• Mort de #Nahel  : IL EST URGENT DE MENER UNE VÉRITABLE #RÉFORME DU #MAINTIEN_DE_L’ORDRE

    Nahel est mort. Il a été tué à bout portant par un policier. Il avait 17 ans. Nous publions une analyse du contexte dans lequel sa mort s’inscrit. Nous appelons à la justice, mais aussi à une révision des règles d’utilisation des armes à feu par la police et à la fin du racisme systémique dans l’application des lois.

    Mardi 27 juin 2023, à 8h 15. Un policier tue par balle Nahel, un mineur de 17 ans, lors d’un contrôle routier à Nanterre, en banlieue parisienne. Dans la voiture se trouvent deux autres garçons âgés de 17 et 14 ans. Deux jours plus tard, le policier auteur du tir mortel est mis en examen pour «  homicide volontaire par une personne dépositaire de l’autorité publique  ». Maintenu en détention provisoire, il fait actuellement l’objet d’une enquête officielle de l’Inspection générale de la police (IGPN).

    D’après la vidéo rendue publique et que nous avons analysée, le tir semble constituer un recours illégal à la force meurtrière.

    Depuis ce nouveau drame, des mobilisations nationales sont organisées partout en France. La colère de la population doit être entendue.

    Il est urgent de mener une véritable réforme du maintien de l’ordre et de reconnaître enfin le racisme systémique dans l’application de la loi.
    Ce que nous dénonçons  :

    les règles actuelles du maintien de l’ordre en France ne sont pas conformes aux normes internationales  ;

    l’incapacité de longue date à mettre fin au profilage racial  ;

    l’incapacité à garantir la responsabilité des agents qui font un usage excessif de la force.
    Ce que nous demandons :

    une réforme complète des règles régissant l’utilisation des armes à feu et de la force meurtrière par les responsables de l’application des lois  ;

    la fin du dangereux déni des autorités concernant les effets du racisme systémique dans le maintien de l’ordre  ;

    la création d’un organisme indépendant chargé d’enquêter sur les plaintes déposées contre des agents des forces de l’ordre.

    Combien de Nahel n’ont pas été filmés  ?

    Combien de policiers n’ont pas été jugés  ?

    Combien de familles de victimes attendent encore justice  ?

    Les autorités françaises ne peuvent plus délibérément refuser d’admettre la réalité et laisser couver ces injustices.Il est urgent que le gouvernement agisse. Pour ne pas condamner la France à voir les mêmes drames se reproduire.

    Contrôles routiers   : un problème de longue date

    Les tirs mortels, lors de contrôles routiers par la police, sont un problème de longue date. Il s’est aggravé ces dernières années.

    Le tir mortel d’un policier sur Nahel - le plus récent d’une longue série d’homicides illégaux commis par la police lors de contrôles routiers - souligne l’urgence d’une refonte totale des règles françaises régissant l’utilisation des armes à feu par les responsables de l’application des lois, qui sont dangereusement imprécises et permissives.

    Nils Muižnieks, directeur régional Europe d’Amnesty International

    En 2017, un article ajouté au Code de la sécurité intérieure a élargi les motifs d’utilisation des armes à feu. Si le recours à la force doit répondre à une «  absolue nécessité  » et à «  une stricte proportionnalité  », l’usage des armes à feu et de la force meurtrière n’est plus strictement limité aux seuls cas de «  menace imminente de mort  » ou «  de blessure grave  ». Il est autorisé dès lors qu’il existe un risque "présumé" ou "anticipé" de blesser d’autres personnes.

    Cette formulation, trop vague, laisse une trop grande part d’arbitraire et de liberté d’appréciation aux policiers et est contraire au droit international relatif aux droits humains. L’homicide de Nahel est un exemple tragique des failles de ce cadre juridique. La vidéo montre clairement que l’avancée du véhicule ne constituait pas une menace pour les policiers.

    Le jour de la mort de Nahel, la député Caroline Abadie, vice-présidente de la Commission des lois de l’Assemblée nationale, a déclaré dans une interview  : «  C’est quand même la police qui détient le droit de faire usage de la force. […] On est dans un état de droit, il faut […] rappeler les fondamentaux, quand il y a un barrage de police, on s’arrête, point barre […] Il faut aussi rappeler ces principes basiques17.  » Ce raisonnement, largement répandu, est erroné.

    Selon le droit international, le simple fait qu’une personne refuse d’obtempérer ou tente de s’enfuir, sans mettre en danger la vie de quiconque, n’est pas une raison suffisante pour utiliser une arme à feu. Un refus d’obtempérer à un ordre d’arrêter une voiture ne constitue pas en soi un motif légitime de recours à la force.  L’usage d’une arme à feu dans une telle situation ne peut être justifié que par des considérations autres que le simple fait qu’un véhicule a forcé un poste de contrôle  : il doit y avoir une menace imminente de mort ou de blessure grave pour des tiers.

    👉 Ce que nous dénonçons.

    Le cadre juridique français sur les règles d’utilisation des armes à feu n’est pas conforme au droit international relatif aux droits humains ni aux normes internationales en la matière. 
    👉 Ce que nous demandons.

    Les responsables de l’application des lois ne doivent être autorisés à utiliser leurs armes à feu qu’en dernier recours, en situation de légitime défense ou pour défendre des tiers contre une menace imminente de mort ou de blessure grave. 

    Le poids du racisme systémique

    Si les autorités doivent revoir la politique générale de la police en matière d’utilisation des armes à feu, elles doivent aussi prendre des mesures significatives pour lutter contre le racisme systémique dans le maintien de l’ordre.

    En France, l’utilisation illégale des armes à feu dans le contexte de contrôles routiers semble en effet être associée à un préjugé raciste, puisque beaucoup des victimes d’homicides illégaux survenus dans ce contexte sont des personnes racisées. Selon l’agence de presse Reuters, la majorité des personnes tuées par la police dans un véhicule étaient racisées. Nahel était lui-même français d’origine algérienne. 

    En 2021, avec une coalition d’organisations (la Maison communautaire pour un développement solidaire, Pazapas, le Réseau Égalité, Antidiscrimination, Justice interdisciplinaire, Human Rights Watch et Open Society Justice Initiative) nous avons engagé une action de groupe contre l’État français pour son inaction depuis des années. Nous avons saisi la plus haute juridiction administrative française, reprochant aux autorités de ne pas avoir pris les mesures nécessaires pour empêcher et sanctionner les contrôles d’identité au faciès menés par la police, malgré des preuves accablantes faisant état de discrimination systémique. 

    Les pratiques de contrôle au faciès ne naissent pas de rien.

    Le profilage racial est à la fois une cause et une conséquence du racisme systémique. De telles pratiques n’existent pas dans un contexte vierge et leur prévalence en France peut être considérée comme un reflet de la persistance d’un racisme sociétal systémique.

    TendayiAchiume,Ex-rapporteuse spéciale sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance
    👉 Ce que nous dénonçons.

    L’incapacité de longue date à mettre fin au profilage racial.
    👉 Ce que nous demandons.

    La fin du dangereux déni des autorités concernant les effets du racisme systémique dans le maintien de l’ordre.

    Le grand déni des autorités

    «  Nous sommes préoccupés par le meurtre d’un jeune homme de 17 ans d’ascendance nord-africaine par la police en France mardi dernier. Nous notons qu’une enquête a été ouverte concernant des allégations d’homicide volontaire. Le moment est venu pour le pays de s’attaquer sérieusement aux problèmes profonds liés au racisme et à la discrimination dans le contexte du maintien de l’ordre. Nous tenons également à insister sur l’importance du respect du droit de réunion pacifique. Nous demandons aux autorités de veiller à ce que le recours à la force par la police afin de lutter contre les éléments violents durant les manifestations respecte toujours les principes de légalité, de nécessité, de proportionnalité, de non-discrimination, de précaution et de responsabilité. Toute allégation de recours disproportionné à la force doit rapidement faire l’objet d’une enquête.  » 

    Cette brève déclaration d’une porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a immédiatement suscité de vives réactions.

    Le ministère français des Affaires étrangères a déclaré en retour  : «  Toute accusation de racisme ou de discrimination systémiques par les forces de l’ordre en France est totalement infondée. […] L’usage de la force par la police et la gendarmerie nationales est régi par les principes d’absolue nécessité et de proportionnalité, strictement encadré et contrôlé  ».

    Laurent Nuñez, préfet de police de Paris, a répondu sur BFMTV : «  Non, certainement pas, il n’y a pas de racisme dans la police.  »

    Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, lors d’une interview au journal britannique The Telegraph : «  Je leur répète avec vigueur qu’il est inacceptable de dire que la police française est raciste, c’est totalement inacceptable  ». Selon ce même article, le ministre a écarté les accusations concernant le tir mortel, le qualifiant d’«  incident isolé  » dans un maintien de l’ordre qui «  respecte l’état de droit et fait son travail dans des conditions difficiles  ». 

    Six jours après la mort de Nahel, la présidente du Parlement français, Yaël Braun-Pivet, a même affirmé haut et fort  : «  La police exerce sa mission de façon merveilleuse  !  ».

    Ces déclarations de haut·es responsables du gouvernement français sont symptomatiques d’un refus de reconnaître l’existence d’un recours excessif à la force dans le cadre du maintien de l’ordre et d’un racisme systémique dans l’application des lois.

    Les affres de l’impunité

    Le déni des autorités renforce le sentiment d’impunité des forces de l’ordre et alimente une violence pourtant maintes fois dénoncée.

    En 2005, dans notre rapport sur les graves violations commises par des responsables de l’application des lois en France
    En 2009 , dans notre rapport «  France : des policiers au-dessus des lois  »
    En 2018, quand la France a été épinglée dans l’affaire Naguib Toubache
    👉 Ce que nous dénonçons.

    Ces dernières années, plusieurs de nos recherches montrent que, dans les affaires où des responsables de l’application des lois sont mis en cause, l’enquête – lorsqu’enquête il y a – n’est pas conforme aux critères de rapidité, d’indépendance, d’impartialité et d’efficacité établis par les normes internationales relatives aux droits humains.
    👉 Ce que nous demandons.

    La reconnaissance du caractère systémique du racisme dans le maintien de l’ordre et la création d’un organisme indépendant disposant de ressources suffisantes pour enquêter sur toutes les allégations de graves violations des droits humains imputées à des agents de la force publique.

    L’homicide de Nahel ne saurait être séparé de ce contexte. Il est impossible de ne pas y voir le manque d’action concrète de l’État français pour garantir l’obligation de rendre des comptes et mettre en œuvre une réforme systémique garantissant la non-répétition des pratiques abusives récurrentes. Il est urgent de mener une véritable réforme du maintien de l’ordre et de reconnaître enfin le racisme systémique dans l’application des lois.

    https://www.amnesty.fr/actualites/mort-de-nahel-reformer-utilisation-des-armes-a-feu-et-mettre-fin-au-racisme-

    #Amnesty #racisme_systémique #armes_à_feu #armes #police #normes_internationales #responsabilité #contrôles_routiers #refus_d'obtempérer #déni #impunité

    ping @karine4

  • 🛑 Les non-dits de la rafle | Le blog de Floréal

    Parmi les décisions qui furent prises lors de ses travaux, le concile œcuménique du Latran, en 1215, préoccupé par ce qu’il appelait « la perfidie des juifs », obligea ces derniers à porter un signe distinctif de couleur jaune, la rouelle, et leur interdit d’exercer certaines fonctions. Cinquante ans plus tard, le bon Saint-Louis, chrétien accompli, obligea tout juif, dès l’âge de 14 ans, à porter deux de ces signes, l’un dans le dos, l’autre sur la poitrine.
    Rien n’étant plus beau que la tradition et la fidélité aux principes premiers de sa foi, le maréchal et très catholique Philippe Pétain se souviendra de ces mesures charitables au moment d’établir le statut des juifs et de faire appliquer l’ordonnance allemande sur le port de l’étoile jaune. Pareillement, c’est dans cet attachement émouvant aux us et coutumes de son Eglise que l’évêque Caillot, de Grenoble, dans son homélie pascale de 1941, dénonçait « cette autre puissance non moins néfaste des métèques, dont les juifs offrent le spécimen le plus marqué ». Ce qui amenait logiquement Mgr Delay, évêque de Marseille, à déclarer, début 1942, comme l’avait fait auparavant le cardinal Gerlier, à Lyon, que « notre pays a le droit de prendre toutes mesures utiles pour se défendre contre ceux qui lui ont fait tant de mal ».
    Survint la rafle du Vel’ d’Hiv, « mesure utile » s’il en fut pour ceux qui, dans La Croix, avaient salué avec enthousiasme la politique de collaboration. Mais un autre événement, très rarement mentionné, a lieu à Paris au moment même où se déroule la fameuse rafle : l’assemblée annuelle des cardinaux et évêques de France. Il faudra huit jours à ces professionnels de la compassion pour remettre à Pétain une résolution insipide, si timide que le nonce apostolique lui-même la qualifiera de « protestation platonique ».
    Quant aux « protestations véhémentes » et… tardives, la palme en revient à L’Humanité, organe clandestin du Parti communiste, qui, un mois après la rafle, dans un bref commentaire et avec des regrets plein la plume, laissait entendre avec une belle… humanité… qu’elle avait épargné « les juifs millionnaires »…

    #VeldHiv #antisémitisme #Shoah #police #Collaboration #hypocrisie #PCF #Pétain #Eglisecatholique...

    https://florealanar.wordpress.com/2010/11/12/les-non-dits-de-la-rafle-2

  • BRI & RAID [850 agents] - Maintien de l’ordre
    https://maintiendelordre.fr/bri-raid

    Armements utilisés en violences urbaines
    Fusils à pompes, bean bags, grenades lacrymogènes et assourdissantes

    En plus des grenades utilisées en maintien de l’ordre et du LBD, la BRI et le RAID utilisent leur propre équipement.

    Dans le cas des violences urbaines, la protection des personnes et des biens est assurée par les forces de l’ordre « conformément aux règles de droit commun » en relevant des articles 122-5 du code pénal (légitime défense des personnes et des biens) et 122-7 (état de nécessité). Les policiers ont donc le droit d’intervenir avec leurs armes « sauf s’il y a disproportion entre les moyens employés et la gravité de la menace », comme le rappellent les deux articles.

    À l’aide de fusils de calibre 12, les agents tirent des munitions dites « bean bags », des petits sacs de toiles remplis de billes de plomb. À bout portant, les tirs de munitions bean bag comme de LBD, peuvent devenir des tirs létaux. En 2014, la Société française de médecine d’urgence (SFMU), publie un rapport sur cette arme : « Le bean bag présente un potentiel létal non négligeable à moins de 3 mètres par manque de déploiement ou encore par rupture du sachet et pénétration des plombs. À une distance supérieure ou égale à 7 mètres, même parfaitement déployé, le bean bag peut être responsable de lésions sévères, voire mortelles. » Une autre étude de 2021, cette fois-ci américaine, analyse une quarantaine de cas. L’un d’eux est celui d’un homme visé au thorax à une distance de 8 mètres. Il décèdera 15 minutes après.

    [...]

    En cas de crise, la BRI-PP qui compte une centaine d’agents, peut adopter la formation BRI-UCT (Unité contre-terroriste) et ainsi passer à plus de trois cents membres. Dans cette configuration, la BRI-UCT est appuyée par d’autres unités de la préfecture de police de Paris avant tout pour sécuriser le périmètre. On peut retrouver des policiers des CSI, de BAC de nuit, de la DSPAP mais aussi des unités de la DOPC. Dans ce cadre, la BRI-UCT fait également partie de la force d’Intervention de la Police Nationale, #FIPN. Cette force est aussi composée du #RAID et du GIPN.

    #police #BRI #maintien_de_l'ordre #armes_de_la_police #fusil #beanbags #LBD

  • « La mort de Nahel M. s’inscrit dans la continuité historique des crimes racistes commis à l’encontre des Noirs et des Arabes de ce pays »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/07/15/la-mort-de-nahel-m-s-inscrit-dans-la-continuite-historique-des-crimes-racist

    « La mort de Nahel M. s’inscrit dans la continuité historique des crimes racistes commis à l’encontre des Noirs et des Arabes de ce pays »
    TRIBUNE – Hicham Benaissa – Sociologue
    Le sociologue Hicham Benaissa rappelle, dans une tribune au «  Monde* », qu’il est vain de croire que le calme revenu après les émeutes en banlieue est durable. La colère se manifestera tant que nos institutions ne regarderont pas notre passé colonial en face*

    Un fait devient social et historique, nous enseigne Emile Durkheim, lorsqu’il est régulier, objectif, général. C’est d’ailleurs à ce titre que le sociologue s’est intéressé au crime en tant qu’objet qui répond aux critères d’un phénomène social. Indépendamment de la volonté des uns et des autres, un fait social s’impose à nous de l’extérieur, à tel point que nous pouvons en donner des prévisions.

    La sociologue Rachida Brahim a fourni un travail de recherche précieux qui a consisté à recenser le nombre de crimes racistes commis entre 1970 et 1997. Elle a listé, au total, 731 actes, soit une moyenne de 27 cas par an. Dans le cadre d’un débat critique et universitaire, on peut, si on le souhaite, débattre des chiffres et des concepts, mais il sera difficile de contester la constance et la régularité de ce phénomène. Et, au-delà de la statistique froide, il faut rappeler à la conscience publique la nature précise de quelques événements marquants.

    #paywall

  • Des policiers renvoyés devant une cour criminelle pour des violences aggravées et de faux procès-verbaux
    https://www.mediapart.fr/journal/france/120723/des-policiers-renvoyes-devant-une-cour-criminelle-pour-des-violences-aggra

    Un festival.

    Le flic :

    « chaque collègue a sa méthode, l’un va user d’un étranglement parce que c’est ce qui va lui sembler le plus simple, l’autre va le frapper pour essayer de le calmer et après, l’usage du taser [...] c’est ce qui calme le plus radicalement la personne ». En fin de compte, « peut-être que les trois mis bout à bout, c’est un peu excessif ou paraît excessif », concède-t-il.

    Son avocat :

    si son client s’est autorisé à mentionner qu’il portait un brassard, alors que les vidéos prouvent le contraire, ce n’est pas une omission « puisqu’il l’avait dans sa poche ».

    « il avait oublié l’existence de ces coups, étant encore sous le coup de l’adrénaline au moment de la rédaction du PV »

    Le parquet :

    a estimé que ces dissimulations doivent être considérées comme des « insuffisances ou approximations du procès-verbal » et doivent être analysées « plutôt comme un manque de rigueur engageant une responsabilité sur le plan administratif » et non comme « une volonté délibérée de dissimuler la réalité des faits »

    La juge :

    « Comment est-ce légitime de frapper et d’utiliser un Taser sur un homme menotté et maintenu par six policiers ? »

    C’est grotesque, mais sans la vidéo d’habitude c’est la victime qui se retrouve au tribunal pour outrage et rébellion et les flics ne sont jamais inquiétés.

    La cour criminelle quand même, en compensation exceptionnelle et dérisoire de l’injustice ordinaire et de la dernière hécatombe judiciaire d’« émeutiers ».

    [Edit : l’ordonnance de renvoi date du 17 février]

  • Amnesty International #France sur Twitter : « La mort de Nahel M. est un #homicide illégal. amnesty publie aujourd’hui son analyse des faits et de leur contexte. Nous appelons à une révision des règles d’utilisation des armes à feu et à la fin du #racisme systémique dans l’application des lois par les forces de l’ordre.👇 » / Twitter
    https://twitter.com/amnestyfrance/status/1679398632422817793

  • Angela Davis, Judith Butler, Ken Loach, Annie Ernaux, Adèle Haenel, Éric Cantona... Cette tribune a été écrite par la Legal Team antiraciste, constituée en réponse aux arrestations massives pendant et après les révoltes qui ont éclaté à la suite du meurtre de Nahel par un policier à Nanterre.

    https://www.humanite.fr/idees-debats-tribunes/mort-de-nahel/tribune-mort-de-nahel-cette-fois-tout-le-monde-vu-802823

    Cette fois, tout le monde a vu.

    Une voiture jaune roule dans les rues de Nanterre. C’est un mardi du mois de juin. Il est près de huit heures du matin, trois adolescents sont à bord. Le véhicule de location emprunte la voie de bus. Deux policiers activent leur gyrophare et demandent au conducteur de stationner. Il s’appelle Nahel, il a 17 ans. Nahel poursuit sa route, grille un feu rouge. Les deux policiers le rattrapent et, pied à terre, arme au poing, lui somment de baisser la vitre. Il la baisse. L’un d’eux crie « Je vais te mettre une balle dans la tête ». Puis tire. Nahel meurt, une balle dans la poitrine.

    Cette mort s’ajoute à tant d’autres sous les tirs de la police. Des morts qui se ressemblent : des hommes le plus souvent, non-blancs, issus des classes populaires.

    Sauf que, cette fois, le pays tout entier a assisté à la mise à mort.

    Chacun a vu le policier ouvrir le feu sur un adolescent qui ne présentait aucune menace physique. Le coupable d’un délit routier n’a pas écopé d’un an d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amende, la peine maximale pour ce type d’infraction : il a été tué à bout portant par un ancien soldat engagé en Afghanistan et membre de la Brav-M. Ce matin-là, la mère de Nahel lui avait dit de faire attention à lui. Bientôt elle dira : « C’était ma vie, c’était mon meilleur ami, c’était mon fils, c’était tout pour moi. »

    Nahel faisait du rugby. L’école, ça n’était pas ça ; il livrait des pizzas. Un gamin des quartiers, raconteront ceux qui l’ont connu.

    Et puisque, cette fois, tout le monde a vu, puisque, cette fois, tout le monde a su que la déposition policière était une fabrication, la colère s’est étendue au pays. « Ce qui s’est passé à Nanterre cette semaine, c’était la fois de trop », confie un jeune homme à la presse, avant d’ajouter : « On est tous des Nahel aujourd’hui. » On appelle ça une émeute. On appelle ça une révolte. Qu’importe, au fond. « De quoi se compose l’émeute ? De rien et de tout. D’une électricité dégagée peu à peu, d’une flamme subitement jaillie, d’une force qui erre, d’un souffle qui passe. Ce souffle rencontre des têtes qui parlent, des cerveaux qui rêvent, des âmes qui souffrent, des passions qui brûlent, des misères qui hurlent, et les emporte. » C’est du vieil Hugo. Les Misérables. Alors des feux d’artifice visent les forces de police. Des poubelles brûlent. Des abribus brûlent. Des voitures brûlent. Des locaux de la police sont visés, des mairies, des écoles. Des magasins sont pillés. Le gouvernement déploie le RAID, la BRI et le GIGN ; l’extrême droite, elle, lance une cagnotte au profit du tueur de Nahel. La somme récoltée dépasse en quelques jours le million d’euros. Une prime au meurtre.

    À ces « misères qui hurlent », la Justice ne répond pas par la justice mais par la répression. On compte à l’heure qu’il est plus de 3 600 interpellations. Déjà 380 peines de prison ferme. Les tribunaux ne traînent pas face aux citoyens sans éclat. Ils frappent nos jeunes têtes. Matent les « mal élevés ». Nos rues crient ce qu’elles n’ont jamais cessé de crier depuis les premières révoltes des quartiers, dès 1978 : « Nous ne sommes pas du gibier à flic ! » Nos rues crient ce que l’Institut Montaigne a, poliment, fait savoir en 2015 : « Mohammed a quatre fois moins de chances d’être recruté que Michel. » Nos rues crient ce qu’une enquête du Défenseur des droits a, courtoisement, démontré en 2017 : les jeunes hommes « perçus comme noirs ou arabes » ont « une probabilité 20 fois plus élevée que les autres d’être contrôlés » par la police. Nos rues crient ce que l’ONU vient, à bas bruit, de déclarer : il existe en France de « profonds problèmes de racisme et de discrimination parmi les forces de l’ordre ».

    Il y a Nahel, bien sûr.

    Il y a le policier, bien sûr.

    Mais il y a surtout l’ordre du monde.

    Un ordre dans lequel Nahel perd la vie pour un délit routier et le policier devient millionnaire pour un crime de sang. Un ordre qui expose ces vies minoritaires à des formes bien spécifiques de violences et de dangers. Cet ordre ne fera jamais qu’engendrer le désordre. La paix n’est possible que par l’égalité et la justice. Sans elles, de nouvelles émeutes éclateront, de nouvelles révoltes. En France comme ailleurs. En France comme aux États-Unis. Qu’elles prennent le nom de George Floyd ou de Nahel. Répondre par la prison ne répond qu’à un désir de vengeance : on n’a jamais pansé une plaie avec des barreaux. Le moment exige une grande délibération nationale. Une remise à plat politique. Des retours éminemment concrets. Un premier pas serait de revenir sur les peines de prison infligées aux révoltés par une Justice aussi brutale qu’expéditive. Le gouvernement a réclamé une réponse pénale « sévère », « rapide » et « systématique ». Il l’a obtenue ; nous la dénonçons. Nous réclamons, nous, l’abandon des charges qui pèsent sur eux.

    Et nous faisons nôtres les revendications des collectifs de familles de victimes et des organisations militantes. Lesquelles demandent entre autres choses :

    – la création d’un organe entièrement indépendant chargé d’enquêter sur les violences et crimes policiers

    – la limitation drastique de l’usage des armes à feux par les forces de l’ordre et l’interdiction de toutes les autres pratiques létales, comme le plaquage ventral et la clé d’étranglement

    – la reconnaissance du mobile racial et raciste de ces violences.

    Quelques jours après la mise à mort de Nahel, un autre homme est tombé sous les balles de la police. Son nom, c’était Mohamed. Il allait être père pour la deuxième fois. Il a reçu une balle de LBD dans la poitrine, un soir de révolte, à Marseille, alors qu’il filmait une interpellation policière. De quelles images la police pensait-elle nous priver ?

    Maintenant, tout le monde a vu.

    Maintenant, tout le monde sait.

    Il nous reste à agir. »

    #Angela_Davis #Ken_Loach #Annie_Ernaux #Éric_Cantona #Nahel #Nanterre #LBD #police

  • Des policiers renvoyés devant une cour criminelle pour des violences aggravées et de faux procès-verbaux | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/120723/des-policiers-renvoyes-devant-une-cour-criminelle-pour-des-violences-aggra

    Cinq policiers d’une compagnie de Saint-Denis, la CSI 93, ont été renvoyés devant la cour criminelle de Bobigny pour avoir, lors de son interpellation, tabassé un jeune et avoir occulté ces violences en rédigeant de faux procès-verbaux. Un crime passible de 15 ans d’emprisonnement. « Une décision courageuse qui devrait être la règle », commente l’avocat de la victime, Me Yassine Bouzrou.

    [...]

    Les violences commises « sur un homme menotté dans le dos entouré de six policiers dont deux à trois le maintiennent n’apparaissent ni commandées par la légitime défense, ni nécessaires, ni proportionnées à la situation », affirme l’ordonnance de la juge Thépaut, qui relève la circonstance aggravante qu’elles le sont « en réunion, avec l’usage de l’arme, en l’espèce un Taser ». 

    Dans le procès-verbal, « les violences illégitimes reprochées aux policiers sont soit omises (les coups de poing, les deux coups de pied portés à la tête, le coup de genou dans le ventre, l’étranglement dans le camion), soit minimisées (un coup de Taser au lieu de trois) », poursuit le document. 
    « Les mis en examen se sont contentés d’indiquer que ces erreurs et omissions étaient involontaires », résume la juge d’instruction. Plus inquiétant, ces policiers ont pu compter sur le soutien du #parquet de Bobigny, pourtant garant des intérêts de la société, qui a estimé que ces dissimulations doivent être considérées comme des « insuffisances ou approximations du procès-verbal » et doivent être analysées « plutôt comme un manque de rigueur engageant une responsabilité sur le plan administratif » et non comme « une volonté délibérée de dissimuler la réalité des faits ». 
    Le parquet réduit a minima la faute des policiers, jusqu’à ne retenir à l’égard du rédacteur, Kevin C. [seul mis en cause par le proc], que l’erreur concernant l’absence du port de brassard. Une aubaine pour l’avocat du policier, Me Laurent-Franck Lienard ...

    #police #vidéo #CSI_93 #violences_policières #justice #faux_en_écritures_publiques

  • #Suisse : Des gendarmes forcés de porter un collier électrique pour chien lors d’un examen ats/hkr - RTS

    Des colliers à impulsions électriques ont été utilisés dans le canton de Vaud pour tester le stress de gendarmes souhaitant rejoindre le Détachement d’action rapide et de dissuasion (DARD). La police vaudoise « condamne fermement » cette pratique au sein de son unité d’élite et annonce l’ouverture d’une enquête interne.

    Selon 20 minutes, qui a révélé mardi l’information, ces colliers - prévus initialement pour le dressage des chiens mais désormais interdits - ont été utilisés lors d’épreuves soumises aux aspirants en juin dernier.

    L’information a été confirmée par Jean-Christophe Sauterel, responsable de la communication de la police vaudoise. « Les candidats devaient effectuer un parcours tactique. Afin d’augmenter leur stress, les cadres responsables de cette sélection ont pris l’initiative d’utiliser un collier électrique produisant des décharges sur commande », indique-t-il.

    Sanctions à venir
    Cette pratique a été initiée par des cadres du DARD. Le commandement de la police cantonale « n’a aucunement été informé » et « condamne fermement ces pratiques qui sont intolérables au sein de la police et surtout contraires à l’éthique et aux valeurs du corps », poursuit Jean-Christophe Sauterel.

    Si la sélection des membres du DARD doit être exigeante, elle doit se faire « dans le respect des candidats ».

    Une enquête interne a été ouverte afin d’établir les faits et les responsabilités. Des sanctions seront ensuite prises à l’encontre des personnes concernées, affirme Jean-Christophe Sauterel.

    #obéissance #police #humiliation #aprentissage #éducation #domination #soumission #gendarmes #management
    Source : https://www.rts.ch/info/regions/vaud/14168381-des-gendarmes-forces-de-porter-un-collier-electrique-pour-chien-lors-du

  • « Un bicot, ça ne nage pas ! » : le policier condamné pour injures racistes monte en grade
    https://www.liberation.fr/societe/police-justice/un-bicot-ca-ne-nage-pas-le-policier-condamne-pour-injures-racistes-monte-

    Pierre C., condamné en janvier 2022 pour « injure publique à caractère racial », a été autorisé à passer le concours d’officier et l’a réussi. En attendant son procès en appel, la Direction de la police nationale souligne que l’agent avait déjà été « sanctionné administrativement ».

    Alors chez Libération ils sont vraiment de mauvaise foi, puisque comme tu sais, il n’y a pas de racisme dans la police.

    • bicot, ça fait pas un peu désuet ?

      Le 26 avril 2020, vers 1 h 30 du matin, des policiers avaient interpellé à L’Ile-Saint-Denis un homme de nationalité égyptienne soupçonné de vol de matériel sur un chantier et qui avait tenté, selon des sources policières, de prendre la fuite en se jetant dans la Seine. « Un bicot comme ça, ça nage pas », avait déclaré un des policiers, selon une vidéo diffusée par le journaliste Taha Bouhafs et un article du Courrier de l’Atlas. « Ha ! Ha ! Ça coule, tu aurais dû lui accrocher un boulet au pied », pouvait-on également entendre.

  • Agression d’une journaliste par un CRS à Marseille : une enquête ouverte
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/07/11/agression-d-une-journaliste-par-un-crs-a-marseille-une-enquete-ouverte_61814

    Une enquête pour « violences par personne dépositaire de l’autorité publique » a été ouverte après l’agression d’une journaliste à Marseille le 27 juin, selon le parquet de la ville contacté par l’Agence France-Presse. Le parquet a « saisi l’inspection générale de la police nationale [#IGPN] », a-t-il précisé, confirmant l’information initiale du quotidien La Provence.
    Une journaliste travaillant pour le site d’information Made in Marseille a été victime d’une « agression physique (…) de la part d’un CRS » en marge de la visite du président de la République dans la cité phocéenne, « alors qu’elle souhaitait simplement rentrer chez elle et prendre un vélo en libre-service (…) devant le MuCEM », avait expliqué la rédaction de Made in Marseille dans un communiqué.

    « Ce contrôle injustifié a dégénéré lorsque l’agent a trouvé sa carte de presse lors d’un contrôle d’identité, puis l’a étranglée alors qu’elle tentait de téléphoner à notre rédactrice en chef pour nous alerter sur la situation », poursuit le communiqué, qui évoque également des « insultes misogynes » et des « propos dégradants tenus par l’agent » à l’égard de la journaliste. Celle-ci a déposé plainte dès le lendemain et fait un signalement à l’IGPN, selon la même source.
    Le président de la République avait effectué une visite de trois jours dans la deuxième ville de France pour y lancer l’acte II de son plan « Marseille en grand » ouvert en septembre 2021.
    Il y a une semaine, le parquet de #Marseille avait annoncé l’ouverture d’une autre enquête pour violences en réunion par personne dépositaire de l’autorité publique après qu’un jeune homme a été blessé dans la nuit du 1er au 2 juillet.

    deux affaires à Marseille ! l’IGPN est débordée de travail.
    #police #contrôles_d'identité aux conditions très exceptionnellement rendues publiques

  • Mort de Nahel : le faux flic de TPMP derrière l’appel à manifester en soutien au policier incarcéré | L’Humanité
    https://www.humanite.fr/societe/manifestations/mort-de-nahel-le-faux-flic-de-tpmp-derriere-l-appel-manifester-en-soutien-a

    L’extrême droite appelle à défiler en soutien au policier qui a abattu #Nahel. L’instigateur de ce rassemblement n’est autre que le faux policier qui avait été invité sur le plateau de #TPMP...

    https://lahorde.samizdat.net/Derriere-la-manif-de-soutien-au-policier-une-association-d-extreme

    Alors que toutes les initiatives qui dénoncent les #violences_policières sont interdites et réprimées avec violence, une manifestation de soutien au policier qui a tué le jeune Nahel est annoncée pour le 11 juillet prochain à Paris, organisée par un collectif d’extrême droite, « Tous Hors-Service ».

    #extrême_droite #syndicats_policiers

  • Violences urbaines : « Les réseaux sociaux n’ont pas fait assez, et il va falloir qu’ils fassent plus » [sous peine de coupure], Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur
    https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/8h30-fauvelle-dely/livraisons-d-armes-a-l-ukraine-moderation-des-reseaux-sociaux-le-8h30-f

    « Les réseaux sociaux n’ont pas fait assez » pendant les violences urbaines qui ont suivi la mort de Nahel et « il va falloir qu’ils fassent plus », prévient Thierry Breton. « À partir du 25 août, la loi européenne va s’appliquer à ces #plateformes », indique-t-il. De ce fait, "lorsqu’il y aura des contenus haineux, des contenus qui appellent par exemple à la révolte, qui appellent également à tuer ou à brûler des voitures, elles auront l’obligation dans l’instant de les effacer".

    « Si elles ne le font pas, elles seront immédiatement sanctionnées », assure-t-il. Concrètement, « on pourra, à ce moment-là, non seulement donner une amende, mais aussi interdire l’exploitation sur notre territoire » européen. Autrement dit, #couper_les_réseaux_sociaux qui ne respectent pas la règle. « C’est la loi qui va le faire » et pas « une personne, un État, un conseil d’administration », défend-il. « Nous sommes maintenant équipés pour cela avec un conseil spécifique », précise-t-il également.

    si j’étais de bonne humeur je dirais que c’est un appel à la créativité

    #internet #information #révolte #contrôle #police #censure #coupure

  • Émeutes à Marseille : « Ils étaient là pour taper » : Hedi a été laissé pour mort après un tir de flash-ball | La Provence
    https://www.laprovence.com/article/faits-divers-justice/6003428299923315/info-la-provence-ils-etaient-la-pour-taper-laisse-pour-mort-apres-un-tir


    Hedi a le visage tuméfié, les jambes constellées de plaies, la tête barrée de pansements camouflant mal les multiples traumatismes de cette nuit du 1er au 2 juillet. PHOTO FREDERIC SPEICH

    Dans la nuit du samedi 1er au dimanche 2 juillet, en marge des émeutes qui ont secoué Marseille, Hedi a reçu un tir de « flash-ball » dans la tempe avant d’être passé à tabac par un groupe de quatre à cinq personnes qu’il identifie comme un équipage de la Bac. Sorti du #coma, le jeune homme souffre d’un grave traumatisme crânien. Il raconte.

    Certains anniversaires marquent plus que d’autres. Hedi n’avait pas prévu de passer le sien couché sur un lit d’hôpital, le visage tuméfié, les jambes constellées de plaies, la tête barrée de pansements camouflant mal les multiples traumatismes de cette nuit du 1er au 2 juillet. Sur sa fiche de transmission, les médecins ont indiqué, dans la case exposant les raisons de son admission : « TC (#traumatisme_crânien, Ndlr) grave sur shoot de flash-ball ».

    Sur la tablette de sa chambre aux murs jaunis, le jeune homme de tout juste 22 ans dispose de plusieurs bouteilles d’eau minérale entamées et d’un paquet de bonbons éventré, auquel il ne faut pas se fier. « Il ne mange rien, gronde doucement Leïla, sa maman. Il a dû perdre au moins cinq kilos ! »

    Sa silhouette longiligne étendue sur les draps froissés, le jeune homme justifie dans un pâle sourire : « Le médecin a dit que c’était dû à l’état de choc. » Ce choc, Hedi l’a reçu en pleine tête la semaine dernière, alors qu’en marge des #émeutes qui ont secoué le #centre-ville de Marseille, il était sorti boire un verre avec Lilian, l’ami qu’il appelle son frère, en état de choc lui aussi depuis cette sombre nuit.

    « C’était la fête des terrasses, et j’ai terminé mon service vers 1h30, remonte le temps Hedi, assistant de direction dans l’hôtellerie-restauration, à Meyrargues. J’ai retrouvé Lilian à #Marseille, sur le Vieux-Port. Il devait être deux heures et il y avait beaucoup de fourgons de #police, on en a croisé quelques-uns, on leur a dit ’bonsoir’, on se sentait en sécurité. » Les deux jeunes hommes doivent retrouver leurs petites amies respectives, quand ils aperçoivent un #hélicoptère survoler la ville. « C’était comme dans un film, se souvient Hedi. On l’a suivi vers le cours Lieutaud, pour voir. On n’aurait pas dû. » Arrivés dans une ruelle non éclairée perpendiculaire au cours, vers le boulevard Baille, les deux amis croisent « quatre ou cinq hommes ».

    « Ils étaient en civil mais portaient une arme à la ceinture, un #flash-ball autour du cou et avaient des matraques, détaille Lilian. Quand ils nous ont demandé ce qu’on faisait là, l’un d’eux avait son arme à la main, le doigt sur la détente, un autre a déplié sa matraque. Je crois qu’on n’a même pas eu le temps de répondre. J’ai bloqué un coup de matraque avec mon bras, on s’est retourné pour partir en courant. Et j’ai entendu un tir . »

    « J’étais impuissant »

    Le jeune homme se retourne, voit son ami « voler », atteint par une balle de « flash-ball ». Hedi s’écroule sur le sol, du haut de son mètre quatre-vingt-dix. « Ils m’ont tiré par les habits et m’ont traîné dans une ruelle, ils m’ont mis sur le dos, l’un d’eux a mis ses genoux sur mes jambes pour les bloquer. J’essayais de me protéger, mais je sentais le sang couler de ma tête, je pensais que j’avais toujours la balle dessus », revit-il, mimant les gestes qu’il a instinctivement exécutés alors, désignant ses blessures , les unes après les autres, causées par des coups de pied, de poing et de matraque . « Et puis un des hommes a dit de me laisser tranquille et ils sont partis . »

    Sonné, meurtri, mais toujours conscient et « porté par l’adrénaline », Hedi parvient à se remettre sur pied, remarque le t-shirt gris de l’un de ses agresseurs taché de sang, le brassard sur l’avant-bras d’un autre. « Ils ont dû croire qu’on venait pour casser, tente-t-il de comprendre. On avait nos casquettes, nos gilets, mais pas de cagoules, de masques ou de gants... »

    Pour Lilian, « ils étaient là pour taper. Ils attendaient que quelqu’un passe et malheureusement, ça a été nous. » Et de poursuivre : « Je suis parti... Quand j’ai vu qu’ils l’emmenaient, j’ai cru qu’ils l’interpellaient, je pensais pas que ça pouvait se terminer comme ça. J’étais impuissant, je ne pouvais rien faire », explique-t-il, ses larmes répondant à celles qui roulent sur les joues de son ami.

    #toctoc #BAC #violences_policières #LBD #assassins

    • Cette nuit là

      Sept policiers ont été blessés à Marseille, dont un sérieusement.

      https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/bouches-du-rhone/marseille/emeutes-apres-la-mort-de-nahel-71-interpellations-et-7-

      La prise en charge des flics est prioritaire pour les services de secours qui, surtout dans de telles circonstances, sont placés sous les ordres de la préfecture (pire, à Marseille, comme à Paris, les pompiers sont militaires). Ce qui a eu lieu à Sainte Soline n’est pas une exception mais un cas dramatique qui a pris la lumière).

      La mort de Mohamed, ce livreur de 27 ans qui a eu le tort de filmer la police cette même nuit a été cachée trois jours durant par les autorités.

      Dans un dossier de tir de LBD dans la tête d’une enfant à Chanteloup-les-Vignes (Yvelines), nous avons demandé que l’ADN soit prélevé sur le projectile – que la famille avait remis à la police. La #justice a refusé. Puis elle a conclu à un classement sans suite pour défaut d’identification du tireur.

      https://justpaste.it/bnl4t

      Je me demande ce que sont devenus les fragments de balle de LBD identifiés à l’hosto.

      (toujours ahurissant de voir les déclarations initiales des proches qui pensent améliorer le rapport de force en niant la portée générale du cas qui les touche ; faudrait voir partout, épiceries arabes compris,De la stratégie Judiciaire de l’antisémite Vergès )

      #services_de_secours #en_bande_organisée

    • Tabasser un blessé grave par LBD, ça s’applaudit

      Les enquêtes sur les agissements des forces de l’ordre pendant les émeutes se multiplient (...). Gérald Darmanin évoque « moins de quinze » enquêtes, alors que la directrice de l’IGPN en dénombre vingt et une.
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/07/20/les-enquetes-sur-les-agissements-des-forces-de-l-ordre-pendant-les-emeutes-s

      L’opinion, encore marquée par les images d’incendies, les gerbes de mortiers d’artifice, les scènes de vandalisme diffusées par les chaînes d’information en continu, n’a pas prêté attention à ces événements. Mais, depuis, de nouveaux cas sont venus raviver les critiques faisant état de bavures.

      [...]
      Au total, sept agents de la brigade anticriminalité ont été transférés des locaux de l’#IGPN, à l’Evéché, le quartier général de la police, applaudis par leurs collègues qui s’étaient spontanément rassemblés pour leur apporter leur soutien. La levée de la garde à vue d’un premier policier est intervenue rapidement, suivie par celle de deux autres, dans la nuit de mardi à mercredi. Les quatre derniers policiers entendus par leurs collègues ont été déférés au parquet jeudi matin, indiquait une source judiciaire.

  • Pour les 70 ans du 14 juillet 1953 commémoration et appel à refaire les défilés populaires du 14 juillet - Histoire coloniale et postcoloniale
    https://histoirecoloniale.net/Pour-les-70-ans-du-14-juillet-1953-commemoration-et-appel-a-refai

    Lors du #Front_populaire et entre la Libération et 1953, la #Fête_nationale a été marquée par des défilés populaires dans Paris, le plus souvent entre la place de la Bastille et la place de la Nation. Le massacre par la #police parisienne, le 14 juillet 1953, place de la Nation, des #Algériens défilant parmi les Parisiens en demandant leur indépendance y a mis fin. Six d’entre eux ont été tués par balles ainsi qu’un syndicaliste de la Métallurgie #CGT qui les défendait. Cette répression a marqué la fin des #défilés_populaires du 14 juillet. 70 ans après ce drame trop oublié, une commémoration spectaculaire aura lieu le 13 juillet Place de la Nation. Et de nombreuses associations et organisations syndicales ou politiques appellent à refaire, chaque #14_juillet, les défilés populaires en hommage à la Révolution française.


    https://www.infolibertaire.net/que-fait-la-police-2
    https://antiopees.noblogs.org/post/2023/07/09/que-fait-la-police

    Le 16 juillet 1942, #Maurice_Rajsfus avait quatorze ans. Il fut arrêté par la #police_française avec ses parents et sa sœur lors de la rafle dite du Vel d’Hiv. Les deux enfants furent libérés à la suite des quiproquos absurdes dont les bureaucraties ont le secret et qui ménagent les (très) rares interstices de liberté en régime totalitaire. Ils ne revirent plus jamais leurs parents. Dès lors, et jusqu’en 2020, date de sa mort, Maurice eut une dent contre les flics : « je n’aime pas la police de mon pays », disait-il, comme on dit aujourd’hui ACAB.

    https://editionsdudetour.com/index.php/collection-maurice-rajsfus
    https://www.youtube.com/watch?v=lQRgym8IDGM

  • Les enseignants contribuent-ils à renseigner les fichiers de police sans le savoir ? @OlivierCuzon
    https://twitter.com/OlivierCuzon/status/1677530492197916673

    Je suis enseignant dans un établissement de #Brest. Il a quelques jours, j’ai reçu un appel des renseignements territoriaux (ex RG).
    #LDH #libertéspubliques #EducationNationale

    Ils me font état d’un élève scolarisé dans l’établissement où je travaille en CAP maçon, et qui aurait refusé de rénover les joints d’une église au prétexte de sa religion. Renseignement pris auprès des personnels de mon établissement, les faits sont vrais,

    Vrais mais réglés : après discussion, il a accepté de faire le travail. On m’informe que l’établissement a toutefois fait remonter un « fait établissement », une procédure interne à l’Éduc nat pour aider les équipes face aux problèmes de violences, de radicalisation, ...

    La fiche de « fait établissement » est anonyme, mais une fois que la police connaît un fait, le travail de savoir qui est à l’origine est autrement plus simple.
    Il ressort de cet épisode deux questions graves, qu’on se doit de poser à @acrennes et à @Prefet29
    Y a-t-il un canal d’information directe entre l’inspection académique et la préfecture, puisqu’un fait établissement remonté la veille au soir est connu des services de police dès le lendemain ?

    Si ce canal existe, pourquoi n’est-il pas connu des personnels de l’Éducation nationale. Ces derniers font, sans le savoir, un travail de renseignement des fichiers de police. Cette information gagnerait à être connue afin de travailler en connaissance de cause !

    #élèves #enseignants #préfecture #police

  • Marche pour Adama Traoré : une procédure engagée contre sa sœur, l’un de ses frères interpellé
    https://www.bfmtv.com/police-justice/en-direct-mort-de-nahel-et-d-adama-traore-des-marches-de-deuil-et-colere-cont

    Une policière va déposer plainte pour violences contre les forces de l’ordre à l’encontre du frère d’Adama Traoré, a-t-on appris de sources concordantes, ce samedi.

    Deux personnes ont été interpellées, dont Youssouf Traoré, le frère d’Adama Traoé, au rassemblement parisien, en marge de la dispersion pour violences sur personne dépositaire de l’autorité publique, selon la préfecture de police de Paris.

    "Le frère d’Adama arrêté c’est une honte. Il n’y avait aucune raison. Tout se passait très bien. La manifestation était en train de se disperser dans le calme à l’appel d’Assa Traore. J’étais à proximité rien ne justifie ce qui s’est passé", a réagi la députée Nupes de Paris Sandrine Rousseau.

    edit placage ventral, de Youssouf Traoré, selon les moments, deux ou trois flics de la #Brav_M sur le dos


    lors de sa GAV, il a été transféré à l’hosto sur un brancard

    #police #vérité_et_justice_pour_Adama_Traoré #Youssouf_Traoré

  • Enquête ouverte après des propos de la chanteuse Izïa évoquant un lynchage d’Emmanuel Macron
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/07/08/enquete-ouverte-apres-des-propos-de-la-chanteuse-izia-evoquant-un-lynchage-d

    La chanteuse se produisait sur scène, jeudi, à Beaulieu-sur-Mer, et a imaginé comment Emmanuel Macron pourrait être lynché publiquement par les spectateurs.

    Le parquet de Nice a fait savoir à l’Agence France-Presse, samedi 8 juillet, qu’une enquête visant la chanteuse Izïa Higelin pour « provocation publique à commettre un crime ou un délit » a été ouverte, après que l’artiste a évoqué un lynchage d’Emmanuel Macron lors d’un concert jeudi.
    « C’est la brigade territoriale de la gendarmerie de Beaulieu-sur-Mer (Alpes-Maritimes) et la brigade de recherches » qui sont saisies de l’enquête, a ajouté le procureur de la République de Nice, Xavier Bonhomme, confirmant une information initiale de Nice-Matin. Il a précisé que l’enquête ne faisait pas suite à une plainte.
    Evoquant le chef de l’Etat, lors de son concert jeudi soir à Beaulieu-sur-Mer, dans le cadre du festival Les Nuits Guitare, l’artiste a imaginé comment il pourrait être lynché publiquement par les spectateurs.
    « Je vois déjà le gros titre de “Nice-Matin” »
    « Je le connais, quelle coquine celui-là, il s’est dit : “Là, ce qui serait bien, je pense que ce que le peuple veut, ce dont le peuple a envie, c’est qu’on m’accroche à vingt mètres du sol telle une pinata humaine géante, et qu’on soit tous ici présents munis d’énormes battes avec des clous au bout comme dans Clockwork Orange [Orange mécanique, de Stanley Kubrick]” », a-t-elle raconté sur scène.

    Et la chanteuse de poursuivre, en se déhanchant, sur fond musical, d’après une vidéo postée sur le site et le compte TikTok du magazine culturel InOut Côte d’Azur : « Et, là, on le ferait descendre, mais avec toute la grâce et la gentillesse que les gens du Sud ont, là juste au-dessus de vous, et on aurait tous notre batte avec nos petits clous, et dans un feu de Bengale de joie, de chair vive et de sang, on le foutrait à terre, mais gentiment tu vois… ».
    « Je vois déjà le gros titre de “Nice-Matin” demain : “Izïa appelle au meurtre de Macron” », aurait ensuite ironisé la chanteuse, selon le quotidien régional qui revenait sur ce concert dans ses colonnes samedi matin, évoquant une tentative infructueuse des gendarmes de l’interroger en fin de spectacle.

    #jesuischarlie

  • À Marseille, le RAID tire à vue - POLITIS
    https://www.politis.fr/articles/2023/07/nahel-mort-a-marseille-le-raid-tire-a-vue

    La cité phocéenne, secouée par des affrontements après la mort de Nahel, a vu le RAID déployé dans ses rues. Plusieurs vidéos montrent cette unité d’élite réaliser des tirs à des distances potentiellement létales. Un homme y est mort après un « probable » tir « de type flash-ball ».

    Des coups de feu, parfois très proches. Dans une rue marseillaise, peu après minuit, dans la nuit du 30 juin au 1er juillet, des gens courent, visés par des tirs à moins de quatre mètres. Certains s’effondrent avant de se relever et de fuir. Les munitions sont en réalité des « bean bags », des petits sacs de toiles remplis de billes de plomb. En face d’eux, des hommes en noir, casqués et armés de #fusils de #calibre_12, le même pour les fusils de chasse. Il s’agit du #RAID, une unité d’élite de la #police qui intervient en cas d’attaques terroristes, de prises d’otages et dans la lutte contre le grand banditisme. Ce soir-là, pas de terroristes ni de criminels de grandes envergures, mais de simples jeunes révoltés.

    Le lendemain de cette scène de traque, dans la nuit du 1er au 2 juillet, Mohammed décède d’un arrêt cardiaque dans le même quartier. Le parquet estime que le décès de ce livreur Uber Eats et jeune père de famille de 27 ans a probablement été causé « par un choc violent au niveau du thorax provoqué par le tir d’un projectile de type flash-ball ». Présent lors des affrontements, il n’était là que pour prendre des photos, d’après sa femme contactée par RTL. Le parquet de Marseille a annoncé ouvrir une enquête pour « coups mortels avec usage ou menace d’une arme ».

    Flash-Ball, #LBD ou #bean_bag, le type de blessure engendrée par ces armes est relativement équivalent, la munition étant sphérique et relativement molle. Mais, comme le montre la scène du 1er juillet au soir, des tirs à moins de trois mètres sont effectués par le RAID. Encadré, le LBD est prévu pour un usage optimal entre 25 et 30 mètres. « En deçà des intervalles de distances opérationnels, propres à chaque munition, cette arme de force intermédiaire peut générer des risques lésionnels plus importants », rappelle une circulaire de 2017 de la police nationale.

    Pourtant, des vidéos des dernières émeutes montrent des policiers tirer à moins d’un mètre, comme à Montfermeil le 30 juin. Pour l’utilisation des bean bags, alors qu’une autre victime est dans le coma à Mont-Saint-Martin après un tir du RAID (article de La Voix du Nord), les consignes de tirs sont inconnues. Contacté pour obtenir plus d’informations sur les règles d’emploi, le ministère de l’Intérieur n’a pas répondu à nos sollicitations.

    #militarisation #maintien_de_l'ordre

    • After the Riots, the Police Terrorize Marseille
      https://www.thenation.com/article/world/france-marseille-police-nahel

      Marseille, France—Many of the faces in the crowd were young and brown. It was June 29 in #Marseille. Two days prior in Nanterre, a cop fatally shot Nahel Merzouk, 17, in the head during a routine traffic stop. The police had claimed self-defense, but a video released by a witness showed an officer pointing and firing a gun directly into the youth’s car.

      That first night, there were arrests and fires in cities around Nanterre, but the anger quickly spread across France. Police responded by sending helicopters, armored vehicles, tactical units, and the French equivalent of SWAT teams. Over six days, police arrested between 3,600 and 4,000 people. About a third of them were minors—some as young as 11. Many of the detained protesters were men and boys of color like Nahel, who was of Algerian and Moroccan descent. While the government promises “swift, tough, and systematic” sanctions for those arrested, the confrontations have left French cities reeling. Marseille, in particular, has become a flashpoint in the media coverage of riots and looting.

      The scale and swiftness of police repression that descended upon French cities has been shocking. French media and politicians across the spectrum have turned police officers and a mayor and his family who escaped “attempted assassination”—an event that may not be connected to the riots—into the main victims of the unrest. But several people have died, including a 27-year-old in Marseille whose death is seen as “probably” due to the impact of a “Flash-Ball type projectile” (a rubber or foam pellet), a 50-year-old shot by a stray bullet in French Guyana, and a young man who fell from the roof of a grocery store during a looting near Rouen.

    • Pour le RAID, les consignes de tirs sont inconnues. Contacté pour obtenir plus d’informations sur les règles d’emploi, le ministère de l’Intérieur n’a pas répondu à nos sollicitations.

      Politis compte attaquer le RAID au tribunal administratif pour non respect de la procédure de tir ? #LOL #MDR (et accessoirement d’un arrêt cardiaque dû au tir du RAID à l’insu de son plein gré #le_coup_est_parti_tout_seul)

      Le mieux est d’attendre la dissolution de l’ONU. Et superbe article de The Nation.

  • Y a quand même pas à tortiller du cul pour chier droit : l’info (de qualité) qu’il nous faut, c’est sur les « réseaux sociaux » gouvernementaux ...

    Mort de Nahel à Nanterre : ce que l’on sait de la synthèse des premiers éléments de l’enquête
    https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/adolescent-tue-par-un-policier-a-nanterre/mort-de-nahel-a-nanterre-ce-que-l-on-sait-des-premiers-elements-de-l-en

    Le policier suspect connu pour exhibition sexuelle

    Quant au principal suspect dans la mort de Nahel, « son casier judiciaire ne porte mention d’aucune condamnation. Il est connu (...) en tant qu’auteur pour exhibition sexuelle le 7 janvier 2023 en forêt de Chauvry, dans le Val-d’Oise, et est cité comme victime à seize reprises » . Lors du contrôle routier, le policier n’était ni positif à l’alcool, ni aux stupéfiants.

    Bon, ok, ce n’était qu’une « synthèse ».

    • il y a un truc que je ne comprends pas :
      Le principal suspect dans la mort de Nahel ; c’est bien le policier flingueur, ok ?
      Aucune mention au casier judiciaire mais il est cependant connu en tant qu’ auteur pour exhibition sexuelle, etc. Ça veut dire quoi ici « auteur » ? Parce que moi je comprends qu’en l’occurrence, l’exhibitionniste c’est lui, non ?
      Et après, je lis qu’il est cité à 16 reprises comme victime. Ce que je lis veut dire qu’il est victime de ses propres exhibitions sexuelles. Euh ... Non, y a un truc qui va pas.

    • Sinon, je viens de passer chez BFM (vite fait, 2 minutes, sinon mon « erdoganomètre » crépite de ouf)
      j’ai un cerveau lent parce que je viens de comprendre un truc en écoutant l’animateur : à savoir que, sondage à l’appui, le gars il t’assène sans sourciller que « les Français » et bien, ils sont tout de même 59 % favorables à un durcissement de la loi immigration. Et comme de juste, à chaque fois qu’un flicaillon défouraille, et bien ça pourrait bien remettre un jeton dans la machine « émeutes » et du coup, ça pourrait vite monter dans les tours concernant le durcissement à l’encontre de l’immigration. Merdre ! Vous croyez qu’ils sont aussi tordus que ça les raclures qui sont aux manettes ou c’est moi qui psychote ?

    • La « publication » Oise Hebdo publie des informations personnelles mettant en danger la vie de la famille du policier en détention. Malgré nos demandes de retrait de ce contenu irresponsable, celle-ci persiste. Je saisis le procureur de la République.

      @GDarmanin

      le contrôle des RS

      Le policier qui a tué Nahel à Nanterre s’appelle Florian Menesplier et vit à Bornel dans l’Oise - Oise Hebdo
      https://www.oisehebdo.fr/2023/07/06/policier-tue-nahel-nanterre-florian-menesplier-bornel

      Le policier qui a ouvert le feu sur Nahel, ce mineur de 17 ans qui a refusé d’obtempérer lors d’un contrôle routier, s’appelle Florian Menesplier. Il vit dans la commune de Bornel, au Sud de Beauvais. Cet homme est âgé de 38 ans. Florian Menesplier est un ancien militaire. Il est originaire du Sud-Ouest de la France et passé la plus grande partie de sa scolarité à Saint-Denis-de-Pile, à Libourne et à Bordeaux en Gironde.

      Militaire, il a servi en Afghanistan

      Il a notamment servi au sein du 35ème régiment d’infanterie basé à Belfort, comme on peut le lire sur le site Copains d’avant. Le média allemand Frankfurter Allgemeine rapporte que le jeune homme a servi en Afghanistan.

      Au moment de la crise des gilets jaunes, il était gardien de la paix. Et le 5 mai 2021, le préfet de police de Paris de l’époque (Didier Lallement) lui décerne une distinction. Le jeune gardien de la paix se voit alors remettre la médaille de bronze « pour actes de courage et de dévouement ». Il était alors affecté à la Direction de l’ordre public et de la circulation.

      Il était passé par la BRAV-M et la CSI-93, deux unités au centre de l’actualité

      Marié et père d’un enfant, Florian Menesplier travaillait depuis le mois de septembre comme brigadier dans les Hauts-de-Seine, rapporte le média 20 Minutes. Il était affecté à la compagnie territoriale de circulation et de sécurité routière des Hauts-de-Seine. Mais avant de rejoindre ce poste, le policier est passé par les unités de la préfecture de police de Paris dont les modes d’intervention ont fait débat. C’est ce que révèle le journal Libération, qui indique qu’il a aussi fait un passage par la #Brav-M (brigade de répression des actions violentes motorisée ou encore par la CSI-93 (Compagnie de sécurisation et d’intervention) toujours comme motard.

      La BRAV-M avait été créée en 2019 pour faire face au mouvement des Gilets jaunes. Ses membres ont pour missions de disperser les regroupements, selon un emploi de la force gradué et proportionné, et procéder à un maximum d’interpellations. Leurs interventions ont été régulièrement critiquées pour leur violence.

      Quant à la #CSI-93, elle aussi est régulièrement montrée du doigt pour ses méthodes. Depuis 2017, elle aurait fait l’objet de 17 enquêtes, rapporte le média StreetPress.

      #Nahel #police

    • L’article 39 sexies de la loi de 1881 n’interdit pas de divulguer l’identité de Florian Menesplier
      https://www.oisehebdo.fr/2023/07/07/larticle-39-sexies-de-la-loi-de-1881-ninterdit-pas-de-divulguer-lidentite-

      La loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse a prévu des limites à cette liberté de la presse. Son article 39 sexies, qui ne date pas de 1881 mais de 2011, fixe de façon limitative la liste des fonctionnaires de police et militaires de la gendarmerie nationale qui ont droit à l’anonymat. Le policier Menesplier, impliqué dans la mort de Nahel Merzouk, à Nanterre, le 27 juin, n’est pas inclus dans cette liste. Il n’est pas concerné par cette loi.

      C’est qu’en France, suite à la révolution française et au rôle phare qu’a tenu notre nation pour brandir le flambeau des droits de l’homme, la liberté de la presse est la règle générale. Les atteintes à cette liberté ne peuvent être qu’exceptionnelles et strictement limitées.

  • Tir de LBD en direction d’une habitation à Lannion : une enquête administrative ouverte | Le Télégramme
    https://www.letelegramme.fr/cotes-d-armor/lannion-22300/tir-de-lbd-en-direction-dune-habitation-a-lannion-une-enquete-administr

    La vidéo, tournée à 3 h, dimanche 2 juillet, montre l’ambiance qui régnait, cette nuit-là, dans le quartier de Ker-Uhel. C’était la première fois que Lannion était le théâtre des violences qui secouent la France depuis le décès de Nahel, tué à Nanterre par le tir d’un policier, mardi 27 juin. Des gendarmes et des policiers briochins étaient venus en renfort contenir les débordements. L’auteur des images, posté, avec d’autres personnes, à la fenêtre d’un appartement, chambre les forces de l’ordre qui évoluent dans la nuit en évitant des tirs de mortiers d’artifice. L’un des policiers se retourne vers le groupe et fait usage de son lanceur de balles de défense (#LBD). Le projectile atterrit dans le mur de l’immeuble, à quelques dizaines de centimètres de la fenêtre.

    à un policier chambré préférer un policier frappé
    j’en suis encore à me demander comment il se fait que les innombrables scènes de violence très manifestement illégales et dangereuses commises par la police et filmées (dont des tirs de LBD à bout portant sur des personnes inoffensives) ne sortent pas. y a-t-il des canards de la PQR qui rechignent à gagner clics et lecteurs ?

    #police

  • #Emeutes_urbaines : « Ce qu’elles révèlent, ce n’est pas tant l’échec de la #politique de la #ville que celui de toutes les #politiques_publiques »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/07/06/emeutes-urbaines-ce-qu-elles-relevent-ce-n-est-pas-tant-l-echec-de-la-politi

    Depuis le début des années 1980, les vagues émeutières embrasant les quartiers populaires s’accompagnent de controverses interprétatives enflammées dans les médias. Les explications proposées ont varié au fil du temps, mais un argument traverse les décennies qui semble faire consensus chez tous les commentateurs : l’émeute marquerait l’échec de la politique de la ville. La politique ainsi mise en cause a pourtant connu d’importantes évolutions au cours des quarante dernières années, le plus souvent à la suite d’épisodes émeutiers. Si échec de la politique de la ville il y a, ce n’est pas la même politique qui a échoué au début des années 1990, en 2005 ou aujourd’hui.

    Le jugement d’échec semble d’autant plus incontestable en 2023 que l’Etat aurait mobilisé, depuis une quinzaine d’années, des budgets considérables pour les quartiers populaires. Les annonces récurrentes d’un nouveau « plan banlieue » ont pu donner crédit à cette idée d’une politique de la ville richement dotée. Bien que ces annonces soient le plus souvent restées des annonces, elles ont ouvert la voie à la dénonciation des « milliards pour les banlieues », au profit de populations qui ne le mériteraient pas.

    Portée par des entrepreneurs de fracture sociale, cette critique a été d’autant plus ravageuse qu’elle s’est prolongée par une mise en concurrence des souffrances territoriales, opposant les quartiers défavorisés des métropoles et une « France périphérique » aux contours flous mais dont la couleur est claire. Les premiers bénéficieraient d’une discrimination positive, au détriment des villes moyennes, des espaces périurbains et des territoires ruraux, dont les populations sont pourtant durement affectées par les recompositions industrielles et la précarisation de l’emploi, les politiques d’austérité et les fermetures de services publics, ainsi que par l’augmentation du coût de la vie.

    La critique de l’inefficacité se mue alors en une mise en cause de la légitimité même de la politique de la ville, illustrée par cette formule qui fait florès à l’extrême droite : on déshabille la « France périphérique » pour habiller celle qui vit de l’autre côté du périph.

    Moins de 1 % du budget de l’Etat

    Il faut pourtant le répéter inlassablement : les quartiers qui cumulent toutes les difficultés sociales ne bénéficient pas d’un traitement de faveur. Les crédits de la politique de la ville ont toujours été limités, inférieurs à 1 % du budget de l’Etat. Comme l’ont montré de nombreux travaux de recherche et d’évaluation ainsi que plusieurs rapports de la Cour des comptes, les moyens alloués au titre de cette politique ne suffisent pas à compenser l’inégale allocation des budgets des autres politiques publiques (éducation, emploi, santé, sécurité…) qui s’opère systématiquement au détriment des quartiers dits « prioritaires » et de leurs habitants.

    Les seuls milliards dont ces quartiers ont vu la couleur sont ceux de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU), qui ne proviennent que marginalement de l’Etat : sa contribution se limite à 10 % du budget de l’agence, loin derrière Action Logement (70 %) et l’Union sociale pour l’habitat (20 %). Ce sont donc les cotisations des employeurs pour le logement de leurs salariés et les contributions du monde HLM (habitation à loyer modéré) qui financent la rénovation urbaine et non les impôts des Français.

    Bien qu’infondée, la critique des « milliards pour la banlieue » n’a pas été sans effet, conduisant les gouvernants à désinvestir la politique de la ville par crainte de susciter le ressentiment d’une fraction importante de l’électorat populaire sensible aux discours du Rassemblement national sur l’abandon de la France périphérique. Cette crainte a été amplifiée par le mouvement des « gilets jaunes », à la suite duquel la politique de la ville et les quartiers qu’elle cible ont disparu de l’agenda politique.

    La « séquence banlieue » ouverte lundi 26 juin par Emmanuel Macron à Marseille visait à répondre aux maires de banlieue et aux acteurs de terrain qui, depuis l’enterrement du rapport Borloo (dont il n’est pas inutile de rappeler aujourd’hui le sous-titre : « pour une réconciliation nationale »), critiquent ce désintérêt de l’exécutif pour les quartiers populaires.

    Défiance généralisée

    Le grand débat organisé dans la cité de la Busserine devait mettre en scène un président à l’écoute, mobilisant des moyens exceptionnels pour l’égalité des chances dans des quartiers nord délaissés par les élus locaux. La séquence se prolongeait le lendemain à Grigny (Essonne), avec le lancement des célébrations des 20 ans de l’ANRU, dont les réalisations ont produit des transformations visibles du cadre de vie de centaines de quartiers, à défaut de leur situation sociale. Elle devait se conclure à Chanteloup-les-Vignes (Yvelines), avec un comité interministériel des villes (CIV) maintes fois repoussé, où allaient enfin être annoncées les mesures du plan Quartiers 2030 concocté par Olivier Klein.

    La séquence était bien préparée mais rien ne s’est passé comme prévu. S’il a permis au président de renouer avec un exercice qu’il affectionne, le grand débat a surtout révélé l’exaspération des habitants, l’épuisement des acteurs associatifs et la défiance généralisée à l’égard du pouvoir politique. L’explosion de colère qui a suivi la mort du jeune Nahel a éclipsé les images de vingt ans de rénovation urbaine, et contraint le gouvernement à rapatrier à Matignon un CIV dont les annonces ont été repoussées à une date indéterminée. Ce report peut être utile s’il amène le gouvernement à réviser sa copie, pour envisager des réformes structurelles plutôt qu’un catalogue de programmes exceptionnels et de mesures expérimentales.

    Car ce que révèlent les #émeutes, ce n’est pas tant l’échec de la #politique_de_la_ville que celui de toutes les politiques publiques qui laissent se déployer la #ségrégation, la #stigmatisation et les #discriminations, voire y contribuent. A cet égard, on ne peut que regretter l’abandon en mai dernier du plan de #mixité_scolaire envisagé par Pap Ndiaye. Mais ce que rappellent d’abord les émeutes, c’est l’état plus que dégradé des relations entre la #police et les #populations_racisées des #quartiers_populaires, et la nécessité d’une transformation profonde des #pratiques_policières. Même si elle est politiquement difficile, l’ouverture de ce chantier s’impose, tant elle conditionne la #réconciliation_nationale.

    by https://twitter.com/renaud_epstein

    • Fabien Jobard, politiste : « Le législateur a consacré l’ascendant de la police sur la jeunesse postcoloniale »
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/07/05/fabien-jobard-politiste-le-legislateur-a-consacre-l-ascendant-de-la-police-s

      Le spécialiste des questions policières revient, dans un entretien au « Monde », sur les spécificités françaises dans les rapports entre les forces de l’ordre et la jeunesse des quartiers populaires issue de l’immigration. Il éclaire le contexte dans lequel prennent place les émeutes ayant suivi la mort de Nahel M. à Nanterre.

      Directeur de recherche au CNRS, Fabien Jobard est politiste, chercheur au Centre de recherche sociologique sur le droit et les institutions pénales. Il est l’auteur, avec le sociologue Olivier Fillieule, de Politiques du désordre. La police des manifestations en France (Seuil, 2020), avec Daniel Schönpflug, de Politische Gewalt im urbanen Raum (« violence politique en milieu urbain », Gruyter, 2019, non traduit), avec Jérémie Gauthier, de Police : questions sensibles (Presses universitaires de France, 2018) et, avec Jacques de Maillard, de Sociologie de la police. Politiques, organisations, réformes (Presses universitaires de France, 2015). Directeur du Groupe européen de recherches sur les normativités (GERN), Fabien Jobard publie en septembre une bande dessinée réalisée avec Florent Calvez : de la création des bobbys anglais aux dystopies policières contemporaines, Global Police. La question policière à travers le monde et l’histoire (Delcourt/Encrage) interroge la nature et le devenir de nos polices.

      Les événements de Nanterre, qu’il s’agisse de la mort de Nahel M. ou des émeutes qui ont suivi, montrent à quel point les relations entre la police et les jeunes des quartiers populaires sont dégradées. S’agit-il d’une spécificité française ?

      Les événements auxquels nous avons assisté ces derniers jours ne sont pas propres à la France : on en observe de comparables aux Etats-Unis, en Belgique, aux Pays-Bas – parfois au Royaume-Uni ou en Suède. Or, Suède mise à part, ces pays ont en commun une histoire contemporaine marquée soit par la prégnance de l’esclavage des populations noires, soit par la présence d’une population issue des territoires coloniaux. Le contraste avec l’Allemagne est frappant : dans ce pays qui a été privé de ses colonies africaines par le traité de Versailles, en 1919, les tensions avec les populations minoritaires existent mais elles sont bien moins fréquentes et bien moins intenses...

      La suite #paywall

    • De quelle manière cette histoire coloniale française pèse-t-elle ?

      [Fabien Jobard ] La guerre d’Algérie et la colonisation sont à mille lieues des préoccupations des policières et policiers de notre pays : ce ne sont pas eux, individuellement, qui portent cette histoire et la font perdurer. Savoir si les policiers sont racistes ou non n’aide d’ailleurs pas vraiment à comprendre ce qui se joue. Ce qui fait que la police est un lieu de perpétuation du rapport colonial sur notre sol est la collision de deux phénomènes historiques.

      Le premier est le fait que les populations issues des territoires nord-africains ont été installées à la va-vite dans des grands ensembles de nos banlieues. Ces villes étaient sous-administrées – pas ou presque pas de police, quelques brigades de gendarmerie, des commissariats isolés. A cette époque, la police faisait avec ce qu’elle avait et, de surcroît, recrutait peu d’effectifs nouveaux. La doctrine et les chefs disponibles étaient donc ceux des années 1950-1960, ceux de la #guerre_en_métropole, lorsque la gestion des populations nord-africaines reposait sur la mise à distance, le contrôle, l’imposition d’une obligation de déférence permanente – bref, la subordination sous férule policière. Dans un tel schéma, le #contrôle_d’identité avec fouille est central : c’est l’instrument majeur d’imposition de l’autorité policière comme préalable non négociable.

      Une telle gestion des populations subalternes aurait pu s’éteindre peu à peu, silencieusement emportée par la croissance et le renouvellement des générations, tant du côté de la police que du côté de la jeunesse. Mais au milieu des années 1970, la France s’est engagée sur une voie économique singulière, celle de la #désindustrialisation – et c’est le second phénomène historique décisif. De 1975 à nos jours, plus de 2 millions d’emplois industriels se sont évaporés : la France est devenue un pays de services et cette mutation a pénalisé en tout premier lieu les jeunes hommes sortis du système scolaire sans qualification – les jeunes femmes s’en sortent mieux. Or, dans quels rangs se recrutent principalement ces jeunes hommes ? Dans ceux des familles les moins favorisées, les moins dotées – les familles immigrées.

      C’est un contraste marquant avec la trajectoire historique allemande : l’Allemagne a protégé son industrie. Lorsque les jeunes sortent du système scolaire sans qualification – le système allemand est bien plus soucieux de la formation aux métiers manuels –, une place les attend à l’usine, sur la chaîne, à l’atelier. Outre-Rhin, l’industrie parvient donc à absorber ces « jeunes à problèmes », comme on dit là-bas, comme autrefois [ces saloperies de, ndc] Renault et Citroën absorbaient nos blousons noirs.

      En France, dès le milieu des années 1970, une #population_oisive essentiellement formée des jeunes issus de l’immigration coloniale s’est constituée au pied des tours. Cette jeunesse est disponible aux tensions avec la police : de #Toumi_Djaidja, fils de harki victime, en 1983, un soir de ramadan, aux Minguettes, d’un tir policier dans le ventre alors qu’il tentait de venir en aide à un de ses amis aux prises avec un chien policier, à Nahel, à Nanterre, en 2023, les relations sont explosives. La dynamique socio-économique française a fourni à la police une clientèle, essentiellement issue des populations coloniales, qui est enfermée, avec elle, dans un face-à-face mortifère et sans issue. [une bien trop grande proximité, ndc]

      Les pratiques de la police sont encadrées par le droit. Quelle a été l’évolution des textes depuis les années 1970 ?

      Sur ce plan, il est frappant de constater que le droit, notre droit républicain, n’a pas corrigé les pratiques mais les a, au contraire, garanties. Je reprends les contrôles d’identité. Ces pratiques se développaient de manière assez sauvage : le droit positif ne les prévoyait pas. En février 1981, le gouvernement de Raymond Barre a fait adopter une loi décriée par la gauche qui a « créé » les contrôles d’identité (art. 78-2 du code de procédure pénale). En réalité, cette loi consacre ces contrôles : elle « couvre », en quelque sorte, des pratiques dont nos recherches ont démontré qu’elles visent essentiellement la jeunesse postcoloniale. Ce geste, que la gauche n’a pas abrogé, est significatif d’une dynamique qui s’est enclenchée dans d’autres domaines de l’action policière : les pratiques et les perceptions policières ont été relayées par les politiques publiques.

      Quelles étaient ces politiques publiques ?

      A partir des années 1990, une décennie marquée par des émeutes urbaines localisées engendrées par des faits policiers mortels (ou la rumeur de tels faits), deux choix ont été très explicitement arrêtés. Le premier, c’est le renforcement de l’arsenal pénal contre les #mineurs auteurs de faits de #délinquance_de_voie_publique : les circulaires de politique pénale, puis la loi elle-même, encouragent la fermeté à l’égard de ces jeunes délinquants qui se recrutent essentiellement parmi les jeunes de cité, ce qui vient rétrospectivement légitimer l’action policière à leur égard. La politique pénale est telle qu’aujourd’hui le législateur offre aux policiers la possibilité de sanctionner eux-mêmes des délits par une amende dite « délictuelle » . Or, ces délits étant ceux habituellement commis par les jeunes de cité, ce pouvoir de sanction exorbitant confié par le législateur à la police consacre son ascendant sur cette fraction de la jeunesse.

      La seconde trajectoire de politique publique est l’abandon de ce que l’on appelait, il n’y a pas si longtemps encore, les politiques d’accompagnement social de la délinquance. Pour des raisons à la fois idéologiques et budgétaires, les gouvernements successifs ont concentré la dépense publique sur les forces de l’ordre (15 milliards d’euros et 8 500 agents supplémentaires sont prévus dans la loi d’orientation et de programmation du ministère de l’intérieur du 24 janvier 2023) et ont privé les communes et les départements de fonds permettant une action sociale portée par les éducateurs spécialisés, les éducateurs de rue, les travailleurs sociaux. Même les emplois précaires – les emplois-jeunes puis les emplois aidés – ont été supprimés, les premiers sous le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, les seconds sous celui d’Edouard Philippe. J’insiste sur la dimension budgétaire de ces choix : en Allemagne, les communes et l’Etat disposent encore de moyens financiers pour l’action sociale.

      La France pourrait-elle s’inspirer des politiques mises en place en Allemagne ?

      L’Allemagne a perdu ses colonies il y a un siècle, elle n’a pas fait le choix de se défaire de son industrie, elle n’a pas renoncé au social au profit du sécuritaire. Et le caractère décentralisé et régional de la police, qui était une des conditions de la sortie du nazisme en 1945-1949, a fait que « la » police existe à peine en tant qu’institution et, surtout, en tant que groupe d’intérêts. Les syndicats policiers n’y sont pas engagés dans un défi permanent lancé aux politiques et aux magistrats, facteur considérable d’apaisement des passions policières et de discipline dans les rangs. Plus qu’un modèle dont on importerait telle ou telle recette, l’Allemagne offre plutôt un horizon dans lequel s’inscrit la question policière.
      Cette question ne pourra pas être dénouée seule : libérer la police française de sa colonialité ne passe pas par je ne sais quelle réforme isolée – type « revenir-à-la-police-de-proximité » – mais par l’investissement massif dans la formation, l’emploi et l’accompagnement social d’une jeunesse que les gouvernements successifs ont bien lâchement confiée aux soins presque exclusifs de la police.

      heureusement qu’il y a une gauche qui veut libérer la police ah ah ah

    • #Didier_Fassin : en France, « la #police a gagné la #bataille_idéologique » | Mediapart
      https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/070723/didier-fassin-en-france-la-police-gagne-la-bataille-ideologique

      #post_colonialisme

      DidierDidier Fassin est professeur au Collège de France, directeur d’études à l’#EHESS, et enseigne également à l’Institute for Advanced Study de #Princeton.

      Il a publié aux éditions du Seuil La Force de l’ordre. Une anthropologie de la police des quartiers, dans lequel il étudiait des brigades anticriminalité (BAC) dont les insignes exhibaient les barres d’une cité prise dans la lunette de visée d’un fusil, des meutes de loups devant des tours d’habitation, une panthère déchirant de ses griffes un quartier plongé dans l’obscurité ou encore une araignée emprisonnant dans sa toile un ensemble d’immeubles. Il y observait des pratiques relevant souvent d’une logique « #postcoloniale ».

      Pour Mediapart, il revient sur les situations avant – et les mobilisations après – la mort de #George_Floyd aux États-Unis en 2020 et celle de #Nahel M. en 2023.

      Mediapart : Dans La Force de l’ordre. Une anthropologie de la police des quartiers, écrit à partir d’une enquête inédite menée pendant 15 mois, entre 2005 et 2007, avec une BAC de la région parisienne, vous dressiez un constat catastrophique de l’action des BAC dans les banlieues, qui relevait davantage d’un processus de chasse dans une « jungle » que d’une opération de maintien de l’ordre ou de lutte contre la délinquance. On a pu vous dire alors que cette unité n’était pas représentative de la police française : ce qui se passe aujourd’hui vous ferait-il dire qu’elle était plutôt préfigurative de tendances racistes de la police française ? 

      Didier Fassin : Je ne généraliserais pas de la sorte pour ce qui est de tous les policiers. Lorsque mon livre est sorti, on a dit en effet que j’avais dû étudier des unités très atypiques, car j’indiquais la sympathie que les agents avec lesquels je patrouillais manifestaient ouvertement à l’égard de Jean-Marie Le Pen. Six ans plus tard, en 2017, on découvrait que les deux tiers des policiers en activité avaient voté pour sa fille au premier tour de l’élection présidentielle, soit plus de trois fois plus que la population générale.

      Mais plutôt que le racisme individuel, ce qui m’intéresse, et m’inquiète, c’est le racisme institutionnel, qu’il soit celui de la police en général, dont on voit qu’elle ne sanctionne pas les pratiques violentes et discriminatoires de ses agents, ou de certains syndicats en particulier, dont on vient de lire qu’ils considéraient les jeunes des quartiers difficiles comme des « nuisibles » qu’il faut mettre « hors d’état de nuire ».

      Dans cette perspective, je pense que les choses se sont encore aggravées depuis que j’ai conduit mon enquête, et c’est largement la responsabilité des gouvernements successifs qui, d’une part, n’ont pas cessé de céder devant les exigences de l’institution et des syndicats, et, d’autre part, n’ont jamais tenté d’engager de réforme.

    • Nayra : « Vous leur avez craché dessus et vous leur demandez de se calmer ? »
      Après la mort de Nahel, tué à bout portant par un policier à Nanterre le 27 juin 2023, une partie des quartiers populaires s’embrase. Dans le fracas, des adolescents disent une réalité ancienne de ségrégation et de racisme. #Mediapart donne la parole aux #rappeuses et aux #rappeurs qui se tiennent du côté de ces #révoltes. Épisode 1 : #Nayra, rappeuse de #Saint-Denis.

    • super interview aussi d’un spécialiste (anthropologue, U. Saint-denis) qui recence les émeutes (dans une liste quasi exhaustive) partout ds le monde depuis 2007.

      #au_poste par l’excellent @davduf

      https://www.auposte.fr/le-soulevement-des-quartiers-ce-quil-dit-et-ce-quon-ne-dit-pas

      pas encore écouté ceux-là par contre :

      https://www.auposte.fr/soulevement-2023-leloge-de-lemeute-avec-jacques-deschamps-philosophe

      https://www.auposte.fr/soulevement-2023-vers-une-secession-des-quartiers-populaires-rencontre-avec-

    • De la répression coloniale aux violences policières. @survie
      https://survie.org/billets-d-afrique/2021/303-dec-2020-janv-2021/article/de-la-repression-coloniale-aux-violences-policieres

      Au moment où la France est traversée par une série de révoltes à la suite du meurtre de Nahel par la police, et pour alimenter les reflexions sur la colonialité de la police française, nous republions cet article de Florian Bobin, étudiant-chercheur en Histoire africaine, paru en janvier 2021 dans Billets d’Afrique. Il a été publié préalablement en anglais dans Africa is A Country puis dans Jacobin , et en français dans la revue Contretemps. Il retrace l’histoire de la structuration de la #police_française, au service des intérêts esclavagistes, colonialistes puis néocolonialistes. Il montre la continuité de cette histoire avec la culture et les pratiques actuelles des forces de l’ordre en France, notamment vis-à-vis des jeunes Africains et Afro-descendants, mais aussi de celles de ses anciennes colonies africaines.

    • Didier Fassin : en France, « la police a gagné la bataille idéologique »

      Pour George Floyd, toute la société s’était mobilisée, il y avait eu des manifestations dans tout le pays. Ça a été un choc majeur. Pour Nahel, seuls les quartiers populaires ont bougé. Le lendemain, on ne parlait plus que de désordres urbains et, le surlendemain, de l’incendie de la maison d’un maire.

      https://justpaste.it/9hjxo

      #police #quartiers_populaires