• L’insolente santé de l’enseignement supérieur privé -

    Le secteur est en pleine croissance et joue sur l’image dégradée de l’université. La réforme de l’apprentissage, qui a accru le soutien financier de l’Etat, a boosté ces établissements.

    [...]
    Réguler davantage le secteur serait donc nécessaire… D’autant que si ces écoles sont en plein essor, c’est aussi grâce aux fonds publics. Certes, la subvention annuelle versée aux écoles supérieures privées associatives (20 % du secteur privé environ, les autres étant des sociétés commerciales à but lucratif), votée chaque année dans le cadre de la loi de finances, a augmenté de 10 % cette année (94 millions d’euros).
    Mais ce rebond, les écoles le doivent surtout à la manne que représente l’apprentissage, réformé par la loi « avenir professionnel » de 2018. Cette loi a permis de décupler le nombre d’élèves en contrat d’apprentissage (qui suivent ainsi leur licence ou leur master en partie à l’école et en partie en entreprise) dans ces écoles, et a permis aux établissements d’attirer un nouveau public, qui ne paie pas les frais de scolarité.

    A cela s’est ajoutée la prime octroyée, depuis la crise sanitaire, aux employeurs d’apprentis (8 000 euros par an), qui a facilité les recherches de contrats pour les étudiants. A l’EM Normandie, le nombre d’alternants a bondi de 50 % à la rentrée. A Omnes, cette année, la moitié de l’effectif (14 000) est en alternance.
    Un système vertueux (le taux d’insertion des étudiants qui ont suivi leurs études en apprentissage est plus favorable que celui constaté en formation initiale), mais coûteux pour l’Etat. En lourd déficit, France compétences, le nouvel opérateur public financeur du système, a déjà été renfloué à hauteur de 2,7 milliards d’euros à la fin de l’année 2021. Aujourd’hui, ce dispositif est remis en cause par le gouvernement : un plafonnement des montants pris en charge par l’Etat est sur la table, alors que les frais de scolarité de certaines écoles de commerce frisent les 15 000 euros par an. En cette période de campagne électorale, les écoles privées mènent d’intenses actions de lobbying pour préserver ce système.

    Si l’apprentissage constitue un booster pour ces écoles, il n’est pas le seul : le recrutement d’étudiants internationaux continue d’être un puissant relais de croissance. La France est d’ailleurs le pays dont les établissements disposent du plus grand nombre de campus « offshore », devant les Etats-Unis, comme le montre un rapport du Leibniz Institute for Researsh on Society and Space publié en 2020. L’étude en recense 122 – la Chine est le premier pays d’implantation, suivi du Maroc.
    https://justpaste.it/5a5k2

    #étudiants #apprentis #enseignement_supérieur #enseignement_supérieur_privé #apprentissage #loi_avenir_professionnel

  • Octobre 2021 : organisation syndicale et sous-traitance, « les coulisses de la lutte » - RADIORAGEUSES
    https://radiorageuses.net/spip.php?article1321

    Pour cette émission d’octobre, Langues de Fronde aborde le thème de l’organisation syndicale contre le monde de la sous-traitance. A travers le documentaire « Les coulisses de la lutte », réalisé par Narimane, nous revenons sur la grève des femmes de chambre de l’hôtel Hyatt, qui a eu lieu en 2018 contre le système de sous-traitance et pour la dignité au travail des salarié.e.s de l’hôtel place Vendôme. On y entend le témoignage de Nora, déléguée syndicale du personnel, qui nous témoigne de son vécu et nous livre dans les détails les étapes de cette lutte et ses méthodes d’organisation. Enfin nous accueillons la parole de Marielle Benchehboune, organisatrice syndicale et autrice de « Balayons les abus : histoire d’organisation syndicale dans le nettoyage », livre paru en 2020 qui revient sur son expérience en tant qu’organisatrice auprès de 3 luttes, menées par 3 collectifs, contre la sous-traitance et son monde dans l’agglomération lyonnaise.

    https://we.riseup.net/assets/778867/LDFoctobre2021.mp3

    #luttes #travail #syndicat #sous-traitance #nettoyage #hyatt #radio #podcast

  • Professeurs, entrez dans le monde merveilleux des formateurs ! - SNCA-CGT
    https://www.snca-cgt.fr/professeurs-entrez-dans-le-monde-merveilleux-des-formateurs

    Professeurs, entrez dans le monde merveilleux des formateurs !
     
    Dans plusieurs CFA les employeurs essayent, par différents moyens, de transformer le statut de professeur en statut de formateur. Il ne s’agit pas seulement de sémantique, d’utiliser un mot pour un autre, c’est un projet réfléchi et même très bien réfléchi. Prenons simplement l’exemple d’un CFA en région parisienne. Celui des métiers de l’industrie. Il est sous forme associative, dirigé par le groupement des industries métallurgiques, émanation de l’UIMM, composante du MEDEF.
     
    Dans ce CFA, les enseignants sont tous des formateurs, la situation n’est pas nouvelle pour eux. Leurs conditions de travail ont commencé à se dégrader au milieu des années 90 avec une accélération marquée par la marchandisation du monde de la formation depuis 2012. Le salarié, enseignant l’histoire ou le français est devenu aujourd’hui formateur en « communication-culture ». Il est donc appelé à intervenir dans différents domaines. La notion de matière disparait. L’enseignant est devenu « accompagnateur d’un projet professionnel », un « développeur de compétences ou de talents ». On ne s’intéresse plus, ou de loin, aux référentiels « Diplôme ».
     
    Autre changement significatif, la personne chargée des emplois du temps et de la répartition des classes est devenue« Responsable des Opérations de Production ». Enseigner devient donc une tâche de production !

    Et les apprenants dans tout ça ? Il faut les rendre autonomes et acteurs de leur formation. On essaye donc de planifier la formation avec de l’e-learning, le formateur n’est là que pour aider. Le discours est émancipateur et parait séduisant mais dans les faits, ça ne marche pas ou très mal. L’objectif de l’employeur est simplement de faire tendre le temps de préparation vers zéro.

    #formation #enseignement #professeurs #travail #école

  • Réchauffement climatique : il va faire trop chaud pour travailler
    https://www.ouest-france.fr/environnement/rechauffement-climatique/rechauffement-climatique-il-va-faire-trop-chaud-pour-travailler-0df3f58

    Dans leur étude publiée jeudi 13 janvier, dans la revue scientifique Environmental Research Letter, ils estiment que « l’exposition à une chaleur humide élevée est associée à environ 677 milliards d’heures de travail perdues par an » ​sur la période 2001-2020, résume l’Américain Luke Parsons, de l’université de Durham (Caroline du Nord). C’est l’équivalent de 148 millions d’emplois à temps plein en moins. Et 9 % de plus qu’il y a quarante ans.

    Les chercheurs recommandent de prendre leurs chiffres avec le recul nécessaire : il s’agit d’une évaluation. Elle repose sur un croisement savant de données sur les températures supportables pour l’organisme humain et celles agrégées par la Plateforme internationale des conséquences du changement climatique sur la santé publique, hébergée par sur le site de la célèbre revue médicale The Lancet. Mais cette évaluation montre de façon certaine « une augmentation inquiétante de la perte de main-d’œuvre et de productivité dans le monde. »

    #travail #climat

  • Des minima salariaux parfois inférieurs au smic dans 108 branches professionnelles
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/01/14/des-minima-salariaux-parfois-inferieurs-au-smic-dans-108-branches-profession

    Les travailleurs concernés ne peuvent cependant pas être payés au-dessous du smic, et les entreprises gardent, par ailleurs, la faculté d’être mieux-disantes que les conventions collectives. Mais rien n’interdit aux patrons de se caler sur des grilles non conformes. Une telle situation pose problème, d’autant plus qu’elle accroît « le nombre de salariés et la masse salariale donnant droit à des allégements de cotisations sociales sur les basses rémunérations », comme le souligne Gilbert Cette, président du groupe d’experts sur le smic.

    Le système est de nature à inciter « à la non-vertu », ajoute-t-il, les employeurs ayant tout intérêt à maintenir des grilles obsolètes pour pouvoir empocher des exonérations de contribution plus importantes. « C’est choquant, car de tels comportements entraînent des pertes de recettes pour nos régime de protection sociale, qui peuvent s’avérer significatives », souligne-t-il.

    #travail #salaire #Smic #dégrèvements_de_cotisations_patronales

  • Réduire le temps de travail : l’évidence abandonnée | Manuel Rolland
    http://cqfd-journal.org/Reduire-le-temps-de-travail-l

    C’est une bataille que la gauche semble avoir délaissée. Comme s’il était désormais vain, voire honteux, de réclamer moins de labeur pour plus de bonheur. Et pourtant, la réduction du temps de travail, au cœur des luttes sociales des siècles précédents, est une solution de bon sens. Retour sur l’histoire d’une idée. Source : CQFD

  • on rentre dans le dur ailleurs qu’à l’école, ça filtre : #Covid-19 : la SNCF supprime des TGV et des Intercités à cause d’une baisse des réservations

    « Il ne s’agit pas de suppressions inopinées de trains, mais de plans de transport adaptés, qui peuvent tenir compte de la moindre fréquentation des voyageurs (…), mais aussi de l’objectif d’assurer un plan de transport le plus fiable pour les voyageurs, prenant en compte les effets d’une moindre disponibilité des personnels SNCF concernés par le Covid », a expliqué le porte-parole. « Comme tout employeur, nous sommes en effet confrontés à l’échelle du groupe SNCF [SNCF Voyageurs, SNCF Réseau, SNCF Gares & Connexions] aux effets de cette cinquième vague, mais ni plus ni moins que le reste de la société », a-t-il précisé.

    Au niveau des régions, les TER sont affectés depuis plusieurs semaines par des « adaptations locales » des plans de transport. « En moyenne, plus de 90 % des TER continuent de circuler actuellement au plan national », selon le porte-parole. Quant aux trains de banlieue de la région parisienne, « le plan de transport Transilien sera quasi normal dans les prochains jours et pourrait être légèrement adapté la semaine prochaine selon les lignes en fonction de la situation sanitaire et de la disponibilité des agents SNCF », a-t-il prévenu.
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/01/07/covid-19-la-sncf-supprime-des-tgv-et-des-intercites-a-cause-d-une-baisse-des

    Edit quels apprentissages en matière de réduction des risques ? la « baisse des réservations depuis des mois » serait-elle pour partie liée aux diverses données (photos de détecteurs de CO2 in situ, etc) qui ont circulé sur la mauvaise qualité de l’air dans les trains ?
    (pifomètre : je constate qu’ici le métro reste bien moins fréquenté qu’il n’était d’usage avant la pandémie)

    #travail #réduction_des_risques

    #train #transports_ferroviaires

    • oui, ça c’est vrai pour la Défense désertée, des grosses boites et pas mal de PMI PME, mais depuis le début de l’année seulement (et le nettoyage et la sécu, continuent d’y être assurés, sur place). Le État et Medef veulent réussir le pari de faire circuler le virus, et pour cela, il faut limiter les dégâts de l’absentéisme là où c’est possible, et travailler à « l’acceptabilité » on lisse chouia la courbe).
      Là je cause de gens qui peuvent pas télétravailler, des endroits prolos de chez prolos, pas prolos employés en bureau.
      Ceux que je connais qui utilisent des caisses disent que c’est plus l’enfer que jamais, la pratique du vélo parait se maintenir à haut niveau, eu égard aux conditions météo. Bref de phénomènes divers et parfois contradictoires. Je maintins l’hypothèse que la relative désaffection des trains relève pour partie d’un savoir social diffus.
      est-ce que des pratiques de santé communautaires particulières émergent dans un monde sans communauté un monde de la séparation ? la réponse est oui, à lire par exemple le tweet médecine (qui n’est pas qu’affaire de pros, techniciens et médecins). et ailleurs ? et autrement ? irl, malgré tout (rencontre, échanges, relations existantes) et autrement.

      Avec le télétravail obligatoire, la Défense désertée par ses employés
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/01/06/avec-le-teletravail-obligatoire-la-defense-desertee-par-ses-employes_6108440

    • je viens de bosser une semaine à Paris, je confirme : tous les matins à 8h à Châtelet en direction de La Défense des places assises dans le RER A ; 20% à 30%, lundi et mardi, un peu moins pour le reste de la semaine. J’avais encore jamais vu ça…

      Et tout le monde avec des masques bien ajustés.

      Au retour, vers 18h, pareil, de la place, mais au moins un ou deux par wagon avec un masque sous le pif ou pire.

      Dans la semaine, deux fois (une dans le RER, l’autre dans le métro) carrément sans masque…

      À la gare, pour le retour, contrôle des passes sanitaires à l’embarquement. La seule fois sur mes 6 trajets en TGV depuis un mois.

    • L9 entre porte de Montreuil et Nation, on est dans une dominante populaire saupoudrée de « cadres » et de créative class qui n’est pas celle d’Aulnay-sous-bois. aux plages des heures de pointe matin et soir, il y a du monde mais beaucoup moins de gens debout que de coutume. de plus en plus de FFP2, typologies des (non et mauvais) usages du masque pas évidente, dans l’ensemble c’est tellement respecté qu’on remarque de suite qui déconne plus ou moins, nombreux slips pour pauvres encore là.

      Edit ce samedi soir peu avant 20H en allant vers #Montreuil les wagons sont pleins comme des huitres

      #Paris

  • Travail gratuit.

    C’est clair. Un apprenti de 18 à 21 ans, niveau post-bac, ne coûte rien aux entreprises. De 21 à 25 ans, 150 €.
    Pour quoi embaucheraient-elles en CDI ? Pourquoi embaucheraient-elles leur apprenti à la fin du contrat alors que des dizaines d’autres espèrent gagner qq € ??


    https://twitter.com/resistance3349/status/1479216508102492162
    par @resistance3349

    Quelque 650 000 contrats d’#apprentissage ont été enregistrés par le ministère du Travail à la mi-décembre 2021, soit une hausse de 25 % par rapport au nombre déjà record de 2020. Cette progression concerne tous les niveaux de diplômes mais est particulièrement forte dans l’enseignement supérieur.

    https://www.ouest-france.fr/economie/emploi/le-nombre-de-contrats-d-apprentissage-en-forte-hausse-en-2021-a1951e80-

    Quand le ministère du travail propose un horoscope aux jeunes sur Instagram
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/01/07/quand-le-ministere-du-travail-propose-un-horoscope-aux-jeunes-sur-instagram_

    Sur le réseau social, la page officielle du ministère publie des contenus décalés pour attirer l’attention des jeunes entrant sur le marché du travail. Mais ses tentatives d’humour tombent parfois à plat.

    Vous êtes jeune et l’avenir s’annonce incertain ? Le ministère du travail pourrait bien vous donner une idée de ce que « vous réserve cette année 2022 » : lundi 3 janvier, la page Instagram de l’institution a publié une sorte d’horoscope, indiquant aux jeunes de bonnes résolutions selon leur mois de naissance. Si vous êtes né en janvier, vous obtiendrez « un job étudiant dans la santé », en mars « l’occasion de partir étudier à l’étranger » – difficile à imaginer avec le variant Omicron –, en juillet, un luxueux « job d’été à Saint-Tropez »… Une proposition inattendue, et loin de la communication institutionnelle sur le plan « 1 jeune 1 solution ».

    Pour parler aux jeunes, outre cet horoscope, la page lancée en 2018 diffuse régulièrement des mèmes (images détournées à des fins humoristiques et issues de la culture Internet) sur l’entrée dans la vie active. Ainsi, on y retrouve des parodies mettant en scène Barack Obama avec la mention « Quand je monte une entreprise juste pour m’embaucher cet été », des images de la série The Mandalorian ou de l’un des films Avengers pour évoquer les galères des entretiens d’embauche, ou encore un rébus concernant la recherche d’alternance.
    Privilège abonnés

    Karim Duval, humoriste qui tourne en dérision les impostures dans le monde du travail, juge cette stratégie avec circonspection : « Ce qu’ils font n’est pas drôle, c’en est même gênant. C’est un humour qui reste lisse et déconnecté. » A la suite d’une série de mèmes sur la page à l’été 2021, des internautes avaient partagé en commentaire leur « malaise » ou leur « gêne » à la vue de ces tentatives d’appropriation des codes « jeunes » : « C’est un peu la base de données des mèmes qu’on ne doit plus jamais utiliser (en plus ils les utilisent mal) », peut-on lire dans un tweet du 22 juillet 2021, qui a recueilli plus d’un millier de réactions. « Ça en dit long sur le niveau de compétence et d’empathie du gouvernement », remarquait un autre tweet.

    Particularité revendiquée

    Ces contenus sont diffusés uniquement sur le compte Instagram, suivi par 15 000 abonnés. Le ministère revendique cette particularité : « On a décidé d’avoir une ligne éditoriale différente pour cibler les 16-25 ans, décalée vis-à-vis de l’institution. La communication classique ne leur parle pas, il faut aller les chercher. »

    « On ne fait pas du décalé pour faire le buzz, être blessant ou maladroit », y justifie-t-on encore. Ces posts marqués d’un hashtag #humour sont néanmoins rares sur le compte, et complémentaires des contenus pédagogiques présentant les aides et dispositifs d’accès à l’emploi.

    L’horoscope n’est d’ailleurs pas innocent, puisqu’on y retrouve des allusions aux priorités du gouvernement, tels que la formation de jeunes en « Big Data », l’alternance ou le service civique. « On joue sur le format mais le fond est toujours très sérieux, conclut le ministère. La santé et le numérique recrutent. » « Cet horoscope ne veut rien dire. Il y a trop d’informations dessus, pas un seul job manuel ou sur la transition écologique, par contre on a un job à Saint-Tropez, raille Karim Duval. Il n’y a qu’une ligne où on parle de CDI, sinon on invite à créer sa propre entreprise… c’est révélateur des difficultés à trouver un travail, et la jeunesse n’est pas dupe. »

    #négriers_de_l'Ena #travail #salaire #formation #apprentis

  • State of BioWare and Looking Ahead. – BioWare Blog
    https://blog.bioware.com/2022/01/06/state-of-bioware

    The pandemic has also taught us a lot about how we can work together, even while working across North America from hundreds of different locations. And now, we’ll use what we’ve learned and apply it to a new work model that will ensure flexibility for everyone in the studio. Our goal is to lean into the things that everyone likes about working from home, while also giving people the opportunity to return to the office with more flexibility. Going forward, we’ll have new challenges with a hybrid approach to work and are focused on new tech that will help maximize collaboration and communication between onsite and remote people. Another subtle but important change we’ve made is in our hiring practices: Previously, we were only looking for people willing to relocate to Austin and Edmonton; now we’re looking for new talent from anywhere in North America and we’ll meet them where they live.

    BioWare will now hire remotely for its North American studios
    https://www.gamedeveloper.com/business/bioware-will-now-hire-remotely-for-its-north-american-studios

    BioWare’s posted a state of the studio blog with some interesting news for job-seekers in the video game industry. The company has announced that it’s now going to be recruiting employees to remotely work at its studios from anywhere in North America, not just at its offices.

    #jeu_vidéo #jeux_vodéo #bioware #recrutement #travail #ressources_humaines #travail_à_distance #états-unis

  • #Harcèlement, #précarité#Université, le grand gâchis ?

    Elle a enquêté sur les conditions de travail des #jeunes_chercheurs en #France : Adèle B. Combes, docteure en neurobiologie et initiatrice du projet “Vies de thèse”, auteure de "Comment l’Université broie les jeunes chercheurs" (Ed Autrement, 2022), est notre invitée aujourd’hui.

    Adèle B. Combes est docteure en neurobiologie. Partant de sa propre expérience et de témoignages recueillis grâce au questionnaire "Vies de thèse : Doctorat et qualité de vie", elle pointe un phénomène banal mais peu (re)connu : la #détresse des jeunes chercheur(e)s en France.

    Elle publie "Comment l’université broie les jeunes chercheurs : Précarité, harcèlement, #loi_du_silence" (Autrement, 5 janvier 2022). Une enquête sur les #conditions_de_travail des jeunes chercheurs en France, “ceux qui n’ont pas été écoutés”, entre #culte_du_secret, #copinages ou #malhonnêteté_intellectuelle. L’#enquête aborde ainsi "toute forme d’#abus_de_pouvoir dans la recherche" : #agressions psychologiques voire sexuelles, #discriminations, harcèlement au travail, difficultés à trouver un financement ou encore précarité du contrat doctoral.

    Des potentiels gâchés par la #désillusion, pour des jeunes chercheurs plein d’#enthousiasme lorsqu’ils commencent leur #doctorat. Selon Adèle B. Combes, qui parle aussi de sa propre expérience de doctorante, "au départ, c’est grisant. On est très fier de faire un doctorat, (...) de pouvoir apporter sa pierre à l’édifice de la connaissance humaine."

    L’enjeu touche à la #santé_publique autant qu’il est national, puisque la recherche en France s’en trouve menacée, entre rêves avortés, fuite des cerveaux à l’étranger et choix du privé. Il s’agit ainsi d’entraîner une réelle prise de conscience sur les conditions de #travail imposées à nombre de doctorant(e)s en France.

    Pour autant, le livre ne vise pas à dissuader de faire une #thèse. Dans de bonnes conditions, nous rappelle l’auteure, ces années-là peuvent être un moment de vie extraordinaire.

    https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-idees/harcelement-precarite-universite-le-grand-gachis

    #ESR #facs #science #recherche #Adèle_Combes

    ping @_kg_

    • Comment l’université broie les jeunes chercheurs. Précarité, harcèlement, loi du silence

      De retour d’un terrain, Laurine repousse les mains de son directeur de recherche, un géologue influent qui n’apprécie pas qu’on lui tienne tête et fera tout pour détruire sa carrière. Dans son laboratoire de biochimie, Baptiste se fait exploiter et insulter par son encadrant de thèse, un homme sanguin, homophobe et raciste. À l’autre bout de la France, Sarah, doctorante en anthropologie non rémunérée, essaie de survivre malgré le caractère imprévisible de sa directrice, la violence de l’administration, la perfidie de certains collègues et la détresse de ses amis.
      C’est un mal qui ronge la filière d’excellence du système universitaire français : la précarité, le harcèlement et la culture du silence. Chaque année, plus de 15 000 doctorants se lancent avec passion dans une thèse, mais à l’université, les dysfonctionnements engendrent les déviances. Manque de moyens, lourdeur d’une administration sans affect, compétition féroce et surtout toute-puissance des directeurs de thèse ont ouvert la voie au harcèlement, moral et sexuel, à la pression, aux sollicitations sans limites ou encore à la dévalorisation du travail des jeunes chercheurs, quand il ne s’agit pas simplement de se l’approprier.
      Cette enquête richement documentée perce le silence et appelle à un changement urgent, dont les premières étapes pourraient être déployées rapidement et sont proposées par l’auteure.

      https://www.autrement.com/comment-luniversite-broie-les-jeunes-chercheurs/9782080270474

      #livre

  • « C’est vrai qu’il est agaçant Bruno Latour, mais… » Tribune de Paul Guillibert

    https://www.nouvelobs.com/idees/20211025.OBS50251/c-est-vrai-qu-il-est-agacant-bruno-latour-mais.html

    Anticapitalistes contre penseurs écolos : l’économiste Frédéric Lordon a ranimé la controverse en s’attaquant à Bruno Latour, « pleurnicheur du vivant ». Le philosophe Paul Guillibert répond : la question climatique est aussi une question sociale.

    • C’est vrai qu’il est agaçant Latour quand on est marxiste. Prenez Kyoto par exemple. Dans « Politiques de la nature », il s’enthousiasmait de la présence à la même table de grands scientifiques du climat, de dirigeants politiques et d’entrepreneurs capitalistes. Il y avait déjà là de quoi s’inquiéter. 25 ans après, les résultats accomplis par les marchés carbone dans la lutte contre le changement climatique sont catastrophiques. Entre 1995 et 2020, de COP3 en COP24, les émissions de CO2 mondiales ont augmenté de plus de 60 %. Belle réussite. Mais que pouvait-on attendre d’accords passés sans les principaux concernés, les syndicats et les travailleur·se·s ? Latour n’a pas vu que la transition vers une économie bas carbone implique non seulement l’usage de nouvelles techniques mais surtout la transformation radicale des procès de travail, l’abandon des secteurs les plus polluants, la réduction massive de l’extraction et de la production mondiales. Comment tout cela pourrait-il arriver sans celles et ceux qui produisent pour le profit des autres ?

      Latour a donc contribué (parmi d’autres) à vider l’écologie politique contemporaine des relations de travail qui structurent la crise climatique. Il a participé à la création d’un champ académique, artistique et politique où la conflictualité inhérente aux rapports économiques n’existe tout simplement pas. La manière dont les gens vivent, en dépensant une certaine force de travail pour effectuer des tâches - payées ou non - afin d’assurer leur condition de subsistance, n’a plus aucune place. La disparition des classes, de l’économie, du travail et de la production dans la pensée contemporaine est une belle claque à l’histoire du mouvement ouvrier et à la vie quotidienne.

      [...] Il est temps d’abandonner les vieilles oppositions mal construites à « la critique rongeuse des souris ». La reproduction des conditions matérielles de l’existence humaine engage des vivants autres qu’humains.

      #travail #écologie_politique #syndicat #travailleurs #reproduction #communisme #intellectuels

      comme Paul Guillibert cite « Nous ne sommes pas seuls. Politique des soulèvements terrestres » https://seenthis.net/messages/925337, autant évoquer, avec Jason Moore et d’autres, un concept dont il ne fait pas usage, celui de #mise_au_travail_du_vivant

      Pour ceux qui seraient dans le coin, une rencontre avec Paul Guillibert à propos de son livre Terre et Capital. Penser la destruction de la nature à l’âge des catastrophes globales aura lieu à l’invitation du café librairie Michèle Firk à la Parole errante à Montreuil le 20 janvier prochain.

    • Frédéric Lordon au sujet des #Latouriens :

      La destruction capitaliste de la classe ouvrière n’intéressait pas la #bourgeoisie-culturelle, il était donc simple et logique de la passer sous silence. Celle de la planète est plus difficile à évacuer, impossible de ne pas en dire « quelque chose ». Mais quoi — qui ne portera pas trop à conséquence ? Arrivent les latouriens, qui n’ont pas seulement trouvé une manière merveilleusement poétique de reformuler le problème — « où atterrir ? » —, mais en proposent également la réponse qui convient : n’importe où pourvu que ce ne soit pas en le seul lieu où la piste est vilaine et cabossée : la mise en cause du capitalisme. Tous les organes de la #Grande-conscience en frétillent d’aise : frisson de se porter, et surtout d’inviter les autres à se porter en hauteur ; paix de l’âme à être bien certain qu’il ne s’ensuivra aucun dérangement pénible, vis-à-vis ni de leur tutelle publique, ni de leur tutelle capitaliste, ni, et c’est bien le principal, de leur conviction profonde...

      Se retrouver propulsé dans la position très politique de la #pensée-à-la-hauteur-du-péril [ en faisant le jeu politique des institutions médiatiques, culturelles, qui savent très bien ce qu’elles font quand elles élisent qui elles élisent pour ne rien dire d’embêtant — le jeu très politique de la #dépolitisation ], sans jamais prononcer la seule parole politique à la hauteur du péril, sans jamais dire que la Terre est détruite par les capitalistes, et que si nous voulons sauver les humains de l’inhabitabilité terrestre, il faut en finir avec le capitalisme.

      C’est un exploit qui mérite bien une élection. Le jeu de la climatologie concernée auquel invitent les forces de l’ordre symbolique est le jeu de la climatologie sans idée des causes, et surtout sans aucun désir de les trouver : le jeu de la climatologie pleurnicheuse. C’est-à-dire compatible.

      Trouvé sur Wiki :

      En 2001, dans son tout dernier cours au Collège de France, le sociologue Pierre Bourdieu s’associait à son collègue Yves Gingras pour dénoncer la #fausse-radicalité de la tendance de sociologie des sciences illustrée par Bruno Latour et ses collègues, qui selon lui soulèvent avec fracas de faux problèmes et avancent par « une série de ruptures ostentatoires » surtout destinées à promouvoir leurs carrières.

      En novembre 2012, au moment du renouvellement de l’équipe dirigeante de l’Institut d’études politiques de Paris, Bruno Latour défend dans le quotidien Le Monde le bilan et l’ambition de Richard Descoings et de son successeur Hervé Crès au moment où celui-ci est fortement remis en cause par un rapport de la Cour des comptes dénonçant la gestion de l’institut.❞

  • Introduction à l’ouvrage de Vincent Gay : Pour la dignité. Ouvriers immigrés et conflits sociaux dans les années 1980 :

    Revenant sur sa trajectoire militante, un ancien ouvrier immigré de l’usine Citroën d’Aulnay-sous-Bois évoque avec enthousiasme une période qui débute avec sa découverte du militantisme syndical et se clôt après des grèves contre des licenciements collectifs. Rétrospectivement, il ne subsiste pourtant de ces années 1980 que la fin des espérances des décennies précédentes et, concernant l’histoire ouvrière, l’image d’une désindustrialisation galopante qui fera bientôt disparaître les ouvriers des préoccupations médiatiques et politiques. Comment alors comprendre que pour ce travailleur ce moment soit remémoré comme les plus belles années de sa vie ? C’est, entre autres, à l’élucidation d’un tel mystère qu’est consacré ce livre, centré sur deux années de conflits sociaux dans les usines Citroën et Talbot dans lesquels les ouvriers immigrés jouèrent un rôle prépondérant. Pour la dignité ; c’est sous ce vocable que sont souvent évoqués ces conflits, à partir de ce qui constitue un fil rouge pour les ouvriers immigrés mobilisés, une exigence première, qui cristallise, au-delà même de leurs conditions de travail, une dimension existentielle de leur condition sociale, de leur être immigré en France.

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/06/15/introduction-a-louvrage-de-vincent-gay-pour-la-dignite-

    #histoire #travail #lutte

  • More quarantine hotel rooms needed for arriving domestic workers as manpower shortage could weaken Hong Kong’s economic recovery, labour chief says | South China Morning Post
    https://www.scmp.com/news/hong-kong/health-environment/article/3161864/more-quarantine-hotel-rooms-needed-arriving

    More quarantine hotel rooms needed for arriving domestic workers as manpower shortage could weaken Hong Kong’s economic recovery, labour chief says. Hong Kong should provide more hotel rooms for arriving domestic helpers to serve out their quarantine, the labour chief has said, warning the current manpower shortage could weaken the city’s economic recovery.Secretary for Labour and Welfare Law Chi-kwong on Sunday also revealed that the number of foreign domestic helpers had dropped from more than 400,000 two years ago to about 350,000 amid the Covid-19 pandemic – a decline which he said would have a wider effect on the city.
    “The impact will not be limited to the relevant families or those people who required caretaking from domestic helpers,” Law wrote on his official blog.
    “As some members will have to quit their jobs to take care of their families, the labour market and many industries in Hong Kong are set to be affected. If the situation continues, it may affect the city’s overall economic recovery.”
    While no regulations limit the number of domestic workers entering the city, only three quarantine hotels have been designated to handle arriving helpers, creating an effective cap and leading to bidding wars for their services in some instances.With the Omicron variant spreading and more arrivals from various countries required to serve an initial four days of quarantine at the government’s Penny’s Bay facility on Lantau Island, the 1,000 slots originally designated for domestic helpers there will no longer be reserved for them from this month.Instead, arriving domestic workers and those who have not completed their isolation at Penny’s Bay will be moved to the new Regala Skycity Hotel, also on Lantau. It will provide 1,138 rooms in addition to the 1,000 offered by two other properties, the Rambler Garden Hotel and Courtyard by Marriott Hong Kong.Law expected the number of new helpers arriving in the city would not increase drastically in the short term, given most of the new slots provided by the Regala Skycity Hotel in January would be “offset” by those who were originally scheduled to go through their isolation in Penny’s Bay.“The Labour Department will continue to work closely with hotels that are suitable and interested in becoming designated quarantine facilities for foreign domestic helpers. I hope that good news will be announced in the short term,” Law said.
    He added authorities would monitor the Covid-19 situation in the Philippines and Indonesia, where most of Hong Kong’s helpers came from.
    Cheung Kit-man, chairman of the Hong Kong Employment Agencies Association, said more that 4,000 foreign domestic helpers were waiting to work in the city, with the delay for some longer than a year.“All hotel rooms are fully booked in the coming months,” Cheung said. “If an extra 1,000 quarantine rooms could be provided, I think we can clear the backlog within three to four months.”Cheung estimated that at least 10,000 employers had given up hiring a helper in the past year.But Betty Yung Ma Shan-yee, chairwoman of the Hong Kong Employers of Overseas Domestic Helpers’ Association, said the government should increase the capacity in a controlled manner to avoid community outbreaks of Covid-19.“The scheme should be more flexible – if more imported cases from the Philippines and Indonesia are recorded, the government should not increase the quota,” Yung said.

    #Covid-19#migrant#migration#hongkong#travailleurmigrant#domestique#sante#quarantaine#care#philippines#quota#politiquemigratoire#indonesie#pandemie

  • Guillaume Duval sur Twitter

    https://twitter.com/gduval_altereco/status/1475612579812708355

    1/X L’arnaque du succès de l’emploi d’#Emmanuel_Macron

    Entre le 1er trimestre 2017 et le second trimestre 2021, la hausse de l’emploi a été moyenne en France vis à vis de nos voisins européens.

    2 Cette moyenne est due cependant à des évolutions très différentes selon le statut dans l’emploi. La France a été un des pays européens où l’#emploi_salarié a le moins augmenté, nettement moins que la moyenne européenne.

    3 En revanche, la France est un des pays européens qui a créé le plus d’emplois - ultraprécaires et très mal payés - de #travailleurs_indépendants grâce au développement des #autoentrepreneurs et des #emplois_des_plateformes favorisés par les mesures prises par le gouvernement.

    4 Autrement dit : en cinq ans, l’action d’Emmanuel Macron a surtout eu pour résultat de dégrader la qualité de l’emploi en France.

    #emplois_précaires #macron #libéralisme

  • Dominique Costagliola : « Avec le variant Omicron, on joue à la roulette russe en espérant le meilleur »

    Pour l’épidémiologiste, certaines mesures annoncées par le gouvernement, lundi, vont dans le bon sens, mais le dispositif comporte de grosses lacunes, en particulier concernant l’école, l’aération des locaux, ou le port du masque FFP2.

    L’épidémiologiste et biostatisticienne Dominique Costagliola, directrice de recherches émérite à l’Inserm et membre de l’Académie des sciences, commente les mesures annoncées le 27 décembre par le gouvernement pour endiguer la nouvelle flambée épidémique de Covid.

    Retour des jauges pour les grands rassemblements, télétravail obligatoire au moins trois jours par semaine, intensification de la vaccination… Les nouvelles dispositions, qui s’appliqueront à partir du 3 janvier 2022, vous semblent-elles adaptées ?

    Certaines mesures vont dans le bon sens, mais pas assez loin. Concernant le télétravail, trois ou quatre jours par semaine c’est mieux que rien, mais cela ne suffira pas. Le Medef est réticent au travail à distance, mais beaucoup d’employeurs oublient que protéger leurs employés fait partie de leurs obligations.

    Le retour des jauges est aussi une bonne décision, mais mettre la limite à 2 000 personnes pour des événements en intérieur expose tout de même à de gros clusters de contamination. Cela aurait été acceptable en préconisant parallèlement le port de masques FFP2, beaucoup plus efficaces que les masques chirurgicaux, mais rien n’a été dit à ce propos. L’effet risque donc d’être limité. Quant aux mesures pour favoriser la vaccination, elles sont justifiées mais n’auront pas d’effet immédiat pour contrôler cette vague. Surtout, une fois de plus, rien n’est annoncé pour sécuriser les écoles.

    Au fond, j’ai la sensation que ce qui a déterminé les choix annoncés, c’est qu’on espère encore qu’Omicron va être « cool », qu’il s’agira d’une vague éphémère avec des cas peu sévères. Mais ce ne sont pas les signaux qui nous parviennent. A Londres, qui est très touchée par ce nouveau variant, les hospitalisations repartent à la hausse. Et dans la capitale britannique comme à New York, il y a une forte augmentation du nombre d’hospitalisations chez les enfants.

    Le report de la rentrée scolaire de janvier, réclamé par certains professionnels de santé, n’a pas été retenu. Le regrettez-vous ?

    La politique de gestion du Covid au niveau des écoles est nulle, il n’y a aucune annonce concrète. Ce que demandaient ces professionnels de santé, c’était de laisser les établissements fermés début janvier pour se donner le temps de mettre en place les équipements nécessaires (aération des locaux, masques FFP2 pour les enseignants…), et aussi pour définir clairement les critères des quatre niveaux du protocole sanitaire. Jusqu’ici, ce travail n’a jamais été fait et les règles changent en permanence.

    Aujourd’hui, compte tenu du taux d’incidence faramineux dans les régions les plus touchées, comme Provence-Alpes-Côte d’Azur et l’Ile-de-France, on devrait être au niveau 4, avec un enseignement en distanciel dans les collèges et les lycées. Il faut noter que le protocole actuel ne prévoit en aucun cas le distanciel en primaire, alors même que c’est la population la moins protégée par la vaccination.

    La situation serait bien meilleure si on sécurisait les écoles et je ne comprends pas pourquoi on ne le fait pas. Bien sûr, on est tous d’accord pour dire que cette crise impacte le moral des jeunes, comme celui des adultes d’ailleurs, mais la solution n’est pas juste de maintenir les écoles ouvertes. Il y a vraiment de quoi réfléchir sur le bâti scolaire quand on voit que dans certains endroits, il n’est même pas possible d’ouvrir les fenêtres des salles de classe.

    L’investissement pour l’aération des locaux et le contrôle du niveau de CO2 serait rentable pour lutter contre le Covid, mais aussi contre les autres maladies à transmission respiratoire.
    Que préconisez-vous ?

    Ce qui me paraît indispensable, c’est d’abord de généraliser le port du FFP2, en particulier pour tous les soignants, mais aussi les enseignants et les personnes fragiles, immunodéprimées. Pour les populations qui en ont le plus besoin, le coût devrait être pris en charge.

    Je préconise aussi des mesures de couvre-feu, qui ont montré leur efficacité et, bien sûr, une sécurisation en milieu scolaire. Au-delà des écoles, le sujet de la qualité de la ventilation et du contrôle du niveau de CO2 devrait aussi s’imposer dans les entreprises, les trains… Il y a eu une prise de conscience par le gouvernement de l’importance de la transmission aérienne du virus, mais pas au point de se dire que cela nécessite des mesures qu’on va favoriser voire imposer dans les écoles, les entreprises et les lieux accueillant du public.

    Je pense qu’il aurait fallu intervenir quand Omicron a commencé à apparaître en Europe. Le 15 décembre, Olivier Véran déclarait que la circulation de ce variant était maîtrisée en France, mais il était évident qu’il allait se répandre. On aurait pu freiner sa propagation en commençant à agir à ce moment par précaution. Au contraire, on a joué à la roulette russe en espérant le meilleur, mais ce n’est pas comme cela qu’on fait une politique de santé publique.

    Alors qu’Omicron est beaucoup plus transmissible que Delta, les durées d’isolement pour les personnes infectées et les cas contacts vont être revues à la baisse, pourquoi ?

    Précédemment, les cas contacts vaccinés n’étaient pas invités à s’isoler. Avec l’arrivée d’Omicron, il a été décidé qu’une personne contact vivant sous le même toit qu’un cas devrait s’isoler dix-sept jours (sept jours si ce n’est pas le cas), même lorsque cette personne était vaccinée. Je ne sais pas d’où est sorti le délai de dix-sept jours, mais c’était de toute façon inapplicable. La proportion des cas diagnostiqués qui sont séquencés ou pour lesquels une PCR de criblage est réalisée est telle que la plupart des gens ne savent pas à quel variant ils sont positifs. Si vous êtes cas contact à Paris, il est raisonnable de penser qu’il s’agit d’Omicron, vu l’explosion des cas en quelques jours, mais ce n’est qu’un argument indirect, et ce n’est pas le cas dans d’autres régions. Le Haut Comité de santé publique va définir de nouvelles règles j’espère plus applicables et susceptibles de contribuer à la limitation de la circulation du virus, sans abandonner cet objectif au motif de l’ampleur du nombre de personnes contacts.

    Laisser des soignants infectés par Omicron continuer à travailler, n’est-ce pas prendre des risques d’augmenter les cas nosocomiaux de Covid ?

    C’est l’une des raisons pour laquelle les masques FFP2 devraient être généralisés, à l’hôpital comme dans les autres lieux de soins, médicaux, infirmiers… Aujourd’hui, si on écarte les professionnels de santé qui sont en état de travailler, on va devoir fermer encore davantage de lits. Ces situations et celles des contacts illustrent bien les limites de la politique qui consiste à prendre des mesures seulement en fonction de la saturation des hôpitaux sans se préoccuper du niveau de circulation du virus.

    Sur le plan épidémiologique, cette vague vous inquiète-t-elle particulièrement ?

    La situation est très hétérogène sur le territoire, ce qui pourrait d’ailleurs justifier des mesures différenciées. Aujourd’hui, il y a en particulier deux régions qui vont droit dans le mur : l’Ile-de-France et notamment Paris, et PACA, où les capacités de réanimation sont déjà dépassées, alors que la vague Omicron n’est pas encore arrivée… Dans le sud, la situation s’explique en partie par une moindre vaccination, liée à une désinformation massive.

    Jusqu’où la vague va-t-elle monter, et quelle sera sa sévérité ? Nous serons bientôt fixés. A Paris et dans une moindre mesure en Ile-de-France, l’incidence augmente dans toutes les tranches d’âge et elle atteint déjà des niveaux astronomiques, au moins jusqu’à 69 ans. S’il doit y avoir des conséquences à l’hôpital, on les verra d’ici sept à dix jours.

    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/12/28/dominique-costagliola-avec-le-variant-omicron-on-joue-a-la-roulette-russe-en

    #covid-19 #école #aération #masque_FFP2 #télétravail #désinformation

    • @colporteur bah, ils ont noté que ce sont les #surnuméraires qui paient le + lourd tribu. Et ensuite, cette politique de laisser-faire accélère comme jamais ils n’auraient pu l’espérer la destruction de pans entiers de services publiques, à commencer par la santé et l’éducation.

      Rendre la santé et l’éducation uniquement accessibles par le fric, c’est leur putain de rêve éveillé.

      Oui, on la voit bien, là, la guerre des classes.

    • cette histoire de surnuméraires tombe bien abstraitement sur la situation qui est tout autre. le nombre de vieux et de futurs vieux dont il n’y aura pas à payer les retraites valent moins que la préservation à tout prix des formes de vie capitaliste, réglées sur la centralité du travail. si la bourse du jour est le signe de quelque chose c’est bien du triomphe des militants de l’économie. la panique des patrons c’est « l’absentéisme » (ou plutôt la quantité d’arrêts de travail) dû au virus et ici spécialement à la forte contagiosité d’Omicron qui impose de bidouiller les « protocoles » sur les durées d’isolement faute de quoi les entreprises et les services seront vidées de leurs salariés.
      il faut que la machine économique, produire pour le profit, continue à tourner malgré les 250 000 cas jours qui arrivent (si on prend le chiffre cité au pif par Véran, qui doit à la fois ne rien faire, justifier ça, et pas se montrer trop aveugle : il est pas de moins en moins possible, cette fois de dire, « on a eu affaire à un imprévu »)

      #économie #travail #santé_publique

    • la moitié des chômeurs taffent déjà. trouver du jour au lendemain des remplaçants pour une boite, intérim ou pas, ça a rien d’évident, non pas simplement faute de gens formés (jamais la main d’oeuvre n’a été aussi qualifié, cet « avantage » pose bien des problèmes : on se fait chier au taff, pas seulement à cause du management etc mais parce qu’on fait des machins sans intérêt alors que l’on s’est préparé à mois pire), mais sur bien des postes, faute d’être ajustables immédiatement, intégrables dans des équipes, aptes à utiliser telle ou telle bécane.

      et aussi parce que, oui, on calcule ce que ça va coûter d’aller taffer pour des salaires minables avant de postuler (sauf si on fait semblant pour faire son quota pour Pôle)

  • Infiltrer Amazon. Ce que j’ai appris en m’infiltrant chez le géant des entreprises. Mostafa Henaway
    https://lesmondesdutravail.net/infiltrer-amazon-ce-que-jai-appris-en-minfiltrant-chez-le-geant-

    Pour s’organiser en faveur des droits des travailleurs, il faudra affronter le puissant mélange de surveillance, d’exploitation et d’avantages sociaux d’Amazon.

    Mai 2021, il est 23 h 30, et c’est mon premier jour en tant qu’#amazombien – un travailleur de nuit chez #Amazon. Je ne sais pas trop à quoi m’attendre alors que je me dirige en métro vers Laval, juste au nord de Montréal. Dans mon sac à dos se trouve une lettre de l’entreprise déclarant que je suis un travailleur essentiel qui sort après le couvre-feu. On m’a dit que je faisais partie des chanceux qui travailleront le jour de l’ouverture de leur nouvelle installation logistique.

    En descendant du bus, juste après minuit, dans une zone industrielle perchée derrière un complexe de prisons provinciales, je m’approche lentement du bâtiment d’Amazon. C’est très éclairé. Tout est bien indiqué le long de la route. Il y a un agent d’accueil à l’entrée, pour s’assurer que je sache par quelle porte entrer. Vu les sommes investies dans ces installations, j’ai l’impression de pénétrer dans un terminal d’aéroport flambant neuf.

    Avant le début de la formation, le directeur des opérations consent un effort supplémentaire pour contrecarrer les médias qui critiquent les conditions de travail des salariés d’Amazon. L’une des premières choses qu’il affirme à la douzaine de stagiaires devant lui est que les rumeurs selon lesquelles les employés doivent faire pipi dans des bouteilles pendant les longues périodes de travail sont « tout simplement fausses ». Nous pouvons prendre des pauses toilettes à tout moment, insiste-t-il. Dans les semaines qui suivent, l’accent est mis sur la santé et la sécurité – y compris les étirements rituels quotidiens où nous regardons le dessin animé d’un robot qui fait des exercices d’accroupissement en tenant une boîte Amazon, et nous l’imitons.

    Mais au cours de mon mois en tant que prétendu associé d’Amazon, il me paraîtra évident qu’il s’agit d’un vernis recouvrant des conditions de travail dangereuses et la surveillance des salariés. Amazon montre ainsi qu’elle n’est pas seulement prête à faire pression sur les travailleurs pour qu’ils ne s’organisent pas pour défendre leurs droits, mais qu’elle est également prête à faire tout ce qu’il faut pour rester la seule entreprise en ville. S’il y a quelque chose qui distingue cette entreprise, c’est sa capacité à entretenir le mythe de la sécurité d’emploi et de la communauté d’appartenance à l’entreprise tout en devenant une force monopolistique qui exploite méthodiquement les travailleurs.

    L’effet Amazon a transformé nos économies. Il exerce une influence sur les types d’emplois qui sont perdus ou créés. Et il a permis à Jeff Bezos d’amasser une richesse inimaginable, au détriment de l’état de santé de centaines de milliers de travailleurs dans ses entrepôts.

    Maintenant, le désastre social se propage au Canada. Depuis la pandémie et la hausse de la demande de livraisons en ligne, Amazon s’est rapidement étendue dans ce pays depuis les États-Unis. Le 13 septembre, l’entreprise a annoncé qu’elle embaucherait plus de 15 000 nouveaux travailleurs à temps plein et à temps partiel, en plus des 25 000 emplois existants. Au cours de l’année écoulée, le nombre de de sites d’Amazon au Canada est passé de 30 à 46. Il s’agit notamment de centres d’exécution des commandes, de centres de tri et de postes de livraison.

    J’ai pensé que le moment était venu de ne plus me contenter de lire des articles sur les abus dont sont victimes les travailleurs d’Amazon, mais d’y travailler moi-même, tout en cachant mon identité de militant syndical qui défend les droits des travailleurs. Je veux comprendre sur le terrain à quoi ressemble cet environnement de travail. Plus important encore, je veux comprendre le type d’organisation syndicale dont nous aurons besoin pour défier et affronter non seulement Amazon, mais l’ensemble du système de livraison et de logistique juste-à-temps, qui est devenu central dans notre économie contemporaine, et les inégalités qui l’accompagnent.

    #logistique #Amazon #travail #travail_de_nuit

    • Logistique, un entretien récent avec David Gaboriau
      https://seenthis.net/messages/940923

      Amazon est l’arbre qui cache la forêt de la logistique. Ce qui s’est joué particulièrement en France, c’est qu’Amazon est devenu l’ennemi idéal. (...) Si on reste sur la question écologique, la surface occupée par des entrepôts en France a plus que doublé en dix ans, passant de 32 millions à 78 millions de mètres carrés. Pour lutter contre l’artificialisation des terres et la destruction des terres agricoles, il peut être utile de cibler Amazon, mais il faut aussi considérer le secteur dans son ensemble.

      Amazon sert régulièrement de bouc émissaire. On l’a aussi vu pendant la crise sanitaire, où les seuls entrepôts qui ont dû fermer quelque temps sont ceux d’Amazon. C’était à la fois intéressant, car c’était une première, mais aussi aberrant de voir que seule cette entreprise était visée, alors que le problème était beaucoup plus large.

      Ce n’est pas pour rien si Amazon est mis en avant. Mais le pas suivant est de se poser de façon plus globale la question des modèles logistiques et des chaînes d’approvisionnement.

      L’intro du n° 162 de Travail et emploi, Les mondes logistiques. Introduction. De l’analyse globale des flux à l’analyse située des pratiques de travail et d’emploi. Carlotta Benvegnù et David Gaborieau
      https://journals.openedition.org/travailemploi/10070

  • État de la pauvreté en France 2020 : 10% de la population s’est rendue à la soupe populaire en 2020

    Pour son rapport 2020 « État de la pauvreté en France », le Secours Catholique alerte sur la dégradation du niveau de vie des ménages en situation de précarité, de plus en plus de ménages ne percevant même aucune ressource. Souvent des foyers de nationalité étrangère, souvent des couples avec enfants. Dans cette édition, le Secours Catholique analyse en détail le budget des foyers les plus modestes et pointe les arbitrages impossibles auxquels ils doivent faire face.

    Télécharger le rapport : https://www.secours-catholique.org/sites/scinternet/files/publications/rs20-bd.pdf

    Plus de la moitié des ménages accueillis disposent de moins de 9 euros par jour de reste pour vivre par personne. 4 ménages sur 10 sont même dans l’incapacité de couvrir leurs dépenses alimentaires quotidiennes.

    https://www.youtube.com/watch?v=kVRhE68_7eQ

    #pauvreté #EnMarche #inégalités #économie #travail #france #santé #précarité #richesse #chômage #logement #pauvres #politique

  • Pénuries de main-d’oeuvre : l’Angleterre face à la surenchère salariale | Les Echos
    https://www.lesechos.fr/monde/europe/penuries-de-main-doeuvre-langleterre-face-a-la-surenchere-salariale-1374599

    Quand la pandémie est arrivée, les Etats ont mis sur la table des sommes colossales pour éviter faillites en cascade et explosion du chômage. Deux ans plus tard, le tsunami prédit n’a pas eu lieu, bien au contraire. Les pénuries de main-d’oeuvre mettent les travailleurs en position de force. Exemple avec l’Angleterre, où les revendications salariales sont telles qu’elles nourrissent les craintes d’une spirale inflationniste.

    Il s’en fallait de peu pour que le grand magasin Harrods se retrouve en grève la semaine de Noël. Le mouvement social a été suspendu de justesse au prix d’une revalorisation des salaires qui a marqué les esprits : +25 %, soit 5.000 livres en plus de rémunération annuelle. Les restaurants de la célèbre enseigne londonienne, aux mains du Qatar, n’ont eu d’autre choix que de s’aligner sur les revendications syndicales. La main-d’oeuvre étrangère se fait plus rare à Londres. Beaucoup d’employés quittent leur travail pour une meilleure rémunération ou des conditions moins dures. « Nous sommes fiers de fixer le nouveau barème de référence dans notre secteur, connu pour ses paies de misères et ses conditions de travail déplorables », s’est réjoui Petros Elia, secrétaire général du syndicat UVW, à l’origine de la fronde.

    Bienvenue dans l’univers des relations sociales « post-Covid ». « Le pouvoir est maintenant entre les mains des salariés », confirme Tomas Maunier, propriétaire de cinq restaurants dans plusieurs grandes villes d’Angleterre. Depuis la sortie du confinement au printemps dernier, le recrutement est devenu « un cauchemar ». « Maintenant, ce n’est plus nous qui choisissons les candidats. Ce sont eux qui nous choisissent. Vous avez intérêt à bien leur ’vendre’ l’entreprise, car ils ont souvent deux, trois, voire quatre offres d’emploi », raconte le chef d’entreprise.

    #paywall #travail #salaire

  • La chaîne Pimkie licencie abruptement ses vendeuses de Crissier et Genève avant Noël ats/kkub
    https://www.rts.ch/info/economie/12744532-la-chaine-pimkie-licencie-abruptement-ses-vendeuses-de-crissier-et-gene

    Neuf vendeuses de la chaîne Pimkie ont reçu un cadeau de Noël d’un genre particulier, rapporte jeudi le syndicat Syna. La filiale suisse de l’enseigne, Mode Diffusion System (MDS) basée à Bâle, leur a annoncé par réunion téléphonique la faillite et la fermeture immédiate des deux succursales de Genève et Crissier (VD) sans même leur verser leurs salaires de décembre, dénonce-t-il.

    Mardi, soit quatre jours avant Noël, Pimkie a annoncé à l’ensemble des vendeuses qu’elle a fait faillite le 17 décembre dernier. Les responsables de MDS qui avaient cessé d’approvisionner les magasins depuis quelques semaines n’avaient donné aucune information à leur personnel, relate Syna.

    Les vendeuses ont continué à travailler après le prononcé de la faillite. Elles ont ensuite été jetées dehors sans salaire, sans lettre de résiliation, ni d’attestation d’employeur. Or non seulement les employées ont droit à leur salaire, mais elles ont besoin de ces documents pour pouvoir s’inscrire rapidement au chômage, poursuit le syndicat.

    Mépris dénoncé
    Il s’agit là d’un mépris et d’une déconsidération totale envers ces vendeuses qui méritent que les choses soient faites de manière digne. Ne comprenant pas comment elles ont pu être traitées ainsi, elles « exigent le versement immédiat du salaire du mois de décembre à la famille Mulliez, propriétaire de la marque Pimkie qui se proclame soucieuse des droits humains », a déclaré Fabrice Chaperon, responsable Syna Genève, cité dans un communiqué.

    Le syndicat mettra toute son énergie pour combattre « cette voyoutocratie patronale transfrontalière », qui laisse l’ardoise sociale à la collectivité. Car Pimkie, marque française appartenant à la famille Mulliez - dont la fortune s’élève à 26 milliards d’euros - n’en est pas à son premier fait d’armes, selon Syna.

    L’enseigne a sévi en Allemagne, en Autriche, en Espagne, en France, puis récemment en Belgique où elle a mis sur le carreau des centaines d’employés avec la même violence et la même stratégie, relève le syndicat.

    #travail #exploitation #mulliez #voyoutocratie #Pimkie #MDS #mépris #violence #Femmes #Kiloutou #Loxam #décathlon #auchan #decathlon #kiabi #capitalisme #norauto #cultura #jules #oosterdam-pimkie #acadie #maison-familiale #happychic #brice #boulanger #agapes #flunch #mobivia #droits_humains #Suisse

  • Sur la retraite en #Suisse, les femmes de droite veulent aussi faire entendre leur voix
    https://www.rts.ch/info/suisse/12737766-sur-lavs-les-femmes-de-droite-veulent-aussi-faire-entendre-leur-voix.ht
    ( AVS : droits à la retraite en Suisse )

    Les femmes du camp bourgeois soutiennent la réforme de l’AVS, malgré la hausse de l’âge de la retraite des femmes. Elles s’irritent de la récupération de la cause des femmes par la gauche et les syndicats.

    Entérinée la semaine dernière par le Parlement, la réforme de l’AVS et sa hausse de l’âge de la retraite des femmes de 64 à 65 ans vont être combattues en référendum. Gauche et syndicats refusent une révision sur le dos des femmes. Mais ce combat en leur nom déplaît à celles de droite et du centre, qui approuvent la réforme.


    Cette réforme doit se faire. Des compensations pour cette augmentation de l’âge de la retraite ont été trouvées et il faut penser aux générations futures : c’est l’avis de la majorité des femmes du camp bourgeois. A l’image de la conseillère aux Etats du Centre Marianne Maret. « On met toujours toutes les femmes sous la même enseigne, et en termes d’égalité, ça m’interroge, parce que tous les hommes ne sont pas mis ’dans le même sac’ - passez-moi l’expression », a-t-elle souligné mercredi dans La Matinale de la RTS.

    Et d’ajouter que « dans le cadre de cette votation sur l’AVS, nous sommes un peu prises en otage, et il faudra que toutes les femmes analysent à l’aune de leurs propres valeurs ce projet qui n’est pas si catastrophique pour les femmes ».

    Combattre la précarité
    A gauche, on rappelle se battre pour éviter des situations de précarité. « Nous parlons au nom des femmes qui se mobilisent dans la rue, qui ne sont pas d’accord avec la réforme proposée », explique Martine Docourt, co-présidente des femmes socialistes.

    Parce que, selon elle, « on voit quand même que ce sont toujours les femmes qui ont le moins à la retraite. Et c’est dans ce sens-là que notre voix est légitime ».

    Comité de femmes de droite ?
    Les femmes du centre-droit créeront-elles un comité commun pour soutenir la révision ? Il faudra attendre encore pour le savoir. Mais elles ne laisseront pas le champ libre à la gauche. Lucie Rochat, présidente des femmes UDC romandes, estime que « ces femmes ne doivent pas oublier qu’elles parlent en leur nom propre et qu’elles ne peuvent pas prétendre parler au nom de toutes les femmes de Suisse ».

    A ses yeux, c’est une bonne chose que ce référendum soit lancé, « parce que cela permet à chacun de s’exprimer. Et les femmes étant majoritaires dans la population, on verra bien dans les urnes ce que les femmes pensent de cette réforme », 

    Une votation qui pourrait intervenir au second semestre de l’an prochain. Et ce qui est sûr, c’est que le vote des femmes sera particulièrement scruté.
    Sujet radio : Marie Giovanola : https://www.rts.ch/audio-podcast/2021/audio/sur-l-avs-les-femmes-de-droite-veulent-aussi-faire-entendre-leur-voix-25788085.h

    #retraites #Femmes #travail #en_vedette #retraite #santé #femmes #économie #inégalités #précarité #politique #pauvreté vs #richesse #UDC #bourgeoisie

  • « Amazon tire vers le bas les conditions de travail dans tout le secteur », entretien avec David Gaboriau

    Pour le sociologue David Gaborieau, Amazon est « l’arbre qui cache la forêt » de la logistique, un secteur qui accueille désormais un quart des ouvriers français, et où les conditions de travail sont particulièrement difficiles.

    Ce vendredi 26 novembre est le « Black Friday », le « vendredi noir » venu des États-Unis pour désigner un jour de promotions commerciales particulièrement alléchantes avant les fêtes de fin d’année. Une tradition restée longtemps inconnue en France, jusqu’à ce qu’Amazon et d’autres acteurs de l’e-commerce l’imposent dans les usages.

    Ce vendredi encore (et toute la semaine qui l’a précédé, car la période de promotion s’est étendue), le site d’Amazon aura connu un pic de fréquentation, et son chiffre d’affaires une hausse fulgurante. L’occasion est belle pour les opposants à tout ce que représente le géant de l’e-commerce : Attac a appelé à cibler particulièrement ce vendredi ce mastodonte qui « incarne une vision du monde en totale contradiction avec la profonde aspiration à une vie décente sur une planète vivable ».

    Mais Amazon est bien installé durablement en France, et pèse désormais, y compris en tant qu’employeur. En 2014, l’entreprise comptait 2 500 salariés en CDI en France, et quatre entrepôts logistiques. Aujourd’hui, ils sont 14 500 salariés permanents répartis sur tout le territoire dans huit entrepôts – le dernier a ouvert cet été à Augny, en Moselle. Il faut donc aussi scruter le géant à travers ses pratiques sociales, et c’est ce que fait David Gaborieau.

    Sociologue du travail, chercheur au Centre d’études de l’emploi et du travail-Cnam et chercheur associé à l’université Paris-Est, il s’intéresse particulièrement au secteur de la logistique (Mediapart l’a déjà interrogé à ce sujet). Pour sa thèse consacrée aux « usines à colis », il a régulièrement travaillé en entrepôt, comme préparateur de commandes, pendant sept ans.

    Selon David Gaborieau, Amazon « est devenu l’ennemi idéal », et son comportement vis-vis de ses salariés peut en effet susciter la critique. Mais l’entreprise est aussi « l’arbre qui cache la forêt » de toute la logistique, un secteur particulièrement dur, qui accueille désormais un quart des ouvriers français.

    Mediapart : Dans les débats publics autour du travail en entrepôt et de la place de la logistique dans notre vie, Amazon occupe toute la place. Pourquoi ?

    David Gaborieau : Cela fait longtemps que je dis qu’Amazon est l’arbre qui cache la forêt de la logistique. Ce qui s’est joué particulièrement en France, c’est qu’Amazon est devenu l’ennemi idéal. Quand on cherche à critiquer les nouveaux modes de consommation ou la logistique, c’est Amazon qui est la cible prioritaire.

    Amazon a tout ce qu’il faut pour constituer cette cible : un très grand groupe, états-unien, qui ne paye pas ses impôts en Europe, qui cherche à s’approprier des parts de marché gigantesques, et qui a commencé par investir le marché du livre, un secteur hautement symbolique en France.

    L’envergure du groupe justifie pleinement l’attention qu’on lui porte. Par exemple sur la question écologique : Amazon entraîne de grands changements dans nos modes de consommation, avec des conséquences catastrophiques. On l’a vu dans le scandale révélé en juin par Les Amis de la Terre autour de la destruction des invendus par Amazon au Royaume-Uni.

    Cette focalisation vous semble-t-elle parfois exagérée ?

    Amazon ne représente pas tout le secteur de la logistique. Si on reste sur la question écologique, la surface occupée par des entrepôts en France a plus que doublé en dix ans, passant de 32 millions à 78 millions de mètres carrés. Pour lutter contre l’artificialisation des terres et la destruction des terres agricoles, il peut être utile de cibler Amazon, mais il faut aussi considérer le secteur dans son ensemble.

    Amazon sert régulièrement de bouc émissaire. On l’a aussi vu pendant la crise sanitaire, où les seuls entrepôts qui ont dû fermer quelque temps sont ceux d’Amazon. C’était à la fois intéressant, car c’était une première, mais aussi aberrant de voir que seule cette entreprise était visée, alors que le problème était beaucoup plus large.

    Ce n’est pas pour rien si Amazon est mis en avant. Mais le pas suivant est de se poser de façon plus globale la question des modèles logistiques et des chaînes d’approvisionnement.

    Mais le poids d’Amazon fait de lui un acteur à part.

    Oui. Il faut tenir compte du fait qu’en tant qu’acteur dominant de l’e-commerce, en France et ailleurs dans le monde, Amazon transforme les conditions de travail dans l’ensemble de son secteur. Son modèle accroît la pression sur les coûts et sur les temps de livraison, et donc tire vers le bas les conditions de travail et les conditions d’emploi (car la part de l’intérim y augmente).

    On note aussi un affaiblissement des syndicats. Ce sont des logiques qui existaient déjà, et qui se renforcent. Plusieurs enquêtes sociologiques récentes le montrent bien, notamment aux États-Unis. (À ce sujet, lire cet article https://journals.openedition.org/travailemploi/10219 paru dans le récent numéro de la revue Travail et emploi sur « Les mondes logistiques », coordonné par Carlotta Benvegnù et David Gaborieau).

    Et en France, les conditions de travail des salariés d’Amazon sont-elles meilleures ou pires qu’ailleurs ?

    Elles ne sont ni meilleures ni pires. Les conditions de travail de l’ensemble du secteur de la logistique sont très dégradées. Le taux de fréquence des accidents du travail y est deux fois plus élevé que la moyenne. On se rapproche du niveau du BTP, qui a toujours été en tête du classement.

    Ce secteur génère de la pénibilité en raison du port de charges lourdes, cela est déjà ancien. Mais à partir du début des années 2000, on a aussi noté une vague d’intensification du travail, qui accroît cette pénibilité, notamment avec l’introduction d’outils numériques, qui accélèrent le rythme de travail : commande vocale, scanners avec écran tactile…

    Amazon est arrivé à cette époque [son premier entrepôt français a ouvert en 2007 – ndlr] , et dans ses usines, il y a ces nouvelles technologies. Toutes les données de l’entrepôt sont gérées avec des outils informatiques connectés aux ouvriers, qui, eux, gèrent le flux physique. L’accroissement de la circulation des données génère une intensification du travail, chez Amazon comme partout ailleurs.

    Vous soulignez que, de plus en plus, le travail en entrepôt ressemble au travail à la chaîne des ouvriers à l’usine.

    Dans l’ensemble de l’e-commerce, on voit apparaître ces dernières années des tapis roulants sur lesquels circulent les colis. Il y a quelques années, on disait qu’un salarié d’Amazon faisait 25 ou 30 km à pied par jour. C’est de moins en moins le cas. De plus en plus, le métier est celui d’un #ouvrier en travail posté, qui ne bouge plus, devant un tapis. Exactement à la façon des anciens « OS », les ouvriers spécialisés qui travaillent à la chaîne, comme Charlie Chaplin dans Les Temps modernes.

    Dans la logistique, il y a des entrepôts plus ou moins avancés sur ce point, mais les entrepôts Amazon sont vraiment devenus des usines à colis, avec des ouvriers spécialisés soumis au taylorisme. Un taylorisme assisté par ordinateur.

    Y a-t-il des avantages à travailler chez Amazon ?

    Sous certains aspects, travailler chez Amazon offre de meilleures conditions qu’ailleurs. La propreté dans l’entrepôt, la luminosité, tout ce qui concerne l’environnement de travail sont assez contrôlés.
    En revanche, l’hyper-sollicitation, et les gestes très répétitifs, va y être plus forte, parce qu’il y a beaucoup de petits produits qui circulent dans les entrepôts de l’e-commerce, ce qui implique une multiplication de gestes très rapides pour les ouvriers.

    Ce qui diffère vraiment chez Amazon, ce n’est pas le travail en lui-même, mais plutôt ce qui tourne autour. C’est une entreprise qui utilise beaucoup de communication interne, avec un slogan marquant, « Work hard, have fun, make history » (« Travailler dur, s’amuser, entrer dans l’histoire »), des activités ludiques dans l’entrepôt, où on fête Halloween ou Noël, un encadrement intermédiaire très jeune, familier avec les salariés. Amazon mobilise aussi tout un imaginaire de la grande entreprise, avec un vocabulaire à part, anglicisé.

    Quand on interroge des intérimaires qui circulent d’un entrepôt à un autre, ils ne disent pas que c’est pire qu’ailleurs. Ils disent tout de même que c’est mal payé, parce que les salaires y sont faibles.

    Mais ceux qui ont l’habitude des métiers physiques, dans des entrepôts sales ou anciens, décrivent l’entreprise comme « la maison des fous » – c’est une expression qui est revenue plusieurs fois dans mes enquêtes. Il y a ce décalage entre le travail à effectuer, les perspectives d’emploi qui sont faibles, et le monde enchanté qui est construit tout autour.

    À l’inverse, certains peuvent être convaincus, pour un temps au moins, par ce type de communication. Il s’agit notamment de salariés qui ont été longtemps éloignés de l’emploi.

    Dans cette ambiance, les syndicats ont-ils leur place ?

    C’est une autre distinction d’Amazon : la politique antisyndicale y est forte. Le #management cherche à surmobiliser les salariés, en développant un imaginaire particulier et en suscitant une adhésion chez des salariés qui ne sont pourtant que des exécutants.

    On a l’habitude de dire que le #taylorisme déshumanise, mais on a là une entreprise qui essaye de créer une « sur-humanisation managériale » – un terme emprunté à la sociologue Danièle Linhart.

    Cela implique un fort niveau de contrôle sur ce qui se passe sur le lieu de travail. Pas seulement un contrôle des tâches, mais aussi de l’ambiance, des discours qui sont produits sur le travail, des relations entre les personnes. Il y a une volonté de contrôler des espaces qui ne sont pas seulement ceux du geste ou de la tâche productive.

    Et dans ce modèle, avoir dans l’entreprise des syndicats d’opposition est considéré comme inacceptable. Comme contraire à l’ambition d’embarquer tous les salariés dans un même bateau, dans une grande aventure. (Lire aussi notre enquête sur les récentes condamnations de l’entreprise pour des licenciements de syndicalistes.)

    On le sait pour les États-Unis, où l’entreprise combat l’implantation des syndicats. Mais en France également ?

    Oui, même s’il est difficile d’avoir des chiffres concrets. Il peut y avoir de la discrimination syndicale, des syndicalistes licenciés pour leur action, mais il existe aussi d’autres éléments : pendant les mobilisations des « gilets jaunes », Amazon a enclenché plusieurs procédures de licenciement à l’égard de salariés qui avaient laissé des commentaires sur des groupes Facebook, où ils parlaient de leur entreprise https://www.leparisien.fr/economie/amazon-met-a-la-porte-des-salaries-pro-gilets-jaunes-03-02-2019-8003163.p. Pour repérer ce type de commentaires, il faut avoir une politique de surveillance active des réseaux sociaux, voire de ses salariés sur les réseaux sociaux.

    On le voit d’ailleurs bien lors de nos enquêtes sociologiques. Quand on travaille sur de grands groupes, il est rare que l’on soit contacté par ces groupes. Dans le cas d’Amazon, si on ne les contacte pas dès le départ, on peut être sûr qu’une responsable de la communication nous contactera à un moment, pour nous proposer de nous aider dans nos recherches. Et c’est plutôt intéressant de notre point de vue, même si nous savons que c’est une manière de contrôler un peu notre travail.

    Vous affirmez que le cœur de métier d’Amazon n’est pas la gestion d’un site internet, mais bien celle de l’organisation de ses ouvriers dans ses entrepôts.

    On peut sûrement en débattre, mais je pense qu’il est important de rappeler la centralité de l’exploitation massive d’une main-d’œuvre ouvrière dans ce modèle. Amazon, c’est 1,2 million de salariés dans le monde, et 15 000 en France, dont une grosse majorité d’ouvriers.

    Le discours qui a beaucoup été véhiculé sur l’entreprise a été celui d’une économie numérique, digitale, avec une image dématérialisée et volontairement dématérialisante. Amazon cherche toujours à effacer cet aspect-là de son activité : l’#usine, les ouvriers, les prolétaires.

    Ce discours se poursuit aujourd’hui, et son impact est fort : à chaque fois que je parle au grand public d’Amazon, on me dit que ses entrepôts sont déjà automatisés, ou qu’ils le seront bientôt. C’est entièrement faux. L’entreprise continue de recruter massivement. Elle bénéficie de nouvelles technologies, et de gains de productivité importants, certes. Mais à aucun moment on ne fait disparaître les ouvriers de ce modèle. Ils sont centraux.

    Un exemple flagrant du discours de l’entreprise, ce sont les vidéos montrant les robots Kiva https://www.youtube.com/watch?v=ULswQgd73Tc

    , rachetés par Amazon, à l’œuvre dans les entrepôts. Ils déplacent automatiquement des colis sur les étagères, oui.

    Mais dans ces vidéos, on ne voit jamais le poste de travail qui consiste à mettre les colis sur ces étagères, ou à les récupérer pour les mettre sur d’autres supports. Un travail occupé par un salarié, très répétitif et avec peu de latitude de mouvement.

    Dire que les ouvriers vont bientôt disparaître du monde industriel, c’est une chimère sans cesse renouvelée.

    Les salariés d’Amazon travaillent-ils sous commande vocale, avec un casque et un micro pour dialoguer avec une machine qui leur dicte leurs tâches, minute après minute ?

    Non, contrairement à ce qui se passe dans tous les entrepôts de la grande distribution alimentaire. En revanche, ils travaillent avec d’autres outils numériques. Et tous ces outils, commande vocale, PDA [personal digital assistants, petites tablettes numériques – ndlr], scanners ou bagues portant des scanners, produisent sensiblement les mêmes effets : perte d’autonomie, perte de savoir-faire, intensification du travail, contrôle accru et individualisation des tâches.

    Les travailleurs de ce monde-là évoluent-ils dans un monde différent de celui des ouvriers classiques ?

    On pourrait dire que ce sont les nouveaux ouvriers. Mais la différence avec les anciens mondes ouvriers (qui s’affaiblissent sans disparaître), où l’on fabrique des produits dans des usines, est que les conditions de travail sont un peu plus dégradées. Si on compare avec les usines automobiles, par exemple, les salaires y sont plus faibles, et les possibilités de carrière sont bien moindres.

    Dans le monde ouvrier classique, il y a des possibilités de petites évolutions, à l’ancienneté, qui permettent d’obtenir petit à petit des postes moins exposés à la pénibilité. Malgré les difficultés, on peut tenter de s’ancrer durablement dans un métier pour y trouver une stabilité. Dans les entrepôts, cela n’existe presque plus.

    Ce qui se passe, c’est que les salariés quittent l’entrepôt parce qu’ils savent que s’ils restent, on ne leur proposera pas d’évolution professionnelle et qu’ils auront des problèmes de santé. D’ailleurs, le secteur s’appuie massivement sur l’#intérim, ce qui l’exonère d’avoir à gérer toute une partie des problèmes de santé (lire ici notre reportage sur l’intérim dans un entrepôt Amazon https://www.mediapart.fr/journal/economie/261121/chez-amazon-l-interim-c-est-toute-l-annee).

    Décelez-vous l’émergence d’une conscience collective de ces ouvriers d’un nouveau genre ?

    Oui, c’est en train de bouger. D’abord parce que ces salariés deviennent très nombreux. Il y a 800 000 ouvriers dans la logistique en France, et 1,5 million si on ajoute le transport de marchandises et les livreurs. C’est-à-dire un quart des ouvriers. Le double de ce qu’ils représentaient dans les années 1980.

    Le souci est que cette émergence est assez récente et que le secteur a longtemps été éclaté en petites unités, avec beaucoup de turn-over, pas de carrière possible, et souvent des problèmes de santé. Il est donc difficile de s’inscrire durablement dans ce métier. En l’état, c’est juste un boulot de passage, dont on espère pouvoir sortir rapidement.

    À une échelle plus large et plus politique, la faible visibilité sociale de ces travailleurs fait qu’ils ont du mal à s’identifier. Dans les représentations classiques, le monde ouvrier reste associé à la production, à une usine qui fabrique des objets.

    Mais le monde s’est transformé, la circulation des produits y est devenue centrale. Ces nouveaux ouvriers produisent du flux, dans des usines à colis. Ils occupent aujourd’hui des lieux aussi stratégiques pour le capitalisme que l’étaient les grandes usines automobiles des années 1970-1980. Les forteresses ouvrières mythiques ont disparu, mais il faut essayer de les retrouver dans des secteurs comme la logistique.

    L’enjeu est aussi syndical.

    Tout à fait. Aujourd’hui, dans le secteur, le taux de syndicalisation est de 4 %, contre 10 % dans le monde ouvrier. La logistique elle-même a participé à favoriser l’éclatement des unités productives, qu’on observe depuis les années 1980 : grâce à une chaîne logistique performante qui relie ses différentes petites unités, un grand groupe peut avoir beaucoup plus recours à la sous-traitance. Cet éclatement rend difficiles l’identification et le syndicalisme.

    Mais actuellement, avec Amazon et plus généralement avec l’e-commerce, on voit réapparaître de très gros acteurs, avec de très gros entrepôts qui sont en train de devenir de très grosses usines. On a donc un phénomène de reconcentration ouvrière dans ces lieux. Et presque automatiquement, quand on met ensemble 2 000, 3 000, et maintenant 5 000 ouvriers comme dans certains entrepôts Amazon, on recrée de l’activité syndicale.

    En quelques années chez Amazon en France, on est parti d’un désert syndical et on est arrivé à des bases syndicales désormais bien implantées, qui arrivent à enrôler une partie de la main-d’œuvre. Ce qui manque en revanche, c’est une représentation syndicale à l’échelle de tout le secteur, un cadre qui permettrait de porter une parole commune et des revendications plus larges, pour l’ensemble de ces ouvriers, comme peuvent le faire les chauffeurs routiers par exemple.

    https://www.mediapart.fr/journal/economie/261121/amazon-tire-vers-le-bas-les-conditions-de-travail-dans-tout-le-secteur

    #travail #logistique #Amazon

  • « Une société peut-elle être fatiguée ? », tribune d’Alain Ehrenberg

    L’idée que la société est déprimée, ou fatiguée, pour reprendre le titre du livre de la Fondation Jean Jaurès, met le doigt sur des sujets sensibles, mais elle est trompeuse. En quoi ? Et pourquoi est-ce important de le comprendre ?

    Nombre d’informations récentes vont à l’encontre de mes questions. L’Organisation mondiale de la santé a publié en novembre 2020 une note sur la « pandemic fatigue », « la fatigue nerveuse ou épuisement psychique, qui mène à l’immobilisme ». « Dépression, troubles du sommeil, anxiété… les inquiétants effets psychiques de la pandémie et du confinement », titre un article du Monde le 26 novembre 2020. La pandémie de Covid-19 a mis au premier plan les problèmes de santé mentale. Toutes ces souffrances psychiques sont traversées par la fatigue, le ralentissement de la pensée et de l’action, voire par l’immobilisme.

    L’idée est trompeuse parce qu’elle traite la société comme un gros individu, confondant ainsi « individu » et « individualisme ». Toute société fait place à l’individuel, mais seules les nôtres sont individualistes. Cela signifie que l’individualisme est un esprit social, un esprit commun. Et c’est cet esprit commun qui s’est modifié et qui a favorisé la transformation de questions relevant du domaine spécialisé de la psychiatrie et de la psychologie clinique en souci central de nos sociétés, affectant toute la vie sociale et personnelle, dans l’entreprise, à l’école…

    En quoi ce souci est-il révélateur de l’esprit social de la société individualiste d’aujourd’hui ?

    La fatigue considérée comme épuisement psychique est devenue un thème central, avec la dépression, au cours des années 1970, en même temps que les épidémiologistes constataient, statistiques à l’appui, que cette dernière était désormais le trouble mental le plus développé dans les sociétés occidentales. Non seulement cette pathologie est beaucoup plus répandue qu’on ne le pensait, mais elle change de signification dans la psychopathologie et dans la société. L’évolution de la psychanalyse à son égard permet de comprendre ce double changement.

    Dépressions et angoisses sont d’abord considérées par Freud et les psychanalystes comme un symptôme des névroses (hystérie, phobie, obsession), qui sont l’expression d’un conflit psychique œdipien entre le moi et le surmoi (interdicteur). Il s’agit donc d’un conflit entre le permis et le défendu. Dans une société de discipline, la dépression soulève une question à la fois commune et personnelle : que m’est-il permis de faire ?

    Panne de l’action

    A partir des années 1960 (voire un peu plus tôt aux Etats-Unis) et surtout 1970, les psychanalystes repèrent dans leurs clientèles de nouvelles pathologies non névrotiques qu’ils appellent « narcissiques ». La dépression y occupe une place centrale, et elle est moins le symptôme d’un conflit que d’un sentiment de vide, d’insuffisance affectant le narcissisme de l’individu qui ne parvient pas à être à la hauteur de ses idéaux. La honte a tendance à subordonner la culpabilité.

    De plus, c’est moins la tristesse et la douleur morale qui apparaissent au premier plan que la panne de l’action. Les psychanalystes interprètent généralement ces changements par les nouveaux modes de vie prônant l’émancipation des individus : parce qu’ils affaiblissent les interdits, et en conséquence la force protectrice du surmoi, ils créent de nouvelles souffrances psychiques.

    Nombre de sociologues et de philosophes, de Christopher Lasch, qui publie La Culture du narcissisme [Flammarion, 2008] aux Etats-Unis dans les années 1970, à Marcel Gauchet, qui parle d’une « mutation anthropologique » en France dans les années 2000, ont répondu que nous faisions face à une privatisation inexorable de l’existence. C’est cette interprétation que l’on retrouve dans l’idée de société fatiguée, parce que cette fatigue semble résulter de l’affaiblissement des liens sociaux, donc de l’idée de commun ou de collectif.

    On a plutôt affaire à une transformation de l’esprit social de l’individualisme.

    Entre 1970 et aujourd’hui, nous sommes progressivement entrés dans une société imprégnée par des idées, des valeurs et des normes gravitant autour de l’autonomie individuelle. D’une aspiration collective dans les années 1960-1970, à travers les mouvements de libération des mœurs revendiquant l’indépendance, le choix, la propriété de soi en même temps que l’égalité entre les hommes et les femmes, l’autonomie devient à partir des années 1980 la condition commune, c’est-à-dire un système d’attentes collectives à l’égard de chacun, et pas seulement un choix personnel. Elle relève alors de l’obligation sociale. Ces idéaux encouragent l’expression de l’individualité sous de multiples formes, tout en la mettant à l’épreuve.

    Dimension de plus en plus affective du travail

    C’est le cas de l’entreprise, par exemple. Elle génère des détresses psychologiques qui ne cesseraient de croître. L’imaginaire du travail n’est plus un imaginaire taylorien de l’exécution mécanique des ordres ou du suivi des cadences. On demande aux gens d’être responsables, autonomes, d’avoir de l’initiative, de développer des compétences de « savoir être », etc. Dans le système d’attentes collectives de l’autonomie, la question « que suis-je capable de faire ? » se substitue à « que m’est-il permis de faire ? ». Ce changement de nos régimes d’action exige de chacun des formes d’autocontrôle émotionnel et pulsionnel qui étaient parfaitement marginales dans le taylorisme, ce qui donne une place nouvelle aux dimensions affectives du travail.

    La santé mentale est alors sociologiquement un langage commun permettant d’exprimer des tensions de nos relations sociales, et donc une attitude collective à l’égard de la contingence (de toutes sortes d’adversités, des aléas des événements de la vie et de ceux des relations sociales) dans les sociétés individualistes de masse contemporaines imprégnées par les idées, valeurs et normes de l’autonomie individuelle. Elle permet à la fois de soulever des problèmes noués à cette normativité et d’y répondre, plus ou moins bien, par des accompagnements psychothérapeutiques ou médicamenteux multiples.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/12/22/alain-ehrenberg-une-societe-peut-elle-etre-fatiguee_6106948_3232.html

    #norme #travail #activité #narcissisme #dépression #psychanalyse