• Coronavirus : à Reims, un bus transportant des patients sommé de faire demi-tour

    Parti du Grand-Est pour emmener huit malades du Covid-19 vers Tours, ce transfert n’a pas été jugé prioritaire par le ministère. Une consigne jugée incompréhensible par les médecins et les élus locaux.

    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/04/04/coronavirus-a-reims-un-bus-transportant-des-patients-somme-de-faire-demi-tou

    #paywall

    Qui a ordonné ce demi-tour ? Contactée par Le Monde, l’Agence régionale de santé du Grand-Est admet un « couac », dommageable tant pour les patients que pour l’image donnée de désorganisation. Dans un communiqué, elle a expliqué mercredi 1er avril que les patients transportés n’étaient pas prioritaires. « Ce sont les services de réanimation qui sont les plus en tension en ce moment, donc on privilégie les transferts de malades en réanimation », a précisé Christophe Lannelongue, directeur de l’agence.

    Surtout, « les échanges interrégionaux sont préalablement soumis à l’autorisation du centre de crise sanitaire du ministère de la santé, ce qui n’était pas le cas ». « C’est le PC de crise à Paris, auprès du directeur général de la santé M. Salomon, qui pilote les transferts entre différentes régions (…). Ce transfert a été suspendu car il nécessitait d’être mieux coordonné », explique également la directrice du CHU de Tours, Marie-Noëlle Gérain-Breuzard.

    Manque de visibilité

    Le maire de Reims, Arnaud Robinet, pharmacologue de formation et président du conseil de surveillance du CHRU de Reims, dénonce « un couac administratif et non médical » : « Le transfert devait avoir lieu avec l’accord de l’ARS des deux régions, mais la directrice de l’hôpital de Reims a reçu un message du cabinet du ministre. » Un geste qu’il ne comprend pas : « Je trouve inconscient de faire revenir ce bus », fustige-t-il, regrettant le « manque de visibilité » sur la question des transferts de patients.

    Pour le maire de Reims, qui préside également la Fédération hospitalière de France (FHF) dans la région, si « les établissements de l’Est ont su anticiper et tripler le nombre de lits de réanimation », ce n’est « pas le cas partout ». « J’espère qu’on n’a pas cherché à privilégier la région Ile-de-France », s’interroge l’élu, pour qui il faudra, après la crise, tirer le bilan et « donner plus de responsabilités aux collectivités ».

    Contactée, la direction générale de la santé assume avoir « annulé, et pour de très bonnes raisons (…) de sécurité sanitaire » ce transfert. Une opération menée, selon elle, « de façon unilatérale, sans concertation », par le CHU de Reims. « Des patients étaient déjà prévus pour être transférés sur le site identifié par le CHU de Reims, qui ne pouvait pas en accueillir en avance de phase sans compromettre les transferts prioritaires à venir », justifie-t-elle. Et d’assurer que la stratégie de transferts de patients, « essentielle pour pouvoir assurer la prise en charge » de tous, « se déroule bien », mais nécessite « une organisation fine, qui associe une régulation régionale, et un pilotage national ».

    Je pense que la raison de cette consigne est d’éviter une avalanche de commentaires acerbes sur les « bus Macron »...

  • La pandémie liée au coronavirus amène le monde devant une montagne de dettes
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/04/02/apres-la-pandemie-le-monde-face-a-une-montagne-de-dettes_6035326_3234.html


    Colcanopa

    Les plans de soutien à l’économie vont faire entrer les pays occidentaux dans une ère de dettes colossales. Comment y faire face ?

    Les immenses plans de soutien à l’économie lancés depuis le début de la pandémie liée au coronavirus sont en train de faire entrer les pays occidentaux dans une nouvelle ère de dettes colossales. Ces aides d’urgence sont évidemment nécessaires. Ne pas agir maintenant risquerait de transformer l’asphyxie actuelle en une récession de long terme. Mais leur incidence n’en sera pas moins majeure. « Ils vont laisser de profondes cicatrices », prévient Gilles Moëc, économiste en chef chez Axa.

    Selon UBS, l’ensemble des plans de relance à travers la planète atteint désormais 2,6 % du produit intérieur brut (PIB) mondial, dépassant largement l’effort fait lors de la crise financière de 2008 (1,7 % du PIB). Dans certains pays, ils vont bien au-delà : 10 % aux Etats-Unis, 8 % au Royaume-Uni… Et ce n’est très probablement qu’un début. Des aides supplémentaires seront nécessaires pour redémarrer l’économie à la sortie du confinement.

    #paywall

  • Comment l’épidémiologie tente de cerner l’épidémie due au nouveau #coronavirus

    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/03/30/comment-l-epidemiologie-tente-de-cerner-l-epidemie-due-au-nouveau-coronaviru

    Combien de morts du Covid-19 ? Combien d’hospitalisés en réanimation ? Combien de temps le confinement durera-t-il ? Autant de questions brûlantes auxquelles s’attaque la science de la modélisation… avec difficulté.

    Le 12 mars, face aux prédictions d’une submersion du système hospitalier avancées par une équipe anglaise de l’Imperial College (Londres), la France s’est engagée dans une stratégie de confinement poussé. « Les modèles sont un signal parmi d’autres. La situation italienne, mais aussi toutes les connaissances accumulées sur des épidémies précédentes allaient dans le sens de cette décision pour soulager le système de santé », relativise Simon Cauchemez, chercheur à l’Institut Pasteur, spécialiste en modélisation et membre du conseil scientifique Covid-19 mis en place par le gouvernement.

  • Dans les squats de Bordeaux, « les personnes vont mourir de faim, pas du Covid-19 »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/04/02/dans-les-squats-de-bordeaux-les-personnes-vont-mourir-de-faim-pas-du-covid-1

    Dans les bidonvilles et squats de Bordeaux, les quelque 2 500 habitants, qui se retrouvent souvent sans emploi, craignent le manque de nourriture.

    #paywall ? #pauvreté #surnuméraires

    • Bordeaux envoyée spéciale - Alors, deux baguettes, six bananes, une boîte d’oeufs, trois tomates, un filet de patates... Reculez ! Reculez ! » La file indienne s’est transformée en un serpentin confus. Une bénévole tente de maintenir un semblant d’ordre tandis qu’une quinzaine de personnes essayent d’avancer vers elle. Certaines se cachent le bas du visage avec un bout d’écharpe ou le col d’une doudoune. Personne n’a de masque ni de gants. Les enfants gigotent dans les poussettes. Face à eux, des stocks de pâtes, des cageots d’asperges, des boîtes de céréales... entreposés sur des grandes tables, que tente de répartir un petit groupe de personnes, dans l’agitation et la nervosité. Mercredi 1er avril, dans le plus grand bidonville de Bordeaux, une distribution de nourriture a été organisée. Une première, rendue nécessaire en cette période de confinement.

      Etalés sur deux hectares d’une friche industrielle de la rive droite de la Garonne, les lieux abritent quelque 350 personnes, en majorité des familles roms de Bulgarie, installées dans des caravanes ou des cabanes de fortune. Et qui redoutent aujourd’hui une pénurie alimentaire. Les chantiers du bâtiment sont à l’arrêt, les hôtels et restaurants sont fermés, les activités de ferraillage et de mendicité sont rendues impossibles par le confinement, de même que les points d’aide alimentaire se sont raréfiés... « On ne peut plus travailler, ni sortir », rapporte Kalinka, une jeune femme de 19 ans. Elle-même ne s’est pas aventurée en dehors du bidonville depuis trois semaines. « Pour nous, c’est difficile de manger », reconnaît-elle. Kalinka faisait la manche en attendant que la saison agricole reprenne. De mai à octobre, la jeune femme et son mari travaillent dans un domaine viticole de l’appellation Pessac-Léognan. Mais cette année, l’incertitude menace : « Pour l’instant, le patron ne veut pas nous faire signer de nouveau contrat », confie-t-elle.

      « Les personnes nous alertent parce qu’elles vont mourir de faim, pas du Covid-19 », résume Morgan Garcia, coordinateur de la mission squat et bidonville de Médecins du monde (MDM), présent mercredi aux côtés des associations Les Enfants de Coluche et Bienvenue. « Tout ce joli monde s’est regroupé au travers d’un appel de la métropole, explique un des membres des Enfants de Coluche. Le comité d’entreprise de la SNCF nous a mis ses locaux à disposition pour stocker les aliments et le Parti communiste de Bègles a loué un camion frigorifique. » Plusieurs tonnes de denrées, surtout issues des banques alimentaires, ont été distribuées. De quoi tenir quelques jours. « C’est une situation exceptionnelle », souligne Morgan Garcia. Mais elle se reproduit à de maintes reprises sur le territoire.

      « Environ 2 500 personnes vivent en squat et en bidonville sur la métropole bordelaise, souvent sans accès à l’eau ou à des sanitaires », rapporte Aude Saldana-Cazenave, responsable MDM en Aquitaine. Des populations étrangères en majorité et sans filet de sécurité dans la crise économique et sanitaire.

      Impression de bricolage

      Dans une lettre adressée le 27 mars à la préfecture et aux élus du territoire, quinze associations, dont MDM et le Secours catholique, ont mis en garde face au risque de « sous-alimentation . « La distribution de nourriture et de produits d’hygiène incombe plus que jamais aux pouvoirs publics », écrivent-elles. La préfète de la Nouvelle-Aquitaine, Fabienne Buccio, se veut rassurante : « Aujourd’hui, il n’y a pas de tension sur les besoins alimentaires », affirme-t-elle. Et de mettre en avant la mobilisation de ses services qui, à l’image de la ville, financent les banques alimentaires ou subventionnent les associations. Sur le terrain, l’impression d’un bricolage s’impose.

      Un squat, près de la place de la Victoire. Sept familles partagent ici l’espace d’un petit immeuble de trois étages. Mohammed, un père de famille algérien en situation irrégulière, ne sort plus que pour acheter du pain. Le salon de coiffure dans lequel il travaillait a fermé. Hamza, Algérien et sans papiers également, continue lui de livrer des repas à vélo pour la plate-forme Uber Eats. Mais son activité a considérablement ralenti depuis le confinement. Sans compter qu’il ne touche que 30 % des revenus qu’il génère, le reste revenant à la personne titulaire officielle du compte de livreur qu’il utilise.

      Thierry Charenton, le directeur du centre social du quartier, connaît bien les familles du squat. « On fait des activités avec eux toute l’année, dit-il. On a voulu prendre de leurs nouvelles au début du confinement et ils nous ont signifié qu’ils avaient des difficultés pour avoir des produits d’entretien, d’hygiène... Même si certaines associations caritatives ont rouvert, ça ne suffit pas. » Ce mercredi, Thierry Charenton a les bras chargés de plats cuisinés, des petites portions de betteraves ou de gratins de pommes de terre. « Je suis passée à la maternelle du secteur qui reste ouverte pour les enfants des personnels hospitaliers. Je récupère tous les jours les repas non consommés. »

      Non loin, dans le quartier de Saint-Michel, c’est une bénévole de l’Ordre de Malte qui, depuis une semaine, dépose les invendus d’un supermarché sur les marches d’un autre squat. Dans ce bâtiment ouvert par le Squid un centre social autogéré, un collectif qui représente plusieurs squats dans lesquels vivent 300 personnes -, vivent une quinzaine d’adultes vivent, dont une majorité de ressortissants d’Afrique de l’Ouest déboutés de leur demande d’asile.

      « Objectif zéro infecté »

      « On a lancé un appel à l’aide », dit Souma, un Guinéen de 36 ans. Voisin et bénévole du Secours catholique, Gilles Havrin a « dépanné » les résidents des lieux. « On est allé chercher du stock chez Les Restos du coeur la semaine dernière et, cette fois, on va aller leur faire des courses. » L’association s’apprête aussi à distribuer des chèques-services aux familles du département vivant dans un squat.

      « Il faut tout faire pour aider ces lieux sur le plan sanitaire », insiste pour sa part Corinne Torre, de Médecins sans frontières (MSF). L’ONG a apporté au squat du quartier Saint-Michel des savons, des gants et des masques, développe des maraudes pour détecter des cas suspects et mettre en place des protocoles d’hygiène. « On a essayé de s’organiser comme si on était une structure conventionnelle sans en avoir les moyens. On a mis un mètre cinquante entre les lits, on donne la consigne de ne pas sortir, on n’accueille plus de nouvelles personnes..., énumère Frédéric Raguènès, le président du Squid. L’objectif, c’est zéro infecté. »

      Des mineurs isolés ont en outre été sortis du squat et orientés vers des hôtels la semaine dernière. « Il faut mettre tout le monde à l’abri. Si le Covid-19 se répand sur un bidonville ou un squat, ça peut être une catastrophe, prévient Aude Saldana-Cazenave, de Médecins du monde. Plus de 15 % des personnes qu’on suit ont des pathologies comme du diabète ou de l’hypertension, sont dialysées ou attendent des greffes. Ça les rend particulièrement vulnérables. »

      #Bordeaux #coronavirus #mourir_de_faim #squats #faim #distribution_alimentaire #alimentation #bidonville #distribution_de_nourriture #nourriture #Roms #pénurie_alimentaire #aide_alimentaire #banques_alimentaire #banque_alimentaire #sous-alimentation #sans-papiers #Uber_eats #déboutés #asile #maraudes #mise_à_l'abri

      ping @karine4

    • La directrice du centre hospitalier mosellan a lancé un cri d’alarme, lundi soir, après un week-end noir dans son établissement, submergé par l’afflux de malades du Covid-19.

      « J’ai besoin d’aide. Nous sommes au bout de ce que nous pouvons faire. Si Paris ne prend pas conscience de ce que nous vivons ici, ce sera un nouveau Mulhouse. Il nous faut impérativement du matériel et des moyens supplémentaires tout de suite. Ou de nouvelles évacuations de patients. » Le cri d’alarme est lancé, lundi 30 mars au soir, après un week-end noir, par Marie-Odile Saillard, la directrice générale du centre hospitalier régional (CHR) de Metz-Thionville, un établissement de 2 000 lits situé au cœur d’une région Grand-Est qui subit depuis plusieurs jours le « tsunami » du Covid-19. L’épidémie a fait, au 30 mars, 919 morts dans la région, majoritairement en Alsace. Vendredi, la directrice pensait encore pouvoir entretenir la petite avance que son établissement avait réussi à prendre sur le virus au terme d’un effort de transformation sans précédent. Lundi, le centre hospitalier annonce le décès d’un de ses praticiens, le sixième médecin à mourir du Covid-19 en France. Quarante soignants de l’hôpital sont aujourd’hui infectés, dont trois médecins dans un état grave.

      Tout commence pendant les vacances scolaires de février. « Avant, comme tout le monde, on suivait ce qui se passait en Chine avec une certaine distance, en appliquant avec sérieux les recommandations des autorités, mais sans trop d’inquiétude, raconte Marie-Odile Saillard. Mais en quelques jours, tout bascule. On reçoit des informations très inquiétantes sur la situation en Italie et sur les difficultés des hôpitaux transalpins à faire face. » La Moselle compte une importante communauté d’origine italienne, des enfants ou petits-enfants d’immigrés venus faire tourner les mines et la sidérurgie française au XXe siècle. Beaucoup ont passé les vacances en Lombardie. A leur retour, ils inondent le 15 d’appels pour se signaler.

      Le 25 février, Marie-Odile Saillard organise la première cellule de crise au sein de l’hôpital. Le plan blanc est activé, on ressort les protocoles, les simulations, on réquisitionne les internes pour faire de la régulation téléphonique. Et surtout, on essaye déjà d’anticiper les difficultés : « Lorsqu’il y a une crise sanitaire majeure, on sait que l’hôpital a deux points de fragilité sur lesquels on peut subir des saturations : les urgences et les plateaux techniques. »

      « Il fallait accélérer »

      Le principal défi est d’ouvrir des lits de réanimation supplémentaires. L’urgence s’impose, car début mars, un second front s’ouvre à proximité de la Moselle : « Je me souviens encore du coup de fil de Christophe Lannelongue, le directeur de l’agence régionale de santé du Grand-Est, se remémore Marie-Odile Saillard. Il m’a parlé d’un deuxième foyer épidémique probable à Mulhouse. J’ai raccroché et immédiatement appelé le docteur François Braun, le chef des urgences. Il fallait accélérer. »

      Ouvrir un lit de réanimation réservé aux patients atteints de Covid-19 nécessite des locaux adaptés (avec de l’oxygène, de l’air, du vide et des sas d’entrée et sortie), du personnel formé et du matériel. Des locaux, l’hôpital en a, à Thionville, mais aussi à Metz, sur le site de l’hôpital de Mercy, qui a moins de dix ans. Du personnel ? « La réanimation nécessite des gestes et des connaissances particulières, explique le docteur Khalifé Khalifé, cardiologue et président de la commission médicale d’établissement du CHR. Nous avons mobilisé des médecins, des infirmiers, des aides-soignants qui ont été formés en interne par des réanimateurs. » Restait la question du matériel : les monitorings, les passe-seringues, mais surtout les respirateurs. « On a fait un état du stock, raconte la directrice. Et dès le début de la crise, j’ai passé commande de trente appareils supplémentaires. A ce jour, je n’en ai reçu que dix. »

      L’aide des vétérinaires

      Les premiers patients arrivent en réanimation. Vite, trop vite. Alors que l’hôpital compte habituellement une trentaine de lits de réanimation sur ses deux sites, il monte à 40, puis 50, 60, 70. Des salles de réveil, un service de néphrologie, un service de chirurgie cardiaque, des lits pour grands brûlés ont ainsi été convertis. « Nous avons récupéré des respirateurs partout, dans les ambulances, dans les blocs, dit Mme Saillard. Les cliniques privées dans l’incapacité de monter des services de réanimation nous ont prêté les leurs. J’en ai reçu d’hôpitaux d’autres régions moins touchées. » Même les vétérinaires du département ont mis à disposition les respirateurs pour animaux. Sept machines de ce type permettent aujourd’hui à des patients atteints du Covid-19 de respirer encore. « Nous avons complètement transformé notre hôpital, dit Mme Saillard. Il ne ressemble en rien à ce qu’il était il y a deux semaines. C’est un effort qui a mobilisé tous les services. »

      Longtemps, cet effort a suffi. Chaque soir, la directrice fait le point avec Le Républicain lorrain. Alors que les hôpitaux alsaciens saturent déjà, celui de Metz compte 15 lits d’avance, 10 lits d’avance, puis de nouveau 20 lits d’avance. L’hôpital arrive à suivre le rythme du virus en ouvrant plus de lits qu’il n’y a d’admissions en réanimation. « La difficulté, c’est qu’un patient qui est intubé va rester en moyenne trois semaines en réa, souffle le docteur Khalifé. Donc on n’arrive pas à libérer les lits assez rapidement. » Une majorité des patients guérit, comme ce jeune homme de 17 ans que les soignants de l’hôpital de Thionville viennent de sauver. Une partie est transférée vers d’autres hôpitaux, comme ce fut le cas samedi matin grâce à un hélicoptère militaire qui a pris la direction de l’Allemagne, ou dimanche, à bord du TGV sanitaire vers Bordeaux. Quelques-uns meurent. Le CHR de Metz-Thionville a enregistré 58 décès depuis le début de l’épidémie.

      Et puis il y a eu ce week-end noir. Celui au cours duquel l’hôpital a ouvert le centième lit de réanimation. Lundi soir, 93 lits étaient occupés et la directrice s’attendait à ce que tout soit plein quelques heures plus tard. D’où son appel au secours. « Je ne peux pas ouvrir plus de #lits. Je n’ai ni les #respirateurs ni le #personnel pour cela. Soit on m’envoie du #matériel et des médecins, soit on procède à une #évacuation massive de patients des hôpitaux mosellans. » Selon elle, pour absorber la vague qui ne faiblit pas, il faudrait évacuer du département en moyenne 12 patients par jour. Soit un #TGV_sanitaire tous les trois jours. Sinon, quoi ? « Sinon, c’est l’#inconnu. »

      #Metz #hôpital #hôpitaux #coronavirus

    • Ça veut dire que c’était une bonne idée de partager l’article. (Le « +1 » est juste une sale manie qu’on chope assez facilement sur d’autres réseaux et je crois me souvenir que cela était fort peu goûté sur le Rézo des réseaux).

      D’où le « si je puis me permettre ».

  • Alain Damasio : « La police n’a pas à être le bras armé d’une incompétence sanitaire massive » - Libération
    https://www.liberation.fr/debats/2020/03/31/alain-damasio-la-police-n-a-pas-a-etre-le-bras-arme-d-une-incompetence-sa


    Quartier de La Plaine à Marseille, le 29 mars. Photo Yohanne Lamoulere.
    Tendance Floue pour Libération

    Pour l’auteur de SF, aucune épidémie ne devrait servir d’alibi pour détruire nos libertés. Il s’interroge sur l’après-Covid  : que restera-t-il de nos relations humaines après plusieurs semaines sans contact autre que via les écrans ?

    Cela fait bientôt deux décennies qu’Alain Damasio le martèle : la technologie ne remplace rien – ni les embrassades ni la chaleur humaine –, elle simule. Le confinement que nous impose l’épidémie liée au coronavirus ne saurait lui donner plus fortement raison : si les applications de visioconférence n’ont jamais été tant sollicitées, elles ne parviennent pas à nous faire oublier notre solitude. C’est que l’expérience du contact humain, le vrai, dont l’écrivain explorait la richesse dans la Horde du Contrevent (La Volte, 2004), déborde du cadre étriqué de l’écran d’ordinateur. Dans son dernier roman, les Furtifs (La Volte, 2019), l’auteur imagine une société de contrôle invasive à base de drones traqueurs et de géolocalisation permanente. Autant de mesures promues aujourd’hui comme des réponses au Covid-19. Sur ce sujet, le mastodonte de la SF est catégorique : les mesures sécuritaires ne doivent pas compenser l’incompétence sanitaire.

    #paywall

  • Coronavirus : derrière la pénurie de masques, une répartition opaque sur le territoire

    Alors que la polémique persiste sur le manque de #masques pour les personnels médicaux confrontés au #Covid-19, Mediacités dévoile un document interne au ministère de la Santé qui pose question : les équipements de protection sont répartis en toute opacité sur le territoire français.

    https://www.mediacites.fr/enquete/national/2020/03/30/coronavirus-derriere-la-penurie-de-masques-une-repartition-opaque-sur-le-
    #paywall
    #inégalités #opacité #distribution #répartition #France

  • Le #Liban menacé par une accélération de la fuite des cerveaux
    https://www.lecommercedulevant.com/article/29732-le-liban-menace-par-une-acceleration-de-la-fuite-des-cerve

    Quelque 66 000 Libanais ont émigré en 2019, soit deux fois plus que l’année précédente. Si l’épidémie du coronavirus a momentanément freiné l’hémorragie, l’aggravation de la crise économique en l’absence de mesures spécifiques ne fera que renforcer la tendance.

    #émigration #crise #paywall je n’accède pas à la totalité de l’article

  • Claude Got : « Nous n’avons pas encore intégré les méthodes qui ont réduit la mortalité en Chine »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/03/28/claude-got-nous-n-avons-pas-encore-integre-les-methodes-qui-ont-reduit-la-mo

    Quand le bilan de l’épidémie du Covid-19 sera terminé, l’insuffisance de dispositifs de protection personnelle apparaîtra comme l’erreur de gestion la plus grave. Minimiser l’intérêt des masques pour l’ensemble des personnes exposées a été une manœuvre pour réduire la faute des pouvoirs publics qui n’ont pas maintenu le stock de masques commandé par [l’ancienne ministre de la santé] Roselyne Bachelot, en 2009

    • Je repense depuis quelques jours à mon projet de voile laïque. En tout cas je vais pouvoir ressortir avec une voilette en plus de mon foulard de braqueuse comme ca je me touche pas le visage. Je verrai bien toute la population en abaya. Ca me ferai bien marrer de voire tous ces coqs gaulois élécteurs du FN contraint de porter le voile.
      #voile_laïque

    • La seconde erreur a été de dénigrer les méthodes de protection dites « artisanales » permettant d’attendre le retour à une production professionnelle suffisante. Il fallait définir les méthodes et les produits utilisables, validés par des spécialistes avant la fin du mois de février. La Chine a fait le bon choix d’associer le confinement dans les habitations et l’obligation d’être protégé par un masque. Elle a su mettre en œuvre plusieurs choix dans un délai très court que ce soit dans la fabrication d’hôpitaux ou le passage de 10 millions à 100 millions de masques par jour. Nous n’avons pas eu cette réactivité.

      https://www.craftpassion.com/face-mask-sewing-pattern

    • oui mais en france « On est les plus forts » ce gvt viriliste préfère dire « allez donc à la guerre à poil, les habits faits à la maison ne servent à rien, d’ailleurs les habits ne servent que quand vous êtes morts. Et puis on a #Geodis, mieux que les avions de l’armée car ils souspayent leurs ouvriers et d’ici 3 mois vous les aurez vos masques (#oupas) »

      tu as vu https://seenthis.net/messages/835160
      A propos de Geodis
      https://lemediapresse.fr/social/derriere-les-profits-records-de-geodis-la-souffrance-de-ses-ouvriers

      #engraissement_en_vue
      #profiteurs_de_guerre

    • Le vrai danger, c’est que le képi qui fait les contrôles, il voit le type, il va illico être persuadé qu’il le prend pour un con. (Et comme tu sais, le képi, il aime pas qu’on le prenne pour une con.)

    • Cent fois oui. Mais depuis le CHU de Grenoble (pour pallier la #pénurie) et de multiples initiatives venus d’en bas (masques fabriqués un peu partout, y compris à domicile, pour soi, les proches, voire au delà, fabrication avec imprimante 3D de visières de protection pour des soignants, de pièces de rechange pour des respirateurs), des initiatives émergent, circulent, se diffusent, par exemple :

      Distribution de repas à la Cantine des Pyrénées [ et de masques par les mêmes ] , publié le 23 mars.
      https://paris-luttes.info/distribution-de-repas-a-la-cantine-13688

      Utilisons ce temps libre pour imaginer la société de demain.
      La #Cantine_des_Pyrénées avait sous la main des masques FFP2, en grande quantité, et nous en avons distribué 30 000 à des structures de soin et du personnel soignant. Mais il en faudra bien plus.

      Ces apports immanents à la société sont d’ailleurs souvent cités par les personnels soignants ("les seuls masques qu’on a c’est des dons", « on demande et ou on nous apporte des repas », tandis que d’autres effectuent des gardes sans autre nourriture que celle qu’ils apportent individuellement, etc.).

      Si le retard de la star up nation persiste (et se reproduit, cf la pénurie de médicaments indispensables qui s’annonce), les institutions les plus officielles doivent désormais s’en mêler, suivre le mouvement, sans que cela fasse l’objet d’une politique effective (on est loin loin loin du raout Raoult).

      Téléchargez AFNOR Spec – Masques barrières version 1.0
      https://telechargement-afnor.org/masques-barrieres?_ga=2.21063035.130567097.1585335913-61532588

      AFNOR met à disposition de tous un référentiel de fabrication de masques, dit « #masques_barrières ». Pensé pour les néofabricants de masques et les particuliers, il permet de concevoir un masque destiné à équiper toute la population saine et complète la panoplie des indispensables gestes barrières face à l’épidémie de Coronavirus.

    • Testing the efficacy of homemade masks: would they protect in an influenza pandemic? - PubMed - NCBI (2013)
      https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24229526

      CONCLUSION:

      Our findings suggest that a homemade mask should only be considered as a last resort to prevent droplet transmission from infected individuals, but it would be better than no protection.

    • ah c’est bizarre moi je n’ai pas de blocage sur cet article (et je ne suis pas abonnée).

      PostEverything
      Perspective

      Simple DIY masks could help flatten the curve. We should all wear them in public.

      by Jeremy Howard

      Jeremy Howard is a distinguished research scientist at the University of San Francisco, founding researcher at fast.ai and a member of the World Economic Forum’s Global AI Council.

      March 28, 2020 at 8:18 p.m. GMT+1

      When historians tally up the many missteps policymakers have made in response to the coronavirus pandemic, the senseless and unscientific push for the general public to avoid wearing masks should be near the top.

      The evidence not only fails to support the push, it also contradicts it. It can take a while for official recommendations to catch up with scientific thinking. In this case, such delays might be deadly and economically disastrous. It’s time to make masks a key part of our fight to contain, then defeat, this pandemic. Masks effective at “flattening the curve” can be made at home with nothing more than a T-shirt and a pair of scissors. We should all wear masks — store-bought or homemade — whenever we’re out in public.

      At the height of the HIV crisis, authorities did not tell people to put away condoms. As fatalities from car crashes mounted, no one recommended avoiding seat belts. Yet in a global respiratory pandemic, people who should know better are discouraging Americans from using respiratory protection.

      Facing shortages of the N95 masks needed by health-care workers, the U.S. surgeon general announced on Feb. 29 that masks “are NOT effective in preventing general public from catching #Coronavirus,” despite significant scientific evidence to the contrary. This is not just a problem in the United States: Even the World Health Organization says, “you only need to wear a mask if you are taking care of a person with suspected 2019-nCoV infection.”

      There are good reasons to believe DIY masks would help a lot. Look at Hong Kong, Mongolia, South Korea and Taiwan, all of which have covid-19 largely under control. They are all near the original epicenter of the pandemic in mainland China, and they have economic ties to China. Yet none has resorted to a lockdown, such as in China’s Wuhan province. In all of these countries, all of which were hit hard by the SARS respiratory virus outbreak in 2002 and 2003, everyone is wearing masks in public. George Gao, director general of the Chinese Center for Disease Control and Prevention, stated, “Many people have asymptomatic or presymptomatic infections. If they are wearing face masks, it can prevent droplets that carry the virus from escaping and infecting others.”

      My data-focused research institute, fast.ai, has found 34 scientific papers indicating basic masks can be effective in reducing virus transmission in public — and not a single paper that shows clear evidence that they cannot.

      Hospitals battling coronavirus are short on vital supplies. This aid group is rushing to help.

      Direct Relief provides aid to global hotspots during disasters. Now they are responding to the coronavirus outbreak at home, as U.S. hospitals appeal for help. (Ray Whitehouse, Julia Weissman, Nicholas Weissman/The Washington Post)
      Studies have documented definitively that in controlled environments like airplanes, people with masks rarely infect others and rarely become infected themselves, while those without masks more easily infect others or become infected themselves.

      Masks don’t have to be complex to be effective. A 2013 paper tested a variety of household materials and found that something as simple as two layers of a cotton T-shirt is highly effective at blocking virus particles of a wide range of sizes. Oxford University found evidence this month for the effectiveness of simple fabric mouth and nose covers to be so compelling they now are officially acceptable for use in a hospital in many situations. Hospitals running short of N95-rated masks are turning to homemade cloth masks themselves; if it’s good enough to use in a hospital, it’s good enough for a walk to the store.

      I’m an ER doctor. The coronavirus is already overwhelming us.

      The reasons the WHO cites for its anti-mask advice are based not on science but on three spurious policy arguments. First, there are not enough masks for hospital workers. Second, masks may themselves become contaminated and pass on an infection to the people wearing them. Third, masks could encourage people to engage in more risky behavior.

      None of these is a good reason to avoid wearing a mask in public.

      Yes, there is a shortage of manufactured masks, and these should go to hospital workers. But anyone can make a mask at home by cutting up a cotton T-shirt, tying it back together and then washing it at the end of the day. Another approach, recommended by the Hong Kong Consumer Council, involves rigging a simple mask with a paper towel and rubber bands that can be thrown in the trash at the end of each day.

      Masks used to ward off coronavirus show up on Hong Kong beaches
      Many Hong Kong residents have been wearing masks during the global coronavirus outbreak, but now discarded masks are washing up on area beaches. (Reuters)
      It’s true that masks can become contaminated. But better a mask gets contaminated than the person who is wearing it. It is not hard to wash or dispose of a mask at the end of the day and then wash hands thoroughly to prevent a contaminated mask from spreading infection.

      The virus makes us weigh the value of a life. We can’t know if we’ve gotten it right.

      Finally, the idea that masks encourage risky behavior is nonsensical. We give cars anti-lock brakes and seat belts despite the possibility that people might drive more riskily knowing the safety equipment is there. Construction workers wear hard hats even though the hats presumably could encourage less attention to safety. If any risky behavior does occur, societies have the power to make laws against it.

      Many authorities still advise only people with symptoms to wear masks. But this doesn’t help with a disease like covid-19, since a person who does not yet show symptoms can still be contagious. A study in Iceland, where there has been unprecedented levels of testing, found that “about half of those who tested positive [for covid-19] are nonsymptomatic,” according to Iceland’s chief epidemiologist, Thorolfur Gudnason. In fact, in early February, National Institute of Allergy and Infectious Diseases Director Anthony S. Fauci warned there was strong evidence that covid-19 spreads even among people without symptoms. If we all wear masks, people unknowingly infected with the coronavirus would be less likely to spread it.

      I also have heard suggestions that widespread usage of masks in the West will be culturally impossible. The story of the Czech Republic debunks this notion. Social media influencers campaigning to encourage DIY mask creation catalyzed an extraordinary mobilization by nearly the whole population. Within three days, there were enough masks for everyone in the country, and most people were wearing them. This was an entirely grass-roots community effort.

      When social distancing requirements forced a small bar in Prague to close, its owner, Štefan Olejár, converted Bar Behind the Curtain into a mask manufacturing facility. He procured sewing machines from the community and makes about 400 cotton masks per day. The bar employs 10 people, including a driver who distributes the masks directly to people who are not able to leave their homes.

      There are “mask trees” on street corners around the country, where people hang up masks they have made so others can take them.

      The most important message shared in the Czech Republic has been this: “My mask protects you; your mask protects me.” Wearing a mask there is now considered a prosocial behavior. Going outside without one is frowned on as an antisocial action that puts your community at risk. In fact, the community reaction has been so strong that the government has responded by making it illegal to go out in public without a mask.

      When I first started wearing a mask in public, I felt a bit odd. But I reminded myself I’m helping my community, and I’m sure in the coming weeks people who don’t wear masks will be the ones who feel out of place. Now I’m trying to encourage everyone to join me — and to get their friends to wear masks, too — with a social media campaign around #masks4all.

      Community use of masks alone is not enough to stop the spread. Restrictions on movement and commerce need to stay in place until hospital systems clearly are able to handle the patient load. Then, we need a rigorous system of contact tracing, testing and quarantine of those potentially infected.

      Given the weight of evidence, it seems likely that universal mask wearing should be a part of the solution. Every single one of us can make it happen — starting today.

    • Not wearing masks to protect against coronavirus is a ‘big mistake,’ top Chinese scientist says | Science | AAAS
      https://www.sciencemag.org/news/2020/03/not-wearing-masks-protect-against-coronavirus-big-mistake-top-chinese-sc

      (après ça je vais arrêter de spammer seenthis à propos de l’utilité des #masques ; je pense qu’on en est tous et toutes convaincues)

  • Les hôpitaux franciliens, à l’heure de la « médecine de catastrophe » - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/260320/les-hopitaux-franciliens-l-heure-de-la-medecine-de-catastrophe

    Les médecins réanimateurs côtoient la mort chaque jour. Au quotidien, ils décident, sur des critères médicaux, si des patients atteints de défaillances vitales sont admis, ou non, en réanimation. Depuis le début de la crise du Covid-19, Jean-Michel Constantin, réanimateur à la Pitié-Salpêtrière, tenait, invariablement, un discours rassurant. Mercredi 25 mars, pour la première fois, il confiait sa « perplexité anxieuse » après une « nuit d’enfer. J’espère que c’est bien la vague dont tout le monde parle, qu’elle va bientôt refluer. Parce que sinon… »

    #paywall

  • Coronavirus : pourquoi la France ne dépiste pas davantage
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/25/coronavirus-pourquoi-la-france-ne-depiste-pas-davantage_6034367_3244.html


    Des pompiers désinfectent du matériel après une intervention sur un patient atteint du Covid-19, le 24 mars à Paris.
    FRANCK FIFE / AFP

    Outil majeur de lutte contre l’épidémie de Covid-19, le dépistage a été jusqu’à présent pratiqué à petite échelle dans la population, en raison de difficultés techniques et logistiques présentes à toutes les étapes du processus.

    « Testez, testez, testez tous les cas suspects de Covid-19. » La recommandation en forme de supplique du directeur général de l’OMS est-elle tombée dans l’oreille d’un gouvernement français sourd ? « Nous ne pourrons pas stopper cette pandémie si nous ne savons pas qui est infecté », ajoutait le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus. C’était le 16 mars.

    Déjà asséné depuis plusieurs semaines, le message ne semblait pas jusqu’à présent avoir affecté le choix du gouvernement : ne tester que les cas sévères et les publics considérés prioritaires, comme les membres du personnel de santé présentant des symptômes ou des personnes déjà atteintes d’une pathologie. A raison de 5 000 tests par jour.

    Mais était-ce réellement un choix ou un pis-aller ? Difficile d’y voir clair, d’une déclaration à l’autre du ministre des solidarités et de la santé, Olivier Véran, ou du directeur général de la santé, Jérôme Salomon. Mardi 24 mars, l’avis du conseil scientifique sur le Covid-19, fort attendu sur ce point, n’a apporté ni indice ni éclaircissement. « L’alternative d’une politique de dépistage à grande échelle et d’isolement des personnes détectées [n’est] pas pour l’instant réalisable à l’échelle nationale », s’est-il borné à déclarer.

    Dans les pays et les régions où il a été réalisé, le testing systématique a montré qu’une proportion importante d’individus qui contractent le virus ne manifeste pas de symptômes ou des symptômes légers. Or ces contaminés invisibles contribuent massivement à la dispersion du virus. Alors pourquoi ne fait-on pas ces tests pour contenir la progression du Covid-19 ? La question figure dans nombre de critiques adressées aux pouvoirs publics, mais aussi dans les esprits des Français confinés. Le gouvernement semble désormais envisager une politique de dépistage massif, afin de préparer la sortie du confinement d’ici à quelques semaines et d’éviter un rebond de l’épidémie. Encore faut-il qu’il s’en donne les moyens.

    #encore_faut_il_s'en_donner_les_moyens
    Le Monde serait-il prêt à demander des comptes,…
    la suite derrière le #paywall

    • Entre complications dans la chaîne logistique, reproches d’impréparation et rumeurs de pénurie de produits nécessaires aux tests, Le Monde a tenté d’identifier les obstacles à une montée en puissance des capacités de tests en France, en explorant chacune des étapes de leur réalisation.

      Effet ramonage
      La première est le prélèvement. Un technicien de santé recueille un échantillon de mucus – plus connu sous l’appellation familière de morve – dans lequel est tapi le virus. Pour cela, il se sert d’un écouvillon, cet objet qui ressemble à un coton-tige, mais en beaucoup plus long et beaucoup plus fin : il faut pouvoir le glisser dans l’arrière du nez et le faire remonter sur plusieurs centimètres jusqu’au nasopharynx. L’effet ramonage, notoirement désagréable, peut entraîner projections et crises d’éternuements et, donc, une contamination. Le technicien doit ainsi être muni d’un équipement de protection individuelle : masque, surblouse, charlotte et lunettes.

      Deux problèmes se présentent dès ce stade. D’abord la pénurie de masques, qui a eu un effet ralentisseur certain sur le nombre de tests pratiqués dans les hôpitaux. Mais aussi en ville. Dans le pays, en effet, entre 400 et 500 laboratoires d’analyse médicale privés seraient théoriquement à même d’effectuer ces prélèvements. Mais « on a été oubliés dans tous les arrêtés listant les professionnels prioritaires » pour se voir distribuer des masques, s’indigne François Blanchecotte, président du Syndicat des biologistes, lesquels ne figurent pas dans le dernier arrêté pris le 23 mars par Olivier Véran. « On en a marre de se battre contre du vent. On en a trouvé en demandant dans les entreprises, les mairies, au Rotary. C’est la démerde. »

      L’écouvillon, ensuite. Si les laboratoires privés disent ne plus en avoir et si de nombreux hôpitaux ont rapporté des pénuries ponctuelles, ce problème semble plus ou moins résolu aujourd’hui. Les usines des principaux fabricants tourneraient désormais jour et nuit pour répondre à la demande, selon le réseau de soins américain Kaiser Permanente. Le numéro un, Copan, possédait une capacité de production de 720 000 écouvillons par jour… avant de se retrouver en plein épicentre du drame italien, à Brescia, en Lombardie.
      Cet écouvillon est ensuite inséré dans un tube fermé et envoyé à un laboratoire. Là, trois phases attendent l’échantillon : inactivation, extraction, amplification. C’est alors qu’entrent en scène les tests de dépistage du SARS-CoV-2 à proprement parler. Mais d’abord l’inactivation. Une opération, appelée lyse, détruit la couronne de lipides qui rend le virus contagieux et dont il tient son nom de « corona ». Le processus présentant un danger, seuls les laboratoires médicaux de sécurité biologique de niveau 2 y sont habilités, ce qui n’est pas le cas de tous.

      Vient ensuite l’extraction du matériel génétique du virus, son ARN en l’occurrence. Comme tous les coronavirus en effet, le SARS-CoV-2 est un virus à ARN (acide ribonucléique), une version inversée de l’ADN (acide désoxyribonucléique), à la manière du négatif d’une photo sur pellicule. Cette opération est réalisée de manière groupée par des automates appelés des extracteurs. Les échantillons n’y sont insérés qu’après avoir reçu, un à un, une petite onction de produits chimiques – les « réactifs ».

      Manque de moyens humains
      Une fois isolé, à l’issue de ce processus, l’ARN est plongé dans un autre mix de produits, puis enfourné dans un thermocycleur, ou machine PCR (pour polymerase chain reaction). Cet appareil fonctionne grâce à un phénomène chimique reposant sur un principe connu de tous : le bain-marie. C’est ici que le négatif de l’ARN est « développé » par une enzyme, appelée transcriptase inverse, et transformé en ADN. Plusieurs copies sont réalisées, d’où le terme « amplification » pour nommer cette ultime étape. Si le virus se multiplie, c’est que l’échantillon est positif au SARS-CoV-2. A noter que, pour diverses raisons, au fil de tout le processus depuis le moment du prélèvement, on peut rater le virus. Ainsi, des patients pourtant contaminés présentent un résultat négatif : ce sont des « faux négatifs ».

      Qui dit multiplicité d’étapes, de produits et de systèmes dit aussi multiplicité de goulots d’étranglement possibles. La plupart d’entre eux tournent autour des machines. Certains automates réalisent les deux opérations – extraction et amplification – en même temps. Le laboratoire suisse Roche propose ainsi deux modèles de sa Cobas, une machine « aussi grande qu’une voiture », avance un porte-parole du fabricant pour justifier le mystère autour de son prix, que l’on dit prohibitif (entre 100 000 et 400 000 euros, selon les sources et les « ristournes » accordées), mais sur lequel il refuse de communiquer.

      Le service de presse de Roche vante des capacités théoriques – bien moins en pratique – allant jusqu’à 1 000 tests en huit heures. Mais ces plates-formes sont des systèmes « fermés » : elles ne fonctionnent qu’avec les tests estampillés Roche. Or, le fabricant n’a obtenu l’autorisation de commercialiser son test « Cobas SARS-CoV-2 » dans l’Union européenne que le 13 mars. Les Cobas sont donc restées inactives sur le front des tests Covid-19 jusqu’alors. « Quarante-huit CHU et laboratoires de recherche ont des plates-formes ouvertes, c’est ce qui nous a sauvés », explique Pauline Londeix, cofondatrice de l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament. Combien de laboratoires publics et privés sont-ils équipés de ces machines fermées – également fournies par Abbott, engagé dans une joint-venture avec Roche ? Personne à ce jour ne dispose de ces informations, pourtant cruciales, pour déterminer la capacité de tests en France.

      Seul acteur français présent sur les tests Covid-19, bioMérieux est un des derniers à proposer deux tests, l’un pour ses plates-formes fermées, l’autre pour les plates-formes ouvertes. Ce dernier, qui n’a pas encore obtenu l’autorisation européenne, bénéficie d’une autorisation dérogatoire de l’ANSM depuis le 19 mars. Assez pour faire s’envoler son cours en Bourse mardi 25 mars au matin.

      Professeur de virologie émérite de l’université Paris-Descartes, Christine Rouzioux a fait basculer l’activité de son laboratoire de recherche à l’hôpital Necker du HIV vers les tests SARS-CoV-2. Avec ses machines ouvertes, le labo réalise « 4 × 80 tests par jour minimum ». Mais « tout ne se résume pas à des problèmes de machines et de réactifs », ajoute-t-elle. Chaque échantillon doit être dûment enregistré « pour qu’on ne rende pas le résultat de Dupont à Durand ». Rentrer 300 à 600 noms dans un ordinateur, voilà qui mange aussi des moyens. Ces moyens humains qui manquent par endroits autant que les enzymes…

      « Du temps, on n’en a pas »
      Autre problème majeur : celui des réactifs, ces « kits » de produits chimiques utilisés pour traiter le virus, que l’on dit en rupture de stock. En particulier la SuperScript III, une enzyme commercialisée par le groupe américain Thermo Fisher. D’après nos informations, il ne s’agirait pas, malgré l’explosion de la demande, d’un problème de production, mais plutôt de tensions sur l’acheminement à travers le monde. Fabriquée aux Etats-Unis, en Chine, mais aussi en Europe, à Vilnius (Lituanie), vendue sous la forme de kits de 100 (604 euros) ou 500 (2 590 euros) réactions, l’enzyme est d’ordinaire livrée sous vingt-quatre ou quarante-huit heures. Les délais atteignent désormais plusieurs jours, dus aux transporteurs, dont le travail est affecté par la pandémie, et à des priorités déterminées en fonction des zones les plus touchées.

      Si la SuperScript manque, pourquoi ne pas la remplacer par une autre enzyme ? Lorsqu’on emploie des technologies aussi sophistiquées et que les enjeux sont aussi vitaux, le bricolage rencontre vite ses limites. Directeur du laboratoire Production et analyse des données en sciences de la vie et en santé (Sorbonne Université-Inserm), Stéphane Le Crom compare le protocole d’un test à une recette. « Prenez la mousse au chocolat de Cyril Lignac. On peut faire une mousse au caramel s’il n’y a plus de chocolat, mais encore faut-il adapter la recette pour que la mousse soit bonne. » Cela demande un peu de temps. « Et du temps, on n’en a pas. »
      Pour Christine Rouzioux, « le gouvernement doit créer un accès plus fluide aux réactifs et passer à une échelle supérieure ». Cette impréparation à des pénuries prévisibles laisse perplexe Pauline Londeix, ancienne vice-présidente d’Act Up. « Pourquoi n’y a-t-il pas eu de réflexion à partir de janvier [au moment de l’émergence du virus en Chine] au gouvernement pour fabriquer ces réactifs, qui ne sont protégés par aucun brevet ? »

      Au sein des organismes de recherche publique, c’est le branle-bas de combat pour recenser « matériels et réactifs que les unités peuvent mettre à disposition pour les tests Covid-19 en dehors de leurs besoins à court et à moyen terme » – des masques aux machines PCR. Dans un courriel envoyé dimanche 22 mars, les directeurs des cinq organismes de recherche publique français (CNRS, Inserm, Inrae, Inria, CEA) demandent aux équipes de relever moyens matériels et humains. D’après nos informations, il s’agit de leur initiative propre, et non d’une demande du gouvernement.

      « Entre l’état de l’hôpital et celui de la recherche publique, on n’arrivait déjà plus à faire le travail normalement, ironise Christine Rouzioux. Alors ça ne sert à rien de dire qu’on n’était pas prêts pour une pandémie, on n’était prêts à rien ! »
      Au soir du 24 mars, le directeur de la santé, Jérôme Salomon, annonçait que la France avait désormais une capacité de 9 000 tests par jour, et que l’achat d’automates allait permettre de grimper à 29 000 tests d’ici à la fin de la semaine prochaine.

  • Coronavirus : le sommet de l’Etat redoute de devoir « rendre des comptes »
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/03/25/coronavirus-le-sommet-de-l-etat-redoute-de-devoir-rendre-des-comptes_6034430

    Par Jean-Baptiste Jacquin, Cédric Pietralunga, Alexandre Lemarié et Olivier Faye

    Accusant l’exécutif d’« impréparation » ou de « manque de réaction » face à la crise, responsables de l’opposition et membres du milieu sanitaire annoncent le lancement d’enquêtes parlementaires ou de procédures pénales.

    C’est un sujet tabou, qui représente pourtant une source d’inquiétude majeure au sommet de l’Etat : la peur d’éventuelles poursuites judiciaires contre des membres du gouvernement suite à la gestion de la crise du coronavirus. Selon nos informations, le premier ministre, Edouard Philippe, a évoqué le sujet pour la première fois, mardi 24 mars, lors du petit déjeuner de la majorité, qui se déroulait en visioconférence.

    Le locataire de Matignon a notamment regretté, selon un participant à la réunion, que les oppositions, Les Républicains (LR) en tête, aient annoncé leur volonté de lancer plusieurs commissions d’enquêtes parlementaires. En parallèle, des médecins et des malades menacent le gouvernement d’éventuelles poursuites pénales. Une véritable épée de Damoclès pour le pouvoir.

    Ces derniers jours, plusieurs responsables de l’opposition et une partie des milieux sanitaires ont ainsi accusé l’exécutif d’« impréparation » face à la crise du coronavirus ou de « manque de réaction », pointant notamment du doigt le déficit de masques, de tests ou de lits dans les services de réanimation. Avec un mot d’ordre : le sommet de l’Etat devra « rendre des comptes ».

    « Pression supplémentaire »
    Le 22 mars, le président des députés LR, Damien Abad, a été le premier à lancer l’offensive, en annonçant au Journal du dimanche (JDD) que son groupe allait créer à l’automne une commission d’enquête parlementaire afin de « tirer toutes les leçons de l’épidémie ». Avec l’objectif « d’identifier les éventuelles défaillances et dysfonctionnements » de la part du gouvernement « pour les corriger et en tirer des leçons ».

    Les sénateurs LR prévoient également une commission d’enquête au Palais du Luxembourg, « quand le moment sera venu », a indiqué le même jour leur chef de file, Bruno Retailleau. Mardi, enfin, le vice-président du groupe socialiste au Sénat, Rachid Temal, a annoncé à son tour « avoir demandé », au nom de son groupe, la création d’une commission d’enquête sur la gestion de la pandémie, « une fois la crise passée ». « La transparence devra être faite car des questions se posent », a-t-il expliqué au JDD.

    Autant de déclarations qui agacent dans les coulisses du pouvoir. « Sous le vernis de l’unité nationale affichée, ces annonces sont ressenties clairement comme des menaces – elles en sont d’ailleurs – et nuisent au bon fonctionnement de l’Etat dans la lutte contre la crise, en mettant aux ministres et aux services une pression supplémentaire en plus de celle, déjà lourde, qu’ils supportent », explique un responsable de la majorité. Avant de souligner : « Les menaces sont évidentes. Une commission d’enquête peut déboucher sur des sanctions pénales. »

    • Coronavirus : le sommet de l’Etat redoute de devoir « rendre des comptes », Jean-Baptiste Jacquin, Cédric Pietralunga, Alexandre Lemarié et Olivier Faye
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/03/25/coronavirus-le-sommet-de-l-etat-redoute-de-devoir-rendre-des-comptes_6034430

      Accusant l’exécutif d’« impréparation » ou de « manque de réaction » face à la crise, responsables de l’opposition et membres du milieu sanitaire annoncent le lancement d’enquêtes parlementaires ou de procédures pénales.

      C’est un sujet tabou, qui représente pourtant une source d’inquiétude majeure au sommet de l’Etat : la peur d’éventuelles poursuites judiciaires contre des membres du gouvernement suite à la gestion de la crise du #coronavirus. Selon nos informations, le premier ministre, Edouard Philippe, a évoqué le sujet pour la première fois, mardi 24 mars, lors du petit déjeuner de la majorité, qui se déroulait en visioconférence.

      Le locataire de Matignon a notamment regretté, selon un participant à la réunion, que les oppositions, Les Républicains (LR) en tête, aient annoncé leur volonté de lancer plusieurs #commissions_d’enquêtes parlementaires. En parallèle, des médecins et des malades menacent le gouvernement d’éventuelles #poursuites_pénales. Une véritable épée de Damoclès pour le pouvoir.
      Ces derniers jours, plusieurs responsables de l’opposition et une partie des milieux sanitaires ont ainsi accusé l’exécutif d’« impréparation » face à la crise du coronavirus ou de « manque de réaction », pointant notamment du doigt le déficit de #masques, de #tests ou de lits dans les services de #réanimation. Avec un mot d’ordre : le sommet de l’Etat devra « rendre des comptes ».

      « Pression supplémentaire »
      Le 22 mars, le président des députés LR, Damien Abad, a été le premier à lancer l’offensive, en annonçant au Journal du dimanche (JDD) que son groupe allait créer à l’automne une commission d’enquête parlementaire afin de « tirer toutes les leçons de l’épidémie ». Avec l’objectif « d’identifier les éventuelles défaillances et dysfonctionnements » de la part du gouvernement « pour les corriger et en tirer des leçons ».
      Les sénateurs LR prévoient également une commission d’enquête au Palais du Luxembourg, « quand le moment sera venu » , a indiqué le même jour leur chef de file, Bruno Retailleau. Mardi, enfin, le vice-président du groupe socialiste au Sénat, Rachid Temal, a annoncé à son tour « avoir demandé », au nom de son groupe, la création d’une commission d’enquête sur la gestion de la pandémie, « une fois la crise passée » . « La transparence devra être faite car des questions se posent », a-t-il expliqué au JDD.

      Autant de déclarations qui agacent dans les coulisses du pouvoir. « Sous le vernis de l’unité nationale affichée, ces annonces sont ressenties clairement comme des menaces – elles en sont d’ailleurs – et nuisent au bon fonctionnement de l’Etat dans la lutte contre la crise, en mettant aux ministres et aux services une pression supplémentaire en plus de celle, déjà lourde, qu’ils supportent », explique un responsable de la majorité. Avant de souligner : « Les menaces sont évidentes. Une commission d’enquête peut déboucher sur des sanctions pénales. »
      Pour cadrer les différentes enquêtes parlementaires annoncées, l’Assemblée nationale a annoncé, mardi 24 mars, la création d’une #mission_d’information sur la gestion de l’épidémie, qui devrait être présidée par le président de l’institution, Richard Ferrand, proche d’Emmanuel Macron. Cette mission, qui va contrôler chaque semaine les mesures prises par le gouvernement, pourrait se doter des prérogatives d’une commission d’enquête. Ce travail ne se fera pas « dans une optique à charge, ni contre cette majorité ni contre la précédente », a prévenu le patron des députés La République en marche (LRM), Gilles Le Gendre. Une manière de couper l’herbe sous le pied à l’offensive des oppositions.

      Plusieurs plaintes envoyées à la CJR
      Déjà, les premières poursuites se profilent. Mardi 24 mars, un patient atteint du Covid-19 a porté plainte contre X pour « entrave aux mesures d’assistance » devant la #Cour_de_justice_de_la_République (CJR), seule instance habilitée à juger des actes commis par des membres du gouvernement dans l’exercice de leurs fonctions, a révélé BFM-TV. En cause : la supposée « inaction » du gouvernement à mesure que les avertissements de la communauté scientifique se multipliaient.
      En fin de semaine dernière, un collectif de médecins appelé C19 a également annoncé son intention de porter plainte contre l’ex-ministre de la santé, Agnès Buzyn, et le premier ministre, Edouard Philippe, devant la CJR, estimant que ces derniers « avaient conscience du péril et disposaient des moyens d’action, qu’ils ont toutefois choisi de ne pas exercer » . Leur initiative est appuyée par une pétition en ligne, qui a déjà recueilli près de 200 000 signatures en quatre jours.

      Selon une source judiciaire, la CJR a déjà reçu cinq plaintes – quatre contre Edouard Philippe et Agnès Buzyn, et une contre le premier ministre et l’actuel ministre de la santé, Olivier Véran. Les motifs ? Blessures involontaires, homicides involontaires ou mise en danger de la vie d’autrui. La commission des requêtes de la CJR doit désormais se prononcer sur leur recevabilité.
      Ces différents plaignants s’appuient notamment sur les déclarations d’Agnès Buzyn au Monde, qui a affirmé avoir alerté dès janvier le premier ministre sur la gravité de l’épidémie. Au sein de l’appareil d’Etat, certains voient d’ailleurs dans les confidences de l’ex-ministre de la santé une volonté de se couvrir en amont. « L’interview de Buzyn est une bombe atomique car elle prépare l’étape d’après sur les commissions d’enquête à venir et les éventuels procès », analyse un haut fonctionnaire, au fait de ces sujets.

      « Rendez-vous au procès »
      La présidente du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, a tenté d’instrumentaliser cette polémique en estimant que « Mme Buzyn sera probablement amenée à donner des explications à la Cour de justice ». « Se rend-elle compte qu’elle engage sa responsabilité pénale et celle des autres personnes qu’elle dit avoir prévenues ? », a commenté pour sa part le chef de file des « insoumis », Jean-Luc Mélenchon.

      D’autres plaignants préfèrent se tourner vers le #Conseil_d’Etat, qui a été saisi à plusieurs reprises par des soignants pour obliger l’exécutif à prendre certaines décisions. Lundi, le juge des référés de l’institution a donné 48 heures au gouvernement pour durcir les conditions de confinement, ce qui a poussé Edouard Philippe à annoncer la fermeture des marchés ouverts ou à limiter les sorties à une heure par jour. Jeudi, le Conseil d’Etat devait de nouveau examiner une demande de syndicats d’infirmiers et de médecins sur l’approvisionnement en masques et en matériel pour les soignants, ainsi que la mise en place d’un dépistage massif.

      Sur les réseaux sociaux, les menaces de poursuites se multiplient également, de la part de particuliers mais pas seulement. « Rendez-vous au procès », a ainsi tweeté le 24 mars Jérôme Marty, président du syndicat de médecins UFML, en exergue d’un article où la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, disait ne pas craindre de rendre des comptes sur l’épidémie. « L’imprévoyance du gouvernement et de l’administration française a été totale » et les autorités « auront des comptes à rendre », avait déclaré deux jours plus tôt Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France (FMF).
      « Il faut s’attendre à une déferlante de #plaintes contre l’Etat », reconnaît un membre du Conseil national des barreaux. « Etant donné les polémiques sur l’absence de protection des personnels soignants et l’impréparation de l’Etat et des hôpitaux, les familles de victime voudront demander des comptes », poursuit-il. De fait, un site Internet proposant des modèles de plainte pour les particuliers a déjà vu le jour. Selon que l’on est personnel soignant, personne malade ou non malade, trois types de plaintes contre X à adresser au procureur de la République peuvent être téléchargées. Il s’agit de plainte pour homicide volontaire, violences volontaires, mise en danger de la vie d’autrui, etc.

      « Prêts à répondre »
      Pour l’heure, aucune plainte de ce type n’est arrivée au parquet de Paris, explique Rémy Heitz, le procureur de la République. Au ministère de la justice, la direction des affaires criminelles et des grâces n’a pas non plus fait remonter d’information sur de telles procédures. Elle en serait immédiatement informée car derrière ces plaintes contre X, ce sont des ministres et des responsables d’administrations qui seraient visés.
      Face à ces menaces, la sérénité est officiellement de mise au sein de l’exécutif. Le gouvernement « a pris ses responsabilités » et ne craint pas de « rendre des comptes » sur sa gestion de la crise du coronavirus devant une commission d’enquête parlementaire, a assuré, le 23 mars, sa porte-parole, Sibeth NDiaye. « Cela ne m’inquiète pas parce que je crois que nous avons, avec beaucoup de professionnalisme, de détermination et de gravité regardé cette crise en face (…) et nous avons pris nos responsabilités », a-t-elle estimé sur CNews. Avant d’ajouter : « C’est normal qu’on puisse rendre des comptes et c’est normal qu’une commission parlementaire interroge le processus de cette crise. » « Nous serons évidemment prêts à y répondre, ça fait partie du jeu démocratique », a poursuivi la secrétaire d’Etat.
      A l’Elysée, on réfute également par avance le procès en inaction. « Le président a été le premier à mobiliser nos partenaires étrangers, il a été le premier dirigeant au monde à appeler à la mobilisation internationale, c’est lui qui a provoqué le sursaut européen, énumère l’entourage d’Emmanuel Macron. Dès janvier, on a rapatrié nos compatriotes. Dès janvier, on a mis en place des instances de suivi de l’épidémie. Les faits et la chronologie sont là, il n’y a pas de polémique à avoir. »

      Sur le fond, l’exécutif appelle néanmoins à une forme d’indulgence, pointant les nombreuses inconnues autour du virus. « Le président n’a jamais dit qu’il avait toutes les solutions, au contraire. Cette crise nous met dans une position de grande humilité », reconnaît un proche du chef de l’Etat. Mais, ajoute cette source, « le président met tout en œuvre pour répondre à la crise. Il est transparent, réactif, sur tous les fronts. L’heure des comptes viendra mais plus tard. Le temps est aujourd’hui à l’action. Certains veulent nous punir alors que nous devons agir. Ce n’est pas responsable. »
      En attendant, pas question de se défiler. Le moment venu, l’exécutif assumera ses choix, dit-on au sommet de l’Etat. « Les décisions ne sont pas prises par le conseil scientifique mais par le gouvernement, qui par nature est responsable », estime un proche d’Edouard Philippe. « Le comité scientifique va être responsable des avis qu’il émet. Ceux qui prennent des décisions, c’est le gouvernement, à la lumière des avis du comité scientifique », abonde la députée LRM Marie Guévenoux, rapporteuse du projet de loi sur les mesures d’urgence.

      Au sein de l’exécutif, on assure d’ailleurs que la perspective de devoir rendre des comptes est présente dans les esprits depuis le départ. « Sang contaminé, amiante : le grand public a reproché le manque de transparence à chaque fois. Nous, nous avons ouvert le capot, vantait une ministre, début mars. Nous donnons à voir comment se passe la gestion d’une crise épidémiologique. » Il y a dix jours, une secrétaire d’Etat soupirait, plus sceptique : « C’est sûr qu’on se fera engueuler sur la gestion de la crise, quoiqu’on fasse. Ça finira par arriver. »

      Rémy Heitz, procureur de Paris, explique au « Monde » avoir relevé en une semaine près de 10 000 infractions au confinement et une quinzaine de trafics de masques.

      Rémy Heitz : « Je réfléchis à des peines de travail d’intérêt général en milieu hospitalier après la fin de l’état d’urgence sanitaire »
      https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2020/03/25/remy-heitz-je-reflechis-a-des-peines-de-travail-d-interet-general-en-milieu-

      Le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz, songe à des alternatives aux amendes pour les personnes, souvent jeunes, qui violent les règles du confinement, notamment des #travaux_d’intérêt_général. Il détaille la politique du parquet pendant l’état d’urgence sanitaire.

      Quelle réponse pénale apportez-vous aux violations des règles du confinement ?
      Mardi 24 mars, nous étions à Paris juste en dessous de 10 000 #infractions constatées depuis le début du confinement. Jusqu’ici, il s’agissait d’une amende forfaitaire de catégorie 4, de 135 euros. Mais depuis la promulgation de la loi d’urgence, les peines sont alourdies en cas de #récidive. Je vais donner des directives pour adapter les mesures pénales, notamment en privilégiant le travail d’intérêt général (#TIG). Ces infractions concernent souvent une population jeune pour qui une amende de 3 750 euros est sans doute trop élevée, et une peine de prison n’est pas vraiment d’actualité [la troisième récidive en trente jours est punissable de six mois de prison et 3 750 euros d’amende]. Une peine de TIG, même si elle ne sera exécutée qu’après la sortie de l’état d’urgence sanitaire, aura plus de sens. Je réfléchis d’ailleurs à la possibilité de les faire exécuter en milieu hospitalier. De même, plutôt qu’une amende de cinquième catégorie [1 500 euros pour la première récidive], je compte privilégier la sanction de travail non rémunéré [qui est aux contraventions ce que le TIG est aux délits].

      Quelle évolution de la délinquance observez-vous dans la capitale en lien avec la crise sanitaire ?
      Nous avons une quinzaine d’affaires de trafics de masques. Souvent, il s’agit de petits trafics, faits par des pharmacies ou parapharmacies qui n’ont pas répondu aux demandes de réquisition de masques par le gouvernement et en vendaient sous le manteau. Il y a quelques trafics plus importants. Au total, nous avons déjà saisi plusieurs dizaines de milliers de masques, que nous faisons porter aux hôpitaux. Par ailleurs, nous commençons à voir des dossiers de violences conjugales ou intrafamiliales. Le fait nouveau est qu’il y a des auteurs primo-itérants, inconnus jusqu’ici. Mais soyons prudents dans l’interprétation de ce phénomène plus visible alors que le reste de la délinquance baisse et que, contrairement à certaines atteintes aux biens dont nous retardons les procédures, les violences conjugales font partie des infractions que nous continuons de traiter en priorité.

      Comment le parquet de Paris est-il organisé pour travailler ?
      Nous sommes en dessous du plan de continuité d’activité, qui prévoit de tourner à près de trente magistrats. Nous sommes à moins de vingt [sur 125 magistrats au parquet de Paris]. L’activité en comparutions immédiates est fortement réduite et tient beaucoup aux conséquences de la grève des avocats du début d’année. Cet après-midi, par exemple, sur les sept dossiers de l’audience des comparutions immédiates où je vais requérir, six sont des renvois qui avaient été demandés lors de la grève, un seul est nouveau. Il s’agit d’une affaire de violences conjugales.
      Jean-Baptiste Jacquin

    • Sous le vernis de l’unité nationale affichée, ces annonces sont ressenties clairement comme des menaces – elles en sont d’ailleurs – et nuisent au bon fonctionnement de l’Etat dans la lutte contre la crise, en mettant aux ministres et aux services une pression supplémentaire en plus de celle, déjà lourde, qu’ils supportent », explique un responsable de la majorité.

      A propos du « vernis de l’unité nationale » que penser de l’attitude d’Édouard Philippe qui est rappelée ici :
      https://seenthis.net/messages/834069

      Le 28 février est publié le rapport crucial de l’OMS sur ce qui a été fait en Chine. Il montre que seule une mobilisation de « tout le gouvernement » (all-of-government) et « toute la société » (all-of-society) permet de vaincre l’épidémie. On se souviendra sans doute longtemps du fait que le lendemain, le samedi 29 février d’une année bissextile, le premier ministre Édouard Philippe a décidé de détourner un conseil des ministres « exceptionnel dédié au Covid-19 » pour annoncer l’utilisation de l’article 49.3 de la Constitution afin d’adopter sans vote la réforme des retraites. Alors que l’OMS démontrait l’urgence de l’action collective et solidaire face à une pandémie bientôt incontrôlable, le gouvernement s’est dit que le plus urgent était de profiter de la dernière fenêtre de tir pour faire passer son projet de loi tant décrié.

      Le « vernis » est abondamment étalé par le gouvernement lui-même.

    • Du vernis sur une belle grosse merde !

      « Je réfléchis à des peines de travail d’intérêt général en milieu hospitalier après la fin de l’état d’urgence sanitaire »

      Il faudrait confiner ce con fini ! J’espère qu’on va pas attendre 150 ans pour les mettre dans nos indulgentes prisons et sans masques (illes ne savent pas s’en servir de toute façon).

    • Pour cacher les défaillance, à l’instar de Mme Buzyn, l’ensemble du gouvernement a préféré la dissimulation à la planification. Selon les prises de paroles officielles, les masques étaient inutiles, difficiles d’utilisation, ou réservés aux seuls soignants. Tout cela à l’encontre des recommandations du Haut Conseil de la Santé Publique qui recommandait en 2013 des masques pour toutes les professions de contact. Tout a été dit ou presque pour minimiser le virus du Covid-19 et rassurer les Français, pendant que la Chine et la Corée prenaient des mesures drastiques.

      Un guide sur mesure, sans masques, sans confinement

      Le gouvernement a édité dès le 20 janvier 2020 un guide méthodologique Covid-19. Ce plan a été déroulé au mot près par Jérôme Salomon et le gouvernement. Ne figure pas dans ce guide les termes de confinement, de quarantaine et le stade 2 renforcé n’existe pas. Les masques ne sont destinés qu’aux malades et personnels de santé.

      Il a été dit que ce plan était une déclinaison du plan 2011 contre la grippe H1N1

      On peut se demander pourquoi le gouvernement a crée un mini plan COVD 19 plutôt qu’une mise à jour du plan pandémie grippal 2011 est particulièrement complet. Contrairement au guide méthodologique de 2020, le plan pandémie grippale prévoit à chaque phase de l’épidémie l’utilisation des Masque FFP, notamment FFP2, en phase avec la doctrine de 2013 sur la protection des travailleurs.

      D’ailleurs on peut constater la cohérence de tous les acteurs publics concernant la protection de la population en cas de pandémie grippale ainsi par exemple on trouvera nombre d’information sur les port des masques avec les liens suivant :

      https://gouvernement.fr/risques/pandemie-grippale

      https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/Que_faire_si_je_pense_avoir_la_grippe_030210.pdf

      https://ansm.sante.fr/Dossiers/Pandemie-grippale/Les-masques-medicaux/(offset)/7

      Les mesures et les explications de port de masques sont donc nombreuses dans la réponse à une pandémie, mais devant la pénurie et l’absence de préparation, le gouvernement a préféré mentir aux populations concernant la réel protection des masques.

      Ceci est d’autant plus grave que le gouvernement a encouragé à la continuité économique du pays, sans organiser ou superviser la protection des salariés, notamment dans les métiers de contacts.

      https://www.lemondemoderne.media/labsence-de-masques-met-en-danger-les-travailleurs

      https://reflets.info/articles/il-faut-une-enquete-penale-sur-la-gestion-de-la-pandemie-covid19

    • Coronavirus : l’impossible communication de crise d’Emmanuel Macron

      « La gestion des masques et des tests , on dirait Coluche qui disait : “dites-moi quel est votre besoin, je vous expliquerai comment vous en passer”_
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/03/29/coronavirus-l-impossible-communication-de-crise-d-emmanuel-macron_6034796_82


      Le président Emmanuel Macron porte un masque lors de sa visite de l’hôpital militaire à Mulhouse (Haut-Rhin), le 25 mars. MATHIEU CUGNOT / AFP

      Pour répondre à la crise sanitaire, le chef de l’Etat doit à la fois rassurer et effrayer. Un paradoxe qu’il tente de résoudre en saturant l’espace et en adoptant un ton martial.

      C’est le cauchemar de tous les conseillers en communication : vivre une crise où chaque événement du jour peut remettre en cause ce que vous aviez décidé la veille.
      C’est pourtant ce qu’affronte Emmanuel Macron depuis l’apparition du SARS-CoV-2, un virus qui oblige l’exécutif à adapter sa #communication tout autant à l’avancée de l’#épidémie qu’à celle des connaissances scientifiques. « Cette crise est inédite, il est normal de tâtonner », estime Gaspard Gantzer, ancien conseiller en communication de François Hollande.

      Pour affronter la #crise_sanitaire, « la plus grave qu’ait connue la France depuis un siècle », comme l’a qualifiée le chef de l’Etat dès le 12 mars, l’exécutif avait au départ fait le pari de placer en première ligne le ministre de la santé, Olivier Véran, fraîchement nommé à ce poste après le départ d’Agnès Buzyn, et le directeur général de la santé, l’infectiologue Jérôme Salomon. « Ils doivent devenir les “François Molins” du coronavirus », entendait-on alors dans les rangs de la majorité, en référence à l’ancien procureur de la République de Paris, qui avait incarné la lutte contre le terrorisme après les attentats de 2015.

      Hyperprésence d’Emmanuel Macron

      Las ! Depuis son premier déplacement lié au Covid-19, le 27 février, à l’hôpital parisien de la Pitié-Salpétrière, le chef de l’Etat s’impose par son hyperprésence.
      Un jour dans une maison de retraite, un autre dans un centre de régulation du SAMU, le suivant dans un laboratoire de l’Institut Pasteur ou dans un hôtel réquisitionné pour les SDF… En un mois, Emmanuel Macron s’est déplacé ou s’est exprimé une dizaine de fois sur le Covid-19. Sans parler de ses trois allocutions solennelles, les 12 et 16 mars depuis l’Elysée et le 25 mars à Mulhouse (Haut-Rhin). Des interventions suivies massivement : le 16 mars, son annonce du confinement a été regardée par 35 millions de Français, du jamais vu.

      « Emmanuel Macron n’a pas le choix. Dans une période comme celle que nous vivons, le président doit se déplacer, aller sur le terrain, comme les généraux vont sur le front , approuve Gaspard Gantzer. Il faut remettre de l’humain, montrer une forme de courage physique, ça fait du bien aux gens. »
      C’est cette ligne qu’avait choisie François Hollande après l’attaque de Charlie Hebdo en janvier 2015 ou les attentats de novembre 2015. « En période de crise, le pouvoir politique doit parler très souvent à son peuple, il doit s’exprimer », abonde Arnaud Dupui-Castérès, directeur général du cabinet Vae Solis et spécialiste de la communication de crise.

      « Prendre de la hauteur »
      « A partir du moment où le pouvoir fait le choix de la pédagogie et de la transparence, il doit prendre la parole quotidiennement. Dans une crise comme celle que nous vivons, il n’y a jamais assez de communication » , confirme Clément Léonarduzzi, président de Publicis Consultants. Pour l’ex-bras droit de Marie-France Lavarini, ancienne communicante de Lionel Jospin à Matignon, le gouvernement devrait d’ailleurs instaurer un point quotidien sur la situation économique du pays, comme il le fait pour la situation sanitaire avec Jérôme Salomon. « Quand il y a des questionnements, il faut y répondre », estime le consultant.

      A l’Elysée, on assume en tout cas cette posture jupitérienne retrouvée du chef de l’Etat, alors qu’Emmanuel Macron avait tenté de la gommer après la crise des « gilets jaunes ». « Le président est transparent, réactif et sur tous les fronts », résume son entourage.
      Au point d’inquiéter certains soutiens, qui le trouvent exagérément exposé. « Macron est trop seul. A part [Olivier] Véran et [Jérôme] Salomon, qui s’occupent du sanitaire, personne n’imprime. Ce devrait être le rôle du premier ministre [Edouard Philippe] ou du [ministre de l’intérieur Christophe] Castaner de gérer l’opérationnel, mais ils n’y arrivent pas, il manque un échelon », estime un communicant réputé proche de l’Elysée.

      « Dans une crise, on est souvent obsédé par la gestion opérationnelle. C’est une erreur. Un président ou un premier ministre doivent prendre de la hauteur et de la distance, pas s’occuper de la fermeture des marchés », abonde Arnaud Dupui-Castérès.
      Sur la forme, l’exécutif a fait le choix d’une communication au ton très martial. « Nous sommes en guerre », a répété à six reprises Emmanuel Macron lors de son allocution télévisée du 16 mars, évoquant un « ennemi (…) invisible, insaisissable » contre lequel il faut sonner « la mobilisation générale ».

      « Le président s’inspire beaucoup de Clemenceau »
      Le 25 mars, le chef de l’Etat s’est volontairement mis en scène devant l’hôpital de campagne installé par l’armée sur le parking du centre hospitalier de Mulhouse, y annonçant même le lancement d’une opération militaire baptisée « Résilience ». « Le président s’inspire beaucoup de Clemenceau, qui fait partie de son panthéon personnel. Son appel à la mobilisation vient de là » , explique un proche.
      Mais certains s’interrogent sur la durabilité de ce ton martial. S’il a permis de mobiliser les Français et d’obtenir une forme d’union nationale contre le virus, poursuivre sur la même tonalité comporte aussi des risques, estiment les professionnels de la communication.

      « Le vocabulaire guerrier peut s’user très vite , met en garde Gaspard Gantzer. Les gens voient bien qu’il ne s’agit pas d’une guerre au sens classique. » « C’est une sémantique qui met immédiatement dans une position de #chef_de_guerre. Cela provoque un choc utile et nécessaire. Mais comme dans une guerre, il faut ensuite donner une perspective sur les batailles et la victoire à venir », abonde Clément Léonarduzzi.

      D’autres se montrent aussi sceptiques sur le choix de médiatiser les #experts du conseil scientifique ou du comité analyse, recherche et expertise (CARE), deux instances installées ces dernières semaines par l’exécutif pour le conseiller sur la crise sanitaire.

      « Cela donne un sentiment de fébrilité, que le pouvoir cherche à s’abriter derrière les scientifiques. C’est une ligne Maginot illusoire » , tance un conseiller de l’ombre. Des réserves balayées par l’Elysée. « Le président a mis en place ces conseils pour créer un lien de confiance avec les Français, pas pour se défausser », explique un membre du cabinet de M. Macron. « Le président s’entoure beaucoup mais il n’est pas prisonnier. Il ne veut pas d’un gouvernement d’experts. C’est lui qui prend les décisions et il l’assume », ajoute un autre conseiller.

      Trouver un chemin de crête

      N’empêche, l’exécutif a donné le sentiment de ne pas toujours savoir quelle stratégie tenir, notamment en matière de #masques ou de #tests, ce qui a provoqué le trouble.
      « Ce type de crise nécessite des décisions quotidiennes, mais il faut choisir une ligne et éviter de se dédire. On ne peut pas être sur la face nord et sur la face sud en même temps, sinon plus personne n’y comprend rien », met en garde M. Dupui-Castérès. « La gestion des masques et des tests , on dirait Coluche qui disait : “dites-moi quel est votre besoin, je vous expliquerai comment vous en passer”. Cela va revenir comme un boomerang pour l’exécutif » , craint un communicant ayant ses entrées à l’Elysée.
      « Nous n’avons pas d’autre choix que de nous adapter, les scientifiques eux-mêmes changent d’avis ! Il y a encore quinze jours, l’OMS [l’Organisation mondiale de la santé] disait que généraliser les tests ne servait à rien ! », se défend-on à Matignon.

      Reste à savoir combien de temps Emmanuel Macron pourra tenir ce rythme et maintenir ce ton. Depuis le début de la crise, l’exécutif est confronté à deux écueils, entre lesquels il tente de trouver un chemin de crête : celui d’en faire trop et celui de ne pas en faire assez.
      « La plus grosse difficulté est ce paradoxe à gérer : il faut faire #peur pour que les gens se confinent, mais aussi rassurer pour qu’ils gardent le moral. Cela n’a rien d’évident sur le long terme » , reconnaît M. Gantzer.

      « Montrer le bout du tunnel »

      Pour éviter de tomber de ce fil d’équilibriste, tous les communicants s’accordent à dire que le chef de l’Etat n’a qu’une solution : ouvrir rapidement la séquence de #l’après. « Pour garder la confiance de ses troupes, un chef de guerre doit aussi se projeter dans la victoire , estime Mayada Boulos, directrice générale adjointe de Havas Paris et ancienne conseillère de Marisol Touraine au ministère de la santé. Le temps est aujourd’hui comme suspendu, il faut montrer le bout du tunnel. Expliquer qu’il y aura un stade 4 après le stade 3 de l’épidémie. »

      Un changement de discours qui passe aussi par des symboles, estiment d’autres conseillers. « Pour donner le moral aux Français, on pourrait imaginer que la patrouille de France passe au-dessus de l’Arc de triomphe comme la patrouille italienne est passée au-dessus de la Péninsule au son de Pavarotti. Ou annoncer dès maintenant que des soignants de l’AP-HP [Assistance publique-Hôpitaux de Paris] défileront sur les Champs-Elysées le 14 juillet, propose M. Gantzer, qui avait été de ceux à imaginer le grand défilé parisien après l’attaque contre Charlie Hebdo, qui avait réuni 1,5 million de personnes en janvier 2015. Les Français vivent des moments difficiles, ils ont aussi besoin d’être flattés, d’être considérés, de se sentir comme des résistants… »

      #communication_de_crise

    • L’article du Monde est vraiment mauvais. La vérité, c’est que l’ensemble de nos gouvernants est franchement mauvais, mauvais et incompétents et même pas capables d’une bonne communication.

      La seule bonne option, violemment rejetée par Macron, serait de reconnaitre qu’ils (il…) se sont (s’est) trompé(s) au lieu de ramer derrière les pitoyables justifications sur le manque de masques, de tests, d’organisation a minima de l’outil industriel pour le réorganiser en urgence sur ces manques,…

      Dans leur bulle, ils ne perçoivent pas le discrédit profond qui les atteint, sans parler de l’immense colère qu’ils déclenchent. Pour museler toute critique, Monsieur le Premier ministre, il faudrait commencer par reconnaître qu’il y a eu lacune (grave !) et agir avec détermination et non pas le nez fixé sur la (mauvaise) comm’. Annoncer 15 jours de prolongation du confinement pour, le lendemain, laisser entendre que c’est (très) grave et donc, que ça sera certainement nettement plus, un seul mot, c’est minable.

      Ouvrir la séquence de l’après, non mais c’est quoi ces communicants de m… ! On n’y est pas !
      Pour garder la confiance de ses troupes, un chef de guerre doit être à la hauteur de la situation. On n’y est pas !

    • Même Léa Salamé, relayée par Gala, exprime ses doutes. et suggère de reconnaître l’erreur (voilà où on en est, Léa Salamé est meilleure conseillère que la batterie d’experts en comm’ de crise…)

      VIDEO – Olivier Véran “challengé” par Léa Salamé : tension sur le plateau de France 2 - Gala
      https://www.gala.fr/l_actu/news_de_stars/video-olivier-veran-challenge-par-lea-salame-tension-sur-le-plateau-de-france-2

      UN ÉCHANGE TENDU
      Olivier Véran fait partie des ministres en première ligne dans la lutte contre le coronavirus. Alors qu’il multiplie les interventions télévisées depuis des semaines et sa nomination au ministère de la Santé, il était une nouvelle fois présent sur France 2, dans l’émission Vous avez la parole, présentée par Thomas Sotto et Léa Salamé. Lors de sa prise de parole, le ministre de la Santé a évoqué plusieurs sujets, notamment les tests, en s’appuyant sur des chiffres. « Nous étions à 4.000 tests, nous sommes ensuite montés à 5.000 tests, nous sommes aujourd’hui à 10.000 tests. Il y a dix plateformes haut-débit qui sont capables chacune de réaliser 2.000 tests par jour qui sont en train d’arriver en France », a-t-il déclaré en préambule. Avant de se faire interrompre par Thomas Sotto : « Mais l’Allemagne est à 500 000 tests par semaine », a noté le journaliste de _France 2. Un brin agacé, Olivier Véran a alors rétorqué : « Vous voyez, j’essaie de vous donner un certain nombre d’informations et vous êtes déjà en train de me challenger par rapport à la situation de l’Allemagne », a-t-il réagi.

      La passe d’armes ne s’est pas arrêtée là. Le ministre de la Santé a tenté de poursuivre son raisonnement et de conclure : « Ces tests, ils peuvent venir de Corée, d’Europe, de France ou des Etats-Unis, à mesure qu’ils arrivent, nous les achetons et nous les mettons en disponibilité pour les Français. Plus de 2 millions de tests le mois prochain, si vous faites le calcul avec l’Allemagne, vous aurez votre réponse », a-t-il déclaré. Léa Salamé a alors pris à son tour la parole afin de faire une mise au point qu’elle jugeait nécessaire : « Monsieur le ministre, on n’essaie pas de vous challenger, on essaie de comprendre et de vous faire passer les questions des Français », a-t-elle précisé. Et d’ajouter : « Au début de la crise, il y a trois semaines encore, les messages du gouvernement, c’était de dire : ’n’achetez pas forcément des masques, c’est inutile » ou ’les tests, ce n’est pas l’alpha et l’oméga’. Vous nous avez dit ça dans un premier temps (...) Est-ce qu’au fond, il ne fallait pas dire la vérité plus simplement ?", s’est-elle interrogée.

    • A mon avis il n’y a pas d’experts en communication à l’Elysée (à moins que Sibeth puisse etre considéré comme telle !), Jupiter n’écoute que lui, et peut être Brigitte à la limite, mais c’est tout. Les autres sont simplement des exécutant·es minables et viles qui se sont rabaisser au service d’un pur dictateur pour se faire du fric. Et c’est pas un problème de communication, choisir le conseil des ministres spécial coronavirus pour imposer le 49.3 c’est pas un problème de conseillés en marketing. Choisir de contracté 45 millliards d’euros de dettes sur notre dos pour les patrons du cac40 et dire aux soignants « la meilleur prime pour les soignants c’est de respecté les gestes sanitaires » c’est pas non plus une erreur c’est de la provocation. Dire que les soignant·es contractent le virus non sur leur lieu de travail mais dans les transports c’est pas une erreur non plus c’est juste pour que les soignant·es sachent qu’illes vont crevé sans que ca soit considéré comme relavant du code du travail.
      Quelle urgence y a-t il à supprimer le code du travail, les droits des prévenu·es à une défense, les droits à une retraite.... En fait Macron utilise la stratégie du choc, et il se venge sur les soignant·es, avocat·es et toutes celles et ceux qui ne sont rien.
      Il promet une prime aux soignant·es pour après mais il donne de suite une prime au cac40. Pourquoi ne pas donné immédiatement cette prime plutot que de parler d’un après qui n’adviendra pas... Il a peur d’avoir à rendre des comptes mais si on est en guerre comme il dit, alors il doit être arrêté pour haute trahison et fraternité avec le virus.

    • « Pour donner le moral aux Français, on pourrait imaginer que la patrouille de France passe au-dessus de l’Arc de triomphe comme la patrouille italienne est passée au-dessus de la Péninsule au son de Pavarotti. Ou annoncer dès maintenant que des soignants de l’AP-HP [Assistance publique-Hôpitaux de Paris] défileront sur les Champs-Elysées le 14 juillet, propose M. #Gantzer, qui avait été de ceux à imaginer le grand défilé parisien après l’attaque contre Charlie Hebdo …

      #sérieux ?
      Ben quand tu vois qu’ils en sont là face à une pandémie prévisible où ils sont au mieux des criminels, au pire des criminels, il faut se dépêcher de mettre nos masques, dès aujourd’hui. Et de les recycler pour les manifs qui viendront. Puisque la loi devrait changer maintenant sur les masques auparavant interdits pour cause d’identification biométrique. (je dis ça, je dis rien)

    • Oui, @simplicissimus l’article est mauvais. L’ai publié pour la formule Coluche utilisé par un conseiller (ils savent qu’on sait), et pour mémoire quant aux circonvolutions empapaoutées de L’imMonde, voix de la France. Non @mad_meg il y a évidemment des conseillers en communication ! Et ils sont géniaux. Voir un autre article du Monde avec le même Gantzer (ex PS-CAC40 et Ville de Paris)

      https://seenthis.net/messages/835629#message835632

      « S’il veut garder le soutien de l’opinion, Emmanuel Macron ne pourra pas se contenter d’appeler à la mobilisation générale. Il faut aussi qu’il donne de l’espoir, qu’il montre le bout du tunnel, qu’il réintroduise de la joie de vivre » , estime Gaspard Gantzer, ancien conseiller en communication de François Hollande, qui suggère par exemple d’ « annoncer dès maintenant que des soignants défileront sur les Champs-Elysées le 14 juillet » . Où ils pourront crier : « On l’a eu ! » (fuckin’ sic, ndc)_

    • Brio et inventivité, probité, libre arbitre, efficacité, faut peut-être pas se faire une trop haute idée de ce que sont les communicants ou les journalistes, ou les avocats ou les professeurs, et tous les professionnels de la profession du monde.
      "Plus le mensonge est gros, plus il passe" était le mot d’un #communicant nommé Goebbels, et il a fait école, y compris banalement dans la pub.
      Sibeth Ndiaye assure : « J’assume parfaitement de mentir pour protéger le président ». De là à inventer des mensonges qui soient beaux, fassent envie, donnent confiance, agrège, des mensonges qui fonctionnent vraiment....
      Parce que ce qui structure tout le champ, le souci actuel des militants de l’économie, c’est qu’ils n’ont rigoureusement aucune #perspective à offrir, à part le transhumanisme, mais c’est une promesse de niche qui largue tout le monde, au lieu d’intégrer. Un capitalisme vert ou moralisé ? On rigole (ou bien on est à EELV, Attac et d’autres). C’est ce qui rend difficile l’exercice, au de-là du déni actif. "Il n’y pas de violences policières" nous dit-on depuis 4 ans. "L’épidémie ne passera pas par la France car nous sommes prêts à la combattre efficacement", façon Buzyn en janvier. Certes, on continue à nous dire "enrichissez-vous" et avec le chômage de masse on y a ajouté "intégrez-vous" à la société ("mieux vaut être Uber que cassos", etc), sans avoir rien à proposer qui soit réellement partageable. D’où "la guerre" : nous partageons au moins une chose, un ennemi. Mais est ce que ces ennemis de notre ennemi - ici la mort en masse et dépit du possible - sont bien nos amis ?

      À cette limite, l’absence totale d’horizon impliquée par leur propre position, ils sont bien adaptés. Le regard braqué sur des "perspectives" et indicateurs de profit, d’une part, l’audimat, les sondages, et ce qui reste d’électeurs d’autre part, il sont devenus incapables d’incarner le capitaliste collectif, l’État. Ce dernier étant d’ailleurs devenu nébuleux en prenant une dimension transnationale et globale, entre multinationales, organisations et instances internationales, tou en étant arrimé à des institutions vues comme infra étatiques (villes, régions, syndicats, institutions diverses).
      Ils communiquent sans cesse, mais ils ont perdu la consistance (Hollande n’aime pas la littérature, un autre dira que la sociologie sert d’excuse sans arriver à rien en tirer pour son compte) et l’intelligence nécessaires pour faire une job devenue infaisable. Ça ne veut pas dire que ça va tomber de soi même (façon Lundi matin).

      Si leur communication est en crise au point qu’une communication de crise soit difficile à mettre au point, c’est aussi sur un fond de montée exponentielle du contrôle dans un contexte de crise de la société de contrôle.
      Là dessous, il y le désir, qui reste n’importe quoi, puissant. L’histoire Raoult me semble en témoigner. Porté par divers appuis et le buzz des réseaux sociaux, il s’est imposé à un gouvernement qui n’a rien pour l’instant rien trouvé d’autre pour répondre à une demande, à des affects de masse qui se sont cristallisés sur cette "solution", dans la peur et la méfiance des institutions (ça manière de jouer l’outsider).

      Voilà, je résiste pas à citer pour finir ce que tu risques je le crains de prendre comme un argument d’autorité, pris dans

      Gilles Deleuze : « L’information, c’est la société de contrôle »
      https://iphilo.fr/2018/01/12/gilles-deleuze-linformation-cest-la-societe-de-controle

      Les déclarations de police sont dites, à juste titre, des communiqués. On nous communique de l’information, c’est-à-dire on nous dit ce que nous sommes tenus de croire, ou même pas de croire mais de faire comme si l’on croyait. On ne nous demande pas de croire, on nous demande de nous comporter comme si l’on croyait. C’est cela l’information, la communication – et indépendamment de ces mots d’ordre et de la transmission de ces mots d’ordre, il n’y a pas de communication, il n’y a pas d’information.

      Indulgence pour le vrac, svp. Ça manque de points d’interrogation et de développement. Rien n’est trop clair dans le changement épocal en cours. Avec ces semaines confinées je trouverais peut-être moyen de scriber autrement et ailleurs.

      #horizon

    • Ne t’inquiète pas @colporteur l’autorité de Deleuze ne vaut pas tripette à mes yeux et le vrac ne me dérange pas. J’ai été un peu vite aussi , car il est vrai que je ne sais pas bien distingué les communiquants des politiques. Heureusement qu’à ce niveau d’incompétence illes (les communiquant·es) ne peuvent pas rattraper le coup. Il serait temps qu’on contemple enfin la grosse dégueulasserie capitaliste en face.

  • Bruno Latour : « La crise sanitaire incite à se préparer à la mutation climatique »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/03/25/la-crise-sanitaire-incite-a-se-preparer-a-la-mutation-climatique_6034312_323

    Le philosophe explique que « l’exigence de protéger les Français pour leur propre bien contre la mort est infiniment plus justifiée dans le cas de la crise écologique que dans le cas de la crise sanitaire ».
    [...]
    Comme si l’intervention du virus pouvait servir de répétition générale pour la crise suivante, celle où la réorientation des conditions de vie va se poser à tout le monde et pour tous les détails de l’existence quotidienne qu’il va falloir apprendre à trier avec soin. Je fais l’hypothèse, comme beaucoup, que la crise sanitaire prépare, induit, incite à se préparer à la mutation climatique. Encore faut-il tester cette hypothèse.

    #Paywall : un.e abonné.e de ce formidable canard par ici ?
    #Latour #Covid-19 #Réchauffement-climatique

    • Le philosophe explique que « l’exigence de protéger les Français pour leur propre bien contre la mort est infiniment plus justifiée dans le cas de la crise écologique que dans le cas de la crise sanitaire ».

      La coïncidence imprévue entre un confinement général et la période du carême est quand même assez bienvenue pour ceux à qui on a demandé, par solidarité, de ne rien faire et qui se trouvent à l’arrière du front. Ce jeûne obligé, ce ramadan laïque et républicain peut être une belle occasion pour eux de réfléchir sur ce qui est important et ce qui est dérisoire…
      Comme si l’intervention du virus pouvait servir de répétition générale pour la crise suivante, celle où la réorientation des conditions de vie va se poser à tout le monde et pour tous les détails de l’existence quotidienne qu’il va falloir apprendre à trier avec soin. Je fais l’hypothèse, comme beaucoup, que la crise sanitaire prépare, induit, incite à se préparer à la mutation climatique. Encore faut-il tester cette hypothèse.
      Le virus n’est que l’un des maillons d’une chaîne
      Ce qui autorise l’enchaînement des deux crises, c’est la réalisation soudaine et douloureuse que la définition classique de la société – les humains entre eux – n’a aucun sens. L’état du social dépend à chaque instant des associations entre beaucoup d’acteurs dont la plupart n’ont pas forme humaine. Cela est vrai des microbes – on le sait depuis Pasteur –, mais aussi d’Internet, du droit, de l’organisation des hôpitaux, des capacités de l’Etat, aussi bien que du climat. Et bien sûr, malgré le barouf autour d’un « état de guerre » contre le virus, celui-ci n’est que l’un des maillons d’une chaîne où la gestion des stocks de masques ou de tests, la réglementation du droit de propriété, les habitudes civiques, les gestes de solidarité, comptent exactement autant pour définir le degré de virulence de l’agent infectieux.

      Une fois pris en compte tout le réseau dont il n’est qu’un maillon, le même virus n’agit pas de la même façon à Taïwan, Singapour, New York ou Paris. La pandémie n’est pas plus un phénomène « naturel » que les famines d’autrefois ou la crise climatique actuelle. Il y a bien longtemps que la société ne tient plus dans les étroites limites du social.
      L’extension des pouvoirs et le pin-pon des ambulances
      Ceci posé, il n’est pas clair pour moi que le parallèle aille beaucoup plus loin. Car enfin, les crises sanitaires ne sont pas nouvelles, et l’intervention rapide et radicale de l’Etat ne semble pas jusqu’ici beaucoup innover. Il suffit de voir l’enthousiasme du président Macron pour endosser la figure de chef d’Etat qui lui manquait si pathétiquement jusqu’ici. Beaucoup mieux que les attentats – qui ne sont malgré tout que des affaires de police –, les pandémies réveillent, chez les dirigeants comme chez les dirigés, une sorte d’évidence – « nous devons vous protéger » « vous devez nous protéger » – qui recharge l’autorité de l’Etat et lui permet d’exiger ce qui, en toute autre circonstance, serait accueilli par des émeutes.

      Mais cet Etat, ce n’est pas celui du XXIe siècle et des mutations écologiques, c’est celui du XIXe siècle et de ce qu’il est convenu d’appeler le « biopouvoir ». Pour parler comme le statisticien regretté Alain Desrosières, c’est l’Etat des bien nommées statistiques : gestion des populations sur un quadrillage territorial vu de haut et mené par un pouvoir d’experts. Exactement ce que nous voyons ressusciter aujourd’hui – à cette seule différence qu’il est répliqué de proche en proche, au point d’être devenu planétaire.
      L’originalité de la situation présente, me semble-t-il, c’est que, en restant claquemuré chez soi alors que, dehors, il n’y a plus que l’extension des pouvoirs de la police et le pin-pon des ambulances, nous jouons collectivement une forme caricaturale de la figure du biopouvoir qui semble sorti tout droit d’un cours du philosophe Michel Foucault. Il n’y manque même pas l’oblitération des très nombreux travailleurs invisibles obligés de travailler quand même pour que les autres puissent continuer à se terrer chez eux – sans oublier les migrants impossibles à fixer. Mais justement, cette caricature est celle d’une époque qui n’est plus la nôtre.

      Un abîme immense
      C’est qu’il y a un abîme immense entre l’Etat capable de dire « je vous protège de la vie et de la mort », c’est-à-dire de l’infection par un virus dont la trace n’est connue que par les savants et dont les effets ne sont compréhensibles que par le recueil des statistiques, et l’Etat qui oserait dire « je vous protège de la vie et de la mort, parce que je maintiens les conditions d’habitabilité de tous les vivants dont vous dépendez ».

      Faites l’expérience de pensée : imaginez que le président Macron soit venu vous annoncer, avec le même ton churchillien, un train de mesures pour laisser les réserves de gaz et du pétrole dans le sol, pour stopper la commercialisation des pesticides, supprimer les labours profonds, et, audace suprême, interdire de chauffer les fumeurs à la terrasse des bars… Si la taxe sur l’essence a déclenché le mouvement des « gilets jaunes », là, on frémit à la pensée des émeutes qui embraseraient le pays. Et pourtant, l’exigence de protéger les Français pour leur propre bien contre la mort est infiniment plus justifiée dans le cas de la crise écologique que dans le cas de la crise sanitaire, car il s’agit là littéralement de tout le monde, et pas de quelques milliers d’humains – et pas pour un temps, mais pour toujours.
      L’agent pathogène dont la virulence terrible modifie les conditions d’existence de tous, ce n’est pas du tout le virus, ce sont les humains !
      Or on sent bien que cet Etat-là n’existe pas. Et ce qui est plus préoccupant, c’est qu’on ne voit pas comment il se préparerait à passer d’une crise à l’autre. Dans la crise sanitaire, l’administration a le rôle pédagogique très classique, et son autorité coïncide parfaitement avec les vieilles frontières nationales – l’archaïsme du retour aux frontières européennes en est la douloureuse preuve.

      Pour la mutation écologique, le rapport est inversé : c’est l’administration qui doit apprendre d’un peuple multiforme, à des échelles multiples, à quoi peut bien ressembler l’existence sur des territoires entièrement redéfinis par l’exigence de sortir de la production globalisée actuelle. Elle serait tout à fait incapable de dicter des mesures depuis le haut. Dans la crise sanitaire, c’est en effet le brave peuple qui doit réapprendre, comme à l’école primaire, à se laver les mains et à tousser dans son coude. Pour la mutation écologique, c’est l’Etat qui se retrouve en situation d’apprentissage.

      Mais il y a une autre raison que la figure de « la guerre contre le virus » rend incompréhensible : dans la crise sanitaire, il est peut-être vrai que les humains pris en bloc « luttent contre » les virus – même si ceux-ci ne s’intéressent nullement à nous et vont leur chemin de gorge en nez en nous tuant sans nous en vouloir.
      La situation est tragiquement inverse dans la mutation écologique : cette fois-ci, l’agent pathogène dont la virulence terrible a modifié les conditions d’existence de tous les habitants de la planète, ce n’est pas du tout le virus, ce sont les humains ! Et pas tous les humains, mais certains, qui nous font la guerre sans nous la déclarer. Pour cette guerre-là, l’Etat national est aussi mal préparé, aussi mal calibré, aussi mal dessiné que possible car les fronts sont multiples et traversent chacun d’entre nous. C’est en ce sens que la « mobilisation générale » contre le virus ne prouve en rien que nous serons prêts pour la suivante. Il n’y a pas que les militaires pour être toujours en retard d’une guerre.

      Mais enfin, on ne sait jamais, un temps de carême, fût-il laïque et républicain, peut entraîner des conversions spectaculaires. Pour la première fois depuis des années, des millions de gens, bloqués chez eux, retrouvent ce luxe oublié : du temps pour réfléchir et discerner ce qui les fait d’habitude s’agiter inutilement en tous sens. Respectons ce long jeûne imprévu.

    • Il y a peut-être des choses intéressantes dans ce fatras (je n’en suis pas certain), mais je trouve ça épouvantablement beurk…

      Pour la première fois depuis des années, des millions de gens, bloqués chez eux, retrouvent ce luxe oublié : du temps pour réfléchir et discerner ce qui les fait d’habitude s’agiter inutilement en tous sens. Respectons ce long jeûne imprévu.

      Il y a aussi la prison. C’est chouette la prison. C’est vraiment chouette que les taulards retrouvent ce luxe oublié : du temps pour réfléchir et discerner ce qui les fait d’habitude s’agiter inutilement en tous sens.

  • Covid-19: à quels chiffres se vouer? - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/250320/covid-19-quels-chiffres-se-vouer?onglet=full

    Chaque jour, les autorités annoncent le total des personnes infectées, un chiffre biaisé par la politique restrictive de la France en matière de tests. Le nombre de décès, lui, est minoré. Les seules données permettant de prendre la mesure de l’épidémie restent celles des personnes hospitalisées et placées en réanimation.

    À quels chiffres se fier, en France, pour évaluer l’ampleur de l’épidémie de Covid-19 ? Depuis maintenant quelques semaines, c’est devenu une rengaine quotidienne : chaque soir, le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, décline le nombre de personnes infectées par le coronavirus en France.

    #paywall
    via @paniersalade

    • Et pourtant, « ce chiffre ne vaut rien », a jugé mardi sur France Inter Karine Lacombe, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine à Paris à propos des contaminés français.

      Sur son site internet,
      Santé publique France – qui n’a pas répondu à nos sollicitations – le précise d’ailleurs : « Du fait de la difficulté de l’identification et de la confirmation biologique de l’ensemble des cas de Covid-19, les données présentées sous-estiment le nombre réel de cas. Dans le cadre du passage en phase 3, les recommandations étant maintenant de réaliser un prélèvement à visée diagnostique uniquement pour certaines catégories de patients, cette sous-estimation devient plus importante. »

      Un responsable presse de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France le confirme à Mediapart : « Notre système n’est pas conçu pour remonter en temps réel. »

  • Donald Trump se convertit en chef de guerre contre le coronavirus
    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/03/23/donald-trump-se-convertit-en-chef-de-guerre-contre-le-coronavirus_6034091_32


    Le président Donald Trump arrive dans la salle de presse de la Maison Blanche pour le briefing quotidien sur le COVID-19, le 21 mars.
    JIM WATSON / AFP

    Après avoir relativisé l’importance de l’épidémie, le président américain est omniprésent. Un revirement salué dans les sondages

    Un « président pour temps de guerre » siège désormais dans le bureau Ovale. Après avoir beaucoup tardé à reconnaître la gravité de l’épidémie provoquée par le coronavirus, assurant longtemps que la maladie disparaîtrait et à une échéance fixée au mois d’avril (le 14 février), « comme un miracle » (le 27 février), que tout était « sous contrôle » (le 15 mars), Donald Trump a effectué un revirement complet.

    La flambée des cas de contamination (plus de 32 500 au 22 mars) et des décès imputés au virus (413 à la même date) ne laissaient guère d’alternative au président des Etats-Unis. D’autant que la progression de la maladie et la multiplication des mesures de précaution se sont accompagnées de l’arrêt brutal d’une bonne partie de l’économie américaine. Il a entraîné un effondrement de la Bourse, supprimant les gains accumulés depuis l’arrivée du milliardaire à la Maison Blanche qui constituaient l’une de ses unités de mesure préférées pour dresser le bilan de son mandat. Le taux de chômage qui en était un autre devrait également repartir violemment à la hausse dans les prochains jours.

    Désormais, Donald Trump est omniprésent lors des briefings presque quotidiens organisés dans la salle de presse de la Maison Blanche, où n’est plus admis qu’un nombre limité de journalistes accrédités dont la température est vérifiée au préalable. Ces points-presse qui s’étirent généralement au-delà de l’heure mettent en scène un président en action contre « un ennemi invisible », entouré de professionnels aguerris, à commencer par le directeur de l’Institut national des allergies et maladies infectieuses, Anthony Fauci, 79 ans. Cet expert qui a déjà travaillé avec cinq présidents successifs est devenu le métronome de la crise sanitaire.

    Passé par la téléréalité, Donald Trump ne se lasse pas de mettre en avant l’équipe mise sur pied pour organiser la riposte et que dirige officiellement son vice-président, Mike Pence. « Nous avons créé de nouvelles stars », s’est-il amusé le 14 mars, un titre qui vaut pour Anthony Fauci, mais aussi pour la coordinatrice Deborah Birx, médecin et diplomate qui a travaillé par le passé dans l’administration de Barack Obama, une rareté à l’ère de Donald Trump. Ou encore pour Jerome Adams, un obligé de Mike Pence aujourd’hui administrateur de la santé publique (surgeon general) des Etats-Unis.

    Prise de conscience du pays
    Cette omniprésence, la mobilisation de l’Etat fédéral et du secteur privé et l’adoption de premières mesures de soutien à l’économie par le Congrès a entraîné pou[…]

    #paywall

  • Coronavirus : ces médecins qui crèvent l’écran
    https://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2020/03/20/coronavirus-ces-medecins-qui-crevent-l-ecran_6033748_1655027.html


    Par Gérard Davet et Fabrice Lhomme

    Les consultants médicaux font les beaux jours des chaînes d’info en continu en cette période de confinement. En dehors de Michel Cymes, déjà très populaire, plusieurs figures ont émergé.

    Elle vivait dans l’anonymat et la reconnaissance de ses pairs lui suffisait amplement. Mais voici désormais la professeure Karine Lacombe, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Saint-Antoine à Paris, devenue, par la grâce d’un passage réussi sur LCI, la coqueluche des programmateurs télé. Au point que TF1 lui propose de tripler son salaire mensuel de fonctionnaire pour s’attacher l’exclusivité de son ton réfléchi et pédagogique jusqu’à la fin de la crise du Covid-19.

    C’est ainsi, toute catastrophe génère ses héros médiatiques. « Il y avait les généraux pendant la guerre du Golfe, on a maintenant les professeurs de médecine », résume l’expérimenté David Pujadas, journaliste sur LCI. Des experts d’autant plus prisés en cette période de confinement, pendant laquelle les taux d’audience des chaînes d’info en continu ont quadruplé. BFM-TV dépasse par moments les 7 % de part de marché, un record, quand l’émission « 24 heures Pujadas » double, chaque début de soirée entre 18 et 20 heures, son audience habituelle. « C’est comme en temps de guerre, explique Céline Pigalle, directrice de la rédaction de BFM-TV, on nous demande d’être responsables, de ne pas mettre le feu, mais on doit aussi savoir mettre en cause les discours officiels. On essaie donc de mixer les interventions médicales, entre spécialistes rassurants et ceux plus alarmistes. »

    Les consultants médicaux sont devenus des acteurs majeurs de cette guerre cathodique. Aux sans-grade, on assigne les horaires de la journée, ou de fin de soirée, les moins suivis. Les stars de la « télé-médecine », eux, ont droit aux meilleures tranches horaires, la matinée et le début de soirée, et parfois, pour ceux qui l’acceptent, de juteux contrats de consultants.

    #paywall, on n’a donc pas les noms…

    • Ah pour ça, on a de fameux experts entre deux publicités pour Coca ! Comme Machin Cymes, qui dénonçait un « matraquage médiatique » autour du Covid qui a éteint la contestation des inquiets en reprenant mot à mot les infondés de Raoult. Il a demandé pardon depuis, sans penser à reverser son salaire indu de présentateur de mensonges aux hopitaux ou que la justice l’y oblige. Le 10 mars, le joueur de pipeau niait encore la pandémie.

      https://www.msn.com/fr-be/divertissement/story/quotidien-michel-cymes-donne-son-avis-sur-le-coronavirus-il-se-fait-d%C3%A9zinguer-sur-twitter/ar-BB113Fes

      “Ce n’est pas une grippette, ni un rhume, mais ça reste une maladie virale comme on en a tous les ans.” Michel Cymes n’a pas tourné autour du pot mardi 10 mars dans l’émission Quotidien. S’il estime que le coronavirus est “une forme de grippe plus cognée”, il ne veut pas s’alarmer. Il est revenu sur le cas du Ministre de la Culture, Franck Riester, testé positif au coronavirus : “Si tous les ans on fait une dépêche sur un ministre qui a une grippe et on fait tout ce qu’on a fait aujourd’hui… C’est dingue ! Les ministres ont la grippe et on ne le sait pas.” Yann Barthès lui demande donc si on en fait trop. “Non répond Michel Cymes. Le gouvernement fait ce qu’il faut.” “Et les médias ?” surenchérit le présentateur de Quotidien ? “Il y a un problème de sémantique estime Cymes. Pardon de revenir sur la grippe en permanence, mais il y a eu entre 8000 et 10000 morts de la grippe par an, si chaque année on fait des dépêches sur un mec qui a la grippe, vous vous rendez compte ? Le gouvernent tient un point chaque soir car les médias le demandent. À la limite, ce décompte n’est pas dramatique, mais il y a un problème sémantique. Quand vous dites ’aujourd’hui on va passer en zone 3’, tout le monde est affolé. Alors que non, c’est un problème géographique, c’est juste que le virus aura circulé dans la toute la France. Quand vous dîtes ‘il est testé positif’, on a l’impression de revenir au moment du sida, au début où on se dit ‘il a été testé positif’. Oui il a le coronavirus quoi !"

    • Coronavirus : ces médecins qui crèvent l’écran
      Gérard Davet et Fabrice Lhomme, Le Monde, le 20 mars 2020
      https://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2020/03/20/coronavirus-ces-medecins-qui-crevent-l-ecran_6033748_1655027.html

      Enquête - Les consultants médicaux font les beaux jours des chaînes d’info en continu en cette période de confinement. En dehors de Michel Cymes, déjà très populaire, plusieurs figures ont émergé.

      Elle vivait dans l’anonymat et la reconnaissance de ses pairs lui suffisait amplement. Mais voici désormais la professeure Karine Lacombe, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Saint-Antoine à Paris, devenue, par la grâce d’un passage réussi sur LCI, la coqueluche des programmateurs télé. Au point que TF1 lui propose de tripler son salaire mensuel de fonctionnaire pour s’attacher l’exclusivité de son ton réfléchi et pédagogique jusqu’à la fin de la crise du Covid-19.

      C’est ainsi, toute catastrophe génère ses héros médiatiques. « Il y avait les généraux pendant la guerre du Golfe, on a maintenant les professeurs de médecine », résume l’expérimenté David Pujadas, journaliste sur LCI. Des experts d’autant plus prisés en cette période de confinement, pendant laquelle les taux d’audience des chaînes d’info en continu ont quadruplé. BFM-TV dépasse par moments les 7 % de part de marché, un record, quand l’émission « 24 heures Pujadas » double, chaque début de soirée entre 18 et 20 heures, son audience habituelle. « C’est comme en temps de guerre, explique Céline Pigalle, directrice de la rédaction de BFM-TV, on nous demande d’être responsables, de ne pas mettre le feu, mais on doit aussi savoir mettre en cause les discours officiels. On essaie donc de mixer les interventions médicales, entre spécialistes rassurants et ceux plus alarmistes. »

      Les consultants médicaux sont devenus des acteurs majeurs de cette guerre cathodique. Aux sans-grade, on assigne les horaires de la journée, ou de fin de soirée, les moins suivis. Les stars de la « télé-médecine », eux, ont droit aux meilleures tranches horaires, la matinée et le début de soirée, et parfois, pour ceux qui l’acceptent, de juteux contrats de consultants.

      BFM-TV partait avec un gros avantage : un service santé incarné par la journaliste Margaux de Frouville, spécialisée depuis six ans dans les virus. Elle a attiré le docteur Alain Ducardonnet, qui devrait devenir prochainement le consultant attitré de BFM-TV, secondé par le docteur Christophe Rapp. TF1 et sa « filiale » LCI utilisent, pour leur part, les services du docteur Gérald Kierzek. L’incontournable Michel Cymes règne en maître sur le reste du paysage. La télé se les arrache, ces médecins pressés d’ausculter le pays, qui ont vu une concurrence débouler ces temps-ci : les professeurs confrontés directement à la bataille contre le virus.

      « Alarmistes » contre « rassurants »

      Chacun ayant ses particularités, il existe, en gros, deux camps chez ces chroniqueurs de la pandémie. Les « alarmistes », ceux qui inquiètent. Leur chef de file ? Le professeur Eric Caumes, de l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière, dont le discours, d’abord relativement neutre et rassurant, a enflé pour devenir catastrophiste. « C’est peut-être un scandale sanitaire digne du sang contaminé, lâche le médecin, très critique sur la gestion gouvernementale. Mon collègue François Bricaire a dit que j’avais été “ignoble” avec le ministre de la santé lors d’un débat sur LCI, alors que je lui ai juste dit ma façon de penser, y compris en dehors du plateau ! S’agissant de l’exécutif, jusqu’à maintenant je pensais qu’ils n’avaient pas pris la mesure du problème et qu’ils étaient incompétents, mais maintenant, je me demande s’il n’y a pas quelque chose de plus grave. » Ce type de discours, tout à la fois scientifiques et politiques, générateurs de polémiques et donc de fortes audiences, les chaînes d’info en redemandent…

      Mais il y a aussi les « rassurants », comme le professeur François Bricaire, l’ancien chef de service… d’Eric Caumes. Lui emploie un ton moins engagé, et plus optimiste. « BFM-TV m’a proposé d’être consultant pendant toute la durée de la crise, assure M. Bricaire, mais j’ai refusé. Moi, dès le début de l’épidémie, s’agissant d’intervenir à la télé, je m’en suis ouvert par courtoisie à Jérôme Salomon, directeur général de la santé. Il m’a dit : “J’en ai parlé à la ministre [Agnès Buzyn à l’époque], il faut le faire.” » Le professeur Bricaire, membre de l’Académie nationale de médecine, est ainsi estampillé « pro-autorités », et il l’assume sur les différentes chaînes qui le sollicitent.

      Entre ces deux pôles, qui se respectent tout en se critiquant – c’est un tout petit monde –, il y a donc Karine Lacombe. Qui découvre les « joies » de la médiatisation et en apprend les codes, avec sa part de naïveté et de sérieux assumé. Par exemple, sur les plateaux de télévision, quand les reportages sont diffusés au cœur des débats, au lieu de se laisser aller à quelques bavardages hors antenne, elle préfère se concentrer sur lesdits reportages, pour préparer son intervention suivante. « Depuis le début de la crise, observe-t-elle, j’essaie de faire passer un message intermédiaire. Je vois des gens beaucoup trop optimistes, et d’autres beaucoup trop alarmistes. Avec toujours les mêmes qui font peur à tout le monde et nourrissent le complotisme. » Elle-même a vu arriver les premiers patients atteints du virus après un congrès évangélique organisé dans le Grand Est. Elle avait déjà compris, après les premiers cas recensés en Italie. « Nous sommes sur une ligne de crête, il peut y avoir 40 000 morts comme 450 000, selon les modélisations. Il faut l’expliquer. » Impossible d’être péremptoire, le Covid-19 oblige à la modestie.

      « Tout le monde met son ego de côté »

      Karine Lacombe est l’une des rares femmes sur le créneau, entre les « savants prophétiques », type Philippulus dans Tintin, et les médecins-chroniqueurs, spécialistes de l’écran. Sans toucher le moindre centime – pour l’instant, du moins, car elle s’interroge –, question d’éthique. « Je n’ai pas besoin des médias », jure-t-elle. Ces derniers temps, elle a observé avec une affection distante mais critique les croisades d’Eric Caumes, un personnage « iconoclaste et clivant ». Accusé d’avoir d’abord minoré le danger avant de basculer dans l’extrême inverse, l’intéressé se défend : « C’est vrai qu’au tout début j’ai dit des conneries, mais comme tout le monde, je me suis dit, on va voir ce qui se passe, notamment à Singapour, or ça ne démarrait pas. Puis quand j’ai vu ce qui se passait en Italie, j’ai compris qu’il allait nous arriver la même chose, et là on m’a traité de paranoïaque, de pessimiste, etc. On s’est tous fait avoir au début, en fait, tous autant qu’on est, on n’a pas su interpréter ce qui se passait en Asie. »

      Karine Lacombe croise aussi, au hasard des plateaux, une autre peuplade, celle des docteurs-stars : Michel Cymes, référencé service public, et Gérald Kierzek, le pilier de l’attelage TF1-LCI. Le compagnonnage se passe plutôt bien. « C’est assez superficiel, relate-t-elle. Mais ce sont des gens brillants, qui peuvent intervenir sur n’importe quel sujet. Je suis abasourdie. » Eux sont payés, reconnus, vénérés. Surtout Michel Cymes, acteur, présentateur, producteur, auteur… Qui ne voit, pour l’heure, que des avantages à cette surexposition de la médecine à la télévision : « Il y a toujours des gens qui aiment bien faire leur pub, passer dans les médias, assure-t-il. Mais là, tout le monde met son ego de côté, ne pense plus uniquement à sa gueule et pense plutôt à tout faire pour sauver le maximum de gens. »

      En ces temps de crise sanitaire, Michel Cymes est le vrai roi du PAF. Présentateur des émissions « Ça ne sortira pas d’ici » ou « Les Pouvoirs extraordinaires du corps humain », sur France 2, il est le seul à pouvoir porter les prime time sur ses épaules avec sa gouaille. « Je ne suis pas consultant, précise-t-il. J’intervenais sur France Télévisions, jusqu’à l’épidémie, comme présentateur-animateur. Mais effectivement, je suis devenu ces derniers jours “l’incarnant” santé de France 2. Contractuellement, ça ne change strictement rien pour la bonne et simple raison que je ne suis pas payé pour ça ! A chaque fois que j’interviens ponctuellement, par exemple lors de la soirée des municipales ou la spéciale “Vous avez la parole” de Salamé-Sotto, je n’ai pas de contrat, je ne suis pas payé tout simplement, et je trouve ça normal. »

      « Urgentiste de l’info »

      Parfois, les frontières se brouillent. Estampillé TF1/LCI, le bouillonnant docteur Gérald Kierzek s’aventure sur d’autres chaînes, comme France 5 dans l’émission phare « C à vous », en prenant garde de ne pas contrarier son employeur principal. « Je dois veiller à ne pas être en “frontal” par rapport à TF1/LCI, je ne vais pas aller au “20 heures” de France 2 par exemple, précise M. Kierzek. Je suis le médecin référent du groupe, c’est ma deuxième saison. En fait, je dis à la télé ce que j’explique en tête à tête à mes patients ! Ma mission prioritaire, à l’antenne, c’est de rassurer. C’est capital. Chaque jour, je suis pendant cinq heures le matin à l’antenne sur LCI, dont trois heures de libre antenne, plus une intervention dans le “20 heures” de TF1 le soir. » Celui qui se définit comme un « urgentiste de l’info » est payé, mais ne donne pas le montant de sa rétribution : « Je suis rémunéré sur la base d’un forfait, il va peut-être falloir en parler d’ailleurs, vu mes multiples interventions ! Mais on n’en a même pas discuté à vrai dire… » Il cumule ce plein-temps médiatique avec un temps plein hospitalier, celui d’urgentiste à l’Hôtel-Dieu, à Paris : « Concrètement, ça fait deux gardes par semaine, 18 h 30-8 h 30, soit quatorze heures d’affilée. Donc, quand je termine ma garde à 8 h 30, j’enchaîne avec le maquillage sur LCI ! » Il n’a rien contre les sommités médicales côtoyées sur les plateaux. Même si… « On s’en fout qu’il s’agisse d’une sommité ou pas. Il faut deux choses : venir du terrain et avoir une capacité à bien communiquer. »

      La plupart de ces pontes ne viennent pas croquer dans le gros gâteau télévisuel, pas encore en tout cas. « Jamais je n’ai perçu la moindre rémunération », s’offusque ainsi François Bricaire. Même credo pour le professeur Eric Caumes : « Toutes mes interventions sont bénévoles, évidemment, je suis plus un lanceur d’alerte, surtout pas un consultant. Moi je suis chef de service, je suis au charbon tous les jours, je me débrouille pour pouvoir aller à la télé dans les moments-clés, mais je bosse sept jours sur sept à l’hôpital, du matin au soir. » Ses collègues le suspectent de préparer un livre sur la crise ? « J’en avais un qui devait sortir, chez Robert Laffont, mais il porte sur la maladie de Lyme, et sa sortie est reportée vu le contexte, balaie-t-il. Faire un livre sur la crise du coronavirus, ça demande du recul. Bien sûr, je prends des notes, je me nourris de mes dialogues avec les gens que je rencontre dans différents univers, mais je ne vais certainement pas faire un livre demain sur ce sujet. »

      Le docteur Kierzek voit les choses autrement. L’urgentiste vient d’écrire Coronavirus, comment se protéger ? (Robert Laffont). « Il fait 100 pages, je l’ai écrit en quarante-huit heures ! s’exclame-t-il. Avec l’éditeur, on l’a mis à un prix dérisoire, 3,50 euros, car ce n’est évidemment pas une affaire d’argent, et l’intégralité de mes droits d’auteur sera reversée à l’Institut Pasteur. Le seul but, c’est d’éviter la propagation de fausses nouvelles. C’est pour ça qu’on a fait le plus vite possible et qu’on l’a déjà mis en vente sur le Net, en espérant pouvoir sortir la version imprimée très bientôt. » On peut compter, encore et toujours, sur le professeur Caumes, pour le mot de la fin : « Le livre de Kierzek ? Ça, c’est de l’opportunisme, je ne le lirai même pas. Ce qu’il faut, c’est de la réflexion, et pour ça, il faut du temps et du recul sur l’épidémie. »

      #coronavirus #France #médecins #télévision

    • Comme un doute (13 01 2022) :
      _ Le monde aurait les preuves que #Raoult a peur d’être coincé et démasqué par le savoir et l’expérience scientifique de Margaux De Frouville ?
      Il y a comme un doute pourtant sur les compétences médicale de madame ….

      #Margaux_de_Frouville  : https://fr.wikipedia.org/wiki/Margaux_de_Frouville

      Diplômée en 2008 d’un master 2 (ex-DESS) en droit propriété littéraire, artistique et industrielle à l’Université Paris II Panthéon-Assas après un M1 en droit privé dans la même faculté.
      Centre de formation des journalistes
      Ensuite, les « Infos générales » de TF1, puis pigiste pour France 5 et BFM TV. Lauréate du Prix Rotary du jeune reporter d’image.

      À la rentrée 2014, la journaliste reprend la spécialisation santé et enchaîne les reportages.
      Elle travaille également en collaboration avec le docteur Alain Ducardonnet, médecin cardiologue et consultant santé.

      #Alain_Ducardonnet (TF1, LCI) https://www.nouvelobs.com/rue89/rue89-nos-vies-connectees/20110202.RUE0647/ces-medecins-journalistes-clients-des-laboratoires.html
      Fait des sessions de formation médicale continue (FMC) pour les laboratoires Menarini, AstraZeneca, Ipsen, Bayer et Novartis. Joint par Rue89, il précise :
      « Dans le cadre du club des cardiologues du sport que j’ai créé, j’interviens pour des formations mises en place par des laboratoires. Ce n’est pas un lien direct, mais un rapprochement.
      Ces cinq laboratoires sont ceux avec lesquels j’ai travaillé au cours de la dernière année. »”

  • Comment ont fait l’#Allemagne et la #Corée_du_Sud pour éviter le cadenassage de la population et par conséquent l’effondrement productif ?

    D’abord ce sont deux pays où le nombre de #lits de soin intensif est très élevé.


    https://www.latribune.fr/economie/france/covid-19-la-france-n-a-que-trois-lits-en-soins-intensifs-pour-1-000-habita

    Probablement parce que les élites françaises (les hauts fonctionnaires, les corps) n’ont aucune #formation_scientifique (merci les Grandes Ecoles), l’#urgence de produire des #tests en masse n’est pas apparue ici. En Allemagne oui :

    https://www.welt.de/vermischtes/article206504969/Coronavirus-Fast-20-000-Infektionen-in-Deutschland.html

    Pendant que la France lisait dans les entrailles de poulet, l’Allemagne pariait sur des tests en grand nombre permettant de conserver l’activité sociale du pays…

    Elle pariait aussi sur la #réquisition d’un palais des congrès pour isoler les malades :
    https://www.berlin.de/special/gesundheit-und-beauty/nachrichten/berlin/6114250-5504681-coronavirus-krankenhaus-auf-messegelaend.html

    A nouveau, on ne peut que constater la pertinence de la politique de prévention opérée et la capacité de production qui va avec, et une recherche qui tourne. Or leur système idéologique est identique.

    La médiocrité du personnel politique et de la haute fonction publique ?

    « L’école, la caste, la tradition, avaient bâti autour d’eux un mur d’ignorance et d’erreur. » (L’Etrange Défaite, Marc Bloch).

    La France paye le vieil héritage technocratique napoléonien qui tient les #élites éloignées de la #science et du #raisonnement.

    https://twitter.com/Gjpvernant/status/1241136586454155264
    #soins_intensifs #système_de_santé #hôpitaux #France #dépistage

    ping @reka @fil @simplicissimus

    • En gardant l’esprit :

      – l’évolution en Allemagne suit apparemment une courbe exponentielle comme ailleurs, mais peut-être avec plusieurs jours de retard. Comme il est difficile de comparer le nombre de cas positifs entre un pays qui teste et un pays qui ne teste presque pas, au moins on peut regarder le nombre de décès :

      I y a eu 68 morts en Allemagne hier, contre 78 en France (et, certes, 108 le jour précédent).

      – aujourd’hui même un article avertissant que le système hospitalier allemand risquait d’être submergé d’ici 10 à 15 jours :

      Germany : The Big Wave of Corona Cases Will Hit Hospitals in 10 to 14 Days
      https://www.spiegel.de/international/germany/the-big-wave-of-corona-cases-will-hit-german-hospitals-in-10-to-14-days-a-45

      The bad news is that large parts of this system are already overwhelmed. Depending on how fast the number of infections increases in the days and weeks to come, we could experience a collapse and failure of the system. And it will be deemed to have failed if people have to die because of a shortage in staff, beds and equipment — and not because this illness is incurable.

      […]

      In recent days, a chief physician from the Rhineland had to admit to a colleague that he only has seven ventilators at his hospital. He said he needs 13 in order to get through a major wave of serious infections.

      And that wave will come - that much is certain. “We expect that things will really heat up in the next two weeks, also here in Germany,” says Axel Fischer, managing director of the München Klinik, a Munich-based chain of hospitals. His hospital treated the first patients infected with the coronavirus in January. He fears the crisis will have a "massive impact.”

      The coronavirus is mercilessly exposing the problems that have been burdening the German health-care system for years: the pitfalls of profit-driven hospital financing. The pressure to cut spending. The chronic shortage of nursing staff. The often poor equipping of public health departments. The lag in digitalization.

      "We are preparing for imminent catastrophe,” says Rudolf Mintrop, head of the Dortmund Klinikum, the city’s main hospital. He calculates that the wave of sick will hit hospitals at full force in 10 to 14 days. The chancellor has warned that German hospitals will be “completely overwhelmed” if too many patients with serious coronavirus infections have to be admitted within a very short period.

    • #Coronavirus : en #Allemagne, le faible taux de mortalité interroge
      https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/21/en-allemagne-le-faible-taux-de-mortalite-interroge_6033957_3244.html

      Dans un premier temps, il est possible que le grand nombre de tests pratiqués ait introduit un biais statistique. Par rapport à l’Italie, où la plupart des personnes détectées positives sont âgées et présentent déjà des problèmes de santé, l’Allemagne compte davantage d’individus plus jeunes et moins vulnérables parmi ceux qui se sont fait tester. En Italie, l’âge moyen des malades est de 63 ans. En Allemagne, il est de 47 ans. Le virus tuant très majoritairement les personnes âgées, le fait qu’il ait été détecté chez nombre de personnes assez jeunes explique pourquoi le taux de létalité enregistré jusqu’à présent outre-Rhin est si faible.

      #paywall

    • Le Financial Times évoque « une anomalie du coronavirus » en Allemagne - Sputnik France
      https://fr.sputniknews.com/sante/202003211043347643-le-financial-times-evoque-une-anomalie-du-coronav

      « C’est difficile à démêler (...) Nous n’avons pas de vraie réponse et c’est probablement une combinaison de différents facteurs », a indiqué Richard Pebody, responsable à l’OMS.

    • En Allemagne, le faible taux de mortalité interroge

      Outre-Rhin, un grand nombre de tests a été pratiqué de manière précoce par rapport au degré d’avancement de l’épidémie.

      Chaque matin, quand l’institut de santé publique Robert-Koch publie les chiffres de l’épidémie de Covid-19 en Allemagne, le constat est à la fois alarmant, rassurant et intrigant. Alarmant car le nombre de malades augmente tous les jours un peu plus vite outre-Rhin. Rassurant car celui des morts y est toujours particulièrement bas. Intrigant car l’écart considérable entre les deux courbes pose la question d’une singularité allemande qui reste en partie énigmatique.

      Avec 13 957 cas de coronavirus répertoriés par l’institut Robert-Koch, l’Allemagne était, vendredi 20 mars, le cinquième pays le plus touché après la Chine, l’Italie, l’Espagne et l’Iran. Avec 31 décès, en revanche, elle restait loin derrière plusieurs autres comptant pourtant moins de personnes détectées, comme la Corée du Sud (8 652 cas, 94 morts) ou le Royaume-Uni (4 014 cas, 177 décès). Le taux de létalité au Covid-19, calculé en divisant le nombre de morts par celui des malades repérés, est actuellement de 0,3 % en Allemagne, contre 3,6 % en France, 4 % en Chine et 8,5 % en Italie.

      Pourquoi un taux si faible ? L’explication tiendrait au grand nombre de tests ainsi qu’à leur précocité par rapport au degré d’avancement de l’épidémie. Selon la Fédération allemande des médecins conventionnés, 35 000 personnes ont été testées dans la semaine du 2 mars, alors qu’aucun mort n’avait encore été répertorié outre-Rhin, et 100 000 pendant la suivante, lors de laquelle ont été enregistrés les premiers décès. A ces chiffres s’ajoutent ceux des tests réalisés dans les hôpitaux et cliniques, qui ne sont pas connus.

      Lors de son point-presse quotidien, mercredi, le président de l’institut Robert-Koch, Lothar Wieler, a annoncé que l’Allemagne pouvait dépister désormais 160 000 personnes par semaine, soit presque autant que celles testées en Italie jusqu’à présent. « Depuis le début, nous avons encouragé les médecins à tester les personnes présentant des symptômes, ce qui nous a permis d’intervenir alors que l’épidémie était encore dans une phase peu avancée en Allemagne », avait expliqué M. Wieler, le 11 mars. Seuls trois décès liés au Covid-19 avaient alors été répertoriés en Allemagne.

      Dans un premier temps, il est possible que le grand nombre de tests pratiqués ait introduit un biais statistique. Par rapport à l’Italie, où la plupart des personnes détectées positives sont âgées et présentent déjà des problèmes de santé, l’Allemagne compte davantage d’individus plus jeunes et moins vulnérables parmi ceux qui se sont fait tester. En Italie, l’âge moyen des malades est de 63 ans. En Allemagne, il est de 47 ans. Le virus tuant très majoritairement les personnes âgées, le fait qu’il ait été détecté chez nombre de personnes assez jeunes explique pourquoi le taux de létalité enregistré jusqu’à présent outre-Rhin est si faible.

      Même s’ils espèrent que cette détection à grande échelle a incité ceux qui se savaient porteurs du virus de s’isoler pour éviter d’en contaminer d’autres, les spécialistes ne se font guère d’illusion dans un pays où les écoles et la plupart des commerces ont été fermés cette semaine mais où la population n’est pas encore confinée, sauf en Bavière et dans la Sarre depuis samedi 21 mars. Or, la vitesse de progression de l’épidémie s’accélère rapidement en Allemagne, où le nombre de cas double tous les deux jours, une croissance qualifiée d’ « exponentielle » par le président de l’institut Robert-Koch.

      « Nous n’allons pas pouvoir augmenter notre capacité en tests aussi vite que l’épidémie progresse, explique Christian Drosten, chef du département de virologie à l’hôpital de la Charité, à Berlin, dans entretien à Die Zeit, paru vendredi. Une partie de ceux qui sont déjà malades vont mourir du Covid-19. Ensuite, puisque nous ne pourrons plus tester tout le monde, nous n’aurons plus tout le monde dans les statistiques. Le taux de létalité va alors augmenter. On aura l’impression que le virus est devenu plus dangereux (...). Cela va seulement refléter ce qui se passe déjà, à savoir que nous passons à côté de plus en plus de cas d’infections. »

      Respirateurs artificiels

      Si les spécialistes s’accordent pour dire que le très faible taux de létalité au Covid-19 va bientôt augmenter en Allemagne, nul ne sait, en revanche, jusqu’où il augmentera. La réponse dépendra de la capacité du système de santé à résister à la vague de nouveaux cas qui s’annonce. Pour cela, l’Allemagne mise d’abord sur ses 28 000 lits de soins intensifs, soit 6 pour 1 000 habitants, ce qui la classe au 3e rang mondial derrière le Japon et la Corée du Sud, très loin devant la France (3,1 pour 1 000, 19e rang) ou l’Italie (2,6 pour 1 000, 24e).

      Le deuxième facteur-clé est le nombre de respirateurs artificiels. Le gouvernement allemand vient d’en commander 10 000 à l’entreprise Dräger, mais ce n’est qu’à la fin de l’année que la plupart seront livrés. Sur ce point, le virologue Christian Drosten, qui s’est imposé comme l’expert de référence sur le Covid-19 grâce à son podcast vidéo quotidien, est plus sceptique.

      S’il salue le plan d’urgence annoncé, mercredi, par le gouvernement, qui prévoit notamment l’installation d’unités de soins intensifs dans des hôtels et des centres de congrès, il craint qu’il n’arrive bien tard alors que l’Allemagne, selon lui, « devra au moins doubler ses capacités pour pouvoir ventiler tous ceux qui en auront besoin .

      @kassem : j’ai trouvé ce texte dans la base de données mise à disposition par mon université... le titre est le même, mais le contenu un peu différent...

    • l’Allemagne mise d’abord sur ses 28 000 lits de soins intensifs, soit 6 pour 1 000 habitants,

      6 pour mille pour 83 millions d’habitants ça fait 498000 lits de soins intensifs.

      « Le Monde » confond lits de soins intensifs (6 pour 1 000 habitants ) et lits de réanimation (28000 lits).

    • L’Allemagne frappe par le nombre plutôt faible de décès liés au Covid-19

      Depuis le début de la crise du nouveau coronavirus, une chose est frappante en Allemagne : le nombre de décès dus à la pandémie est extrêmement bas. Plusieurs explications sont avancées, dont le nombre de tests réalisés.

      Le nombre de cas confirmés de contamination atteint 36’508 jeudi en Allemagne, selon les chiffres annoncés par l’institut Robert-Koch (autorité fédérale de la Santé). Le nombre de morts s’élève désormais à 198 pour une population d’environ 83 millions d’habitants.

      La pandémie progresse donc dans le pays, mais moins qu’ailleurs. Le ministère allemand de la Santé dit qu’il ne faut pas surinterpréter cette situation, mais le phénomène peut s’expliquer par plusieurs facteurs.
      Politique de tests précoce

      En premier lieu, l’Allemagne teste beaucoup de monde. Avec désormais 500’000 tests par semaine, c’est le deuxième pays derrière la Corée du Sud à pratiquer cette politique. Et Berlin l’a fait très tôt dans l’épidémie, ce qui a permis d’imposer plus de quarantaines, donc de barrières au virus.

      Une deuxième explication avancée est liée aux capacités d’accueil dans les hôpitaux : il y a plus de lits en soins intensifs avec assistance respiratoire qu’en France ou en Italie, et le système sanitaire n’est pas encore débordé. Tous les patients peuvent donc être correctement soignés.

      Troisième facteur qui semble jouer un rôle : les personnes atteintes sont en majorité des jeunes entre 20 et 50 ans. Il y a eu un nombre important de contaminations en février dans les régions de ski, en Autriche et dans le nord de l’Italie où vont beaucoup d’Allemands. Cela concernait donc des gens plutôt jeunes et en bonne santé, qui ont sans doute mieux résisté au virus.
      Juste un calendrier décalé ?

      Mais tout cela ne fait pas pour autant de l’Allemagne une exception. Le calendrier de l’épidémie a quelques jours de retard par rapport à la Suisse, l’Italie, l’Espagne et même la France. La vague se prépare ici aussi. Il y a également beaucoup de personnes âgées en Allemagne qui risquent d’être touchées dans les semaines qui viennent. Donc la situation pourrait bien s’aggraver.

      https://www.rts.ch/info/monde/11197940-lallemagne-frappe-par-le-nombre-plutot-faible-de-deces-lies-au-covid19.

    • A German Exception? Why the Country’s Coronavirus Death Rate Is Low

      The pandemic has hit Germany hard, with more than 92,000 people infected. But the percentage of fatal cases has been remarkably low compared to those in many neighboring countries.

      They call them corona taxis: Medics outfitted in protective gear, driving around the empty streets of Heidelberg to check on patients who are at home, five or six days into being sick with the coronavirus.

      They take a blood test, looking for signs that a patient is about to go into a steep decline. They might suggest hospitalization, even to a patient who has only mild symptoms; the chances of surviving that decline are vastly improved by being in a hospital when it begins.

      “There is this tipping point at the end of the first week,” said Prof. Hans-Georg Kräusslich, the head of virology at University Hospital in Heidelberg, one of Germany’s leading research hospitals. “If you are a person whose lungs might fail, that’s when you will start deteriorating.”

      Heidelberg’s corona taxis are only one initiative in one city. But they illustrate a level of engagement and a commitment of public resources in fighting the epidemic that help explain one of the most intriguing puzzles of the pandemic: Why is Germany’s death rate so low?

      The virus and the resulting disease, Covid-19, have hit Germany with force: According to Johns Hopkins University, the country had more than 92,000 laboratory-confirmed infections as of midday Saturday, more than any other country except the United States, Italy and Spain.

      But with 1,295 deaths, Germany’s fatality rate stood at 1.4 percent, compared with 12 percent in Italy, around 10 percent in Spain, France and Britain, 4 percent in China and 2.5 percent in the United States. Even South Korea, a model of flattening the curve, has a higher fatality rate, 1.7 percent.

      “There has been talk of a German anomaly,” said Hendrik Streeck, director of the Institute of virology at the University Hospital Bonn. Professor Streeck has been getting calls from colleagues in the United States and elsewhere.

      “‘What are you doing differently?’ they ask me,” he said. “‘Why is your death rate so low?’”

      There are several answers experts say, a mix of statistical distortions and very real differences in how the country has taken on the epidemic.

      The average age of those infected is lower in Germany than in many other countries. Many of the early patients caught the virus in Austrian and Italian ski resorts and were relatively young and healthy, Professor Kräusslich said.

      “It started as an epidemic of skiers,” he said.

      As infections have spread, more older people have been hit and the death rate, only 0.2 percent two weeks ago, has risen, too. But the average age of contracting the disease remains relatively low, at 49. In France, it is 62.5 and in Italy 62, according to their latest national reports.

      Another explanation for the low fatality rate is that Germany has been testing far more people than most nations. That means it catches more people with few or no symptoms, increasing the number of known cases, but not the number of fatalities.

      “That automatically lowers the death rate on paper,” said Professor Kräusslich.

      But there are also significant medical factors that have kept the number of deaths in Germany relatively low, epidemiologists and virologists say, chief among them early and widespread testing and treatment, plenty of intensive care beds and a trusted government whose social distancing guidelines are widely observed.

      Testing

      In mid-January, long before most Germans had given the virus much thought, Charité hospital in Berlin had already developed a test and posted the formula online.

      By the time Germany recorded its first case of Covid-19 in February, laboratories across the country had built up a stock of test kits.

      “The reason why we in Germany have so few deaths at the moment compared to the number of infected can be largely explained by the fact that we are doing an extremely large number of lab diagnoses,” said Dr. Christian Drosten, chief virologist at Charité, whose team developed the first test.

      By now, Germany is conducting around 350,000 coronavirus tests a week, far more than any other European country. Early and widespread testing has allowed the authorities to slow the spread of the pandemic by isolating known cases while they are infectious. It has also enabled lifesaving treatment to be administered in a more timely way.

      “When I have an early diagnosis and can treat patients early — for example put them on a ventilator before they deteriorate — the chance of survival is much higher,” Professor Kräusslich said.

      Medical staff, at particular risk of contracting and spreading the virus, are regularly tested. To streamline the procedure, some hospitals have started doing block tests, using the swabs of 10 employees, and following up with individual tests only if there is a positive result.

      At the end of April, health authorities also plan to roll out a large-scale antibody study, testing random samples of 100,000 people across Germany every week to gauge where immunity is building up.

      One key to ensuring broad-based testing is that patients pay nothing for it, said Professor Streeck. This, he said, was one notable difference with the United States in the first several weeks of the outbreak. The coronavirus relief bill passed by Congress last month does provide for free testing.

      “A young person with no health insurance and an itchy throat is unlikely to go to the doctor and therefore risks infecting more people,” he said.

      Tracking

      On a Friday in late February, Professor Streeck received news that for the first time, a patient at his hospital in Bonn had tested positive for the coronavirus: A 22-year-old man who had no symptoms but whose employer — a school — had asked him to take a test after learning that he had taken part in a carnival event where someone else had tested positive.

      In most countries, including the United States, testing is largely limited to the sickest patients, so the man probably would have been refused a test.

      Not in Germany. As soon as the test results were in, the school was shut, and all children and staff were ordered to stay at home with their families for two weeks. Some 235 people were tested.

      “Testing and tracking is the strategy that was successful in South Korea and we have tried to learn from that,” Professor Streeck said.

      Germany also learned from getting it wrong early on: The strategy of contact tracing should have been used even more aggressively, he said.

      All those who had returned to Germany from Ischgl, an Austrian ski resort that had an outbreak, for example, should have been tracked down and tested, Professor Streeck said.

      A Robust Public Health Care System

      Before the coronavirus pandemic swept across Germany, University Hospital in Giessen had 173 intensive care beds equipped with ventilators. In recent weeks, the hospital scrambled to create an additional 40 beds and increased the staff that was on standby to work in intensive care by as much as 50 percent.

      “We have so much capacity now we are accepting patients from Italy, Spain and France,” said Prof. Susanne Herold, the head of infectiology and a lung specialist at the hospital who has overseen the restructuring. “We are very strong in the intensive care area.”

      All across Germany, hospitals have expanded their intensive care capacities. And they started from a high level. In January, Germany had some 28,000 intensive care beds equipped with ventilators, or 34 per 100,000 people. By comparison, that rate is 12 in Italy and 7 in the Netherlands.

      By now, there are 40,000 intensive care beds available in Germany.

      Some experts are cautiously optimistic that social distancing measures might be flattening the curve enough for Germany’s health care system to weather the pandemic without producing a scarcity of lifesaving equipment like ventilators.

      “It is important that we have guidelines for doctors on how to practice triage between patients if they have to,” Professor Streeck said. “But I hope we will never need to use them.”

      The time it takes for the number of infections to double has slowed to about eight days. If it slows a little more, to between 12 and 14 days, Professor Herold said, the models suggest that triage could be avoided.

      “The curve is beginning to flatten,” she said.

      Trust in Government

      Beyond mass testing and the preparedness of the health care system, many also see Chancellor Angela Merkel’s leadership as one reason the fatality rate has been kept low.

      Ms. Merkel has communicated clearly, calmly and regularly throughout the crisis, as she imposed ever-stricter social distancing measures on the country. The restrictions, which have been crucial to slowing the spread of the pandemic, met with little political opposition and are broadly followed.

      The chancellor’s approval ratings have soared.

      “Maybe our biggest strength in Germany,” said Professor Kräusslich, “is the rational decision-making at the highest level of government combined with the trust the government enjoys in the population.”

      https://www.nytimes.com/2020/04/04/world/europe/germany-coronavirus-death-rate.html?action=click&module=Top%20Stories&pgtyp

      via @fil

  • Coronavirus : la mission impossible de Jérôme Salomon, directeur général de la santé
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/03/20/coronavirus-la-mission-impossible-de-jerome-salomon-directeur-general-de-la-

    Dès 2016, l’actuel directeur général de la santé s’inquiétait des insuffisances du système de santé français. Confronté aujourd’hui à la pandémie causée par le coronavirus, il se voit obligé de les justifier.

    Après Buzyn, encore un portrait de « bon petit soldat du macronisme » qui craque, entre son devoir de médecin et celui de porter le chapeau et avaler les couleuvres de son chef.

    #in_retrospect

    • Drôle de collision dans l’actualité : les chercheurs mobilisés contre le projet de loi de programmation pour la recherche devaient inaugurer ce lundi une « semaine noire », durant laquelle ils entendaient mettre « l’université et la recherche à l’arrêt ». Ces dernières seront effectivement à l’arrêt, mais pour cause de coronavirus tout comme le reste de l’économie et de la société. Ironie supplémentaire, certains de ces chercheurs se battent parfois depuis plus d’une décennie pour obtenir des moyens dans la durée pour la recherche sur… les coronavirus, comme le raconte Bruno Canard, directeur de recherche CNRS à Aix-Marseille, dans un coup de gueule désabusé.

      Une coïncidence révélatrice des défaillances du système de financement et de gouvernance du monde de la recherche, dont les bases ont été refondées il y a quinze ans. L’exécutif entendait cependant en renforcer encore la logique à travers la future loi de programmation, qui devait être présentée en conseil des ministres en avril. Antoine Petit, le PDG du CNRS, n’a pas hésité à appeler de ses vœux « une loi ambitieuse, inégalitaire – oui, inégalitaire, une loi vertueuse et darwinienne, qui encourage les scientifiques, équipes, laboratoires, établissements les plus performants à l’échelle internationale ».

      Les chercheurs rejettent l’esprit inégalitaire et darwinien du projet du gouvernement

      Cet « esprit inégalitaire » et « darwinien », c’est précisément ce dont ne veulent plus les chercheurs mobilisés contre le projet du gouvernement. Ils craignent un renforcement de « la mise en concurrence généralisée des établissements, des unités de recherche, des disciplines et des personnels, alors même que nous savons à quel point celle-ci est contre-productive, réduisant le partage et la coopération et accroissant considérablement les risques de fraude ou de dérive éthique », comme l’écrivaient les 800 chercheurs et universitaires signataires de la tribune publiée dans les colonnes du journal Le Monde, qui menacent de démissionner de leurs fonctions administratives si le gouvernement ne retire pas son projet.

      L’instrument de cette compétition exacerbée entre équipes de recherche, c’est l’Agence nationale de la recherche (ANR), créée en 2005 dans le cadre de la précédente grande loi sur la recherche. Sa mission : mettre en œuvre un financement de la recherche par projets, là où prédominait uniquement jusqu’ici une logique de financement par structures. L’objectif du gouvernement était alors de redynamiser le paysage hexagonal de la recherche dominé par des grands organismes comme le CNRS ou l’Inserm, qu’il jugeait inertes et irréformables.

      Logique « top-down »

      L’ANR a cependant très vite buté sur deux écueils. D’abord un défaut de conception. Comme l’expliquait à l’époque l’économiste Elie Cohen, la structure qui a inspiré sa création, la National Science Foundation (NSF) aux Etats-Unis, consacre l’essentiel de son budget colossal (8 milliards de dollars en 2020) à la recherche fondamentale selon un processus « bottom-up », c’est-à-dire à partir de projets remontant du terrain. A l’inverse, « l’ANR est une agence de moyens pour financer de la recherche finalisée, motivée par des enjeux socio-économiques à partir d’une logique top-down [c’est-à-dire descendante, selon des programmes définis, NDLR] », analysait Elie Cohen. Or, les grandes innovations ou les grandes percées scientifiques – comme la lutte contre les maladies – naissent souvent de la recherche fondamentale. D’où l’épithète de « libérale-bureaucratique » accrochée alors à la réforme de 2005 par ses détracteurs.

      « La science ne marche pas dans l’urgence et la réponse immédiate »

      Une logique incompatible avec la lutte contre les épidémies comme le coronavirus, observe le chercheur Bruno Canard, qui rappelle pourquoi les programmes de recherche fondamentale au long cours sont indispensables : « Cette recherche est incertaine, les résultats non planifiables, et elle prend beaucoup de temps, d’énergie, de patience. C’est une recherche fondamentale patiemment validée, sur des programmes de long terme, qui peuvent éventuellement avoir des débouchés thérapeutiques. Elle est aussi indépendante : c’est le meilleur vaccin contre un scandale Mediator-bis. » Et d’observer qu’à chaque fois qu’un virus émerge, on demande aux chercheurs de se mobiliser alors que « la science ne marche pas dans l’urgence et la réponse immédiate ».

      L’autre écueil sur lequel a buté l’ANR depuis sa fondation a été son manque de moyens. Lors de son lancement en 2005, elle s’était vu promettre par le gouvernement que son budget monterait progressivement en puissance pour atteindre 1,3 milliard d’euros en 2010. Las ! Celui-ci a plafonné à 858 millions d’euros en 2008, comme le rappellent les sénateurs Philippe Adnot et Jean-François Rapin dans leur rapport sur le projet de loi de finances pour 2020. Soit un maximum de 650 millions d’euros de crédits alloués aux projets de recherche. Ceux-ci ont ensuite diminué année après année jusqu’en 2015, avant de se redresser légèrement.

      Des taux d’échec démotivants

      Cette pénurie d’argent public, conjuguée à l’essor du nombre de dossiers présentés, a provoqué une chute du taux de succès des appels à projets : en 2018, seuls 16,2 % des projets présentés à l’ANR ont été retenus par elle pour faire l’objet d’un financement. « Avec un taux d’échec de 85 % des projets présentés, le rapport entre les charges administratives incompressibles et les financements espérés demeure très défavorable, entraînant une démotivation bien légitime des équipes scientifiques », concluent les deux sénateurs.

      Avec de tels résultats, la France fait figure de lanterne rouge en Europe. Le taux de succès sur appel à projets affiché par l’ANR « demeure très en deçà du taux de sélection pratiqué chez nos principaux partenaires européens, qui varie de 40 % pour le Fonds national suisse (FNS) à 35 % pour la Fondation allemande pour la recherche (DFG), la moyenne européenne se situant à 24 % », soulignent-ils encore. Avant d’ajouter : « Pour parvenir à un taux de succès comparable, l’ANR devrait bénéficier, a minima, d’un budget global d’un milliard d’euros. » Redonner de véritables moyens dans la durée à la recherche fondamentale dans les laboratoires publics, voilà qui inaugurerait d’une véritable « rupture », telle qu’annoncée par le président de la République dans son allocation jeudi dernier.

      #gâchis

    • Coronavirus : « La majorité des projets qu’on avait sur le virus étaient en stand-by » faute de financement, explique un scientifique

      Le monde de la recherche est appelé à la grève jeudi contre la future loi de programmation pluriannuelle, en cours de finalisation par le gouvernement.

      Ce qui pose problème dans les laboratoires, c’est que nous avons des charges croissantes de travail, qui consistent à écrire des projets très faiblement financés", a dénoncé jeudi 5 mars sur franceinfo le microbiologiste Etienne Decroly, directeur de recherche au CNRS, alors que le monde de la recherche est appelé à la grève ce jeudi contre la future loi de programmation pluriannuelle, en cours de finalisation par le gouvernement.

      Le laboratoire d’Etienne Decroly, « Architecture et fonction des macromolécules biologiques », basé à Marseille, travaille sur le coronavirus depuis l’épidémie du Sras en 2003. « Mais la majorité des projets qu’on avait sur ce virus étaient en stand-by, en partie à cause de problèmes de financement », a-t-il regretté. « Une société moderne doit assumer le fait qu’on cherche dans différentes directions, sans savoir pour autant, au préalable, quelles vont être et d’où vont venir les avancées majeures », a souligné Etienne Decroly.

      franceinfo : Travaillez-vous toujours sur le coronavirus aujourd’hui ?

      Etienne Decroly : On retravaille sur le coronavirus, à la suite de l’émergence [en Chine]. Mais la majorité des projets qu’on avait sur ce virus étaient en stand-by, en partie à cause de problèmes de financement et de difficultés à renouveler les contrats de recherches pour financer ce genre d’activités. Nous avions été obligés de « shifter » une partie des projets de recherches vers des projets qui étaient financés. On n’avait donc pas complètement arrêté nos recherches, mais elles avaient été largement diminuées, et donc forcément, ces projets tournaient au ralenti.

      Que demandez-vous au gouvernement qui est en train de finaliser la nouvelle loi de programmation pour la recherche ?

      Ce qui pose problème dans les laboratoires, c’est que nous avons des charges croissantes de travail, qui consistent à écrire des projets très faiblement financés. Pour nous, ce qui est important pour pouvoir être efficaces, c’est de pouvoir consacrer du temps à la recherche d’une part et d’avoir des financements suffisants, d’autre part, pour qu’on ait du personnel statutaire qui puisse se remobiliser rapidement sur des nouveaux sujets de recherches, afin de pouvoir mieux répondre aux crises comme celle qui apparaît maintenant.

      Les autorités de santé doivent, selon vous, s’inscrire dans des processus plus longs et ne pas réagir uniquement en cas de crise, comme avec le nouveau coronavirus ?

      C’est normal qu’on réagisse quand il y a une épidémie. Mais je crois qu’il ne faut pas oublier que les processus de recherches sont des processus lents, dont on ne peut pas prédire initialement quels sont les sujets qui vont émerger. Et donc, une société moderne doit assumer le fait qu’on cherche dans différentes directions, sans savoir pour autant, au préalable, quelles vont être et d’où vont venir les avancées majeures.

      https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/coronavirus-la-majorite-des-projets-qu-on-avait-sur-le-virus-etaient-en

    • #5_milliards : des effets d’annonce mais toujours pas de moyens pour la recherche !

      Les effets d’annonce d’Emmanuel Macron en pleine crise du coronavirus renforcent notre colère et notre détermination : nous voulons des moyens et des postes pour produire une recherche de qualité maintenant !

      Emmanuel Macron, qui n’a de cesse de scandaliser les soignant∙es et les chercheur∙ses mobilisé∙es depuis le début de la crise du #COVID-19, ajoute l’#ignominie à l’#indécence. Il promet ainsi, à l’occasion d’une visite à l’Institut Pasteur, une « hausse du budget de la recherche à hauteur de cinq milliards d’euros sur dix ans » – ce qui, ramené au budget du Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI), représente 2% d’augmentation par an. Les 400 millions promis par Frédérique Vidal dès 2021, sont en dessous des 700 millions d’augmentation en 2018 et des 850 millions en 2019. Ces 5 milliards sont donc au mieux équivalent à l’investissement des 10 dernières années qui nous ont amenés à cette situation catastrophique.

      « La crise du COVID-19 nous rappelle le caractère vital de la recherche scientifique et la nécessité d’investir massivement sur le long terme. J’ai décidé d’augmenter de 5 milliards d’euros notre #effort_de-recherche, effort inédit depuis la période d’après-guerre », tweete-t-il le jeudi 19 mars (https://twitter.com/EmmanuelMacron/status/1240655308604739584).

      Nous supposons que la France est la seule nation qui ait besoin du COVID-19 pour « connaître le caractère vital de la recherche scientifique » et savoir qu’il fallait donner aux équipes de recherches des emplois permanents et des moyens pour travailler. Cet effort est promis depuis 2000 (stratégie de Lisbonne) et demandé depuis tout aussi longtemps par les Universités et les établissements publics de recherche (EPST). Nous aimerions que le Président ne se prévale pas de l’après-guerre, qui a connu la réorganisation du CNRS créé par Jean Zay en 1939, et encore moins d’un « #effort_inédit », lui qui a contribué depuis qu’il a été Ministre de l’économie et des finances à détruire l’#emploi_scientifique_permanent, en multipliant les #contrats_précaires.

      Aujourd’hui, alors que l’ensemble des instances représentatives de la recherche publique demande la création massive de postes titulaires et l’augmentation des financements récurrents aux laboratoires, Emmanuel Macron répond par des postes précaires et des #investissements_fléchés par #appels_à_projet #ANR. Alors que les Universités et la recherche, mobilisées depuis le 5 décembre et à l’arrêt le 5 mars, réclament des moyens de fonctionner décemment, comme nous l’exprimions dans notre motion (https://universiteouverte.org/2020/03/07/motion-de-la-deuxieme-coordination-nationale-des-facs-et-labos-en) issue de la deuxième coordination nationale des facs et labos en lutte qui a réuni 500 universitaires représentant 10 000 personnes mobilisées de toute la France, Emmanuel Macron nous répond avec encore plus de #mépris et nous distribue des miettes pourtant déjà prévues depuis longtemps.

      Jusqu’à présent, cette politique austéritaire ne semblait toucher que les étudiant·es les moins doté·es et les travailleur·ses de l’enseignement supérieur et de la recherche pressurisé·es et précarisé·es dramatiquement. Ce que met en lumière la crise du COVID-19, c’est que cette politique austéritaire est mortelle pour l’ensemble de la population. Faute de moyens donnés aux chercheur·ses pour faire de la recherche, nous sommes privé·es d’une des « armes » les plus efficaces de la « guerre » revendiquée par Emmanuel Macron : celle des résultats scientifiques de qualité permettant de résoudre les crises majeures.

      Emmanuel Macron et Frédérique Vidal feraient mieux d’écouter #Bruno_Canard, directeur de recherche CNRS à Aix-Marseille et spécialiste des coronavirus au CNRS, qui dénonce très exactement la méthode et les logiques dans lesquelles ce gouvernement s’enferre, en qualifiant de « #hold-up » l’#assèchement des financements pérennes au profit de l’ANR et du #Crédit_Impôt_Recherche. Nous réclamons, pour arriver à l’objectif minimal de 1% du PIB dédié à la recherche publique, 10 milliards, immédiatement et dans les trois années à venir, sous forme de titularisations de chercheur·ses précaires, de créations de postes et d’augmentation des crédits aux laboratoires publics.

      Avec cette déclaration d’Emmanuel Macron, nous sommes donc très loin des besoins réels de la recherche publique. Le plus insupportable serait de penser que la hausse de budget promise n’aille pas totalement à la recherche, mais bien plutôt à l’#optimisation_fiscale_privée. Depuis plusieurs années, sur le budget du MESRI, figurent 6,5 milliards de Crédit Impôt Recherche (#CIR), utilisés quasi exclusivement pour de l’#optimisation_fiscale, qui représente un quart du budget de l’enseignement supérieur et recherche et deux fois le budget du CNRS. Nous demandons donc sa suppression.

      Cette suppression du CIR permettra de dépenser utilement et immédiatement ce budget pour les acteurs en première ligne sur le front de la lutte contre l’épidémie et qui en ont cruellement besoin : les patient∙es, les soignant∙es et les personnels de la recherche. Maintenant.

      https://universiteouverte.org/2020/03/19/5-milliards-des-effets-dannonce-mais-toujours-pas-de-moyens-pour-
      #ESR

    • #LPPR/ Des annonces en trompe-l’œil bien loin de la réalité de l’enseignement supérieur et de la recherche

      Le Président de la République vient d’annoncer, le 19 mars 2020, une augmentation du budget de la recherche de 5 Md€ sur dix ans représentant à ses yeux « un #effort_inédit » depuis 1945. Cette annonce faite en plein cœur d’une crise sanitaire majeure qui met les établissements face à une situation très tendue, notamment du point de vue de la protection des personnels et usagers et de la continuité du service public de l’ESR, pose de nombreuses questions.

      Pour l’année budgétaire à venir, cela représenterait une augmentation de 400 millions d’euros a quant à elle précisé Frédérique Vidal.

      Contrairement aux apparences, ces annonces ne font que reprendre certains engagements et sont loin de répondre aux besoins urgents que nous exprimons maintenant depuis des mois. Le financement public de l’ESR nécessite un investissement de 3 milliards d’€/an pendant 10 ans pour atteindre l’objectif de 1 % du PIB pour la recherche publique et 2 % du PIB pour l’enseignement supérieur. Nous sommes loin du compte.

      Par ailleurs, ces annonces posent des problèmes de fond :

      1/ la conversion récente du Président de la République et de son gouvernement à la défense du service public ne nous fait pas oublier les attaques multiples concernant la fonction publique contenues dans les rapports préparatoires au projet de LPPR et au-delà dans la loi de transformation de la fonction publique d’août 2019. Le SNESUP-FSU rappelle son attachement à un service public de l’ESR au service de l’intérêt général et qui permette l’accès et la réussite de tou·tes les étudiant·es ;

      2/ le sursaut annoncé repose essentiellement dans un premier temps sur une augmentation du budget de l’#ANR. Il ne mettra pas fin aux limites intrinsèques de la recherche sur projet dénoncées par la plupart de la communauté scientifique. Que la recherche publique sur les coronavirus ait été délaissée du fait des mécanismes de concurrence induits par la recherche sur projet devrait pourtant nous alerter sur les dysfonctionnements graves de notre système de recherche. Débloquer des fonds en urgence pour la recherche en « santé globale » et seulement à cause de l’urgence témoigne d’une incompréhension totale de la temporalité propre à la recherche scientifique fondamentale. Faudra-t-il attendre d’autres crises (environnementale, énergétique, alimentaire, sociale, démocratique, etc.) pour que d’autres champs de connaissance bénéficient des fonds nécessaires pour mener leurs recherches ?

      Le SNESUP-FSU réaffirme la nécessité d’un financement pluriannuel reposant sur une augmentation significative des crédits de base de tous les laboratoires et non sur la généralisation des appels à projets ;

      3/ l’urgence d’un plan massif d’emploi scientifique reste complètement absente des propositions alors qu’elle est au cœur des revendications de la communauté universitaire. 6000 emplois par an sur 10 ans, toutes catégories confondues, sont nécessaires pour mettre fin d’urgence à la politique de précarisation et le recours massif aux vacataires.

      Face à la crise actuelle, la responsabilité de toutes et de tous est engagée. La nôtre, mais également celle du ministère qui ne peut se contenter d’annonces en trompe-l’œil. Nous attendons bien mieux.

      https://www.snesup.fr/article/lppr-des-annonces-en-trompe-loeil-bien-loin-de-la-realite-de-lenseignement-su

    • Recherche : la rupture selon E. Macron, c’est de ne rien changer

      En pleine crise épidémique, c’est avec un aplomb consternant tant il est déplacé, qu’Emmanuel Macron et le gouvernement ont annoncé des mesures concernant la recherche et l’enseignement supérieur, présentées comme d’une ampleur rare. Pendant la crise, l’enfumage continue. Décryptage d’un virage... à 360 degrés.

      Le 19 mars, à l’occasion d’une visite à l’Institut Pasteur à Paris, E. Macron a déclaré « J’ai décidé d’augmenter de 5 milliards d’euros notre effort de recherche, effort inédit depuis la période de l’après-guerre ». Bien sûr, il est absolument pathétique de constater qu’il a fallu ce genre de crise pour qu’enfin nos dirigeants comprennent, ou feignent de comprendre, « le caractère vital de la recherche scientifique et la nécessité d’investir massivement pour le long terme » (un autre élément de la déclaration d’E. Macron).

      Diriger, a fortiori diriger un pays, c’est prévoir, pas prendre des mesures quand on est déjà dans le mur. En complément de cette annonce, la ministre de la Recherche Frédérique #Vidal, également présente, a expliqué que le « #réinvestissement massif de 5 milliards d’euros allait s’ajouter aux 15 milliards d’euros déjà prévus, ce qui « fait une augmentation de 25% ». L’Elysée a précisé que cet effort se fera sur dix ans dans le cadre de la loi de programmation pluriannuelle sur la recherche (« #LPPR ») en cours de préparation et qu’il « se traduira notamment par une nouvelle augmentation du budget de l’Agence nationale de la recherche (ANR, un milliard d’euros supplémentaires, NDLR), une revalorisation substantielle des carrières, la création de nouvelles chaires de #professeurs_juniors et une amélioration de l’#efficacité de notre système de recherche ».

      Voilà les annonces. Alors on hésite entre le « Ouah ! » devant l’« ampleur » des sommes annoncées, le « Aïe ! » au rappel de cette fichue LPPR qui est toujours dans les tuyaux, et le « Euh… » ne s’agirait-il pas d’une opération de communication, au timing particulièrement cynique, et ne seraient-ils pas en train de nous enfumer ? Alors essayons d’y voir plus clair.

      Concernant les sommes tout d’abord. Commençons par rappeler, une fois encore, les engagements européens de la France (depuis le Conseil européen de Barcelone en mars 2002) impliquant notamment que le pays devait consacrer 1% de son PIB à la recherche publique. Notons au passage que cet engagement européen a été maintes fois répété par les gouvernements qui se sont succédés depuis et que le budget de la recherche publique française continue cependant de stagner entre 0.75 et 0.80% du PIB. Comme quoi, les promesses n’engagent que ceux qui y croient, un point sur lequel nous reviendrons.

      Pour que notre pays tienne, enfin !, ses engagement pris à Barcelone, il faudrait par exemple qu’il augmente par paliers ses dépenses publiques de recherche de 2 milliards d’euros par an pendant 3 ans (voir p. 18), donc, par rapport au budget actuel, +2 milliards l’an prochain, + 4 milliards l’année suivante, et + 6 milliards ensuite. Sur la période de 10 ans évoquée par les annonces récentes, cela représente donc 54 milliards d’euros. Aux contribuables qui seraient effrayés par ces sommes, rappelons que, sur 10 ans, ce ne sont pas moins de 60 à 70 milliards d’euros qui sont offerts aux entreprises par le biais du Crédit Impôt Recherche (CIR), dont l’inefficacité a pourtant été dénoncée par tous depuis longtemps (y compris la cours des comptes), et qui ne nous permet même pas aujourd’hui en retour d’avoir en quantité suffisante les médicaments dont nous aurions besoin (fabriquer en Asie, c’est moins cher ; il ne faudrait surtout pas que le CIR serve à maintenir l’emploi scientifique privé en France, ça ferait baisser les dividendes des actionnaires). Conclusion, même si les intentions ostentatoirement arborées pourraient paraitre bonnes, le compte n’y est pas, loin de là (et, à nouveau, nous reviendrons sur cette notion d’intention).

      Comment ensuite interpréter ce chiffre de 5 milliards ?

      La communication est malheureusement bien floue, ou au contraire très maitrisée dans ce flou, et il est difficile de s’y retrouver. 5 milliards, qui s’ajoutent aux 15 initialement prévus, ce qui fait une augmentation de 25%, le tout sur 10 ans. Triturez-vous les neurones dans tous les sens, rien ne colle. Quand on dit qu’on passe de 15 à 20 milliards, cela fait une augmentation de 33.3%, pas de 25%, mais ça, passe encore, F. Vidal nous a habitués à sa perception très personnelle de l’arithmétique. Quand on me dit que l’on va ajouter 5 milliards aux 15 initialement prévus, je comprends que le budget 2021 de l’ESR sera de 20 milliards d’euros. Si cela était +5 milliards dès l’an prochain et pendant 10 ans, ceci serait, pour le coup, environ ce qu’il manque pour tenir nos engagements de Lisbonne.

      Mais en sortant d’une crise comme celle que nous vivons, on peut raisonnablement supposer qu’il ne s’agit pas de cela. On peut aussi comprendre qu’il va y avoir 5 milliards de plus, en tout, et répartis sur 10 ans, soit 500 millions d’euros de plus par an en moyenne. Si c’est cela, c’est dérisoire au regard des besoins, mais aussi au regard de la crise, et au passage, c’est l’augmentation qui a déjà eu lieu cette année (et voir plus bas ce que cela veut vraiment dire). Mais il semblerait, tel que semble le comprendre la majorité des gens, que ce qui nous est dit, c’est que le budget de la recherche finira, dans 10 ans, par être de 5 milliards de plus par an qu’aujourd’hui. Si tel est le cas, nous sommes donc très loin des 54 milliards d’euros qu’il faudrait dépenser d’ici là pour avoir une recherche publique financée à hauteur de 1% du PIB, surtout lorsque l’on aura pris en compte 10 ans d’inflations et de GVT (cf plus bas).

      Passons maintenant à la « stratégie ». Dans la complète logique de ce qui avait déjà été évoqué concernant la LPPR, un renforcement majeur du financement de l’ANR (un milliard !) est annoncé. C’est absolument contraire à ce qu’attend la majorité des chercheurs, comme exprimé par le Comité National de la Recherche Scientifique, les sociétés savantes, ou encore le rapport à l’Assemblée National de la commission présidée par Amélie de Montchalin et Patrick Hetzel (la question 5, presque à la fin) qui montre que 2% (!) seulement des chercheurs interrogés souhaitent accorder une priorité au financement sur projet alors que 75% souhaitent accorder la priorité au financement récurrent.

      Dans son avis du 24 février dernier, à propos de la préparation de la LPPR, le Comité d’Ethique du CNRS (COMETS) rappelle qu’un « équilibre entre ressources récurrentes et contractuelles est nécessaire pour garantir l’indépendance des chercheurs, stimuler la découverte de nouveaux objets d’étude et favoriser la recherche fondamentale sur le long terme » et que « La domination de priorités thématiques dans le financement de la recherche a des conséquences négatives sur la diversité et la créativité de la production scientifique ». Rappelons que cette domination des #priorités_thématiques est un travers inhérent à la logique d’appel à projet, tout comme bien sûr la logique de #compétition . Qu’en pense le COMETS ? : « L’instauration de la compétition comme dynamique de la recherche est propice au développement de méconduites et fraudes telles que le plagiat et la falsification des résultats. Par ailleurs, la pression s’exerçant sur le chercheur peut générer diverses formes de harcèlement ».

      Un autre point cité de la stratégie, là aussi déjà présenté par ailleurs, est la création de nouvelles chaires de professeurs juniors, dont les modalités restent nébuleuses sauf sur un point évident qui est l’iniquité que ces postes créeraient. L’idée de ces postes est d’attirer des « #stars ». Or, voici ce que nous en dit le COMETS : « L’incitation au recrutement et à l’évaluation des personnels principalement selon des critères bibliométriques ne garantit pas le développement d’une recherche de qualité, pas plus que l’embauche de « stars » selon ces mêmes critères ».

      Quant à l’amélioration de l’efficacité de notre système de recherche, comment peut-on imaginer qu’il sera changé autrement que dans la logique à l’œuvre depuis une vingtaine d’années, les mêmes conseillers, la même idéologie, s’exprimant toujours au sein du ministère ? On ira encore un peu plus loin dans une logique qui a en fait détérioré l’efficacité de notre système de recherche par deux principaux facteurs : la complexification au motif de la simplification, et la pénurie extrême de personnel pérenne, comme expliqué ici.

      Pour autant, malgré ce décryptage, n’est-il pas déplacé de minauder ainsi sur des « « « détails » » » alors que l’on nous annonce une augmentation de budget ? Méfions-nous des effets d’annonce. En début d’année, le ministère plastronnait tel Tartarin, en annonçant un budget 2020 de 25,49 milliards d’euros avec une « hausse de + 500 millions d’euros par rapport à l’an passé représentant 10 % de la hausse du budget de l’État entre 2019 et 2020 ». Mais en janvier 2020, il y avait une inflation à 1.5% sur un an. Tenant compte de cette inflation, le budget 2019, reconduit en euros constant en 2020, aurait donc été de 25.36 milliards. L’augmentation réelle en euros constants n’était donc que de 125 millions d’euros environ. Or, il faut aussi tenir compte de ce que l’on appelle le GVT (Glissement Vieillesse Technicité), lié à la progression des rémunérations des personnels au cours de leur carrière. Au CNRS, le GVT est d’environ 25 millions d’euros par an. Comme le budget du CNRS représente environ 10% du budget du MESRI, on peut estimer à 250 millions d’euros le GVT pour l’ensemble de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR).

      Ainsi, entre 2019 et 2020, malgré l’annonce d’une augmentation de 500 millions, il y a donc eu 125 millions d’euros en moins pour faire de la recherche. Certes, d’autres ministères n’ont pas eu l’heur d’une telle augmentation ; au pays des aveugles, les borgnes sont rois. Alors, quand, nouvelle tartarinade, on annonce une « première marche de 400 millions » dès 2021, selon ce que l’on vient de voir, c’est 100 millions de moins qu’en 2020, ce qui veut dire que ce n’est pas 125, mais environ 225 millions en moins qui seront perdus par la recherche en 2021 par rapport à 2019.

      Surtout, souvenons-nous des engagements pris à Lisbonne, et jamais tenus depuis 18 ans. Soyons aussi extrêmement conscients du fait que notre pays sortira de cette crise épidémique très affaibli économiquement, donc que les recettes de l’Etat seront très diminuées. Qui peut avoir la naïveté de croire qu’un gouvernement néolibéral, dans un monde néolibéral, va accroitre massivement ses dépenses publiques dans une phase de sortie de crise où ses comptes seront encore plus dans le rouge qu’il y a deux mois, quand la cours des comptes l’exhortait à réduire ses dépenses publiques ? (Re)lisez, c’est crucial, ce billet antérieur expliquant qu’en matière de budget, aucun engagement ne peut jamais être tenu. Quelles que soient les annonces carillonnantes faites aujourd’hui, nous n’aurons de certitude sur le budget consacré à l’ESR en 2021 que lorsque le budget de l’État pour 2021 sera voté, idem pour 2022 et toutes les années suivantes.

      En pleine crise, nos dirigeants essaient de faire croire aux français qu’ils ont vraiment compris, et qu’ils vont être les sauveurs de la recherche.

      Mais comme nous l’avons vu, tant pour les montants annoncés que pour la stratégie, rien ne correspond à ce qui serait nécessaire pour qu’il y ait une rupture. Il s’agit donc là de pure #communication, mais aussi d’une façon de mettre en place, en force, le contenu néfaste de la LPPR, à défaut de la LPPR elle-même, alors que l’épidémie fait rage et que les personnels de l’ESR ne peuvent plus mener aucune action pour s’y opposer. Quelle abjection que de faire croire au plus grand nombre que l’on va sauver ce que l’on continue à mutiler ! Quel #cynisme absolu faut-il avoir pour refuser tout débat (cf. la non communication des tous les ministres à ce sujet) concernant l’état désastreux de l’hôpital ou de la recherche, au nom d’une « union sacrée » qui serait indispensable en temps de guerre, tout en profitant de cette période pour couper court à tout débat dans le cadre de la mise en place d’une loi âprement combattue.

      Avec ces annonces, E. Macron et son gouvernement ont montré de la plus éclatante manière que contrairement aux envolées lyriques d’il y a une semaine, absolument rien ne change dans leur logique. En effet, qui peut croire un Président, qui, le 12 mars dernier nous disait qu’il « nous faudra demain tirer les leçons du moment que nous traversons, interroger le modèle de développement dans lequel s’est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour, interroger les faiblesses de nos démocraties », qui ajoutait « les prochaines semaines et les prochains mois nécessiteront des décisions de #rupture en ce sens. Je les assumerai », et qui aujourd’hui propose aux chercheurs exactement les mêmes mesures que celles qu’ils combattent depuis des mois.

      Du 12 au 19 mars, il ne lui aura fallu qu’une semaine pour renoncer à tirer les leçons, interroger le modèle, et, en guise de rupture, proposer aux personnels de l’ESR des mesures strictement inchangées, où l’appel à projet, le pilotage de la recherche, la compétition à outrance sont rois, où absolument rien n’est proposé pour résoudre la crise extrême de l’emploi pérenne, pourtant source de tant de souffrance et de tant d’inefficacité.

      Il est probable que dans les jours qui viennent, devant l’ampleur des mouvements de soutien aux personnels de santé qui, chaque soir à 20h, rassemblent les français à leurs fenêtres, des annonces soient faites concernant l’hôpital public, et qui ont malheureusement toutes les chances d’être dans le même esprit, dans le même aveuglement.

      Car il est effarant tout autant qu’effrayant de constater à quel point l’#aveuglement_idéologique est ici à l’œuvre et empêche toute rupture. Ils ne peuvent pas changer, ils ne peuvent pas prendre et assumer des décisions de rupture car ils sont prisonniers de leur #idéologie. Puisque nos actuels gouvernants sont absolument incapables d’opérer les ruptures que E. Macron pense indispensables, si l’on pense comme lui que ces ruptures sont effectivement vitales, il n’y a pas d’autre solution que de changer de responsables, donc déjà, dans un premier temps, de gouvernement, en attendant les prochaines élections.

      Quand le temps du confinement sera passé, puisque nous savons déjà, pour la recherche au moins, quelles sont les intentions, aux antipodes de toute rupture, espérons que cette crise épidémique aura mis en évidence aux yeux de tous les français l’ampleur de l’incurie dans l’hôpital public et la recherche, qu’ils seront attentifs et solidaires aux demandes des personnels de ces deux institutions, et qu’au-delà, ils pèseront de tout leur poids de citoyens, de toutes les façons, pour qu’il y ait, enfin, les ruptures profondes et véritables qui seules nous donneront les moyens de faire face à la crise climatique, bien plus grave et bien plus durable que celle que nous vivons aujourd’hui.

      https://blogs.mediapart.fr/marchalfrancois/blog/200320/recherche-la-rupture-selon-e-macron-c-est-de-ne-rien-changer

      #stratégie_du_choc

    • L’Agence nationale de la recherche en quarantaine, vite ! - communiqué du SNCS, 19 mars 2020

      La crise provoquée par le SARS-CoV-2 étant brutalement entrée dans sa phase aiguë, un appel à la recherche, en vue de trouver des moyens d’endiguer l’épidémie de CoviD-19, a été lancé par le gouvernement. On ne rattrapera pas le temps perdu à ne pas financer comme elles auraient dû l’être les équipes qui travaillaient, depuis le début du siècle, sur les coronavirus. Mais il faudrait au moins, maintenant, ne pas faire exprès de perdre encore du temps.

      Or à l’heure – car c’est pratiquement une question d’heures – où il conviendrait de doper sans retenue toutes les équipes qui travaillent sur le SARS-CoV-2 et les systèmes qui peuvent lui être apparentés, que fait le gouvernement ? Il charge l’ANR de lancer un appel à projets ! Toujours avec les mêmes idées négatives : 1°) ne risquer dans l’affaire sou qui soit mal placé 2°) ne pas s’exposer à financer des équipes qui pourraient ne rien trouver ... 3°) surtout ne pas faire confiance directement aux établissements publics de recherche, en particulier ne tenir aucun compte de la continuité de leur culture scientifique, de leurs capacités de réaction immédiate ni de leurs compétences collectives ...

      Cette mascarade, ridicule en temps normal, est aujourd’hui potentiellement criminelle. Il faut, sans attendre - sans détour par l’ANR - financer sans restriction, « quoiqu’il en coûte », les équipes de recherche qui peuvent travailler sur le SARS-CoV-2. Des crédits doivent être alloués pour cela immédiatement au CNRS, à l’INSERM, à l’IRD et à l’INRAE.

      http://www.sauvonsluniversite.fr/spip.php?article8688

    • Coronavirus et financement de la recherche : poudre de perlimpimpin

      Les #effets_d’annonce d’Emmanuel Macron en pleine crise du coronavirus renforcent notre #colère et notre détermination : nous voulons des moyens et des postes pour produire une recherche de qualité MAINTENANT !

      Emmanuel Macron, qui n’a de cesse de scandaliser les soignant∙es et les chercheur∙ses mobilisé∙es depuis le début de la crise du COVID-19, ajoute l’#ignominie à l’#indécence. Il promet ainsi, à l’occasion d’une visite à l’Institut Pasteur, une « hausse du budget de la recherche à hauteur de cinq milliards d’euros sur dix ans » — ce qui, ramené au budget du Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI), représente 2% d’augmentation par an. Les 400 millions promis par Frédérique Vidal dès 2021, sont en dessous des 700 millions d’augmentation en 2018 et des 850 millions en 2019. Ces 5 milliards sont donc au mieux équivalent à l’investissement des 10 dernières années qui nous ont amenés à cette situation catastrophique.

      Nous supposons que la France est la seule nation qui ait besoin du COVID-19 pour « connaître le #caractère_vital de la #recherche_scientifique » et savoir qu’il fallait donner aux équipes de recherches des emplois permanents et des moyens pour travailler. Cet effort est promis depuis 2000 (#stratégie_de_Lisbonne) et demandé depuis tout aussi longtemps par les Universités et les établissements publics de recherche (EPST). Nous aimerions que le Président ne se prévale pas de l’après-guerre, qui a connu la réorganisation du CNRS créé par Jean Zay en 1939, et encore moins d’un « #effort_inédit », lui qui a contribué depuis son arrivée au Ministre de l’économie et des finances, à détruire l’emploi scientifique permanent, en multipliant les contrats précaires.

      Aujourd’hui, alors que l’ensemble des instances représentatives de la recherche publique demande la création massive de #postes_titulaires et l’augmentation des #financements_récurrents aux laboratoires, Emmanuel Macron répond par des postes précaires et des #investissements_fléchés par appels à projet #ANR. Alors que les Universités et la recherche, mobilisées depuis le 5 décembre et à l’arrêt le 5 mars, réclament des moyens de fonctionner décemment, comme nous l’exprimions dans notre motion issue de la coordination nationale des facs et labos en lutte qui a réuni 500 universitaires représentant 10 000 mobilisés de toute la France, Emmanuel Macron nous répond avec encore plus de #mépris et nous distribue des miettes pourtant déjà prévues depuis longtemps.

      Jusqu’à présent, cette #politique_austéritaire ne semblait toucher que les étudiant·es les moins doté·es et les personnels de l’enseignement supérieur et de la recherche pressurisé.e.s et précarisé·es dramatiquement. Ce que met en lumière la crise du COVID-19, c’est que cette politique d’#austérité est mortelle pour l’ensemble de la population. Faute de moyens donnés aux chercheurs de faire de la recherche, nous sommes privés d’une des « armes » les plus efficaces de la guerre revendiquée par Emmanuel Macron : celle des résultats scientifiques de qualité permettant de résoudre les crises majeures.

      Emmanuel Macron et Frédérique Vidal feraient mieux d’écouter #Bruno_Canard, directeur de recherche CNRS à Aix-Marseille et spécialiste des coronavirus au CNRS, qui dénonce très exactement la méthode et les logiques dans lesquelles ce gouvernement s’enferre, en qualifiant de « #hold-up » l’assèchement des financements pérennes au profit de l’ANR et du #Crédit_Impôt_Recherche. Nous réclamons, pour arriver à l’objectif minimal de 1% du PIB dédié à la recherche publique, 10 milliards, immédiatement et dans les trois années à venir, sous forme de #titularisations de chercheur.e.s précaires, de créations de postes et d’augmentation des crédits aux laboratoires publics.

      Avec cette déclaration d’Emmanuel Macron, nous sommes donc très loin des besoins réels de la #recherche_publique. Le plus insupportable serait de penser que la hausse de budget promise n’aille pas totalement à la recherche, mais bien plutôt à l’#optimisation_fiscale privée. Depuis plusieurs années, sur le budget du MESRI, figurent 6,5 milliards de Crédit Impôt Recherche (#CIR), utilisés quasi exclusivement pour de l’optimisation fiscale, qui représente un quart du budget de l’Enseignement supérieur et recherche et deux fois le budget du CNRS. Nous demandons donc sa suppression1.

      Cette suppression du CIR permettra de dépenser utilement et immédiatement ce budget pour les acteurs en première ligne sur le front de la lutte contre l’épidémie et qui en ont cruellement besoin : les patient∙es, les soignant∙es et les personnels de la recherche. Maintenant.

      https://academia.hypotheses.org/21299

    • Coronavirus : « On aurait pu sans doute avoir un vaccin et / ou des traitements prêts… »

      Bonjour, peux-tu d’abord brièvement te présenter ?
      Je suis immunologiste, chercheur CNRS dans une unité INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale) en milieu hospitalier, retraité depuis 2009 mais directeur de recherches émérite, et, à ce titre, en temps normal, je vais tous les jours à mon labo.

      Commençons par le commencement : CoVid ?
      C’est un « nouveau » virus, pour l’homme en tout cas, puisqu’il était présent depuis longtemps chez le pangolin et la chauve-souris (la transmission vient plus probablement d’elle). La séquence du génome l’a démontré. Il n’est nul besoin d’imaginer un complot de l’armée US ou des laboratoires chinois. Des transmissions de ce genre se sont déjà produites : Ebola, le Sida où là encore les théories du complot ont surgi alors que les équipes de Pasteur en France et au Cameroun (entre autres) ont démontré le rôle des chimpanzés et/ou du singe vert. C’est un virus « émergent », comme l’a été en son temps (2002-2003) le SARS-CoV-1, responsable du SRAS, lui aussi un coronavirus. Ils appartiennent à la même famille, qui n’a rien a voir avec les virus de la grippe, mais ce coronavirus là est nettement plus contagieux que le SARS-CoV-1.

      Tu parles de virus émergents. Était-ce « prévisible » ?
      Oui, et je renvoie d’ailleurs à l’excellent article du Monde diplomatique de mars1. La multiplication des épidémies et pandémies à intervalles de plus en plus rapprochés est pour beaucoup d’éco-scientifiques liée à la mondialisation : transports aériens (qui nous mènent en quelques heures là où les caravelles prenaient des semaines) et réseaux routiers « désenclavant » les petits villages auparavant isolés – ce qui limitait la propagation – se surimposant à l’envahissement/destruction d’écosystèmes à des fins mercantiles, provoquant inévitablement la « confrontation » de l’homme à des virus avec lesquels il n’a eu aucun contact récent. Dans notre cas, la survenue d’une nouvelle épidémie à SARS était inévitable. D’où l’existence de réseaux d’alerte.

      Mais était-ce prévisible, donc pouvait-on avoir une action préventive ?
      Il est difficile de dire « oui » dans la mesure où les recherches ad hoc ont été stoppées avant d’aboutir. Un petit parallèle avec d’autres virus est utile. Pour la grippe, par exemple, on « prévoit » les mutations à venir, de sorte que l’on vaccine chaque année contre l’épidémie qui va survenir. Cela n’exclut pas une mutation inattendue. Ça a été le cas du H1N1 (2009-2010), mais l’existence d’équipes en alerte continue sur le sujet a permis de détenir très vite un vaccin, et de vacciner en masse. On sait que la mortalité en Europe et USA a été estimée au préalable de façon excessive, ce qui a nourri en 2010, et ensuite, les soupçons de collusion entre OMS et industrie pharmaceutique pour écouler une surproduction vaccinale.
      Là, pour les corona, c’est un peu l’inverse. La structure des virus corona permettait d’envisager un/des déterminant(s) antigénique(s) commun(s) permettant le projet d’un « pan vaccin » anti-corona. Un des meilleurs spécialistes français à ce sujet, Bruno Canard, mérite d’être cité longuement : « On venait alors de lancer de grands programmes de génomique structurale sur les virus pour essayer de ne pas être pris au dépourvu en cas d’émergence. La démarche est très simple : comment anticiper le comportement d’un virus que l’on ne connaît pas ? Eh bien, simplement en étudiant l’ensemble des virus connus pour disposer de connaissances transposables aux nouveaux virus. Un projet européen lancé à cette fin à l’époque a été suivi d’autres programmes. L’irruption du SARS-CoV en 2003 a illustré la pertinence de cette démarche. Cela nous a conduits à décrire une première structure cristallographique dès 2004. […] Je pense qu’énormément de temps a été perdu entre 2003 et aujourd’hui pour trouver des médicaments. En 2006, l’intérêt pour le SARS-CoV avait disparu ; on ignorait s’il allait revenir. Nous avons alors eu du mal à financer nos recherches. L’Europe s’est dégagée de ces grands projets d’anticipation au nom de la satisfaction du contribuable. Désormais, quand un virus émerge, on demande aux chercheurs de se mobiliser en urgence et de trouver une solution pour le lendemain. Or, la science ne marche pas comme cela. Cela prend du temps et de la réflexion. […] J’ai pensé à tous les projets ANR (Agence nationale de la recherche) que j’ai écrits, et qui n’ont pas été sélectionnés. J’ai pensé à ce projet ANR franco-allemand, qui n’a eu aucune critique négative, mais dont l’évaluation a tellement duré qu’on m’a dit de le redéposer tel quel un an après, et qu’on m’a finalement refusé faute de crédits. »2

      Tu veux dire que des projets de recherche sur des « pan vaccins » existaient et qu’ils n’ont pas été financés ?
      Oui. D’abord, ça prend du temps de rédiger des projets et de les soumettre pour ne pas survivre qu’avec de maigres projets récurrents. Ensuite, il faut attendre et, en France, les projets retenus par l’Agence nationale de la recherche ne sont qu’une fraction des projets soumis, et c’est la même chose au niveau européen.
      De plus, ces projets sont soumis en réponse le plus souvent à des « appels d’offres » qui correspondent aux sujets « en pointe », « prioritaires », à la mode ou « susceptibles de débouchés importants »… On voit ici, je vais y revenir, le danger de collusion public-privé…

      Tu veux dire que les établissements français de recherche ne sont plus subventionnés comme « avant » ?
      Oui. Quand j’ai démarré la recherche je fonctionnais très bien avec les seuls crédits d’État récurrents (normalement reconduits d’année en année). Puis sont apparus, à la fin des années 1970, les « actions thématiques programmées ». Mais elles représentaient une « cerise sur le gâteau ».
      La situation s’est vite dégradée sous Chirac, puis Sarkozy et Hollande. D’abord, les crédits récurrents – hors grands instruments et programmes spatiaux – ont été rognés systématiquement, en dépit des promesses d’atteindre le niveau, défini par l’Europe, de 2 puis 3 % du PIB… Actuellement, un labo INSERM – favorisé par rapport au CNRS – ne fonctionne qu’à 25-30 % sur crédits récurrents, 15 à 20 % pour le CNRS. Puis sont venus les financements « privés », qui certes (ARC, LNFCC pour le cancer, legs à Pasteur ou à Curie) existaient déjà, mais une nouvelle ampleur a été donnée par Téléthon et Sidaction (« La recherche ne doit pas vivre de quêtes » reste un slogan d’actualité). Puis les fameux projets ANR.

      Tu parais très critique sur la recherche sur projets…
      Soyons clairs : jamais au Wellcome Research Institute ni au NIH (Bethesda, près de Washington, USA) on ne m’a demandé dans les années 1973-1974 puis 1980-1981 mon projet comme « exchange fellow » puis « visiting scientist », ni à mon retour sous Mitterrand et même Chirac au début. J’avais, attention – comme on l’a encore – une évaluation annuelle sur « rapport d’activité », et le labo était évalué tous les quatre ans, avec dépôt d’un nouveau projet pour reconduction ou fermeture. La recherche en réponse sur projets change tout. Hors thématiques que l’on ne peut abandonner (la recherche sur le Sida en est un exemple), ça donne beaucoup de définitions programmatiques par des technocrates… Or, comme disaient les manifestants au temps de « Sauver la Recherche », sous Fillon, « l’ampoule électrique n’a pas été inventée en faisant des programmes sur la prolongation de la vie et l’amélioration de la luminosité de la bougie ». Puis sont venues les fausses déclarations sur les budgets en augmentation, et en parallèle les coupes de postes… et l’arrivée des ­partenariats public-privé.

      Le privé joue un rôle ?
      Eh oui ! Merci Jospin, merci Allègre (et aussi Geismar), et la loi innovation recherche qui permet de créer des start-up à côté de son labo, mais aussi le crédit impôt recherche, don de milliards d’euros au privé sans retour vérifié, Cour des comptes dixit. Dans un certain nombre de cas, start-up et grosses boîtes pharmaceutiques deviennent de fait co-directeurs du labo… public.

      Et les postes ?
      Alors là, cata absolue : chute des postes, développement de la précarisation – très net en biologie mais pas que là –, d’où les premières manifestations sous Fillon, et la manifestation récente des collectifs de laboratoires.
      Macron annonce une augmentation du budget recherche sur 10 ans…
      D’abord, le compte n’y est même pas, comme le souligne le communiqué du Syndicat national des chercheurs scientifiques (SNCS). Ensuite, on a l’habitude de ces annonces. Tant qu’il n y aura pas de vote sur ça au Parlement, je resterais plus que sceptique… Pour moi, ce qui compte, c’est la situation actuelle qui est quasi catastrophique…

      Alors, le virus ?
      Bon, on aurait pu sans doute avoir un vaccin et/ou des traitements prêts… Mais ça, c’est un investissement sur l’avenir. Pas toujours à fonds perdus. Parfois oui. C’est comme les machines à amplification génique (PCR, Polymerase Chain Reaction) pour détecter le virus. En avoir un nombre apparemment surdimensionné aurait en fait permis un dépistage à large échelle et une stratégie à la coréenne. Alors, bon, comme dit Bruno Canard, des chercheurs vont être mobilisés en urgence sur un « crash program »… Trop peu, trop tard. Et là encore, avec œil du privé qui, depuis les années 1990, investit peu en vraie recherche, mais engrange les profits. Alors qu’on a refusé entre 2009 et 2019 d’investir dans des projets fondamentaux (j’ai pris Canard comme exemple, il y en a d’autres).
      La recherche, comme les infra­structures hospitalières, est un investissement sur l’avenir et le public, pas une « short run », à flux tendu, avec personnel précarisé, pour profits immédiats. Une politique, disons-le, et on le voit à chaque crise, criminelle.

      https://npa2009.org/arguments/sante/coronavirus-aurait-pu-sans-doute-avoir-un-vaccin-et-ou-des-traitements-pret

    • Refonder l’Université et la Recherche pour retrouver prise sur le monde et nos vies

      La pandémie met à nu les inconséquences des politiques actuelles vis à vis de la recherche, de l’université ou de l’hôpital, estime un collectif de chercheurs et d’universitaires. Dans cette tribune, ils lancent un appel à la mobilisation pour reconstruire une politique scientifique de long terme et relever les défis environnemental, social et démocratique de notre pays.

      Nous affrontons une crise sanitaire majeure qui vient nous rappeler la fragilité de nos vies et de nos sociétés et la nécessité de systèmes de solidarité organisés, solides et pérennes : école, santé, retraites… Il aura fallu la pandémie du Covid‐19 pour que le pouvoir politique se souvienne brusquement de l’importance vitale d’institutions qu’il a pourtant détruites méthodiquement. En quarante ans, l’Hôpital français est passé de 11 à 6 lits pour mille habitants ; sur les seules six dernières années, 17 500 lits de nuit ont été supprimés. Les personnels hospitaliers sont en effectifs si réduits que des étudiants et des retraités sont aujourd’hui réquisitionnés comme forces supplétives. Alors même que les espoirs de traitement du virus dépendent des chercheurs, cela fait quinze ans que la recherche scientifique à l’Université et dans les grands organismes comme l’Inserm ou le CNRS subit le primat donné à des projets de court terme, pilotés bureaucratiquement, et concentrant sur quelques thèmes définis comme “porteurs” des moyens globalement en déclin. Quinze ans de démolition !

      La pandémie agit comme un révélateur : elle confirme aux yeux de tous que l’Université et la recherche publique auraient dû rester une priorité pour nos sociétés et que la diversité des axes de recherche, le temps long et les financements pérennes sont les conditions de son bon développement. Nous voyons bien que les appels à projets lancés de manière improvisée en réaction à chaque crise tiennent plus de la communication impuissante que de la programmation éclairée. Le mal est profond : les procédures bureaucratiques de mise en concurrence ne favorisent que le conformisme quand la liberté de recherche permet des découvertes fondamentales. Ce qui était choquant en temps ordinaire est devenu obscène en temps de crise. La pandémie du coronavirus met ainsi à nu l’inconséquence des politiques menées ces dernières décennies, dont la responsabilité est partagée par tous les gouvernements qui les ont appliquées.

      Derrière l’urgence sanitaire, notre société doit affronter trois autres crises : environnementale, sociale et démocratique

      En plus de l’urgence sanitaire qui révèle la crise de notre système de santé, notre société doit affronter trois autres crises : environnementale, sociale et démocratique. La crise écologique et climatique, au gré des catastrophes toujours plus nombreuses qu’elle engendre, affecte un peu plus chaque jour nos vies. Pas plus que pour les épidémies, l’alerte des scientifiques et de la jeunesse du monde entier sur la gravité du réchauffement climatique n’a conduit à prendre les mesures radicales qui s’imposaient. Sur le plan social, les dernières décennies ont été marquées par le creusement d’inégalités matérielles, territoriales, fiscales et culturelles. Enfin, une crise démocratique et politique conduit les citoyens à se détourner massivement de dirigeants incapables de répondre à leurs attentes ou agissant contre l’intérêt général. Même si chaque jour de nouveaux secteurs de la société expriment une volonté de redonner du sens à l’existence et d’en finir avec l’individualisme et le repli sur la sphère privée, cette aspiration profonde à décider des règles collectives que la société se donne, cette volonté des citoyens conscients de ce qui les relie se heurtent à l’imprévoyance, à la cécité et à l’autoritarisme de gouvernants qui confisquent la décision.

      Tous les savoirs scientifiquement construits par les recherches théoriques, par l’expérience, l’enquête, l’observation, la confrontation des hypothèses et des résultats, sont indispensables pour surmonter ces crises. Or, les institutions qui créent, transmettent, conservent et critiquent les savoirs, sortent exsangues de la période qui s’achève. Elles doivent être reconstruites sur de nouvelles bases, capables de faire vivre des sciences diverses et créatives, aptes à anticiper les défis auxquels notre société doit faire face. Ce travail de refondation de l’Université et de la recherche doit échapper à l’emprise des « experts » et des bureaucrates : il doit s’articuler à l’exigence démocratique et, en cela, il y a une affinité profonde entre le temps long de la science, son ancrage dans l’expérience et la controverse savantes, et l’exercice de la démocratie, impliquant la délibération et l’attention à l’expérience ordinaire des citoyens.

      L’indépendance du monde savant doit être garantie par des statuts protecteurs, des moyens et du temps long

      Pour nous, le temps est venu d’une refondation de l’Université et de la recherche reposant sur deux principes régulateurs. L’aspiration collective à déchiffrer l’inconnu suppose l’indépendance effective du monde savant vis‐à‐vis de tous les pouvoirs : cette autonomie doit être garantie par des moyens répartis entre les disciplines en fonction de leurs besoins, par des statuts protecteurs des libertés académiques et par le temps long nécessaire au développement de toute recherche. Le corollaire de l’autonomie du monde savant est son engagement sur un principe : sa responsabilité vis‐à‐vis de la société. L’usage politique, technique et industriel des travaux scientifiques doit se décider dans un cadre pluraliste et démocratique, en accord avec l’intérêt commun. Cela suppose de réinstituer l’Université comme lieu de formation des citoyens à une pensée autonome et aux savoirs critiques, et comme lieu de production et de transmission au plus grand nombre de connaissances scientifiques et techniques. À rebours des propensions récentes au conformisme, à la bureaucratie et à la généralisation d’une sélection prétendument darwinienne, cette institution implique aussi que l’Université éclaire le débat démocratique par l’élaboration de synthèses plurielles, établies par la confrontation savante, plutôt que par une évaluation technocratique, toujours en retard d’une crise.

      Face à la gravité de la situation qui affecte nos vies, l’heure n’est pas aux mises en cause individuelles. Mais nous n’oublierons pas ce qui a permis que l’on en arrive là. Les morts de cette crise nous obligent. Et nous ne laisserons pas celles et ceux qui n’ont pas su la prévenir ou en réduire la portée, la résoudre par des mesures liberticides, ou mettre en place un énième plan d’austérité justifié par une dette que des politiques aveugles ont contribué à fabriquer. Le métier de scientifique ne consiste pas à aménager la crise ou climatiser l’enfer, ni à bâillonner la démocratie au nom du savoir expert.

      Conscients des crises qui frappent notre société, nous appelons chacun et chacune à se mobiliser pour engager la refondation de notre monde abîmé. Ce printemps, dès la fin du confinement, nous nous engageons à repenser collectivement l’ensemble de nos institutions sociales, politiques et économiques et à poser les jalons d’une société conforme à nos aspirations et à nos besoins. Après l’été, nous convions l’ensemble des citoyens à des Assises de la Refondation, le 20 septembre 2020, pour définir un programme visant à rompre de manière effective avec les politiques actuelles et à juguler les crises environnementale, sociale et démocratique qui menacent notre monde et nos vies. Nous devons à la jeunesse un horizon élargi, un avenir à nouveau ouvert.

      Nous appelons tous les autres secteurs de la société à se joindre à notre démarche, et à écrire leur propre texte de refondation en adaptant ce paragraphe de conclusion.

      La signature de cet “Appel du 20 mars 2020”, qui appelle à repenser les liens entre science et société, est ouverte à tous les citoyens et citoyennes, au‐delà des acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche, étudiants, universitaires, chercheurs, techniciens, ingénieurs et administratifs.

      https://www.mediacites.fr/forum/national/2020/03/31/refonder-luniversite-et-la-recherche-pour-retrouver-prise-sur-le-monde-et

    • Budget #MESRI : analyse des annonces

      Budget de la recherche : la montagne accouche d’une souris !
      Lors de leur visite à l’Institut Pasteur, le 19 mars 2020, le Président de la République et la ministre chargée de la recherche ont annoncé que 25 milliards d’euros supplémentaires seraient consacrés à la #recherche. Par le dossier de presse diffusé le 25 mars, on apprend que les cinq milliards supplémentaires constituent un #objectif_budgétaire qui devrait être atteint en une décennie. L’effort serait progressif pour atteindre un montant annuel de 600 millions, à partir de 2028…
      https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid150594/un-effort-de-25-milliards-d-euros-pour-relever-les-de
      L’actuel Gouvernement transfère donc aux Gouvernements des deux prochaines mandatures la mission d’honorer l’essentiel de cet #engagement_budgétaire, pourtant bien modeste. En ce qui le concerne, il consent à une augmentation de 400 millions d’euros du budget du ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (MESRI) pour l’année 2021, la dernière année budgétaire complète du présent quinquennat.
      Comme le précisait la ministre lors de son audition par la commission du Sénat, le 6 avril, cette enveloppe budgétaire supplémentaire serait destinée à l’abondement de la totalité des missions de son ministère. Cette augmentation comprendrait donc aussi les mesures de revalorisation salariale, dont celles destinées à compenser la baisse des pensions, consécutive à l’adoption de la loi de réforme des retraites dont l’examen est pour l’instant reporté.
      http://www.senat.fr/compte-rendu-commissions/20200406/cult.html
      Pour le budget de l’année 2020, les programmes budgétaires du MESRI et les montants des autorisations d’engagement sont les suivants :

      Ces données budgétaires sont tirées du rapport de la commission des finances du Sénat sur le projet de budget 2020 :
      https://www.senat.fr/rap/l19-140-323/l19-140-3231.pdf
      L’annonce d’un accroissement de 400 millions d’euros du budget global du MESRI pour l’année 2021 représente donc une augmentation d’environ 1,5 %.
      Pour bien comprendre ce qu’elle représente, en euros constants, il faut la comparer à celle du budget des programmes du MESRI pour l’année 2020 :

      L’effort « inédit depuis la période de l’après-guerre » annoncé par le Président de la République, le 19 mars 2020, commencera donc par une hausse du budget 2021 du MESRI inférieure à celle de 2020 ! Il est en effet historique qu’un Président décrive une baisse du soutien à la recherche comme un engagement massif en sa faveur.
      Pour rappel, le crédit d’impôt « recherche » a représenté une dépense fiscale évaluée à 6,2 Md€ en 2018 et à 6,5 Md€ en 2019. Soit une augmentation de 4,8 %. Elle était de 4,4 Md€ en 2009. La véritable augmentation est là !

      –-> Analyse de #Pierre_Ouzoulias, reçu via la mailing-list Facs et Labos en lutte, le 10.04.2020

    • Mensonge d’État ou incompétence ? Frédérique #Vidal au Sénat

      Parmi les mesures de contrôle de l’action de l’exécutif en période d’état d’urgence sanitaire, il est un outil utile pour mettre en jour les incohérences du gouvernement : les questions écrites. Présentées au ou à la ministre concernée, elles permettent à la représentation nationale de clarifier un point touchant à la politique suivant, en invitant le ou la ministère à prendre langue avec son administration pour y répondre avec précision.

      Le 6 avril 2020, plusieurs sénateurs et sénatrices ont donc interrogé la Ministre de l’Enseignement Supérieur http://www.senat.fr/basile/visio.do?id=c/compte-rendu-commissions/20200406/cult.html&idtable=/compte-rendu-commissions/20200406/cult.html&rch=gs&_c=ouzoulias&al=true), de la Recherche et de l’Innovation, à la fois sur la clôture compliquée de l’année universitaire en cours, mais aussi sur les dispositions prises pour faciliter la recherche pour lutter contre l’épidémie. Cette audition a eu lieu au terme d’un chemin de croix technique.

      N’ironisons pas trop sur les avatars de cette vidéo conférence, précise Sylvestre Huet dans l’article qu’il consacre à l’audition de Frédérique Vidal (https://www.lemonde.fr/blog/huet/2020/04/08/covid19-vidal-se-melange-les-microscopes) : les sénateurs ont dû s’y reprendre à trois fois – deux la semaine dernière et finalement ce lundi 6 avril – pour parvenir enfin à tenir cette séance de questions/réponses. Le rendez-vous échoua deux fois en raison de défaillances de l’équipement de vidéoconférence du ministère… pour un lien avec le Sénat. N’ironisons pas, mais soulignons que cette situation lamentable illustre le soin étrange avec lequel l’exécutif traite ses relations avec le Parlement. Et la nécessaire modernisation du ministère en charge… de l’innovation.

      Passons rapidement sur certains échanges. Sylvie Robert s’est enquis de la survie alimentaire des étudiant·es les plus précaires1. Jacques Grosperrin a fustigé le retard pris par le Ministère sur la publicisation des algorithmes locaux de Parcoursup. Passons également sur les questions touchant aux tests sérologiques, aux tests cliniques et aux essais thérapeutiques en cours, qui intéressent Laure Darcos, pour porter notre attention sur deux points : le financement supplémentaire prévu par le président Macron et les cryomicrosocopes, désormais indispensables pour qui veut travailler sur les coronavirus aujourd’hui.

      Comptes d’apothicaires au nom du COVID-19

      Citons la Ministre, sur les efforts budgétaires consentis par l’État en cette période de crise profonde :

      S’agissant du financement de la recherche, le Président de la République a annoncé qu’y seraient consacrés 5 milliards d’euros supplémentaires par an. Aujourd’hui, 15 milliards d’euros par an sont investis dans ce domaine. Pour passer à 20 milliards annuels, des étapes successives sont prévues. Au total, 25 milliards d’euros seront investis sur dix ans.

      Le Premier ministre me l’a confirmé ce matin : dès que le calendrier parlementaire le permettra, le projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche sera soumis au Parlement [Nous soulignons]. Il est néanmoins très important – c’est le sens de l’annonce du Président de la République – que nous puissions lancer les premiers investissements dès 2021, que la loi de programmation pluriannuelle de la recherche ait été votée ou pas. Nous prévoyons, dans le cadre du projet de loi de finances pour 2021, une première augmentation de 400 millions d’euros pour la mission interministérielle recherche et enseignement supérieur (Mires).

      Quelqu’un de peu familier avec ce gouvernement Philippe pourrait être bluffé par l’aplomb avec lequel la Ministre fait équivaloir 5 milliards par an, à 25 milliards sur dix ans (soit 2,5 milliards par an), puis à « une première augmentation de 400 millions d’euros », alors que l’on sait par ailleurs que 6,5 milliards annuels du Crédit Impôt Recherche sont consentis annuellement depuis le début du quinquennant à des fins d’optimisation fiscale. La suite est tout aussi pimentée, puisque la Ministre rappelle l’existence du Loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR), qui sera soumise au Parlement « dès que le calendrier parlementaire le permettra »2. Un peu plus tard au cours de son audition, elle précise que 1,5 milliards d’euros sont affectés à l’ANR, soit deux fois plus que ce qu’il a été récemment attesté par l’Hcérès et la Commission des finances du Sénat. Pour autant, notre quidam sait que c’est la loi de finances qui fait foi. Ce ne sera donc pas 5 milliards qui passeront à la recherche — alors que le Ministère en a les moyens avec les 6,5 milliards de CIR — mais 400 millions d’euros en 2021. Prestidigitatrice, la Ministre Vidal continue à essayer de faire croire à la représentation nationale que la recherche, en temps d’épidémie, est une priorité du gouvernement.

      Pour le budget de l’année 2020, les programmes budgétaires du MESRI et les montants des autorisations d’engagement sont les suivants :

      L’annonce d’un accroissement de 400 millions d’euros du budget global du MESRI pour l’année 2021 représente donc une augmentation d’environ 1,5 %.

      Pour bien comprendre ce qu’elle représente, en euros constants, il faut la comparer à celle du budget des programmes du MESRI pour l’année 2020 :

      Pour rappel, le crédit d’impôt recherche a représenté une dépense fiscale évaluée à 6,2 Md€ en 2018 et à 6,5 Md€ en 2019. Soit une augmentation de 4,8 %. Cette dépense était de 4,4 Md€ en 2009. La véritable augmentation est là !

      L’effort « inédit depuis la période de l’après-guerre » annoncé par le Président de la République, le 19 mars 2020 (https://academia.hypotheses.org/21299), commencera donc par une hausse du budget 2021 du MSRI inférieure à celle de 2020 ! Il est en effet historique qu’un Président décrive une baisse du soutien à la recherche comme un engagement massif en sa faveur.

      À quels comptes d’apothicaires la Ministre s’est-elle livrée pour tenter de faire croire que la recherche pour lutter contre l’épidémie, en identifier les causes et les thérapies était une priorité du gouvernement ? Ils ne convainquent personne, et encore moins, après le vote de la loi de finances rectificatives. Il s’avère qu’aucun effort supplémentaire n’a été fait et que, même pour l’appel Flash Covid-19, le financement de ces nouveaux programmes se fait à budget constant, au point où le CNRS est obligé de faire un appel aux dons (https://academia.hypotheses.org/21662) . On pourrait en rire si l’affaire n’était pas si grave et que cela ne touchait pas l’activité de celles et ceux qui se sont engagés dans une course contre la montre et le virus. Comparant l’effort allemand en matière de recherche, dès 2020, Pierre Ouzoulias souligne que les comptes Covid-19 n’y sont pas. Mais qu’en est-il de l’équipement des laboratoires qui travaillent déjà sur ce virus ?
      Compétences à la loupe… ou plutôt au microscope

      S’enquêrant des conditions de travail des laboratoires spécialisés, Pierre Ouzoulias a posé à la Ministre Frédérique Vidal la question écrite suivante :

      Les laboratoires qui sont actuellement sur le front de la recherche insistent sur la nécessité de mettre aux normes leurs équipements et outils de recherche. Tandis qu’un laboratoire chinois travaillant sur le coronavirus dispose de deux cryomicroscopes électroniques valant chacun 5 millions d’euros, les laboratoires de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) en demandent depuis quatre ans un plus petit, valant 2 millions d’euros, sans réponse pour l’instant. Sans budget supplémentaire, il sera très difficile pour ces organismes de mettre leurs matériels à niveau, et donc de trouver des financements.

      Je vous approuve sur la nécessité de faire une pleine confiance aux laboratoires, chercheurs et organismes de recherche, sans passer par les appels à projets, dans la situation actuelle d’urgence. Comment leur donner très rapidement les moyens de résoudre leurs problèmes d’équipements ?

      Tout le monde avait entendu la colère de Bruno Canard le 5 mars 2020, dans un texte qu’Academia a reproduit (https://academia.hypotheses.org/20902). Directeur de recherche, spécialisé sur les virus à ARN dont font partie les coronavirus, il avait été empêché de poursuivre ses recherches, entre autres faute de matériel adapté. Depuis 2016, son équipe demande l’acquisition d’un cryomicroscope, dont la technologie révolutionnaire permet d’observer la structure des virus, notamment leur superficie3. Faute de vaccin, s’attaquer à l’enveloppe pourrait en effet affaiblir considérablement la virulence du Coronavirus et ainsi enrayer l’expansion du Covid-19. Depuis le début de l’épidémie, la demande de l’équipe de Bruno Canard n’a pas davantage reçu de soutien du ministère, ce qui préoccupe Pierre Ouzoulias.

      La réponse de la Ministre est lunaire.

      Sur le matériel microscopique d’abord :

      L’acquisition de matériels est bien sûr nécessaire, mais il faut beaucoup de temps pour fabriquer, tester et calibrer un cryomicroscope. Il faudra le faire, et cela est prévu dans la future LPPR. En l’occurrence, ce n’est pas l’urgence du moment, d’autant qu’il y a un cryomicroscope tout à fait utilisable au sein du Centre commun de microscopie appliquée (CCMA), dans mon ancienne université — je connais donc bien le sujet.

      On voit très bien que la technique de gouvernement, pour les microscopes de haute technologie, c’est comme pour les masques : DIY. Alors qu’il s’agit de matériel vendu par des entreprises spécialisées, Frédérique Vidal en appelle à la future LPPR, pour le « fabriquer, tester et calibrer ». Qui plus est, elle indique qu’on trouve déjà un cryomicroscope à l’Université de Nice-Côte d’Azur. Elle conclut : « Je connais donc bien le sujet ».

      On peut se demander si Frédérique Vidal connaît bien le sujet parce qu’elle est censée être biologiste de carrière ou, comme Ministre, suivre l’actualité scientifique — notamment les attributions de prix Nobel, et donc le prix Nobel de chimie de 2017, qui récompensait l’invention de la technologie qu’utilise le cryomicroscope — ou si elle connaît bien le sujet en tant que présidente de l’Université de Nice Sophia-Antipolis, position qui l’a conduite à suivre le dossier. Dossier qui ne concerne pas un cryomicroscope. À ces trois titres, l’incompétence est manifeste, à moins qu’il ne s’agisse plus simplement d’enfumage et de mensonge.

      Sur la politique de recherche scientifique, ensuite, Frédérique Vidal prend ensuite de la hauteur :

      Nous agissons dans deux directions différentes : le soutien immédiat et la préparation de l’avenir. Nous soutenons ainsi des programmes de recherche permettant de comprendre le fonctionnement du Covid-19 et d’augmenter la connaissance générale sur les coronavirus. Dans l’immédiat, l’urgence est au repositionnement de médicaments et de thérapies, aux essais cliniques et aux tests. Néanmoins, nous devons également accumuler des connaissances pour le long terme. Nous avons ainsi ouvert à travers l’ANR la possibilité de financer des projets à plus longue échéance.

      La ministre distingue donc la recherche médicale et la « connaissance générale sur les coronavirus », sans avoir l’air de comprendre que cette connaissance générale ou fondamentale peut justement apporter des savoirs tout à fait utiles pour enrayer l’épidémie. Et qu’il convient donc de financer de façon importante les équipes qui ont fait la preuve depuis plusieurs années de leur capacité et de leur volonté de contribuer à la lutte contre le COVID19. On peut légitimement se demander ce que cette femme fait à la tête d’un Ministère de la recherche, qui promeut les thèses en 180 secondes, mais pas les recherches fondamentales sur les enveloppes de virus responsables d’une pandémie majeure.

      On a trop négligé lors des trente dernières années l’accumulation de connaissances.

      Tout·e chercheur ou chercheuse digne de ce nom ne tentera même pas à faire l’herméneutique de l’assertion de la Ministre, puisqu’elle n’a aucun sens. Ce qui suit est d’autant plus intéressant.

      La LPPR aura pour objet d’y remédier dans tous les champs disciplinaires, et pas seulement pour la santé. Nous aurons besoin, par exemple, de programmes de recherche de sociologie et d’anthropologie afin d’analyser les comportements en période de confinement ou lorsque le virus, ayant quitté l’Europe, continuera de sévir sur d’autres continents. Les projets financés relèvent donc pour un tiers des sciences humaines et sociales, dont le rôle est de penser et comprendre ces phénomènes. Il faut à la fois gérer l’urgence et respecter le temps de la recherche.

      À la demande d’un cryomicroscope de 2 à 5 millions d’euros, la Ministre répond donc « quand, dans plusieurs années, le virus aura quitté l’Europe, mais qu’on pourra aller l’étudier ailleurs, il faudra financer des sciences humaines et sociales ». Toutefois, l’essentiel n’est pas le soutien inopiné aux SHS, mais bien dans l’excuse « LPPR » dont se drape la Ministre pour justifier le retard, le défaut de financement ou d’anticipation. La LPPR devient désormais un mantra, une incantation, pour rémédier, de façon magique et lointaine, à toutes les insuffisances actuelles de la politique scientifique du gouvernement.

      Il y a fort à parier que la représentation nationale ne sera pas dupe4.

      L’audition de la Ministre Vidal devant la Commission culture du Sénat est ainsi éclairante. Non seulement la Ministre ne comprend pas les grands équilibres du budget de son ministère — dont on comprend qu’ils sont supervisés par Bercy — à moins qu’elle ne les travestisse ; non seulement elle semble être devenue une femme scientifique incompétente sur les sujets qu’elle dit connaître ; mais elle semble parfaitement inapte à engager, en tant que ministre, une recherche d’urgence sur le coronavirus ou la gestion du COVID-19. Elle semble encore plus incapable de conduire une politique scientifique de long terme, comme elle en dit en avoir l’intention en agitant la LPPR. Reste à savoir comment le Sénat peut sanctionner mensonges, incompétence et politique de gribouille.

      Liens :

      - Commission de la culture, audition de Frédérique Vidal, Ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, 6 avril 2020 : http://www.senat.fr/basile/visio.do?id=c/compte-rendu-commissions/20200406/cult.html&idtable=/compte-rendu-commissions/20200406/cult.html&rch=gs&_c=ouzoulias&al=true

      - Covid-19 : Vidal se mélange les microscopes, par Sylvestre Huet, Sciences2, 8 avril 2020 : https://www.lemonde.fr/blog/huet/2020/04/08/covid19-vidal-se-melange-les-microscopes

      – Covid-19 : Vidal se mélange les microscopes (suite), par Sylvestre Huet, Sciences2, 8 avril 2020 : https://www.lemonde.fr/blog/huet/2020/04/09/le-covid-19-vidal-les-microscopes-et-macron-suite

      https://academia.hypotheses.org/22264

    • C’est certainement pas de l’incompétence car nous parlons ici d’une ministre qui a choisi comme conseillé personnel monsieur Frédéric Dardel : c’est à dire le mec qui gérait le centre des dons des corps dans lequel le personnel jouait au foot avec les têtes humaines avant de les revendre au pied de l’université et dont les corps porteurs de VIH et hépatite B et C étaient fournis aux étudiant·es en médecine sans qu’on les préviennent histoires qu’ils chopent le SIDA en TP de dissection avant de choper le covid au CHU.
      https://seenthis.net/messages/833635

  • « On aurait dû tout arrêter, c’était une mascarade » : les regrets d’Agnès Buzyn
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/03/17/entre-campagne-municipale-et-crise-du-coronavirus-le-chemin-de-croix-d-agnes

    Agnès Buzyn n’est arrivée qu’en troisième position à Paris et sans attendre les directives de La République en marche (LRM) ou l’annonce du report du second tour, a annoncé ce lundi qu’« en raison de la situation sanitaire et dans les hôpitaux », elle se retirait du jeu. « C’est ma part de liberté, de citoyenne et de médecin. » L’avait-elle donc perdu, ce libre arbitre, durant son aventure électorale ? Ses propos le laissent deviner. « Depuis le début je ne pensais qu’à une seule chose : au coronavirus. On aurait dû tout arrêter, c’était une mascarade. La dernière semaine a été un cauchemar. J’avais peur à chaque meeting. J’ai vécu cette campagne de manière dissociée. » Le mot dit tout. A-t-on jamais gagné une élection en affichant pareille dualité ?

    • #paywall, la suite ici.

      Tragédie intime
      En politique aussi, l’inconscient parle. Dimanche 15 mars, Agnès Buzyn est allée voter dans le 5 e
      arrondissement, près de chez elle. Essayer de voter, plutôt. La tête de liste de LRM avait d’abord oublié
      sa carte d’identité chez elle, dans un autre sac. Le temps que son équipe s’active, elle a fait le pied de
      grue devant le bureau de vote. Au moment de glisser son bulletin, impossible de débloquer la pompe
      du acon de gel hydroalcoolique... Mauvais karma, mauvais signal.
      Le soir, elle a été distancée par la maire socialiste sortante, Anne Hidalgo, et par Rachida Dati.
      Benjamin Griveaux aurait-il fait mieux ? « Sûrement pas, tranche-t-elle. Quand je suis arrivée, il était à
      13 %. » Par tempérament, Agnès Buzyn n’est pas du genre à jouer les supplétifs. Si elle s’est présentée,
      c’est avec la conviction qu’elle pouvait bousculer le jeu. C’était son moment, pensait-elle. Ou son
      calvaire, vues les circonstances. Aujourd’hui, c’est toute cette séquence qui lui revient, jusqu’à faire de
      sa confession l’expression d’une tragédie intime.
      Tout commence le 14 février. A l’époque, l’OMS ne parle pas encore de pandémie, les épidémiologistes
      comparent la mortalité du virus à celle de la grippe. Seule la province chinoise de Hubei est con née.
      Invitée sur France Inter, ce matin-là, Agnès Buzyn fait le point sur ses dossiers et la situation sanitaire.
      Elle n’a pas encore vu la vidéo intime de Benjamin Griveaux, qui tourne depuis peu sur les réseaux
      sociaux. Toujours pas candidate dans un arrondissement de la capitale ?, lui demande-t-on à
      l’antenne. Ce même Griveaux ne lui avait proposé qu’« une troisième position, dans le 15 e », précise-t-
      elle aujourd’hui. Pas forcément de son niveau. Elle n’entre pas dans ces détails et répète : « Je ne
      pourrai pas être candidate. J’avais déjà un agenda très chargé, j’ai beaucoup de réformes dans le
      ministère et s’est rajouté un surcroît de travail inattendu malheureusement, qui est cette crise du
      coronavirus. » L’a aire semble tranchée.
      « Paris est un beau mandat. J’ai appelé moi-même le président pour
      lui dire que j’y allais »
      Que se passe-t-il entre ce vendredi matin et le samedi soir suivant, qui la voit s’avancer sur le devant
      de la scène parisienne, alors que Griveaux jette l’éponge ? A l’entendre, elle devine déjà ce qui se
      pro le. « Je pense que j’ai vu la première ce qui se passait en Chine : le 20 décembre, un blog anglophone
      détaillait des pneumopathies étranges. J’ai alerté le directeur général de la santé. Le 11 janvier, j’ai envoyé
      un message au président sur la situation. Le 30 janvier, j’ai averti Edouard Philippe que les élections ne
      pourraient sans doute pas se tenir. Je rongeais mon frein. » Dès lors, pourquoi tout lâcher pour
      remplacer Griveaux ? « Ni Emmanuel Macron ni Edouard Philippe ne m’ont mis la pression. Mais je
      recevais des milliers de textos me disant : “Il n’y a que toi...” Je me suis dit que je n’allais pas laisser La
      République en marche dans la difficulté... Paris est un beau mandat. J’ai appelé moi-même le président
      pour lui dire que j’y allais. »

      Un bref moment de bonheur
      Lucide sur la crise sanitaire et pourtant décidée à s’engager : nous sommes là au cœur du mystère
      Buzyn. La politique, cette hématologue réputée, entrée au gouvernement en 2017, en rêvait. « Depuis
      toujours, dit-elle. C’était aussi l’ ADN de la famille Veil », celui de Simone, son ex-belle-mère, qu’elle
      admire. Elle avait déjà manqué de sauter le pas lors du précédent quinquennat, quand François
      Hollande avait songé à la nommer ministre, sans nalement donner suite. Auparavant, François
      Fillon l’avait, lui aussi, remarquée, alors qu’elle présidait l’Institut de radioprotection et de sûreté
      nucléaire, et lui avait proposé de devenir sa suppléante à Paris, aux législatives de 2012. Par conviction
      de gauche – peut-être aussi parce que c’était un début trop modeste –, elle avait refusé.
      Agnès Buzyn se dit que ce dé parisien est une aubaine. La capitale, sa ville natale, semble lui tendre
      les bras. Elle le croit d’autant plus volontiers qu’au gouvernement, ses marges se sont rétrécies. Le
      corps hospitalier la voue aux gémonies, la réforme des retraites est un loupé, la future loi sur la
      dépendance n’aura pas les crédits exigés... Si elle est encore à ce poste en 2022 et que Macron échoue,
      con e-t-elle à des proches, que restera-t-il de sa réputation ? Agnès Buzyn n’aime pas perdre et une
      nouvelle carrière, politique celle-là, s’ouvre à elle. Olivier Véran, un ex-socialiste de 39 ans, neurologue
      et député, paraît taillé pour lui succéder.

      L’entrée en campagne est un bref moment de bonheur. La Macronie parisienne, sonnée par l’a aire
      Griveaux, se reprend à rêver. La candidate a les coudées franches. Elle enterre les projets-phares de
      son prédécesseur et pousse la promesse qui fait sa marque : l’aide aux personnes âgées à domicile.
      Bienveillance, proximité, mais aussi sécurité et propreté. Qu’apporte-t-elle de plus ? Son passé
      précisément, soit un sérieux, une compétence, une légitimité.
      Pendant quelques jours, elle croit à sa bonne étoile. Les sondages frémissent. On l’engueulait
      toujours, et désormais on l’aborde gentiment. « J’aime les gens, dit-elle, et quoi qu’on en dise, dans un
      ministère, il y a une distance qui se crée. » La candidate s’enhardit et commet la faute de critiquer le
      manque de préparation de la Mairie de Paris face à l’épidémie, alors qu’elle l’a félicitée un peu plus tôt
      – et par écrit – de sa mobilisation. A moins que ces critiques ne trahissent un sentiment de culpabilité
      personnel ? Le satané virus envahit tout et, à la télévision, c’est Olivier Véran qui prend la lumière.
      Précis, rassurant, il est jugé excellent. La révélation n’est plus là où on l’imaginait...
      Commence alors le chemin de croix. Sur le terrain, dans les débats, Agnès Buzyn montre un vrai
      savoir-faire mais elle stagne dans les sondages. Comment rassembler largement au second tour,
      comme promis, si elle arrive derrière Hidalgo et Dati ? « Je ne suis pas une politicienne mais une
      professionnelle de l’intérêt général », affirme le message audio qu’elle laisse sur 500 000 téléphones.
      La crise sanitaire la ramène sans cesse à son passé de ministre. Les réseaux sociaux reprennent ainsi
      cette petite phrase, lâchée le 24 janvier : « Le risque de propagation du coronavirus dans la population
      est très faible. »
      « Bien sûr, je n’aurais pas dû prononcer ces mots. Mais avant de partir du ministère, j’avais tout préparé,
      malgré une inertie... » Les quelques reproches qu’elle s’adresse se mêlent au désir de convaincre qu’elle
      n’a pas failli. « Je n’ai plus de boulot », glisse-t-elle, avant de se reprendre : « Je dis toujours : “Ministre
      un jour, médecin toujours”. L’hôpital va avoir besoin de moi. Il va y avoir des milliers de morts. »
      Ariane Chemin

      https://framadrop.org/r/R4WUtxqIqM#/cBYLp/Brzkn3cI7jqClDzWhS/CenIvLpTNf5jwdgvA

      #élections #coronavirus

  • Y’a plus de pain ! Je viens de passer à la boulangerie : y’a plus de pain ! J’ai poussé jusqu’à la supérette du coin : y’a plus de pain non plus ! Même le pain synthétique imputrescible, y’en a plus !

    Je suis sidéré : c’est du pain. Le boulanger, cette nuit, il va en refaire. C’est de la farine et de l’eau. Tant qu’il n’y a pas de guerre thermonucléaire sur l’ouest de Montpellier, y’a pas de raison qu’il ne fasse plus de pain. Pourquoi les gens ils stockent le pain ? C’est quoi la logique de priver les autres de pain ?

    C’est quoi demain ? On achète tous des fusils parce qu’on a peur que les zôtres viennent nous siphonner l’essence de la bagnole ? (Je vais me tartiner notre exemplaire de L’Entraide de Servigne à la confiture, tiens, au moins on aura quelque chose pour le petit déjeuner.)

  • Ces #enfants qu’on a poussés à massacrer des gens pendant les #guerres de #Religion
    https://www.nouvelobs.com/idees/20200315.OBS26082/ces-enfants-qu-on-a-pousses-a-massacrer-des-gens-pendant-les-guerres-de-r

    ... l’action régulière des enfants au sein des cruautés commises par les catholiques sur les protestants se révèle centrale, parce qu’elle est précisément symbolique : ce n’est pas en dépit de la pureté qu’on leur attribue que les enfants sont ici mobilisés, mais en raison de celle-ci, qui en fait les instruments privilégiés de la volonté divine aux yeux des catholiques ; « dépositaires d’une innocence qui fait d’eux des figures du Christ. »

    #paywall

    • A la mi-mai 1562, le protestant François du Mas est traîné vivant dans les rues de Toulon sur ordre des autorités catholiques de la ville, avant que les adultes ne s’effacent, et celui-ci est alors « lapidé et brûlé par des petits enfants ». De la même manière en septembre 1572, quelques jours après la Saint-Barthélemy, le protestant Jean Bellardel est pendu dans la ville de Provins, avant que son cadavre ne soit détaché par un groupe d’une centaine d’enfants de moins de 12 ans, qui tentent de l’écarteler puis le traînent dans la boue qui jonche les rues de la ville.

      Comment interpréter, et quel sens donner à ces épisodes glaçants de violence au sein des guerres de Religion, spécialement lorsqu’ils sont ainsi commis par des enfants en bas âge ? L’historien Denis Crouzet y analyse bien plus que des détails sordides ou des débordements incontrôlés de violence populaire.

      Au contraire, l’action régulière des enfants au sein des cruautés commises par les catholiques sur les protestants se révèle centrale, parce qu’elle est précisément symbolique : ce n’est pas en dépit de la pureté qu’on leur attribue que les enfants sont ici mobilisés, mais en raison de celle-ci, qui en fait les instruments privilégiés de la volonté divine aux yeux des catholiques ; « dépositaires d’une innocence qui fait d’eux des figures du Christ. »
      Sommets de cruauté

      Il reste alors à essayer de comprendre, malgré la distance qui nous sépare des guerres de Religion du XVIe siècle, souvent hâtivement cantonnées dans un recoin inconfortable de l’histoire de France. Comprendre la structure de ces violences, qui prennent place dans une chrétienté angoissée par l’idée de la fin des temps, et où la Réforme protestante marque une profonde déchirure qui vient précipiter ces peurs. Les événements qui s’ensuivent sont ainsi parcourus par une exaltation mystique dont la dimension symbolique (où Denis Crouzet plonge depuis des décennies) explique les sommets insensés de cruauté sur les victimes protestantes, qu’il s’agit de châtier parce qu’elles sont allées à l’encontre du message – perçu – de Dieu.

      Comprendre aussi le rôle des enfants dans ces violences, qui s’inscrit en continuité avec leur place quotidienne dans les sociétés d’Ancien Régime, où ils sont souvent des acteurs essentiels des rituels folkloriques et des cérémonies chrétiennes, et prennent une nouvelle dimension dans un contexte d’affrontements religieux. Les enfants deviennent alors les vecteurs d’une action politique de la part des adultes, représentant les bras innocents qui confèrent un surcroît de légitimité aux actions décidées par le parti catholique. C’est le cas notamment lors de la Saint-Barthélemy où l’élimination le 24 août 1572 à Paris de l’amiral Coligny, chef du parti protestant, est prolongée par la procession et le dépècement de son cadavre dans la ville par des bandes d’enfants, légitimant en quelque sorte symboliquement l’action du parti catholique.
      Faire résonner ces violences lointaines

      Comprendre enfin les motivations de ces enfants, ce qui implique bien souvent de bâtir des ponts et de mettre en place des comparaisons à travers les périodes historiques, pour faire résonner ces violences enfantines lointaines avec celles, mieux documentées, des enfants soldats du Mozambique, des jeunes tueurs à gages de Medellín ou des génocidaires du Rwanda. Car la place des enfants dans une telle accumulation d’horreurs – parfois à l’avant-garde, désignant les victimes, périodiquement bourreaux – ne cesse jamais de produire le malaise, quelle que soit la distance qui nous en sépare.

      En particulier, la familiarisation de ces jeunes enfants à un tel déferlement de cruautés pose la question des conséquences de long terme, tant pour les individus eux-mêmes que dans l’image que la société se fait de l’enfance. Et si de telles actions se raréfient après 1572, l’onde de choc d’une telle culmination se fait sentir dans le long XVIIe siècle, et bien au-delà jusqu’à la Révolution française.
      Les Enfants bourreaux au temps des guerres de Religion, par Alexandre Crouzet, Albin Michel, 334p., 22,90 euros.

  • Les commerçants en état de choc après les annonces d’Edouard Philippe
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/03/15/les-commercants-en-etat-de-choc-apres-les-annonces-d-edouard-philippe_603312


    Une chaîne de restauration rapide ferme après l’annonce de nouvelles mesures contre l’épidémie de Covid-19 à Paris, le 14 mars.
    BENJAMIN GIRETTE POUR « LE MONDE »

    Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, doit rencontrer, lundi, les acteurs du commerce, du tourisme et de la restauration. En attendant, beaucoup de questions restent sans réponses.

    Le téléphone n’a pas arrêté de sonner, samedi 14 mars, dans la soirée pour Francis Palombi, président de la Confédération des commerçants de France (CDF), à la suite des annonces du premier ministre, Edouard Philippe, de fermer samedi à minuit tous « lieux recevant du public non indispensables à la vie du pays » : restaurants, bars, discothèques, cinémas et commerces, à l’exception des magasins alimentaires, pharmacies, banques, bureaux de tabac ou encore stations essence.

    Ses adhérents, essentiellement des petits commerces dont 40 % sans aucun salarié s’inquiètent. « Un cafetier qui venait de s’installer avec un prêt sur le dos qu’il ne pourra plus payer ; la responsable d’une chaîne de chaussures qui se demande s’il y a obligation de mettre tout le monde en chômage partiel… », égrène M. Palombi. Et face à ces questions légitimes, il n’a malheureusement aucune réponse définitive. Et même encore plus de questions. « Nous sommes particulièrement effrayés par cette décision, lance-t-il. C’est arrivé plus vite que prévu. Certains restaurants nous demandent s’ils pourront au moins vendre de la restauration en vente à emporter, pour ne pas crever. »

    « Des commerçants vont péter un boulon »
    Si la réunion, prévue lundi 16 mars au matin, entre le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, et les acteurs du commerce, du tourisme et de la restauration est maintenue, il va même demander la mise en place d’une cellule psychologique car « il y a des commerçants qui vont péter un boulon. Certains étaient justes en trésorerie, d’autres venaient de commencer leur activité ».

    #paywall

    • Je ne sais pas si mes copines et copains du #spectacle_vivant sont #en_état_de_choc, mais ils savent qu’avec tout ce qui est d’ores et déja annulé, ils n’auront pas leurs heures et donc peuvent s’asseoir non seulement sur les revenus concernés mais sur leurs futures indemnités.

      Mais qui a l’oreille des #intermittents ? Peut-être les organisateurs qui anticipent déja qu’ils auront du mal à monter des spectacles après la purge radicale qui s’annonce dans le secteur.

    • Et tout·es celleux qui sont « indépendant·es » c-a-d sans aucun contrat de travail qui leur assure une protection sociale digne. Pensons aux ubérisé·es, auteur·es, artistes, etc affilié·es ou non qui vont s’asseoir sur l’aide potentielle promise aux salarié·es.

      De mon expérience d’autrice affiliée à l’Agessa, (maintenant URSSAF), après un cancer du sein dont le traitement a duré 6 mois, j’ai reçu de leur part une notification comme quoi n’ayant pas assez travaillé durant cette période (ah oui, ben j’étais pas vraiment en état) je n’avais désormais droit à aucune indemnité journalière !!! mais que royale, la sécu me couvrait pour les frais médicaux.
      Tu peux imaginer qu’ayant tout de même cotisé, j’ai été sous le choc d’apprendre cela.

      Je ne suis pas un cas isolé, donc je me permets d’exposer cette expérience d’#abandon_social, je dénonce ce système qui laisse sciemment sombrer ceux qui sont fragiles, dans mon cas, j’ai été éjectée de mes droits à toute indemnité journalière en cas de nouveau problème de santé.
      Et peux-tu même imaginer la reprise de ton activité au même niveau de production (un terme laid mais c’est pourtant cela) alors que la plupart mes clients malgré leurs promesses de me redonner du travail, n’ont pas honoré leur parole et ont trouvé de nouveaux auteurs pour me remplacer.

      Nous sommes dans un système insidieux qui fait croire que les cotisations de sécurité sociale sont un moyen de solidarité avec le versement de droits aux plus faibles. C’est tellement impensable que tant que tu ne l’as pas vécu tu as du mal à réaliser la violence du truc.

      Je souhaite une très bonne santé et beaucoup de courage à toutes les femmes indépendantes qui ne recevront aucune aide en cas d’infection et ne retrouveront pas de travail après une longue maladie. Je rappelle que les autrices, de fait, indépendantes, travaillent souvent chez elles depuis des années et parfois même la nuit, pendant que le ou les enfants dorment dans la chambre à côté. #be_positive me dit-on, fallait pas naitre femme et vouloir être indépendante surtout.

      Un mot aussi pour les copains et copines au chômage ou à la marge qui risquent de payer le plus lourd tribu.

  • « Le RGPD offre paradoxalement une immense opportunité de collecte pour les publicitaires et autres sociétés de services marketing »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/03/15/le-rgpd-offre-paradoxalement-une-immense-opportunite-de-collecte-pour-les-pu

    Le spécialiste de la communication numérique Augustin Remay souligne, dans une tribune au « Monde », le paradoxe d’une réglementation qui, faite pour protéger la vie privée, conduit l’internaute à laisser capter encore plus ses données personnelles. Cela fait presque deux ans que nous tous, acteurs du numérique, évoluons dans l’ère nouvelle des bannières RGPD [règlement général sur la protection des données personnelles européen, en application depuis mai 2018], ces petits bandeaux aux airs inoffensifs qui (...)

    #marketing #conditions #BigData #Quantcast #consentement #[fr]Règlement_Général_sur_la_Protection_des_Données_(RGPD)[en]General_Data_Protection_Regulation_(GDPR)[nl]General_Data_Protection_Regulation_(GDPR) (...)

    ##[fr]Règlement_Général_sur_la_Protection_des_Données__RGPD_[en]General_Data_Protection_Regulation__GDPR_[nl]General_Data_Protection_Regulation__GDPR_ ##cookies

  • Coronavirus : pourquoi la stratégie sanitaire française pose question
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/03/14/coronavirus-pourquoi-la-strategie-sanitaire-francaise-pose-question_6033106_


    Dans un bureau de vote de Vélizy-Villacoublay, le 14 mars.
    GONZALO FUENTES / REUTERS

    Le chef de l’Etat a décidé de maintenir les élections municipales en s’appuyant sur des expertises scientifiques qu’il n’a pas rendues publiques

    Sur quelles bases scientifiques, médicales, épidémiologiques, la stratégie actuelle de lutte contre l’épidémie de coronavirus a-t-elle été mise en œuvre en France et, plus généralement, en Europe ?

    Pourquoi les autorités sanitaires ont-elles, dans ces pays, décidé de ne suivre ni les recommandations de l’OMS, ni l’exemple chinois de lutte contre l’épidémie ? En décidant de laisser l’épidémie suivre son cours et de ne pas tenter de l’arrêter brutalement, les pouvoirs publics français, sans le dire, acceptent l’idée qu’une part importante de la population va être, dans les prochains mois, infectée par le coronavirus. Avec à la clé, à tout le moins, probablement, des dizaines de milliers de personnes décédées dans l’Hexagone. Une telle stratégie, encore une fois non avouée mais de facto mise en œuvre, ne devrait-elle pas être à tout le moins discutée ?

    #paywall

    le spécialiste santé du Monde doute et regrette que la France (et l’Europe) ne suive pas le modèle chinois…

    • Je ne dis pas qu’il fallait suivre la gestion de la Chine, mais une épidémie était tout de même assez probable depuis plusieurs années. La crise du covid-19 semble avoir été traitée en France avec beaucoup de légèreté, surtout ces deux derniers mois.
      Le 3 mars, d’après la cheffe de service anesthésie du CHU Purpan Toulouse, aucune directive n’était encore donnée concernant le covid-19, que ce soit pour l’accueil, la gestion des patients infectés ou une possibilité de fermeture des batiments.
      D’autre part, il semble que les médias n’ont pas vraiment les chiffres réels, pas plus pour la France, qu’en Inde ou en Afrique.
      Je voudrais savoir comment un pays peut se dire démocratique quand la gestion politique d’une telle crise a seulement consisté depuis des semaines à communiquer une sous estimation de l’épidémie.