu est alors « démocratique » : « Il est compliqué de faire comprendre que l’objectivité des médias n’existe pas. Les jeunes font davantage confiance et se sentent moins “manipulés” quand ça semble “à la cool”. » Streameurs, youtubeurs et autres tiktokeurs jouent ainsi de leurs imperfections et travaillent leur « naturel ». Le sweat à capuche est le nouveau costard-cravate de celui qui présente l’information. « La proximité se traduit par une incarnation, mais je ne raconte pas ma vie, nuance Hugo Travers. Ça tient à l’approche qu’on a de notre travail, avec une forme de transparence et d’horizontalité : je peux dire qu’on n’a pas eu le temps de traiter tel sujet, assumer certaines erreurs, être à l’écoute des retours qu’on a… Tout cela joue sur la confiance. »

    Idem pour Jean Massiet : « Je passe mon temps à me descendre d’un piédestal. Je leur dis que moi non plus je ne fais pas de sport, que moi aussi je suis parfois largué sur l’Ukraine. La télé et la radio, ils trouvent ça “fake”, surfait et surjoué – de même que la posture des politiques et cette éternelle prime à la caricature. Avec nous, ils ont ce sentiment d’appartenance à une petite famille qui leur ressemble », revendique le twitcheur.

    Ce n’est d’ailleurs pas une coïncidence si ces producteurs ont tous eux-mêmes moins de 35 ans. « Ils représentent des figures d’identification possible, analyse Arnaud Mercier. Ce ne sont pas des Jean-Pierre Pernaut [ancien présentateur du JT de TF1, mort en mars 2022] : il n’y a pas un écart d’âge tel qu’on n’arriverait pas à se comprendre ! »

    Via Brut, Konbini, Loopsider ou encore Blast, les jeunes restent friands de sujets qui mêlent divertissement et actualité. « Il n’y a pas de raison d’isoler leurs pratiques par rapport aux autres générations. Nous sommes tous soumis à un flux, nuance Anne Cordier. La difficulté, c’est la réception fortement individualisée. Une info non accompagnée peut être mal reçue en matière d’évaluation, mais aussi de charge émotionnelle trop forte ou anxiogène. Ils ont besoin de médiation pour sortir de la boucle enfermante du scroll et trouver les clés qui leur manquent. »

    Jordan Ayache, 22 ans, est entré à l’école 42 [dont le fondateur, Xavier Niel, est actionnaire à titre individuel du Monde] à Paris sans le bac, après plusieurs années en foyer dans le Vaucluse. « Au foyer, on n’avait pas accès à Internet, raconte cet as de l’informatique. Je lisais La Provence, que les éducateurs recevaient chaque matin. » Aujourd’hui, il s’informe avec la revue de presse de Jean Massiet, sur Discord, mais aussi grâce au réseau Slack de son école, qui a un canal pour le partage d’articles. « Sur l’Ukraine, je suis confus, ça va trop vite, souffle-t-il. Parfois, j’ai envie de dire : pour que je comprenne, est-ce qu’on peut juste faire pouce ? »

    Léa Iribarnegaray

    #Médias_sociaux #Politique #Sociologie_de_la_réception #Anne_Cordier

  • Grandir connectés, vraiment ? Entretien avec Anne Cordier | Éduveille
    https://eduveille.hypotheses.org/16005

    L’ouvrage collectif Digital Literacy : Curriculum Development and Implementation in European Countries est disponible en ligne. Anne Cordier, professeure des universités en sciences de l’information et de la communication à l’université de Lorraine et membre du Centre de recherche sur les médiations (CREM), a rédigé la contribution française à ce nouveau Yearbook du Cidree, réseau européen dont l’Institut français de l’éducation fait partie. Elle répond à nos questions.

    Votre contribution à l’ouvrage du Cidree s’intitule « From home to school, and vice versa ? Digital education in France ». Pourquoi avoir choisi cet angle ?

    Lorsque j’ai été sollicitée pour apporter ma contribution à l’ouvrage du Cidree sur la culture numérique du point de vue français, le titre m’est venu naturellement. En effet, nous sommes, comme tous les systèmes éducatifs, confrontés à un objet, le « numérique », qui est d’abord un objet socialement partagé avant d’être intégré dans l’école comme moyen d’enseignement puis comme objet d’apprentissage. Cela résonne tout particulièrement en France, où les recherches sont nombreuses sur la dialectique enfant-adolescent/élève ainsi que sur l’intégration du numérique en éducation, et où l’on se préoccupe en premier lieu des inégalités sociales, économiques et culturelles, que l’école a pour mission de résorber.

    Qui plus est, les chercheuses et chercheurs français sont fortement mobilisé.es, notamment en sciences de l’information et de la communication, en sociologie et en sciences de l’éducation, pour investiguer les pratiques sociales des publics scolaires, en reconnaissant la légitimité de ces pratiques et la nécessité de les prendre en compte dans le cadre éducatif scolaire.

    Enfin, le terme même de « culture numérique » est porteur en soi d’une grande richesse, et je souhaitais témoigner de cet enjeu crucial qui se pose aujourd’hui à notre système éducatif : celui de ne pas confondre l’outillage et le recours au numérique pour enseigner-apprendre, et l’éducation au numérique, qui considère ce dernier comme un fait social, porteur de notions et de problématiques politiques, sociales et éthiques.

    Yearbook du Cidree aujourd’hui, rapport du Cnesco Des usages juvéniles du numérique aux apprentissages hors la classe en 2020, articles de revues « interface » ou professionnelles : vous publiez régulièrement dans des espaces situés entre le monde scientifique et celui des acteurs et actrices de l’éducation. En quoi ces pratiques d’écriture sont-elles à la fois différentes, bénéfiques et/ou difficiles pour une enseignante-chercheuse ?

    À vrai dire, je dois d’abord vous avouer qu’il me parait tout à fait normal en tant que chercheuse de communiquer dans différents espaces de publicisation – dans le sens « rendre publique » – de la recherche. Il ne s’agit pas de produire pour exister personnellement, de se mettre sur le devant de la scène, pas du tout, mais de rendre justice à celles et ceux qui nous consacrent du temps lors de nos enquêtes de terrain. Les enfants, les adolescent‧es, les enseignant‧es, les parents, toutes ces personnes qui me consacrent du temps et de l’énergie lorsque j’enquête, je leur dois de restituer leurs paroles, leurs points de vue. Pour qu’ils et elles soient entendu‧es.

    Après, je ne vous le cache pas, et vous avez raison : publiciser la recherche sur tous ces espaces très différents, c’est une grande exigence, qui met à l’épreuve la capacité à vulgariser en s’adaptant aux publics les plus divers, et à faire preuve d’une grande rigueur. Parce que communiquer à destination de professionnel‧les de l’éducation, communiquer à destination du grand public, communiquer à destination d’enfants, d’adolescents ou de parents – je le fais régulièrement dans le cadre de rencontres au sein de municipalités, d’établissements scolaires ou structures associatives –, ça n’a rien à voir. Cela oblige à sortir de sa zone de confort – car finalement c’est très confortable d’écrire un papier pour une revue scientifique, les codes nous sont connus, et l’on n’est pas exposé de la même manière. C’est aussi une grande responsabilité à mes yeux : respecter ces publics les plus divers en n’entretenant pas des paniques morales infructueuses au moyen de discours simplificateurs et en communicant la science de façon rigoureuse et pédagogique.

    Pour finir, quels sont vos chantiers de recherche actuels ? Je pense par exemple à l’enquête Enfances et littératies numériques (ELN) soutenue par la Direction du numérique pour l’éducation (DNE) dans le cadre des « GTnum »…

    Je vais avoir du mal à tout vous raconter tant il y en a ! Ce qui rassemble ces chantiers de recherche, qu’ils soient individuellement ou collectivement menés, c’est une approche sociale, qui consiste à s’immerger dans des terrains, auprès des acteurs et des actrices, et à chercher à comprendre, en contexte, le sens qu’ils et elles donnent à leur vécu, leur façon d’appréhender le monde, de faire société.

    Plus précisément, en ce moment, j’enquête chaque semaine en collège et en école primaire pour le compte du projet GTNum ELN – Enfances et Littératies Numériques, que je porte en co-animation avec André Tricot. Il s’agit pour l’équipe de proposer à terme des pistes d’action pour accompagner les premiers apprentissages numériques des élèves de cycles 2 et 3, en lien avec les familles et les territoires dans lesquels ils évoluent. ELN est un des nombreux projets collectifs dans lesquelles je suis engagée en ce moment, et qui me conduisent à réaliser constamment des enquêtes de terrain.

    Et puis, il y a ce chantier personnel, qui me tient beaucoup à cœur, et qui dure maintenant depuis 2012 : une enquête longitudinale portant sur 12 individus né‧es en 1995-1996, et qui me permet d’analyser leur rapport à l’information au fil du temps et de leur parcours.

    Tous ces chantiers sont extrêmement stimulants et nourrissent ma réflexion scientifique et professionnelle sur l’éducation à l’information, aux médias et au numérique. Alors, au plaisir de poursuivre nos échanges !

    #Anne_Cordier #Education

  • Enfants et écrans : « Culpabiliser les parents en permanence n’est pas très utile »
    https://www.nouvelobs.com/education/20220402.OBS56546/enfants-et-ecrans-culpabiliser-les-parents-en-permanence-n-est-pas-tres-u

    La surexposition des enfants aux écrans aurait une influence néfaste sur le sommeil, l’alimentation ou la gestion des émotions. Un avis que ne partage pas Anne Cordier, enseignante-chercheuse et spécialiste du sujet, interrogée par « l’Obs ».

    #Anne_Cordier #Enfants #Ecrans

  • Culture numériques enfantines : un impensé de l’EMI ? | Enssib
    https://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/visionner/70337-culture-numeriques-enfantines-un-impense-de-l-emi

    Description : Conférence d’Anne Cordier, enseignante-chercheuse en sciences de l’information et de la communication à l’Université de Lorraine, spécialiste des usages et pratiques numériques, particulièrement des jeunes, ainsi que de leurs usages et pratiques de l’information et des médias. Alors que l’existence d’une « culture numérique adolescente » est établie, celle d’une culture numérique enfantine reste un impensé tant pour la recherche que pour le monde social et éducatif. Nous nous interrogerons sur cet « angle mort » de réflexion éducative, puis ferons état d’une démarche de recherche qui a consisté à caractériser et documenter les pratiques numériques d’élèves scolarisés en cycles 2 et 3 dans la famille et dans la classe.

    #Anne_Cordier #Education_Médias_Information

  • Quand les GAFA captent l’attention des enfants - Ép. 1/3 - Une économie de l’enfance
    https://www.franceculture.fr/emissions/entendez-vous-l-eco/quand-les-gafa-captent-l-attention-des-enfants


    L’exposition de plus en plus massive des jeunes enfants aux écrans constitue ainsi un véritable enjeu de santé publique majeur qu’il est aujourd’hui nécessaire d’aborder.

    Quels usages les enfants font-ils du numérique aujourd’hui ? De quelle manière les entreprises essaient-elles de cibler ce public, de capter leur attention et de monétiser cette audience ? A l’image de la volonté de développer un Instagram destiné aux enfants de la part de Facebook, comment les GAFA cherchent à renforcer l’intérêt des enfants pour leurs produits ?

    Pour répondre à l’ensemble de ces questions, nous avons le plaisir de recevoir en studio Marie Danet, psychologue clinicienne, et maîtresse de conférences à l’Université de Lille et Anne Cordier, professeure des universités en sciences de l’information à l’Université de Lorraine et chercheuse au centre de recherche sur les médiations en duplex.

    #Enfance #Anne_Cordier #Médias_sociaux #Podcast

  • L’actualité à hauteur d’enfant
    https://www.franceinter.fr/emissions/barbatruc/barbatruc-du-samedi-02-octobre-2021

    Comment parler de sujets d’actualité avec les enfants ? De quelle manière leur expliquer les évènements graves, et comment rester attentif à ce qui les intéresse, eux ? Barbatruc explore le sujet avec un journaliste et une professeure en sciences de l’information et de la communication.

    Le procès des attentats du 13 novembre fait ressurgir une question difficile : comment parler des événements graves avec les enfants ? Que faire de notre émotion d’adulte et de notre peur de les effrayer ? A quelle distance se placer ?

    Actualité politique, internationale, culturelle, sanitaire… est-ce le rôle des parents que d’expliquer l’actualité aux enfants et aux ados ? Comment les aider à s’informer ? Mais aussi, comment s’intéresser à la façon dont ils s’informent ?

    Et si on évitait de se placer dans une position de surplomb ? Et si on s’interrogeait avec eux sur l’actualité ?
    Nos invité.e.s

    Julien Moch, journaliste et fondateur du studio indépendant de podcast jeunesse “Billy the cast”, consacré à l’animation et au développement de contenus jeunesse. Il produit “Qui a inventé”, podcast d’Images doc à destination des 8-12 ans

    Anne Cordier, professeure en sciences de l’information et de la communication à l’Université de Lorraine, chercheuse au centre de recherche sur les Médiations et autrice de Grandir connectés : les enfants et la recherche d’information, éditions C&F

    Au téléphone, Antoine Devos, pédopsychiatre au centre hospitalier de Bayeux et membre du conseil scientifique de la fédération nationale de l’école des parents et des éducateurs.

    #Anne_Cordier #Podcast #France_Inter #Barbatruc

  • Comment lutter contre la surexposition des écrans pour les enfants
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/normandie/comment-lutter-contre-la-surexposition-des-ecrans-pour-
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/image/-lUnxb55uqkZKqIzWLrxuML9Log/930x620/regions/2021/06/25/60d5d249c1692_boy-3826015-1920-5370706.jpg

    La place des écrans évolue chez les jeunes

    Anne Cordier, enseignante-chercheuse en Sciences de l’Information et de la Communication, observe que les jeunes ont l’habitude d’échanger entre eux sur l’usage et le temps passé sur les écrans. Personne ne peut se passer des écrans à l’heure actuelle. Elle s’interroge sur « Comment on s’en empare et comment on arrive à réguler les usages et les temps ? »

    Pour cela, il faut distinguer l’usage des écrans pour se divertir, pour travailler ou pour s’informer. Ainsi elle conseille de discuter avec le jeune de son usage des écrans, pour mieux le comprendre.
    5 astuces pour limiter les écrans de nos enfants

    Privilégier le jeu libre

    Au lieu de divertir les enfants avec des écrans, Isabelle Kratz conseille le jeu libre. « Jouer avec trois fois rien » explique l’orthophoniste. En jouant librement, l’enfant crée son propre jeu et décide de son fonctionnement. Vous pouvez disposer de nombreux jeux autour de l’enfant. Il est libre d’en choisir un pour explorer, déplacer des objets et laisser libre cours à son imagination. Un bout de tissu peut devenir une nappe pour la dinette ou une cape de super-héros par exemple. L’idée est de pousser l’enfant à développer sa créativité à partir d’un jouet.

    S’intéresser à ce qu’ils font sur les écrans.

    Nos enfants ne sont pas des « crétins digitaux » illustre Anne Cordier. Elle conseille de « voir le sens que certaines de ces pratiques ont pour eux ». Au-delà de l’écran, n’hésitez pas à échanger avec eux sur les liens sociaux qu’ils ont créés à travers les écrans. Être à l’écoute de leur usage permet de connaître comment ils se représentent les usages des écrans.

    #Anne_Cordier #Usage_numérique #Jeunes #Enfants

  • Réseaux sociaux : faut-il en finir avec les « likes » et l’économie de l’attention ? – Libération
    https://www.liberation.fr/economie/economie-numerique/reseaux-sociaux-faut-il-en-finir-avec-les-likes-et-leconomie-de-lattentio
    https://www.liberation.fr/resizer/BEyWyK_M28Ff825uWRpfwwW1xp0=/1200x630/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/OVQSOMG24NA6DH3V4XX74WPANA.JPG

    Ancien symbole de l’ère numérique, le « like » est accusé de tous les maux : course à la popularité, addiction… Facebook et Instagram proposent désormais de cacher les « likes » aux internautes qui se sentent sous pression. Mais à qui cela sert-il vraiment ?

    Popularisé par Facebook, où l’on peut « aimer » des contenus depuis 2009, le geste est devenu une norme sur les réseaux sociaux. (Aly Song/Reuters)

    par Lucie Ronfaut
    publié le 7 juin 2021 à 15h49

    Une cousine qui annonce sa grossesse ? J’aime. Un article que vous voulez mettre de côté pour lire plus tard ? Un cœur. Une vidéo que vous n’avez pas eu le temps de regarder, mais dont le sujet vous semble intéressant ? Pouce en l’air quand même. Des dizaines de publications Instagram que vous faites rapidement défiler, sans vraiment les regarder ? Pourtant, vous les « likez » toutes, un peu par réflexe.

    #Médias_sociaux #Like #Culture_numérique #Anne_Cordier #Anthony_Masure #Lucie_Ronfaut

  • Sommes-nous vraiment en train de fabriquer des “crétins digitaux" ?
    https://www.franceinter.fr/emissions/le-code-a-change/sommes-nous-vraiment-en-train-de-fabriquer-des-cretins-digitaux

    J’ai l’impression que le discours sur les jeunes et les écrans est en train de changer. Alors qu’il y a quelques années, on vantait les compétences de ces digital natives - certes un peu accro à leurs écrans, mais tellement habiles à les manipuler - aujourd’hui, ce qu’on entend, ce sont le plus souvent des discours très alarmistes.

    Pour ne prendre qu’un exemple, en septembre dernier, un livre a connu un gros succès commercial et médiatique “La fabrique du crétin digital”, d’un neuroscientifique du nom de Michel Desmurget. Sa thèse : les écrans sont un danger pour les jeunes - enfants et ados -, les études neuroscientifiques le prouvent.

    On est en train de fabriquer une génération perdue, qui aura le choix entre l’obésité, l’addiction, et toutes sortes de troubles émotionnels et cognitifs. 
    Evidemment, ce discours me parle. Parce que je regarde le monde autour de moi, je vois bien que les jeunes passent beaucoup de temps devant leurs écrans, dès tout petits parfois. Je me dis que ça ne doit pas être sans conséquence… D’autant qu’on sait bien que les acteurs économiques du numérique créent des outils pour séduire les plus jeunes, pour capter leur attention…

    #Anne_Cordier #Xavier_de_La_Porte #Le_code_a_changé #Podcast

  • Anne Cordier : “Les activités sur écran font partie de l’univers de nos enfants” - enfants
    https://bayam.tv/fr/blog/enfants-et-ecrans/anne-cordier-les-activites-sur-ecran-font-partie-de-lunivers-de-nos-enfants

    Avec les divers confinements, le numérique a pris une nouvelle place au sein des familles. Comment protéger et accompagner nos enfants ? Anne Cordier, maîtresse de conférences HDR en sciences de l’information et de la communication, nous éclaire sur notre rôle de parents… tout en nous déculpabilisant.

    Anne cordier chercheuse

    Les différents confinements ont-ils changé le rapport aux écrans au sein de la famille ?

    Les questions se sont posées différemment. Il me semble que les adultes parlent autrement des pratiques des enfants. Pendant le confinement, on a pris conscience que les écrans pouvaient être créateurs de lien social. On a vu se développer des liens intrafamiliaux, les parents se sont plus intéressés à ce que faisaient les enfants sur les écrans.

    Mais on a aussi entendu des parents culpabiliser parce que le temps que leurs enfants passaient devant un écran avait augmenté…

    Eh bien je voudrais leur dire qu’ils ne sont pas de mauvais parents pour autant ! De manière générale, on tient à leur encontre un discours très culpabilisant. Ils ne feraient jamais ce qu’il faut ! Si un parent met son enfant devant un écran le temps qu’il prépare à manger pour toute la famille, où est le drame ?

    D’autant qu’il faut mesurer le caractère exceptionnel de la période que nous vivons. Nous avons un fonctionnement très différent de la normale. Nous sommes beaucoup les uns sur les autres, c’est normal qu’on cherche des îlots d’isolement. Et puis, avec le retour à l’école, les choses se sont déjà rééquilibrées.

    Lire aussi : Les écrans dans les familles pendant le confinement, entretien avec Serge Tisseron

    Est-ce que le critère du temps passé devant un écran est parlant ?

    Il ne me semble pas très signifiant. Ce qui l’est davantage, c’est l’activité qui est réalisée. Rappelons quand même que ce critère du temps ne repose sur rien de scientifique. Il n’y a aucune étude qui nous dise que tant de temps passé provoque tel effet. Si un parent me dit “mon enfant a joué tout l’après-midi avec son train électrique”, tout va bien parce que cela répond à notre image d’Épinal qui veut qu’il joue avec du concret.

    Mais déplacer un bonhomme sur un écran, c’est concret aussi !

    Il ne s’agit pas de remplacer l’un par l’autre, mais ces activités sont complémentaires. Finalement, c’est le même discours que celui que nous tenaient nos parents sur la télé. Personnellement, je suis de la génération Loft Story, cela ne m’a pas empêchée de devenir prof !

    Comment faire pour que, dans le rapport aux écrans, la relation parents/enfants soit apaisée ?

    Il nous faut déjà entendre que les codes culturels et de socialisation ont évolué. Interdire ne sert à rien. Au contraire, cela poussera plutôt l’enfant à s’y précipiter. Quand un parent reproche à un enfant “c’est n’importe quoi ce que tu regardes, ce à quoi tu joues”, on crée un fossé d’incompréhension qui rompt la possibilité de dialogue. On a le droit d’avoir un temps de sidération. Mais ensuite, il faut demander “pourquoi tu fais ça ? Qu’est-ce que ça t’apporte ?”

    Lire aussi : Pourquoi accuser l’écran est un faux débat ?

    Mais le rôle du parent est aussi de protéger face à des contenus qui peuvent ne pas être adaptés…

    Bien sûr. Et l’éducation, ce n’est pas juste “vas-y, épanouis-toi !” Le parent est aussi là comme garde-fou. Le processus de surveillance est essentiel. On peut dire à notre enfant que ce n’est pas pour l’embêter, mais qu’on est inquiet. On peut aussi lui demander son avis, comment il se prémunit contre ça. Et lui dire de ne pas hésiter à nous en parler s’il tombe sur un contenu pas adapté. En lui rappelant que ce n’est pas de sa faute. Car, quand cela survient, les enfants ont tendance à culpabiliser.

    Le contrôle parental sur les écrans peut-il être la solution ?
    Personnellement, je n’y suis pas favorable, si la démarche n’est pas expliquée. Il faut éclairer l’enfant sur le comment et le pourquoi.

    La question des écrans peut aussi constituer un point de crispation entre les parents…

    Oui car elle éprouve notre rapport à la parentalité, à notre propre enfance. Elle cristallise le “être ensemble” entre le “je” et le “nous”. Dans les études, on voit d’ailleurs que ce sont souvent les mères qui prennent la charge des règles à mettre en place et à appliquer. Il y a vraiment un enjeu genré autour de cette question.

    Selon vous, il convient de reconsidérer le regard que nous, adultes, portons sur les écrans ?

    Oui, il nous faut apprendre à considérer ces activités comme aussi importantes que celles de la “vraie vie”. Si votre enfant perd un match de foot, vous allez le consoler. Eh bien si ce match se déroule sur un écran, il nous faut aussi prendre sa déception en charge car l’émotion n’en est pas moins réelle. Il nous faut considérer ces activités sur écran comme faisant partie de leur univers.

    Propos recueillis par Joséphine Lebard

    Crédits : Benoît Teillet – © Bayard jeunesse 2020

    #Anne_Cordier #Confinement #Médias_sociaux #Culture_numérique #Enfants

  • Lettre ouverte aux élèves qui sont devant les professeur·es documentalistes - Doc pour docs
    http://docpourdocs.fr/spip.php?article655

    Pourquoi cette démarche ? Pour tout t’avouer, elle me taraude depuis plusieurs semaines. Depuis le 28 novembre 2020 précisément. Ce jour-là, l’on apprend que les professeur·es documentalistes sont exclu·es de l’attribution d’une prime d’équipement de 150 euros destinée aux enseignant·es, parce qu’ils ne sont pas "devant les élèves" [2].

    À ce moment-là, Anaïs, la première personne à laquelle j’ai pensé, c’est toi. Toi qui déclarais lors d’un entretien en 2017 : « Je crois que moi je peux dire que j’ai eu beaucoup de chance, avec des professeurs très présents, qui voulaient qu’on réussisse… Il y a surtout eu (Pr-Doc) [3] au lycée, franchement, lui, c’était super important. Je trouve qu’au niveau de l’accès à l’information, il nous aide à trier, mais aussi à réfléchir en fait. Il nous amène à nous questionner sur l’information, comment on s’approprie tout ça parce que c’est vrai qu’on est surchargé d’informations de la télé au smartphone, et voilà. Ses cours étaient très riches et j’adorais ses cours en fait. Je les ai gardés (...) C’est une référence que j’ai. Je pense qu’il y a des profs comme ça qui nous marquent dans notre scolarité ».
    Cet enseignant qui t’a marqué à ce point, Anaïs, au moment même où tu apprenais à ses côtés, se battait pour ne plus être rattaché dans les listes de diffusion au « personnel administratif », alors qu’il était titulaire d’un CAPES de documentation, formé en Sciences de l’information et de la communication. Il y a plus encore : l’effacement du statut d’enseignant·e est presque naturel dans le langage courant du système éducatif. Ainsi on anthropomorphise volontiers le CDI : ce lieu, au même titre que la salle D 24 dans laquelle un·e professeur·e de Français va dispenser ses cours, se substitue dans les discours à l’humain, au professionnel. Combien d’emplois du temps d’élèves comportent l’appellation « cours de CDI » ? De la même façon, on va volontiers « demander au CDI » d’intervenir lors des temps de pré-rentrée à destination des nouveaux personnels. Il ne s’agit pas d’une question de langage. Il s’agit bien d’une question de fond. De considération. Tant humaine que professionnelle, et même sociale.

    #Anne_Cordier #Professeur_documentaliste #Enseignement_médias_information

  • Le dialogue comme remède au « crétinisme digital » ? - Compétences numériques - Pédagogie - Académie de Poitiers
    http://ww2.ac-poitiers.fr/competences-numeriques/spip.php?article192

    Réflexions partagées entre une enseignante curieuse et informée, invitée par le journaliste Xavier de la Porte sur France Inter le 10 novembre 2020, sur le thème Sommes-nous vraiment en train de fabriquer des “crétins digitaux" ?

    Anne Cordier, auteure de "grandir connectés", est maîtresse de conférences en sciences de l’Information et de la communication à l’Université de Rouen. Elle a réalisé de nombreuses enquêtes de terrain auprès des publics jeunes, notamment au sein de l’école, sur leurs usages et pratiques numériques.

    L’émission part d’un constat :
    le discours sur les jeunes et les écrans est en train de changer. Alors qu’il y a quelques années, on vantait les compétences de ces digital natives - certes un peu accro à leurs écrans, mais tellement habiles à les manipuler - aujourd’hui, les discours sont souvent très alarmistes.

    Malentendus sur la vraie vie

    Anne Cordier décrit notamment ce que font les jeunes quand ils "scrollent", activité qui s’apparente au fait de "trainer ensemble", dans laquelle se jouent bien des relations et se construisent des compétences sociales.
    Elle explique ce qu’elle observe de leurs manières de s’informer sur l’actualité, et du malentendu à ce sujet entre les générations.
    Elle analyse également la question des transferts de compétence, et celle du plaisir apporté par la flânerie sur internet, qui permet des découvertes sans pression.

    #Anne_Cordier #Xavier_de_La_Porte #Le_code_a_changé #Podcast

    • C’est assez ouf quand même à quel point elle défend le moindre millimètre des pratiques des jeunes, comme si pour chaque pratique une par une, yavait à chaque fois un « malentendu » impossible ou difficile à dépasser et que les plus âgés peuvent rien comprendre… comme s’il était au final impossible d’avoir une critique de ces pratiques. Avec un « c’est comme ça, ça évolue »… (mais bon c’est assez souvent le cas de Xavier de la Porte en général, j’ai remarqué que quasiment à chaque émission de ce genre, depuis des années, il fait mine de poser un interrogation critique, puis ensuite n’interviewe ou ne relaie des articles que des gens qui vont aller dans le sens d’un techno-progressisme) Au lieu d’une critique historique, comparative…

      Par exemple comparer un sport (co ou pas), qu’on peut quasi à coup sûr faire gratuitement ou presque, qu’on peut pratiquer n’importe où, avec un jeu vidéo multijoueur en ligne produit par une entreprise avec un modèle économique, qui fait tout pour créer de l’addiction forte, avec des psys dans les équipes, etc : c’est incroyablement malhonnête il me semble, c’est vraiment tellement différent comme pratiques… Franchement, comparer du foot, basket, parkour, roller-derbie ou danse, avec Fortnite ou Brawl Stars et leur système d’addiction et de micro-paiement ?
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Free-to-play

      Après ya des morceaux plus intéressants, oui on les laisse moins faire qu’avant, d’autant moins en milieu urbain. Et donc beaucoup moins de temps pour sociabiliser en face à face, et ça c’est triste (et sûrement très mal à long terme pour la société entière). Moi dès CM1 CM2 je partais des heures en vélo avec un copain dans le quartier, et yavait aucun téléphone mobile ni rien pour savoir où on était.

      #techno-béat #techno-progressime

  • Comment les très jeunes s’informent sur les réseaux comme Instagram et TikTok
    https://bienvivreledigital.orange.fr/vie-perso/blacklivesmatter-jeunes-information-reseaux-sociaux-instag

    Les plateformes sociales sont devenues les premières sources d’infos pour les collégiens. Sans complexe, c’est sur TikTok, Insta et Snapchat qu’ils suivent l’actualité et qu’ils développent leurs propres formes de débats par story... avec ou sans émoji.

    Illustration crée par Louis Bolla pour Bien Vivre le Digital

    On les croit déconnectés de la réalité, à se dandiner sur les derniers tubes à la mode sur TikTok, ou cachés derrière leurs filtres « rabbit » sur Snap. Vous pensez que la Gen Z ne pense qu’à sa prochaine paire de snickers fluo ? Vous avez tout faux. Ceux qui sont nés entre 1996 et 2015 vont entrer dans l’âge adulte en ayant connu une pandémie, une récession et un temps à faire des barbeuk’ en Alaska. Alors, loin des images colorées et flashy qu’ils se partagent d’habitude en longue conversation ininterrompue avec leurs amis, la jeune génération a affiché son soutien politique sur les réseaux sociaux via une flopée de carrés noirs le 2 juin dernier. Noire, comme la couleur de peau de George Floyd, asphyxié par un policier blanc aux États-Unis pendant son arrestation. Un événement qui a secoué le monde entier, et révélé que les jeunes ont une conscience politique forte qu’ils n’hésitent pas à afficher sur TikTok, Snapchat ou Instagram, leurs premiers lieux de revendication.

    Des pavés… au hashtag

    Alors que leurs grands-parents balançaient des pavés en cherchant la plage, que leurs aînés sont descendus dans la rue contre les CPE, pour Charlie et contre les « porcs », les jeunes eux, s’arment de leur clavier et affichent leurs revendications sur les réseaux, comme un premier moyen d’appartenir à une mouvance. Le slogan même de « Black Lives Matter » est né d’un post Facebook.

    Retour en juillet 2013. Le jeune afro-américain, Trayvon Martin, 17 ans, désarmé, est abattu. L’acquittement de George Zimmerman, le meurtrier du jeune homme déclenche la colère d’Alicia Garza, activiste pour les droits homosexuels.

    Sous le coup de l’émotion, elle publie un post Facebook : « Black People. I love you. I love us. Our lives matter » (« Personnes noires. Je vous aime. Je nous aime. Nos vies comptent »). L’artiste et activiste Patrisse Khan-Cullors lui répond alors : « Black Lives Matter ».

    Depuis la mort de George Floyd le 25 mai dernier à Minneapolis, le mouvement Black Lives Matter s’est répandu comme une traînée de poudre sur les autres continents, via les réseaux. Pour autant, s’il est né sur les réseaux, le mouvement ne s’y est pas cantonné. Il a connu un immense écho en France. Lors des dernières manifestations contre le racisme et les violences policières le 2, le 9 et le 13 juin dernier, de nombreux collégiens et collégiennes sont venus grossir les rangs des manifestants.

    Des millions de vues sur TikTok, Snapchat et Instagram

    Les chiffres confirment l’engouement des jeunes pour le sujet. Sur TikTok, le réseau social préféré des moins de 13 ans (puisque 45,7% l’utilisent selon l’agence Heaven), la page #BlackLivesMatters a comptabilisé 10,2 milliards de vues. Même constat d’une montée en puissance de thèmes plus politiques sur Snapchat et Instagram, où le hashtag a comptabilisé près 22,1 millions de vues.

    #BLM n’est pas le seul sujet de société a avoir suscité l’attention des jeunes. #ImComingOut rassemble les personnes qui révèlent leur homosexualité avec un total de 10,1 millards de vues.

    Tiktok, Insta, Snap, le nouveau 20h

    Camille : “ Les grandes chaînes de télévision ne montrent pas tout, je préfère Snap” A 15 ans, Camille, élève de 3ème en Seine-Saint-Denis, s’informe surtout via Snapchat et uniquement grâce aux stories et aux posts des personnes auxquelles elle est abonnée. Les réseaux sociaux lui permettent, dit-elle, d’avoir une plus grande vision plus large sur l’actualité. « Sur Instagram, il y a du positif comme du négatif tandis que sur les grandes chaînes, on ne montre pas tout » explique la collégienne en région parisienne, « on a l’impression de voir plus de choses et de vraiment être au courant de ce qu’il se passe. »

    Ce shift dans la manière de s’informer et de s’engager n’est pas passé aperçu aux yeux des médias traditionnels. Après avoir investi Facebook, Snapchat ou Instagram, Le Monde réalise aujourd’hui de petites vidéos pédagos sur Tiktok. Dans le cas de #BLM, le quotidien a choisi d’expliquer les inégalités de peine de prison aux Etats-Unis… avec un rouleau de scotch. Et ça marche. A peine créé depuis quelques jours, Le Monde comptabilise déjà plusieurs milliers d’abonnés et l’une des vidéos (sur le port du masque) comptabilise même plus de 160.000 vues.

    Et les médias ne sont pas les seuls à s’y mettre. Le tout jeune Hugo Décrypte distille tous les jours les 5 infos à retenir de l’actu sur Insta et ouvre le débat quotidiennement sur une question d’actualité. Preuve que les jeunes adhèrent, le concept fédère plus de 500 000 personnes sur Insta. Hugo a même décliné le concept en version « Pop » pour la culture (100.000 abonnés) et pour le sport (59.000 abonnés). Et bien sûr sur Tiktok avec 175.000 abonnés et plus de 2 millions de like au total sur ses vidéos. Preuve que si les jeunes boudent les médias classiques, comme Camille, ils aiment être informés et exprimer leurs opinions.
    « Il faut que ça se sache »

    Ce combo info/réaction semble d’ailleurs être le moteur de l’expression politique des jeunes. Et le partage de contenus atteste d’une nouvelle forme de mobilisation. C’est d’ailleurs l’avis d’Inès, élève de seconde dans u lycée du sud de Paris, « partager ce genre de contenus est presque un geste politique », qui compense son absence aux manifestations. Même si l’interdiction de ses parents n’est pas un frein, la jeune fille ne se sent pas prête à se rassembler et trouve dans les réseaux sociaux une façon de participer à son échelle.

    Ces médias basés sur le flux et la réactivité font surgir « un sentiment de malaise face à des images sans filtre » qui touche les jeunes utilisateurs. « Ils éprouvent le besoin de les rediffuser [en disant], « il faut que ça se sache », « on ne peut pas le cacher »” explique Anne Cordier, Maîtresse de Conférence HDR en Sciences de l’Information et de la communication à l’Université de Rouen. Et ce relais massif de vidéos, au départ porté par une forte émotion, fait naître une forme de “conscience collective” chez les jeunes.

    #Engagement #Activisme #Tik_Tok #Snapchat #Anne_Cordier

  • Instagram, Facebook : Jeunes et réseaux sociaux, clap de fin ?
    https://www.femina.fr/article/instagram-facebook-jeunes-et-reseaux-sociaux-clap-de-fin

    Certes, ils quittent Facebook, un « truc de vieux » – comprendre « un truc de parents » – pour Gabin, 17 ans. D’après une étude Diplomeo publiée en 2019, c’est un fait : le réseau social aux 2,5 milliards d’utilisateurs dans le monde, dont 37 millions en France, n’attire plus les ados. Près de 17 % des jeunes Français confient avoir supprimé Facebook de leur smartphone, 22 % chez les 16-18 ans et 15 % chez les 19-25 ans. Plus surprenant, ils auraient aussi tendance à bouder leur smart-phone et même à quitter Instagram et Snapchat. « Je n’y crois pas ! » tranche la mère de Gabin. Et pourtant… Tous les jeunes ne forment pas un groupe uniforme de « digital natives » (enfants du numérique) scotchés à leur portable. Certains, en effet, se déconnectent et d’autres refusent d’être trop connectés.
    Les prémices du ras-le-bol

    Une étude publiée en 2018 dans le quotidien britannique The Guardian avait déjà confirmé cette tendance, précisant même que 63 % des collégiens et lycéens britanniques seraient contents si les réseaux sociaux n’avaient jamais été inventés ! Parmi eux, Amanuel, une lycéenne de 16 ans, qui expliquait : « Sur Instagram, je présentais comme la plupart des gens une version malhonnête de moi-même. » Mais aussi Sharp, 13 ans : « Je préfère ne pas savoir ce que les autres pensent de moi. » Et en France ? « Je préfère passer mon temps dans le monde réel plutôt que sur mon téléphone, assure Khady, 19 ans, qui, au passage, confie avoir rencontré une situation de cyberharcèlement quand elle était au collège. Forcément, ça m’a vaccinée… » Les jeunes se déclarent rarement anti-réseaux sociaux sans un déclic. Parfois, la prise de conscience peut aussi prendre du temps. Quand, pour leur livre-enquête Portables : la face cachée des ados (Flammarion), les journalistes Céline Cabourg et Boris Manenti ont rencontré des centaines d’ados, ceux-ci s’interrogeaient moins sur une possible déconnexion que sur leurs usages hyperconnectés. « Mais c’était en 2016 », nuance Boris Manenti. Depuis, une enquête de l’institut de recherche Ampere Analysis, menée auprès de 9 000 internautes, a confirmé que les 18-24 ans avaient considérablement changé d’attitude à l’égard des médias sociaux en peu de temps. Alors que 66 % de cette tranche d’âge étaient d’accord en 2016 avec l’affrmation « les médias sociaux sont importants pour moi », ils ne sont plus que 57 % en 2018.

    Une saturation observée par Anne Cordier, maîtresse de conférences en sciences de l’information et de la communication et auteure de Grandir connectés (C & F) : « Depuis sept ans, je surveille l’évolution d’une quinzaine de jeunes, actuellement âgés de 24 ans et plutôt issus de milieux défavorisés. Tous évoquent depuis leurs 17 ans ce flux d’informations qui les bombarde, des diffcultés à se concentrer, ainsi que le désir de renouer avec des liens qu’ils estiment plus authentiques. Ils ont commencé par mettre en place des rituels de déconnexion très ponctuels, comme “oublier” le portable dans une autre pièce lorsqu’ils travaillent ou le retourner pour être tranquilles et ne pas être dérangés par les alertes de notifications. Une jeune fille me confiait : “C’est comme la glace. Quand on en mange trop et que l’on a fait le tour de tous les parfums, on frôle l’indigestion !” »

    La chercheuse Mary Jane Kwok Choon montre ainsi que tous les étudiants qui ont déconnecté finissent certes par revenir sur les réseaux sociaux au bout de cinq à quatorze jours mais toujours plus « responsables ». « Par exemple, ils “nettoient” leur profil sur Facebook ou ailleurs, veillent à ne pas être identifiés sur les photos, à moins publier ou à moins “liker” les statuts des autres », détaille Anne Cordier, pour qui la déconnexion absolue serait au fond un fantasme d’adulte. Lola, 18 ans, qui organise régulièrement chez elle des soirées détox digitale pour doper l’ambiance, l’a bien compris : « On éteint nos portables… seulement après avoir prévenu nos parents qui pourraient s’inquiéter ! » sourit-elle. D’après un rapport américain**, quatre adolescents sur dix ont peur que leur père ou leur mère soit « accro » au portable !

    #Médias_sociaux #Culture_numérique #Anne_Cordier #Adolescents

    • à 20 piges je détestais les forums et refusais d’avoir un mail. En vrai l’équation sous-jacente jeune-alors-devrait-aimer-la-tech n’a évidemment aucun fondement, à part la tech qui se croit jeune parce que toujours plus neuve.

    • Je me souviens un jour d’une couv de Télérama sur « les jeunes » : n’étaient figurés que des appareils électroniques. J’étais encore à peu près jeune à l’époque, et je ne comprenais pas pourquoi il n’y avait pas de bières et de capotes sur leur couv de vieux cons néophiles.

      Sinon Sherry Turkle a déjà pas mal parlé de jeunes et des réseaux sociaux : saturation, angoisse liée à l’image, déconnexion, tout y était en 2012.
      http://blog.ecologie-politique.eu/post/Seuls-ensemble

  • POINT DE VUE. « Les jeunes et les réseaux sociaux : n’importe quoi ! Vraiment ? »
    https://www.ouest-france.fr/reflexion/point-de-vue/point-de-vue-les-jeunes-et-les-reseaux-sociaux-n-importe-quoi-vraiment-
    https://media.ouest-france.fr/v1/pictures/MjAyMDAxYzRlZTdlMTdlZjRlZDYxN2UyMWNiY2U3YzEzNGIxNTU?width=1260&he

    Tribune par Anne Cordier

    Ah, les jeunes et les réseaux sociaux ! Combien d’heures perdues à ne rien faire ! À ne pas vivre la vraie vie ! À se gargariser d’images violentes et de sous-informations ! À chercher à faire mal aux autres par des insultes ! À s’exposer et parler de tout et surtout n’importe quoi ! Voilà bien des discours répandus, n’est-ce pas ?

    Et si l’on cessait de fantasmer les usages et pratiques juvéniles des réseaux sociaux numériques (RSN) pour les considérer dans leur réalité effective ?

    Il ne s’agit pas, surtout pas, de balayer d’un revers de main des inquiétudes, légitimes, quant aux comportements de harcèlement existant sur les réseaux, la gestion personnelle de l’identité numérique ni quant aux stratégies marchandes reposant sur la captation et l’exacerbation des émotions. Bien sûr que non. Mais il s’agit de prendre en considération véritablement ces enfants et adolescents aux prises avec ces objets qui ont intégré leur quotidien (qui est aussi le nôtre) et de comprendre le sens que l’usage des RSN a pour eux, sans les juger ni – encore moins – les condamner.

    Succès de Youtube

    Les chiffres sont sans appel : 71 % des 15-34 ans utilisent quotidiennement les réseaux sociaux pour accéder à l’information (1). Cela signifie aussi que ce sont les publications d’amis qui constituent grandement le réservoir informationnel dans lequel puisent les jeunes. Quoi qu’il en soit, ils s’y informent, et pas uniquement – comme on veut trop souvent le laisser croire – à grands coups d’images ou vidéos sensationnalistes. À ce titre, le succès de la plateforme YouTube doit retenir notre attention : que ce soit pour apprendre pour ses loisirs, son développement personnel, pour s’amuser et se détendre, mais aussi pour les apprentissages académiques, YouTube est convoqué quotidiennement.

    Ces pratiques d’information sur les réseaux sociaux se caractérisent par des émotions très positives confiées par les jeunes : plaisir d’assouvir une curiosité, plaisir d’un choix de format d’information qui les séduit (la vidéo, notamment), plaisir de découvertes. Elles se caractérisent aussi par le partage et le sens social donné à l’information ainsi accédée : des sociabilités informationnelles par le numérique s’instaurent, qui donnent sens à la pratique personnelle mais aussi responsabilisent (plusieurs expliquent qu’ils font attention de ne pas relayer d’informations qui leur paraissent suspectes, car d’autres vont les lire et ils s’en sentent responsables).

    Toutefois, ces enfants et adolescentes confient aussi leur crainte face au flux informationnel qui se déverse sur les réseaux sociaux numériques. Comment faire confiance à l’information ? Comment être certain de ne pas relayer une information fausse ? Comment réguler son activité de façon à ne pas dépendre des notifications constantes ?

    Toutes ces questions, nous ne pouvons les laisser se les poser seuls ou entre eux. Il nous revient de les accompagner, de les aider à aborder sereinement ce flux et la multitude de canaux d’information, de les outiller cognitivement et émotionnellement pour mettre à distance les stratégies de séduction des plateformes. Il nous revient aussi de nous appuyer sur ce plaisir ressenti et confié par les enfants et adolescents à propos de leurs pratiques sur les RSN, car en s’appuyant sur cette sensation de plaisir, on le sait bien, l’éducation a d’autant plus de chance d’être efficace et constructive.

    (1) Ministère de la Culture, 2018.

    (*) Maîtresse de conférences HDR en Sciences de l’Information et de la Communication, Université de Rouen-Normandie, Autrice de Grandir Connectés : Les adolescents et la recherche d’information.

    #Anne_Cordier #Grandir_Connectés #Médias_sociaux #Pratiques_numériques #Jeunesse

  • “Les jeunes sont de plus en plus nombreux à vouloir quitter les réseaux sociaux” - Le monde bouge - Télérama.fr
    https://www.telerama.fr/monde/les-jeunes-sont-de-plus-en-plus-nombreux-a-vouloir-quitter-les-reseaux-soci

    Une interview de Anne Cordier sur les pratiques des jeunes par Olivier Tesquet.

    Leur usage immodéré du numérique ferait-il des jeunes d’aujourd’hui des mutants,
    voire des idiots ? Rien ne le prouve, affirme Anne Cordier, spécialiste en sciences de l’information et de la communication. S’ils reconnaissent avoir du mal à se déconnecter, ils sont aussi conscients des risques qu’ils encourent.

    On les observe d’un air interdit en train de manipuler leurs téléphones avec agilité. Pour les adultes inquiets, ce serait tout vu : les adolescents et les jeunes adultes d’aujourd’hui sont des créatures numériques d’un genre nouveau, accros à des écrans qui les abrutissent. Comme le proclame le best-seller du neuroscientifique Michel Desmurget, nos enfants risqueraient de devenir des « crétins digitaux ». À rebours de ce diagnostic alarmiste, Anne Cordier, maîtresse de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’université de Rouen, autrice de Grandir connectés (C&F éditions, 2015), observe et interroge les jeunes depuis une dizaine d’années, du collège aux premières aventures post-bac. Avec bienveillance, elle déconstruit l’image d’Épinal dans laquelle nous les enfermons contre leur gré. Car leurs usages sont bien plus complexes qu’il n’y paraît.

    #Anne_Cordier #Pratiques_numériques #Digital_natives #Médias_sociaux #Culture_numérique

  • Visages de la Silicon Valley | Cultures de l’Information
    https://cultinfo.hypotheses.org/407

    par Anne Cordier

    La terre promise technologique qu’est la Silicon Valley est pourtant, lorsqu’on prend la peine de gratter les mythes, une terre bien réelle, caractérisée par des paysages variés… mais aussi par un sous-sol abritant des produits chimiques hautement toxiques, utilisés pour la fabrication du matériel informatique. Cette terre est habitée. Habitée. C’est-à-dire foulée, retournée, touchée, façonnée, bref : vécue.

    Et ce sont justement ces Vies de la Silicon Valley que la photographe Mary Beth Meehan nous raconte, en photos et en mots, dans cet ouvrage inédit Visages de la Silicon Valley. Des vies qui, loin de la luxuriance et du capital risque du mythe d’innovation technologique, sont marquées par la pauvreté et la peine, mais aussi le combat pour un monde meilleur, altruiste et non basé sur des profits qui n’inondent qu’une part restreinte.

    Ces deux exemples, parmi tant d’autres, de portraits d’habitants de la Silicon Valley captés par Mary Beth Meehan, pourraient laisser penser à un étalage voire à une complaisance misérabiliste. Il n’en est rien ! Chacun, chacune, est un-e combattant-e, ne rechignant guère au labeur, illuminant son existence et celle des autres de petites étincelles de joie, développant une conception politique de la Cité dans laquelle il-elle vit, et loin d’adopter une attitude passive face aux injustices vécues prend les armes, les plus belles : celles de la parole, de l’action concertée et résolument humaniste, tournée vers le bien commun.

    Visages de la Silicon Valley est un projet qui nous semble relever à la fois de l’entreprise photographique mais aussi du projet sociologique et anthropologique.

    Le choix d’une entrée par la capture photographique d’un portrait et/ou d’un instant de vie pour révéler des parcours biographiques et les ancrer dans une problématique élargie de ce qui fait un rapport au monde et aux autres mais aussi de ce qu’un mythe dissimule, est d’une force incroyable. Les portraits qui nous sont offerts ici sont empreints d’humanité, celle que la photographe porte sur ses modèles, tout autant que celle que ces habitant-es dégagent… et nous amènent à penser et à chérir.

    Vous l’aurez compris, Visages de la Silicon Valley n’est pas (uniquement) un « beau livre ». C’est un récit photo-socio-anthropologique (que l’on me pardonne ce néologisme !) puissant, qui invite à la réflexion tout autant qu’à l’évasion.

    #Visages_Silicon_Valley #Anne_Cordier #C&F_éditions

  • Anne Cordier : « Les adolescents sont conscients de leur difficulté à détacher » - La Croix
    https://www.la-croix.com/Debats/Forum-et-debats/adolescents-sont-conscients-leur-difficulte-detacher-2018-01-09-1200904577

    Recueilli par Loup Besmond de Senneville , le 09/01/2018

    Peut-on parler d’addiction aux smartphones ? le point de vue d’Anne Cordier, Maîtresse de conférences en science de l’information et de la communication à l’université de Rouen

    Je pense qu’il faut différencier l’addiction, au sens médical du terme, d’une dépendance plus générale à la technologie. En l’occurrence, on peut dire que les adolescents, comme les adultes, sont dépendants de la technologie. Elle n’est pas plus forte chez les uns que chez les autres. Le rapport au téléphone, et plus généralement à la technologie, nous concerne tous. J’en veux pour preuve deux illustrations : la nécessité, souvent exprimée ces derniers mois, de réguler l’utilisation du téléphone et des mails professionnels lorsque l’on est dans la sphère privée (ce que l’on a appelé « droit à la déconnexion ») ; et les mesures de sécurité routière prises pour interdire l’utilisation du téléphone portable au volant, extrêmement accidentogène. Le rapport général à l’objet, comme prolongement de notre propre corps, n’est pas générationnel.

    Cela étant dit, cette dépendance à la technologie s’exprime d’une manière différente chez les adolescents et chez les adultes. Par nature, les ados accordent une grande importance à la socialisation. Il est essentiel pour eux de se sentir membre d’un groupe, et les smartphones contribuent à cela. On trouve en effet bon nombre d’applications qui jouent ce rôle et qui sont utilisées par cette population plus jeune. On peut aussi parler d’usages spécifiques du téléphone en fonction de l’âge : chez les adolescents, il joue un rôle prépondérant dans leur rapport à la musique, ou encore dans l’abondance de prises de photos de soi, avec les selfies. En réalité, il s’agit plus d’une dépendance au contenu qu’à l’objet lui-même.

    Lorsque je les interroge dans le cadre de mes travaux, il est intéressant d’observer que les adolescents sont de plus en plus conscients de leur difficulté à se détacher de cet objet. Les collégiens constatent la dépendance. Mais les lycéens vont plus loin que le simple constat et élaborent des stratégies pour réguler le problème. Ils peuvent par exemple désactiver les alertes de leur téléphone pendant un temps donné. D’autres décident de le ranger dans une autre pièce lorsqu’ils travaillent, pour ne pas être dérangés.

    Il est nécessaire de les amener à cette réflexion, en les invitant à travailler ce rapport avec l’objet : que m’apporte-t-il ? Dissimule-t-il quelque chose, comme une peur d’aller vers les autres ? Mais il faut aussi en voir les aspects positifs : le téléphone est-il un moyen pour moi de rompre une solitude parce que je ne trouve pas dans mon entourage direct des personnes pour échanger ? »

    #Anne_Cordier #Smartphone #Adolescents