• Comment l’Europe sous-traite à l’#Afrique le contrôle des #migrations (1/4) : « #Frontex menace la #dignité_humaine et l’#identité_africaine »

    Pour freiner l’immigration, l’Union européenne étend ses pouvoirs aux pays d’origine des migrants à travers des partenariats avec des pays africains, parfois au mépris des droits humains. Exemple au Sénégal, où le journaliste Andrei Popoviciu a enquêté.

    Cette enquête en quatre épisodes, publiée initialement en anglais dans le magazine américain In These Times (https://inthesetimes.com/article/europe-militarize-africa-senegal-borders-anti-migration-surveillance), a été soutenue par une bourse du Leonard C. Goodman Center for Investigative Reporting.

    Par une brûlante journée de février, Cornelia Ernst et sa délégation arrivent au poste-frontière de Rosso. Autour, le marché d’artisanat bouillonne de vie, une épaisse fumée s’élève depuis les camions qui attendent pour passer en Mauritanie, des pirogues hautes en couleur dansent sur le fleuve Sénégal. Mais l’attention se focalise sur une fine mallette noire posée sur une table, face au chef du poste-frontière. Celui-ci l’ouvre fièrement, dévoilant des dizaines de câbles méticuleusement rangés à côté d’une tablette tactile. La délégation en a le souffle coupé.

    Le « Universal Forensics Extraction Device » (UFED) est un outil d’extraction de données capable de récupérer les historiques d’appels, photos, positions GPS et messages WhatsApp de n’importe quel téléphone portable. Fabriqué par la société israélienne Cellebrite, dont il a fait la réputation, l’UFED est commercialisé auprès des services de police du monde entier, notamment du FBI, pour lutter contre le terrorisme et le trafic de drogues. Néanmoins, ces dernières années, le Nigeria et le Bahreïn s’en sont servis pour voler les données de dissidents politiques, de militants des droits humains et de journalistes, suscitant un tollé.

    Toujours est-il qu’aujourd’hui, une de ces machines se trouve au poste-frontière entre Rosso-Sénégal et Rosso-Mauritanie, deux villes du même nom construites de part et d’autre du fleuve qui sépare les deux pays. Rosso est une étape clé sur la route migratoire qui mène jusqu’en Afrique du Nord. Ici, cependant, cette technologie ne sert pas à arrêter les trafiquants de drogue ou les terroristes, mais à suivre les Ouest-Africains qui veulent migrer vers l’Europe. Et cet UFED n’est qu’un outil parmi d’autres du troublant arsenal de technologies de pointe déployé pour contrôler les déplacements dans la région – un arsenal qui est arrivé là, Cornelia Ernst le sait, grâce aux technocrates de l’Union européenne (UE) avec qui elle travaille.

    Cette eurodéputée allemande se trouve ici, avec son homologue néerlandaise Tineke Strik et une équipe d’assistants, pour mener une mission d’enquête en Afrique de l’Ouest. Respectivement membres du Groupe de la gauche (GUE/NGL) et du Groupe des Verts (Verts/ALE) au Parlement européen, les deux femmes font partie d’une petite minorité de députés à s’inquiéter des conséquences de la politique migratoire européenne sur les valeurs fondamentales de l’UE – à savoir les droits humains –, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Europe.

    Le poste-frontière de Rosso fait partie intégrante de la politique migratoire européenne. Il accueille en effet une nouvelle antenne de la Division nationale de lutte contre le trafic de migrants (DNLT), fruit d’un « partenariat opérationnel conjoint » entre le Sénégal et l’UE visant à former et équiper la police des frontières sénégalaise et à dissuader les migrants de gagner l’Europe avant même qu’ils ne s’en approchent. Grâce à l’argent des contribuables européens, le Sénégal a construit depuis 2018 au moins neuf postes-frontières et quatre antennes régionales de la DNLT. Ces sites sont équipés d’un luxe de technologies de surveillance intrusive : outre la petite mallette noire, ce sont des logiciels d’identification biométrique des empreintes digitales et de reconnaissance faciale, des drones, des serveurs numériques, des lunettes de vision nocturne et bien d’autres choses encore…

    Dans un communiqué, un porte-parole de la Commission européenne affirme pourtant que les antennes régionales de la DNLT ont été créées par le Sénégal et que l’UE se borne à financer les équipements et les formations.

    « Frontex militarise la Méditerranée »

    Cornelia Ernst redoute que ces outils ne portent atteinte aux droits fondamentaux des personnes en déplacement. Les responsables sénégalais, note-t-elle, semblent « très enthousiasmés par les équipements qu’ils reçoivent et par leur utilité pour suivre les personnes ». Cornelia Ernst et Tineke Strik s’inquiètent également de la nouvelle politique, controversée, que mène la Commission européenne depuis l’été 2022 : l’Europe a entamé des négociations avec le Sénégal et la Mauritanie pour qu’ils l’autorisent à envoyer du personnel de l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, Frontex, patrouiller aux frontières terrestres et maritimes des deux pays. Objectif avoué : freiner l’immigration africaine.

    Avec un budget de 754 millions d’euros, Frontex est l’agence la mieux dotée financièrement de toute l’UE. Ces cinq dernières années, un certain nombre d’enquêtes – de l’UE, des Nations unies, de journalistes et d’organisations à but non lucratif – ont montré que Frontex a violé les droits et la sécurité des migrants qui traversent la Méditerranée, notamment en aidant les garde-côtes libyens, financés par l’UE, à renvoyer des centaines de milliers de migrants en Libye, un pays dans lequel certains sont détenus, torturés ou exploités comme esclaves sexuels. En 2022, le directeur de l’agence, Fabrice Leggeri, a même été contraint de démissionner à la suite d’une cascade de scandales. Il lui a notamment été reproché d’avoir dissimulé des « pushbacks » : des refoulements illégaux de migrants avant même qu’ils ne puissent déposer une demande d’asile.

    Cela fait longtemps que Frontex est présente de façon informelle au Sénégal, en Mauritanie et dans six autres pays d’Afrique de l’Ouest, contribuant au transfert de données migratoires de ces pays vers l’UE. Mais jamais auparavant l’agence n’avait déployé de gardes permanents à l’extérieur de l’UE. Or à présent, Bruxelles compte bien étendre les activités de Frontex au-delà de son territoire, sur le sol de pays africains souverains, anciennes colonies européennes qui plus est, et ce en l’absence de tout mécanisme de surveillance. Pour couronner le tout, initialement, l’UE avait même envisagé d’accorder l’immunité au personnel de Frontex posté en Afrique de l’Ouest.

    D’évidence, les programmes européens ne sont pas sans poser problème. La veille de leur arrivée à Rosso, Cornelia Ernst et Tineke Strik séjournent à Dakar, où plusieurs groupes de la société civile les mettent en garde. « Frontex menace la dignité humaine et l’identité africaine », martèle Fatou Faye, de la Fondation Rosa Luxemburg, une ONG allemande. « Frontex militarise la Méditerranée », renchérit Saliou Diouf, fondateur de l’association de défense des migrants Boza Fii. Si Frontex poste ses gardes aux frontières africaines, ajoute-t-il, « c’est la fin ».

    Ces programmes s’inscrivent dans une vaste stratégie d’« externalisation des frontières », selon le jargon européen en vigueur. L’idée ? Sous-traiter de plus en plus le contrôle des frontières européennes en créant des partenariats avec des gouvernements africains – autrement dit, étendre les pouvoirs de l’UE aux pays d’origine des migrants. Concrètement, cette stratégie aux multiples facettes consiste à distribuer des équipements de surveillance de pointe, à former les forces de police et à mettre en place des programmes de développement qui prétendent s’attaquer à la racine des migrations.

    Des cobayes pour l’Europe

    En 2016, l’UE a désigné le Sénégal, qui est à la fois un pays d’origine et de transit des migrants, comme l’un de ses cinq principaux pays partenaires pour gérer les migrations africaines. Mais au total, ce sont pas moins de 26 pays africains qui reçoivent de l’argent des contribuables européens pour endiguer les vagues de migration, dans le cadre de 400 projets distincts. Entre 2015 et 2021, l’UE a investi 5 milliards d’euros dans ces projets, 80 % des fonds étant puisés dans les budgets d’aide humanitaire et au développement. Selon des données de la Fondation Heinrich Böll, rien qu’au Sénégal, l’Europe a investi au moins 200 milliards de francs CFA (environ 305 millions d’euros) depuis 2005.

    Ces investissements présentent des risques considérables. Il s’avère que la Commission européenne omet parfois de procéder à des études d’évaluation d’impact sur les droits humains avant de distribuer ses fonds. Or, comme le souligne Tineke Strik, les pays qu’elle finance manquent souvent de garde-fous pour protéger la démocratie et garantir que les technologies et les stratégies de maintien de l’ordre ne seront pas utilisées à mauvais escient. En réalité, avec ces mesures, l’UE mène de dangereuses expériences technico-politiques : elle équipe des gouvernements autoritaires d’outils répressifs qui peuvent être utilisés contre les migrants, mais contre bien d’autres personnes aussi.

    « Si la police dispose de ces technologies pour tracer les migrants, rien ne garantit qu’elle ne s’en servira pas contre d’autres individus, comme des membres de la société civile et des acteurs politiques », explique Ousmane Diallo, chercheur au bureau d’Afrique de l’Ouest d’Amnesty International.

    En 2022, j’ai voulu mesurer l’impact au Sénégal des investissements réalisés par l’UE dans le cadre de sa politique migratoire. Je me suis rendu dans plusieurs villes frontalières, j’ai discuté avec des dizaines de personnes et j’ai consulté des centaines de documents publics ou qui avaient fuité. Cette enquête a mis au jour un complexe réseau d’initiatives qui ne s’attaquent guère aux problèmes qui poussent les gens à émigrer. En revanche, elles portent un rude coup aux droits fondamentaux, à la souveraineté nationale du Sénégal et d’autres pays d’Afrique, ainsi qu’aux économies locales de ces pays, qui sont devenus des cobayes pour l’Europe.

    Des politiques « copiées-collées »

    Depuis la « crise migratoire » de 2015, l’UE déploie une énergie frénétique pour lutter contre l’immigration. A l’époque, plus d’un million de demandeurs d’asile originaires du Moyen-Orient et d’Afrique – fuyant les conflits, la violence et la pauvreté – ont débarqué sur les côtes européennes. Cette « crise migratoire » a provoqué une droitisation de l’Europe. Les leaders populistes surfant sur la peur des populations et présentant l’immigration comme une menace sécuritaire et identitaire, les partis nationalistes et xénophobes en ont fait leurs choux gras.

    Reste que le pic d’immigration en provenance d’Afrique de l’Ouest s’est produit bien avant 2015 : en 2006, plus de 31 700 migrants sont arrivés par bateau aux îles Canaries, un territoire espagnol situé à une centaine de kilomètres du Maroc. Cette vague a pris au dépourvu le gouvernement espagnol, qui s’est lancé dans une opération conjointe avec Frontex, baptisée « Hera », pour patrouiller le long des côtes africaines et intercepter les bateaux en direction de l’Europe.

    Cette opération « Hera », que l’ONG britannique de défense des libertés Statewatch qualifie d’« opaque », marque le premier déploiement de Frontex à l’extérieur du territoire européen. C’est aussi le premier signe d’externalisation des frontières européennes en Afrique depuis la fin du colonialisme au XXe siècle. En 2018, Frontex a quitté le Sénégal, mais la Guardia Civil espagnole y est restée jusqu’à ce jour : pour lutter contre l’immigration illégale, elle patrouille le long des côtes et effectue même des contrôles de passeports dans les aéroports.

    En 2015, en pleine « crise », les fonctionnaires de Bruxelles ont musclé leur stratégie : ils ont décidé de dédier des fonds à la lutte contre l’immigration à la source. Ils ont alors créé le Fonds fiduciaire d’urgence de l’UE pour l’Afrique (EUTF). Officiellement, il s’agit de favoriser la stabilité et de remédier aux causes des migrations et des déplacements irréguliers des populations en Afrique.

    Malgré son nom prometteur, c’est la faute de l’EUTF si la mallette noire se trouve à présent au poste-frontière de Rosso – sans oublier les drones et les lunettes de vision nocturne. Outre ce matériel, le fonds d’urgence sert à envoyer des fonctionnaires et des consultants européens en Afrique, pour convaincre les gouvernements de mettre en place de nouvelles politiques migratoires – des politiques qui, comme me le confie un consultant anonyme de l’EUTF, sont souvent « copiées-collées d’un pays à l’autre », sans considération aucune des particularités nationales de chaque pays. « L’UE force le Sénégal à adopter des politiques qui n’ont rien à voir avec nous », explique la chercheuse sénégalaise Fatou Faye à Cornelia Ernst et Tineke Strik.

    Une mobilité régionale stigmatisée

    Les aides européennes constituent un puissant levier, note Leonie Jegen, chercheuse à l’université d’Amsterdam et spécialiste de l’influence de l’UE sur la politique migratoire sénégalaise. Ces aides, souligne-t-elle, ont poussé le Sénégal à réformer ses institutions et son cadre législatif en suivant des principes européens et en reproduisant des « catégories politiques eurocentrées » qui stigmatisent, voire criminalisent la mobilité régionale. Et ces réformes sont sous-tendues par l’idée que « le progrès et la modernité » sont des choses « apportées de l’extérieur » – idée qui n’est pas sans faire écho au passé colonial.

    Il y a des siècles, pour se partager l’Afrique et mieux piller ses ressources, les empires européens ont dessiné ces mêmes frontières que l’UE est aujourd’hui en train de fortifier. L’Allemagne a alors jeté son dévolu sur de grandes parties de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique de l’Est ; les Pays-Bas ont mis la main sur l’Afrique du Sud ; les Britanniques ont décroché une grande bande de terre s’étendant du nord au sud de la partie orientale du continent ; la France a raflé des territoires allant du Maroc au Congo-Brazzaville, notamment l’actuel Sénégal, qui n’est indépendant que depuis soixante-trois ans.

    L’externalisation actuelle des frontières européennes n’est pas un cas totalement unique. Les trois derniers gouvernements américains ont abreuvé le Mexique de millions de dollars pour empêcher les réfugiés d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud d’atteindre la frontière américaine, et l’administration Biden a annoncé l’ouverture en Amérique latine de centres régionaux où il sera possible de déposer une demande d’asile, étendant ainsi de facto le contrôle de ses frontières à des milliers de kilomètres au-delà de son territoire.

    Cela dit, au chapitre externalisation des frontières, la politique européenne en Afrique est de loin la plus ambitieuse et la mieux financée au monde.

    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/09/06/comment-l-europe-sous-traite-a-l-afrique-le-controle-des-migrations-1-4-fron

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    • Comment l’Europe sous-traite à l’Afrique le contrôle des migrations (2/4) : « Nous avons besoin d’aide, pas d’outils sécuritaires »

      Au Sénégal, la création et l’équipement de postes-frontières constituent des éléments clés du partenariat avec l’Union européenne. Une stratégie pas toujours efficace, tandis que les services destinés aux migrants manquent cruellement de financements.

      Par une étouffante journée de mars, j’arrive au poste de contrôle poussiéreux du village sénégalais de #Moussala, à la frontière avec le #Mali. Des dizaines de camions et de motos attendent, en ligne, de traverser ce point de transit majeur. Après avoir demandé pendant des mois, en vain, la permission au gouvernement d’accéder au poste-frontière, j’espère que le chef du poste m’expliquera dans quelle mesure les financements européens influencent leurs opérations. Refusant d’entrer dans les détails, il me confirme que son équipe a récemment reçu de l’Union européenne (UE) des formations et des équipements dont elle se sert régulièrement. Pour preuve, un petit diplôme et un trophée, tous deux estampillés du drapeau européen, trônent sur son bureau.

      La création et l’équipement de postes-frontières comme celui de Moussala constituent des éléments clés du partenariat entre l’UE et l’#Organisation_internationale_pour_les_migrations (#OIM). Outre les technologies de surveillance fournies aux antennes de la Division nationale de lutte contre le trafic de migrants (DNLT, fruit d’un partenariat entre le Sénégal et l’UE), chaque poste-frontière est équipé de systèmes d’analyse des données migratoires et de systèmes biométriques de reconnaissance faciale et des empreintes digitales.

      Officiellement, l’objectif est de créer ce que les fonctionnaires européens appellent un système africain d’#IBM, à savoir « #Integrated_Border_Management » (en français, « gestion intégrée des frontières »). Dans un communiqué de 2017, le coordinateur du projet de l’OIM au Sénégal déclarait : « La gestion intégrée des frontières est plus qu’un simple concept, c’est une culture. » Il avait semble-t-il en tête un changement idéologique de toute l’Afrique, qui ne manquerait pas selon lui d’embrasser la vision européenne des migrations.

      Technologies de surveillance

      Concrètement, ce système IBM consiste à fusionner les #bases_de_données sénégalaises (qui contiennent des données biométriques sensibles) avec les données d’agences de police internationales (comme #Interpol et #Europol). Le but : permettre aux gouvernements de savoir qui franchit quelle frontière et quand. Un tel système, avertissent les experts, peut vite faciliter les expulsions illégales et autres abus.

      Le risque est tout sauf hypothétique. En 2022, un ancien agent des services espagnols de renseignement déclarait au journal El Confidencial que les autorités de plusieurs pays d’Afrique « utilisent les technologies fournies par l’Espagne pour persécuter et réprimer des groupes d’opposition, des militants et des citoyens critiques envers le pouvoir ». Et d’ajouter que le gouvernement espagnol en avait parfaitement conscience.

      D’après un porte-parole de la Commission européenne, « tous les projets qui touchent à la sécurité et sont financés par l’UE comportent un volet de formation et de renforcement des capacités en matière de droits humains ». Selon cette même personne, l’UE effectue des études d’impact sur les droits humains avant et pendant la mise en œuvre de ces projets. Mais lorsque, il y a quelques mois, l’eurodéputée néerlandaise Tineke Strik a demandé à voir ces études d’impact, trois différents services de la Commission lui ont envoyé des réponses officielles disant qu’ils ne les avaient pas. En outre, selon un de ces services, « il n’existe pas d’obligation réglementaire d’en faire ».

      Au Sénégal, les libertés civiles sont de plus en plus menacées et ces technologies de surveillance risquent d’autant plus d’être utilisées à mauvais escient. Rappelons qu’en 2021, les forces de sécurité sénégalaises ont tué quatorze personnes qui manifestaient contre le gouvernement ; au cours des deux dernières années, plusieurs figures de l’opposition et journalistes sénégalais ont été emprisonnés pour avoir critiqué le gouvernement, abordé des questions politiques sensibles ou avoir « diffusé des fausses nouvelles ». En juin, après qu’Ousmane Sonko, principal opposant au président Macky Sall, a été condamné à deux ans d’emprisonnement pour « corruption de la jeunesse », de vives protestations ont fait 23 morts.

      « Si je n’étais pas policier, je partirais aussi »

      Alors que j’allais renoncer à discuter avec la police locale, à Tambacounda, autre grand point de transit non loin des frontières avec le Mali et la Guinée, un policier de l’immigration en civil a accepté de me parler sous couvert d’anonymat. C’est de la région de #Tambacounda, qui compte parmi les plus pauvres du Sénégal, que proviennent la plupart des candidats à l’immigration. Là-bas, tout le monde, y compris le policier, connaît au moins une personne qui a tenté de mettre les voiles pour l’Europe.

      « Si je n’étais pas policier, je partirais aussi », me confie-t-il par l’entremise d’un interprète, après s’être éloigné à la hâte du poste-frontière. Les investissements de l’UE « n’ont rien changé du tout », poursuit-il, notant qu’il voit régulièrement des personnes en provenance de Guinée passer par le Sénégal et entrer au Mali dans le but de gagner l’Europe.

      Depuis son indépendance en 1960, le Sénégal est salué comme un modèle de démocratie et de stabilité, tandis que nombre de ses voisins sont en proie aux dissensions politiques et aux coups d’Etat. Quoi qu’il en soit, plus d’un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté et l’absence de perspectives pousse la population à migrer, notamment vers la France et l’Espagne. Aujourd’hui, les envois de fonds de la diaspora représentent près de 10 % du PIB sénégalais. A noter par ailleurs que, le Sénégal étant le pays le plus à l’ouest de l’Afrique, de nombreux Ouest-Africains s’y retrouvent lorsqu’ils fuient les problèmes économiques et les violences des ramifications régionales d’Al-Qaida et de l’Etat islamique (EI), qui ont jusqu’à présent contraint près de 4 millions de personnes à partir de chez elles.

      « L’UE ne peut pas résoudre les problèmes en construisant des murs et en distribuant de l’argent, me dit le policier. Elle pourra financer tout ce qu’elle veut, ce n’est pas comme ça qu’elle mettra fin à l’immigration. » Les sommes qu’elle dépense pour renforcer la police et les frontières, dit-il, ne servent guère plus qu’à acheter des voitures climatisées aux policiers des villes frontalières.

      Pendant ce temps, les services destinés aux personnes expulsées – comme les centres de protection et d’accueil – manquent cruellement de financements. Au poste-frontière de Rosso, des centaines de personnes sont expulsées chaque semaine de Mauritanie. Mbaye Diop travaille avec une poignée de bénévoles du centre que la Croix-Rouge a installé du côté sénégalais pour accueillir ces personnes expulsées : des hommes, des femmes et des enfants qui présentent parfois des blessures aux poignets, causées par des menottes, et ailleurs sur le corps, laissées par les coups de la police mauritanienne. Mais Mbaye Diop n’a pas de ressources pour les aider. L’approche n’est pas du tout la bonne, souffle-t-il : « Nous avons besoin d’aide humanitaire, pas d’outils sécuritaires. »

      La méthode de la carotte

      Pour freiner l’immigration, l’UE teste également la méthode de la carotte : elle propose des subventions aux entreprises locales et des formations professionnelles à ceux qui restent ou rentrent chez eux. La route qui mène à Tambacounda est ponctuée de dizaines et de dizaines de panneaux publicitaires vantant les projets européens.

      Dans la réalité, les offres ne sont pas aussi belles que l’annonce l’UE. Binta Ly, 40 ans, en sait quelque chose. A Tambacounda, elle tient une petite boutique de jus de fruits locaux et d’articles de toilette. Elle a fait une année de droit à l’université, mais le coût de la vie à Dakar l’a contrainte à abandonner ses études et à partir chercher du travail au Maroc. Après avoir vécu sept ans à Casablanca et Marrakech, elle est rentrée au Sénégal, où elle a récemment inauguré son magasin.

      En 2022, Binta Ly a déposé une demande de subvention au Bureau d’accueil, d’orientation et de suivi (BAOS) qui avait ouvert la même année à Tambacounda, au sein de l’antenne locale de l’Agence régionale de développement (ARD). Financés par l’UE, les BAOS proposent des subventions aux petites entreprises sénégalaises dans le but de dissuader la population d’émigrer. Binta Ly ambitionnait d’ouvrir un service d’impression, de copie et de plastification dans sa boutique, idéalement située à côté d’une école primaire. Elle a obtenu une subvention de 500 000 francs CFA (762 euros) – soit un quart du budget qu’elle avait demandé –, mais peu importe, elle était très enthousiaste. Sauf qu’un an plus tard, elle n’avait toujours pas touché un seul franc.

      Dans l’ensemble du Sénégal, les BAOS ont obtenu une enveloppe totale de 1 milliard de francs CFA (1,5 million d’euros) de l’UE pour financer ces subventions. Mais l’antenne de Tambacounda n’a perçu que 60 millions de francs CFA (91 470 euros), explique Abdoul Aziz Tandia, directeur du bureau local de l’ARD. A peine de quoi financer 84 entreprises dans une région de plus d’un demi-million d’habitants. Selon un porte-parole de la Commission européenne, la distribution des subventions a effectivement commencé en avril. Le fait est que Binta Ly a reçu une imprimante et une plastifieuse, mais pas d’ordinateur pour aller avec. « Je suis contente d’avoir ces aides, dit-elle. Le problème, c’est qu’elles mettent très longtemps à venir et que ces retards chamboulent tout mon business plan. »

      Retour « volontaire »

      Abdoul Aziz Tandia admet que les BAOS ne répondent pas à la demande. C’est en partie la faute de la bureaucratie, poursuit-il : Dakar doit approuver l’ensemble des projets et les intermédiaires sont des ONG et des agences étrangères, ce qui signifie que les autorités locales et les bénéficiaires n’exercent aucun contrôle sur ces fonds, alors qu’ils sont les mieux placés pour savoir comment les utiliser. Par ailleurs, reconnaît-il, de nombreuses régions du pays n’ayant accès ni à l’eau propre, ni à l’électricité ni aux soins médicaux, ces microsubventions ne suffisent pas à empêcher les populations d’émigrer. « Sur le moyen et le long termes, ces investissements n’ont pas de sens », juge Abdoul Aziz Tandia.

      Autre exemple : aujourd’hui âgé de 30 ans, Omar Diaw a passé au moins cinq années de sa vie à tenter de rejoindre l’Europe. Traversant les impitoyables déserts du Mali et du Niger, il est parvenu jusqu’en Algérie. Là, à son arrivée, il s’est aussitôt fait expulser vers le Niger, où il n’existe aucun service d’accueil. Il est alors resté coincé des semaines entières dans le désert. Finalement, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) l’a renvoyé en avion au Sénégal, qualifiant son retour de « volontaire ».

      Lorsqu’il est rentré chez lui, à Tambacounda, l’OIM l’a inscrit à une formation de marketing numérique qui devait durer plusieurs semaines et s’accompagner d’une allocation de 30 000 francs CFA (46 euros). Mais il n’a jamais touché l’allocation et la formation qu’il a suivie est quasiment inutile dans sa situation : à Tambacounda, la demande en marketing numérique n’est pas au rendez-vous. Résultat : il a recommencé à mettre de l’argent de côté pour tenter de nouveau de gagner l’Europe.

      https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/09/07/comment-l-europe-sous-traite-a-l-afrique-le-controle-des-migrations-2-4-nous
      #OIM #retour_volontaire

    • Comment l’Europe sous-traite à l’Afrique le contrôle des migrations (3/4) : « Il est presque impossible de comprendre à quoi sert l’argent »

      A coups de centaines de millions d’euros, l’UE finance des projets dans des pays africains pour réduire les migrations. Mais leur impact est difficile à mesurer et leurs effets pervers rarement pris en considération.

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      Au chapitre migrations, rares sont les projets de l’Union européenne (UE) qui semblent adaptés aux réalités africaines. Mais il n’est pas sans risques de le dire tout haut. C’est ce que Boubacar Sèye, chercheur dans le domaine, a appris à ses dépens.

      Né au Sénégal, il vit aujourd’hui en Espagne. Ce migrant a quitté la Côte d’Ivoire, où il travaillait comme professeur de mathématiques, quand les violences ont ravagé le pays au lendemain de l’élection présidentielle de 2000. Après de brefs séjours en France et en Italie, Boubacar Sèye s’est établi en Espagne, où il a fini par obtenir la citoyenneté et fondé une famille avec son épouse espagnole. Choqué par le bilan de la vague de migration aux Canaries en 2006, il a créé l’ONG Horizons sans frontières pour aider les migrants africains en Espagne. Aujourd’hui, il mène des recherches et défend les droits des personnes en déplacement, notamment celles en provenance d’Afrique et plus particulièrement du Sénégal.

      En 2019, Boubacar Sèye s’est procuré un document détaillant comment les fonds des politiques migratoires de l’UE sont dépensés au Sénégal. Il a été sidéré par le montant vertigineux des sommes investies pour juguler l’immigration, alors que des milliers de candidats à l’asile se noient chaque année sur certaines des routes migratoires les plus meurtrières au monde. Lors d’entretiens publiés dans la presse et d’événements publics, il a ouvertement demandé aux autorités sénégalaises d’être plus transparentes sur ce qu’elles avaient fait des centaines de millions d’euros de l’Europe, qualifiant ces projets de véritable échec.

      Puis, au début de l’année 2021, il a été arrêté à l’aéroport de Dakar pour « diffusion de fausses informations ». Il a ensuite passé deux semaines en prison. Sa santé se dégradant rapidement sous l’effet du stress, il a fait une crise cardiaque. « Ce séjour en prison était inhumain, humiliant, et il m’a causé des problèmes de santé qui durent jusqu’à aujourd’hui, s’indigne le chercheur. J’ai juste posé une question : “Où est passé l’argent ?” »

      Ses intuitions n’étaient pas mauvaises. Les financements de la politique anti-immigration de l’UE sont notoirement opaques et difficiles à tracer. Les demandes déposées dans le cadre de la liberté d’information mettent des mois, voire des années à être traitées, alors que la délégation de l’UE au Sénégal, la Commission européenne et les autorités sénégalaises ignorent ou déclinent les demandes d’interviews.

      La Division nationale de lutte contre le trafic de migrants (DNLT, fruit d’un partenariat entre le Sénégal et l’UE), la police des frontières, le ministère de l’intérieur et le ministère des affaires étrangères – lesquels ont tous bénéficié des fonds migratoires européens – n’ont pas répondu aux demandes répétées d’entretien pour réaliser cette enquête.
      « Nos rapports doivent être positifs »

      Les rapports d’évaluation de l’UE ne donnent pas de vision complète de l’impact des programmes. A dessein ? Plusieurs consultants qui ont travaillé sur des rapports d’évaluation d’impact non publiés de projets du #Fonds_fiduciaire_d’urgence_de_l’UE_pour_l’Afrique (#EUTF), et qui s’expriment anonymement en raison de leur obligation de confidentialité, tirent la sonnette d’alarme : les effets pervers de plusieurs projets du fonds sont peu pris en considération.

      Au #Niger, par exemple, l’UE a contribué à élaborer une loi qui criminalise presque tous les déplacements, rendant de fait illégale la mobilité dans la région. Alors que le nombre de migrants irréguliers qui empruntent certaines routes migratoires a reculé, les politiques européennes rendent les routes plus dangereuses, augmentent les prix qu’exigent les trafiquants et criminalisent les chauffeurs de bus et les sociétés de transport locales. Conséquence : de nombreuses personnes ont perdu leur travail du jour au lendemain.

      La difficulté à évaluer l’impact de ces projets tient notamment à des problèmes de méthode et à un manque de ressources, mais aussi au simple fait que l’UE ne semble guère s’intéresser à la question. Un consultant d’une société de contrôle et d’évaluation financée par l’UE confie : « Quel est l’impact de ces projets ? Leurs effets pervers ? Nous n’avons pas les moyens de répondre à ces questions. Nous évaluons les projets uniquement à partir des informations fournies par des organisations chargées de leur mise en œuvre. Notre cabinet de conseil ne réalise pas d’évaluation véritablement indépendante. »

      Selon un document interne que j’ai pu me procurer, « rares sont les projets qui nous ont fourni les données nécessaires pour évaluer les progrès accomplis en direction des objectifs généraux de l’EUTF (promouvoir la stabilité et limiter les déplacements forcés et les migrations illégales) ». Selon un autre consultant, seuls les rapports positifs semblent les bienvenus : « Il est implicite que nos rapports doivent être positifs si nous voulons à l’avenir obtenir d’autres projets. »

      En 2018, la Cour des comptes européenne, institution indépendante, a émis des critiques sur l’EUTF : ses procédures de sélection de projets manquent de cohérence et de clarté. De même, une étude commanditée par le Parlement européen qualifie ses procédures d’« opaques ». « Le contrôle du Parlement est malheureusement très limité, ce qui constitue un problème majeur pour contraindre la Commission à rendre des comptes, regrette l’eurodéputée allemande Cornelia Ernst. Même pour une personne très au fait des politiques de l’UE, il est presque impossible de comprendre où va l’argent et à quoi il sert. »

      Le #fonds_d’urgence pour l’Afrique a notamment financé la création d’unités de police des frontières d’élite dans six pays d’Afrique de l’Ouest, et ce dans le but de lutter contre les groupes de djihadistes et les trafics en tous genres. Or ce projet, qui aurait permis de détourner au moins 12 millions d’euros, fait actuellement l’objet d’une enquête pour fraude.
      Aucune étude d’impact sur les droits humains

      En 2020, deux projets de modernisation des #registres_civils du Sénégal et de la Côte d’Ivoire ont suscité de vives inquiétudes des populations. Selon certaines sources, ces projets financés par l’EUTF auraient en effet eu pour objectif de créer des bases de #données_biométriques nationales. Les défenseurs des libertés redoutaient qu’on collecte et stocke les empreintes digitales et images faciales des citoyens des deux pays.

      Quand Ilia Siatitsa, de l’ONG britannique Privacy International, a demandé à la Commission européenne de lui fournir des documents sur ces projets, elle a découvert que celle-ci n’avait réalisé aucune étude d’impact sur les droits humains. En Europe, aucun pays ne possède de base de données comprenant autant d’informations biométriques.

      D’après un porte-parole de la Commission, jamais le fonds d’urgence n’a financé de registre biométrique, et ces deux projets consistent exclusivement à numériser des documents et prévenir les fraudes. Or la dimension biométrique des registres apparaît clairement dans les documents de l’EUTF qu’Ilia Siatitsa s’est procurés : il y est écrit noir sur blanc que le but est de créer « une base de données d’identification biométrique pour la population, connectée à un système d’état civil fiable ».

      Ilia Siatitsa en a déduit que le véritable objectif des deux projets était vraisemblablement de faciliter l’expulsion des migrants africains d’Europe. D’ailleurs, certains documents indiquent explicitement que la base de données ivoirienne doit servir à identifier et expulser les Ivoiriens qui résident illégalement sur le sol européen. L’un d’eux explique même que l’objectif du projet est de « faciliter l’identification des personnes qui sont véritablement de nationalité ivoirienne et l’organisation de leur retour ».

      Quand Cheikh Fall, militant sénégalais pour le droit à la vie privée, a appris l’existence de cette base de données, il s’est tourné vers la Commission de protection des données personnelles (CDP), qui, légalement, aurait dû donner son aval à un tel projet. Mais l’institution sénégalaise n’a été informée de l’existence du projet qu’après que le gouvernement l’a approuvé.

      En novembre 2021, Ilia Siatitsa a déposé une plainte auprès du médiateur de l’UE. En décembre 2022, après une enquête indépendante, le médiateur a rendu ses conclusions : la Commission n’a pas pris en considération l’impact sur la vie privée des populations africaines de ce projet et d’autres projets que finance l’UE dans le cadre de sa politique migratoire.

      Selon plusieurs sources avec lesquelles j’ai discuté, ainsi que la présentation interne du comité de direction du projet – que j’ai pu me procurer –, il apparaît que depuis, le projet a perdu sa composante biométrique. Cela dit, selon Ilia Siatitsa, cette affaire illustre bien le fait que l’UE effectue en Afrique des expériences sur des technologies interdites chez elle.

      https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/09/08/comment-l-europe-sous-traite-a-l-afrique-le-controle-des-migrations-3-4-il-e

  • Moi, agricultrice

    Des années d’après-guerre à aujourd’hui, des #pionnières agricultrices vont mener un long combat de l’ombre pour passer de l’#invisibilité_sociale, d’un métier subi, à la reconnaissance pleine et entière de leur statut. Trop longtemps considérées « #sans_profession », sous la #tutelle juridique et économique de leurs époux, ces militantes de la première heure livrent le récit intime d’une conquête restée dans l’oubli de l’histoire de l’#émancipation_des_femmes. La nouvelle génération, héritière de cette lente marche vers l’égalité des droits, témoigne également, bien décidée à garantir les acquis gagnés de haute lutte par leurs mères et leurs grands-mères.

    https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/64524_0

    –—

    Anne-Maire Crolais (à partir de la min 40’09) :

    « Les places, ça se gagne. Est-ce qu’on veut, nous, les femmes, en gagner ou pas ? Il faut le savoir, c’est tout. C’est simple. Un homme ne laissera jamais sa place. (...) Si on veut le pouvoir, on y va. »

    #femmes #vocation #agriculture #reconnaissance #émancipation #injustice_sociale #luttes #cohabitation #travail #agricultrices #Jeunesse_agricole_catholique (#JAC) #profession #identité_professionnelle #existence_sociale #paysannerie #mai_68 #paysannes #paysans-travailleurs #permis_de_conduire #histoire #féminisme #indépendance_financière #statut #droits_sociaux #droits #congé_maternité #clandestinité_sociale #patriarcat #égalité_des_droits #sexisme_ordinaire
    #film #film_documentaire #documentaire

  • Les métiers de la propreté
    https://laviedesidees.fr/Les-metiers-de-la-proprete

    Mal rémunérés, mal considérés, contraignants, pénibles : les métiers du nettoyage cumulent les injustices. Et pourtant ils sont essentiels : le ménage est un soin, l’entretien est un geste écologique.

    #Société #travail #reconnaissance #écologie #pénibilité #Entretiens_écrits
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20230627_nettoyage.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20230627_nettoyage.pdf

  • Lausanne interdira la reconnaissance faciale dans l’espace public Marie Giovanola/lan - RTS
    https://www.rts.ch/info/regions/vaud/13902665-lausanne-interdira-la-reconnaissance-faciale-dans-lespace-public.html

    Lausanne sera la première ville romande à interdire les systèmes de reconnaissance faciale dans l’espace public. C’est ce qu’a décidé mardi soir le Conseil communal de la ville. Elle emboîte ainsi le pas à St-Gall et Zurich.

    Le débat au sein du Conseil communal a été alimenté par le récent revirement des CFF en la matière.

    L’interdiction de la reconnaissance faciale et biométrique a fait l’unanimité des groupes politiques, s’est réjoui dans le 12h30 Benoît Gaillard, conseiller communal socialiste à l’origine de la démarche.

    « Il n’y a pas eu d’opposition. Nous avons voulu agir sur l’espace public où nous pouvons édicter des règlements, que la police qui dépend de la Ville peut également suivre. Un postulat a aussi été adopté. Il demande à la Municipalité de mettre en oeuvre les mêmes lignes directrices dans les sociétés où elles exercent une influence, soit les transports publics et les infrastructures sportives ».

    La balle est maintenant dans le camp de la Municipalité de Lausanne qui va devoir proposer un changement de règlement.
    #biométrie #facial #surveillance #algorithme #reconnaissance #vidéo-surveillance #reconnaissance_faciale #discrimination #police #vie_privée #Suisse #démocratie #bonne_nouvelle

  • #Alana_Osbourne - “Decolonial Tours” - 30th June 2022 - Beyond Inhabitation Lab Spring Seminar Series

    I focus on tour guides who offer decolonial narratives and experiences of Brussels to an eclectic and changing audience. Drawing on the embodied temporalities of walking tours and by reviving urban memories, these guides give texture and shape to the city’s sensorium in a way that reaffirms black life against the resonances of colonialism in Belgium. Suturing past, present and future, this quilting of urban times fosters new relationships between people, landscapes and histories, and opens spaces of togetherness within a riven city.

    Dr. Alana Osbourne is a FNRS post-doctoral fellow at the Anthropological Laboratory for Contemporary Worlds (LAMC) at the Brussels Free University (ULB | Université Libre de Bruxelles). An anthropologist and filmmaker, her research interests include: sensorial anthropology and affect, the anthropology of violence, archival studies, Caribbean studies and film. She alternates her academic work with film and theatre projects.

    https://www.youtube.com/watch?v=03AOAlPxQV8


    #balade_décoloniale #Bruxelles #Belgique #décolonial #villes #urban_matter #temps #passé #présent #conférence #toponymie #toponymie_politique

    via @cede

    • #There_Are_Black_People_In_The_Future

      There are Black People in the Future is inspired by afro-futurist artists and writers who highlight the need for Black people to claim their place. Through the inscription and utterance of the words, ‘There are Black People in the Future,’ the project addresses systemic oppression of black communities through space and time by reassuring the presence of Black bodies. In 2017, Wormsley placed these words on a billboard in East Liberty, a neighborhood in Pittsburgh’s east end that has suffered gentrification. When the billboard was removed by the city, community members protested, in response to this community support, Wormsley has raised grant money to artists, activists, and community workers in Pittsburgh around their interpretation of the phrase “There Are Black People in the Future”. Since then, the billboard has been replicated in Detroit, Charlotte, New York City, Kansas City and Houston, internationally London, Accra and Qatar. Each site can pull from this precedence of supporting Black futures locally, whether through commissions, grants, project funding or programming. The text, which Wormsley encourages others to use freely, has since been used in protest, critical art theory, essays, song, testimony and collective dreaming.


      https://www.alishabwormsley.com/tabpitf

      #art #TABPITF #Alisha_Wormsley

    • La conférence de Alana Osbourne commence par introduire (et se construit à partir de) du rapport de la #commission_parlementaire (belge) chargée d’examiner le #passé_colonial :
      Le #rapport sur le passé colonial de la Belgique achoppe sur la question des #excuses

      Après deux ans et demi de travaux, des déplacements en République démocratique du Congo, au Rwanda, au Burundi, l’audition de près de 300 personnes, la commission parlementaire chargée d’examiner le passé colonial du pays devait remettre son rapport final. Mais les libéraux ont refusé d’adopter le texte lundi.

      L’écologiste Wouter de Vriendt, qui préside la commission parlementaire chargée d’examiner le passé colonial de la Belgique, avait demandé que la chambre des représentants présente des excuses aux peuples congolais, burundais et rwandais pour « la #domination et l’#exploitation_coloniale, les #violences et les #atrocités, les violations individuelles et collectives des droits humains durant cette période, ainsi que le #racisme et la #discrimination qui les ont accompagnées ».

      #Wouter_de_Vriendt invitait également « le pouvoir exécutif à faire des démarches analogues sur le plan des #réparations_symboliques ». Le président de la commission précisait bien que cette #reconnaissance du rôle de la Belgique, n’impliquerait aucune #responsabilité_juridique et ne pourrait donc donner lieu à une #réparation_financière.

      Des précautions qui n’ont pas suffi à convaincre les députés libéraux. Ces derniers ont claqué la porte de la commission lundi 19 décembre. Ils refusent que soient présentées des excuses, car celles-ci pourraient entraîner selon eux des réparations financières, ce dont ils ne veulent pas entendre parler. Ces députés préfèrent ainsi en rester aux regrets présentés par le roi.

      Faute d’accord sur cette question des excuses, la commission ne remettra donc pas son rapport final. C’est là un échec, d’autant plus douloureux que nombre de recommandations formulées par le président de cette commission semblaient faire consensus.

      https://www.rfi.fr/fr/afrique/20221220-les-excuses-au-c%C5%93ur-des-dissensions-parlementaires-sur-le-pass%C3%

  • Reconnaissance faciale : 2/3 des aéroports internationaux se sont déjà équipés de systèmes d’enregistrement automatisés et 80 % ont des projets d’investissement à 3 ans :

    A Roissy, un système de reconnaissance faciale, testé en 2021 et 2022, a permis de gagner 15 minutes sur le temps d’#embarquement d’un avion gros-porteur long-courrier - en évitant aux passagers volontaires d’avoir à ressortir carte d’embarquement et pièce d’identité. Le taux de satisfaction était de 94 %. Toujours à #Roissy, des #radar_Lidar à infrarouge, couplés à un logiciel d’#intelligence_artificielle, permettent de suivre l’évolution de la fréquentation des aérogares et même d’anticiper les pics d’affluence, afin d’adapter les postes de contrôle en conséquence. A terme, ils permettraient aux passagers de connaître à l’avance les temps d’attente.

    Dans le nouvel #aéroport_international d’Istanbul, le système de #reconnaissance_faciale, qui permet au passager d’accéder à la zone d’embarquement, aux salons et à l’avion sans sortir ni passeport, ni carte d’embarquement, aurait réduit de 30 % la durée totale du parcours du passager. A Lyon-Saint-Exupéry, Vinci va même tenter prochainement une première mondiale, en testant l’identification des passagers par leur iris.

    (Les Échos)
    #capitalisme_de_surveillance #système_d'enregistrement_automatisé

  • Instagram : la foire aux vanités

    Deux milliards d’utilisateurs actifs chaque mois, 100 millions de vidéos et photos partagées quotidiennement : lancé à l’automne 2010, au cœur de la Silicon Valley, par Kevin Systrom et Mike Krieger, deux étudiants de l’université de Stanford, le réseau Instagram a connu une ascension fulgurante. Surfant sur le développement de la photographie sur mobile, l’application, initialement conçue pour retoucher (grâce à ses fameux filtres) et partager des clichés, attire rapidement des célébrités et attise la convoitise des géants du numérique. En 2012, Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, qui flaire son potentiel commercial, la rachète pour la somme faramineuse de 1 milliard de dollars. La publicité y fait son apparition deux ans plus tard, favorisant l’explosion du marketing d’influence. Désormais, les marques se tournent vers les personnalités les plus suivies pour promouvoir leurs produits. Les stars aux millions d’abonnés, comme Cristiano Ronaldo ou Kim Kardashian, engrangent des revenus astronomiques, tandis qu’au bas de la hiérarchie, soumis à une concurrence impitoyable, les « nano-influenceurs » se contentent de contrats payés en nature ou d’avantages promotionnels. Transformé en gigantesque centre commercial, le réseau abreuve ses utilisateurs de visions modifiées de la réalité, entre corps jeunes et dénudés, spots touristiques aussitôt pris d’assaut et images esthétisées de nourriture, labellisées « food porn ». Conséquences : les opérations de chirurgie esthétique se multiplient chez les jeunes, enrichissant des praticiens peu scrupuleux, tandis que l’anxiété et la dépression progressent de façon inquiétante chez les adolescents, particulièrement perméables à ces idéaux standardisés.

    https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/66132_0

    #film #documentaire #film_documentaire
    #réseaux_sociaux #Instagram #drogue #beauté #fanbook #Mark_Zuckerberg #esthétique #marketing_d'influence #influencer #foll-ow #mise_en_scène #fast_fashion #mode #corps #algorithme #nudité #misogynie #standardisation #dysmorphie #santé_mentale #chirurgie_esthétique #décès #food_porn #estime_de_soi #reconnaissance

  • From GPS tagging to facial recognition watches: expanding the surveillance of migrants in the UK

    Through its use of GPS tags and smartwatches in immigration enforcement, the UK is extending the reach of surveillance and control of migrants to frightening levels.

    In early August, we learned that the Ministry of Justice had awarded a £6m contract for ‘facial recognition smartwatches’ to be worn by foreign national offenders. The devices will track their GPS location 24 hours a day, 7 days a week, and will require them to scan their faces up to five times a day. The information obtained from the devices, including names, date of birth, nationality, photographs, and location data, will be stored for up to six years and may be accessed by the Home Office and shared with law and border enforcement agencies.

    This is just the latest intrusive electronic monitoring (EM) technology to be used on migrants, after the Home Office moved from ‘traditional’ radio frequency tags (which measure the distance between the tag and the subject’s home) to GPS tags (which monitor the subject’s precise location 24/7). Electronic monitoring has been a key part of criminal justice for many years throughout the world, operational in many US states since the 1980s and implemented in England and Wales under the Criminal Justice Act 1991. It was introduced to address prison overcrowding and the rising costs of incarceration by diverting offenders from custody, but it is doubtful whether EM actually shrinks the size of prison populations or simply expands criminal justice interventions through a ‘net-widening effect’ – a 2016 comparative study found that high use of imprisonment is linked to high use of EM.[i] England and Wales now has the highest number of offenders subjected to this technology in the world,[ii] and has extended its use to immigration enforcement, through the Asylum and Immigration (Treatment of Claimants, etc) Act 2004. (In the US, it was extended to immigration control in about 2002.) As far as we know, Britain is the only state in Europe to use EM in the migration arena.

    EM is used as a condition by the Home Office for people released from immigration detention on bail, added to conditions such as reporting to the immigration authorities or staying at the property stated on the bail application, for those the Home Office considers at risk of absconding. One of the key differences in the use of EM within the criminal justice and immigration systems is time: whilst criminal sentences involving EM are determinate in nature, the immigration system uses it with no upper limit nor clear guidelines around time. Home Office guidance says tags are most likely to be used on individuals posing a ‘high risk of harm to the public’, but it is not just foreign nationals who have completed their sentences who are tagged: a 12-month pilot scheme began in June to test electronic monitoring on any asylum seekers who arrive in the UK by ‘unnecessary and dangerous’ routes.
    Alternative to detention?

    It is now well-known that detention centres are harmful, exacerbating mental distress and anxiety amongst those confined, leading too often to suicide and self-harm. EM has been described as an alternative to detention, and its use may seem attractive to certain anti-detention activists for humanitarian reasons. However, EM (and other alternative measures, such as signing at the reporting centres) represent a net-widening of interventions. More importantly, although tagging is not supposed to be punitive – it is an ‘administrative measure’ enforced by the Home Office and the immigration tribunal, not the criminal courts – it is experienced as punishment and deprivation of liberty by those subjected to it. Less intrusive alternatives have an equally high compliance rate: after the US Family Case Management Program (FCMP) was implemented, in which families received caseworker support without having to wear an ankle monitor, they had 99 per cent compliance with court appearances and ICE appointments. A similar pattern was noted across other initiatives where the compliance rate was 100 per cent and rate of absconding 0 per cent. And in the UK, an FOI request to the Home Office revealed that in 2019 only three percent of those released from detention without EM absconded, and only one percent in 2020. As Bail for Immigration Detainees noted, ‘With rates of absconding so low, [EM] is designed to solve a problem that does not exist.’
    Mental distress

    Bhatia’s research on the impact of EM on mental health[iii] revealed that migrants consider EM as punishment, triggering the feeling of perpetual confinement and the constant feeling of being watched. The individuals were not able to carry on with their daily activities and they were perceived as ‘dangerous’ (non-white) persons in public spaces. The criminalising, dehumanising and degrading effects of EM resulted in deeper exclusion and isolation, and mental distress. As one research participant explained: ‘I felt in prison with that thing [i.e. tag] . . . they came every week to check the tag. I was very upset and thinking, I keep talking to myself: “what has happened to me?”. All I did was smoke drugs, take pills at house and fall asleep. So much pressure and depression and no freedom . . . I have not done anything wrong. I just wanted life. This is shit life, this is no life. Whenever I don’t take drug, I felt like suicide.’

    Total surveillance

    When Bhatia did his research on the impact of EM on migrants’ mental health, monitoring of migrants relied on traditional radio frequency tags rather than GPS tags. In 2021, the Home Office introduced GPS tagging for immigration bail. While ‘traditional’ radio frequency tags merely measure the distance between the tag and a base station in the subject’s home, usually in order to enforce a curfew, GPS tags monitor subjects’ precise location 24/7, generating a considerable volume of ‘trail data’, which is stored for years. Trail data is highly sensitive – it provides deep insight into intimate details of an individual’s life, revealing a comprehensive picture of everyday habits and movements, permanent or temporary places of residence, hobbies and other activities, social relationships, political, religious or philosophical interests, health concerns, consumption patterns, etc – data that is absolutely unnecessary and disproportionate to the stated purpose of monitoring bail compliance and preventing absconding.

    The Home Office can access the entire trail data every time a breach of bail conditions is detected by the tag (eg, breaching a curfew, entering an exclusion zone, or failing to charge the tag’s battery). It has also claimed the right to review trail data in order to assess tagged individuals’ claims to private and family life (a way to resist removal through human rights law). This use of trail data falls entirely outside the scope of the legislation, and arguably violates not just privacy and data protection but other rights too – the knowledge that every single movement is monitored, and may be used to justify refusal of applications, is a serious limitation on freedom of movement, assembly and association. This is why in August 2022, Privacy International filed a complaint with the UK Information Commissioner’s Office, on the grounds of breaches of data protection and human rights law.
    Errors and discrimination

    Tagging is operated exclusively by the private sector in England and Wales, and the EM market is highly oligopolistic, with only four or five companies bidding for lucrative government contracts. Despite the sparse or inconclusive evidence around the effectiveness of the technology, and ongoing Serious Fraud Office investigations of G4S, one of the main players in the market, the company was awarded a £22 million contract in May 2022 by the government. Serious concerns have been raised over the lack of independent oversight of the EM industry and insufficient monitoring by government bodies.

    This is particularly concerning given that the technology involved in GPS tags is prone to failures and inaccuracies, leading to wrongful accusations of breach of bail conditions and inaccurate compliance records. GPS location data can be inaccurate, sometimes by 100 metres or more, depending on the surrounding environment – for example, highly built-up areas will cause a GPS signal to ‘drift’ and record inaccurate locations. In addition, the tags used by the Home Office have been reported to suffer from serious battery issues, with people reporting having to charge them multiple times a day. This is a serious problem, as battery depletion is usually deemed a breach of bail conditions – it therefore triggers an alert and entitles the Home Office to review all trail data. In addition, applications based on family and private life may be wrongfully refused on the basis of such inaccurate trail data. In August 2022, Privacy International filed a complaint with the UK’s Forensic Science Regulator about systemic failures in relation to the quality and accuracy of data extracted from the devices.

    Facial recognition smartwatches are meant to be ‘less invasive’ and ‘more proportionate’ than GPS ankle tags – but in fact are likely to cause more harm to non-white people. Facial recognition is known to be a discriminatory technology that regularly misidentifies people of colour and is disproportionately used against minorities. Facial recognition algorithms are usually trained on non-representative datasets of faces, and their design is often infused with existing racial biases – meaning that non-white people are more often misidentified. This will inevitably cause additional levels of anxiety to non-white people who have to wear these, and to false allegations and excessive enforcement against them.
    Fighting Back

    Over 40 human rights groups condemned the introduction of GPS tags (without consultation) in June 2021, as ‘an extension of immigration detention beyond the physical walls of detention centres and prisons’. Labour MP Bell Ribeiro-Addy, vice-chair of the all-party parliamentary group on immigration detention, described 24/7 tracking via GPS tags as ‘a Trojan horse which would grant the Home Office expansive new surveillance powers which would extend well beyond their stated purpose’. A number of legal challenges have been launched, in addition to Privacy International’s complaints. As Rudy Schulkind of Bail for Immigration Detainees said, ‘This is a thoroughly dehumanising policy designed to ensure that certain people can never be allowed to enjoy a moment of peace, dignity or community.’ The race to acquire invasive surveillance technologies leads a considerable amount of public funds to line the pockets of tech companies, instead of spending these funds on support for vulnerable migrants, dealing with the backlog of immigration applications, and generally useful, respectful and lawful policies.

    [i] A. Hucklesby et al., ‘Creativity and effectiveness in the use of electronic monitoring: a case study of five European jurisdictions’, European Commission briefing paper, 2016.

    [ii] Ibid.

    [iii] Bhatia, M, ‘Racial surveillance and the mental health impacts of electronic monitoring on migrants’, Race & Class, 2021 62(3):18-36. doi:10.1177/0306396820963485

    https://irr.org.uk/article/from-gps-tagging-to-facial-recognition-watches-expanding-the-surveillance-of

    #surveillance #migrations #asile #réfugiés #UK #Angleterre #reconnaissance_faciale #AI #IA #GPS #géolocalisation #surveillance_électronique

    ping @isskein

  • Classer pour dominer [et réprimer] : petite Histoire critique du fichage en France | LQDN | 07.09.22

    https://www.laquadrature.net/2022/09/07/classer-pour-dominer-petite-histoire-critique-du-fichage-en-france

    Qui c’est les plus forts ? Évidemment c’est les Bleus !

    Finalement abandonné face à la controverse, le projet SAFARI déboucha sur une commission d’enquête qui donna naissance à la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) et à la loi Informatique et Libertés du 6 janvier 1978, socle de la protection des données personnelles encore en vigueur aujourd’hui. Au-delà de la création d’un encadrement juridique, cet épisode marque une amorce de politisation sur le sujet. Cette réflexion avait d’ailleurs débuté avant ce scandale, le directeur du « service des écoles et techniques » mentionné plus haut écrivait lui-même en 1969 :

    « La mise en mémoire d’un certain nombre de données n’est-elle pas attentatoire à la liberté et même à la dignité de l’homme ? Ne présente t-elle pas des dangers si nous connaissons à nouveau comme naguère la férule d’un État totalitaire, le joug d’une police politique orientée non vers le maintien de l’ordre public, la prévention et la répression des crimes, mais vers l’asservissement des citoyens libres, privés par une minorité de leurs moyens d’expression ? Le problème vaut qu’on y réfléchisse longuement et profondément ».

    [sauf que]

    Malheureusement ce ne fut pas le cas, ces pratiques d’identification de surveillance étant probablement bien trop ancrées dans les rouages de l’institution policière.

    Dès les années 1980, avec la généralisation des ordinateurs, la police commençait à collecter des informations de façon massive et désordonnée. Plutôt que de limiter ces pratiques, il fut au contraire décidé de rationaliser et d’organiser cette quantité de données au sein de fichiers centralisés pour en tirer une utilité. C’est dans ce contexte qu’est apparue l’idée du fichier STIC (Système de traitement des infractions constatées), visant à intégrer toutes les informations exploitées par les services de police dans une seule et même architecture, accessible à tous les échelons du territoire. Finalement mis en œuvre et expérimenté dans les années 1990, le fichier STIC cristallisa de nombreuses tensions entre le Ministère de l’Intérieur et la CNIL qui durent négocier pendant plusieurs années afin d’en fixer le cadre légal. Si la CNIL a obtenu des garanties dans un accord à l’arrachée en 1998, cette victoire a paradoxalement signé la fin de son influence et de sa légitimité. En effet, dans les années qui suivirent, toutes les réserves qu’elles avait pu obtenir ont été ostensiblement bafouées. Mais surtout, cette longue bataille qui avait concrètement ralenti et empêché le développement du fichier souhaité par le Ministère poussa le gouvernement à supprimer par la suite le pouvoir d’autorisation attribué à la CNIL afin de ne plus être gêné dans ses projets. C’est pourquoi, en 2004, la modification de la Loi pour la confiance dans l’économie numérique (LCEN) acta la suppression du pouvoir de contrainte de la CNIL pour le transformer en simple avis consultatif. Cela signifie qu’elle ne dispose plus de l’autorité nécessaire pour empêcher ou limiter la création de fichiers de police par le gouvernement. Cette modification législative marque un tournant dans le droit des fichiers et des données personnelles ainsi que dans la pratique policière. Les garde-fous ayant sauté, l’espace politique pour parvenir à une surveillance massive se libère, les limites légales devenant purement cosmétiques.

    #chassez_le_naturel

  • « Les #réfugiés sont les #cobayes des futures mesures de #surveillance »

    Les dangers de l’émigration vers l’Europe vont croissant, déplore Mark Akkerman, qui étudie la #militarisation_des_frontières du continent depuis 2016. Un mouvement largement poussé par le #lobby de l’#industrie_de_l’armement et de la sécurité.

    Mark Akkerman étudie depuis 2016 la militarisation des frontières européennes. Chercheur pour l’ONG anti-militariste #Stop_Wapenhandel, il a publié, avec le soutien de The Transnational Institute, plusieurs rapports de référence sur l’industrie des « #Safe_Borders ». Il revient pour Mediapart sur des années de politiques européennes de surveillance aux frontières.

    Mediapart : En 2016, vous publiez un premier rapport, « Borders Wars », qui cartographie la surveillance aux frontières en Europe. Dans quel contexte naît ce travail ?

    Mark Akkerman : Il faut se rappeler que l’Europe a une longue histoire avec la traque des migrants et la sécurisation des frontières, qui remonte, comme l’a montré la journaliste d’investigation néerlandaise Linda Polman, à la Seconde Guerre mondiale et au refus de soutenir et abriter des réfugiés juifs d’Allemagne. Dès la création de l’espace Schengen, au début des années 1990, l’ouverture des frontières à l’intérieur de cet espace était étroitement liée au renforcement du contrôle et de la sécurité aux frontières extérieures. Depuis lors, il s’agit d’un processus continu marqué par plusieurs phases d’accélération.

    Notre premier rapport (https://www.tni.org/en/publication/border-wars) est né durant l’une de ces phases. J’ai commencé ce travail en 2015, au moment où émerge le terme « crise migratoire », que je qualifierais plutôt de tragédie de l’exil. De nombreuses personnes, principalement motivées par la guerre en Syrie, tentent alors de trouver un avenir sûr en Europe. En réponse, l’Union et ses États membres concentrent leurs efforts sur la sécurisation des frontières et le renvoi des personnes exilées en dehors du territoire européen.

    Cela passe pour une part importante par la militarisation des frontières, par le renforcement des pouvoirs de Frontex et de ses financements. Les réfugiés sont dépeints comme une menace pour la sécurité de l’Europe, les migrations comme un « problème de sécurité ». C’est un récit largement poussé par le lobby de l’industrie militaire et de la sécurité, qui a été le principal bénéficiaire de ces politiques, des budgets croissants et des contrats conclus dans ce contexte.

    Cinq ans après votre premier rapport, quel regard portez-vous sur la politique européenne de sécurisation des frontières ? La pandémie a-t-elle influencé cette politique ?

    Depuis 2016, l’Europe est restée sur la même voie. Renforcer, militariser et externaliser la sécurité aux frontières sont les seules réponses aux migrations. Davantage de murs et de clôtures ont été érigés, de nouveaux équipements de surveillance, de détection et de contrôle ont été installés, de nouveaux accords avec des pays tiers ont été conclus, de nouvelles bases de données destinées à traquer les personnes exilées ont été créées. En ce sens, les politiques visibles en 2016 ont été poursuivies, intensifiées et élargies.

    La pandémie de Covid-19 a certainement joué un rôle dans ce processus. De nombreux pays ont introduit de nouvelles mesures de sécurité et de contrôle aux frontières pour contenir le virus. Cela a également servi d’excuse pour cibler à nouveau les réfugiés, les présentant encore une fois comme des menaces, responsables de la propagation du virus.

    Comme toujours, une partie de ces mesures temporaires vont se pérenniser et on constate déjà, par exemple, l’évolution des contrôles aux frontières vers l’utilisation de technologies biométriques sans contact.

    En 2020, l’UE a choisi Idemia et Sopra Steria, deux entreprises françaises, pour construire un fichier de contrôle biométrique destiné à réguler les entrées et sorties de l’espace Schengen. Quel regard portez-vous sur ces bases de données ?

    Il existe de nombreuses bases de données biométriques utilisées pour la sécurité aux frontières. L’Union européenne met depuis plusieurs années l’accent sur leur développement. Plus récemment, elle insiste sur leur nécessaire connexion, leur prétendue interopérabilité. L’objectif est de créer un système global de détection, de surveillance et de suivi des mouvements de réfugiés à l’échelle européenne pour faciliter leur détention et leur expulsion.

    Cela contribue à créer une nouvelle forme d’« apartheid ». Ces fichiers sont destinés certes à accélérer les processus de contrôles aux frontières pour les citoyens nationaux et autres voyageurs acceptables mais, surtout, à arrêter ou expulser les migrantes et migrants indésirables grâce à l’utilisation de systèmes informatiques et biométriques toujours plus sophistiqués.

    Quelles sont les conséquences concrètes de ces politiques de surveillance ?

    Il devient chaque jour plus difficile et dangereux de migrer vers l’Europe. Parce qu’elles sont confrontées à la violence et aux refoulements aux frontières, ces personnes sont obligées de chercher d’autres routes migratoires, souvent plus dangereuses, ce qui crée un vrai marché pour les passeurs. La situation n’est pas meilleure pour les personnes réfugiées qui arrivent à entrer sur le territoire européen. Elles finissent régulièrement en détention, sont expulsées ou sont contraintes de vivre dans des conditions désastreuses en Europe ou dans des pays limitrophes.

    Cette politique n’impacte pas que les personnes réfugiées. Elle présente un risque pour les libertés publiques de l’ensemble des Européens. Outre leur usage dans le cadre d’une politique migratoire raciste, les technologies de surveillance sont aussi « testées » sur des personnes migrantes qui peuvent difficilement faire valoir leurs droits, puis introduites plus tard auprès d’un public plus large. Les réfugiés sont les cobayes des futures mesures de contrôle et de surveillance des pays européens.

    Vous pointez aussi que les industriels qui fournissent en armement les belligérants de conflits extra-européens, souvent à l’origine de mouvements migratoires, sont ceux qui bénéficient du business des frontières.

    C’est ce que fait Thales en France, Leonardo en Italie ou Airbus. Ces entreprises européennes de sécurité et d’armement exportent des armes et des technologies de surveillance partout dans le monde, notamment dans des pays en guerre ou avec des régimes autoritaires. À titre d’exemple, les exportations européennes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord des dix dernières années représentent 92 milliards d’euros et concernent des pays aussi controversés que l’Arabie saoudite, l’Égypte ou la Turquie.

    Si elles fuient leur pays, les populations civiles exposées à la guerre dans ces régions du monde se retrouveront très certainement confrontées à des technologies produites par les mêmes industriels lors de leur passage aux frontières. C’est une manière profondément cynique de profiter, deux fois, de la misère d’une même population.

    Quelles entreprises bénéficient le plus de la politique européenne de surveillance aux frontières ? Par quels mécanismes ? Je pense notamment aux programmes de recherches comme Horizon 2020 et Horizon Europe.

    J’identifie deux types d’entreprises qui bénéficient de la militarisation des frontières de l’Europe. D’abord les grandes entreprises européennes d’armement et de sécurité, comme Airbus, Leonardo et Thales, qui disposent toutes d’une importante gamme de technologies militaires et de surveillance. Pour elles, le marché des frontières est un marché parmi d’autres. Ensuite, des entreprises spécialisées, qui travaillent sur des niches, bénéficient aussi directement de cette politique européenne. C’est le cas de l’entreprise espagnole European Security Fencing, qui fabrique des fils barbelés. Elles s’enrichissent en remportant des contrats, à l’échelle européenne, mais aussi nationale, voire locale.

    Une autre source de financement est le programme cadre européen pour la recherche et l’innovation. Il finance des projets sur 7 ans et comprend un volet sécurité aux frontières. Des programmes existent aussi au niveau du Fonds européen de défense.

    Un de vos travaux de recherche, « Expanding the Fortress », s’intéresse aux partenariats entre l’Europe et des pays tiers. Quels sont les pays concernés ? Comment se manifestent ces partenariats ?

    L’UE et ses États membres tentent d’établir une coopération en matière de migrations avec de nombreux pays du monde. L’accent est mis sur les pays identifiés comme des « pays de transit » pour celles et ceux qui aspirent à rejoindre l’Union européenne. L’Europe entretient de nombreux accords avec la Libye, qu’elle équipe notamment en matériel militaire. Il s’agit d’un pays où la torture et la mise à mort des réfugiés ont été largement documentées.

    Des accords existent aussi avec l’Égypte, la Tunisie, le Maroc, la Jordanie, le Liban ou encore l’Ukraine. L’Union a financé la construction de centres de détention dans ces pays, dans lesquels on a constaté, à plusieurs reprises, d’importantes violations en matière de droits humains.

    Ces pays extra-européens sont-ils des zones d’expérimentations pour les entreprises européennes de surveillance ?

    Ce sont plutôt les frontières européennes, comme celle d’Evros, entre la Grèce et la Turquie, qui servent de zone d’expérimentation. Le transfert d’équipements, de technologies et de connaissances pour la sécurité et le contrôle des frontières représente en revanche une partie importante de ces coopérations. Cela veut dire que les États européens dispensent des formations, partagent des renseignements ou fournissent de nouveaux équipements aux forces de sécurité de régimes autoritaires.

    Ces régimes peuvent ainsi renforcer et étendre leurs capacités de répression et de violation des droits humains avec le soutien de l’UE. Les conséquences sont dévastatrices pour la population de ces pays, ce qui sert de moteur pour de nouvelles vagues de migration…

    https://www.mediapart.fr/journal/international/040822/les-refugies-sont-les-cobayes-des-futures-mesures-de-surveillance

    cité dans l’interview, ce rapport :
    #Global_Climate_Wall
    https://www.tni.org/en/publication/global-climate-wall
    déjà signalé ici : https://seenthis.net/messages/934948#message934949

    #asile #migrations #complexe_militaro-industriel #surveillance_des_frontières #Frontex #problème #Covid-19 #coronavirus #biométrie #technologie #Idemia #Sopra_Steria #contrôle_biométrique #base_de_données #interopérabilité #détection #apartheid #informatique #violence #refoulement #libertés_publiques #test #normalisation #généralisation #Thales #Leonardo #Airbus #armes #armements #industrie_de_l'armement #cynisme #Horizon_Europe #Horizon_2020 #marché #business #European_Security_Fencing #barbelés #fils_barbelés #recherche #programmes_de_recherche #Fonds_européen_de_défense #accords #externalisation #externalisation_des_contrôles_frontaliers #Égypte #Libye #Tunisie #Maroc #Jordanie #Liban #Ukraine #rétention #détention_administrative #expérimentation #équipements #connaissance #transfert #coopérations #formations #renseignements #répression

    ping @isskein @karine4 @_kg_

    • Le système électronique d’#Entrée-Sortie en zone #Schengen : la biométrie au service des #frontières_intelligentes

      Avec la pression migratoire et la vague d’attentats subis par l’Europe ces derniers mois, la gestion des frontières devient une priorité pour la Commission.

      Certes, le système d’information sur les #visas (#VIS, #Visa_Information_System) est déployé depuis 2015 dans les consulats des États Membres et sa consultation rendue obligatoire lors de l’accès dans l’#espace_Schengen.

      Mais, depuis février 2013, est apparu le concept de « #frontières_intelligentes », (#Smart_Borders), qui recouvre un panel ambitieux de mesures législatives élaborées en concertation avec le Parlement Européen.

      Le système entrée/sortie, en particulier, va permettre, avec un système informatique unifié, d’enregistrer les données relatives aux #entrées et aux #sorties des ressortissants de pays tiers en court séjour franchissant les frontières extérieures de l’Union européenne.

      Adopté puis signé le 30 Novembre 2017 par le Conseil Européen, il sera mis en application en 2022. Il s’ajoutera au « PNR européen » qui, depuis le 25 mai 2018, recense les informations sur les passagers aériens.

      Partant du principe que la majorité des visiteurs sont « de bonne foi », #EES bouleverse les fondements mêmes du #Code_Schengen avec le double objectif de :

      - rendre les frontières intelligentes, c’est-à-dire automatiser le contrôle des visiteurs fiables tout en renforçant la lutte contre les migrations irrégulières
      - créer un #registre_central des mouvements transfrontaliers.

      La modernisation de la gestion des frontières extérieures est en marche. En améliorant la qualité et l’efficacité des contrôles de l’espace Schengen, EES, avec une base de données commune, doit contribuer à renforcer la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme ainsi que les formes graves de criminalité.

      L’#identification de façon systématique des personnes qui dépassent la durée de séjour autorisée dans l’espace Schengen en est un des enjeux majeurs.

      Nous verrons pourquoi la reconnaissance faciale en particulier, est la grande gagnante du programme EES. Et plus seulement dans les aéroports comme c’est le cas aujourd’hui.

      Dans ce dossier web, nous traiterons des 6 sujets suivants :

      - ESS : un puissant dispositif de prévention et détection
      - La remise en cause du code « frontières Schengen » de 2006
      - EES : un accès très réglementé
      - La biométrie faciale : fer de lance de l’EES
      - EES et la lutte contre la fraude à l’identité
      - Thales et l’identité : plus de 20 ans d’expertise

      Examinons maintenant ces divers points plus en détail.

      ESS : un puissant dispositif de prévention et détection

      Les activités criminelles telles que la traite d’êtres humains, les filières d’immigration clandestine ou les trafics d’objets sont aujourd’hui la conséquence de franchissements illicites de frontières, largement facilités par l’absence d’enregistrement lors des entrées/ sorties.

      Le scénario de fraude est – hélas – bien rôdé : Contrôle « standard » lors de l’accès à l’espace Schengen, puis destruction des documents d’identité dans la perspective d’activités malveillantes, sachant l’impossibilité d’être authentifié.

      Même si EES vise le visiteur « de bonne foi », le système va constituer à terme un puissant dispositif pour la prévention et la détection d’activités terroristes ou autres infractions pénales graves. En effet les informations stockées dans le nouveau registre pour 5 ans– y compris concernant les personnes refoulées aux frontières – couvrent principalement les noms, numéros de passeport, empreintes digitales et photos. Elles seront accessibles aux autorités frontalières et de délivrance des visas, ainsi qu’à Europol.

      Le système sera à la disposition d’enquêtes en particulier, vu la possibilité de consulter les mouvements transfrontières et historiques de déplacements. Tout cela dans le plus strict respect de la dignité humaine et de l’intégrité des personnes.

      Le dispositif est très clair sur ce point : aucune discrimination fondée sur le sexe, la couleur, les origines ethniques ou sociales, les caractéristiques génétiques, la langue, la religion ou les convictions, les opinions politiques ou toute autre opinion.

      Sont également exclus du champ d’investigation l’appartenance à une minorité nationale, la fortune, la naissance, un handicap, l’âge ou l’orientation sexuelle des visiteurs.​

      La remise en cause du Code frontières Schengen

      Vu la croissance attendue des visiteurs de pays tiers (887 millions en 2025), l’enjeu est maintenant de fluidifier et simplifier les contrôles.

      Une initiative particulièrement ambitieuse dans la mesure où elle remet en cause le fameux Code Schengen qui impose des vérifications approfondies, conduites manuellement par les autorités des Etats Membres aux entrées et sorties, sans possibilité d’automatisation.

      Par ailleurs, le Code Schengen ne prévoit aucun enregistrement des mouvements transfrontaliers. La procédure actuelle exigeant seulement que les passeports soient tamponnés avec mention des dates d’entrée et sortie.

      Seule possibilité pour les gardes-frontières : Calculer un éventuel dépassement de la durée de séjour qui elle-même est une information falsifiable et non consignée dans une base de données.

      Autre contrainte, les visiteurs réguliers comme les frontaliers doivent remplacer leurs passeports tous les 2-3 mois, vue la multitude de tampons ! Un procédé bien archaïque si l’on considère le potentiel des technologies de l’information.

      La proposition de 2013 comprenait donc trois piliers :

      - ​La création d’un système automatisé d’entrée/sortie (Entry/ Exit System ou EES)
      - Un programme d’enregistrement de voyageurs fiables, (RTP, Registered Traveller Program) pour simplifier le passage des visiteurs réguliers, titulaires d’un contrôle de sûreté préalable
      – La modification du Code Schengen

      Abandon de l’initiative RTP

      Trop complexe à mettre en œuvre au niveau des 28 Etats Membres, l’initiative RTP (Registered Travelers Program) a été finalement abandonnée au profit d’un ambitieux programme Entry/ Exit (EES) destiné aux visiteurs de courte durée (moins de 90 jours sur 180 jours).

      Précision importante, sont maintenant concernés les voyageurs non soumis à l’obligation de visa, sachant que les détenteurs de visas sont déjà répertoriés par le VIS.

      La note est beaucoup moins salée que prévue par la Commission en 2013. Au lieu du milliard estimé, mais qui incluait un RTP, la proposition révisée d’un EES unique ne coutera « que » 480 millions d’EUR.

      Cette initiative ambitieuse fait suite à une étude technique menée en 2014, puis une phase de prototypage conduite sous l’égide de l’agence EU-LISA en 2015 avec pour résultat le retrait du projet RTP et un focus particulier sur le programme EES.

      Une architecture centralisée gérée par EU-LISA

      L’acteur clé du dispositif EES, c’est EU-LISA, l’Agence européenne pour la gestion opérationnelle des systèmes d’information à grande échelle dont le siège est à Tallinn, le site opérationnel à Strasbourg et le site de secours à Sankt Johann im Pongau (Autriche). L’Agence sera en charge des 4 aspects suivants :

      - Développement du système central
      - Mise en œuvre d’une interface uniforme nationale (IUN) dans chaque État Membre
      - Communication sécurisée entre les systèmes centraux EES et VIS
      - Infrastructure de communication entre système central et interfaces uniformes nationales.

      Chaque État Membre sera responsable de l’organisation, la gestion, le fonctionnement et de la maintenance de son infrastructure frontalière vis-à-vis d’EES.

      Une gestion optimisée des frontières

      Grâce au nouveau dispositif, tous les ressortissants des pays tiers seront traités de manière égale, qu’ils soient ou non exemptés de visas.

      Le VIS répertorie déjà les visiteurs soumis à visas. Et l’ambition d’EES c’est de constituer une base pour les autres.

      Les États Membres seront donc en mesure d’identifier tout migrant ou visiteur en situation irrégulière ayant franchi illégalement les frontières et faciliter, le cas échéant, son expulsion.

      Dès l’authentification à une borne en libre–service, le visiteur se verra afficher les informations suivantes, sous supervision d’un garde-frontière :

      - ​Date, heure et point de passage, en remplacement des tampons manuels
      - Notification éventuelle d’un refus d’accès.
      - Durée maximale de séjour autorisé.
      - Dépassement éventuelle de la durée de séjour autorisée
      En ce qui concerne les autorités des Etats Membres, c’est une véritable révolution par rapport à l’extrême indigence du système actuel. On anticipe déjà la possibilité de constituer des statistiques puissantes et mieux gérer l’octroi, ou la suppression de visas, en fonction de mouvements transfrontières, notamment grâce à des informations telles que :

      - ​​​Dépassements des durées de séjour par pays
      - Historique des mouvements frontaliers par pays

      EES : un accès très réglementé

      L’accès à EES est très réglementé. Chaque État Membre doit notifier à EU-LISA les autorités répressives habilitées à consulter les données aux fins de prévention ou détection d’infractions terroristes et autres infractions pénales graves, ou des enquêtes en la matière.

      Europol, qui joue un rôle clé dans la prévention de la criminalité, fera partie des autorités répressives autorisées à accéder au système dans le cadre de sa mission.

      Par contre, les données EES ne pourront pas être communiquées à des pays tiers, une organisation internationale ou une quelconque partie privée établie ou non dans l’Union, ni mises à leur disposition. Bien entendu, dans le cas d’enquêtes visant l’identification d’un ressortissant de pays tiers, la prévention ou la détection d’infractions terroristes, des exceptions pourront être envisagées.​

      Proportionnalité et respect de la vie privée

      Dans un contexte législatif qui considère le respect de la vie privée comme une priorité, le volume de données à caractère personnel enregistré dans EES sera considérablement réduit, soit 26 éléments au lieu des 36 prévus en 2013.

      Il s’agit d’un dispositif négocié auprès du Contrôleur Européen pour la Protection des Données (CEPD) et les autorités nationales en charge d’appliquer la nouvelle réglementation.

      Très schématiquement, les données collectées se limiteront à des informations minimales telles que : nom, prénom, références du document de voyage et visa, biométrie du visage et de 4 empreintes digitales.

      A chaque visite, seront relevés la date, l’heure et le lieu de contrôle frontière. Ces données seront conservées pendant cinq années, et non plus 181 jours comme proposé en 2013.

      Un procédé qui permettra aux gardes-frontières et postes consulaires d’analyser l’historique des déplacements, lors de l’octroi de nouveaux visas.
      ESS : privacy by design

      La proposition de la Commission a été rédigée selon le principe de « respect de la vie privée dès la conception », mieux connue sous le label « Privacy By Design ».

      Sous l’angle du droit, elle est bien proportionnée à la protection des données à caractère personnel en ce que la collecte, le stockage et la durée de conservation des données permettent strictement au système de fonctionner et d’atteindre ses objectifs.

      EES sera un système centralisé avec coopération des Etats Membres ; d’où une architecture et des règles de fonctionnement communes.​

      Vu cette contrainte d’uniformisation des modalités régissant vérifications aux frontières et accès au système, seul le règlement en tant que véhicule juridique pouvait convenir, sans possibilité d’adaptation aux législations nationales.

      Un accès internet sécurisé à un service web hébergé par EU-LISA permettra aux visiteurs des pays tiers de vérifier à tout moment leur durée de séjour autorisée.

      Cette fonctionnalité sera également accessible aux transporteurs, comme les compagnies aériennes, pour vérifier si leurs voyageurs sont bien autorisés à pénétrer dans le territoire de l’UE.

      La biométrie faciale, fer de lance du programme EES

      Véritable remise en question du Code Schengen, EES permettra de relever la biométrie de tous les visiteurs des pays tiers, alors que ceux soumis à visa sont déjà enregistrés dans le VIS.

      Pour les identifiants biométriques, l’ancien système envisageait 10 empreintes digitales. Le nouveau combine quatre empreintes et la reconnaissance faciale.

      La technologie, qui a bénéficié de progrès considérables ces dernières années, s’inscrit en support des traditionnelles empreintes digitales.

      Bien que la Commission ne retienne pas le principe d’enregistrement de visiteurs fiables (RTP), c’est tout comme.

      En effet, quatre empreintes seront encore relevées lors du premier contrôle pour vérifier que le demandeur n’est pas déjà répertorié dans EES ou VIS.

      En l’absence d’un signal, l’autorité frontalière créera un dossier en s’assurant que la photographie du passeport ayant une zone de lecture automatique (« Machine Readable Travel Document ») correspond bien à l’image faciale prise en direct du nouveau visiteur.

      Mais pour les passages suivants, c’est le visage qui l’emporte.

      Souriez, vous êtes en Europe ! Les fastidieux (et falsifiables) tampons sur les passeports seront remplacés par un accès à EES.

      La biométrie est donc le grand gagnant du programme EES. Et plus seulement dans les aéroports comme c’est le cas aujourd’hui.

      Certains terminaux maritimes ou postes frontières terrestres particulièrement fréquentés deviendront les premiers clients de ces fameuses eGates réservées aujourd’hui aux seuls voyageurs aériens.

      Frontex, en tant qu’agence aidant les pays de l’UE et les pays associés à Schengen à gérer leurs frontières extérieures, va aider à harmoniser les contrôles aux frontières à travers l’UE.

      EES et la lutte contre la fraude à l’identité

      Le dispositif EES est complexe et ambitieux dans la mesure où il fluidifie les passages tout en relevant le niveau des contrôles. On anticipe dès aujourd’hui des procédures d’accueil en Europe bien meilleures grâce aux eGates et bornes self-service.

      Sous l’angle de nos politiques migratoires et de la prévention des malveillances, on pourra immédiatement repérer les personnes ne rempliss​​ant pas les conditions d’entrée et accéder aux historiques des déplacements.

      Mais rappelons également qu’EES constituera un puissant outil de lutte contre la fraude à l’identité, notamment au sein de l’espace Schengen, tout visiteur ayant été enregistré lors de son arrivée à la frontière.

      Thales et l’identité : plus de 20 ans d’expertise

      Thales est particulièrement attentif à cette initiative EES qui repose massivement sur la biométrie et le contrôle des documents de voyage.

      En effet, l’identification et l’authentification des personnes sont deux expertises majeures de Thales depuis plus de 20 ans. La société contribue d’ailleurs à plus de 200 programmes gouvernementaux dans 80 pays sur ces sujets.

      La société peut répondre aux objectifs du programme EES en particulier pour :

      - Exploiter les dernières technologies pour l’authentification des documents de voyage, l’identification des voyageurs à l’aide de captures et vérifications biométriques, et l’évaluation des risques avec accès aux listes de contrôle, dans tous les points de contrôle aux frontières.
      - Réduire les coûts par l’automatisation et l’optimisation des processus tout en misant sur de nouvelles technologies pour renforcer la sécurité et offrir davantage de confort aux passagers
      - Valoriser des tâches de gardes-frontières qui superviseront ces dispositifs tout en portant leur attention sur des cas pouvant porter à suspicion.
      - Diminuer les temps d’attente après enregistrement dans la base EES. Un facteur non négligeable pour des frontaliers ou visiteurs réguliers qui consacreront plus de temps à des activités productives !

      Des bornes d’enregistrement libre-service comme des frontières automatiques ou semi-automatiques peuvent être déployées dans les prochaines années avec l’objectif de fluidifier les contrôles et rendre plus accueillant l’accès à l’espace Schengen.

      Ces bornes automatiques et biométriques ont d’ailleurs été installées dans les aéroports parisiens d’Orly et de Charles de Gaulle (Nouveau PARAFE : https://www.thalesgroup.com/fr/europe/france/dis/gouvernement/controle-aux-frontieres).

      La reconnaissance faciale a été mise en place en 2018.

      Les nouveaux sas PARAFE à Roissy – Septembre 2017

      Thales dispose aussi d’une expertise reconnue dans la gestion intégrée des frontières et contribue en particulier à deux grand systèmes de gestion des flux migratoires.

      - Les systèmes d’identification biométrique de Thales sont en particulier au cœur du système américain de gestion des données IDENT (anciennement US-VISIT). Cette base de données biographiques et biométriques contient des informations sur plus de 200 millions de personnes qui sont entrées, ont tenté d’entrer et ont quitté les États-Unis d’Amérique.

      - Thales est le fournisseur depuis l’origine du système biométrique Eurodac (European Dactyloscopy System) qui est le plus important système AFIS multi-juridictionnel au monde, avec ses 32 pays affiliés. Le système Eurodac est une base de données comportant les empreintes digitales des demandeurs d’asile pour chacun des états membres ainsi que des personnes appréhendées à l’occasion d’un franchissement irrégulier d’une frontière.

      Pour déjouer les tentatives de fraude documentaire, Thales a mis au point des équipements sophistiqués permettant de vérifier leur authenticité par comparaison avec les modèles en circulation. Leur validité est aussi vérifiée par connexion à des bases de documents volés ou perdus (SLTD de Interpol). Ou a des watch lists nationales.

      Pour le contrôle des frontières, au-delà de ses SAS et de ses kiosks biométriques, Thales propose toute une gamme de lecteurs de passeports d’équipements et de logiciels d’authentification biométriques, grâce à son portefeuille Cogent, l’un des pionniers du secteur.

      Pour en savoir plus, n’hésitez pas à nous contacter.​

      https://www.thalesgroup.com/fr/europe/france/dis/gouvernement/biometrie/systeme-entree-sortie
      #smart_borders #Thales #overstayers #reconnaissance_faciale #prévention #détection #fraude_à_l'identité #Registered_Traveller_Program (#RTP) #EU-LISA #interface_uniforme_nationale (#IUN) #Contrôleur_Européen_pour_la_Protection_des_Données (#CEPD) #Privacy_By_Design #respect_de_la_vie_privée #empreintes_digitales #biométrie #Frontex #bornes #aéroport #PARAFE #IDENT #US-VISIT #Eurodac #Gemalto

  • À #Calais, une #surveillance du ciel au tunnel

    #Drones, #reconnaissance_faciale, #capteurs_de_CO2 et de battements cardiaques : face à l’afflux de réfugiés, la frontière franco-britannique est surveillée à grands coups d’#intelligence_artificielle. Premier volet de notre série sur la #cybersurveillance des frontières.

    Pablo lève les yeux au ciel et réfléchit. Brusquement, il fixe son ordinateur. Le chargé de communication et plaidoyer chez Human Rights Observers (HRO) fouille dans ses dossiers, ouvre un document d’une quinzaine de pages. « Tu vois, ce jour-là, ils ont utilisé un drone », indique-t-il en pointant l’écran du doigt. Le 9 juin, l’association pour laquelle il travaille assiste à une expulsion de réfugié·es à #Grande-Synthe. Dans son compte-rendu, elle mentionne la présence d’un drone. Des vols d’aéronefs, hélicoptères ou avions, devenus routiniers.

    En cette matinée de fin juin, Pablo a donné rendez-vous sur son lieu de travail, « l’entrepôt », comme il l’appelle. Ce vaste bâtiment désaffecté d’une zone industrielle à l’est de Calais héberge plusieurs associations locales. Les bureaux de HRO sont spartiates : un simple préfabriqué blanc planté dans la cour.

    C’est ici que ses membres se réunissent pour documenter les #violences d’État perpétrées contre les personnes en situation d’exil à la frontière franco-britannique, plus spécifiquement à Calais et à Grande-Synthe. Depuis plus de 20 ans, la ville est érigée en symbole de la crise migratoire. L’évacuation et la destruction de la jungle en octobre 2016 n’ont rien changé. Désormais réparties dans de multiples camps précaires, des centaines de migrants et migrantes tentent le passage vers l’Angleterre au péril de leur vie. Selon le ministère de l’intérieur, ils et elles étaient 52 000 en 2021, un record, contre « seulement » 10 000 en 2020.

    Sous l’impulsion des pouvoirs publics, Calais se barricade. Plus que les maisons de briques rouges, ce sont les #clôtures géantes, les rangées de #barbelés et les #marécages_artificiels qui attirent la vue. Tout semble construit pour décourager les exilé·es de rejoindre la Grande-Bretagne. « Avant, il n’y avait pas tout ça. C’est devenu assez oppressant », regrette Alexandra. Arrivée il y a sept ans dans le Pas-de-Calais, elle travaille pour l’Auberge des migrants, association qui coordonne le projet HRO.

    Quatre #caméras empilées sur un pylône à l’entrée du port rappellent que cette frontière n’est pas que physique. #Vidéosurveillance, #drones, #avions, #détecteurs_de_CO2… Le littoral nord incarne le parfait exemple de la « #smart_border ». Une frontière invisible, connectée. Un eldorado pour certaines entreprises du secteur de l’intelligence artificielle, mais un cauchemar pour les exilé·es désormais à la merci des #algorithmes.

    Si des dizaines de #caméras lorgnent déjà sur le port et le centre-ville, la tendance n’est pas près de s’inverser. La maire LR, #Natacha_Bouchart, qui n’a pas donné suite à notre demande d’interview, prévoit d’investir 558 000 euros supplémentaires en #vidéosurveillance en 2022.

    « C’est la nouvelle étape d’une politique en place depuis plusieurs décennies », analyse Pierre Bonnevalle, politologue, auteur d’un long rapport sur le sujet. À Calais, la #bunkérisation remonte, selon le chercheur, au milieu des années 1990. « À cette époque commencent les premières occupations des espaces portuaires par des personnes venues des pays de l’Est qui souhaitaient rejoindre la Grande-Bretagne. Cela entraîne les premières expulsions, puis un arrêté pris par la préfecture pour interdire l’accès au port. »

    Les années suivantes, c’est à #Sangatte que se dessinent les pratiques policières d’aujourd’hui. Dans cette commune limitrophe de Calais, un hangar préfigure ce que sera la « #jungle » et héberge jusqu’à 2 000 exilé·es. « La police cible alors tous ceux qui errent dans la ville, tentent d’ouvrir des squats, de dormir dans un espace boisé. » Une manière de « contenir le problème », de « gagner du temps ».

    En parallèle, la ville s’équipe en vidéosurveillance et en barbelés. En 2016, l’expulsion de la jungle fait émerger la politique gouvernementale actuelle : l’#expulsion par les forces de l’ordre, toutes les 24 ou 48 heures, des camps où vivent les personnes exilées.

    #Surveillance_aérienne

    Calme et grisâtre en ce jour de visite, le ciel calaisien n’est pas épargné. Depuis septembre 2020, l’armée britannique fait voler un drone #Watchkeeper, produit par l’industriel français #Thales, pour surveiller la mer. « Nous restons pleinement déterminés à soutenir le ministère de l’intérieur britannique alors qu’il s’attaque au nombre croissant de petits bateaux traversant la Manche », se félicite l’armée britannique dans un communiqué.

    Selon des données de vol consultées par Mediapart, un drone de l’#Agence_européenne_pour_la_sécurité_maritime (#AESM) survole également régulièrement les eaux, officiellement pour analyser les niveaux de pollution des navires qui transitent dans le détroit du Pas-de-Calais. Est-il parfois chargé de missions de surveillance ? L’AESM n’a pas répondu à nos questions.

    Au sein du milieu associatif calaisien, la présence de ces volatiles numériques n’étonne personne. « On en voit souvent, comme des hélicoptères équipés de caméras thermiques », confie Marguerite, salariée de l’Auberge des migrants. Chargée de mission au Secours catholique, Juliette Delaplace constate que cette présence complexifie leur travail. « On ne sait pas si ce sont des drones militaires, ou des forces de l’ordre, mais lorsque l’on intervient et que les exilés voient qu’un drone nous survole, c’est très compliqué de gagner leur confiance. »

    En décembre 2021, à la suite d’une demande expresse du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, l’agence européenne #Frontex a dépêché un #avion pour surveiller la côte pendant plusieurs semaines. « Une mission toujours en cours pour patrouiller aux frontières française et belge », précise Frontex.

    « On sent une évolution des #contrôles depuis l’intervention de cet avion, qui a œuvré principalement la nuit, confie le maire d’une ville du Nord. Beaucoup de gens tentaient de monter dans des camions, mais cela a diminué depuis que les contrôles se sont durcis. »

    Il faut dire que la société #Eurotunnel, qui gère le tunnel sous la Manche, ne lésine pas sur les moyens. En 2019, elle a dépensé 15 millions d’euros pour installer des sas « #Parafe » utilisant la reconnaissance faciale du même nom, mise au point par Thales. Lors du passage de la frontière, certains camions sont examinés par des capteurs de CO2 ou de fréquence cardiaque, ainsi que par de l’#imagerie par #ondes_millimétriques, afin de détecter les personnes qui pourraient s’être cachées dans le chargement.

    « C’est un dispositif qui existe depuis 2004, lorsque Nicolas Sarkozy a fait évacuer le camp de Sangatte, informe un porte-parole d’Eurotunnel. Depuis 2015, il y a tellement de demandes de la part des routiers pour passer par ce terminal, car ils peuvent recevoir des amendes si un migrant est trouvé dans leur camion, que nous avons agrandi sa capacité d’accueil et qu’il fait partie intégrante du trajet. »

    Des outils de plus en plus perfectionnés qui coïncident avec l’évolution des modes de passage des personnes exilées, analyse le politologue Pierre Bonnevalle. « Pendant longtemps, il s’agissait de surveiller les poids lourds. Le #port et le #tunnel sont aujourd’hui tellement bunkérisés que les exilés traversent en bateau. »

    Les technologies employées suivent : en novembre 2021, le ministère de l’intérieur annonçait la mise à disposition de 4 x 4, de lunettes de vision nocturne ou de #caméras_thermiques pour équiper les gendarmes et policiers chargés de lutter contre l’immigration clandestine sur les côtes de la Manche.

    « Ces technologies ne servent à rien, à part militariser l’espace public. J’ai encore rencontré des associatifs la semaine dernière qui me disaient que cela n’a aucun impact sur le nombre de passages et les risques pris par ces gens », tempête l’eurodéputé et ancien maire de Grande-Synthe Damien Carême.

    Elles ont malgré tout un #coût : 1,28 milliard d’euros depuis 1998, selon Pierre Bonnevalle, dont 425 millions pour la seule période 2017-2021. « C’est une estimation a minima, pointe-t-il. Cela ne prend pas en compte, par exemple, le coût des forces de l’ordre. »

    Publié en novembre 2021, un rapport de la commission d’enquête parlementaire sur les migrations détaille les dépenses pour la seule année 2020 : l’État a investi 24,5 millions dans des dispositifs humanitaires d’hébergement, contre 86,4 pour la mobilisation des forces de l’ordre. Des sommes qui désespèrent Pablo, le militant de Human Rights Observers. « Cela aurait permit de bâtir de nombreux centres d’accueil pour que les exilés vivent dans des conditions dignes. » L’État semble avoir d’autres priorités.

    #technologie #frontières #contrôles_frontaliers #asile #migrations #réfugiés #surveillance_des_frontières #militarisation_des_frontières #IA #AI #complexe_militaro-industriel #Manche #La_Manche #France #UK #Angleterre
    –-

    via @olaf #merci :
    https://seenthis.net/messages/968794

  • Marcq-en-Barœul, Wasquehal, Hem parmi les villes les plus cambriolées : la vidéosurveillance ne sert à rien
    https://actu.fr/hauts-de-france/marcq-en-baroeul_59378/marcq-en-baroeul-parmi-les-villes-les-plus-cambriolees-les-moyens-deployes-pour

    Marcq-en-Barœul (Nord) est apparue dans le top 20 des villes les plus cambriolées de France, tout comme Wasquehal. En réponse, la Ville détaille tous les moyens déployés pour sécuriser le territoire.

    Amer constat, pour les communes de la métropole lilloise Wasquehal et Marcq-en-Barœul, qui apparaissent dans le top 20 des villes https://www.lefigaro.fr/actualite-france/cambriolages-quels-sont-les-vrais-risques-dans-votre-ville-20220531 de plus de 20 000 habitants les plus cambriolées de France, selon un classement du Figaro. Interrogée sur ces données, découlant des chiffres du ministère de l’Intérieur, la Ville de Marcq-en-Barœul, par la voix de son adjoint à la tranquillité publique Alain Chastan, semble pourtant faire de la sécurité une priorité.

    Entre un dispositif de vidéosurveillance qui n’a cessé de s’étendre depuis une dizaine d’années, une police municipale active de jour comme de nuit, et une mairie à l’écoute de ses administrés, la réalité du terrain paraît en inadéquation avec la 20e place de la ville au classement. Précisions.

    L’objectif 300 caméras d’ici la fin du mandat
    La vidéosurveillance a été installée sur le territoire aussitôt qu’en 2010, explique Alain Chastan, Marcq-en-Barœul faisant office de précurseur à l’échelle de la métropole de Lille. À l’époque, une soixantaine de caméras fleurissent dans les rues ; elles sont aujourd’hui 210, avec l’objectif d’en avoir 300 d’opérationnelles d’ici la fin du mandat. « Et nous avons pris l’initiative de mettre des hommes, derrière les caméras, 7 jours/7, 365 jours de l’année », détaille l’élu. Ces « vidéo-opérateurs » sont aussi bien des policiers municipaux que des « gardes urbains », nom donné aux agents de surveillance de la voie publique (ASVP).

    Les 21 policiers municipaux, armés en tout temps, sont répartis dans deux équipes de jour, et une équipe de nuit. Cette dernière « travaille de 21h30 à 7h30 ». Une présence téléphonique est assurée 24h/24. 

    Il ne faut pas que les gens hésitent à nous appeler. Plutôt que de relayer des informations sur Facebook, il faut nous appeler pour une suspicion quelconque, afin qu’une patrouille se déplace. Et s’il ne se passe finalement rien, ce n’est pas grave !
    Alain Chastan,Adjoint à la tranquillité publique à Marcq-en-Barœul.

    Plus de 600 habitations surveillées pendant les vacances
    Pour les cambriolages, il faut savoir que la police municipale ne peut intervenir qu’en cas de flagrant délit. Autrement, c’est du ressort de la police nationale.

    Toutefois, les services de la Ville se montrent particulièrement attentifs aux demandes des habitants, notamment lors de la période estivale. « Nous participons à l’opération tranquillité vacances, principalement en juillet-août, et deux à trois patrouilles dans la semaine peuvent être opérées [dans certains quartiers] ». Pour les résidents, il suffit de notifier leur absence à la mairie. Jusqu’à 609 habitations ont été surveillées, dans ce cadre. 

    En 2021, la police municipale de Marcq-en-Barœul a réalisé plus de 3 000 interventions, quand 13 500 appels lui ont été passés. Elle a procédé à 88 interpellations. 

    #surveillance #algorithme #vidéo-surveillance #biométrie #facial #géolocalisation #police #reconnaissance #web #france #cambriolages

  • Le #dégel du #point_d’indice, ou l’art d’offrir ce qui est dû

    C’est l’une des mesures phares proposées par le gouvernement pour parer à l’érosion du #pouvoir_d'achat des #fonctionnaires. Toute la question est de savoir si ce geste est aussi généreux qu’il prétend l’être.

    Alors, commençons par le commencement : le point d’indice, c’est tout simplement la valeur de base à partir de laquelle sont calculés tous les salaires des fonctionnaires. C’est cet outil qu’a choisi d’utiliser le gouvernement pour faire face à la hausse brutale de l’#inflation, comme le rappelle Stanislas Guerini, le ministre de la Fonction publique, lundi 6 juin sur franceinfo. « Dans le texte que nous sommes en train de préparer pour le pouvoir d’achat des Français, il y aura aussi le dégel du point d’indice, confirme Stanislas Guerini. La #revalorisation du point d’indice. C’est un geste de reconnaissance du travail, évidemment. De reconnaissance aussi des difficultés avec le retour de l’inflation. On a cette situation inédite. » Le dégel du point d’indice serait un geste de reconnaissance des difficultés liées à l’inflation, et de #reconnaissance du travail fourni par les fonctionnaires.

    L’érosion du pouvoir d’achat

    On peut, me semble-t-il, hausser au moins un sourcil face à cette argumentation. Le point d’indice, c’est avant tout l’outil permettant d’ajuster les salaires des fonctionnaires par rapport à l’inflation. Entre 1995 et 2010, il a été revalorisé 24 fois pour que le pouvoir d’achat des fonctionnaires ne diminue pas en raison de la hausse des prix ! Puis, en 2010, il est gelé sous la présidence de Nicolas Sarkozy, et il le restera pendant la présidence de François Hollande, pour l’essentiel, et pendant le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, intégralement.

    Conséquence : des économies substantielles pour l’État, et une érosion du pouvoir d’achat pour les fonctionnaires. Selon un rapport de l’INSEE publié en août 2021, les salaires dans la fonction publique, corrigés de l’inflation, ont diminué de 0,7% entre 2009 et 2019. Dans le même temps, les salaires du privé, eux, augmentaient de près de 5%.

    En apparence l’érosion est limitée, mais en apparence seulement, car elle masque de très fortes disparités. Dans une tribune parue en mars dernier dans Le Monde, l’économiste Philippe Askenazy explique que les gouvernements successifs ont rendu une partie des crédits économisés sur le point d’indice par le biais de ce que l’on a appelé « la #politique_catégorielle ». Pour faire simple, certains corps de la fonction publique ont été augmentés au détriment des autres. Les grands corps techniques, l’#Ena, la #police ont vu le gel du point compensé, voir surcompensé. En revanche, les #enseignants et les « petits » fonctionnaires, les fonctionnaires de catégorie C, ont été de grands perdants.

    Il y a donc un certain cynisme à entendre Stanislas Guerini nous dire que le dégel du point d’indice serait une « reconnaissance du travail fourni par les fonctionnaires » Non, ce n’est pas un cadeau de la part du gouvernement, c’est un dû pour compenser l’érosion de leur pouvoir d’achat, du fait des décisions prises, notamment, par ce même gouvernement.

    Des solutions floues

    Le gouvernement ne se concentre pas uniquement sur le salaire des fonctionnaires. #Stanislas_Guerini est également sensible à une autre dimension, le #sens et la #mission. « Il faut faire un petit peu faire respirer les carrières des agents de la fonction publique. Leur permettre de retrouver du sens, de l’action. C’est vrai qu’il y a un enjeu de sens. Mois c’est ça qui me frappe beaucoup, il faut redonner le sens à la mission des services publiques. Au fond, la raison d’être d’une certaine façon des services publiques. »

    Il faut « redonner le sens de la mission du service public. » Alors oui, certes. Mais comment ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que les solutions avancées par Stanislas Guerini sont floues… En revanche, on peut trouver une piste dans un article publié en 2015 par la chercheuse Florence Audier et ses collègues. Ils reviennent sur la multiplication des #primes à la #performance, qui font partie des mesures décidées pour compenser le gel du point d’indice. Et ils expliquent que ces primes à la performance contribuent à déconstruire le sens de la mission dans la fonction publique, en l’éloignant de son idéal : celui d’agents désintéressés, au service de l’#intérêt_général. La « #crise_de_sens » dont s’émeut Stanislas Guerini viendrait donc, en partie au moins, d’une politique suivie par son propre gouvernement. Après avoir proposé d’offrir une hausse de salaires qui était due, le voilà donc désormais qui cherche à compenser ce qu’ils ont eux-mêmes abîmé.

    https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/entre-les-lignes/le-degel-du-point-dindice-ou-lart-doffrir-ce-qui-est-du_5176270.html#xt
    #salaire #salaires #fonction_publique #travail

  • A Face Search Engine Anyone Can Use Is Alarmingly Accurate - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2022/05/26/technology/pimeyes-facial-recognition-search.html

    The New York Times used PimEyes on the faces of a dozen Times journalists, with their consent, to test its powers.

    #PimEyes found photos of every person, some that the journalists had never seen before, even when they were wearing sunglasses or a mask, or their face was turned away from the camera, in the image used to conduct the search.

    #vie_privée

  • Les forçats des déchets | Santé & travail
    https://www.sante-et-travail.fr/forcats-dechets

    Ce sont les soutiers des temps modernes, occupés dans l’ombre à faire disparaître promptement les rebuts de la #société_de_consommation, dont nous ne saurions tolérer la vue. Environ 100 000 personnes sont employées dans le secteur des déchets, dont la moitié au traitement des ordures ménagères. Parmi elles, de nombreux salariés en insertion ou des travailleurs handicapés. Tous exposés à de multiples risques connus – pénibilité physique et mentale, horaires décalés, manipulation de #produits_toxiques, manque de reconnaissance, etc. – ou moins documentés, comme la contamination par bactéries et moisissures, lors des manutentions en centre de tri ou de compostage.
    Car les politiques publiques environnementales, aussi vertueuses et nécessaires soient-elles, ont laissé le travail dans un angle mort. Qui sait que les piles et batteries équipant nos objets du quotidien sont recyclées, à cause de leur dangerosité, dans des usines classées Seveso, où les équipes d’ouvriers se relaient en 3 x 8, y compris les jours fériés ? Il est temps pour l’économie circulaire de penser aux enjeux de santé au #travail. Des pistes se dessinent : intégrer l’ergonomie du recyclage dès la conception des produits. Ou faire coopérer les professionnels de l’ensemble d’une filière sur les conditions de travail. Et surtout valoriser enfin des métiers et des travailleurs essentiels à la préservation de l’environnement.

    https://basta.media/Recycler-trieur-de-dechets-sytcom-conditions-de-travail-Ecosystem-emplois-v

  • La dépêche de l’Agence France presse (AFP, ci-dessous), reprise par FranceInfo est elliptique. J’ai collé en pied du billet des liens vers des présentations plus fouillées du rapport qui a occasionné la prise de parole du Premier ministre néerlandais.

    Pays-Bas : le Premier ministre présente des excuses pour le recours à la « violence extrême » en Indonésie durant la colonisation

    https://www.francetvinfo.fr/culture/patrimoine/histoire/pays-bas-le-premier-ministre-presente-des-excuses-pour-le-recours-a-la-

    Pays-Bas : le Premier ministre présente des excuses pour le recours à la « violence extrême » en Indonésie durant la colonisation

    Pendant des décennies, le point de vue officiel des Pays-Bas était que le recours à la violence extrême n’avait eu lieu que dans des circonstances exceptionnelles.
    AFP, France Télévisions, 17/02/2022

    Plus de soixante-dix ans après les faits. Le Premier ministre néerlandais a présenté des excuses jeudi 17 février pour l’usage systématique de la « violence extrême » par l’armée néerlandaise contre les combattants pour l’indépendance de l’Indonésie entre 1945 et 1949.

    Mark Rutte a regretté « l’aveuglement des précédents gouvernements néerlandais ». Durant des décennies, le point de vue officiel des Pays-Bas, était que le recours à la violence extrême n’avait eu lieu que dans des circonstances exceptionnelles.
    Incendies de villages et détentions massives

    Mais une étude réalisée en quatre ans par des chercheurs néerlandais et indonésiens a conclu que les forces néerlandaises avaient de manière « systématique » incendié des villages et procédé à des détentions massives, des tortures et des exécutions au cours des années ayant suivi la Seconde guerre Mondiale, avec le soutien tacite du gouvernement.

    Les chercheurs ont déclaré qu’"il y avait une volonté collective de l’excuser [la violence], de la justifier et de la dissimuler et de la laisser impunie. Tout cela s’est passé en vue de servir le but le plus élevé : celui de gagner la guerre", ont-ils souligné.

    Ces dernières années, les Pays-Bas ont enfin commencé à regarder en face l’héritage de leur histoire coloniale, en particulier relative à l’Indonésie. Le roi Willem-Alexander a officiellement présenté ses excuses en 2020 pour la « violence excessive » pendant la lutte pour l’indépendance. Un tribunal néerlandais a statué en 2015 que le gouvernement devait indemniser les veuves et les enfants des combattants indonésiens exécutés par les troupes coloniales.
    Voir les commentaires

    https://www.justiceinfo.net/fr/87823-indonesie-hollandais-voir-colonisation-en-rose.html
    https://www.justiceinfo.net/fr/79368-fierte-excuses-neerlandais-pas-prets-reparer.html

    #Pays-Bas #violences_coloniales #réparations #reconnaissance #indonésie

  • https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/01/26/aux-antilles-une-cascade-de-proces-contre-l-etat-sur-la-question-de-l-esclav

    Aux Antilles, une cascade de procès contre l’Etat sur la question de l’esclavage

    La France est visée par une série de plaintes, en Martinique et en Guadeloupe, pour son rôle dans la traite négrière et l’esclavage. Des associations et des particuliers réclament des réparations pour dédommager les descendants de ces crimes contre l’humanité.

    Par Jean-Michel Hauteville (Fort-de-France, Martinique)
    Publié le 26 janvier 2022

    Marche organisée par le Mouvement international pour les réparations pour commémorer le 22 mai 1848, jour de l’abolition de l’esclavage en Martinique, à Saint-Pierre, le 22 mai 2019.
    Marche organisée par le Mouvement international pour les réparations pour commémorer le 22 mai 1848, jour de l’abolition de l’esclavage en Martinique, à Saint-Pierre, le 22 mai 2019. BENOIT DURAND / HANS LUCAS

    Pour Garcin Malsa, l’attente aura été vaine. Mardi 25 janvier, cette figure politique martiniquaise attendait un jugement en délibéré de la cour d’appel de Fort-de-France au sujet d’une plainte déposée contre l’Etat par le Mouvement international pour les réparations (MIR), une association mémorielle dont il est le président.

    En octobre 2020, cette organisation antillaise, qui milite depuis vingt ans en faveur de l’attribution de réparations aux descendants d’esclaves africains dans les anciennes colonies françaises d’Amérique, avait assigné l’Etat devant le juge des référés de Fort-de-France, « en vue d’ordonner une expertise ayant pour but de retrouver, grâce à des fouilles archéologiques, l’ensemble [des] charniers », en Martinique, dans lesquels « des milliers d’Africains réduits en esclavage » auraient été sommairement enterrés aux abords des plantations coloniales, selon un communiqué de l’association. Sur la base de l’article 145 du code de procédure civile, le MIR souhaitait également faire condamner l’Etat à « ouvrir aussi les procédures en vue d’exproprier ces lieux (…) et d’en faire des lieux commémoratifs ouverts au public ».

    Débouté en première instance en novembre 2021, le mouvement avait fait appel. La décision était attendue mardi en fin de journée, mais le tribunal a fait savoir que le jugement ne serait rendu public que le lendemain. « Ils sont terribles, quand même ! », peste Garcin Malsa. « Ces juges-là fonctionnent comme des juges coloniaux. Ils n’obéissent qu’à l’Etat », fustige ce pionnier du militantisme écologique en Martinique et ancien maire, à tendance indépendantiste, de la commune de Sainte-Anne, haut lieu du tourisme balnéaire au sud de l’île.
    Feuilleton judiciaire

    A ce jour, l’existence de ces charniers n’est pas attestée en Martinique (...)

    #mémoire_esclavage #Antilles_françaises #réparations #reconnaissance

  • This company says it’s developing a system that can recognize your face from just your DNA | MIT Technology Review
    https://www.technologyreview.com/2022/01/31/1044576/corsight-face-recognition-from-dna/?truid=a497ecb44646822921c70e7e051f7f1a

    A police officer is at the scene of a murder. No witnesses. No camera footage. No obvious suspects or motives. Just a bit of hair on the sleeve of the victim’s jacket. DNA from the cells of one strand is copied and compared against a database. No match comes back, and the case goes cold.

    Corsight AI, a facial recognition subsidiary of the Israeli AI company Cortica, purports to be devising a solution for that sort of situation by using DNA to create a model of a face that can then be run through a facial recognition system. It is a task that experts in the field regard as scientifically untenable.

    Corsight unveiled its “DNA to Face” product in a presentation by chief executive officer Robert Watts and executive vice president Ofer Ronen intended to court financiers at the Imperial Capital Investors Conference in New York City on December 15. It was part of the company’s overall product road map, which also included movement and voice recognition. The tool “constructs a physical profile by analyzing genetic material collected in a DNA sample,” according to a company slide deck viewed by surveillance research group IPVM and shared with MIT Technology Review.
    A photo of Corsight’s investor presentation showing its product roadmap that features “voice to face”, “DNA to face” and “movement” as an expansion of its face recognition capabilities.

    Corsight declined a request to answer questions about the presentation and its product road map. “We are not engaging with the press at the moment as the details of what we are doing are company confidential,” Watts wrote in an email.

    But marketing materials show that the company is focused on government and law enforcement applications for its technology. Its advisory board consists only of James Woolsey, a former director of the CIA, and Oliver Revell, a former assistant director of the FBI.

    To support MIT Technology Review’s journalism, please consider becoming a subscriber.

    The science that would be needed to support such a system doesn’t yet exist, however, and experts say the product would exacerbate the ethical, privacy, and bias problems facial recognition technology already causes. More worryingly, it’s a signal of the industry’s ambitions for the future, where face detection becomes one facet of a broader effort to identify people by any available means—even inaccurate ones.

    This story was jointly reported with Don Maye of IPVM who said “this presentation was the first time IPVM became aware of a company attempting to commercialize a face recognition product associated with a DNA sample.”
    A checkered past

    Corsight’s idea is not entirely new. Human Longevity, a “genomics-based, health intelligence” company founded by Silicon Valley celebrities Craig Venter and Peter Diamandis, claimed to have used DNA to predict faces in 2017. MIT Technology Review reported then that experts, however, were doubtful. A former employee of Human Longevity said the company can’t pick a person out of a crowd using a genome, and Yaniv Erlich, chief science officer of the genealogy platform MyHeritage, published a response laying out major flaws in the research.

    A small DNA informatics company, Parabon NanoLabs, provides law enforcement agencies with physical depictions of people derived from DNA samples through a product line called Snapshot, which includes genetic genealogy as well as 3D renderings of a face. (Parabon publishes some cases on its website with comparisons between photos of people the authorities are interested in finding and renderings the company has produced.)

    Parabon’s computer-generated composites also come with a set of phenotypic characteristics, like eye and skin color, that are given a confidence score. For example, a composite might say that there’s an 80% chance the person being sought has blue eyes. Forensic artists also amend the composites to create finalized face models that incorporate descriptions of nongenetic factors, like weight and age, whenever possible.

    Parabon’s website claims its software is helping solve an average of one case per week, and Ellen McRae Greytak, the company’s director of bioinformatics, says it has solved over 600 cases in the past seven years, though most are solved with genetic genealogy rather than composite analysis. Greytak says the company has come under criticism for not publishing its proprietary methods and data; she attributes that to a “business decision.”

    Parabon does not package face recognition AI with its phenotyping service, and it stipulates that its law enforcement clients should not use the images it generates from DNA samples as an input into face recognition systems.
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    Government use of face ID systems exploded during the pandemic—but tying it to critical services has left some people locked out at the moment they needed help the most.

    Parabon’s technology “doesn’t tell you the exact number of millimeters between the eyes or the ratio between the eyes, nose, and mouth,” Greytak says. Without that sort of precision, facial recognition algorithms cannot deliver accurate results—but deriving such precise measurements from DNA would require fundamentally new scientific discoveries, she says, and “the papers that have tried to do prediction at that level have not had a lot of success.” Greytak says Parabon only predicts the general shape of someone’s face (though the scientific feasibility of such prediction has also been questioned).

    Police have been known to run forensic sketches based on witness descriptions through facial recognition systems. A 2019 study from Georgetown Law’s Center on Privacy and Technology found that at least half a dozen police agencies in the US “permit, if not encourage” using forensic sketches, either hand drawn or computer generated, as input photos for face recognition systems. AI experts have warned that such a process likely leads to lower levels of accuracy.

    Corsight also has been criticized in the past for exaggerating the capabilities and accuracy of its face recognition system, which it calls the “most ethical facial recognition system for highly challenging conditions,” according to a slide deck presentation available online. In a technology demo for IPVM last November, Corsight CEO Watts said that Corsight’s face recognition system can “identify someone with a face mask—not just with a face mask, but with a ski mask.” IPVM reported that using Corsight’s AI on a masked face rendered a 65% confidence score, Corsight’s own measure of how likely it is that the face captured will be matched in its database, and noted that the mask is more accurately described as a balaclava or neck gaiter, as opposed to a ski mask with only mouth and eye cutouts.

    Broader issues with face recognition technology’s accuracy have been well-documented (including by MIT Technology Review). They are more pronounced when photographs are poorly lit or taken at extreme angles, and when the subjects have darker skin, are women, or are very old or very young. Privacy advocates and the public have also criticized facial recognition technology, particularly systems like Clearview AI that scrape social media as part of their matching engine.

    Law enforcement use of the technology is particularly fraught—Boston, Minneapolis, and San Francisco are among the many cities that have banned it. Amazon and Microsoft have stopped selling facial recognition products to police groups, and IBM has taken its face recognition software off the market.
    “Pseudoscience”

    “The idea that you’re going to be able to create something with the level of granularity and fidelity that’s necessary to run a face match search—to me, that’s preposterous,” says Albert Fox Cahn, a civil rights lawyer and executive director of the Surveillance Technology Oversight Project, who works extensively on issues related to face recognition systems. “That is pseudoscience.”

    Dzemila Sero, a researcher in the Computational Imaging Group of Centrum Wiskunde & Informatica, the national research institute for mathematics and computer science in the Netherlands, says the science to support such a system is not yet sufficiently developed, at least not publicly. Sero says the catalog of genes required to produce accurate depictions of faces from DNA samples is currently incomplete, citing Human Longevity’s 2017 study.

    In addition, factors like the environment and aging have substantial effects on faces that can’t be captured through DNA phenotyping, and research has shown that individual genes don’t affect the appearance of someone’s face as much as their gender and ancestry does. “Premature attempts to implement this technique would likely undermine trust and support for genomic research and garner no societal benefit,” she told MIT Technology Review in an email.
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    Sero has studied the reverse concept of Corsight’s system—“face to DNA” rather than “DNA to face”—by matching a set of 3D photographs with a DNA sample. In a paper in Nature, Sero and her team reported accuracy rates between 80% to 83%. Sero says her work should not be used by prosecutors as incriminating evidence, however, and that “these methods also raise undeniable risks of further racial disparities in criminal justice that warrant caution against premature application of the techniques until proper safeguards are in place.”

    Law enforcement depends on DNA data sets, predominantly the free ancestry website GEDmatch, which was instrumental in the search for the notorious “Golden State Killer.” But even DNA sampling, once considered the only form of scientifically rigorous forensic evidence by the US National Research Council, has recently come under criticism for problems with accuracy.

    Fox Cahn, who is currently suing the New York Police Department to obtain records related to bias in its use of facial recognition technology, says the impact of Corsight’s hypothetical system would be disastrous. “Gaming out the impact this is going to have, it augments every failure case for facial recognition,” says Fox Cahn. “It’s easy to imagine how this could be used in truly frightening and Orwellian ways.”
    The future of face recognition tech

    Despite such concerns, the market for face recognition technology is growing, and companies are jockeying for customers. Corsight is just one of many offering photo-matching services with flashy new features, regardless of whether they’ve been shown to work.

    Many of these new products look to integrate face recognition with another form of recognition. The Russia-based facial recognition company NtechLab, for example, offers systems that identify people based on their license plates as well as facial features, and founder Artem Kuharenko told MIT Technology Review last year that its algorithms try to “extract as much information from the video stream as possible.” In these systems, facial recognition becomes just one part of an apparatus that can identify people by a range of techniques, fusing personal information across connected databases into a sort of data panopticon.

    Corsight’s DNA to face system appears to be the company’s foray into building a futuristic, comprehensive surveillance package it can offer to potential buyers. But even as the market for such technologies expands, Corsight and others are at increased risk of commercializing surveillance technologies plagued by bias and inaccuracy.
    by Tate Ryan-Mosley

    #ADN #Police_scientifique #Reconnaissance_faciale #Hubris_technologique #Société_de_contrôle #Surveillance

  • #Nice, un laboratoire de la « Safe City » ?
    https://metropolitiques.eu/Nice-un-laboratoire-de-la-Safe-City.html

    Alors que les modes de gouvernement contemporains des villes sont souvent décrits comme dépolitisants, la mise en place des outils numériques de reconnaissance faciale de la safe city fait au contraire resurgir le clivage gauche-droite. La ville intelligente, ou smart city, est souvent revendiquée de manière consensuelle à droite comme à gauche (Courmont et Vincent 2020), de même que le volontarisme en matière de sécurité, qui constitue de plus en plus un incontournable du rôle d’élu local (Le Goff #Terrains

    / Nice, sécurité, #smart_cities, #élus_locaux, #partis

    #sécurité
    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_challier2.pdf

  • https://www.lemonde.fr/politique/article/2022/01/26/guerre-d-algerie-emmanuel-macron-fait-un-geste-envers-les-pieds-noirs-en-rec

    Guerre d’Algérie : Emmanuel Macron fait un geste envers les pieds-noirs en reconnaissant deux « massacres » commis à Alger et à Oran en 1962
    « La vérité doit être de mise, et l’histoire transmise », a insisté le chef de l’Etat, mercredi, devant un parterre de rapatriés réunis à l’Elysée .

    Le Monde avec AFP Publié le 26 janvier

    Emmanuel Macron a fait un geste fort, mercredi 26 janvier, aux rapatriés d’Algérie en qualifiant d’« impardonnable pour la République » la fusillade de la rue d’Isly, à Alger, en mars 1962, et en estimant que le « massacre du 5 juillet 1962 » à Oran devait être « reconnu ».
    Devant un parterre de rapatriés réunis à l’Elysée, le président de la République est revenu sur la fusillade de la rue d’Isly, dans laquelle des dizaines de partisans de l’Algérie française furent tués par l’armée en mars 1962. « Ce jour-là, les soldats français déployés à contre-emploi, mal commandés, ont tiré sur des Français (…). Ce jour-là, ce fut un massacre », a déclaré M. Macron, ajoutant que « soixante ans après » ce « drame passé sous silence », « la France reconnaît cette tragédie ». « Et je le dis aujourd’hui haut et clair : ce massacre du 26 mars 1962 est impardonnable pour la République. Toutes les archives françaises sur cette tragédie pourront être consultées et étudiées librement. »

    Evoquant la « surenchère atroce d’insécurité et de violence », « d’attentats et d’assassinats » qui scandèrent la fin de la guerre d’Algérie, le chef de l’Etat a également exhorté à reconnaître et à « regarder en face » le « massacre du 5 juillet 1962 » à Oran, qui toucha « des centaines d’Européens, essentiellement des Français ». « La vérité doit être de mise, et l’histoire transmise », a encore insisté le président de la République.

    Des rapatriés « incompris » et « méprisés »

    Face aux rapatriés, M. Macron a par ailleurs souligné la difficulté de « ces mois d’adieu et de déchirure » qui ont frappé des milliers de familles :
    « Votre arrivée en métropole est un soulagement, car vous vous savez ici en sécurité, mais elle n’est pas une consolation, car vous vous sentez vite incompris, méprisés pour vos valeurs, votre langue, votre accent, votre culture. »
    Le chef de l’Etat a déploré que « la plupart » se soient « heurtés à l’indifférence quand ce n’était pas aux préjugés ». « Il y a soixante ans, les rapatriés d’Algérie ne furent pas écoutés. Il y a soixante ans, ils ne furent pas reçus avec l’affection que chaque citoyen français en détresse mérite », a-t-il ajouté. Désormais, « le chemin qu’il nous revient de faire est celui de cette réconciliation », a-t-il plaidé.

    Cette « reconnaissance » s’inscrit dans une série d’actes mémoriels, depuis le début du quinquennat et à l’approche du 60e anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie avec les Accords d’Evian, puis l’indépendance de ce pays – le 5 juillet 1962.
    Le 20 septembre 2021, le chef de l’Etat avait demandé « pardon » aux harkis, supplétifs algériens de l’armée française, qui furent « abandonnés » par la France. Un projet de loi, pour acter ce « pardon » et tenter de « réparer » les préjudices subis, est en cours d’examen au Parlement et devrait être adopté d’ici à la fin du mois de février.

    Le Monde avec AFP

    #Algerie #Françalgérie #mémoirecoloniale #Macron

  • With drones and thermal cameras, Greek officials monitor refugees

    Athens says a new surveillance system will boost security, but critics raise alarm over its implications for privacy.

    “Let’s go see something that looks really nice,” says Anastasios Salis, head of information and communications technology at the Greek Migration and Asylum Ministry in Athens, before entering an airtight room sealed behind two interlocking doors, accessible only with an ID card and fingerprint scan.

    Beyond these doors is the ministry’s newly-installed centralised surveillance room.

    The front wall is covered by a vast screen. More than a dozen rectangles and squares display footage from three refugee camps already connected to the system.

    Some show a basketball court in a refugee camp on the island of Samos. Another screen shows the playground and another the inside of one of the containers where people socialise.

    Overhead, lights suddenly flash red. A potential threat has been detected in one of the camps. This “threat” has been flagged by Centaur, a high-tech security system the Greek Migration Ministry is piloting and rolling out at all of the nearly 40 refugee camps in the country.

    Centaur includes cameras and motion sensors. It uses algorithms to automatically predict and flag threats such as the presence of guns, unauthorised vehicles, or unusual visits into restricted areas.

    The system subsequently alerts the appropriate authorities, such as the police, fire brigade, and private security working in the camps.

    From the control room, operators deploy camera-equipped drones and instruct officers stationed at the camp to rush to the location of the reported threat.

    Officers carry smartphones loaded with software that allows them to communicate with the control centre.

    Once they determine the nature and severity of the threat, the control room guides them on the ground to resolve the incident.

    Video footage and other data collected as part of the operation can then be stored under an “incident card” in the system.

    This particular incident is merely a simulation, presented to Al Jazeera during an exclusive tour and preview of the Centaur system.

    The aim of the programme, according to Greek officials, is to ensure the safety of those who live inside the camps and in surrounding communities.

    “We use technology to prevent violence, to prevent events like we had in Moria – the arson of the camp. Because safety is critical for everyone,” Greek Migration Minister Notis Mitarachi told Al Jazeera at the November inauguration of a new, EU-funded “closed-controlled” refugee camp on Kos island, one of the first facilities to be connected to the Centaur system.

    ‘Dystopian’ surveillance project

    Nearly 40 cameras are being installed in each camp, which can be operated from the control room.

    There will also be thermal cameras, drones, and other technology – including augmented reality glasses, which will be distributed to police and private security personnel.

    “This was not to monitor and invade the privacy of the people [in the camps],” said Salis, one of the architects of Centaur. “You’re not monitoring them. You’re trying to prevent bad things from happening.”

    Greek authorities headline this new surveillance as a form of security but civil society groups and European lawmakers have criticised the move.

    “This fits a broader trend of the EU pouring public money into dystopian and experimental surveillance projects, which treat human beings as lab rats,” Ella Jakubowska, policy and campaigns officer at European Digital Rights (EDRi), told Al Jazeera. “Money which could be used to help people is instead used to punish them, all while the surveillance industry makes vast profits selling false promises of magical technology that claims to fix complex structural issues.”

    Recent reporting, which revealed Centaur will be partly financed by the EU COVID Recovery fund, has led a group of European lawmakers to write to the European Commission with their concerns about its implementation.

    Homo Digitalis, a Greek digital rights advocacy group, and EDRi said they made several requests for information on what data protection assessments were carried out before the development and deployment of Centaur.

    Such analysis is required under the EU’s General Data Protection Regulation (GDPR). They have also asked what data will be collected and how long it will be held by authorities. Those requests, they said, have gone unanswered.

    The Greek Migration Ministry did not respond to Al Jazeera’s query on whether an impact assessment was completed, and on policies regarding data retention and the processing of data related to children.

    In Samos, mixed feelings

    Advocates in Samos told Al Jazeera they raised concerns about camp residents being adequately notified about the presence of these technologies.

    But Salis, at the control centre, said this has been achieved through “signs – a lot of signs”, in the camps.

    The system does not currently incorporate facial recognition technology, at least “not yet”, according to Leonidas Petavrakis, a digital software specialist with ESA Security Solutions S.A., one of the companies contracted for the Centaur project.

    The potential use of facial recognition in this context is “a big concern”, said Konstantinos Kakavoulis of Homo Digitalis.

    Facial recognition systems often misidentify people of colour and can lead to wrongful arrests and convictions, according to studies. Human rights organisations globally have called for their use to be limited or banned.

    An EU proposal on regulating artificial intelligence, unveiled by the European Commission in April, does not go far enough to prevent the misuse of AI systems, critics claim.

    For some of those living under the glare of this EU-funded surveillance system, the feeling is mixed.

    Mohammed, a 25-year-old refugee from Palestine living in the new Samos camp, said that he did not always mind the cameras as he thought they might prevent fights, which broke out frequently at the former Samos camp.

    “Sometimes it’s [a] good feeling because it makes you feel safe, sometimes not,” he said but added that the sense of security came at a price.

    “There’s not a lot of difference between this camp and a prison.”

    https://www.aljazeera.com/news/2021/12/24/greece-pilots-high-tech-surveillance-system-in-refugee-camps
    #Grèce #réfugiés #asile #migrations #surveillance #complexe_militaro-industriel #drones #caméras_thérmiques #Samos #îles #camps_de_réfugiés #Centaur #algorythme #salle_de_contrôle #menace #technologie #EU_COVID_Recovery_fund #reconnaissance_faciale #intelligence_artificielle #AI #IA

    –—

    sur ces nouveaux camps de réfugiés fermés (et surveillés) dans les #îles grecques notamment :
    https://seenthis.net/messages/917173

    ping @etraces

    • Greece plans automated drones to spot people crossing border

      The Greek Migration Ministry announced it would use EU-funded drones with “Artificial Intelligence” to track people seeking refuge at the border. Promises that they will also improve search and rescue operations ring hollow.

      At the opening of the Thessaloniki International Trade Fair this September, Greek migration minister Notis Mitarakis – otherwise known for dismissing the ongoing evidence of Greek border guards’ brutal and illegal pushbacks of asylum seekers as “fake news” – made national headlines when he introduced his ministry’s latest project: €3.7m funding for drones with “innovative algorithms” that can “automatically identify defined targets of interest” at the Greek border.

      What did he mean? In a demo video, two men – one in sunglasses and a red shirt, another blurred – walk next to a line drawn through a field, with boxes marking them as “person”. As the guy in sunglasses walks closer towards the line, he gets labeled as “person of interest”. He starts running, jumps over the line, runs, lies down on a bench, disappearing from view. When he gets up, the box keeps tracking him.

      EU funding for Greek security projects

      “I actually recognize people from my department in this video”, one IT researcher told us, chuckling, at the Greek Ministry for Migration’s stall at the Thessaloniki Trade Fair on 13 September.

      His department – the Information Technologies Institute at the Center for Research and Technology Hellas (CERTH) – is in a quiet building in the outskirts of Thessaloniki. Here, researchers work on 27 different projects, mostly funded by the European Commission.

      The first time CERTH got funding for a security project was in 2017, when the European Union’s research and innovation program Horizon 2020 paid them to coordinate “ROBORDER”, an €8m project which aimed to develop and pilot “a fully autonomous border surveillance system” where, researchers said, robots will be able to identify humans and independently decide if they represent a threat. These days, the CERTH researcher says, there is a lot of interest from European institutions for funding “security projects”.

      REACTION

      Now, REACTION, or “Real-Time Artificial Intelligence for Border Surveillance” will also be CERTH-coordinated and funded by the European Commission’s Migration and Home Affairs Fund. It is set to start in November 2022, and run for 36 months.

      Computer scientist Stathes Hadjiefthymiades, who is part of the REACTION team, said they want to combine the research from ROBORDER and “AIDERS” – another EU-funded project aimed at processing data from drones, sensors and cameras to “improve emergency responses” in case of a fire, flood or shipwreck. The aim, he says, is to bring the technologies – “or goodies”, as he calls them – into the hands of the police, who want drones (as well as thermal sensors, motion detectors and cameras already installed at the Greek border) to alert them of border crossings.

      Once alerted, law enforcement will “not necessarily” stop people from crossing into Greece, Mr Hadjiefthymiades said. They could also be arrested or brought to camps and be instructed on how to apply for asylum. He added that pushbacks, which Amnesty International describes as “Greece’s de facto border policy”, are “in the news” but he does not believe that Greek border guards are pushing boats of asylum seekers back to Turkey.

      “Innovative algorithms”

      In his speech at the Thessaloniki Trade Fair, migration minister Mr Mitarakis said REACTION’s “use of artificial intelligence” will allow drones to identify and monitor “targets of interest”. However, one young man from the research consortium told us that “[the Migration Ministry] do not really know anything about what we are doing”, because they are “in a different field” and are “end users”.

      At the Thessaloniki Trade Fair, three drones were on display at the Greek Migration Ministry’s stall. Two were from the Chinese commercial drone maker DJI. The third was wrapped in wires and was, a presenter explained, trained to do what Mr Mitarakis said: scan an area, and, if it spots something “more interesting”, like a person crossing a border, independently change its course to track this person. However, the presenter told us, it is the only drone they have that can do this, because “on-board processing” is very expensive and requires a lot of energy.

      Mr Hadjiefthymiades confirmed that they were “dealing with reduced-size drones with limited on-board power. We are struggling to do on-board intelligence with off-the-shelf drones.”

      In the brochure for REACTION, the Greek migration ministry says that one of the project’s aims is “to use the funding to buy equipment needed for the border project.”

      Search and Rescue

      After police are alerted about a person or vehicle crossing the Greek border, “they will go see what is happening”, the young man from the research consortium told us. A woman, overhearing this, said angrily, “I will tell you what they do, they will either come with guns to shoot, or they will beat them”. Later, the young man admitted, “For me, the one thing is, I don’t know exactly what the police will do to the migrants after we alert them.” He grimaced. “But what can I do,” he said.

      When asked about REACTION’s claim that it will be used for “search and rescue”, the young man said he believed that people at the “Multimedia Knowledge Lab” at CERTH are training an algorithm to spot if someone is injured at the border. But Yiannis Kompatsiaris, a senior researcher there, told us that his lab is not currently training such an algorithm.

      In recent years, the Greek Coast Guard, like other European authorities, was repeatedly accused of delaying rescue operations. Earlier this month, Deutsche Welle published a report which showed that Greek authorities left a group of 38 asylum-seekers stranded on an islet on the Evros river, which marks most of the border between Greece and Turkey, despite a nearby pylon with heat sensors and cameras, which should have been able to immediately locate the group.

      Since 2017, open-source researcher Phevos Simeonidis tracks local and EU-funded border surveillance projects in Greece. So far, he says, “this ever-increasing apparatus always seems to fall short of assisting search and rescue, and also evidently turns a blind eye when footage or data could help individuals substantiate claims that they have been victims of human rights violations.”

      https://algorithmwatch.org/en/greece-plans-automated-drones

      #AI #IA #intelligence_artificielle #Real-Time_Artificial_Intelligence_for_Border_Surveillance #REACTION #ROBORDER #AIDERS #CERTH