• Esther Benbassa et son management "par la terreur" dénoncés par d’ex-collaborateurs
    https://www.huffingtonpost.fr/entry/esther-benbassa-enquete-mediapart-harcelement-travail-senat_fr_60e70b

    Mediapart a recueilli les témoignages de huit anciens assistants et six anciens étudiants de la sénatrice EELV. Ils décrivent "un climat de terreur", humiliant et angoissant.


    HARCÈLEMENT - Pour préserver leur carrière, ils ont tous demandé à garder l’anonymat. Huit anciens collaborateurs et six anciens étudiants de la sénatrice EELV, Esther Benbassa, dénoncent la “méthode Benbassa”, faite “d’humiliations, de menaces et de harcèlement”, dans une enquête publiée ce jeudi 8 juillet par Mediapart.

    Sur une grosse dizaine de pages, les témoignages se succèdent, preuves à l’appui. Là, une capture de texto, ici d’un mail. La femme politique, longuement interrogée par Mediapart, dément l’intégralité des accusations.

    Dans la soirée, la sénatrice EELV a cependant annoncé se mettre “en retrait” du groupe écologiste du Sénat dont elle est la vice-présidente. “En accord avec le groupe, je me mets en retrait jusqu’en septembre”, a-t-elle déclaré à l’issue d’une réunion du groupe, convoquée à la suite de l’article du média en ligne. 

    “Esther Benbassa se met en retrait du groupe le temps d’étudier les suites à donner conformément à notre règlement intérieur”, a pour sa part indiqué le groupe Ecologiste, Solidarité et Territoires dans un communiqué. “Nous prenons toute la mesure des accusations portées”, ajoute le groupe. “Les témoignages d’anciens collaborateurs et collaboratrices de la sénatrice sont extrêmement graves et traduisent une grande souffrance au travail. Nous leur apportons tout notre soutien”.

    La Sénatrice a publié dans la soirée un communiqué de presse où elle présente des “excuses” à ceux et celles qu’elle a “pu blesser”, tout en émettant de “sérieuses réserves” sur l’article de Mediapart, “exclusivement à charge” selon elle.

    #harcèlement #sexisme #femmes #harcèlement_féminin #travail #france #violence  #domination_féminine #EELV #management #pouvoir

  • Soul Cap : Afro swim cap Olympic rejection ’heartbreaking’ for black swimmers - BBC News
    https://www.bbc.com/news/newsbeat-57688380

    Young black swimmers are “disappointed and heartbroken” by a decision to ban a swimming cap from the Olympics that’s made to cover their hair.

    Soul Cap say the international governing body for swimming rejected an application for their caps to be certified for use at competitions.

    They say Fina told them the caps are unsuitable because they don’t follow “the natural form of the head”.

    Soul Cap makes swimming caps to fit over and protect dreadlocks, afros, weaves, hair extensions, braids, and thick and curly hair.

    (...) Fina’s decision could “stop the ripple effect” of black children like Kejai being inspired by swimmers such as Alice Dearing - who will be the first black woman to represent Great Britain in an Olympic swimming event at Tokyo 2020 later this summer.

    (les autorités sportives, toujours championnes du patriarcat et du racisme institutionnel)

    • Albert Jacquard en parlait vachement bien.
      http://www.ethologie.info/revue/spip.php?article15#Competition

      Imaginez une société où au lieu d’être en état de méfiance permanente, on est en état de confiance, d’ouverture ! Vous me direz : « oui mais alors on va tout perdre au début... » Peut-être... ce n’est pas sûr, c’est pas sûr ! Le fameux tendre la joue, ça n’a jamais été essayé, alors on peut peut-être imaginer que cela pourrait marcher, pourquoi pas. Mais essayons d’être concrets... Je me dis, mais, qu’est-ce qui empêche la société dans laquelle je vis d’appliquer cette règle si simple de l’ouverture à l’autre pour se construire soi ? En cherchant, il me semble que le ver est dans le fruit, car notre société a beaucoup de qualité, je ne le nie pas, nous vivons dans une démocratie, on a le droit de parler etc, je ne dis pas de mal de ma société occidentale, mais je suis bien obligé quand même d’être lucide ! Je veux dire qu’elle a quelques petits défauts ! Et elle a un défaut majeur, le ver qui fait pourrir le fruit, ce ver c’est, il me semble, l’esprit de compétition ! L’esprit de compétition, je regarde l’autre et j’ai peur,et je l’emporte sur lui, et je gagne ! Et on essaie de faire des gagnants ! Mais chaque fois qu’on fait un gagnant, on fait toute une multitude de perdants ! Je n’ai pas le droit de faire des perdants !

    • Une autre raison d’abolir la compétition sportive
      https://mailchi.mp/revueladeferlante/tests-de-feminite-aux-jo-5931220

      Elles s’appellent Christine Mboma et Beatrice Masilingi. À 18 ans, ces deux athlètes namibiennes sont championnes dans leur catégorie, le 400 mètres. Christine Mboma est la septième meilleure performeuse de tous les temps, avec un record de 48,54 secondes. À 49,53 secondes, Beatrice Masilingi a réalisé la troisième meilleure performance de l’année 2021. Pourtant, ni l’une ni l’autre ne pourront courir cette distance sur les pistes des Jeux olympiques qui s’ouvrent ce vendredi à Tokyo. La Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) a rayé leur nom de la liste des athlètes aptes à participer au 400 mètres, non pas parce qu’elles auraient triché, mais parce que leur corps présente naturellement un taux élevé de testostérone

    • Mboma, Masilingi deal with fabricated controversy due to being born outside reactionary rule | CBC Sports
      https://www.cbc.ca/sports/olympics/summer/opinion-christine-mboma-beatrice-masilingi-tokyo-2020-1.6128427

      Retired Polish sprinter Marcin Urbas demanded a gender test for Mboma.

      (...) World Athletics’ gerrymandering of naturally-occurring testosterone for women in a narrow range of events is highly controversial. The rule is a successful culmination of a long-running campaign to sideline Caster Semenya, the South African 800m star, who recently moved up to the 5,000m. Any number of other 200m runners in Tokyo might have as much natural testosterone as Mboma and Masilingi, but if they don’t run the 400, they’re not subject to screening. Men don’t face that scrutiny, and the rules don’t extend to other hormones, like EPO, that can boost performance but are present in different levels among different people. Critics have assailed the rule as sexist and arbitrary — and it’s both.

      (...) If Mboma and Masilingi had grown up in North America, we wouldn’t have this much controversy. We’d just call them prodigies.

      le combo #raciste #misogyne #transphobe

  • Un sondage révèle l’ampleur des actes sexistes dans l’édition
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/07/01/un-sondage-revele-l-ampleur-des-actes-sexistes-dans-le-milieu-de-l-edition_6

    Une consultation menée par Ipsos et « Livres hebdo » montre que six répondants sur dix ont déjà été victimes d’agissements sexistes ou sexuels dans la profession.

    Les actes sexistes sont massifs dans le milieu de l’édition : plus de huit professionnels sur dix ont déjà été témoins d’agissements sexistes ou sexuels et six personnes sur dix en ont été victimes, selon les principaux résultats que révèle, ce jeudi 1er juillet, LH Le Magazine, le mensuel de Livres hebdo, publication destinée aux professionnels du livre. Première enquête sur cette question dans le milieu du livre, cette large consultation en ligne, menée conjointement par Ipsos et LH Le Magazine, du 19 au 25 mai, a recueilli 1 000 réponses en moins de quarante-huit heures, 1 221 en une semaine. « Rarement un questionnaire en ligne avait reçu autant de témoignages, à en croire notre partenaire Ipsos, indique le mensuel. Cet engouement illustre un besoin, une urgence de parler. »

    Les chiffres décrivent un phénomène massif : 84 % des répondants affirment avoir déjà été témoins d’au moins un acte sexiste au cours de leur carrière. Parmi eux, 76 % ont été témoins de remarques déplacées, 57 % d’une discrimination sexiste et 51 % de gestes déplacés ; 61 % des professionnels de l’édition déclarent avoir été victimes d’agissements sexistes et sexuels – majoritairement des femmes.

    Ces données viennent confirmer ce que dénoncent depuis deux ans de nombreux acteurs du secteur dans différentes pétitions, tribunes et témoignages publiés sur les réseaux sociaux et dans les médias. C’est en février 2020, dans la foulée de la publication du Consentement, de Vanessa Springora (Grasset), qui décrit la relation traumatisante qu’a subie l’écrivaine avec l’écrivain Gabriel Matzneff, qu’un collectif d’autrices, mené par Caroline Laurent, publie une première tribune sur le site de Franceinfo pour réclamer « la fin de la loi du silence » qui protège les « tartuffes aux mains moites et dons Juans à la braguette souple » qui sévissent impunément dans le milieu littéraire.

    En mai, après une enquête de Mediapart sur les agissements de Stéphane Marsan, PDG des éditions Bragelonne, une nouvelle tribune était publiée dans Libération pour déplorer le fait que « tout le monde savait » et pour dénoncer un paradoxe : « Alors que l’édition s’enrichit de la publication des récits des victimes de violences sexistes et sexuelles, qu’en est-il au sein du milieu ? »

    « C’est vraiment énorme »
    « On avait des témoignages épars, mais pas de données chiffrées, explique Anne-Laure Walter, l’actuelle rédactrice en chef de Livres hebdo. On a donc voulu faire un état des lieux précis, fournir une photographie la plus large possible de la situation. » Le questionnaire mis en ligne à la fin du mois de mai a été ouvert à tous les professionnels du livre : auteurs, éditeurs, attachés de presse, chefs de fabrication, commerciaux, graphistes… « Nous avons été un peu surpris par les résultats. Six répondants sur dix qui se déclarent victimes, c’est vraiment énorme », observe Anne-Laure Walter.

  • Féminisme, intersectionnalité et lutte de classe | Le mensuel Lutte de classe n°217 - juillet-août 2021
    https://mensuel.lutte-ouvriere.org/2021/06/30/feminisme-intersectionnalite-et-lutte-de-classe_163726.html

    Le succès des manifestations du 8 mars 2021, après celles du mois de novembre 2020 contre les violences faites aux #femmes, montre qu’une partie de la jeunesse se mobilise pour exprimer sa révolte contre la persistance des #inégalités entre femmes et hommes et contre la #violence dont sont victimes les femmes dans la société actuelle. Dans ce contexte de relatif renouveau des mouvements féministes, la notion d’ #intersectionnalité – qui définit des groupes de personnes par la liste de discriminations qu’elles subissent simultanément (#sexisme, #racisme …), donc à leur intersection – s’est diffusée en France ces dernières années, et elle peut apparaître comme offrant des perspectives nouvelles à des jeunes en révolte contre l’oppression des femmes. Beaucoup y voient en effet une façon de choisir un féminisme radical, de s’affirmer antiracistes en même temps que féministes, voire, pour certaines, de remettre en cause le système capitaliste...

    – L’intersectionnalité, un mot nouveau pour un constat ancien
    – Derrière toutes les #oppressions, la division de la société en classes
    – Des positions réactionnaires
    – Féminisme et #conscience_de_classe
    – Contre toutes les oppressions, le combat communiste révolutionnaire

    #capitalisme #féminisme #lutte_de_classe #harcèlement_sexuel

  • Herstory Marie Docher
    https://www.youtube.com/watch?v=hniWNRS4A1M

    Cet entretien a été filmé le 5 Mai 2019, sur une invitation de Julie Crenn & Pascal Lièvre dans le cadre de l’exposition : Lignes de vies - une exposition de légendes. Exposition collective du 30 Mars au 25 Août 2019 au MAC VAL - Musée d’art contemporain du Val-de-Marne.

    Marie Docher is a Paris-based photographer and film maker who works on assignment and creates her own fine art. Her work has been exhibited and published in numerous countries and magazines and is represented in Japan.

    Marie Docher est une photographe et réalisatrice basée à Paris. Elle travaille sur commande et en agence. Son travail artistique a été exposé dans plusieurs pays et est représenté au Japon.

    https://docher.com

    On redécouvre encore la misogynie du milieu de l’art, plutot celui de la photo et encore plus gravement à gerber le milieu du photo-journalisme. Il y a ensuite une partie sur le #clitoris en #3D

    #boysclub #arts #hommes #femmes #sexisme #discrimination #talent #domination_masculine #censure #photographie #photo-journalisme

  • criminalisation de l’homosexualité en france.
    https://trounoir.org/?Criminalisation-de-l-homosexualite-en-France

    De quoi parlons-nous lorsqu’on dit qu’il a eu une criminalisation de l’homosexualité en France ? L’objectif de cet article est de revenir sur les différents moments et les manières dont l’homosexualité a été réprimée en France. Si le contrôle de l’homosexualité fut bien une façon de mater la population entière, tout le monde n’était pas logé à la même enseigne en matière de sanctions pénales et de surveillance.

    https://sexysushi.bandcamp.com/track/petit-pd


    plus de warrior : https://seenthis.net/messages/887682
    #homosexualité

    • 2. Analyse des biais de discrimination

      a) Le biais de l’homosexualité

      Pourquoi l’État a-t-il fait le choix à différents moments historiques de surveiller et punir l’homosexualité ? Pourquoi la criminalisation de l’homosexualité s’applique-t-elle à une population plutôt qu’à une autre ? Est-ce un biais de discrimination relevant des agents de police, de l’institution pénale ou de l’État ? Démêler ces questions n’est pas aisé, car elles sont toutes inextricablement liées entre elles. C’est pour cette raison qu’il est important de garder en tête la notion d’ordre social comme aboutissement de ces dispositifs répressifs. On peut néanmoins les séparer provisoirement pour faire apparaître les différents ressorts sur lesquels repose la norme qui veut être établie par le pouvoir.

      Julian Jackson attribue plusieurs raisons au fait que les homosexuels soient durement réprimés après la Seconde Guerre mondiale : « L’article 330.1 du Code pénal, l’interdiction à Paris de danser publiquement entre hommes, l’idéologie virile de la Résistance, l’ombre de la collaboration, l’obsession nataliste, le culte de la famille, les craintes de la délinquance et le souci de protéger la jeunesse » (Jackson, p. 59). Pèse sur les homosexuels non seulement une série d’interdiction mais aussi un poids moral qui les confine dans la honte. Et cette honte a donné une forme à la socialité homosexuelle contrainte de s’établir dans la clandestinité (jardins, parcs, toilettes publiques, salons privés, prostitution). C’est-à-dire que la loi pousse à la fois les homosexuels à rechercher une forme de sexualité dans les lieux retranchés d’une ville et la réprime dès lors qu’elle est confondue. Il existait, selon Claude Courouve, un « groupe de contrôle des homosexuels » émanant de la Préfecture de Police, comptant « cinq inspecteurs » chargés des OPP : « Le travail de ce groupe consiste pour une part en la répression des outrages publics à la pudeur par des homosexuels dans les saunas, jardins publics, clubs et autres lieux où certains peuvent être tentés de ’consommer sur place’ » (Courouve, p. 72).

      b) Le biais du genre

      Les chiffres les plus explicites concernent la part de condamnations pour homosexualité masculine qui en représentent la quasi-totalité. Gauthier et Schlagdenhauffen expliquent la très faible représentation des femmes dans ces condamnations par trois arguments. 1) Leur invisibilisation sociale : « Le système de domination et de contrôle des pères et des maris sur les filles et les épouses limite donc de fait l’accès des femmes à l’espace public et a fortiori aux lieux de rencontre homoérotiques, quasi inexistants pour les lesbiennes dans l’espace public ». 2) Les prises en charge pénales sont différentes selon le sexe de la personne interpellée, « les hommes ont tendance à intégrer les filières pénales alors que les femmes sont orientées vers les dispositifs de « protection » ou la psychiatrie ». 3) La notion de déviance n’est pas attribuée selon les mêmes critères à un homme ou à une femme par l’institution judiciaire : « Concernant les jeunes filles, ce sont les rapports hétérosexuels hors mariage qui sont perçus comme déviants, car, tout en contrevenant à la morale dominante, ils impliquent un risque de grossesse et peuvent parfois être assimilés par les juges à de la prostitution. ».

      c) Le biais de la classe sociale

      Ce sont majoritairement les classes populaires qui se rendaient dans ces lieux publics poreux à une intrusion de la police, contrairement aux classes bourgeoises (et de pouvoir) qui bénéficiaient d’espaces privés clandestins plus sujets à la surveillance qu’aux contrôles. On retrouve cette dernière remarque dans les travaux de Gwenaëlle Mainsant sur la Brigade mondaine [16]. La création d’un « groupe de contrôle des homosexuels » spécifique aux OPP visait donc principalement à condamner des ouvriers et des citadins plutôt que des classes aisées et rurales. C’est ainsi que les classes populaires sont plus soumises à la captation policière. L’article de Gauthier et Schlagdenhauffen relève enfin un dernier argument confirmant ce biais de discrimination par la classe sociale qui est ce qu’ils nomment « la sélection sociale par le système pénal », c’est-à-dire que les classes privilégiées sont condamnées moins sévèrement voire acquittés pour les mêmes faits, car ils possèdent davantage de moyens pour se défendre : garanties de représentation, argent, avocats, soutien des proches et capital culturel pour pouvoir se défendre.

      d) Le biais de la race

      Les travaux de recherche de Régis Revenin sur la prostitution masculine dans l’après-guerre en France démontrent que la majorité de la clientèle ne se définit pas comme « homosexuelle », elle est principalement constituée à partir des années 1950 de jeunes ouvriers, sans famille, maghrébins [17]. Ce qui nous amène au biais de la race qu’Emmanuel Blanchard a notamment étudié dans son article « Le mauvais genre des Algériens » concernant les intrications entre la clandestinité des relations homosexuelles et l’immigration algérienne dans les grandes villes françaises : « La cartographie de la scène homosexuelle recouvrait alors, en partie, celle de l’immigration algérienne à Paris » (Blanchard). Ce qui fournissait une « population disponible » à la police qui pouvait aisément contrôler la sexualité des hommes algériens perçus par l’imaginaire colonial comme « incapables de maîtriser leurs désirs » (Gauthier, Schlagdenhauffen), soit le même type d’attribut accordé à l’homosexualité masculine qui « prolifère » dans les villes et « corrompt » la jeunesse. Blanchard donne également un argument important pour comprendre l’obsession policière pour la sexualité des Algériens : le rapport que la police entretient avec sa propre notion de virilité. Les policiers ont en commun avec les Algériens de se caractériser par un entre-soi masculin, une « communauté d’hommes sans femmes », il fallait donc bien distinguer deux notions de la masculinité : l’une virile et de bonne conjugalité (pour la police), et l’autre « contre-nature » et efféminée (pour les Algériens).

      #homophobie #misogynie #sexisme #racisme #classisme

  • Revisiter Picasso à l’ère de #metoo

    Peut-on aspirer à dépatriarcaliser nos musées ? De la même façon que des musées dans le monde procèdent à la décolonisation des pièces et œuvres volées ou obtenues sous la contrainte des différentes communautés, il faudrait d’après moi entamer une démarche de dépatriarcalisation des musées. Ainsi, comment planifier une exposition de l’œuvre de Picasso, un homme extrêmement violent et misogyne, à l’ère du mouvement #metoo ?

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/06/28/revisiter-picasso-a-lere-de-metoo

    #féminisme #art

  • Portrait d’un homme violent, par @EllenAgreaux

    comprenez ce qu’est un mec violent. il est pas devenu ça du jour au lendemain. il a établi un pouvoir total sur son petit monde. il a toujours été « colérique » il a toujours été « autoritaire », « directif » au moins, il a TOUJOURS OBTENU CE QU IL VOULAIT de force ou à l’usure.

    c’est toujours un pervers manipulateur qui utilise TOUT ce qu’il peut trouver pour parvenir à ses fins et imposer sa volonté à tout le monde.
    infatigable, déterminé, il a usé ses parents, sa fratrie, ses collègues, ses voisins, ses potes. personne ne s’oppose plus jamais à lui.

    c’est un homme charmant, drôle, charismatique, il peut même être généreux (peu, lol)...tant qu’il a ce qu’il désire de qui le demande au moment où il le demande.
    tout son petit univers a compris cette règle.

    il est parfait. sisi, tout le monde te le dira, parce que faudrait pas dire du mal de lui si ça jamais ça remonte à ses oreilles tu vas prendre cher. et il tend l’oreille partout en permanence, c’est un paranoïaque.
    parfait tant qu’il a ce qu’il veut. tout le monde la ferme.

    sa position est liée à son rang de naissance. il est brutus mal dégrossi qui a posé sa domination aux poings dans certains milieux, maître chanteur à pouvoir financier dans d’autres, en général il finit par utiliser les deux possibilités.
    son trip c’est la toute puissance.

    pour le plaquer il faut tout perdre, à moins que ça il te détruira. pas une once de ce qu’il estime être à lui, maison, meubles, GENS, amis, relations, territoire géographique, ne doit lui échapper.
    c’est ça son trip. toute puissance totale. contrôle total. pouvoir total.

    un ENFANT lorsqu’il lui est confié même juste en simple visite, est sous son pouvoir à 100%. c’est la personne la plus faible du monde celle qui n’a aucun moyen d’échapper ou de tenter de résister. un jouet pour lui. une souris dans les griffes d’un chat.

    il n’y a aucun recours pour un enfant dans ce contexte. les adultes autour ont renoncé avant lui. il ne trouvera pas de soutien. il trouvera au contraire des trahisons, des gens qui soutiendront son père, il se prendra des engueulades publiques qui tourneront au procès d’assises.

    tout sera utilisé contre lui et les adultes autour de son père le valideront, l’enfant le sait. mon ex FILME le gosse de dos décrète qu’il BOITE ou qu’il est TORDU, ensuite il passe la vidéo en boucle jusqu’à ce que tout le monde acquiesce et affirme que c’est le cas.

    il embraye en déclarant que c’est un problème médical que je n’ai pas pris en charge (parce que je suis insère tout et rien). TOUS LES ADULTES PRESENTS confirment leur accord. l’enfant est alors interrogé. « tu es mal soigné hein ? » et il DOIT confirmer à son tour.

    ensuite il prend son téléphone (toujours avec son public il aime le public c’est un narcissique avant tout...le pouvoir ne prend sens que quand il est applaudi) et m’appelle. je suis loin et je sors de mon lit ou de ma balade. je me fais hurler dessus. je DOIS soigner ça.

    « ça » n’existe PAS. il n’y a pas davantage de problème médical que de problème scolaire. c’est une invention. une démonstration de pouvoir. ça n’existe pas, mais ça se met à exister par sa bouche. au commencement était le verbe.
    et maintenant : cela est. et je dois remédier.

    l’enfant est dans l’incapacité de se défendre. il a 8 ans, 12 ans...on lui a inventé une boiterie. une maladie génétique qui existe. une déformation. il est anormal. la faute à sa mère. c’est ce qu’il entend depuis toujours. voilà une anomalie de plus. les adultes valident.

    il faut voir l’effet du délire. tous les présents attestant, preuve vidéo mille fois repassée à l’appui, ralentis, arrêts sur images (un procès)...qu’il y a boiterie, il se passe un truc : l’enfant, 100% concentré sur sa marche tentant de contrôler le moindre pas, se met à boiter.

    la prophétie se réalise. et là, je ne peux plus me défendre. quand j’arrive chez mon toubib, l’enfant manifeste réellement une boiterie. légère mais.
    –vous ne l’aviez pas remarqué avant ? (mère indigne)
    –non (0 possibilité de défense)
    –radio des hanches
    –bah ouais

    –> ya RIEN.

    bien sûr que ya rien. y’a jamais rien eu. il délire. et à force, il persuade. en maltraitant l’enfant qui doit être ce qu’il lui dit d’être alors quand il faut être boiteux ON BOITE.
    quand il faut être soi disant nul en classe on tombe de 2 points.
    quand il faut être obèse...

    à la fin ya pas rien. ya un enfant violenté psychiquement, et ya des DOSSIERS sur LA MERE. parce que c’est la mère qui recoure derrière. c’est elle qui demandait l’analyse d’une boiterie. c’est elle qui fait du sport avec le gosse en surpoids, c’est elle qui fait faire les maths.

    c’est elle qui a la garde c’est elle qu’on voit partout c’est elle qui est en charge c’est la mère qui DOIT...gérer soigner éduquer nourrir trier les chaussettes...et c’est chez elle que ce qui n’existe PAS, ce qui est RIEN, devient quelque chose et se met à exister.

    ainsi il n’y avait aucune boiterie aucune déformation de hanche, rien, mais il y a maintenant quelque chose : une mère chez qui on a fait une vérification inutile de quelque chose qui n’existe pas la preuve on n’a rien trouvé. c’est donc elle qui est : folle/poule/mauvaise.

    ya RIEN, il fait naître quelque chose, DE FORCE, il fait attester son monde sur lequel il règne en maître incontesté, il FORCE l’enfant à se conformer à ce quelque chose, témoins à l’appui, tu boites on te dit...et c’est à MOI de résoudre le délire DONC je finis coupable.

    je n’ai pas le choix, pour défendre l’enfant, je DOIS démolir le délire, et pour faire ça ma parole ne suffira pas il me faut entrer dans le jeu et faire le poids face à papa et ses soi disant témoins, il me faut un avis professionnel extérieur incontestable.

    moi ça va, ça me fait chier je passe pour ci ça et pire encore, mais je suis une grande personne ça me dérange pas je ne dépends pas de l’opinion du radiologue du coin me concernant, jmen fous.
    en revanche, l’enfant, quand il est solo là bas...

    comprenez que ya 0 recours pour un gosse dans ce contexte. le papa tout puissant ne laissera PERSONNE ne contrarier, même pas un toubib, mon ex a déjà été capable de recourir abusivement aux urgences et de hurler 2h dans son tel sur ma gueule dans le box en présence du médecin.

    même un toubib il va le faire chier assez pour qu’il le valide. comme ça le gosse rentre avec un courrier pour un autre toubib. qui, lui, va pouvoir dire que non ya RIEN. bien sûr puisque là c’est chez moi avec moi, moi je braille pas 2h dans ton service.

    faut bien comprendre la mécanique, bien cerner le personnage et son jeu, et tu vas conclure comme moi : la meilleure chose à faire pour protéger le gosse, c’est ce qui se rapproche le plus de RIEN. rester le plus possible proche du néant, ne pas donner la moindre bille.

    si tu veux rendre service au petit, dis qu’il est PARFAIT. on sait qu’il l’est pas, personne ne l’est, et son père va bien sûr pouvoir contester et inventer un truc, mais il le fera TOUJOURS autant que ça soit PAS TA FAUTE pas TON IDEE ton initiative.

    si tu veux rendre service plus que ça et faire péter le système de papa tout puissant, c’est PAS à lui qu’il faudra parler. c’est à un flic, un juge, un psy, les trois, qu’il faudra dire tout ça et tu n’auras pas beaucoup de poids. en face ya le petit monde où monsieur règne.

    et ce qui arrivera, au meilleur des cas, si quelqu’un accepte d’entendre ta version, c’est qu’on mettra l’ENFANT au milieu du tribunal et on lui demandera de parler.
    la petite souris la plus dépourvue de défenses et de moyens de survie sera chargée de dire qui est le chat.

    la petite souris à qui on invente une réalité, qu’on force à être ce que le chat veut au moment où il le veut, l’enfant qui n’a jamais pu trouver un adulte pour contrarier son père, sera la boussole de la justice, persuadée de lui venir en aide et d’agir pour son bien.

    les enfants qui se sont retrouvés dans cette situation ont très rarement réussi à en tirer profit. la plupart du temps, la terreur des conséquences leur fait adopter la même stratégie qu’ils ont toujours eue : papa a raison, c’est un bon papa, j’aime mon papa.

    ça aboutit plus facilement à la perte de leur dernier soutien adulte, maman, qu’à autre chose. c’est pas leur faute, ils ne pouvaient rien répondre d’autre ces gosses. ils ne pouvaient pas parier aussi gros, au risque de tomber sur le même résultat mais en ayant contrarié papa.

    tu sais comment je le sais ? comme les autres femmes dans cette situation, je le sais parce que ça m’est arrivé aussi, à moi, de craindre les conséquences si fort que j’ai soutenu ce mec, publiquement, moi même. on l’a toutes fait.

    en tant qu’adultes on a vécu la position dans laquelle la justice prétend que nos enfants pourraient être sauvés. il y a dans chaque histoire de couple avec un violent un chapitre où on a été prise à partie, posée au milieu, où il a fallu se ranger du côté de notre agresseur.

    c’est exactement comme ça qu’il prend le pouvoir sur tout le monde. chaque personne autour de ce mec a été un jour dans cette position centrale où quelqu’un lui demandait d’attester, d’avouer, de dire oui c’est un connard il m’a escroqué ci ça fait subir ci ça...

    et chaque personne, à ce moment là, a eu PEUR de revivre en pire toutes les manifestations de pouvoir précédentes, chaque personne à ce moment précis a été emmenée dans ses souvenirs, brutalement, des souvenirs qu’on essaie d’oublier, de nier, chaque minute, pour pouvoir TENIR...

    et chaque personne à ce moment là, quand tous les yeux se braquaient sur elle, attendant que sortent ces souvenirs, tous, là, d’un bloc, vas y parle bordel de merde...a été tétanisée coincée dans sa mémoire assaillie de peur, a rangé la boite des souvenirs et soutenu l’agresseur.

    alors qu’on est adulte, hein. on n’a pas de problème à parler, théoriquement. on craint pas une engueulade. certains ont largement assez d’assise financière pour ne rien risquer, même. mais la violence accumulée de ce mec...le souvenir de ce dont il est capable pour MOINS QUE CA

    suffisent amplement à peser rapidement le pour et le contre et conclure que c’est vraiment pas le moment, pas le truc à faire, que ce sera juste pire, que si jamais les gens autour changent le fusil d’épaule on joue trop gros...
    alors imagine un gosse.

    et il le sait, l’autre salaud. il s’en sert. il tient ses appuis. il va t’en reparler, de ce jour où tu as été D ACCORD avec lui, de ce jour où tu as pris sa défense face à un employé, un prestataire, devant le directeur de l’école, dans une dispute avec un ami...

    c’est comme ça qu’il tient un par un, chacun par son fil, tout son entourage. et dans cet entourage à la fin chacun a une bonne raison d’en vouloir à l’autre. parce qu’il y a eu pour chacun ce moment là. la trahison. le présumé allié qui finalement n’est pas allé au bout.

    c’est comme ça qu’il ISOLE chacune de ses petites souris-jouets dans sa petite cage personnelle où elle se retrouve contrainte quasiment par elle même de satisfaire monsieur tout puissant. parce qu’elle l’a fait UNE FOIS. cela vaut allégeance à vie.

    chaque faiblesse, chaque opportunité de prendre en tenaille, de mettre en déséquilibre, d’abuser, chaque possibilité d’utiliser une situation random, il s’en sert. la caissière s’est trompée d’un euro il hurle fait un esclandre fait adhérer 4 personnes dont toi.

    elle était juste dans une mauvaise journée ça aurait pu se résoudre autrement il aurait pu s’asseoir sur son euro on s’en fout, ça ne se passe JAMAIS comme ça avec ces mecs là. il a vu qu’elle était dans une mauvaise journée, ça va lui servir, il va la pousser, l’utiliser.

    d’une erreur banale il fera un drame et d’une personne fatiguée il fera son agresseur, contraignant les témoins présents à le valider qu’on en finisse et qu’on puisse payer son yaourt nom de dieu. il s’en servira encore 10 ans plus tard.

    c’est comme ça pour tout et rien, sa vie est sa scène il écrit son théâtre, son psychodrame permanent, les autres sont ses marionnettes. c’est très fatiguant. tout le monde cède tôt ou tard. ça le sert. il s’en sert.
    les enfants là dedans...n’ont aucune chance de s’en tirer.

    il ne faut pas le nourrir, il ne faut pas tenter quoi que ce soit, tout sera aggravant, chaque personne soumise à son pouvoir ne peut que souffrir davantage, la seule solution c’est la fuite, quand on est enfant on n’en a pas le droit.

    les choses ne vont moins mal que si on obéit. si on se soumet. bonjour, sourire, oui monsieur, oui chéri, oui papa, compliments, déclarations d’amour, validations permanentes, rampage...et là il a des moments de calme (mais c’est JAMAIS permanent non, plus sinon tu vas oublier).

    tu MEURS psychiquement. tu te suicides toi même à l’intérieur. tu butes toi même par avance tout ce qui est toi et qui a une chance de déclencher une merde. sinon même payer un yaourt à carrouf peut devenir une merde géante.
    imagine vivre ça enfant.

    le jaf qui a tamponné mon « amiable » avec connard savait ça et voyant la tronche du planning de dvh que monsieur avait exigé m’a dit « attention. des gamins qui vivent ça j’en retrouve 15 ans plus tard dans l’autre bureau. ça finit en schizophrénie. »
    je sais merci.

  • Titiou sur Slate

    L’été dernier, j’avais la chance d’être en vacances au bord de la mer. Mes enfants, deux garçons, avaient sympathisé avec une fillette de 9 ans. Les trois passaient leurs journées à construire un village en cailloux. J’ai eu un coup de cœur pour cette fille. Elle me ramenait à ma propre enfance et je sentais que c’était lié à quelque chose de très précis mais impossible de mettre le doigt dessus.

    Jusqu’au jour où l’évidence m’a frappée : elle était la seule fille de la plage à ne pas porter de haut de maillot. Elle avait un bas de maillot, mais pas le haut, alors que l’intégralité des autres fillettes de la plage arboraient des mini-hauts de bikinis qui, en plus, comme elles n’avaient pas de seins, ne tenaient pas, et finissaient par partir dans tous les sens.

    Voilà pourquoi cette fille me rappelait mon enfance. Parce que, oui, du temps très lointain de ma jeunesse, les enfants ne mettaient pas de bikinis.

    Je me souviens pourtant avoir bavé d’envie devant les modèles de bikinis pour enfant qui existaient, d’en avoir montré un à ma mère et d’avoir reçu pour toute réponse un catégorique « jamais ». Et peut-être un « c’est vulgaire ». Pour ma mère, ces bikinis étaient le comble du mauvais goût. Ce qui était indécent, ce n’était pas d’être torse nu, c’était de mettre des choses sur la poitrine plate des filles. Mettre en scène des petites filles comme si elles étaient déjà des femmes la révulsait.

    Quand je regarde les plages de nos jours, il est clair que la logique s’est inversée. La position de ma mère est devenue minoritaire.

    Mais, après tout, si les filles veulent ces maillots, pourquoi pas ? Je me souviens très bien pourquoi je voulais ce bikini. Même pas parce qu’il me plaisait, je le voulais précisément pour faire comme les grandes, pour me prendre pour une femme avec ce que cela comportait de sexualisation. Et c’était le rôle de ma mère de me rappeler que j’étais en réalité une gamine.
    D’après mes recherches, je suis au regret de vous annoncer que le phénomène n’est pas prêt de se calmer. Chez toutes les grandes marques, j’ai trouvé des bikinis à partir de 3 ans.

    3 ANS.
    TROIS ANS.

    On en est à sexualiser des corps d’enfants encore quasiment bébés.
    J’en connais qui, à 3 ans, portaient encore des couches la nuit. Des couches et des bikinis, mais on vit où ? Après la femme-enfant (dont il y aurait déjà tellement à dire), voici la femme-bébé.

    Ceci existe en taille 3 ans :

    Ou ceci :

    Même les marques repères, qui me semblaient plutôt portées sur l’unisexe, comme Petit Bateau, sont tombées dedans.

    Bien sûr, il y a de plus en plus de cas de puberté précoce chez les filles. Mais d’abord, ça ne concerne pas les enfants de 3 ans. Ensuite, il existe également les maillots une-pièce qui font très bien l’affaire. Le maillot une-pièce est plutôt associé au sport, alors que le deux-pièces est clairement du côté du sexy.

    Ce n’est pas nouveau, cela fait plusieurs années qu’on alerte sur ce phénomène d’hypersexualisation des filles. Chantal Jouanno, sénatrice UMP, avait publié un rapport parlementaire sur le sujet en 2012. Elle s’appuyait sur plusieurs travaux nord-américains qui démontraient un lien entre mauvaise image de leur corps chez les filles et hypersexualisation. En se collant dès leur plus jeune âge à un modèle physique à atteindre, elles apprennent très tôt à se disputer avec leur corps, à ne pas l’aimer. (Parce que, oui, ne pas s’aimer, c’est aussi un apprentissage.)

    De mon côté, j’avais déjà évoqué le sujet de cette hypersexualisation le jour où j’avais découvert, horrifiée, qu’on avait mis des seins à Sophie du dessin animé Inspecteur Gadget. Plus récemment, Maïmouna Doucouré interrogeait ce phénomène dans son film Mignonnes. Il y a quelque chose de paradoxal. Ce phénomène était marginal il y a quarante ans. Il se développe en force depuis quelques années. Et dans le même temps, on ne cesse de parler d’égalité filles/garçons, de « male gaze » (et la sexualisation des gamines rentre dans ce champ), d’éducation des filles. Il faut en conclure qu’en la matière, on est sur un échec.
    Et vous allez voir qu’ils vont tellement réussir à nous habituer à ces bikinis que, bientôt, on va être gêné de voir une fille de 5 ans torse nu.

    Mais que signifient ces maillots ? On apprend aux filles à masquer ce qu’elles n’ont pas encore, on leur inculque la pudeur, on les dresse au désir de l’autre. Et que ce soit elles qui réclament ne change rien à l’affaire. (En ayant réclamé moi-même, je suis bien placée pour le savoir.) Elles ne font que répondre à une pression sociale en intégrant le rôle qu’on attend d’elles. Être de petites femmes. Le dressage commence très tôt. Le fait qu’elles nous demandent ce genre de maillot devrait nous interroger sur les modèles féminins que nous leur présentons. Et la deuxième étape, bien sûr, c’est d’en discuter avec elles. Les faire réfléchir sur ce que représentent les bikinis qui miment des seins sur des petites filles.

    De manière générale, c’est symptomatique d’un effacement de la différence entre fille et femme. On est dans une seule catégorie, des femmes de divers âges. Effacement qu’on peut penser dans les deux sens. Les petites filles sont incitées à s’habiller comme des femmes, et les femmes sont incitées à s’épiler pour retrouver un corps prépubère. Parce que, pour rappel, les poils sont un signe de puberté. Un sexe féminin sans poil rappelle donc inévitablement un sexe prépubère, donc un sexe de fillette. La boucle est bouclée. Peu importe son âge, on n’échappe pas à sa condition de corps sexué féminin.

    Et, pendant ce temps, les garçons jouent tranquillement. Tant mieux pour eux, évidemment. Mais pourquoi des filles de 5 ans devraient chercher à plaire physiquement, à jouer à la femme, alors qu’on laisse les garçons du même âge être des enfants qui font des châteaux de sable ?

    #sexisme #discrimination #sexualisation #enfance

  • L’Irlande catholique, un pays en transition
    https://laviedesidees.fr/L-Irlande-catholique-un-pays-en-transition.html

    Depuis les années 1990 et une série de scandales qui ont entaché l’Église catholique, la société irlandaise semble avoir amorcé un virage libéral, adoptant le mariage homosexuel et la légalisation de l’avortement. Entre traditions et transitions socio-économiques, l’Irlande s’est-elle sécularisée ?

    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20210625_irlande.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20210625_irlande.pdf

  • #SalePute

    Loin d’être un phénomène isolé, le #cyberharcèlement touche en majorité les #femmes. Une enquête édifiante sur ce déferlement de #haine virtuelle, aux conséquences bien réelles. Avec le #témoignage d’une dizaine de femmes, de tous profils et de tous pays, et de spécialistes de la question, qui en décryptent les dimensions sociologiques, juridiques et sociétales.

    Les femmes sont vingt-sept fois plus susceptibles que les hommes d’être harcelées via #Internet et les #réseaux_sociaux. Ce constat, dressé par l’European Women’s Lobby en 2017, prouve que les #cyberviolences envers les femmes ne sont pas une addition d’actes isolés, mais un fléau systémique. Plusieurs études sociologiques ont montré qu’il était, en majorité, le fait d’hommes, qui, contrairement aux idées reçues, appartiendraient à des milieux plutôt socio-économiques plutôt favorisés. Se sentant protégés par le caractère virtuel de leurs actions, les auteurs de ces violences s’organisent et mènent parfois des « #raids_numériques », ou #harcèlement_en_meute, aux conséquences, à la fois personnelles et professionnelles, terribles pour les victimes. Celles-ci, lorsqu’elles portent plainte, n’obtiennent que rarement #justice puisqu’elles font face à une administration peu formée sur le sujet, à une législation inadaptée et à une jurisprudence quasi inexistante. Les plates-formes numériques, quant à elles, sont encore très peu régulées et luttent insuffisamment contre le harcèlement. Pour Anna-Lena von Hodenberg, directrice d’une association allemande d’aide aux victimes de cyberharcèlement, le phénomène est une menace directe à la #démocratie : « Si nous continuons de tolérer que beaucoup de voix se fassent écarter de cet #espace_public [Internet, NDLR] et disparaissent, alors nous n’aurons plus de #débat_démocratique, il ne restera plus que les gens qui crient le plus fort ».

    Acharnement haineux
    #Florence_Hainaut et #Myriam_Leroy, deux journalistes belges cyberharcelées, recueillent les témoignages d’une dizaine de femmes, de tous profils et de tous pays, (dont la chroniqueuse de 28 minutes #Nadia_Daam, l’humoriste #Florence_Mendez ou encore l’auteure #Pauline_Harmange), elles aussi insultées et menacées sur le Net. En partant des messages malveillants reçus par ces dernières, le duo de réalisatrices enquête sur la prolifération de la haine en ligne auprès de différents spécialistes de la question, qui décryptent les aspects sociologiques, juridiques ou encore sociétaux du cyberharcèlement.

    https://www.arte.tv/fr/videos/098404-000-A/salepute

    –-> déjà signalé sur seenthis (https://seenthis.net/messages/919957 et https://seenthis.net/messages/920100), mais je voulais y ajouter des mots-clé et citations...

    #Renaud_Maes, sociologue (à partir de la min 16’30)

    « Généralement c’est plutôt des hommes qui agressent sur internet et c’est plutôt des gens qui viennent de milieux socio-économiques plus favorisés (...), des gens qui viennent de la classe moyenne, voire de la classe moyenne supérieure. Cela permet de révéler quelque chose qu’on croit relativement absent : il existe une violence structurelle dans nos société, il existe une domination structurelle et on s’en est pas débarrassés. Clairement, encore aujourd’hui, c’est pas facile d’être un homosexuel, c’est pas facile d’être une femme, c’est pas facile d’être une personne racisée, c’est encore moins facile si on commence à avoir plusieurs attributs au même temps. C’est quelque chose qui parfait ne transparaît pas dans le monde social, parce qu’on a plus de self-control. Avec internet on voit bien que le problème est bien là et que dès qu’on a eu l’occasion d’enlever un peu de #contrôle_social, d’avoir, ne fut-ce que l’illusion, car ce n’est pas forcément vrai, moins de conséquences immédiatement les choses sont mises à nu. Et on voit qu’il y a de la violence, il y a du #rejet des personnes homosexuelles, il y a de la misogynie, il y a du racisme. »

    #Ketsia_Mutombo, co-fondatrice du collectif « Féministes contre le harcèlement » (à partir de la min 22’30) :

    « On est encore dans des sociétés où la parole publique ou l’espace public n’est pas fait pour les femmes, n’est pas fait pour les groupes minorés. On est pensé comme des personnes qui doivent rester dans l’espace domestique, s’acquitter du travail domestique, familial, relationnel, mais ne pas prendre la place. »

    #Laurence_Rosier, linguiste (à partir de la min 22’45) :

    "Les femmes qui s’expriment, elles s’expriment dans la place publique. (...) Et à partir du moment où ’elles l’ouvrent’, elles se mettent en #danger parce qu’elles vont en général tenir une parole qui n’est pas la parole nécessairement attendue. C’est quoi une parole attendue depuis des lustres ? C’est que la femme au départ elle doit respecter les #convenances, donc elle doit être polie, c’est elle qui fait l’éducation à la politesse des enfants, elle doit être mesurée, en retenue, pas violente. Et dès qu’elle adopte un ton qui n’est pas celui-là, qui est véhément, qui est agressif, qui est trivial, sexuel... et bien, on va lui faire sentir que justement elle sort des codes établis et elle va être punie

    #Lauren_Bastide (à partir de la minute 22’18) :

    « Je trouve que le cyberhacèlement a beaucoup de résonance avec le #viol et la #culture_du_viol, qu’il y a ce continuum de la simple interpellation dans la rue au viol. Pour moi c’est pareil, il y a le petit mot écrit, le petit commentaire un peu haineux sous ta photo et puis le raid qui fout ta vie par terre. Il y a cette espèce de #tolérance de la société pour ça... ’c’est le tarif en fait... il ne fallait pas sortir la nuit, il ne fallait pas te mettre en jupe’. ’Bhein, oui, c’est le tarif, t’avais qu’à pas avoir d’opinion politique, t’avais qu’à pas avoir un métier visible. Les conséquences qu’il peut y avoir c’est que les femmes sont moins prêtes à parler, c’est plus difficile pour elles. Prendre la parole dans l’espace public quand on est une femme c’est l’#enfer. Il faut vraiment être très blindée, très sure de soi pour avoir la force d’y aller. Surtout quand on va exprimer une opinion politique »

    #Anna-Lena_von_Hodenberg, Hate aid (à partir de la minute 33’48) :

    « Nous devons réaliser qu’internet c’est l’espace public au même titre que la vie physique. »

    #Emma_Jane, autrice du livre Misogyny Online (à partir de la minute 35’30), en se référant au fait que le sujet n’est pas vraiment traité sérieusement...

    "La plupart des politiciens sont de vieux hommes blancs, ils ne reçoivent pas d’insulte raciste, ils ne reçoivent pas d’insultes sexistes, ils n’ont pas grandi avec internet.

    #Renate_Künast, députée écologiste allemande (à partir de la minute 39’20) :

    « Ce qui est choquant ce n’est pas seulement la haine dont j’ai été la cible, mais le fait que beaucoup de femmes sont visées par ce type de violence sexualisée. (...) On se sent personnellement visé, mais il s’agit d’un problème systémique, c’est caractéristique de l’extrême droite qui ne supporte pas que les femmes soient autre chose que des femmes au foyer et qu’elles jouent un rôle actif dans la société. (...) Il ne s’agissait pas d’une phrase, mais de milliers de messages qui ne disparaîtraient jamais. Pour toutes ces raisons j’ai porté plainte. Et j’ai été stupéfaite quand la réponse, se basant selon moi sur une mauvaise interprétation de la jurisprudence a été qu’en tant que femme politique je devais accepter ce genre de messages. (...) ’Détritus de chatte’, pour les juges en Allemagne, c’était de la liberté d’expression’. »

    #Laurence_Rosier (à partir de la minute 41’35) :

    « La liberté d’expression est invoquée aujourd’hui, pas dans tous les cas, mais dans beaucoup de cas, pour justifier des discours de haine. Et les discours de haine c’est pas soudain que la haine sort, c’est parce que ça a été permis et favorisé par ’oh, une petite blague sexiste, une petite tape sur l’épaule, un petit mot d’abord gentil’ et que progressivement on libère le niveau du caniveau. »

    #Florence_Mendez, humoriste (à partir de la minute 43’01) :

    « Le sexisme que même pour moi était acceptable avant, parce qu’on a toutes nagé dans cette mer en ce disant ’ça va, l’eau n’est pas si salée, je peux en boire encore un peu !’... On a toutes laissé passé ça. Et maintenant il y a des choses qui sont juste insupportables. (...) Je ne laisse plus rien passer du tout, rien passer du tout dans ma vie de tous les jours. »

    #Renate_Künast, députée écologiste allemande (à partir de la minute 43’25) :

    « ça me rappelle ce slogan des mouvements féministes des années 1970 : ’Le pouvoir des hommes est la patience des femmes’. Il faut juste qu’on arrête d’être patientes. »

    Anna-Lena von Hodenberg (à partir de la minute 47’32) :

    « Si on laisse courir les choses, sans régulation, sans poursuites judiciaires, si en tant que société on continue à rester des témoins passifs, alors ça aura des conséquences massives sur nos démocraties. Nous voyons déjà maintenant aux Etats-Unis : la polarisation. Nous l’avons vu en Grande-Bretagne pendant le Brexit. Et ça, c’est juste un avant-goût. Le net est l’espace public le plus important que nous avons, si nous continuons de tolérer que beaucoup de voix se font écarter de cet espace public, qu’elles disparaissent, alors nous n’avons plus de débat démocratique, alors il ne restera plus que les gens qui crient le plus fort et par conséquent, dans le débat public, régnera la loi du plus fort. Et ça, dans nos cultures démocratiques, nous ne pouvons pas l’accepter. »

    Voix off (à partir de la minute 52’40) :

    « ’Fermer sa gueule’, c’est déserter les réseaux, c’est changer de métier, adopter un ton très polissé, c’est refuser des opportunités quand elles sont trop exposées. Et serrer les dents quand on est attaqué, ne surtout pas donner l’impression de se plaindre. »

    #Florence_Mendez (à partir de la minute 53’40) :

    «C’est la fin de la tranquillité.»

    #fait_de_société #cyber-harcèlement #menaces #santé_mentale #violence_structurelle #domination_structurelle #misogynie #racisme #sexisme #intersectionnalité #insulte #espace_numérique #punition #code_établi #plainte #impunité #extrême_droite #fachosphère #liberté_d'expression #polarisation #démocratie #invisibilisation #silenciation #principe_de_la_nasse #nasse
    #documentaire #film_documentaire

    ping @isskein @_kg_ @karine4 @cede

  • En Israël, le divorce reste une affaire d’hommes Aline Jaccottet
    https://www.letemps.ch/societe/israel-divorce-reste-une-affaire-dhommes

    Des milliers d’Israéliennes sont empêchées de divorcer, la loi juive prévoyant que seul l’homme peut décider de la fin de l’union conjugale. Galvanisées par le mouvement #MeToo et soutenues par des rabbins ingénieux, les femmes se battent pour leur liberté
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    Un tableau qui serait banal sans le combat extraordinaire qu’elle a dû mener pour obtenir sa liberté. « Trois ans de bataille pour le quitter », souffle-t-elle avec un sourire las. Mariée à 19 ans, la jeune femme découvre un époux « absent, maltraitant. La situation n’a fait qu’empirer avec le temps. J’ai fini par comprendre qu’il fallait que je parte pour sauver ma peau ». Mais après avoir accepté d’ouvrir un dossier de divorce, son ex-mari se volatilise en France puis refuse tout contact pendant des mois.


    Une situation qui bloque tout car, en Israël, seul l’homme peut décider de la fin de l’union conjugale. Selon le judaïsme traditionnel, une femme qui se sépare de son époux sans obtenir de lui le gett, l’acte de divorce, ne peut se remarier. Les enfants qu’elle aurait ultérieurement seraient considérés comme des mamzerim, des bâtards. Un statut qui a de graves conséquences, dont l’interdiction de se marier avec quelqu’un qui ne partagerait pas ce triste destin. Rien de tout cela pour l’homme dont la femme aurait refusé le divorce, le judaïsme ayant autorisé la polygamie pendant des centaines d’années. Ainsi, en Israël, une femme juive sur cinq qui cherche à divorcer se voit retenue dans le mariage contre son gré pendant parfois des années, selon les chiffres communiqués par l’association Mavoi Satum qui les défend. Tout cela ne concerne que le judaïsme traditionnel, qui fonde sa pratique religieuse sur l’observance du Choulhan Aroukh (« Table dressée » en hébreu), Code de loi juive compilé au XVIe siècle. Ce texte fondamental édicte des lois en rapport avec la vie quotidienne, la vie religieuse, la vie conjugale et le droit civil. Les courants juifs réformés (libéraux, conservateurs), majoritaires en dehors d’Israël, ont, quant à eux, révisé les sections discriminatoires de cet ouvrage au XIXe siècle.
    Etat laïque et religieux
    En 1948, c’est le judaïsme orthodoxe et non réformé qui a été ancré au cœur des fondements de l’Etat d’Israël. Pour apaiser la colère des ultrareligieux furieux à l’idée qu’un gauchiste en short crée l’Etat d’Israël à la place du Messie tant attendu, David Ben Gourion, fondateur et premier ministre du pays en construction, passe un accord avec eux leur abandonnant notamment toute la gestion de l’état civil. C’est ainsi que « depuis 1953, les naissances, mariages, conversions ou funérailles sont réglementés par la communauté à laquelle appartient un individu : la charia pour les musulmans, les lois cléricales pour les chrétiens et la halakha pour les juifs », explique Shuki Friedman, directeur du centre Religion, nation et Etat à l’Institut pour la démocratie en Israël.

    Deux types de lois, civile et religieuse, coexistent ainsi en Israël, le droit civil s’occupant grosso modo de tout à part de l’état civil. Et si la Cour suprême israélienne, connue pour son progressisme, a contribué, au fil des années, à faire évoluer l’interprétation de la loi juive par les rabbins en influençant leurs décisions de diverses manières, le divorce résiste encore et toujours aux modernisateurs. « La Haute Cour de justice intervient sur les problèmes découlant de la séparation tels que le soin aux enfants ou le partage des biens, jamais sur l’acte de séparation lui-même », précise Shuki Friedman.

    Si le mariage et le divorce demeurent les prérogatives intouchables des orthodoxes, c’est parce que ces changements d’état civil définissent aussi si les enfants nés de ces unions sont juifs ou non. Peu de chances que la situation évolue, les très religieux ayant pris une place considérable dans la société et la politique israéliennes suite à leur expansion démographique hors normes – de quelques centaines en 1948, ils sont aujourd’hui plus d’un million.

    Loi éternelle
    Ce n’est pas pour déplaire à Raphaël Sadin. « La loi juive n’a pas à être adaptée car sa valeur est éternelle. Lorsque la pratique évolue, ce n’est que pour faire en sorte que la loi continue d’être respectée », tranche le rabbin dans son salon rempli de livres du sol au plafond. Talmudiste reconnu, ce Franco-Israélien à la tête d’un institut d’études religieuses pour hommes à Jérusalem a deux passions : la Bible et les mots. Parlez-lui de mariage, il devient lyrique. « Les noces chez nous, ce n’est pas un contrat : c’est la rencontre de deux âmes faites de toute éternité pour être ensemble ! » s’exclame-t-il de sa voix de stentor en se passant la main dans sa barbe grise soigneusement taillée. Il y a pourtant une place pour l’erreur humaine dans ce qui est écrit aux Cieux. « Les pierres du Temple de Jérusalem elles-mêmes versent des larmes lorsqu’un homme et une femme divorcent, mais la loi juive conçoit que cela puisse arriver », dit-il. Un libéralisme apparent qui contraste avec sa description de l’amour. « Le judaïsme traditionnel conçoit le rapport amoureux comme une possession dans laquelle il y a, oui, une certaine violence : métaphysique, spirituelle, politique même. La femme se donne et l’homme s’engage. Et c’est lui qui, au moment du divorce, coupe le lien en lui disant : ce que tu m’as donné, je te le rends. » Une inégalité que Raphaël Sadin assume parfaitement. « Quoi que puisse dire la société occidentale, le féminin et le masculin sont ontologiquement différents. »

    Ces paroles pourraient faire craindre que la voix des femmes ne soit jamais entendue dans les tribunaux, mais c’est le contraire qui se produit selon lui. « Le tribunal tranche toujours en faveur de l’épouse. Il n’oblige jamais une femme à rester avec un homme dont elle ne veut plus car, s’il la retient, il commet un des péchés les plus graves de la Torah », tonne Raphaël Sadin. Rivka Perez raconte d’ailleurs que son expérience a été positive. « J’avais peur de la réaction des rabbins mais ils ont été bienveillants et ont fini par donner à mon ex le statut de « mari récalcitrant », « ce qui signifie que des mesures sévères pouvaient être prononcées contre lui ». Ils ont ensuite déployé l’artillerie lourde vis-à-vis de cet homme qui refuse obstinément de la laisser partir : « Les rabbins ont lancé à son encontre une mesure d’exclusion de la communauté juive. C’est une des sanctions les plus dures qui puissent être prononcées. Aucun juif n’avait plus le droit de lui parler, il était exclu des synagogues… » Effrayé par les conséquences de cette décision juridique que Rivka diffuse à toutes les communautés juives de France, son ex signe les papiers du divorce en quelques jours à peine.

    L’ingéniosité de la loi juive ne cesse d’émerveiller Katy Bisraor Ayache. Sous son fichu, cette petite femme constamment affairée est avocate rabbinique. Un métier qui n’existe que depuis une trentaine d’années. « J’ai fait des études très poussées en religion pour aider des femmes à se défendre devant les tribunaux rabbiniques », explique cette Française d’origine dont la rencontre sur un parking de la ville balnéaire de Netanya tient du miracle, tant son agenda est plein. On fait appel à elle dans tout le pays car ses compétences sont rares et respectées. « Quand les juges me voient arriver, il y a comme un wouahou dans la salle. Ils savent que je suis une coriace », rigole celle qui a aidé Rivka à quitter son mari.

    L’art de la menace
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    #Égalité #divorce #femmes #sexisme #famille #domination_masculine #masculinisme #mariage #religion #israel #violence #patriarcat #politique #couple

    • Un oui soviétique à l’égalité salariale dans le Jura Vincent Bourquin
      
      https://www.letemps.ch/suisse/un-oui-sovietique-legalite-salariale-jura

      Plus de 88% des Jurassiennes et des Jurassiens ont dit oui à l’initiative « Egalité salariale : concrétisons ! » Des mesures concrètes seront soumises prochainement au parlement.


      Score triomphal dans le Jura. L’initiative populaire « Egalité salariale : concrétisons ! » a été acceptée par plus de 88,3% des votants. Le gouvernement et tous les partis politiques, y compris l’UDC, soutenaient ce texte lancé il y a quatre ans par le syndicat Unia Transjurane.

      Les Jurassiennes et les Jurassiens sont donc quasiment unanimes pour demander que des mesures concrètes soient prises afin de mettre fin aux inégalités salariales entre hommes et femmes. Des inégalités particulièrement criantes dans le dernier-né des cantons : en 2017, l’écart y était de 23%, ce qui en faisait le plus mauvais élève du pays.
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    • Suisse : Où en est le mouvement de la grève féministe, qui bat le pavé ce lundi ?

      https://www.letemps.ch/societe/mouvement-greve-feministe-bat-pave-lundi

      Après la mobilisation historique de 2019, la claque des statistiques pendant la pandémie, et l’annonce mercredi dernier du relèvement à 65 ans de l’âge de la retraite des femmes... « Le Temps » a sondé les espoirs et déceptions du mouvement à travers la voix d’une de ses représentantes, Tamara Knezevic.


      Sonnez haut-parleurs, résonnez casseroles : la grève féministe https://www.14juin.ch a lieu ce lundi 14 juin – galvanisée par l’annonce, mercredi dernier, du relèvement à 65 ans de l’âge de la retraite des femmes. Le projet d’harmonisation entre travailleurs et travailleuses, rejeté à plusieurs reprises dans les urnes et adopté par le parlement ce printemps, devrait figurer en bonne place sur les pancartes brandies dans les cortèges. Le Temps a sondé les espoirs et déceptions du mouvement à travers la voix d’une de ses représentantes, Tamara Knezevic.
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    • #Suisse : Grève féministe ce Lundi 14 Juin 2021
      https://www.14juin.ch

      Deux ans après la légendaire Grève des femmes* de 2019, la situation en matière d’égalité des sexes reste insatisfaisante : sans le travail rémunéré, mal rémunéré et non rémunéré des femmes, la société ne pourrait pas fonctionner, encore moins avec l’actuelle pandémie du COVID-19. Et pourtant, les conditions de travail et les salaires des professions dites « d’importance systémique » dans lesquelles travaille une majorité de femmes, sont toujours mauvais. Les employeurs et employeuses, comme le discours politique dominant, ne veulent pas que cela change. Et le Conseil fédéral nous présente sa stratégie « Égalité 2030 », qui ne va pas améliorer la lamentable situation dans laquelle nous nous trouvons, mais prévoit le relèvement de l’âge de la retraite des femmes. À cela, nous disons : pas question !


      Les femmes souffrent de graves lacunes de revenu parce que ce sont elles qui assument la responsabilité en ce qui concerne les enfants et les proches dépendant de soins. Le risque, pour elles, de basculer dans la pauvreté une fois à la retraite est en conséquence élevé, car leurs rentes ne permettent guère de vivre. Cependant, au lieu d’améliorer ces rentes, le Conseil fédéral et le Conseil des États veulent, avec le projet AVS 21, augmenter l’âge de la retraite des femmes. Pour toutes les femmes, un affront !

      Les places dans les crèches et les écoles à horaire continu, qui devraient alléger la charge des femmes, sont clairement sous-financées ; cela, au détriment des familles, qui doivent payer des contributions records, du personnel, qui manque de temps pour faire son travail, ainsi que de la qualité qui pâtit d’une logique prônant les économies. Or, cette tâche, qui relève de l’ensemble de la société, devrait reposer sur un financement solidaire assuré par les collectivités publiques !

      Et finalement, la différence de salaire entre les hommes et les femmes s’est même creusée entre 2014 et 2018, au lieu de diminuer, surtout parce que les discriminations salariales se sont accentuées. Cela, bien que les femmes aient dépassé depuis longtemps les hommes en matière de formation, parce que la valeur des femmes et de leur travail reste moins reconnue ! 

      La Commission des femmes de l’USS demande pas conséquent instamment, deux années après la Grève des femmes
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  • “Rare Photographs Reveal British Soldiers Manning Anti-Aircraft Guns in Full Drag in World War II” "This set of photographs, taken by John Topham while working in RAF intelligence, was censored by the British Ministry of Information when they were taken during the Second World War. The images were captured during a visit to the base of the Royal Artillery Coastal Defence Battery at Shornemead Fort, near Gravesend, in Kent."

    https://www.vintag.es/2020/01/soldiers-in-drag.html

    #fashion #clothing #world_war_II #transvestite

    • Pourquoi est-ce que c’est progressiste ou sympathique d’exhibé des dominant·es qui se déguisent en dominé·es ? Pour les #blackface il n’y a plus grand monde pour trouvé cela amusant de voire des blancs se fendre la poire à tourné en ridicule des noirs. Pourquoi c’est si bien vu que des soldats se déguisent en danseuse de revue ? Les soldats s’appellent aussi parfois entre eux « les filles », faut il y voire une remise en cause des normes de genre ?

      #misogynie #sexisme #racisme #drag

      Ici un article qui essaye de répondre à cette comparaison sans que je trouve les réponses convaincantes
      https://contreculturemagazine.wordpress.com/2018/02/16/les-drag-queens-sont-elles-sexistes

      L’argument : Les drag queens seraient des voleuses. Du voguing jusqu’à une supposée culture féminine noire ces dernières s’approprieraient des cultures qui ne leur appartiennent pas. Cet argument considère en effet qu’avant d’être des performeuses qui questionnent leur genre les drag queens sont des hommes majoritairement blancs et cisgenres. L’Union des étudiants anglais a ainsi fait passer une règle interdisant aux hommes gays blancs de s’approprier les « manières, tics de langage et les phrases souvent attribuées aux femmes noires« . Jouissant de ce double privilège d’être à la fois hommes et blancs ils ne pourraient donc pas se revendiquer, ou s’inspirer, d’une culture dont ils sont exclus par leur position de domination.

      La critique : Les cultures sont issues d’hybridations, d’échanges, et il peut vite s’avérer dangereux d’assigner une population à une culture supposée. Le principe même d’appropriation nie la possibilité pour quiconque d’élargir ses horizons culturels. Le débat est ici différent de celui qui entoure le blackface. Non, les drag queens ne font pas de girlface. Il y a ici, derrière les performances, de réels questionnements sur l’identité de genre, sa fluidité, et la manière dont elle s’articule avec une fibre artistique. Ce qui n’est pas le cas pour les auteurs du blackface. Lorsque certains prêtent des caractéristiques outrancières aux personnes noires, les drag queens, elles, se jouent de la normativité du genre et non pas des femmes.

      ...
      Je pense qu’une personne déguisée avec une blackface pourra soutenir aussi qu’elle se joue de la normativité raciale et non pas des noirs. Elle ajouterait qu’elle a un ami noir aussi probablement mais ca rendrait pas son argument recevable. Si une femme blanche se maquillait en Josephine Baker pour se produire en spectacle burlesque, est ce qu’elle ferait du dragqueen subversif ou du blackface raciste ? Cette femme pourrait dire qu’elle rend hommage à Josephine Baker et que c’est une performance des stéréotypes culturels de genre et de race. Ca resterait problématique à mon avis vu que cette femme blanche porterait une blackface quand même. Pour le blackface les mentalitées ont évoluées et il est difficile de donner un contexte qui ne soit pas jugé immédiatement raciste pour ce maquillage aujourd’hui. On a compris que ce type de performance n’était pas capable de renversé les stéréotype, au contraire ca les valide.

      Le travestissement des dominants en dominés est une vieille tradition raciste et sexiste qui remonte à l’antiquité. En Grèce les femmes n’avaient pas le droit de faire de théatre et j’imagine qu’il y avait des blackface et de whitwashing aussi. Il n’y avait rien de progressiste à ce que des hommes se déguisent en femmes pour le divertissement. Par contre il y a des critiques pour dire que les danseurs d’opéra japonais sont plus féminins que les femmes, et là aussi il n’y a rien de progressiste à dire que même en féminité les femmes sont inférieurs aux hommes.

      Marcel Duchamps s’est travesti pour démontré que les femmes sont privilégiées par leur sexe dans le milieu littéraire. C’est de la performance de genre aussi, mais c’est parfaitement misogyne.

      Le cadre d’un spectacle de cabaret, sexualisé et comique qui est celui du drag, autant que l’était le blackface, n’est pas un milieu étranger à la misogynie et au racisme non plus. J’aurais plutot tendance à dire l’inverse vu qu’il est propice à la prostitution et dévoué entièrement au bon plaisir des gros bourgeois et des grands hommes qui viennent dépensé leur argent loin de leurs épouses.
      Je ne sais pas quelles femmes ni quelles filles, les drag queen ont libérés grâce à leurs performance de la « vrai féminité » ou de « féminité ultime » à base de 50 kg de cosmétiques montées sur 30 cm de talons aiguilles mais cela m’étonnerait qu’il y en ait tant que ca.

      Je trouve aussi assez culotté le fait de dénié aux femmes noir américaines l’invention de voging, ou de faire comme si OSEF de l’origine d’un truc si ca fait plaisir à des Trans. Je ne savais pas que le voging venait des femmes noires, et le fait que les drag queen soient en majorité des hommes blancs cis hétéros (ce que dit cet article mais moi j’en sais rien) ne peu pas être balayé aussi facilement d’un revers de main.

      En bref, si on peut aisément comprendre les questionnements qui habitent certains courants féministes, si on peut s’émouvoir de la sensibilité de certains et certaines transgenres, il nous faut éviter de nous aventurer trop loin du sens commun. En effet, il semblerait impensable pour une grande majorité de personnes que des hommes en talons pourraient nuire d’une manière ou d’une autre à la cause féminine . C’est bien du genre, et non des femmes, dont les drag queens se jouent.

      Alors oui, des hommes, en talon ou pas peuvent nuire d’une manière ou d’une autre à la cause des femmes... Et
      si l’intention première était de « pérformer les stérotypes de genre pour renverser les dominations » il devrait y avoir beaucoup plus de dragkings et les dragqueen seraient plutot rares.

      Une performance de genre ca peu aussi renforcer les stéréotypes, la performance en soi ca dit rien sur le message et je croi pas qu’un cabaret, destiné à un publique essentiellement masculin, bourgeois et blanc consommateur de prostitution et proche des mafias diverses qui est le contexte du spectacle des dragqueen, soit vraiment profondément intéressé par le bien être des femmes. Et je croi pas que ce milieu le reconnaitrait.

      Comment est ce que des performances destinées à un tel public pourrait avoir un intérêt à faire un spectacle qui ne les ferait pas rire ? Ils sont là pour se moquer de leurs bourgeoises restées à la maison, des femmes trop quelque chose qui leurs sont inaccessibles, des prostitué·es qu’ils vont s’offrir et des femmes toujours trop hystérique, trop maquillées, trop superficielles, trop vénales, trop puissantes, trop cruelles, trop effrayantes, trop monstrueuses dont le drag queen est l’image parfaite.

      Des hommes qui se préforment en femmes pour se divertir, c’est aussi vieux que des blancs qui se préforment en noir·es pour se divertir. Aucun des deux n’est une remise en cause des stéréotypes racistes ou sexistes. La plus part des gens n’acceptent plus de s’amuser des blackfaces quelque soit l’intention des artistes derrière le costume. Je pense que l’idée que les noirs sont là pour servir au plaisir des blancs n’est plus aussi ouvertement assumé, même si le chemin poir l’égalité est toujours à faire dans les mentalités. Il serait temps que la plus part des gens n’acceptent plus de s’amuser des girlfaces. Je sais que l’idée que les femmes sont la pour servir au plaisir des hommes est encore profondément dans les mentalités, mais j’espère qu’on arrivera à comprendre le problème. Je dit pas que le drag n’est plus possible, mais il serait temps que ces performeureuses si talentueuseux et si avide de changer les normes de genre nous offre le spectacles hilarant des caricatures de la masculinités qui sont encore presque universellement inédites, des drag de ces masculinités trop viriles, trop tyranniques, trop stupide, trop prétentieuses, trop cupides, trop égoïstes, trop polluantes, trop ridicules, trop envahissantes, trop agressive, trop visible, trop confiante ...

      #appropriation_culturelle #girlface

    • https://www.telerama.fr/sortir/a-paris,-les-drag-queens-repolitisent-les-fetes-lgbt,n6613111.php

      Créé à l’initiative des trois drag Minima Gesté, Poulette Zhava-Kiki et Clémence Trü, le collectif est officiellement lancé en janvier 2020. Pagaille dévoile son manifeste, qui dénonce des soirées « LGBT+ » pensées uniquement pour un public d’hommes blancs et aisés ; où la misogynie, la transphobie et la putophobie sont monnaie courant . Des discriminations qui persistent, malgré un renouvellement de façade où les étiquettes « trans-pédé-gouines » et « queer », issues du militantisme, s’affichent de plus en plus fièrement. « La fête est un moment où l’on s’échappe de ses oppressions quotidiennes. Évitons d’y reproduire celles que subissent les femmes, les personnes racisées, trans, neuro-atypiques... », souligne Clémence Trü.

  • Sexism, racism, prejudice, and bias: a literature review and synthesis of research surrounding student evaluations of courses and teaching

    This paper analyses the current research regarding student evaluations of courses and teaching. The article argues that student evaluations are influenced by racist, sexist and homophobic prejudices, and are biased against discipline and subject area. This paper’s findings are relevant to policymakers and academics as student evaluations are undertaken in over 16,000 higher education institutions at the end of each teaching period. The article’s purpose is to demonstrate to the higher education sector that the data informing student surveys is flawed and prejudiced against those being assessed. Evaluations have been shown to be heavily influenced by student demographics, the teaching academic’s culture and identity, and other aspects not associated with course quality or teaching effectiveness. Evaluations also include increasingly abusive comments which are mostly directed towards women and those from marginalised groups, and subsequently make student surveys a growing cause of stress and anxiety for these academics. Yet, student evaluations are used as a measure of performance and play a role in hiring, firing and promotional decisions. Student evaluations are openly prejudiced against the sector’s most underrepresented academics and they contribute to further marginalising the same groups universities declare to protect, value and are aiming to increase in their workforces.

    https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/02602938.2021.1888075?scroll=top&needAccess=true&journalCode=caeh20

    #sexisme #racisme #préjugés #évaluation #enseignement_supérieur #évaluation_des_étudiants #évaluation_des_cours #enseignement_universitaire #université #femmes #femmes_enseignantes #stress #anxiété #performance #marginalisation #évaluation_d'étudiants

    ping @_kg_

  • ’My Husband Says My Vagina is Too Loose Since Chemo’ - Ask Polly
    https://askpolly.substack.com/p/my-husband-says-my-vagina-is-too


    Lisez tout…

    Dear Polly,

    I am four years post breast cancer treatment, bilateral mastectomy, reconstruction, chemo, radiation, and now hormone therapy. I was 51 when I was diagnosed and am now 55. I haven’t had sex with my husband in two years. We finally had “the discussion” and he tells me that my vagina is too loose since the chemo.

    Now, when we did have intercourse two years ago, it was painful so I did relax my vagina and we used a lot of lubrication. I know he didn’t find it “good” like previously, but neither did I.

    I am hoping to see a gynecologist about this. I don’t want to use estrogen cream as my breast cancer was hormone positive. I have tried multiple moisturizers with little effect. I kind of feel he is being a real jerk but I am glad he was “honest” with me.

    Any advice?

    Too Loose

  • Pourquoi a-t-on interné Alys Robi? | Radio-Canada.ca
    https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1796871/alys-robi-archives-internement-femmes-droits-chanteuse


    Alys Robi en 1948.
    PHOTO : ROMÉO GARIÉPY

    Elle était talentueuse, ambitieuse et à ses affaires. A-t-on enfermé et lobotomisé la première star internationale du Québec parce qu’elle était trop affranchie pour son époque ? C’est la question que se pose sa petite nièce à la lumière de récentes découvertes.

    • Toujours à l’encontre des femmes, les accuser de #folie ou d’#hystérie pour ne surtout pas entendre ce qu’elles ont a dire, les faire taire, les enfermer, les torturer, les détruire et masquer tout cela sous des soins cliniques et scientifiques. Atroce, oui.

      [Apparté] je découvre le verbe #noliser

    • Le Canada choqué par la découverte de 750 nouvelles tombes près d’un pensionnat pour autochtones - Toute l’actualité de la Guadeloupe sur Internet - FranceAntilles.fr
      https://www.guadeloupe.franceantilles.fr/actualite/international/le-canada-choque-par-la-decouverte-de-750-nouvelles-tombes

      Une tribu autochtone a annoncé jeudi la découverte lors de fouilles de plus de 750 tombes anonymes sur le site d’un pensionnat au Canada, nouvelle illustration du calvaire subi pendant des décennies par des enfants autochtones dans des établissements scolaires catholiques.

      Le mois dernier, l’identification des restes de 215 enfants près d’un autre établissement autochtone avait déjà meurtri le pays.

      « Nous avons repéré 751 tombes non marquées », sur le site d’un ancien pensionnat hébergeant des enfants autochtones à Marieval, en Saskatchewan, dans l’ouest du Canada, a déclaré jeudi le chef de la nation Cowessess, Cadmus Delorme.

      « Ce n’est pas une fosse commune, ce sont des tombes non-identifiées », a-t-il ajouté.

      Le Premier ministre Justin Trudeau, qui a dit sa « peine » jeudi dans un communiqué, a estimé que le Canada devait « tirer les leçons de (son) passé et avancer sur le chemin commun de la réconciliation ».

      Ces découvertes ravivent le traumatisme vécu par quelque 150.000 enfants amérindiens, métis et inuits, coupés de leurs familles, de leur langue et de leur culture et enrôlés de force jusque dans les années 1990 dans 139 de ces pensionnats à travers le pays.

      Nombre d’entre eux ont été soumis à des mauvais traitements ou à des abus sexuels, et plus de 4.000 y ont trouvé la mort, selon une commission d’enquête qui avait conclu à un véritable « génocide culturel » de la part du Canada.

      Le chef de la Fédération des nations autochtones souveraines de la province de la Saskatchewan, Bobby Cameron, a dénoncé jeudi un « crime contre l’humanité ».

      « Le seul crime qu’on ait jamais commis était d’être nés autochtones », a-t-il affirmé.

      « Nous trouverons d’autres corps et nous ne nous arrêterons que lorsque nous aurons trouvé tous les enfants », a promis le responsable.

      Les fouilles autour de cette ancienne école de Marieval avaient débuté fin mai après la découverte des restes de 215 écoliers enfouis sur le site d’un autre ancien pensionnat, celui de Kamloops, en Colombie-Britannique, province la plus à l’ouest du pays.

      – « Tragique mais pas surprenant » -

      Cette découverte avait provoqué une onde de choc au Canada et relancé le débat sur ces institutions honnies où les enfants autochtones étaient envoyés de force afin d’y être assimilés à la culture dominante.

      Elle avait également relancé les appels à l’intention du pape et de l’Eglise à présenter des excuses pour les abus et violences dont ont souffert les élèves de ces pensionnats. Le souverain pontife s’était toutefois refusé à présenter de telles excuses, provoquant la colère et la frustration des communautés autochtones canadiennes.

      De leur côté, les experts en droits humains de l’ONU ont exhorté Ottawa et le Vatican à mener une enquête rapide et complète.

      « C’est absolument tragique mais pas surprenant », avait réagi dès mercredi soir Perry Bellegarde, chef de l’Assemblée des Premières nations, qui représente plus de 900.000 autochtones au Canada, sur son compte Twitter.

      Le pensionnat de Marieval, dans l’est de la Saskatchewan, a accueilli des enfants autochtones entre 1899 et 1997, avant d’être démoli deux ans plus tard et remplacé par une école de jour.

      Interrogé sur la chaîne CBC, un ancien pensionnaire de l’école de Marieval, Barry Kennedy, a estimé que cette nouvelle découverte n’était que la partie émergée de l’iceberg.

      « J’imagine que, vous savez, d’après les histoires qui ont été racontées par nos amis et camarades de classe, il y a plusieurs endroits (où se trouveraient des sépultures) par école », a-t-il expliqué.

      « J’ai eu un ami qui a été traîné au dehors une nuit, il hurlait », s’est-il souvenu. Il ne l’a plus jamais revu. « Il s’appelait Bryan... Je veux savoir où est Bryan. »

      « On nous a fait découvrir le viol », a ajouté Barry Kennedy. « On nous a fait découvrir les coups violents. On nous a fait découvrir des choses qui n’étaient pas normales dans nos familles. »

      Dans la foulée de la découverte des restes d’enfants au pensionnat de Kamloops, des fouilles ont été entreprises autour de plusieurs de ces anciens établissements scolaires partout au Canada, avec le concours des autorités gouvernementales.

      Plusieurs dirigeants de la communauté autochtone s’attendent à d’autres découvertes macabres dans les prochains mois.

    • Contrôle et mise sous tutelle : Britney Spears et Camille Claudel, même combat ?
      https://theconversation.com/controle-et-mise-sous-tutelle-britney-spears-et-camille-claudel-mem

      L’actualité récente concernant la contestation judiciaire par Britney Spears du contrôle exercé par son père sur ses biens — une « tutelle administrative » que la chanteuse a qualifié d’« abusive » — fait penser au sort réservé à la sculptrice Camille Claudel. Sa liberté a également été limitée par des membres de sa famille il y a plus d’un siècle.
      Un supporter de Britney Spears lors d’un rassemblement « Free Britney », le 14 juillet 2021, à Washington. Des fans ont organisé des manifestations depuis que la pop star s’est exprimée contre sa mise sous tutelle au tribunal. (AP Photo/Jose Luis Magana)

      Certains supporteurs de la campagne #FreeBritney sont choqués que la famille de Britney Spears ait pu maintenir l’artiste sous tutelle pendant 13 ans. Dans le cadre de cette tutelle, la vedette affirme avoir été abusée, exploitée, médicamentée et contrôlée.

      Mais de tels arrangements juridiques ont été imposés à des femmes artistes auparavant. Ils reflètent des croyances biaisées sur les capacités des femmes à gérer leur vie et leurs activités professionnelles.

      Claudel, qui est décédée en 1943, a été confrontée à un arrangement similaire à celui décrit par Spears. À une époque où il était très inhabituel pour une jeune femme de travailler comme sculpteur, Claudel a eu une carrière réussie. Elle a d’abord étudié avec le sculpteur Alfred Boucher avant de devenir l’élève, puis l’assistante, la collaboratrice et la partenaire romantique du sculpteur Auguste Rodin. En 1913, la famille de Claudel l’a fait admettre à un asile.
      Des attentes d’une vie conventionnelle

      La relation de Claudel avec Rodin a continué de façon intermittente de 1884 à 1896. C’étaient sans doute des années stimulantes pour la sculptrice, mais elles étaient aussi difficiles. Sa famille conservatrice de classe moyenne voulait qu’elle mène une vie conventionnelle — une vie où la sculpture figurait uniquement comme un passe-temps, et qui n’incluait certainement pas une relation extra-conjugale avec un homme beaucoup plus âgé. La famille de Claudel s’attendait à ce qu’elle se marie, comme la plupart des femmes de sa classe sociale.

      Rodin était lié à sa compagne Rose Beuret et ne voulait pas la quitter pour Claudel. Une lettre du frère de Claudel, le dramaturge et poète Paul Claudel, suggère que la sculptrice a été enceinte de Rodin et a subi au moins un avortement pendant leur relation.

      Lorsque leur relation tumultueuse a pris fin, Claudel s’est d’abord remise sur pied et a commencé à sculpter des œuvres très différentes de celles de Rodin. Elle utilisait des matériaux différents, ses œuvres étaient plus petites et ses sujets étaient plus contemporains.

      Mais elle a eu du mal à obtenir des commandes pour ses œuvres et à gagner sa vie. Ses voisins ont commencé à se plaindre de son comportement étrange. Ses lettres révèlent qu’elle a commencé à devenir paranoïaque que « la bande de Rodin » lui vole ses idées et l’empêche de vendre ses statues.
      Diagnostic d’une « psychose paranoïaque »
      Sculpture représentant quatre femmes blotties dans un coin en train de discuter
      Les Causeuses, (Les commères) de Camille Claudel. Bronze et marbre teinté (ou albâtre). (Pierre André Leclercq/Flickr), CC BY

      Le 7 mars 1913, la famille de Claudel entame les démarches pour la faire admettre à l’asile de Ville-Evrard, où on l’amène quelques jours plus tard.

      Le médecin-en-chef de l’asile diagnostique Claudel d’une psychose paranoïaque. Cela confirmait les observations d’un autre médecin, le voisin de la sculptrice, qui avait préparé le certificat médical nécessaire à la demande de sa famille.

      Sa famille était préoccupée par la santé mentale de Claudel depuis plusieurs années. À peine une semaine après la mort de son père, elle a décidé de l’institutionnaliser. Le père de Claudel l’avait soutenue, moralement et financièrement, malgré la très forte désapprobation de sa carrière et de ses choix de vie de la part de sa mère. En vertu de la « loi sur les aliénés » de 1838, une fois diagnostiquée comme « aliénée », Claudel acquiert un statut légal équivalent à celui d’une mineure. Sa famille a le pouvoir de l’interner et de prendre des décisions en son nom.

      En 1914, lorsque la Première Guerre mondiale éclate, Claudel est transférée à une seconde institution, l’asile de Montdevergues, près d’Avignon, plus loin du soutien qu’elle avait toujours à Paris. Claudel est restée à l’asile de Montdevergues jusqu’à sa mort, près de 30 ans plus tard.
      Campagne de libération

      Dans un premier temps, comme le montre la spécialiste en littérature française Anna Norris, le cousin de Claudel, Charles Thierry, écrit à sa famille et fait campagne pour sa libération. Mais sa famille refuse d’en entendre parler.

      Elle a plutôt obtenu que l’asile empêche Camille Claudel d’envoyer et de recevoir des lettres. Ne sachant pas que ses lettres ne sortaient pas, sauf aux membres de sa famille à qui l’institution les envoyait, elle a continué à écrire.

      Des chercheuses comme Norris et la professeure d’études françaises Susannah Wilson ont étudié les lettres que Claudel a écrites de l’asile pour mieux comprendre sa santé mentale. (Aujourd’hui, nous pouvons constater un intérêt populaire similaire pour l’analyse du compte Instagram de Britney Spears).
      La famille désapprouve

      Norris et le psychiatre Michel Deveaux écrivent tous les deux que dans les années 20, les médecins estimaient que Claudel pouvait être réintégrée à la société. Mais sa famille l’a gardé à Montdevergues et ce, malgré le désir de Claudel de partir. Cette tentative de contrôle n’était pas due au fait qu’ils profitaient de son travail (ainsi que Spears a accusé sa famille), mais plutôt, comme l’affirme Norris, parce qu’ils désapprouvaient de sa vie et avaient honte de ses choix.

      Je me suis demandé si la famille de la sculptrice ne pensait pas aussi qu’elle entraverait la carrière d’écrivain de son jeune frère, Paul Claudel, au moment où elle commençait à prendre son envol.
      Trailer de « Camille Claudel 1915. ».
      Liberté et autonomie menacées par d’autres

      Depuis les années 1980, la vie et l’œuvre de Claudel ont été redécouvertes par des chercheurs travaillant dans les domaines de l’histoire de l’art, des études féministes, des études culturelles et de l’histoire de la psychiatrie.

      Les artistes, en particulier en France, ont produit une foule d’œuvres populaires à son sujet. Des livres, des pièces de théâtre et des films se sont penchés sur sa relation avec Rodin et, plus récemment, sur son placement en institution.

      Comme pour Britney Spears, tous les faits concernant Claudel ne sont pas toujours faciles à interpréter. Ce qui est clair, c’est que ces deux femmes de talent ont perdu le contrôle de leur vie, ont été isolées et déclarées incapables par des professionnels de la santé après l’intervention de leur famille. Dans les deux cas, les systèmes médicaux ou juridiques ont échoué à aider ces femmes artistes à reprendre le contrôle de leur vie ou à améliorer leur santé mentale.

      #tutelle #patriarcat

    • Voices from the Asylum: Four French Women Writers, 1850-1920
      Susannah Wilson
      Abstract

      This book investigates the lives and writings of four women incarcerated in French psychiatric hospitals in the second half of the nineteenth century and early twentieth century. The renowned sculptor (and mistress of Rodin) Camille Claudel, the musician Hersilie Rouy, the feminist activist Marie Esquiron, and the self‐proclaimed mystic and eccentric Pauline Lair Lamotte, all left first‐hand accounts of their experiences. These rare and unsettling documents provide the foundation for a unique insight into the experience of psychiatric breakdown and treatment from the patient’s viewpoint. By linking the question of gender to the process of medical diagnosis made by contemporary clinicians such as Sigmund Freud, this book is a text‐based analysis, which argues that psychiatric medicine functioned as an integral part of an essentially misogynistic and oppressive society. It suggests that partially delusional narratives such as these may be read as metaphorical representations of real suffering. The construction of these narratives constituted an act of resistance by the women who wrote them, and they prefigure the feminist revisionist histories of psychiatry that appeared later in the twentieth century. Straddling the disciplines of literature and social history, and based on extensive archival research, this book makes an important contribution to the feminist project of writing women back into literary history. It brings to light a fascinating but hitherto unrecognized literary tradition in the prehistory of psychoanalysis: the psychiatric memoir.

      https://oxford.universitypressscholarship.com/view/10.1093/acprof:oso/9780199579358.001.0001/acprof-9780199579358

      #freud #psychanalyse #psychiatrie

  • « Je tremble d’être définitivement chassée de ma vocation » : chez les dominicaines du Saint-Esprit, une religieuse dans la tempête
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/05/25/je-tremble-d-etre-definitivement-chassee-de-ma-vocation-chez-les-dominicaine

    Avec sa guimpe blanche, son voile noir et son rosaire pendu à la ceinture, mère Marie Ferréol semble échappée de La Religieuse (1966), le film de Jacques Rivette. Cette religieuse des dominicaines du Saint-Esprit garde sur son visage les restes de la bonne humeur qui, depuis cinquante-cinq ans, fait sa personnalité, mais elle a perdu 10 kg en quelques semaines, ses cheveux ont blanchi et elle se dit « terrorisée » depuis le 22 avril. Ce jour-là, le cardinal Marc Ouellet, l’un des hommes les plus influents de la curie romaine, a signé son décret de renvoi définitif de la communauté catholique dont elle est membre depuis trente-quatre ans.

    Cette sanction, assortie d’une interdiction de toute vie communautaire, est rarissime, on en compte moins d’une dizaine par an dans le monde. C’est encore plus rare quand le motif n’est pas celui de « mœurs scandaleuses ». « Jamais je ne me consolerai de me voir arracher mon habit, confie la religieuse, réfugiée dans une abbaye d’Auvergne où, sur les conseils de son avocate, elle a fini par accepter de rencontrer Le Monde, samedi 22 mai. Je tremble d’être définitivement chassée de ma vocation, qui est ma raison de vivre. » Il ne lui reste, en effet, que quelques jours avant l’expiration du délai d’examen de sa supplique (une lettre de deux pages) et de l’épais recours qu’elle a déposés auprès du pape. Surtout, elle assure n’avoir aucune idée de la « faute grave » dont on l’accuse et qui donne à cette affaire des relents de procès en sorcellerie.

    « Mère Marie Ferréol sait très bien ce qu’elle a fait. » Dom Nault est un grand homme brun au visage émacié mais toujours souriant, même lorsqu’il lâche ce genre de formules. Il nous reçoit dans la sublime abbaye normande Saint-Wandrille, près d’Yvetot (Seine-Maritime). Les amoureux d’histoire et de littérature savent que c’est ici, au tout début du XXe siècle, que s’étaient installés la comédienne Georgette Leblanc et l’écrivain Maurice Maeterlinck, futur Prix Nobel. Lui traversait le réfectoire et la salle du chapitre à patins à roulettes pour se détendre entre deux poèmes, tandis qu’elle montait des spectacles de théâtre dans les ruines de l’abbaye. Jean-Charles Nault préfère dire « que ce lieu est habité par la prière depuis quatorze siècles et que quarante moines y ont été canonisés ». Avant d’ajouter : « Tout ceci nous oblige. »
    « Audits externes »

    Dom Nault s’éloigne régulièrement de son abbaye pour mener des visites canoniques dans diverses communautés monastiques françaises. Et aussi, plus rarement, des visites apostoliques, commandées, elles, par le Vatican. « Des sortes d’audits externes, si vous voulez. Le droit canonique a tout inspiré. » C’est ainsi qu’en 2020 le pape en personne l’a « chargé », explique-t-il, de l’inspection des dominicaines du Saint-Esprit. Cet institut regroupe une centaine de religieuses qui rayonnent autour de la maison-mère de Pontcallec, dans le Morbihan, et de cinq autres communautés. L’ensemble est à la fois « intello » et très « traditionnel » : latin obligatoire dès la 6e, enseignement de préférence philosophique et littéraire (l’école ne prépare pas au bac scientifique), comme à Saint-Pie-X, son école de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), où Marion Maréchal, la nièce de Marine Le Pen, fut élève et a « trouvé la foi », dit-elle, durant les messes en latin.

    #paywall #intégrisme #catholicisme #RN #civitas #misogynie #sexisme #manif_pour_tous #ivg #pédocriminalité #violophilie #fascisme

    Le "Dom Nault" décrit complaisamment comme "un grand homme brun au visage émacié mais toujours souriant, même lorsqu’il lâche ce genre de formules." n’est pas seulement un grand homme brun souriant, il est surtout aussi brun à l’intérieur qu’a l’extérieur puisque c’est un adepte de Jerôme Lejeune, promoteur du viol prolongé par gestation forcée.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Charles_Nault

  • Proposition de loi visant à accélérer l’égalité économique et professionnelle
    https://justines.cnrs.fr/actualite/proposition-de-loi-visant-a-accelerer-legalite-economique-et-professio

    Le 23 avril 2021, Céline Bessière et Sibylle Gollac ont été auditionnées par la commission des Affaires sociales de l’Assemblée Nationale et Marie-Pierre Rixain,députée de l’Essonne, rapporteure sur la proposition de loi. Vous trouverez ci-dessous le texte de l’exposé présenté lors de cette audition. Source : Justines

    • Les élu·es ont donc encore besoin de la recherche publique ?
      Les inégalités économiques entre hommes et femmes : le résultat d’une exploitation du travail des femmes dans la famille comme dans la sphère marchande
      Combattre les violences économiques ?
      Reconnaître le travail des femmes, faire travailler les hommes
      Taxer l’héritage : une mesure de redistribution entre classes sociales et entre les sexes
      Miser sur un entrepreneuriat féminin fragile ou sur le développement des services publics ?
      Références ayant nourri ce texte

      #sexisme #discrimination #femmes #classisme #racisme #domination_masculine #couple #mariage

      alors que l’écart moyen de revenu n’est que de 9 % entre célibataires, les femmes en couple gagnent en moyenne 42% de moins que leur conjoint. Elles sont pourtant, aujourd’hui, généralement plus diplômées que ce conjoint.

  • Bill Gates, un capitalisme philanthropique ? Entretien avec Radhika Desaï

    Bon mari ou pas ? Avant que sa vie privée soit étalée dans les médias, Bill Gates en était le héros.
    Dans ce récit médiatique, Gates, tout comme George Soros, reste l’exemple du « bon capitaliste » qui, fortune faite, consacre ses vieux jours à faire le bien autour de lui. Et si cette image-là était, elle aussi, complètement bidon ?
    L’analyste indienne Radhika Desaï explique en quoi sa stratégie covid et pharmaceutique en général ne fait aucun bien au tiers monde. Au contraire.

    Bill Gates semble très différent des néolibéraux traditionnels et de Trump, il apparaît comme le capitalisme à visage humain. Bien des gens sont satisfaits de voir que dans toute cette jungle, au moins Bill Gates fait un travail humanitaire essayant d’aider les gens. Est-ce réel ou encore de la cupidité ?

    Je pense que c’est de la cupidité sous couvert d’aider les gens. Vous savez, les profits ont toujours été réalisés au nom d’un plus grand bien. Dans une économie complètement néolibérale classique, vous avez un système capitaliste où les entreprises se font concurrence, mais le résultat final est, nous dit-on, le bien-être de la société. Parce que les consommateurs obtiennent ce qu’ils veulent et au prix le plus bas, etc. Dans un certain sens, l’intérêt général a toujours été la justification, en arrière-plan, du capitalisme.

    Cependant, c’est différent maintenant. Par le passé, dans la phase de libre concurrence du capitalisme classique au XIXe siècle, vers 1850, les capitalistes et l’État étaient censés être séparés. Ensuite, on a vu la taille des entreprises capitalistes augmenter et leur collaboration devenir de plus en plus étroite avec l’État. Ce que nous voyons maintenant, c’est, sans le dire ouvertement, l’exploitation ouverte de l’État à des fins de profits. Je pense qu’il en existe de nombreux modèles. Mais l’élément essentiel est que ces entreprises – sociétés pharmaceutiques ou liées à la santé ou aux services publics – prétendent travailler pour le bien-être général. Ici, s’agissant de nouveaux médicaments et de vaccins, le client final devient l’État et la chose est justifiée en disant que les gens en ont besoin, mais qu’ils n’ont pas les moyens de les acheter. Donc l’État doit les payer à leur place.
     
    Cependant, les gens les paient quand même ?
    Bien entendu, les gens les paient, car l’État les taxe ensuite afin de payer des prix excessivement élevés à ces grandes sociétés monopolistiques.
     
    Vous nous dites que l’activité actuelle de Bill Gates est le résultat d’un nouveau problème dans le système capitaliste ? Les gens n’ayant plus les moyens d’acheter il faut donc trouver de nouveaux clients ?
    Exactement. Si vous y réfléchissez, en remontant aux années 1970, le modèle d’État-providence de l’après-guerre est arrivé lorsque le capitalisme était en crise. Fondamentalement, le système productif avait atteint sa capacité maximum, mais la demande ne suivait pas, ne pouvait augmenter et il y eut une stagnation économique. Vous aviez alors deux façons d’en sortir. La solution du moindre effort aurait été d’exploiter le budget de l’État pour augmenter la demande, et répondre aux besoins non satisfaits des pays en développement. Vous auriez pu utiliser un moyen progressiste en augmentant la demande dans les pays développés, cela aurait résolu le problème et l’investissement productif. Mais cette voie n’a pas été prise.

    La voie qui a été empruntée fut le néolibéralisme. Vous désengagez l’État, vous coupez les dépenses sociales, vous ne visez plus le plein emploi, mais plutôt une faible inflation. Ceci a structurellement exacerbé le un problème sous-jacent qui persiste depuis cinquante ans : la surcapacité de production et la difficulté à vendre.

    Il y avait donc différentes façons de surmonter ce problème, mais le capitalisme a gagné du temps. D’abord en créant un endettement public, puis en créant de la dette privée. Maintenant que ces deux modèles sont un peu épuisés, où aller ? Eh bien, vous exploitez la fiscalité de l’État !
     
    Bill Gates serait une solution pour répondre à la crise ?
    Absolument. Pensez à cet « Événement 201 ». Le 18 octobre 2019, la Fondation Gates, l’école de santé publique Johns Hopkins Bloomberg et le Forum économique mondial ont organisé conjointement un événement à New York : une simulation d’épidémie de coronavirus. On a invité des personnes très influentes : ministres, anciens ministres, hauts fonctionnaires, grands PDG, organisations philanthropiques et l’armée. Ces divers intervenants ont réfléchi à la solution que pouvait adopter la communauté internationale pour réagir face à une telle crise. Évidemment, vous et moi savons que chaque fois que quelqu’un utilise le terme « communauté internationale », il représente les principales nations libérales de l’Occident, et tous ceux qui sont d’accord avec elles.

    Le scénario qu’ils avaient imaginé est très révélateur… L’économie mondiale est au plus bas et ruinée, la santé des gens est menacée, la pandémie a fait soixante-cinq millions de morts dans le monde, beaucoup de choses ne vont pas ici et là, les entreprises privées doivent se redresser en collaboration avec l’État. Mais pour eux, rien ne va vraiment très mal, ils n’ont pas conscience du type de fracture qui vient de se produire. De toute façon, leur idée dans ce scénario hypothétique est que l’État doit collaborer avec les entreprises privées pour fournir des solutions. Autrement dit, ce genre de catastrophes deviendra désormais la bonne raison permettant au secteur privé de fournir à l’État les biens dont le peuple et la société ont besoin et d’en tirer des bénéfices. Parce que le problème de la demande insuffisante reste très important. La vraie question est donc comment créer de la demande. Eh bien, une façon simple de créer de la demande sera tout simplement de vendre à l’État qui ensuite taxera les gens. Vous savez que dans l’économie néoclassique, on nous dit que nos besoins sont satisfaits en exerçant notre choix, eh bien, maintenant, dans cette période de pandémie nous n’aurons plus le choix !
     
    Dès que vous parlez de Bill Gates sur Internet, ce que j’ai fait à plusieurs reprises dans mes émissions Michel Midi, eh bien, dans les dix secondes, quelqu’un lance : « Bill Gates utilise les vaccins pour éliminer une partie des pauvres ». Pensez-vous que cette théorie du complot se trompe de débat ?
    Oui. Je n’ai aucun doute que Bill Gates est probablement assez malthusien, comme, je pense, la plupart des riches. Historiquement le meilleur moyen de blâmer les pauvres pour leur misère des pauvres, a toujours été de dire qu’ils sont trop nombreux, n’est-ce pas ? Si vous voyez ne serait-ce qu’un pauvre dans un contexte de riches, il est de trop, il ne devrait même pas être présent. Cela a toujours été ainsi et je ne doute pas que Bill Gates est un malthusien tranquille, qui pense que le monde irait mieux avec seulement la moitié de sa population.

    Quoi qu’il en soit, je ne pense pas qu’il se soucie vraiment du bien-être du monde, que ce soit avec plus ou avec moins de population. Ce qui lui importe, c’est comment créer plus de possibilités de profit. Tous les écrits sur Bill Gates et son organisation, basés sur des recherches sérieuses, le confirment : Bill Gates n’est plus un homme d’affaires, il tente aujourd’hui de résoudre le problème de la demande pour les grandes entreprises. Sa Bill and Melinda Gates Foundation et d’autres semblables réunissent PDG et gouvernements, ils concluent des accords entre eux et c’est ainsi que les entreprises vont survivre.

    Marx et Engels avaient estimé que la montée du capitalisme industriel éliminerait les effets du passé féodal comme le propriétaire foncier et le prêt d’argent, ainsi ces formes d’intérêts rentiers seraient supprimés une fois pour toutes. En réalité l’intérêt rentier renaît sous une forme beaucoup plus large et puissante, l’intérêt des rentiers est maintenant devenu le grand levier sous lequel nous vivons. Il prive notre économie productive de tout son pouvoir, il l’utilise simplement, vous savez, comme un parasite installé sur son hôte. Et dans ce scénario, bien sûr, le parasite tue l’hôte.
     
    Mon ami Johan Hoebeke m’explique que chaque fois que Bill Gates donne de l’argent, il prépare en fait de futurs investissements…
    Exactement. Comme Ronald Reagan aimait à le dire : « Un déjeuner gratuit, ça n’existe pas ». Vous pensez qu’il vous donne quelque chose pour rien, mais en fait cela prépare le profit futur. Il est remarquable de voir à quel point l’ancienne règle de droit selon laquelle les transactions devraient être exemptes de conflits d’intérêts a tout à fait disparu. Aujourd’hui, ils font ces études où ils classent les pays, en particulier ceux du tiers monde, en fonction de leur corruption. Mais la seule différence entre un pays du tiers monde et un pays comme les États-Unis ou le Canada est qu’ici la corruption est ouvertement légale. Il est parfaitement légal pour Bill Gates de rencontrer Trudeau ou Trump ou Boris Johnson, et de conclure un accord avec eux. C’est de la pure corruption, mais tout le monde l’accepte. L’organisation Transparency International ne considère pas le Royaume-Uni comme un des pays les plus corrompus du monde, c’est pourtant la réalité que nous vivons.
     
    Examinons l’activité concrète de Bill Gates, il dit qu’il fait de l’humanitaire contre la faim dans le monde, il est dans la finance et dans les entreprises pharmaceutiques, les vaccins, dans la santé en général…
    Le modèle que Bill Gates voudrait imposer à tous les pays, c’est essentiellement la médecine intensive en capital : tous les dollars doivent être disponibles pour les firmes des soins de santé : que ce soit dans un système public ou privé, ça n’a pas d’importance.
     
    C’est un grand marché !
    Les dollars disponibles pour les soins de santé devraient aller à l’achat de ces médicaments très chers et à ce matériel médical sophistiqué : donc aux intérêts privés. Le but n’est pas de produire une meilleure santé, mais de créer un marché pour les produits de ces entreprises. Qu’elles construisent des hôpitaux, dirigent des hôpitaux, fournissent des hôpitaux, cela n’a pas d’importance.
     
    Cet énorme nouveau marché, c’est une grande partie du budget des États…
    Exactement. Sous couvert de l’argument du bien-être. Par exemple, nous le savons tous, les États-Unis ont un système de santé privé. Vous devez acheter les soins de santé dont vous avez besoin, mais par le biais d’une compagnie d’assurance qui fait ensuite plus d’argent sur vous, c’est son business… Les États-Unis sont ceux qui dépensent le plus de capital pour sur la santé et ils sont parmi ceux qui ont les pires résultats et des résultats très moyens pour le segment inférieur de la population. Aux USA, vous trouvez souvent des conditions de santé du tiers monde. Des pays pauvres comme Cuba et le Vietnam ont de meilleurs résultats pour la santé.

    Donc, l’accent mis sur la médecine intensive de capital, la médecine lucrative, signifie que les résultats pour la santé sont mauvais. Je veux dire qu’un système de santé publique est vraiment nécessaire. Tout au long de la période néolibérale, nous avons réduit le personnel formé et embauché de plus en plus de personnel non formé. Cela signifie que nous n’avons pas les ressources humaines vraiment nécessaires pour produire de bons soins de santé, car ce n’est pas le modèle proposé par Bill Gates.

    Prenez la pandémie actuelle, voyez la très forte différence avec les pays qui ont bien réagi : la Chine, Cuba, le Vietnam, l’État indien du Kerala, etc. Ils ont investi dans une véritable épidémiologie à grande échelle : dès que vous apprenez qu’il y a un cas, alors un important personnel formé se rend sur place, va tracer ses contacts, les isoler et aussi soutenir ces gens ! Parce que si vous vous contentez d’enfermer quelqu’un, alors il va essayer de trouver une issue. Mais si vous dites : « Regardez, nous avons besoin que vous soyez loin de votre famille, de votre travail pour un nombre x de jours, mais nous vous traiterons et nous veillerons à ce que votre famille ne souffre pas des conséquences économiques de votre absence », alors, les gens le feront volontiers, n’est-ce pas ?
     
    Vous voulez dire que la clé est une médecine sociale ?
    Exactement. Une véritable épidémiologie à grande échelle, ça commence par des équipes qui doivent se déplacer, parfois à pied, pour trouver ces personnes. Aujourd’hui, nous n’avons absolument pas la médecine à forte intensité de travail social dont nous avons besoin. À la place, nous avons cette médecine intensive capitaliste antisociale.
     
    Bill Gates affirme aussi lutter contre la faim…
    Les organismes génétiquement modifiés (OGM) et toutes ces autres cultures à forte intensité de capital dont Bill Gates et d’autres font la promotion partout dans le monde, cela mène en fait, dans des pays comme l’Inde, à des suicides d’agriculteurs. Parce que les agriculteurs sont incités à adopter ces techniques, ils en deviennent dépendants, elles sont très chères. Mais vous savez que les prix des matières premières fluctuent beaucoup et que les agriculteurs s’endettent. Et, contrairement aux gens qui nous ont fait plonger durant la crise financière de 2008, ces pauvres agriculteurs, eux, assument la responsabilité personnelle de pour leurs dettes qui très souvent causent leur suicide. Et puis, avec ces horribles produits chimiques, en les ingérant, c’est souvent ainsi qu’ils meurent. Donc, ce type d’agriculture que Bill Gates promeut n’arrête pas la faim, il va l’augmenter, car il supprime nos cultivateurs.
     
    Bill Gates est aussi intervenu dans la finance avec le « micro-crédit »…
    La finance, c’est très intéressant. Au début des années 2000, Muhammad Yunus est devenu très célèbre avec ces microprêts, ce microcrédit… Ce qu’ils ont appelé « inclusion financière » est vraiment un moyen de ramener principalement les plus pauvres des pauvres et leurs maigres revenus dans le filet de la dette. Là où les grands capitalistes peuvent profiter de ces maigres revenus pour réaliser un profit. Car, en leur accordant un petit prêt, ils font un profit. Il n’y a pas eu d’inclusion financière. Cela a permis à Bill Gates de promouvoir cette grande catastrophe de démonétisation…
     
    En novembre 2016, le Premier ministre Modi est passé à la télévision en déclarant que tous les billets, sauf les plus petites coupures, étaient « démonétisés » avec seulement quatre heures de préavis. On ne pouvait plus payer avec eux, il fallait les apporter à la banque. Cela a conduit à des jours de chaos dans un pays où la moitié de la population n’a même pas de compte bancaire et où 90 % des paiements sont effectués en espèces.
    Ce sont en fait des moyens de piéger les agriculteurs à bas revenus pour les mettre dans le filet des grandes institutions financières.
     
    La montée de ce nouveau type de capitalisme, est-ce un signe que les temps sont très difficiles pour les néolibéraux traditionnels ?
    Je pense que oui, en fait. Vous avez mentionné les théories du complot, j’ai des amis enclins à croire certaines d’entre elles, je ne doute pas que leurs raisons soient très correctes, en tout cas, ils pensent que cette réaction à la pandémie est excessive, que c’est juste une excuse pour que l’État augmente son contrôle et sa surveillance sur nous tous. Et là, je ne doute pas que les États du monde entier en profitent pour le faire. Là où mon avis diffère du leur, c’est que les forces du grand capital, les politiciens qui sont dans leurs poches et l’État feront tout pour promouvoir les résultats qui leur sont favorables. Pour promouvoir ce modèle que j’appelle le capitalisme pseudo-philanthropique ou le néolibéralisme.
     
    Y parviendront-ils ?
    C’est loin d’être garanti. Parce que les choses se sont vraiment dégradées partout. Dans cette pandémie, personne n’écrit ce scénario. Les États-Unis sont aujourd’hui devenus ingouvernables en partie à cause de la nature de la réponse à la pandémie.
     
    Pourquoi les économies néolibérales se sont-elles écroulées de cette façon en devant fermer leurs entreprises ?
    La raison est très simple : au cours des quarante dernières années, la capacité de leur système de santé publique à faire face à tout cela a été complètement mise de côté en faveur d’une médecine intensive en capital. Et aussi parce que la capacité de l’État a disparu. Lorsque la Chine a été confrontée à la pandémie, son État avait suffisamment de capacité pour mobiliser : confinement de Wuhan, confinement du Hubei, création d’infrastructures comme les hôpitaux supplémentaires. Traitement du problème de manière décisive et rapide.
     
    En Occident, nous n’avons pas cela. Et nous avons un autre problème, constaté avec l’élection de Trump et de Johnson. Madame Merkel s’en est bien sortie, mais auparavant, comme vous le savez, elle avait également perdu une partie de sa légitimité politique avec une crise gouvernementale. Mais face au virus, l’Allemagne a connu une meilleure situation, car elle a conservé une grande partie de sa capacité à faire une médecine publique… Presque toutes les autres sociétés occidentales ont dû subir cette déchéance, car elles n’avaient pas la capacité de faire autrement. Alors elles ont dû utiliser un gros marteau au lieu d’un très fin scalpel. Quoi qu’il en soit, ce scénario n’est sous le contrôle de personne, car le capitalisme néolibéral est en crise. Alors les gens diront : « Nous aurons une autre forme de capitalisme », mais je dis, non, le capitalisme néolibéral est la seule forme de capitalisme possible en ce moment. Tout le reste sera le début d’un « non-capitalisme ». Du socialisme, j’espère ! Bien que vous pourriez avoir d’autres formes…
     
    En fait, tout le monde est maintenant socialiste en Europe ! Tout le monde dit : « Vive l’État, la fonction publique, les travailleurs ! »
    Oui. Mais ces voix qui semblent très socialistes se divisent en deux. La plus grande partie se lancera dans un capitalisme pseudo-philanthropique. Donc en collaboration avec les grandes sociétés privées. En fin de compte, nous le paierons, pour des produits de valeur douteuse et les énormes profits que les capitalistes en tireront.

    Seul un très petit nombre parlera autrement. Nous devons avoir des instruments politiques populaires au pouvoir, qui réalisent ce que le capitalisme n’est plus capable de faire. Premièrement, sauver la société de la pandémie. Deuxièmement, mettre en place une société différente. Tout le monde sait que l’ancien modèle n’est plus légitime. La pandémie l’a montré, tout le monde le sait : nous ne pouvons pas revenir à ce vieux capitalisme néolibéral, car c’est l’inégalité, le racisme, le sexisme, il n’a pas généré de bons emplois du tout, il a généré des emplois de merde pour les personnes marginalisées, etc.

    Il est clair aujourd’hui que le néolibéralisme sape le système de santé. Dans ce contexte, le capitalisme doit être pseudo-philanthropique : « Nous allons résoudre tous ces problèmes, nous allons vous donner une nouvelle forme de capitalisme ». Mais en réalité, ce sera juste une nouvelle forme de néolibéralisme : une forme de capitalisme avec un équilibre politique entre les mains du capital des entreprises privées. Lesquelles vont utiliser tous les moyens possibles – principalement ceux de l’État – pour augmenter leurs bénéfices. C’est là que le capital veut nous emmener…
     
    Et pour s’y opposer ?
    La seule façon de s’y opposer réside dans les forces politiques. Elles peuvent être initialement petites, mais je pense qu’elles peuvent aussi grandir très rapidement. Des forces politiques qui comprennent qu’il ne faut pas perpétuer les anciennes conditions. Vous ne devez pas abandonner le pouvoir aux grandes sociétés. Comprenez que ces sociétés sont si grandes et si lucratives qu’elles ont conquis des secteurs de la société qui sont des monopoles naturels. Si vous fournissez de l’électricité, de l’eau, des services de santé, des transports, si vous exploitez des ressources naturelles, ce sont tous des monopoles naturels : ne doivent-ils pas être entre les mains du public ? Aujourd’hui, nous avons une capacité sans précédent à gérer toutes ces choses grâce à la sophistication des technologies de l’information et de la communication. En réalité, toutes ces grandes entreprises sont déjà des économies géantes planifiées.
     
    « Planifiées » ! Un gros mot, nous dit-on… Pensez-vous que la seule raison pour laquelle la majorité des gens ne veulent pas passer du capitalisme à une autre société, c’est parce que les capitalistes ont réussi à les convaincre qu’il n’y a pas d’alternative ?
    Oui. Eh bien, aujourd’hui, je ne suis plus sûr que les gens croient qu’il n’y a pas d’alternative. Au Canada par exemple, un sondage récent montre que la population penche de plus en plus vers des choses ouvertement socialistes. Y compris la propriété publique des monopoles.
     
    La Fondation Bill Gates n’est pas la première dans l’histoire du capitalisme US. Celles de Rockefeller, Ford et Carnegie ont déjà joué un rôle important dans le capitalisme ?
    Absolument. Le théoricien marxiste italien Gramsci a décrit à quel point le constructeur Henry Ford avait essayé de contrôler la vie de ses travailleurs jusqu’à leurs types de divertissements. Les capitalistes ont toujours été intéressés à façonner la société. Oui, ces fondations ont toujours joué un très grand rôle dans tous les pays. Mais aux États-Unis, c’est une très forte tradition. Dans ce soi-disant modèle philanthropique, la philanthropie devient simplement un moyen pour les entreprises capitalistes de modeler les sociétés comme ils le souhaitent. Oui, c’est une longue tradition, contrôlée aujourd’hui par des sociétés plus grandes que jamais. Leur pouvoir sur les gens est encore plus important. Les sociétés sont devenues si puissantes qu’elles dominent les gouvernements.
     
    La Fondation Bill Gates a quelque chose de plus. C’est encore un pas supplémentaire par rapport aux fondations précédentes et son rôle est beaucoup plus large.
    Oui. Son rôle est beaucoup plus important à cause de la faiblesse du capitalisme. Il ne survivra que si la Fondation Bill Gates et d’autres semblables réussissent à créer une sorte de capitalisme philanthropique. Bill Gates est plus important que les fondations des Rockefeller et des Ford. À leur époque, le capitalisme en était encore à une phase relativement expansive, il était encore productivement dynamique. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.
     
    Les médias européens défendent très fortement Bill Gates, tout comme George Soros. Ils mettent en avant la fameuse théorie du complot « Bill Gates veut éliminer une partie de l’humanité ». Mais ainsi ils cachent le rôle essentiel de Bill Gates, pas du tout philanthrope. Pourquoi ce silence ?
    Quelque chose de très décisif s’est produit au cours des cent cinquante dernières années pour les classes intellectuelles et professionnelles dont les médias sont un élément très important. Ces classes ont perdu leur sens moral, leur sens politique. Il fut un temps où être intellectuel c’était être de gauche ; aujourd’hui, c’est loin d’être le cas. Tous les partis ont été repris par les classes moyennes professionnelles. Cependant, celles-ci ont déplacé les partis de droite vers la droite, mais elles n’ont pas déplacé les partis de gauche vers la gauche, mais bien également vers la droite. Les phénomènes Blair, Schröder, Bill Clinton, etc. Leurs actions suivent fondamentalement leurs intérêts économiques. Ces classes moyennes professionnelles de droite et de gauche forment maintenant un seul establishment et c’est pourquoi ce mécontentement contre tant de décennies de néolibéralisme a – jusqu’à présent en tout cas – été capitalisé par des forces différentes. Trump et Johnson sont venus d’ailleurs.

    La classe moyenne a perdu son sens critique. C’est pourquoi tous ces médias stéréotypés et mous utilisent l’expression « théorie du complot » et la lancent à quiconque pose simplement des questions. Où est passé notre droit de poser des questions ?
     
    Pour conclure, que suggérez-vous aux progressistes pour lutter contre les illusions sur Bill Gates ?
    => Le plus important est d’être en contact avec les gens ordinaires. Marx et Engels et d’autres intellectuels de la Deuxième Internationale ne se sont pas contentés de faire des déclarations incendiaires sur la classe ouvrière, non, ils ont travaillé avec la classe ouvrière. Je pense que nous devons nous reconnecter avec le mouvement des travailleurs. Y compris les plus marginalisés, car les syndicats dans la plupart des pays sont aussi devenus des organisations relativement élitistes. Nous devons donc aller au-devant des citoyens ordinaires et soutenir intellectuellement leurs mouvements. Je pense que c’est l’élément clé.

    Quand Marx et Engels écrivaient, il n’y avait en fait pas de partis au sens où nous l’entendons aujourd’hui. Quand ils utilisaient le mot « parti », ils se référaient aux courants intellectuels. En tout cas, pour notre courant intellectuel, nous devons nous démarquer clairement de ces discours qui préparent le terrain au capitalisme pseudo-philanthropique. La clé, c’est de briser le fonctionnement de ces sociétés en « autorégulation » ; nous devons les remettre sous réglementation. Et surtout reparler de choses comme la propriété publique. Reparler du contrôle des capitaux, reparler de l’appropriation par l’État de tout le système financier. L’argent est une fonction d’État, il n’y a absolument pas besoin d’avoir un secteur financier privé. Ou alors il doit être si fortement réglementé qu’il devra se comporter comme un instrument public.

    Permettez-moi d’exposer une autre idée sur laquelle je vais probablement écrire. La gauche a également eu son propre néolibéralisme. Avec deux facteurs très importants.
    1. Un scepticisme total sur la planification et le contrôle de l’État.
    2. Un scepticisme complet sur les partis. Au lieu de planifier, on répand aujourd’hui l’idée que nous allons créer une sorte d’économie décentralisée de coopératives et de petits travailleurs collectifs sans planification globale. C’est justement ce que Marx critiquait dans le travail de Proudhon. Nous devons rejeter ce proudhonisme et l’idée qu’une économie moderne pourrait se passer de planification. Non, la planification est toujours nécessaire. Oui, vous pouvez la rendre démocratique, vous pouvez la décentraliser, vous pouvez faire toutes ces choses merveilleuses, mais il doit y avoir une sorte de planification globale !

    La deuxième illusion est que nous n’aurions pas besoin de partis. Non, nous devons avoir des partis. Encore une fois, ils peuvent être plus démocratiques, ils peuvent être responsables devant la base, etc. Mais sans une force politique capable de contrer tout ce dont dispose la classe capitaliste avec l’État, sans un instrument pour rompre ce lien et réorganiser massivement l’État en quelque chose de complètement différent, en serviteur du peuple, nous n’irons pas très loin.

    Voilà ce que nous devons garder à l’esprit pour sortir de ce terrible gâchis.

    Michel Collon & Radhika Desai . Professeure de politique à l’université de Manitoba au Canada. Auteure de Geopolitical Economy : After US Hegemony et de Globalization and Empire.
    Extrait du tome 2 de Planète malade de Michel Collon. Le tome 1 analyse d’autres aspects de Bill Gates.

    #bill_gates #Radhika_Desaï #capitalisme #néolibéraux #humanitaire #ONG #cupidité #libre_concurrence #exploitation #Etats #Profits #services_publics #médicaments #bien-être #État-providence #Crise #endettement_public #dette #dette_privée #Événement_201 #fondation_gates #Forum_économique_mondial
    #malthusianisme #pauvreté #pauvres #conflits_d’intérêts #corruption #santé #médecine #faim #ogm #micro-crédit #pandémie #médecine_publique #inégalité, #racisme #sexisme #théorie_du_complot #complotisme #autorégulation #réglementation #propriété_publique #argent #Proudhon

    Source : https://www.investigaction.net/fr/bill-gates-un-capitalisme-philanthropique-entretien-avec-radhika-des

  • « L’Agisme genrée »
    Le mouvement #advancedstyle célèbre l’élégance des femmes âgées et leur apporte un sentiment de puissance
    https://theconversation.com/le-mouvement-advancedstyle-celebre-lelegance-des-femmes-agees-et-le

    Âgisme genré dans la mode

    Le marché de la mode, qui est bourré de règles discriminatoires sur ce qu’on doit porter et surtout ce qu’on ne doit pas porter lorsqu’on est une femme de 50 ans et plus, rend l’engagement durable difficile. Ces règles demandent notamment de ne plus montrer son corps en évitant les vêtements moulants, courts ou décolletés, d’adopter une garde-robe et un maquillage sobres et de proscrire les styles ultramodernes et avant-gardistes.

    Nous avons constaté que, en réaction à cette réalité, les consommatrices devenues influenceuses se lancent dans un « militantisme de la mode » en ligne, exigeant des créateurs qu’ils créent du prêt-à-porter adapté à leur corps en transformation.

    Dans le domaine du marketing d’influence, ce militantisme consiste également à choisir les marques que l’on souhaite promouvoir et avec lesquelles on veut collaborer, et celles qu’on préfère éviter. Les influenceuses refusent généralement d’être « la vieille de service » d’une campagne publicitaire.

    Âgisme genré dans l’industrie de la beauté

    La majorité des influenceuses du style avancé rejettent également l’industrie de la beauté anti-âge qui transforme le vieillissement en maladie. Cette industrie, qui se chiffre en milliards de dollars, entretient le faux espoir qu’on peut trouver la jeunesse éternelle dans un pot.
    Helen Mirren dans un costume sombre avec des boutons dorés et des bottes à talons aiguilles
    L’actrice Helen Mirren pose pour les photographes lors du 70efestival international du film de Berlin, en février 2020. (AP Photo/Markus Schreiber)

    Nous avons constaté que ces femmes choisissent de rendre les cheveux grisonnants naturels, les rides et les cicatrices à la mode grâce à leurs publications Instagram. Cela fait des lustres que les marques de cosmétiques disent aux femmes d’un certain âge que les cheveux grisonnants sont un problème honteux qu’elles doivent cacher, alors que pour les hommes du même âge, on voit là une sorte de sex-appeal mature. La chevelure grise devient ainsi un élément caractéristique de la résistance de ces influenceuses qui est au cœur de leur militantisme.

    C’est pas tellement que le sujet de ce compte instagram m’intéresse, mais je trouve que l’expression « agisme genré » comme utilisé dans cet article est remarquable pour sa capacité à invisibilise les femmes et c’est assez fort de le faire alors que c’est le sujet de l’article.
    #misogynie #genre #invisibilisation #femmes #sexisme #langage

  • Violences sexuelles sur un terrain d’enquête
    Cécile Cuny
    Dans Nouvelles Questions Féministes 2020/2 (Vol. 39), pages 90 à 106

    Dans les sciences sociales françaises, les violences sexuelles sur un terrain d’enquête sont, en dehors de certains domaines de spécialisation, un non-objet. Elles ne dérogent pas, en cela, au tabou qui touche les violences envers les femmes en général, malgré les statistiques qui attestent de l’ampleur du problème. Les manuels francophones utilisés pour l’enseignement de l’ethnographie ne traitent pas des violences sexuelles, alors qu’il existe une littérature en anglais sur cette question. Cet article propose de confronter l’expérience de l’autrice avec les résultats des enquêtes existantes. Il montre que le traitement des violences sexuelles nécessite d’articuler une réflexion méthodologique, épistémologique et politique.

    #femmes #inceste #violences_sexuelles #invisibilisation #culture_du_viol #violophilie #déni #indifférence #sexisme

  • Dis-moi Maman, ça veut dire quoi être #payée au féminin ?
    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/05/12/dis-moi-maman-ca-veut-dire-quoi-etre-payee-au-feminin

    C’est une façon de dénoncer : au Québec, les emplois traditionnellement occupés par les femmes n’ont pas la même rémunération que ceux détenus par les hommes. Eh oui ! la discrimination salariale est bien réelle chez nous, ma fille, même en 2021.

    Une étude de l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) démontre qu’il existe un écart salarial de 24% entre les emplois à majorité masculine des sociétés d’État (Hydro-Québec, Loto-Québec, etc.) et les emplois à majorité féminine de l’administration publique (réseau de la santé et des services sociaux, éducation, fonction publique). Ça peut sembler compliqué, ma fille, mais en résumé, ça veut dire que la majorité des femmes qui sont employées par l’État sont sous-payées quand on les compare avec leurs collègues masculins. Juste parce qu’elles travaillent dans des sous-secteurs où les femmes sont majoritaires !

    #femmes #discrimination #pauvreté #sexisme #revenus