• #Colonia_per_maschi. Italiani in Africa Orientale: una storia di genere

    Quella degli italiani che combatterono o lavorarono nelle colonie africane del fascismo è una storia poco e mal conosciuta. Questo libro intende fornire un contributo di conoscenza sui comportamenti e i sentimenti di quanti, militari o civili, furono coinvolti nella colonizzazione dell’Etiopia (1935-41). Attraverso lo studio di memorie e diari inediti, ma anche della propaganda e della letteratura coloniale coeva, il volume indaga sul significato del colonialismo per gli italiani in termini di identità maschile, sia sul piano dell’esperienza vissuta che su quello dell’immaginario e della rappresentazione, pubblica e privata. Partendo dall’ipotesi della conquista coloniale come «terapia» per arginare la «degenerazione» del maschio e, in questa chiave, dal mito dell’Africa come luogo di frontiera e «paradiso dei sensi», il saggio intreccia l’analisi dei modelli maschili e delle politiche coloniali del fascismo con la ricostruzione delle esperienze quotidiane e delle percezioni di sé degli italiani. In particolare, sulla scia di molti studi coloniali stranieri focalizzati sulle variabili di genere e razza, l’analisi si sofferma sulla sfera dei complessi e multiformi contatti con gli uomini e le donne della società locale. Ne emerge un quadro articolato e contraddittorio, un complesso di relazioni tra colonizzatori e colonizzati sicuramente caratterizzato da gerarchie e razzismo, ma anche da rapporti amicali, erotici e omoerotici, paternalistici e, talora, paterni.
    Come scrive Luisa Passerini nella prefazione, questo libro è un «contributo originale [...] a un tema di grande rilevanza, che permette di comprendere meglio sia la complessità del passato recente della nazione sia le difficoltà di fare i conti con il suo retaggio coloniale».

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    • La conquête de l’Éthiopie et le rêve d’une #sexualité sur ordonnance (1), par Marie-Anne Matard-Bonucci.

      PARTIE 1

      Le 9 mai 1936, à Rome, dans un discours retransmis par des milliers de haut-parleurs dans toute l’Italie, Mussolini annonce la conquête de l’Éthiopie. Du Palais de Venise où il est acclamé par une foule en liesse, le Duce prétend donner au monde une leçon de civilisation, célébrant le combat de l’Italie contre « l’arbitraire cruel », « l’esclavage millénaire » et la victoire de la justice sur la barbarie. La veille, dans un climat analogue, le Duce s’est adressé aux organisations féminines du régime, et a remercié les femmes d’avoir soutenu l’héroïsme de leurs frères, fils et maris en résistant aux sanctions décrétées par la Société des Nations1. Quelques mois plus tôt pour la journée de la « Foi », des cohortes de femmes avaient offert leur alliance, le don de l’anneau nuptial symbolisant l’engagement de toute la nation dans l’aventure coloniale.

      Cette communion des genres sur l’autel de l’impérialisme fasciste ne doit pas masquer que la guerre d’Éthiopie fut un pic d’exaltation de la virilité par un régime qui l’avait élevée à des sommets jamais atteints2. « Rappelez-vous que la passion des colonies est la plus masculine, la plus fière et la plus puissante qu’un Italien puisse nourrir ; aimez-les plus encore pour les sacrifices qu’elles nous ont coûtés et qu’elles nous coûteront que pour les richesses qu’elles pourront nous apporter. Préparez-vous à mesurer dans les colonies votre force de dominateur et votre pouvoir de condottiere » exhortait le maréchal Rodolfo Graziani, devenu vice-Roi d’Éthiopie en juin 19363. Guerre coloniale et fasciste, le conflit éthiopien fut pensé comme un temps fort dans la stratégie destinée à créer un « homme nouveau fasciste »4. Soldats et colons étaient invités par le Duce, le maréchal Graziani et les élites fascistes à se comporter en peuple dominateur et impitoyable. Tous les moyens furent bons pour écraser un adversaire aussi mal équipé que déterminé : emploi de gaz asphyxiants, bombardements, massacres de civils, anéantissement des élites5. L’Éthiopie fut le théâtre d’une violence extrême. Soldats et hiérarques expérimentèrent l’hubris guerrière, comme aux meilleurs temps du squadrisme, l’infériorité présumée des indigènes autorisant une cruauté particulière. Dans son journal, l’intellectuel et hiérarque fasciste Giuseppe Bottai déplorait des épisodes de barbarie dont s’étaient principalement rendus coupables des officiers et dirigeants : « Le mouton des classes moyennes devient un petit lion, confondant l’héroïsme et la cruauté »6. Starace, le secrétaire national du parti fasciste, n’avait pas hésité à donner l’exemple, se livrant à des exercices de tir sur des prisonniers tandis que des soldats prenaient la pose près de cadavres ou brandissaint des restes humains comme des trophées.

      En dépit de discours affichant un humanisme à l’italienne, les autorités fascistes ne réprimèrent pas ces pratiques barbares des combattants, jugeant plus important de modifier les comportements sur un autre terrain : celui de la sexualité. Quelques mois après le début des hostilités, les relations des Italiens avec les femmes éthiopiennes devinrent, aux yeux des élites fascistes, une véritable « question » politique et une bataille prioritaire du régime.

      Les Éthiopiennes, obscurs objets de désir

      Préparée par plusieurs décennies d’idéologie nationaliste, la conquête de l’Éthiopie avait suscité de nombreuses attentes au sein de la population italienne. Au désir des plus démunis d’accéder à la propriété foncière s’ajoutaient des motivations plus complexes où se mêlaient confusément, comme dans d’autres contextes coloniaux, exotisme et érotisme. La beauté légendaire des femmes de la région n’était pas pour rien dans l’attrait de cet Eldorado, l’espoir de les posséder apparaissant aussi légitime que la prétention à s’emparer des terres.
      Photographies d’Éthiopiennes forcément dénudées, comme dans la plupart des représentations des femmes africaines jusqu’aux années Trente, romans populaires publicités et chansons avaient aussi contribué, avant et pendant la conquête, à répandre le stéréotype de créatures à la sensualité exacerbée, offertes au plaisir de l’homme blanc7. Dans l’Italie puritaine qui n’autorisait la nudité que dans l’art, les poitrines des Éthiopiennes nourrissaient tous les fantasmes. « Les Italiens avaient hâte de partir. L’Abyssinie, à leurs yeux, apparaissait comme une forêt de superbes mamelles à portée de main » se souvient Léo Longanesi8. Pendant la guerre, de nombreux dessins humoristiques véhiculés par la presse ou des cartes postales opposaient l’image d’un peuple d’hommes arriérés et sauvages et de femmes séduisantes et avenantes9. Dans un registre qui se voulait humoristique, le dessinateur Enrico De Seta, sur une carte intitulée « Bureau de poste », montrait un soldat devant un guichet postal. Il s’apprêtait à expédier un curieux colis : une femme abyssine empaquetée dans une couverture, dont dépassaient la tête et les pieds10 !

      En 1935, la chanson Faccetta Nera, (Petite frimousse noire) avait accompagné les troupes en campagne. Composée d’abord en dialecte romain, la chanson était devenue très populaire dans sa version italienne11. Les paroles étaient à l’image des sentiments complexes des colonisateurs à l’égard des femmes africaines : volonté de possession et de domination, promesse de libération et de civilisation, désir et fascination. « Facetta Nera, Belle abyssine, attends et espère, l’heure est prochaine. Quand nous serons près de toi nous te donnerons une autre loi et un autre roi. Notre loi est esclavage d’amour, notre slogan est liberté et devoir etc. »12.

      L’imaginaire des romanciers ou chansonniers n’était pas sans rapport avec une certaine réalité des rapports hommes femmes en Éthiopie. Tandis qu’en Italie les interdits pesant sur la sexualité des femmes étaient encore très forts, l’Éthiopie offrait aux femmes, surtout aux Amharas, une liberté plus grande, les relations hors mariage n’étant pas frappées d’opprobre comme dans les sociétés catholiques européennes. Non seulement le concubinage était une pratique qui n’était pas réprouvée par l’entourage – le mariage dämòs permettait aux femmes une forme d’union contractuelle temporaire- mais il pouvait s’inscrire, comme l’ont révélé des travaux récents, du point de vue des Éthiopiennes, dans le cadre d’une stratégie d’élévation sociale, voire d’émancipation13. La pratique du madamismo était répandue, en Somalie et en Érythrée, y compris parmi les fonctionnaires et militaires de haut grade14. En Érythrée, le fonctionnaire Alberto Pollera, pour convaincu qu’il fût des bienfaits de la colonisation, et en dépit de ses responsabilités, n’en avaient pas moins six enfants de deux femmes érythréennes15. Comme l’écrit Giulia Barrera : « The madamato was a set of relationships grounded in the material basis of colonialism and shaped by colonial discourse but it was lived out by concrete individuals : by men who participated in very different ways in the colonial enterprise and by women who were note merely passive victims »16.

      Pour les 300 000 pionniers et soldats présents après la conquête, certains subirent, effectivement, le « doux esclavage » mentionné par la chanson. Même quand la fascination n’était pas au rendez-vous, le concubinage s’imposait presque par défaut, représentant « la véritable institution des rapports sexuels sous le colonialisme »17. En dépit de la propagande visant à les attirer, bien peu de femmes de métropole avaient accepté de s’installer sur place, craignant l’insécurité ou des conditions de vie précaire. Peu après la conquête, un navire de 2000 épouses et fiancées fut appareillé à destination de l’Empire18. En 1938, 10 000 Italiennes avaient accepté de participer à l’aventure coloniale, dont la moitié dans la capitale de l’Empire. Le régime avait également cherché à installer des prostituées blanches recrutées dans la péninsule mais, là encore, l’offre était restée largement inférieure à la demande19. Les hommes continuaient de fréquenter assidûment les sciarmute, les prostituées indigènes, que les autorités s’efforçaient contrôler. Parmi les 1500 femmes autorisées à faire le commerce du sexe à Addis Abeba, et contrôlées lors de visites médicales, les autorités distinguaient trois catégories, identifiables à la couleur d’un petit drapeau affiché sur leur tucul, l’habitation traditionnelle : jaune pour les officiers, verte pour les soldats et travailleurs, noir pour les troupes coloniales. Cette prostitution encadrée et hiérarchisée ne couvrait pas davantage les besoins et certains responsables militaires s’indignaient des longues files d’attente devant les bordels indigènes. Restaient enfin les prostituées occasionnelles ou clandestines, présentes sur l’ensemble du territoire.

      Entre l’exploitation sexuelle des indigènes et la chasteté existait toute une gradation de comportements. Le concubinage fut l’un d’entre-eux qui présentait, avant d’être placé hors la loi, de nombreux avantages pour les colons. Avant la conquête de l’Éthiopie, dans les colonies italiennes d’Afrique noire, Somalie et Érythrée, il était fréquent que des fonctionnaires de l’administration coloniale ou des militaires vivent avec des femmes africaines. Les compagnes des Italiens étaient nommées les madame et le concubinage le madamismo. Ces unions donnaient souvent lieu à la naissance d’enfants métis qui eurent la possibilité, à partir de 1933, en vertu de la « Loi organique pour l’Érythrée et la Somalie » d’obtenir la nationalité italienne20. En Érythrée, en 1935, on comptait 1000 métis sur une population de 3500 Italiens21. Pour les colons, la mise en ménage avec des Éthiopiennes, résultait de motivations diverses, parfois concomitantes, qui n’excluaient pas le sentiment amoureux : disposer d’une compagne pour partager le quotidien et les tâches ménagères, disposer d’une partenaire sexuelle stable et plus sûre que des prostituées. Le journaliste Indro Montanelli, enrôlé comme volontaire en Éthiopie à l’âge de 23 ans, fut nommé à la tête d’un bataillon d’indigènes Érythréens. Il dit avoir « acheté » à son père pour 500 lires, une jeune fille de douze ans. Pratique répréhensible en métropole mais diffusée dans les colonies, celle-ci était justifiée en ces termes : « mais à douze ans [en Afrique] les jeunes filles sont déjà des femmes ». À son départ, il revendit la jeune fille « petit animal docile » à un officier de haut rang, lequel disposait déjà d’un « petit harem »22 Selon son témoignage, la jeune fille était musulmane.

      Avant que le racisme ne devînt doctrine officielle du fascisme, les points de vue sur les unions mixtes étaient partagés. Lidio Cipriani s’alarmait du métissage alors que les démographes Corrado Gini ou Domenico Simonelli y voyait une opportunité de régénération des populations européennes et, pour le second, un facteur de peuplement pour les colonies23. Dans la presse coloniale, les unions mixtes n’étaient pas encore dénoncées24. En février 1936, dans l’Illustrazione coloniale, Lorenzo Ratto opposait l’attitude raciste des colonisateurs britanniques à la tradition « romaine » de fraternisation avec les populations vaincues. Réprouvant le métissage avec les « nègres », il admettait les unions mixtes avec les Éthiopiennes, racialement supérieures : « les plus belles filles de race sémitico-éthiopiennes, facilement sélectionnables sur les plateaux éthiopiens pourront être choisies par les pionniers du Génie militaire rural pour faire partie de nos colonies en tant qu’épouses légitimes (…) »25.

      Texte paru in D. Herzog, Brutality and desire. War and Sexuality in Europe’s Twentieth Century, Palgrave Macmillan, 2008.

      Pour aller plus loin :

      La guerre d’Éthiopie, un inconscient italien, par Olivier Favier. Sur le mausolée au maréchal Graziani à Affile (août 2012), la naissance d’une littérature italophone et postcoloniale et le documentaire de Luca Guadagnino, Inconscio italiano (2011). Voir aussi : L’Italie et ses crimes : un mausolée pour Graziani, par Olivier Favier.
      Mémoire littéraire, mémoire historique, entretien croisé avec Aldo Zargani et Marie-Anne Matard-Bonucci, par Olivier Favier.
      Le fascisme, Auschwitz et Berlusconi, par Marie-Anne Matard Bonucci, Le Monde, 11 février 2013. Marie-Anne Matard-Bonucci est professeure d’histoire contemporaine à Paris VIII, Institut Universitaire de France. Elle est également l’auteure de L’Italie fasciste et la persécution des juifs, Paris, Puf, 2012.

      « Éloge des femmes italiennes » discours prononcé le 8 mai 1936, in B. Mussolini, Édition définitive des œuvres de B. Mussolini, ed. Flammarion, vol. XI, 1938, p. 69-71. [↩]
      Voir G. L. Mosse, L’image de l’homme. L’invention de la virilité moderne, Pocket, Agora, p. 179-203. B., Spackman, Fascist Virilities : Rhetoric, Ideology, and Social Fantasy in Italy, University of Minnesota Press, 1996. [↩]
      Cité par F. Le Houérou, L’épopée des soldats de Mussolini en Abyssinie. 1936-1938. Les ensablés, L’Harmattan, 1994, p. 50. [↩]
      M.-A. Matard-Bonucci, P. Milza, L’Homme nouveau entre dictature et totalitarisme, Fayard, 2004. [↩]
      A. Sbacchi, Legacy of Bitterness. Ethiopia end fascist Italy, 1935-1941, The Read Sea Press, 1997. Voir en particulier le chapitre 3, “Poison gas and atrocities in the Italo-Ethiopian War, 1935-1936”, p. 55-85. A. Del Boca (dir.) , I gas di Mussolini. Il fascismo e la guerra d’Etiopia, Roma, Editori riuniti, 1996. G. Rochat, « L’attentato a Graziani e la repressione italiana in Etiopia 1936-1937 », in Italia contemporanea, 1975, n. 118, pp. 3-38. Plus généralement, voir l’œuvre considérable d’A. Del Boca, de R. Pankhurst. Voir aussi A. Mockler, Haile Selassie’s war : The Italian Ethiopian campaign, 1936-41, Oxford University Press, 1984, rééd. Grafton Books, 1987. [↩]
      G. Bottai, Diario 1935-1944, Ed . Bur, 2001, p. 102, note du 16 mai 1936. [↩]
      Sur la littérature coloniale : G. Tomasello, La letteratura coloniale italiana dalle avanguardie al fascismo, Palerme, Sellerio, 1984. R. Bonavita, « Lo sguardo dall’alto. Le forme della razzizzazione nei romanzi coloniali nella narrativa esotica », in La menzogna della razza. Documenti e immagini del razzismo e dell’antisemitismo fascista, Grafis, Bologne, 1994, p. 53-62. [↩]
      Cité par A. Petacco, Faccetta nera, Mondadori, ed. 2008, p. 191. [↩]
      Voir les vignettes reproduites dans le catalogue La Menzogna della Razza, p. 156-157. Sur l’iconographie coloniale : A. Mignemi., Immagine coordinata per un impero, GEF, 1984, Novara. G. Campassi, M.-Teresa Sega, « Uomo bianco, donna nera. L’immagine della donna nella fotografia coloniale » in Rivista di storia e teoria della fotografia, vol. 4, n° 5, 1983, p. 54-62. [↩]
      L. Goglia, « Le cartoline illustrate italiane della guerra etiopica 1935-1936 : il negro nemico selvaggio e il trionfo della civiltà di Rome » dans le catalogue de l’exposition La menzogna della Razza, cit. p. 27-40. L’image décrite est située dans le catalogue, à la p. 175. [↩]
      S. Pivato, Bella ciao. Canto e politica nella storia d’Italia, GLF, Editori Laterza, Bari-Laterza, 2007, p. 161-162. [↩]
      Le texte de la chanson est publié par A. Petacco, op. cit., p. 189-190. [↩]
      Après avoir été ignorée dans leur dimension raciste et sexiste, les relations hommes-femmes ont été analysées en privilégiant la clef de lecture de l’oppression coloniale puis du genre. Voir G. Campassi, « Il madamato in Africa orientale : relazioni tra italiani e indigene come forma di agressione coloniale » in Miscellanea di storia delle esplorazioni, Genova, 1987, p. 219-260. Giulia Barrera, dans une étude pionnière, se place du point de vue des femmes érythréennes livrant une vision plus complexe des rapports de genre dans ce contexte : G. Barrera, Dangerous Liaisons, Colonial Concubinage in Eritrea, 1890-1941, PAS Working Paper, Program of african Studies, Northwestern University, Evanston Illinois, USA, 1996. [↩]
      Carlo Rossetti « Razze e religioni nei territori dell’Impero », L’impero (A.O.I). Studi e documenti raccolti e ordinati da T. Sillani, Rome, La Rassegna italiana, XVI, p. 76. L’auteur était le chef du Bureau des études du Ministère de l’Afrique italienne. [↩]
      B. Sorgoni, Etnografia e colonialismo. L’Eritrea e l’Etiopia di Alberto Pollera 1873-1939, Torino, Bollato Boringhieri, 2001. [↩]
      G. Barrera, Ibid., p. 6. [↩]
      Voir A. Gauthier, “Femmes et colonialisme” in M. Ferro (dir.), Le livre noir du colonialisme. XVIe-XXIe siècle : de l’extermination à la repentance, Poche, Pluriel, Hachette, 2006, p. 759-811. La citation est à la p. 802. Voir également A.-L. Stoler, Carnal Knowledge and Imperial Power : Race and the Intimate in Colonial Rule, Berkeley : University of California press, 2002. [↩]
      Article de Carlo Rossetti, Capo dell’Ufficio studi del Ministero dell’Africa italiana, « Razze e religioni eni territori dell’Impero », in L’impero (A.O.I). Studi e documenti raccolti e ordinati da T. Sillani, La Rassegna italiana, XVI, p. 76. [↩]
      Sur la prostitution, A. Del Boca, La caduta cit. p. 244-245. Pankhurst, R. « The history of prostitution in Ethiopia », Journal of Ethiopian Studies, 12, n° 2, p. 159-178. [↩]
      À condition, disait le texte de loi, que les intéressés « se montrent dignes de la nationalité italienne par leur éducation, culture et niveau de vie ». Loi du 6 juillet 1933, n° 999. [↩]
      Chiffre cité par A. Del Boca, op. cit., p. 248. [↩]
      Le témoignage de I. Montanelli est cité par E. Biagi in 1935 e dintorni, Mondadori, 1982, 58-61. [↩]
      Sur C. Gini, M.-A. Matard-Bonucci, L’Italie fasciste op. cit., p. 74-75. D. Simonelli, La demografia dei meticci, 1929. [↩]
      Avant la guerre d’Éthiopie, on ne trouve pas de textes dénonçant les méfaits du métissage dans la presse coloniale. Voir le mémoire de maîtrise inédit de F. Marfoli, La vision des Éthiopiens sous le fascisme : étude de quatre revues coloniales italiennes, dir. O. Dumoulin, Université de Rouen, sept-oct 2001. [↩]
      Illustrazione coloniale, Fev. 1936, n.2, « Metodo romano per colonizzare l’Etiopia ». [↩]

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      PARTIE 2
      La conquête de l’Éthiopie et le rêve d’une sexualité sur ordonnance (2), par Marie-Anne Matard-Bonucci.

      Le spectre du #métissage

      La proclamation de l’Empire représenta un tournant dans l’histoire du racisme et de la doctrine fasciste. Jusque-là, la domination des Italiens sur les populations coloniales s’était traduite par un racisme colonial assez banal. En Libye, aucune législation sur le métissage n’avait été adoptée et les Arabes étaient autorisés à fréquenter les bordels des Européens. À une économie propre au racisme qui valorisait les populations arabes par rapport aux habitants d’Afrique noire s’ajoutaient des facteurs objectifs limitant les risques de procréation des couples mixtes : les femmes italiennes y étaient plus nombreuses et les mariages « à court terme » n’existaient pas1.

      Dans la radicalisation raciste de l’été 1936, il est difficile de savoir si la question sexuelle fit office de catalyseur ou servit de révélateur. Mussolini était ulcéré depuis longtemps par l’idée même des couples mixtes. En avril 1934, il avait exigé de retirer de la circulation le roman Amour noir : « Il s’agit des amours d’un Italien avec une négresse. Inadmissible de la part d’une nation qui veut créer un Empire »2. Deux jours après la proclamation de l’Empire, le chef du gouvernement ordonna à Badoglio et Graziani de n’autoriser aucun Italien civil ou militaire à rester plus de six mois sans femme en Éthiopie pour prévenir « les terribles et prévisibles effets du métissage »3. Échafaudant de grands projets d’expansion économique pour l’Empire, Mussolini avait expliqué, à la même époque, au baron Aloisi, chef de cabinet du Ministère des affaires étrangères, son intention d’y envoyer « beaucoup d’Italiens, mais avec l’obligation d’emmener leurs femmes, car il faut absolument éviter le danger d’une race de métis qui deviendraient nos pires ennemis »4. En juin 1936, Facetta Nera tomba en disgrâce peu après avoir subi les assauts du journaliste à succès, Paolo Monelli. Dans un article intitulé « Donne e buoi dei paesi tuoi », et peut-être écrit sur ordonnance, il mettait au défi l’auteur de la chanson de partager quelques jours de l’existence d’une « facetta nera », « une de ces abyssines crasseuses, à la puanteur ancestrale qui puent le beurre rance qui dégouline à petites gouttes dans le cou ; détruites dès l’âge de vingt ans par une tradition séculaire de servage amoureux et rendues froides et inertes dans les bras de l’homme ; pour une beauté au visage noble cent ont les yeux chassieux, les traits durs et masculins, la peau variolée »5. La plume haineuse vitupérait le romantisme à l’eau de rose de la chanson et dénonçait l’incitation à fréquenter les « petites négresses puantes », qui conduisait au métissage et au « délit contre la race ». En rupture avec le climat de badinage et de libertinage qui avait accompagné la conquête de l’Éthiopie, l’article était en phase avec l’évolution idéologique de l’époque. En novembre 1936, devant le Grand Conseil du fascisme Mussolini affirma la nécessité « d’affronter le problème racial et de l’introduire dans la littérature et la doctrine fascistes »6.

      À cette date, la constitution d’un corpus de littérature et de propagande raciste était en bonne voie. Depuis plusieurs mois, le roman d’aventure de la conquête coloniale occupait les pages des journaux. À partir de mai 1936, s’insinua bientôt la figure d’épouvante du métis, en métropole comme dans les colonies, dans les feuilles fascistes comme dans la presse dite d’information7. Non seulement le métissage portait atteinte au prestige de la race mais le métis était présenté tantôt comme un délinquant en puissance, tantôt comme un malheureux. Un haut fonctionnaire du Ministère de l’Afrique italienne brossait un tableau assez sombre : « On a assez vu, en Érythrée et en Somalie, des officiers et fonctionnaires, parfois de grade élevé, vivre maritalement avec des femmes indigènes donnant naissance à une catégorie d’infortunés ; leur paternité italienne n’empêchait pas, une fois le père rentré en métropole, et si les missionnaires n’intervenaient pas, qu’il vive son adolescence dans le milieu de la race maternelle. Ces malheureux étaient évités par les Blancs et méprisés par les Indigènes8.

      Pour la bataille de la race on fit appel à des racistes patentés tels Lidio Cipriani, lequel agitaient depuis le début des années Trente l’épouvantail du métissage entre races supérieures et inférieures9. Ses multiples expéditions « du Cap au Caire » l’avaient imposé comme spécialiste des populations africaines, par des reportages dans des journaux grand public et dans l’Illustrazione italiana10. En 1937, il devint le directeur de l’Institut et du musée d’anthropologie de Florence, l’un des plus renommés d’Italie. Il s’imposa comme l’un des acteurs de premier plan de la croisade contre le métissage jouant un rôle important dans la principale revue du racisme militant, La Difesa della razza, lancée à l’été 193811. Il mit à la disposition de la revue ses collections de photographies des populations africaines12.

      La Difesa della Razza excella dans l’invention de procédés de photomontages destinée à matérialiser visuellement le métissage. Un quart des couvertures interpellait les lecteurs sur ce thème. L’une d’entre elles montrait l’addition d’un faciès de femme blanche et d’homme noir dont il résultait un masque grotesque. Une autre accolait une tête de blanche et d’Africain : de cet étrange Janus, surgissait une tête de mort édentée. Deux mains, l’une blanche, l’autre noire s’enlaçaient laissant choir une fleur fanée. Plus classique, la couverture de mai 1940, mettait en présence une Ève africaine offrant le fruit défendu à un « aryen ». Un cactus, au premier plan signalait, une fois encore, le danger de la fusion des races13.Le Parti fasciste suscita sa propre littérature sur le sujet. En 1939, parut Le problème des métis sous l’égide de l’institut fasciste de l’Afrique italiennes14. « Dieu a créé les blancs, le diable les mulâtres » pouvait-on lire en exergue15. En Afrique, le Parti fasciste fit campagne pour changer les mentalités. Guido Cortese, secrétaire du faisceau d’Addis Abeba, interprétait fidèlement le nouveau cours politique16 : « Le folklore, celui des nus, des pleines lunes, des longues caravanes et des couchers de soleil ardents, des amours folles avec l’indigène humble et fidèle, tout cela représente des choses dépassées, qui relèvent du roman de troisième ordre. Il serait temps de détruire tout de suite les romans, illustrations et chansonnettes de ce genre afin d’éviter qu’ils donnent naissance à une mentalité tout autre que fasciste ».

      Réformer les pratiques sexuelles des Italiens dans l’Empire

      Le 19 avril 1937, un décret-loi fut adopté pour sanctionner les rapports « de nature conjugale » entre citoyens italiens et sujets de l’Empire, passibles de un à cinq ans de prison17. La loi frappait les Italiens seuls et non les sujets de l’Empire – une situation qui serait bientôt considérée comme injuste par certains fascistes qui réclameraient un durcissement de la loi18. Avec les mesures pour la défense de la race qui installèrent l’antisémitisme d’État à l’automne 1938, la question était affrontée dans le cadre de la partition entre citoyens, ou non, de race italienne. Les juifs, comme les sujets de l’Empire, n’appartenaient pas à la race italienne. Dans ce cadre, les mariages entre individus de race différente étaient interdits : même si elle s’appliquait à l’Empire, la loi visait principalement les unions mixtes impliquant des juifs, très fréquentes, alors que celles-ci prolongeaient rarissimement une situation de madamismo.

      Dans l’Empire les troupes d’occupation et les colons pouvaient continuer à fréquenter les maisons closes et les très nombreuses prostituées africaines, les sciarmute19. En juin 1939, une nouvelle loi précisait et aggravait la précédente, la répression des couples mixtes et du métissage s’intégrant dans un texte plus large de défense du prestige de la race20. Tout délit, quel qu’il fût, était passible d’une peine plus lourde (un quart à un tiers) s’il y avait atteinte au prestige de la race italienne, ou lorsqu’il était commis en présence d’un indigène ou en complicité avec celui-ci. La loi reconduisait les dispositions de 1937 sanctionnant les relations de nature conjugale entre Italiens et sujets de l’Empire mais une disposition nouvelle marquait le franchissement d’un seuil dans la lutte contre le métissage. L’article 11, « Inchiesta relativa ai meticci » invitait les Procureurs à diligenter une enquête, en présence d’un enfant métis, probablement conçu après l’entrée en vigueur de la loi d’avril 1937. Le texte annonçait (art 20, Meticci) des dispositions à venir concernant la position des métis dans l’Empire. En mai 1940, de nouvelles dispositions assimilaient les métis à des sujets africains, interdisant aux pères italiens de les reconnaître. À l’instar des mesures antisémites, les lois coloniales ignoraient le statut de métis, par crainte sans doute que l’invention d’une catégorie juridique n’installe durablement le phénomène.

      La répression s’exerça de plusieurs façons. Plusieurs officiers furent rapatriés en métropole et parfois radiés des cadres de l’armée21. S’agissant des civils, il incombait à la police et à la justice de mettre un terme à des agissements qualifiés par le Duce de « scandaleux » et de « criminels ». Une « police » du madamismo était habilitée à distribuer des « billets jaunes » de mise en garde22.

      Plusieurs procès furent attentés à des Italiens pour réprimer le délit de madamismo23. Un premier jugement fut rendu en septembre 1937. Plusieurs dizaines d’autres procès suivirent devant les tribunaux d’Addis Abeba, Asmara, Gondar, Harar. Le nombre de procès peut sembler anecdotique en regard d’un phénomène qui concernait plusieurs milliers d’individus. Mais les textes des décisions de justice sont cependant riches d’enseignements quant à la façon dont les juges interprétaient la loi. La difficulté consistait dans l’établissement du délit, avec ce que cela supposait d’atteintes à la vie privée des individus. Confronté à un premier procès pour madamismo, en novembre 1938, le Tribunal de Gondar admettait la difficulté à juger en regard du caractère récent de la jurisprudence constituée. Il résumait efficacement la ligne de conduite suivie par les juges dans la plupart des procès : « Compte-tenu des jugements rendus par les autres Tribunaux de l’Empire, ce Tribunal entend diriger l’enquête vers la recherche des preuves matérielles telle que la vie commune menée pendant un certain temps et caractérisée par des rapports sexuels réitérés ; il s’agit aussi de déceler, sur le plan moral ou psychique, les éléments attestant d’un lien spirituel particulier qui ressemble d’une façon ou d’une autre à notre affectio maritalis24. À l’évidence, le fait d’avoir des relations sexuelles avec des Africaines n’était pas en cause. Plusieurs sentences laissaient transparaître la compréhension des juges à l’égard des « besoins sexuels » des expatriés, de la nécessité d’un « défoulement physiologique ». Les rapports sexuels occasionnels avec une domestique dès lors qu’elle ne vivait pas sous le même toit n’étaient pas condamnés25.

      Le sexe était toléré avec les indigènes pourvu qu’il fût dénué de tout affect. Dans une affaire de madamismo, les juges de Gondar estimaient que l’accusé -que son attachement manifeste à la femme accablait- n’aurait pas été coupable « s’il s’était servi de la femme seulement comme prostituée en lui payant le prix d’accouplements occasionnels puis en la congédiant après avoir satisfait ses besoins sexuels »26. En dépit de l’affichage d’un tel cynisme, certains juges prétendaient imposer une morale dans le commerce sexuel entre homme blancs et femmes noires, s’indignant parfois des pratiques de certains colons27. Deux Italiens furent ainsi condamnés pour atteinte au prestige de la race, pour avoir partagé une seule chambre à coucher avec deux Éthiopiennes. « Sans nul doute, l’acte sexuel accompli en présence de tiers offense la pudeur et dénote une pudeur inférieure à celle qui existe chez les peuples civilisés, et en particulier au sein du peuple italien du fait de la conjonction heureuse des principes du fascisme et des enseignements moraux du catholicisme. Cela est d’autant plus répréhensible si l’on tient compte de la réserve notoire des femmes indigènes en matière de sexualité. »28

      Comment statuer sur l’existence de rapports sexuels dès lors qu’ils n’étaient plus « de simples échanges destinés à assouvir une pulsion physique »29. Comment établir la réalité d’une relation de nature conjugale ? La cohabitation prolongée constituait donc une présomption importante qui ne fut pas toujours considérée comme suffisante pour l’établissement des faits. Le caractère passionnel de certaines relations était considéré comme preuve de culpabilité. Quelques procès avaient été motivés par des plaintes de femmes contre la violence dont elles avaient été victimes30. La violence contre les femmes n’intéressait pas les juges en tant que telle mais en ce qu’elle révélait une dépendance affective des accusés, en proie à la jalousie. Plusieurs affaires trahissaient le manque de confiance des Italiens à l’égard de leurs compagnes31. Les recommandations de fidélité sexuelle étaient prises pour l’aveu d’une affection coupable. Les cadeaux étaient considérés comme des indices à charge : le caractère utilitaire de certains présents pouvait être plaidé mais ceux qui n’étaient manifestement destinés qu’à faire plaisir, enfonçaient les accusés32. Tous les éléments « à charge » étaient réunis dans une affaire jugée en septembre 1939. Une Africaine avait été embauchée pour 150 lires par mois comme domestique par un homme dont elle partageait le couvert et la couche. L’homme était subjugué par cette femme au point de vanter ses qualités dans son entourage, de lui offrir des parfums. Il était allé la rechercher quand elle l’avait abandonné pour épouser un « homme de sa race ». Pour les juges, la culpabilité était flagrante : « Cohabitation, table commune, confiance et tendresse, jalousie réciproque, cadeaux de coquetterie et non utilitaires font de la petite servante une compagne de vie, ce qu’est justement l’épouse »33. Les marques de tendresse ou d’attention particulière à l’égard des indigènes étaient particulièrement suspectes : raccompagner une femme chez elle le soir, la désigner comme sa femme34, lui rendre visite lorsqu’elle était malade35.

      « L’affection », la passion qualifiée parfois « d’enivrement » étaient en revanche répréhensibles. Le mot « amour » n’était jamais employé, tant les juges considéraient cette éventualité comme improbable ou inconvenante. En janvier 1939, un homme fut condamné à un an et demi de prison pour madamismo. Facteur aggravant, l’homme avait avoué aimer la femme indigène36. Il avait admis lui avoir fait des cadeaux, à elle et à sa mère. Espérant fonder un foyer, il avait préparé une lettre au Roi pour demander à l’épouser. Les juges diagnostiquaient un cas « macroscopique d’ensablement »37, « car ici, le blanc ne désire pas simplement la Vénus noire en la tenant à ses côtés pour des raisons de tranquillité et pour bénéficier de rapports faciles et sûrs mais c’est l’âme de cet Italien qui est troublée ; il est entièrement dévoué à la jeune noire qu’il veut élever au rang de compagne de sa vie et qu’il associe à tous les évènements, y compris hors sexualité, de sa vie38. »

      La lutte contre le métissage inaugura bien, sur le plan juridique, la mise en œuvre d’un racisme biologique fondé sur le principe de la pureté du sang. En ce sens, elle marquait un changement radical dans les conceptions qui avaient prévalu jusque-là en matière de citoyenneté et d’identité, dans l’Empire comme en métropole. Toutefois, ces mesures furent adoptées pour répondre à une question de gouvernance coloniale locale : il n’était pas encore question d’une politique globale de la race -à aucun moment, des mesures analogues ne furent envisagées pour prévenir les métissages arabo-italiens en Libye, autre importante colonie de peuplement italienne- ni de mesures visant les juifs39.

      La partie qui se jouait en Éthiopie concernait autant l’Italie que la corne de l’Afrique. Le front pionnier de l’Empire ramenait sur le devant de la scène les projets de révolution anthropologique et de construction de l’homme nouveau et les difficultés à les mettre en œuvre.

      Sexe, race et totalitarisme fasciste.

      Une fois l’Empire proclamé, le rêve colonial et l’utopie fasciste de l’homme nouveau se trouvèrent en contradiction, non sur le terrain de la violence mais sur celui de la sexualité. Objets de désir, d’abord instrumentalisées par la propagande, les « Vénus noires » furent bientôt diabolisées, leur fréquentation n’étant autorisée que dans le cadre d’une relation proscrivant tout affect. En organisant la prostitution en terre coloniale, le fascisme heurtait la morale en usage dans la péninsule, suscitait la réprobation du Vatican, mais se comportait comme la plupart des puissances coloniales confrontées à la demande sexuelle des troupes en campagne40.

      En revanche, en menant la lutte contre le madamismo à un niveau d’État, le fascisme se singularisait par une démarche fusionnant racisme et totalitarisme, la doctrine de la race venant au secours du projet de révolution anthropologique du régime. D’un côté, en traquant le concubinage des Italiens et des Africaines, les responsables fascistes cherchaient à prévenir le métissage au nom de conceptions racistes qui n’étaient guère originales en contexte colonial41. Mais le régime pourchassait aussi d’autres démons, les défauts supposés d’un peuple que le Duce voulait transformer : le sentimentalisme, un certain humanisme et des comportements jugés aux antipodes de la virilité fasciste.

      Dans la métropole, la volonté d’orienter les comportements affectifs et sexuels était à l’œuvre depuis plusieurs années. La famille et la procréation devaient borner l’horizon amoureux des Italiens. Dans cette perspective, l’homosexualité -masculine seulement- fut réprimée par le code pénal de 1931. En décembre 1926 une taxe sur le célibat fut adoptée, les célibataires ne cessant par la suite d’être montrés du doigt et pénalisés, par exemple dans leur carrière lorsqu’ils étaient fonctionnaires. Paolo Orano intellectuel proche du pouvoir assimilait le célibat à une forme « de fuoruscitismo » civil et social42.

      S’agissant du couple, il n’était guère besoin de légiférer sur les rapports hommes femmes tant la domination des premiers allait de soi. Toutefois, certains fascistes rêvaient aussi de marquer les relations amoureuses au sceau du totalitarisme fasciste. Dès 1915, le nationaliste Giovanni Papini, l’une des sources d’inspiration du fascisme, recommandait dans Maschilità de se libérer de la famille, du romantisme et de l’amour, opposant les femmes et hommes, le miel et la pierre, et dénonçant l’amour comme un asservissement43. Pour un régime qui érigeait la famille en absolu et qui s’appuyait sur l’Église pour gouverner, il semblait difficile, après 1922, de souscrire à la totalité de ce programme. Paolo Orano proposait une voie de compromis étant entendu que sous le fascisme, « L’État entre avec méthode et énergie au cœur de la moralité individuelle et domestique, car il est le maître de la vie sociale ». Il convenait de se libérer de l’idée bourgeoise suivant laquelle l’amour devait précéder le mariage et en finir avec les illusions romantiques et égoïstes de l’amour comme fin en soi. Le couple devenait une forme d’association tendue vers la procréation dont l’amour était une conséquence et non un préalable44.

      Cette philosophie des rapports homme femme inspira la politique fasciste en Éthiopie. L’éloignement, de plus fortes contraintes pour les hommes dans un contexte de guerre puis d’occupation permettaient, en théorie, de contrôler plus efficacement les comportements amoureux. Dans l’économie licite des pratiques sexuelles deux solutions s’offraient aux soldats colons fascistes, célibataires par force : la chasteté, le colonisateur cédant la place à une forme de moine soldat, ou la pratique d’une sexualité déconnectée de tout sentiment.

      Ceux qui firent le premier choix furent une minorité. Certains hommes mariés mirent un point d’honneur à résister à la tentation du sexe qui « était au cœur de toutes les préoccupations »45. Brandissant l’étendard de la fidélité au mariage, ils justifiaient l’obligation de chasteté et la frustration sexuelle par la morale, les valeurs du catholicisme, la loi fasciste et une répulsion d’ordre raciste46. Laissant femme et enfants dans la péninsule, Nicola Gattari était venu en Éthiopie comme soldat et y était resté pour se faire une situation, comme patron de camion. Dans certaines lettres adressées à sa femme bien-aimée, il abordait ce sujet délicat47 « Je suis un homme jeune plein de désirs mais qui peut les satisfaire ? Ces femmes noires puantes auprès de qui des milliers d’hommes de tous les âges contractent des infections ? Non, ma chérie, ton Nicola reviendra comme il est parti, je te le jure (…) Pense à nos retrouvailles, comme notre étreinte sera belle ! » Répondant à son épouse qui lui avait demandé, sans trop y croire, s’il était tombé amoureux d’une petite noire, il réaffirmait sa constance : … « Oui, je passerai peut-être pour un imbécile par rapport à d’autres et je dois admettre que ma volonté de rester fidèle aux liens sacrés du mariage doit être le fait d’un résident sur mille en Afrique. Si je me suis amouraché d’une petite négresse ? Je pourrais te répondre que pour conquérir une de ces pouilleuses il n’y a pas besoin d’être amoureux car ce sont des filles faciles : 5 lires suffisent et l’affaire est conclue ».

      La prostitution constituait donc une porte de sortie. Celle-ci ne bloquait pas nécessairement l’appel du concubinage, le passage de la condition de sciarmutta à celle de madama étant fréquente chez les femmes éthiopiennes48. En allant inspecter les chambres à coucher, en suscitant les confessions intimes lors des procès, l’État avait, en effet, pénétré « au cœur de la moralité individuelle et domestique ». De trop nombreuses barrières rendaient l’entreprise difficile dans la métropole : elle fut tentée, au nom de la lutte contre le métissage, dans l’Empire. Par leurs recommandations concernant les échanges avec les indigènes, les juges inventaient un idéal-type, celui d’une sexualité émancipée de tout sentiment, ramenée en définitive, à la « masculinité » exaltée par Papini.

      Quel fut l’impact des procès et des condamnations qui en résultèrent ? Le traitement judiciaire de la question permit aux juges de montrer leur zèle fasciste. Les sentences des procès furent autant de leçons de racisme et de fascisme, infligées peut-être surtout pour l’exemple à des hommes de milieux modestes49. En infligeant une peine d’un an et demi de prison à un prévenu manifestement amoureux d’une Éthiopienne le juge prétendait lui « éclaircir les idées »50.La répression installa un climat de peur parmi certains colons, à en juger par les comportements des couples qui se cachaient et d’amants qui se réunissaient une fois la nuit tombée51.

      En janvier 1939, l’anthropologue raciste Lidio Cipriani, était modérément optimiste : « Malheureusement l’obscénité des rapports sexuels entre Blancs et indigènes continue, mais il semblerait que les mesures racistes aient conduit à une diminution sensible des cas de fécondation indésirables … Il est probable que le blanc commence désormais à se rendre compte de l’inconvénient qu’il y a à s’abandonner sans vergogne à une femme de couleur »52. Toutefois, la plupart des témoignages invitent à penser que la loi contre le madamismo ne fut guère respectée, y compris par ceux qui devaient imposer l’ordre fasciste, et notamment les carabiniers53. En Érythrée, on dénombrait 10 000 les femmes africaines vivant avec des Italiens en 1935 et 15 000 en 194054.

      La question du sexe et du métissage, comme d’autres mesures destinées à réformer les comportements en profondeur traçait les limites de l’emprise fasciste sur les esprits et de sa capacité à façonner les mœurs.

      Texte paru in D. Herzog, Brutality and desire. War and Sexuality in Europe’s Twentieth Century, Palgrave Macmillan, 2008.

      Pour aller plus loin :

      La guerre d’Éthiopie, un inconscient italien, par Olivier Favier. Sur le mausolée au maréchal Graziani à Affile (août 2012), la naissance d’une littérature italophone et postcoloniale et le documentaire de Luca Guadagnino, Inconscio italiano (2011). Voir aussi : L’Italie et ses crimes : un mausolée pour Graziani, par Olivier Favier.
      Mémoire littéraire, mémoire historique, entretien croisé avec Aldo Zargani et Marie-Anne Matard-Bonucci, par Olivier Favier.
      Le fascisme, Auschwitz et Berlusconi, par Marie-Anne Matard Bonucci, Le Monde, 11 février 2013. Marie-Anne Matard-Bonucci est professeure d’histoire contemporaine à Paris VIII, Institut Universitaire de France. Elle est également l’auteure deL’Italie fasciste et la persécution des juifs, Paris, Puf, 2012.

      C. Ipsen, Demografia totalitaria, Il Mulino, p. 256. [↩]
      Propos rapporté par le Baron Pompeo Aloisi, chef de cabinet du ministre des affaires étrangères à partir de juillet 1932 : Journal (25 juillet 1932-14 juin 1936), Plon, Paris, 1957, p. 185. [↩]
      Télégramme de Mussolini à Badoglio et Graziani, in La menzogna cit., p. 20. [↩]
      B Aloisi, Journal, cit., p. 382. La conversation est datée du 8 mai. [↩]
      L’article parut dans La Gazzetta del popolo de Turin, le 13 juin 1936. [↩]
      G. Bottai, Diario 1936-1943, op. cit., p. 115. 19 novembre 1936. Rien ne prouve qu’à cette date, Mussolini songeait aussi à l’antisémitisme. [↩]
      La presse coloniale fut particulièrement mobilisée : en janvier 1940, Africa italiana sortait un numéro spécial « Discipline et tutelle des races dans l’Empire ». Un mois plus tard, la même revue traitait du rôle de la femme italienne dans l’Empire. [↩]
      C. Rossetti, Ibid. [↩]
      L. Cipriani, Considerazioni sopra il passato e l’avvenire delle popolazioni africane, 1932. Sur le personnage, voir : R. Maiocchi, Scienza italiana e razzismo fascista, La Nuova Italia, Firenze, 1999, p. 161-163. [↩]
      In Africa, dal Capo al Cairo est le titre du livre publié en 1932, Florence, Bemporad. [↩]
      Sur le rôle de cette revue dans le dispositif propagandiste raciste, M. A. Bonucci, L’Italie fasciste et la persécution des juifs, Perrin, 2007. [↩]
      P. Chiozzi, “Autoritratto del razzismo : le fotografie di Lidio Cipriani in La menzogna della razza, cit., p. 91-94. [↩]
      Les couvertures évoquées sont respectivement celles des numéros : A. III, 14-20/05/40
      A. III, 11- 5/04/40 ; A. IV, 3-5/12/40 ; A. III, 8-20/02/1940. [↩]
      G. Masucci, Il problema dei meticci, Istituto Fascista dell’Africa italiana, 1939, XVII. [↩]
      Un compte-rendu figure dans Razza e Civiltà, A. I, n°1, 23 mars 1940, p. 107. [↩]
      G. Cortese, Problemi dell’Impero, Pinciana, Rome, 1937. Cité in F. Le Houerou, op. cit., p.95. [↩]
      Décret-Loi (RDL) du 19 avril 1937, n°880, « Sanzioni per i rapporti d’indole coniugale fra cittadini e sudditi » [↩]
      Voir la position de Giovanni Rosso, « Il reato di madamismo nei confronti dell’indigena che abbia una relazione di indole coniugale con un cittadino italiano » in Razza e Civiltà, An I, n°1, p. 131-139. [↩]
      Voir A. Del Boca, La caduta dell’Impero, op. cit., p. 243-245. [↩]
      RDL n°1004 du 29 juin 1939. [↩]
      A. Del Boca évoque plusieurs cas, in La caduta cit. , p. 246-247. [↩]
      F. Le Houerou, op. cit., p. 95. [↩]
      La Revue Razza e Civiltà, publiée à partir de mars 1940 : il s’agissait de l’organe du Conseil Supérieur et de la Direction générale pour la Démographie et la race. Dans le cadre de la rubrique « Giurisprudenza e legislazione razziale » a publié de nombreux extraits des décisions judiciaires. Les analyses présentées ci-dessus se fondent sur l’analyse de 28 cas présentés par la revue. La moitié conclut au délit de madamismo ou d’atteinte à la dignité raciale. [↩]
      Sentence du Tribunal de Gondar du 19 novembre 1938, Président Maistro, Accusé Spano. RC, An I, n.1 p. 128-131. [↩]
      Sentence du 7 février 1939, accusé Venturiello, Pres. Carnaroli, RC, A. I, n°5-6-7, p. 549. [↩]
      Sentence du Tribunal de Gondar du 19 novembre 1938, Accusé Spano, Président Maistro RC, An I, n.1 p. 1p. 130. [↩]
      Voir Sentence de la Cour d’Appel d’Addis Abeba, 4 avril 1939, accusé Isella, Pres Carnaroli, RC, A. I, n°5-6-7, p. 552. [↩]
      Sentence du 21 décembre 1939, Cour d’Appel d’Addis Abeba, accusés Lauria et Ciulla, Pres. Morando, RC, A. I, n°5-6-7, p.548. [↩]
      Sentence du 3 janvier 1939, Cour d’Appel d’Addis Abeba, Accusé Melchionne, Pres Carnaroli, RC, A. I, n°5-6-7, p.548. « I congressi carnali perdono il carattere d’incontro a mero sfogo fisiologico ». [↩]
      Ainsi, le procès contre G. Spano a été suscité par une plainte de sa concubine auprès des carabiniers. Sentence du tribunal de Gondar du 19 novembre 1938, RC, An I, n°1, p. 128. [↩]
      Cour d’Appel d’Addis Abeba, Sentences du 31 janvier 1939, Accusé Seneca, Pres Guerrazzi ; 3. janvier 1939 Accusé Marca, Pres. Guerrazzi, RC, A. I, n°5-6-7, p. 548 et 551. [↩]
      Des cadeaux sont mentionnés dans plusieurs affaires. [↩]
      Sentence du 5 septembre 1939, Cour d’Appel d’Addis Abeba, Procès contre Fagà, Pres Carnaroli, RC, A. I, n°5-6-7, p. 547. [↩]
      Sentence du 14 février 1939, Cour d’Appel d’Addis Abeba, Procès contre Autieri, Pres Carnaroli , RC, A. I, n°5-6-7, p. 549. [↩]
      Sentence du 3 janvier 1939, Cour d’Appel d’Addis Abeba, Procès contre Giuliano, Pres Carnaroli RC, A. I, n°5-6-7, p. 550. [↩]
      L’expression utilisée est « volerle bene ». [↩]
      On désignait comme insabbiati, « ensablés », les hommes restés vivre en Éthiopie, souvent aux côtés d’une Africaine. [↩]
      Sentence du 31 janvier 1939, Cour d’Appel d’Addis Abeba, Procès contre Seneca, Pres Guerrazzi , RC, A. I, n°5-6-7, p 548-549 [↩]
      Outre que le métissage semblait inspirer moins de crainte s’agissant des Arabes que des populations d’Afrique noire, des raisons tenant au contexte proprement libyen expliquent un tel choix : présence plus nombreuse de femmes italiennes en Libye ; statut différent du mariage dans ce pays par rapport à l’Éthiopie. Cf. C. Ipsen, op. cit, p. 256. [↩]
      Au demeurant, en métropole aussi, le fascisme avait une politique visant à contrôler la prostitution sans l’interdire définitivement. Sur la duplicité du gouvernement italien qui réprima la présence de prostituées dans la rue et mais la tolérait dans des bordels soumis à un contrôle policier et sanitaire : V. De Grazia, Le donne nel regime fascista, Tascabili Marsili, p. 73-74. [↩]
      V. Joly écrit : « Les amours exotiques doivent être éphémères. Les femmes indigènes ne sont que des substituts qu’imposent la solitude et l’éloignement de la promise qui attend en métropole, simple rêve parfois. Elles ne doivent pas plus être sentimentales tant est vive la crainte du « métissage » affaiblissement pour la race du vainqueur », in « Sexe, guerre et désir colonial » in F. Rouquet, F. Virgili, D. Voldman, Amours, guerres et sexualité 1914-1945, Gallimard, BDIC, 2007, 62-69. [↩]
      La formule est de Paolo Orano in « Famiglia, razza, potenza », Il fascismo, vol. II, Pinciana, Rome, XVIII, p. 391-429. Le fuoruscitismo désignait l’exil antifasciste. [↩]
      Maschilità, Firenze, Libreria della Voce, 1915. [↩]
      P. Orano, Ibid. [↩]
      A. Del Boca, Gli Italiani in Africa orientale, La caduta dell’Impero, Rome-Bari, Laterza, 1982, p. 243. [↩]
      A. Del Boca donne quelques exemples parmi lesquels celui du Résident de Bacco ou encore le témoignage d’un Consul de la Milice. Ibid. p. 250. [↩]
      Ces lettres ont été publiées par S. Luzzatto, La strada per Adis Abeba. Lettere di un camionista dall’Impero (1936-1941), Paravia. Scriptorium, 2000 : Les citations sont aux pages 85 et 144. [↩]
      G. Barrera, op. cit. p. 26. [↩]
      Les sentences des procès ne permettent pas toujours de connaître la profession des accusés. Reste que l’impression dominante est celle de procès attentés à des hommes de condition modeste, issus du prolétariat ou d’une basse classe moyenne. Sur la sociologie des colons éthiopiens, F. le Houérou, op. cit., p. 115-135. [↩]
      Sentence du 31 janvier 1939, Cour d’Appel d’Addis Abeba, accusé Seneca, Président Guerrazzi, RC, A. I, n°5-6-7, p. 548-549. [↩]
      Autant qu’on puisse en juger par les allusions contenues dans certaines sentences à la crainte de perquisitions de la police pendant la nuit pour constater le délit. [↩]
      Archivio Centrale dello Stato (Rome) MCP, Gab., b. 151, lettre du 18/01/1939. Dans une autre lettre de l’hiver 1939, à une époque où il propose, il est vrai, ses services comme « consulente razziale nell’Impero », Cipriani revient sur la question (Lettre de Cipriani à Landra du 31/01/39, in ACS, MCP, Gab., b. 151). [↩]
      F. Le Houérou a recueilli 35 témoignages dont la plupart émanent des « ensablés », les Italiens restés sur place souvent après avoir vécu avec une Madama. Par sa nature, la population interviewée amplifie peut-être la réalité du phénomène. Voir en particulier, op. cit. p. 97-105. [↩]
      Chiffres cités par G. Barrera, op. cit., p. 43. [↩]

      http://dormirajamais.org/conquete-2

      via @olivier_aubert à qui je dis #merci (@olivier_aubert —> j’ai déplacé la référence ici, car plus appropriée qu’ici : https://seenthis.net/messages/972185)

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  • Bienvenue chez #Frange_Radicale, #salon_de_coiffure sans prix genrés et sans patron

    Ouvert après le deuxième confinement, l’établissement parisien Frange Radicale propose une alternative aux salons de coiffure traditionnels. Rencontre.

    Depuis l’ouverture du salon en décembre 2020, les fauteuils de Frange Radicale ne désemplissent pas.

    Pas évident pourtant de distinguer l’entrée du salon quand on passe par la rue Carducci, nichée dans le 19e arrondisssement de #Paris, à quelques minutes des Buttes Chaumont. Il faut connaitre l’adresse pour savoir que derrière les bosquets se cache un salon de coiffure. Ou plutôt une « coopérative de coiffure », comme il est écrit en rose au-dessus de la baie vitrée.

    Le salon de coiffure attire les gens du quartier, mais une bonne partie de sa clientèle passe aussi l’entrée parce que Frange Radicale n’est pas un salon tout à fait comme les autres.

    On y coupe les cheveux certes, mais à des tarifs abordables et non genrés, et surtout, on y fait en sorte que vous vous y sentiez bien, même quand vous avez fui les salons des années durant, échaudées par l’ambiance normative parfois pesante qui y règnent.

    Se lancer en pleine pandémie

    Chez Frange Radicale, la déco est épurée, les plantes vertes nombreuses, et les fauteuils vintage stylés. Bref, on s’y sent déjà bien, et pas juste parce qu’on arrive pile au moment où la playlist du salon passe du Aya Nakamura.

    Aux commandes : Léa, Pierre et Anouck, qui ont fait le pari d’ouvrir leur salon en pleine pandémie.

    Ce n’est pas que l’amour du coup de ciseaux qui les a réunis. Tous les trois se sont croisés dans des squats autonomes et à l’école de coiffure, avant de monter Frange Radicale : « On a tous été salariés dans différents salons de coiffure et on s’est rendues compte que ce modèle ne nous convenait pas », explique Anouck.

    « Pour les salariés, il faut toujours travailler plus, plus vite, et on avait envie d’expérimenter un nouveau modèle, de monter notre coopérative, notre entreprise détenue et gérée par nous, les salariés. »

    Un argument qui marche auprès des clientes, à l’instar de Marion, venue pour la première fois après avoir entendu parler du salon par ses collègues : « L’idée de la coopérative m’a plu. C’est un projet politique cool, alors je suis venue pour soutenir. »

    Tout le monde au même prix

    Chez Frange Radicale, on applique la règle des prix non genrés, à l’instar de quelques salons comme Bubble Factory à Paris, Holy Cut à Bordeaux, ou bien Queer Chevelu, qui pratique le prix libre.

    Les tarifs sont fixés en fonction de la coupe et non en fonction du genre du ou de la cliente : 35€ la coupe longue, 25€ la coupe courte, 15€ la coupe tondeuse, et la couleur sur devis.

    Un choix qui répond à la logique la plus élémentaire, même si la majeure partie des salons perpétue aujourd’hui la tradition des coupes « femmes » à des prix largement supérieurs aux coupes « hommes » :

    « Ça veut dire que les femmes qui ont les cheveux courts paient plus cher pour un travail qui est souvent similaire, et les hommes qui ont les cheveux longs, ce qui est quand même la mode en ce moment, paieraient moins cher qu’une femme qui a les cheveux longs ? », s’agace Léa.

    Si tant de salons n’ont pas (encore) franchi le pas, c’est aussi que les coiffeurs et les coiffeuses sont formées à envisager leurs coupes en fonction du genre des clients, comme l’explique Anouck :

    « Ça commence dès l’école de coiffure où on t’apprend qu’une coupe femme, tu ne la fais pas en trente minutes comme une coupe homme, il faut y mettre plus de temps, il faut être plus raffiné au niveau des tempes… Il y a plein d’arguments… qui sont des arguments à la con parce qu’on fait ce qu’on veut avec ses cheveux ! Mais ce sont aussi des arguments qui vont justifier une tarification supérieure pour les femmes. »

    Un coup de ciseau dans la binarité

    En pratiquant des tarifs égalitaires, Frange Radicale s’est rapidement forgé une réputation de salon où tout le monde est bienvenu, où une femme peut demander une coupe ultra courte sans être regardée de travers et où toutes les audaces capillaires sont acceptées.

    S’il n’a pas été pensé comme un salon destiné spécifiquement aux personnes queers, Frange Radicale attire une clientèle qui a longtemps fui les salons classiques où s’exercent les normes binaires et hétéronormatives. « Ici, nos corps et nos coupes ne sont pas étranges », explique Clémence, cliente fidèle à la nuque bien dégagée :

    « Ça diffère tellement des salons où une coiffeuse un jour m’a quand même dit “attention je laisse les pattes sinon c’est des femmes qui vont vous draguer hihi”. Ce à quoi j’ai répondu : « Rasez, merci ! » »

    Politique, le cheveu ? « Les cheveux, ça a toujours été quelque chose de revendicatif, depuis toujours, que ce soient les crêtes des punk, les afros, ou les cheveux longs pour les gars, ou les mulets », assène Léa.

    Pour Anouck, c’est non seulement un marqueur d’identité, mais aussi un signe de reconnaissance : « Moi, j’arrive à savoir si une fille est gouine à sa coupe de cheveux. », plaisante-t-elle.

    « Et il ne faut pas oublier les salons en tant que lieux », insiste Pierre :

    « Les gens s’y croisent, s’y reconnaissent, il y a des journées où trois voisins de la résidence d’en face se croisent ici. Ça crée du lien social. Et on en a vraiment besoin en ce moment… »

    Clichés tenaces et discriminations

    Être coiffeuse, c’est encore aujourd’hui s’exposer à pas mal d’idées reçues rarement bien intentionnées. Anouck et Léa en ont régulièrement fait l’expérience :

    « Quand tu rencontres des gens et que tu leur dis que tu es coiffeuse, on te fait sentir que c’est naze. Et quand tu es une meuf, il y a un côté hyper sexiste, car tout de suite ça veut dire que tu es stupide, que tu es une fille facile, ou que tu es un peu bébête. »

    Anouck se souvient de cette cliente qui lui a lancé : « Et donc, toi t’aimais pas l’école ? » :

    « J’ai trouvé ça bizarre, mais je n’ai pas compris tout de suite. Ce n’est qu’après que j’ai compris qu’elle me disait ça parce que je suis coiffeuse. Bah si, j’étais bonne à l’école… mais ça n’a rien à voir ! »

    Derrière ces réactions, c’est aussi tout un corps de métier où les comportements sexistes et racistes sont encore monnaie courante.

    Tous les trois l’ont vu dès l’école et leurs premiers stages : ce sont des patrons qui demandent aux filles de changer leur prénom à consonance étrangère, des employées à qui on demande de ne pas parler parce qu’on estime qu’elles ne parlent pas assez bien le français, à qui on demande de se lisser les cheveux, ou de porter jupe et talons pour faire plus féminine.

    Tenter l’aventure

    Anouck, Pierre et Léa en avaient assez de l’abattage, des coupes standardisées faites à la chaîne. Avec Frange Radicale, on prend le temps et cela leur permet de réenchanter leur travail, d’évoluer dans des conditions plus respectueuses. « Ça améliore grave la qualité de notre travail, j’ai l’impression que même nos coupes sont beaucoup mieux », assure Anouck.

    « On est trois avec un salon, c’est très ambitieux de vouloir revaloriser tout le métier », reconnaît Pierre. Pas envie d’être des donneurs de leçons, les trois coiffeurs et coiffeuses espèrent au contraire que leur salon donnera envie à d’autres de se lancer. Et ce n’est pas si inaccessible, affirme Léa :

    « On n’a pas fait quelque chose de si exceptionnel. On a grave galéré, mais on est trois, on se partage tout, et c’est pas du tout insurmontable. On a le salon qu’on veut, on fait exactement ce qu’on veut, on a les congés qu’on veut, on se paye comme on veut… c’est tout bénéf’ ! »

    Frange Radicale ne transformera peut-être pas le monde de la coiffure, en tout cas pas tout de suite, mais à son petit niveau, le salon pourrait bien faire naître des envies d’indépendance et d’autonomie à d’autres dans la profession.

    https://www.madmoizelle.com/bienvenue-chez-frange-radicale-salon-de-coiffure-parisien-sans-prix-gen

    #coopérative #tarif #prix #tarif_non-genré #genre #cheveux

    ping @isskein

  • Femmes dans la procédure d’asile suisse. « Livrées à leur sort plutôt qu’accueillies »

    Avec sa campagne « Livrées à leur sort plutôt qu’accueillies ! » et ses revendications politiques, TERRE DES FEMMES Suisse demande justice et protection pour les réfugiées en Suisse. Dans son rapport de campagne, l’organisation répond à une publication de la Confédération et des cantons au sujet d’une analyse de la situation des femmes réfugiées dans le système d’asile, qui met l’accent sur les femmes réfugiées. La Confédération et les cantons reconnaissent pour la première fois qu’une perspective de genre et des mesures appropriées sont nécessaires dans le système d’asile pour prévenir la violence contre les femmes et pour soutenir les personnes concernées. Toutefois, l’organisation regrette que les mesures prévues par la Confédération et les cantons soient toujours incomplètes et non systématiques, en dépit des obligations qui leur incombent en vertu de la Convention d’Istanbul. Une position également soutenue par d’autres organisations.

    Le rapport Terre des femmes Suisse a été publié en octobre 2019. Il est disponible sur le site de l’organisation ou téléchargeable ici : « Livrées à leur sort plutôt qu’accueillies. Les femmes réfugiées ne sont pas en sécurité dans le système de l’asile », octobre 2019 (https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&cad=rja&uact=8&ved=2ahUKEwjkse2ausP5). Nous reproduisons ci-dessous leurs principales revendications.

    L’association Terre des femmes suisse se bat depuis des années pour qu’une analyse de la situation des femmes réfugiées soit faite et que l’accent soit mis sur la situation de ces femmes dans le système de l’asile en Suisse. En 2016, la conseillère nationale socialiste Yvonne Feri a déposé une motion « Analyse de la situation des réfugiées » qui demandait à la Confédération deux choses. D’une part une analyse de l’encadrement, du traitement et du soutien qu’offre la Suisse aux femmes et aux filles qui relèvent du domaine de l’asile et qui ont été victimes de violence ou d’exploitation sexuelle. D’autre part, elle questionne la nécessité d’agir dans le domaine de l’hébergement et de l’encadrement généraux de requérantes d’asile majeures ou mineures. Depuis, en 2017, la Suisse a ratifié la Convention d’Istanbul visant à prévenir et à lutter contre la violence à l’égard de toutes les femmes et la violence domestique, quel que soit le statut ou le pays de provenance. Le 25 septembre 2019, le Conseil fédéral et le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) publient deux rapports sur la base de l’étude mandatée suite au dépôt de la motion Feri et publiée en mars 2019 par le Centre de compétence pour les Droits Humains (CSDH).

    L’association Terre des femmes suisse salue la publication récente des rapports portant sur les structures d’asile existantes au niveau tant fédéral que cantonal. L’organisation regrette toutefois que les mesures prévues par la Confédération et les cantons soient toujours incomplètes et non systématiques, en dépit des obligations qui leur incombent en vertu de la Convention d’Istanbul. Parmi une liste de revendications politiques listées dans le rapport, Terre des femmes regrette que les mesures envisagées dans les rapports du SEM et du Conseil fédéral manquent de prendre en considération la diversité des femmes et des formes de violences qui s’exercent sur elles. Elle estime essentiel que le soutien et la protection de ces femmes se fasse sans considération du stade de la procédure d’asile ou de leur statut de séjour. Elle rappelle la nécessité de collaborer avec des services spécialisés et d’intégrer les dimensions du genre dans toute le système de l’asile. Elle souligne l’importance de former le personnel qui interagit au quotidien avec ces femmes. De même, elle demande, tel que l’avait fait la motion Feri, qu’une reconnaissance des violences puisse être effectuée même si ces actes ont été perpétré à l’étranger, avant leur arrivée en Suisse. Le rapport précité donne davantage d’explications sur ces points et en relève d’autres tout aussi relevant.

    De son côté, le Haut Commissariat pour les Réfugiés (HCR) salue également l’adoption de ces rapports. L’adoption de ces trois rapports successifs au Postulat Feri apporte, pour le HCR, une contribution importante à la reconnaissance et à la prise en compte des besoins spécifiques aux femmes réfugiées et aux victimes de violence sexuelle dans le système d’asile suisse. Il souligne toutefois le besoin de mettre en place des mesures additionnelles adaptées aux femmes ainsi que d’assurer une mise en œuvre des rapports impliquant tous les acteurs concernés et portant sur l’ensemble des domaines d’activités analysés.

    L’Organisation Suisse d’Aide aux Réfugiés (OSAR) critique entre autres le fait que le SEM a évalué lui-même la situation des femmes dans les CFA, au lieu de confier cette analyse à un acteur externe.

    Les différentes prises de position démontrent que les autorités gagneraient à se faire accompagner dans leur volonté d’amélioration par les différents acteurs mobilisés depuis de nombreuses années auprès des femmes exilées. De par le lien de confiance tissé, ces associations de terrain permettraient notamment de faire entendre la voix de celles concernées. Ensemble, alors peut-être, elles pourront prendre soin de cette question bien trop longtemps invisibilisée.

    https://asile.ch/2019/10/18/terre-des-femmes-livrees-a-leur-sort-plutot-quaccueillies

    #rapport #femmes #asile #migrations #réfugiés #réfugiées #genre #violence #procédure_d'asile #Suisse #Convention_d'Istanbul #Terre_des_femmes

  • « Tant qu’on sera dans un système capitaliste, il y aura du #patriarcat » – Entretien avec #Haude_Rivoal

    Haude Rivoal est l’autrice d’une enquête sociologique publiée en 2021 aux éditions La Dispute, La fabrique des masculinités au travail. Par un travail de terrain de plusieurs années au sein d’une entreprise de distribution de produits frais de 15 000 salariés, la sociologue cherche à comprendre comment se forgent les identités masculines au travail, dans un milieu professionnel qui se précarise (vite) et se féminise (lentement). Les travailleurs, majoritairement ouvriers, sont soumis comme dans tous les secteurs à l’intensification, à la rationalisation et à la flexibilisation du travail. Leur réponse aux injonctions du capitalisme et à la précarisation de leur statut, c’est entre autres un renforcement des pratiques viriles : solidarité accrue entre hommes, exclusion subtile (ou non) des femmes, déni de la souffrance… Pour s’adapter pleinement aux exigences du capitalisme et du patriarcat, il leur faut non seulement être de bons travailleurs, productifs, engagés et disciplinés, mais aussi des “hommes virils mais pas machos”. Pour éviter la mise à l’écart, adopter de nouveaux codes de masculinité est donc nécessaire – mais laborieux. Dans cette étude passionnante, Haude Rivoal met en lumière les mécanismes de la fabrique des masculinités au travail, au croisement des facteurs de genre, de classe et de race.

    Entretien par Eugénie P.

    Ton hypothèse de départ est originale, elle va à rebours des postulats féministes habituels : au lieu d’étudier ce qui freine les femmes au travail, tu préfères analyser comment les hommes gardent leur hégémonie au travail « malgré la déstabilisation des identités masculines au et par le travail ». Pourquoi as-tu choisi ce point de départ ?

    J’étais en contrat Cifre [contrat de thèse où le ou la doctorant.e est embauché.e par une entreprise qui bénéficie également de ses recherches, ndlr] dans l’entreprise où j’ai fait cette enquête. J’avais commencé à étudier les femmes, je voulais voir comment elles s’intégraient, trouvaient des stratégies pour s’adapter dans un univers masculin à 80%. Ce que je découvrais sur le terrain était assez similaire à toutes les enquêtes que j’avais pu lire : c’était les mêmes stratégies d’adaptation ou d’autocensure. J’ai été embauchée pour travailler sur l’égalité professionnelle, mais je n’arrivais pas à faire mon métier correctement, parce que je rencontrais beaucoup de résistances de la part de l’entreprise et de la part des hommes. Et comme je ne comprenais pas pourquoi on m’avait embauchée, je me suis dit que ça serait intéressant de poser la question des résistances des hommes, sachant que ce n’est pas beaucoup étudié par la littérature sociologique. J’ai changé un peu de sujet après le début de ma thèse, et c’est au moment où est sortie la traduction française des travaux de Raewyn Connell [Masculinités. Enjeux sociaux de l’hégémonie, Paris, Éditions Amsterdam, 2014, ndlr] : cet ouvrage m’a ouvert un espace intellectuel complètement fou ! Ça m’a beaucoup intéressée et je me suis engouffrée dans la question des masculinités.

    C’est donc la difficulté à faire ton travail qui a renversé ton point de vue, en fait ?

    Oui, la difficulté à faire le travail pour lequel j’ai été embauchée, qui consistait à mettre en place des politiques d’égalité professionnelle : je me rendais compte que non seulement je n’avais pas les moyens de les mettre en place, mais qu’en plus, tout le monde s’en foutait. Et je me suis rendue compte aussi que l’homme qui m’avait embauchée pour ce projet était lui-même extrêmement sexiste, et ne voyait pas l’existence des inégalités hommes-femmes, donc je n’arrivais pas à comprendre pourquoi il m’avait embauchée. J’ai compris plus tard que les raisons de mon embauche était une défense de ses propres intérêts professionnels, j’y reviendrai. Ce n’est pas qu’il était aveugle face aux inégalités – il travaillait dans le transport routier depuis 40 ans, évidemment que les choses avaient changé -, mais j’avais beau lui expliquer que les discriminations étaient plus pernicieuses, il était persuadé qu’il ne restait plus grand-chose à faire sur l’égalité hommes-femmes.

    Comment se manifeste cette “déstabilisation des identités masculines au et par le travail”, cette supposée « crise de la virilité », que tu évoques au début de ton livre ?

    Je me suis rendue compte en interviewant les anciens et les nouveaux que rien qu’en l’espace d’une génération, il y avait beaucoup moins d’attachement à l’entreprise. Les jeunes générations avaient très vite compris que pour monter dans la hiérarchie, pour être mieux payé ou pour avoir plus de responsabilités, il ne suffisait pas juste d’être loyal à l’entreprise : il fallait la quitter et changer de boulot, tout simplement. Ce n’est pas du tout l’état d’esprit des anciens, dont beaucoup étaient des autodidactes qui avaient eu des carrières ascensionnelles. Il y avait énormément de turnover, et ça créait un sentiment d’instabilité permanent. Il n’y avait plus d’esprit de solidarité ; ils n’arrêtaient pas de dire “on est une grande famille” mais au final, l’esprit de famille ne parlait pas vraiment aux jeunes. Par ailleurs, dans les années 2010, une nouvelle activité a été introduite : la logistique. Il y a eu beaucoup d’enquêtes sur le sujet ! Beaucoup de médias ont parlé de l’activité logistique avec les préparateurs de commandes par exemple, une population majoritairement intérimaire, très précaire, qui ne reste pas longtemps… et du coup, beaucoup d’ouvriers qui avaient un espoir d’ascension sociale se sont retrouvés contrariés. Ce n’est pas exactement du déclassement, mais beaucoup se sont sentis coincés dans une précarité, et d’autant plus face à moi qui suis sociologue, ça faisait un peu violence parfois. Donc c’est à la fois le fait qu’il y ait beaucoup de turnover, et le fait qu’il n’y ait plus le même sentiment de famille et de protection que pouvait apporter l’entreprise, qui font qu’il y a une instabilité permanente pour ces hommes-là. Et comme on sait que l’identité des hommes se construit en grande partie par le travail, cette identité masculine était mise à mal : si elle ne se construit pas par le travail, par quoi elle se construit ?

    Ça interroge beaucoup le lien que tu évoques entre le capitalisme et le patriarcat : la précarisation et la flexibilisation du travail entraînent donc un renforcement des résistances des hommes ?

    Oui, carrément. Il y a beaucoup d’hommes, surtout dans les métiers ouvriers, qui tirent une certaine fierté du fait de faire un “métier d’hommes ». Et donc, face à la précarisation du travail, c’est un peu tout ce qu’il leur reste. Si on introduit des femmes dans ces métiers-là, qui peuvent faire le boulot dont ils étaient si fiers parce que précisément c’est un “métier d’hommes”, forcément ça crée des résistances très fortes. Quand l’identité des hommes est déstabilisée (soit par la précarisation du travail, soit par l’entrée des femmes), ça crée des résistances très fortes.

    Tu explores justement les différentes formes de résistance, qui mènent à des identités masculines diversifiées. L’injonction principale est difficile : il faut être un homme « masculin mais pas macho ». Ceux qui sont trop machos, un peu trop à l’ancienne, sont disqualifiés, et ceux qui sont pas assez masculins, pareil. C’est un équilibre très fin à tenir ! Quelles sont les incidences concrètes de ces disqualifications dans le travail, comment se retrouvent ces personnes-là dans le collectif ?

    Effectivement, il y a plein de manières d’être homme et il ne suffit pas d’être un homme pour être dominant, encore faut-il l’être “correctement”. Et ce “correctement” est presque impossible à atteindre, c’est vraiment un idéal assez difficile. Par exemple, on peut avoir des propos sexistes, mais quand c’est trop vulgaire, que ça va trop loin, là ça va être disqualifié, ça va être qualifié de “beauf”, et pire, ça va qualifier la personne de pas très sérieuse, de quelqu’un à qui on ne pourra pas trop faire confiance. L’incidence de cette disqualification, c’est que non seulement la personne sera un peu mise à l’écart, mais en plus, ce sera potentiellement quelqu’un à qui on ne donnera pas de responsabilités. Parce qu’un responsable doit être un meneur d’hommes, il faut qu’il soit une figure exemplaire, il doit pouvoir aller sur le terrain mais aussi avoir des qualités d’encadrement et des qualités intellectuelles. Donc un homme trop vulgaire, il va avoir une carrière qui ne va pas décoller, ou des promotions qui ne vont pas se faire.

    Quant à ceux qui ne sont “pas assez masculins », je n’en ai pas beaucoup rencontrés, ce qui est déjà une réponse en soi !

    Peut-on dire qu’il y a une “mise à l’écart” des travailleurs les moins qualifiés, qui n’ont pas intégré les nouveaux codes de la masculinité, au profit des cadres ?

    Non, c’est un phénomène que j’ai retrouvé aussi chez les cadres. Mais chez les cadres, le conflit est plutôt générationnel : il y avait les vieux autodidactes et les jeunes loups, et c’est la course à qui s’adapte le mieux aux transformations du monde du travail, qui vont extrêmement vite, en particulier dans la grande distribution. C’est une des raisons pour laquelle le directeur des RH m’a embauchée : il avait peur de ne pas être dans le coup ! L’égalité professionnelle était un sujet, non seulement parce qu’il y avait des obligations légales mais aussi parce que dans la société, ça commençait à bouger un peu à ce moment-là. Donc il s’est dit que c’est un sujet porteur et que potentiellement pour sa carrière à lui, ça pouvait être très bon. Ça explique qu’il y ait des cadres qui adhèrent à des projets d’entreprise avec lesquels ils ne sont pas forcément d’accord, mais juste parce qu’il y a un intérêt final un peu égoïste en termes d’évolution de carrière.

    On dit toujours que les jeunes générations sont plus ouvertes à l’égalité que les aînés, je pense que ce n’est pas tout à fait vrai ; les aînés ont à cœur de s’adapter, ils ont tellement peur d’être dépassés que parfois ils peuvent en faire plus que les jeunes. Et par ailleurs, les jeunes sont ouverts, par exemple sur l’équilibre vie pro et vie perso, mais il y a quand même des injonctions (qui, pour le coup, sont propres au travail) de présentéisme, de présentation de soi, d’un ethos viril à performer… qui font qu’ils sont dans des positions où ils n’ont pas d’autres choix que d’adopter certains comportements virilistes. Donc certes, ils sont plus pour l’égalité hommes-femmes, mais ils ne peuvent pas complètement l’incarner.

    L’une de tes hypothèses fortes, c’est que le patriarcat ingurgite et adapte à son avantage toutes les revendications sur la fin des discriminations pour se consolider. Est-ce qu’on peut progresser sur l’égalité professionnelle, et plus globalement les questions de genre, sans que le patriarcat s’en empare à son avantage ?

    Très clairement, tant qu’on sera dans un système capitaliste, on aura toujours du patriarcat, à mon sens. C’était une hypothèse, maintenant c’est une certitude ! J’ai fait une analogie avec l’ouvrage de Luc Boltanski et Ève Chiapello, Le nouvel esprit du capitalisme, pour dire que la domination masculine est pareille que le capitalisme, elle trouve toujours des moyens de se renouveler. En particulier, elle est tellement bien imbriquée dans le système capitaliste qui fonctionne avec les mêmes valeurs virilistes (on associe encore majoritairement la virilité aux hommes), que les hommes partent avec des avantages compétitifs par rapport aux femmes. Donc quand les femmes arrivent dans des positions de pouvoir, est-ce que c’est une bonne nouvelle qu’elles deviennent “des hommes comme les autres”, c’est-à-dire avec des pratiques de pouvoir et de domination ? Je ne suis pas sûre. C’est “l’égalité élitiste” : des femmes arrivent à des positions de dirigeantes, mais ça ne change rien en dessous, ça ne change pas le système sur lequel ça fonctionne, à savoir : un système de domination, de hiérarchies et de jeux de pouvoir.

    Donc selon toi, l’imbrication entre patriarcat et capitalisme est indissociable ?

    Absolument, pour une simple et bonne raison : le capitalisme fonctionne sur une partie du travail gratuit qui est assuré par les femmes à la maison. Sans ce travail gratuit, le système capitaliste ne tiendrait pas. [à ce sujet, voir par exemple les travaux de Silvia Federici, Le capitalisme patriarcal, ndlr]

    Ça pose la question des politiques d’égalité professionnelle en entreprise : sans remise en question du système capitaliste, elles sont destinées à être seulement du vernis marketing ? On ne peut pas faire de vrais progrès ?

    Je pense que non. D’ailleurs, beaucoup de gens m’ont dit que mon livre était déprimant pour ça. Je pense que les politiques d’égalité professionnelle ne marchent pas car elles ne font pas sens sur le terrain. Les gens ne voient pas l’intérêt, parce qu’ils fonctionnent essentiellement d’un point de vue rationnel et économique (donc le but est de faire du profit, que l’entreprise tourne et qu’éventuellement des emplois se créent, etc), et ils ne voient pas l’intérêt d’investir sur ce sujet, surtout dans les milieux masculins car il n’y a pas suffisamment de femmes pour investir sur le sujet. J’ai beau leur dire que justement, s’il n’y a pas de femmes c’est que ça veut dire quelque chose, ils ont toujours des contre-arguments très “logiques” : par exemple la force physique. Ils ne vont pas permettre aux femmes de trouver une place égale sur les postes qui requièrent de la force physique. Quand les femmes sont intégrées et qu’elles trouvent une place valorisante, ce qui est le cas dans certains endroits, c’est parce qu’elles sont valorisées pour leurs qualités dites “féminines”, d’écoute, d’empathie, mais elles n’atteindront jamais l’égalité car précisément, elles sont valorisées pour leur différence. Le problème n’est pas la différence, ce sont les inégalités qui en résultent. On peut se dire que c’est super que tout le monde soit différent, mais on vit dans un monde où il y a une hiérarchie de ces différences. Ces qualités (écoute, empathie) sont moins valorisées dans le monde du travail que le leadership, l’endurance…

    Ça ne nous rassure pas sur les politiques d’égalité professionnelle…

    Si les politiques d’égalité professionnelle marchaient vraiment, on ne parlerait peut-être plus de ce sujet ! Je pense que les entreprises n’ont pas intérêt à ce qu’elles marchent, parce que ça fonctionne bien comme ça pour elles. Ca peut prendre des formes très concrètes, par exemple les RH disaient clairement en amont des recrutements : ”on prend pas de femmes parce que physiquement elles ne tiennent pas”, “les environnement d’hommes sont plus dangereux pour elles”, “la nuit c’est pas un environnement propice au travail des femmes”… Tu as beau répondre que les femmes travaillent la nuit aussi, les infirmières par exemple… Il y a un tas d’arguments qui montrent la construction sociale qui s’est faite autour de certains métiers, de certaines qualités professionnelles attendues, qu’il faudrait déconstruire – même si c’est très difficile à déconstruire. Ça montre toute une rhétorique capitaliste, mais aussi sexiste, qui explique une mise à l’écart des femmes.

    On a l’impression d’une progression linéaire des femmes dans le monde du travail, que ça avance doucement mais lentement, mais je constate que certains secteurs et certains métiers se déféminisent. On observe des retours en arrière dans certains endroits, ce qui légitime encore plus le fait de faire des enquêtes. Ce n’est pas juste un retour de bâton des vieux mormons qui veulent interdire l’avortement, il y aussi des choses plus insidieuses, des résistances diverses et variées.

    En plus, l’intensification du travail est un risque à long terme pour les femmes. Par exemple, il y a plus de femmes qui font des burnout. Ce n’est pas parce qu’elles sont plus fragiles psychologiquement, contrairement à ce qu’on dit, mais c’est parce qu’elles assurent des doubles journées, donc elles sont plus sujettes au burnout. Les transformations du monde du travail sont donc un risque avéré pour l’emploi des femmes, ne serait-ce que parce que par exemple, les agences d’intérim trient en amont les candidats en fonction de la cadence. Il faut redoubler de vigilance là-dessus.

    Tu analyses les types de masculinité qui se façonnent en fonction des facteurs de classe et de race. On voit que ce ne sont pas les mêmes types d’identités masculines, certaines sont dévalorisées. Quelles en sont les grandes différences ?

    Je ne vais pas faire de généralités car ça dépend beaucoup des milieux. Ce que Raewyn Connell appelle la “masculinité hégémonique”, au sens culturel et non quantitatif (assez peu d’hommes l’incarnent), qui prendrait les traits d’un homme blanc, d’âge moyen, hétérosexuel, de classe moyenne supérieure. Par rapport à ce modèle, il y a des masculinités “non-hégémoniques”, “subalternes”, qui forment une hiérarchie entre elles. Malgré le fait que ces masculinités soient plurielles, il y a une solidarité au sein du groupe des hommes par rapport au groupe des femmes, et à l’intérieur du groupe des hommes, il y a une hiérarchie entre eux. Les masculinités qu’on appelle subalternes sont plutôt les masculinités racisées ou homosexuelles. Elles s’expriment sous le contrôle de la masculinité hégémonique. Elles sont appréciées pour certaines qualités qu’elles peuvent avoir : j’ai pu voir que les ouvriers racisés étaient appréciés pour leur endurance, mais qu’ils étaient aussi assez craints pour leur “indiscipline” supposée. En fait, les personnes “dévalorisées” par rapport à la masculinité hégémonique sont appréciées pour leurs différences, mais on va craindre des défauts qui reposent sur des stéréotypes qu’on leur prête. Par exemple, les personnes racisées pour leur supposée indiscipline, les personnes des classes populaires pour leur supposé mode de vie tourné vers l’excès, les femmes pour leurs supposés crêpages de chignon entre elles…. C’est à double tranchant. Les qualités pour lesquelles elles sont valorisées sont précisément ce qui rend l’égalité impossible. Ces qualités qu’on valorise chez elles renforcent les stéréotypes féminins.

    Tu montres que le rapport au corps est central dans le travail des hommes : il faut s’entretenir mais aussi s’engager physiquement dans le travail, quitte à prendre des risques. Il y a une stratégie de déni de la souffrance, de sous-déclaration du stress chez les travailleurs : pour diminuer la souffrance physique et psychologique au travail, il faut changer les conditions de travail mais aussi changer le rapport des hommes à leur corps ?

    Je pensais que oui, mais je suis un peu revenue sur cette idée. Effectivement, il y plein d’études qui montrent que les hommes prennent plus de risques. C’est par exemple ce que décrit Christophe Dejours [psychiatre français spécialisé dans la santé au travail, ndlr] sur le “collectif de défense virile”, qui consiste à se jeter à corps perdu dans le travail pour anesthésier la peur ou la souffrance. Ce n’est pas forcément ce que j’ai observé dans mes enquêtes : en tout cas auprès des ouvriers (qui, pour le coup, avaient engagé leur corps assez fortement dans le travail), non seulement parce qu’ils ont bien conscience que toute une vie de travail ne pourra pas supporter les prises de risque inconsidérées, mais aussi parce qu’aujourd’hui la souffrance est beaucoup plus médiatisée. Cette médiatisation agit comme si elle donnait une autorisation d’exprimer sa souffrance, et c’est souvent un moyen d’entrée pour les syndicats pour l’amélioration des conditions de travail et de la santé au travail. Donc il y a un rapport beaucoup moins manichéen que ce qu’on prête aux hommes sur la prise de risques et le rapport au corps.

    En termes d’émotions, là c’est moins évident : on parle de plus en plus de burnout, mais à la force physique s’est substituée une injonction à la force mentale, à prendre sur soi. Et si ça ne va pas, on va faire en sorte que les individus s’adaptent au monde du travail, mais on ne va jamais faire en sorte que le monde du travail s’adapte au corps et à l’esprit des individus. On va donner des sièges ergonomiques, des ergosquelettes, on va créer des formations gestes et postures, on va embaucher des psychologues pour que les gens tiennent au travail, sans s’interroger sur ce qui initialement a causé ces souffrances.

    D’ailleurs, ce qui est paradoxal, c’est que l’entreprise va mettre en place tous ces outils, mais qu’elle va presque encourager les prises de risque, parce qu’il y a des primes de productivité ! Plus on va vite (donc plus on prend des risques), plus on gagne d’argent. C’est d’ailleurs les intérimaires qui ont le plus d’accidents du travail, déjà parce qu’ils sont moins formés, mais aussi parce qu’ils ont envie de se faire un max d’argent car ils savent très bien qu’ils ne vont pas rester longtemps.

    Donc ce sont les valeurs du capitalisme et ses incidences économiques (les primes par exemple) qui forgent ce rapport masculin au travail ?

    Oui, mais aussi parce qu’il y a une émulation collective. La masculinité est une pratique collective. Il y a une volonté de prouver qu’on est capable par rapport à son voisin, qu’on va dépasser la souffrance même si on est fatigué, et qu’on peut compter sur lui, etc. J’ai pu observer ça à la fois chez les cadres dans ce qu’on appelle les “boys clubs”, et sur le terrain dans des pratiques de renforcement viril.

    Tu n’as pas observé de solidarité entre les femmes ?

    Assez peu, et c’est particulièrement vrai dans les milieux masculins : la sororité est une solidarité entre femmes qui est très difficile à obtenir. J’en ai fait l’expérience en tant que chercheuse mais aussi en tant que femme. Je me suis dit que j’allais trouver une solidarité de genre qui m’aiderait à aller sur le terrain, mais en fait pas du tout. C’est parce que les femmes ont elles-mêmes intériorisé tout un tas de stéréotypes féminins. C’est ce que Danièle Kergoat appelle “le syllogisme des femmes”, qui dit : “toutes les femmes sont jalouses. Moi je ne suis pas jalouse. Donc je ne suis pas une femme.” Il y a alors une impossibilité de création de la solidarité féminine, parce qu’elles ne veulent pas rentrer dans ces stéréotypes dégradants de chieuses, de nunuches, de cuculs… Les femmes sont assez peu nombreuses et assez vites jugées, en particulier sur leurs tenues : les jugements de valeur sont assez sévères ! Par exemple si une femme arrive avec un haut un peu décolleté, les autres femmes vont être plutôt dures envers elle, beaucoup plus que les hommes d’ailleurs. Elles mettent tellement d’efforts à se créer une crédibilité professionnelle que tout à coup, si une femme arrive en décolleté, on ne va parler que de ça.

    Toi en tant que femme dans l’entreprise, tu dis que tu as souvent été renvoyée à ton genre. Il y a une forme de rappel à l’ordre.

    Oui, quand on est peu nombreuses dans un univers masculin, la féminité fait irruption ! Quels que soient tes attributs, que tu sois féminine ou pas tant que ça, tu vas avoir une pression, une injonction tacite à contrôler tous les paramètres de ta féminité. Ce ne sont pas les hommes qui doivent contrôler leurs désirs ou leurs remarques, mais c’est aux femmes de contrôler ce qu’elles provoquent chez les hommes, et la perturbation qu’elles vont provoquer dans cet univers masculin, parce qu’elles y font irruption.

    Toujours rappeler les femmes à l’ordre, c’est une obsession sociale. Les polémiques sur les tenues des filles à l’école, sur les tenues des femmes musulmanes en sont des exemples… Cette volonté de contrôle des corps féminins est-elle aussi forte que les avancées féministes récentes ?

    C’est difficile à mesurer mais ce n’est pas impossible. S’il y a des mouvements masculinistes aussi forts au Canada par exemple, c’est peut-être que le mouvement féministe y est hyper fort. Ce n’est pas impossible de se dire qu’à chaque fois qu’il y a eu une vague d’avancées féministes, quelques années plus tard, il y a forcément un retour de bâton. Avec ce qui s’est passé avec #metoo, on dirait que le retour de bâton a commencé avec le verdict du procès Johnny Depp – Amber Heard, puis il y a eu la la décision de la Cour Constitutionnelle contre l’avortement aux Etats-Unis… On n’est pas sorties de l’auberge, on est en train de voir se réveiller un mouvement de fond qui était peut-être un peu dormant, mais qui est bien présent. L’article sur les masculinistes qui vient de sortir dans Le Monde est flippant, c’est vraiment des jeunes. En plus, ils sont bien organisés, et ils ont une rhétorique convaincante quand tu ne t’y connais pas trop.

    Les milieux de travail très féminisés sont-ils aussi sujets à l’absence de sororité et à la solidarité masculine dont tu fais état dans ton enquête ?

    En général, les hommes qui accèdent à ces milieux ont un ”ascenseur de verre” (contrairement aux femmes qui ont le “plafond de verre”) : c’est un accès plus rapide et plus facile à des postes à responsabilité, des postes de direction. C’est le cas par exemple du milieu de l’édition : il y a énormément de femmes qui y travaillent mais les hommes sont aux manettes. Le lien avec capitalisme et virilité se retrouve partout – les hommes partent avec un avantage dans le monde du travail capitaliste, souvent du simple fait qu’ils sont des hommes et qu’on leur prête plus volontiers d’hypothétiques qualités de leader.

    Dans quelle mesure peut-on étendre tes conclusions à d’autres milieux de travail ou d’autres secteurs d’activité ? Est-ce que tes conclusions sont spécifiques à la population majoritairement ouvrière et masculine, et au travail en proie à l’intensification, étudiés dans ta thèse ?

    J’ai pensé mon travail pour que ce soit généralisable à plein d’entreprises. J’ai pensé cette enquête comme étant symptomatique, ou en tout cas assez représentative de plein de tendances du monde du travail : l’intensification, l’informatisation à outrance… Ces tendances se retrouvent dans de nombreux secteurs. Je dis dans l’intro : “depuis l’entrepôt, on comprend tout.” Comme partout, il y a de la rationalisation, de l’intensification, et de la production flexible. A partir de là, on peut réfléchir aux liens entre masculinités et capitalisme. Les problématiques de violence, de harcèlement sortent dans tous les milieux, aucun milieu social n’est épargné, précisément parce qu’elles ont des racines communes.

    Comment peut-on abolir le capitalisme, le patriarcat et le colonialisme ?

    Je vois une piste de sortie, une perspective politique majeure qui est de miser sur la sororité. La sororité fonctionne différemment des boys clubs, c’est beaucoup plus horizontal et beaucoup moins hiérarchique. Il y a cette même notion d’entraide, mais elle est beaucoup plus inclusive. Ce sont des dominées qui se rassemblent et qui refusent d’être dominées parce qu’elles refusent de dominer. Il faut prendre exemple sur les hommes qui savent très bien se donner des coups de main quand il le faut, mais faisons-le à bon escient. C’est une solution hyper puissante.

    Ne pas dominer, quand on est dominante sur d’autres plans (quand on est blanche par exemple), ça revient à enrayer les différents systèmes de domination.

    Tout à fait. Les Pinçon-Charlot, on leur a beaucoup reproché d’avoir travaillé sur les dominants, et c’est le cas aussi pour les masculinités ! Il y a plusieurs types de critique : d’abord, il y a un soupçon de complaisance avec ses sujets d’étude, alors qu’il y a suffisamment de critique à l’égard de nos travaux pour éviter ce biais. Ensuite, on est souvent accusé.e.s de s’intéresser à des vestiges ou à des pratiques dépassés, parce que les groupes (hommes, ou bourgeois) sont en transformation ; en fait, les pratiques de domination se transforment, mais pas la domination ! Enfin, on peut nous reprocher de mettre en lumière des catégories “superflues”, alors qu’on devrait s’intéresser aux dominé.e.s… mais on a besoin de comprendre le fonctionnement des dominant.e.s pour déconstruire leur moyen de domination, et donner des armes à la sororité.

    https://www.frustrationmagazine.fr/entretien-rivoal
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  • Vienne, capitale de l’urbanisme « sensible au genre » | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/international/250722/vienne-capitale-de-l-urbanisme-sensible-au-genre#at_medium=custom7&at_camp

    Vienne (Autriche).– Avec ses immeubles peu élevés et ses espaces communs sagement entretenus et arborés, l’ensemble de logements sociaux Frauen Werk Stadt (« Femme, travail, ville ») ressemble à de nombreux autres quartiers d’habitations de la capitale autrichienne. Mais sa construction, achevée en 1997, a représenté une petite révolution. Élaboré par quatre femmes architectes, ce complexe résidentiel a été l’un des premiers projets pilotes intégrant les principes de l’urbanisme dit « sensible au genre ».

    Ici, tout a été conçu pour faciliter les tâches du quotidien : courses, lessive, prise en charge des enfants. Un travail non rémunéré encore effectué en grande partie par les femmes. Ainsi, ont été installés au sein de l’ensemble un supermarché, une crèche, un cabinet médical, une pharmacie. De quoi limiter les déplacements souvent chronophages qu’implique le travail domestique.

    Une dimension également intégrée à l’intérieur des bâtiments : les machines à laver communes n’ont pas été reléguées dans une salle sombre à la cave, comme cela est souvent le cas à Vienne, mais sont situées dans les étages supérieurs qui donnent accès à un toit-terrasse offrant une vue sur tout l’ensemble. Chaque étage dispose d’un local commun de rangement. Les mères peuvent ainsi prendre l’ascenseur avec leur poussette et la laisser devant leur porte, sans avoir à porter enfants et sacs de courses dans les bras. Les cages d’escalier sont larges et éclairées par la lumière naturelle pour inciter les habitant·es à s’arrêter et à discuter, permettant ainsi de créer du lien entre voisin·es et de se rendre éventuellement des services.

    Ça ne remet pas en cause la répartition genrée des tâches domestiques mais c’est déjà ça

    Les parcs publics représentent l’un des exemples les plus aboutis de cette démarche : grâce à une étude sociologique, la municipalité se rend compte que les jeunes filles désertent ces lieux, passé l’âge de dix ans, car elles n’y trouvent plus leur place. En 1999, deux parcs sont alors choisis pour être réaménagés selon des critères de sensibilité au genre : des cages de football sont déplacées pour permettre une utilisation plus diversifiée de la pelouse, des buissons sont enlevés, et l’éclairage est renforcé pour améliorer la visibilité et accroître le sentiment de sécurité, des toilettes publiques sont installées, ainsi que des hamacs qui permettent de se rassembler et de discuter au calme.

    • Vienne, capitale de l’urbanisme « sensible au genre »

      Depuis 30 ans, la capitale autrichienne cherche à assurer un partage équitable de l’espace public entre hommes et femmes. #Aménagement des #parcs, #trottoirs, #éclairage : pionnière de cet urbanisme « sensible au genre », la ville est mondialement reconnue pour sa qualité de vie.

      Avec ses immeubles peu élevés et ses espaces communs sagement entretenus et arborés, l’ensemble de logements sociaux Frauen Werk Stadt (« Femme, travail, ville ») ressemble à de nombreux autres quartiers d’habitations de la capitale autrichienne. Mais sa construction, achevée en 1997, a représenté une petite révolution. Élaboré par quatre femmes architectes, ce complexe résidentiel a été l’un des premiers projets pilotes intégrant les principes de l’urbanisme dit « sensible au genre ».

      Ici, tout a été conçu pour faciliter les tâches du quotidien : courses, lessive, prise en charge des enfants. Un travail non rémunéré encore effectué en grande partie par les femmes. Ainsi, ont été installés au sein de l’ensemble un supermarché, une crèche, un cabinet médical, une pharmacie. De quoi limiter les déplacements souvent chronophages qu’implique le travail domestique.

      Une dimension également intégrée à l’intérieur des bâtiments : les machines à laver communes n’ont pas été reléguées dans une salle sombre à la cave, comme cela est souvent le cas à Vienne, mais sont situées dans les étages supérieurs qui donnent accès à un toit-terrasse offrant une vue sur tout l’ensemble. Chaque étage dispose d’un local commun de rangement. Les mères peuvent ainsi prendre l’ascenseur avec leur poussette et la laisser devant leur porte, sans avoir à porter enfants et sacs de courses dans les bras. Les cages d’escalier sont larges et éclairées par la lumière naturelle pour inciter les habitant·es à s’arrêter et à discuter, permettant ainsi de créer du lien entre voisin·es et de se rendre éventuellement des services.

      Un aspect particulièrement important pour Martina Kostelanik, qui a emménagé dès 1997 dans son appartement, un rez-de-chaussée avec jardin qu’elle compte bien ne jamais quitter : « Quand nous sommes arrivés ici, il n’y avait que des jeunes familles et nous avons maintenu des liens d’amitié, même avec ceux qui ont déménagé. Les enfants ont grandi ensemble et sont toujours en contact. »

      Aujourd’hui retraitée, elle a élevé ses trois enfants à Frauen Werk Stadt, tout en travaillant dans la cantine d’une école : « Ici, c’est très pratique. Il y a deux aires de jeux dans des cours intérieures et on peut laisser les enfants y aller seuls car on peut les surveiller depuis notre jardin. Les voitures ne peuvent pas passer, il n’y a donc aucun danger. Et puis il y a la crèche qui est directement dans l’ensemble, beaucoup d’espaces verts, des endroits pour faire du vélo avec les enfants. Il n’y a pas besoin d’aller ailleurs pour les occuper. C’est super ! »

      Désormais, ses enfants ont grandi et quitté le domicile familial. Comme les appartements sont modulables pour s’adapter aux différentes périodes de la vie, elle a pu facilement faire tomber une cloison qui séparait sa chambre de celle des enfants, afin d’avoir plus d’espace. Son logement ne comprend aucune marche sur laquelle elle pourrait trébucher, le médecin et la pharmacie ne sont qu’à quelques mètres. Dernier aspect important pour la retraitée : le #sentiment_de_sécurité. L’#éclairage a été étudié pour éviter tout recoin sombre, parfois source d’angoisse pour les femmes, et les larges fenêtres des pièces de vie donnent sur les espaces communs pour pouvoir toujours être à portée de regard.

      Après 25 ans à vivre ici « comme dans un village », Martina Kostelanik se dit très satisfaite. Pourtant, quand on lui fait remarquer que cet ensemble a été spécifiquement conçu pour prendre en compte les besoins des femmes, elle sourit et admet qu’elle l’ignorait. C’est tout le #paradoxe de cette approche pour Eva Kail, urbaniste à la mairie de Vienne : « Quand tout fonctionne bien au quotidien, alors ça devient invisible. » Cette experte est l’une des pionnières de l’urbanisme sensible au genre et n’a cessé de convaincre autour d’elle de l’importance de la démarche.

      Une politique initiée dans les années 1990

      En 1991, elle organise une exposition photo retraçant une journée dans la vie de huit femmes à Vienne, une mère célibataire, une étudiante en fauteuil roulant, une cadre… afin de montrer comment s’organise leur quotidien dans l’#espace_urbain. Pour la première fois, des données relatives aux différents #moyens_de_transport sont ventilées par sexe et le constat est sans appel : les automobilistes sont majoritairement des hommes, et les piétons, des femmes. Une réalité sur laquelle personne ne s’était alors penché : « À l’époque, on avait coutume de dire que les responsables de la #planification des #transports étaient des automobilistes blancs de la classe moyenne et ils ont eu une grande influence sur cette politique d’urbanisme », estime Eva Kail.

      La planification des transports était alors principalement centrée sur les trajets en voiture entre le domicile et le travail mais prenait peu en compte les nombreux itinéraires empruntés par les femmes dans leur quotidien. L’exposition permet ainsi de thématiser les problématiques des piéton·nes : largeur des trottoirs, éclairage urbain, temps laissé par les feux tricolores pour traverser. Avec 4 000 visiteurs et visiteuses, l’exposition est un succès et, quelques mois plus tard, la municipalité décide d’ouvrir le Frauenbüro, le « bureau des femmes », pour apporter plus d’attention aux besoins des habitantes. Eva Kail en prend la direction. Un numéro d’urgence joignable 24 heures sur 24 est mis en place, de nombreux projets pilotes, dont Frauen Werk Stadt, sont lancés.

      Les parcs publics représentent l’un des exemples les plus aboutis de cette démarche : grâce à une étude sociologique, la municipalité se rend compte que les jeunes filles désertent ces lieux, passé l’âge de dix ans, car elles n’y trouvent plus leur place. En 1999, deux parcs sont alors choisis pour être réaménagés selon des critères de sensibilité au genre : des cages de football sont déplacées pour permettre une utilisation plus diversifiée de la pelouse, des buissons sont enlevés, et l’éclairage est renforcé pour améliorer la visibilité et accroître le sentiment de sécurité, des toilettes publiques sont installées, ainsi que des hamacs qui permettent de se rassembler et de discuter au calme.

      Résultat : les jeunes filles commencent à utiliser une plus grande partie de ces parcs, même si la municipalité a dû faire face à des critiques qu’elle n’avait pas anticipées : « Il y avait un parc où on avait beaucoup amélioré la visibilité. Des jeunes filles sont venues se plaindre car leur mère pouvait désormais voir de la fenêtre ce qu’elles faisaient en bas et ça ne leur a pas du tout plu ! […] On n’y avait pas pensé ! On aurait dû leur laisser quelques recoins », s’amuse Eva Kail. À partir de ces expériences, des listes de recommandations ont été établies et s’appliquent désormais à l’ensemble des parcs de la capitale.

      #Seestadt, un immense quartier en construction

      Si l’urbanisme sensible au genre a, dans un premier temps, fait l’objet de nombreuses réticences et nécessité un important travail de pédagogie parmi les fonctionnaires de la municipalité, la démarche est aujourd’hui pleinement intégrée à la stratégie de développement de la ville, dirigée de longue date par les sociaux-démocrates. Pour s’en convaincre, direction Seestadt, en périphérie de Vienne. Sur 240 hectares, un nouveau quartier monumental est en train de sortir de terre. Autour d’un lac artificiel, plus de 4 300 logements ont déjà été construits. À terme, aux alentours de 2035, ce quartier devrait accueillir plus de 25 000 habitant·es, ainsi que 20 000 emplois : l’un des projets de développement urbain les plus importants d’Europe.

      Gunther Laher, responsable du suivi du projet pour la municipalité, nous guide dans les allées de cette ville nouvelle avec enthousiasme. Premier signe évident de l’importance accordée à la dimension de genre : les rues, places et parcs portent ici le nom de femmes célèbres. « Avant ce quartier, 6 % des rues de Vienne étaient nommées d’après une femme. On a porté ce chiffre à 14 % », se réjouit le fonctionnaire, pour qui cette décision va au-delà du symbole. « En voyant ces noms, les habitants commencent à s’intéresser à la biographie de ces femmes. Ça contribue à changer les perceptions. »

      Ici, de nombreuses rues sont piétonnes, le dénivelé entre la chaussée et le trottoir n’excède jamais trois centimètres pour faciliter les déplacements avec une poussette ou en fauteuil roulant. Même les commerces, installés le long de la rue Maria-Tusch, ont fait l’objet d’une planification : « Quand on construit un tel quartier, il y a peu d’habitants au début. Pour être sûr qu’ils aient à disposition ce dont ils ont besoin, on ne peut laisser faire le marché privé […]. On loue les boutiques en rez-de-chaussée et on s’assure que pendant dix ans, le local ne puisse être utilisé par un autre secteur d’activité. Le boulanger sera donc toujours un boulanger, le coiffeur toujours un coiffeur », explique Gunther Laher. Ainsi, la municipalité garantit que les habitant·es n’auront pas besoin de courir d’un bout à l’autre de la ville pour faire leurs courses.

      Toutes les politiques de la ville doivent prendre en compte le genre

      Depuis 2006, Vienne a également mis en place un budget sensible au genre (gender budgeting), pendant financier de sa politique d’urbanisme. Chaque département de la mairie doit ainsi s’assurer que ses dépenses contribuent à une amélioration de l’égalité entre les sexes. Si la rénovation d’une rue doit être financée, il faudra se demander quelle place est accordée à la chaussée, donc aux automobilistes, donc majoritairement aux hommes, et quelle place est accordée aux piéton·nes, en s’intéressant par exemple à la largeur des trottoirs.

      Michaela Schatz, responsable du département gender budgeting de la municipalité, se souvient d’une mise en place compliquée : « De nombreux services nous ont dit : “Nous travaillons déjà pour l’ensemble des Viennois.” Il a donc fallu leur montrer qui avait l’usage de telle ou telle prestation. »

      Quinze ans plus tard, la prise de conscience a eu lieu et la démarche, qui s’applique à l’ensemble du budget de la ville, soit 16 milliards d’euros, a permis d’importantes réalisations, selon Michaela Schatz : « Depuis 2009, les enfants de 0 à 6 ans peuvent aller gratuitement à la crèche. […] Une étude a ensuite montré que cette mesure avait eu un impact positif sur le PIB de Vienne. » Le taux d’emploi des mères âgées de 20 à 39 ans avec des enfants en bas âge a ainsi augmenté de 1,5 point sur la période 2007-2013.

      Reste que cette approche globale n’est pas exempte de critiques : à différencier ainsi les besoins, ne risque-t-on pas de renforcer les stéréotypes et d’enfermer les femmes dans un rôle de mère ou de victime ? « On ne peut pas avoir d’influence sur le partage des tâches entre les sexes à travers l’urbanisme. C’est une question de représentations sociales, de rapports de pouvoir au sein d’une relation. Mais on peut faire en sorte que ce travail domestique se fasse dans de bonnes conditions », répond Eva Kail.

      Autre défi : la croissance rapide de la population dans la capitale. Dans ce contexte, la tentation est grande d’aller vers plus d’économies et de faire des compromis sur la qualité des nouveaux logements, notamment sur leur conformité aux critères de sensibilité au genre. Mais cette année encore, Vienne a été élue ville la plus agréable à vivre au monde par l’hebdomadaire anglais The Economist. Parmi les critères déterminants : la qualité des infrastructures ou la diversité des loisirs, des domaines où les critères de sensibilité au genre sont depuis longtemps appliqués.

      https://www.mediapart.fr/journal/international/250722/vienne-capitale-de-l-urbanisme-sensible-au-genre

      #villes #urban_matter #géographie_urbaine #TRUST #master_TRUST #Vienne #Autriche #espace_public #urbanisme_sensible_au_genre #Frauen_Werk_Stadt #travail_domestique #mobilité #mobilité_quotidienne #toponymie #toponymie_féministe #voitures #piétons #commerces #courses #budget_sensible_au_genre #gender_budgeting #égalité #inégalités #espace_public

  • There are words you shouldn’t call academic (or any) women. Words you might think are innocuous, but have a long history of being used to dismiss, devalue, or discredit women. You might not be aware that these words should be avoided.

    1. Is she ‘aggressive’ - yelling, shoving, in your face? If not, the word you probably want to use is ‘assertive’.

    2. Is she ‘hysterical’ - displaying extreme emotion due to having a uterus? If not, the word you probably want to use is ‘upset’. Unless you’re using it to mean she’s incredibly funny, in which case you’re good.

    3. Is she ‘difficult’ - impossible to please or satisfy? If not, the word you probably want to use is ‘challenging’ or ‘particular’ or ‘sets a high bar’.

    4. Is she ‘demanding’ - insisting on something in a way that is excessive or unreasonable? If not, the words you might want are ‘expressing needs’ or ‘has expectations’.

    5. Is she ‘shrill’ … there’s no reason to use this word, or any words, to comment on a woman’s voice. Just don’t.

    6. Is she ‘uptight’ - anxious or angry in a tense and overly controlled way? …actually, if she is you might want to ask yourself why your interactions are causing this response? And consider using ‘intense’ or ‘focused’.

    7. Is she ‘emotional’ or ‘too sensitive’ - displaying unprofessional excessive feeling? Or is she just not repressing all feeling, or responding to something offensive, and the word you want is ‘human’.

    8. Is she ‘bossy’ - using her position to push people around well beyond the expected scope? If not, the word you might want to use is ‘leader’.

    #mot #mots #choix_des_mots #femmes #adjectifs #genre #patriarcat #hystérique #agressive #difficile #exigeante #académie #université #émotions #sensible #coincée #tendue #discrédit

    oh que ça me parle!!!!

    ping @_kg_

  • Ce matin je me suis levé en me demandant quelles étaient les relations entre les études (ou commentaires politiques) sur les transgenres, et les transraciaux (me demandez pas pourquoi).

    Du coup j’ai trouvé cet article recension d’Abdellali Hajjat sur le livre Trans : Gender and Race in an Age of Unsettled Identities, de Rogers Brubaker.

    Évidemment ce ne sont que deux points de vue (celui du livre et celui de Hajjat), il y a aussi tous les débats dans les communautés afro-descendantes et autre.

    Perso j’ai du mal à voir la différence autant en terme « biologie ou pas », qu’en terme philosophique et sociologique, et que si on critique l’auto-définition (car c’est de ça qu’il s’agit avant tout) dans l’un des deux cas, avec une critique non-essentialiste (mais au contraire basé sur le fait que c’est social et non pas individuel), alors c’est logique de le critiquer pour l’autre aussi ; ou inversement si c’est pour approuver un des deux cas.

    Transgenre et transracial, ou les difficultés d’une analogie | Cairn.info
    https://www.cairn.info/revue-geneses-2019-1-page-153.htm

    Même nuancée, cette mise en équivalence de la position conservatrice et de la position féministe radicale pose problème. Dans le premier cas, le transgenre est dénoncé à l’aune d’une conception conservatrice de l’ordre sexuel et de la perpétuation de la domination masculine. Dans le second, la critique féministe radicale ne porte pas sur la légitimité du transgenre en tant que tel, mais bien sur le discours de légitimation du transgenre tendant à affermir les stéréotypes de genre, comme le reconnaît Brubaker, et sur la légitimité des transgenres à parler au nom des femmes dans le contexte d’une domination masculine qui tend structurellement à imposer le silence à celles-ci. De ce point de vue, le porte-parolat doit être fondé non pas sur une identité naturelle mais sur une communauté d’expériences. L’oxymore d’« essentialisme historique » ne permet pas de rendre compte de cette position, puisque le féminisme radical représente au contraire un courant d’idées radicalement anti- essentialiste.

    […]

    Si on peut ainsi contester certaines parties de l’analyse de l’auteur, il faut cependant souligner pour finir la grande qualité de l’ouvrage. Cette réflexion ouvre des perspectives de recherche extrêmement stimulantes, notamment sur la tension entre subjectivité et objectivité des identités, sur les logiques de légitimation du passage de frontière entre catégories, et sur la sociologie de l’usage de concepts sociologiques dans le cadre de controverses auxquelles participent, entre autres acteurs, des chercheurs en sciences sociales.

    #féminisme #genre #race #sociologie #transgenre #transracial #radfem #Rachel_Dolezal #Caitlyn_Jenner #Abdellali_Hajjat #Rogers_Brubaker

  • « Ville féministe » de Leslie Kern
    https://topophile.net/savoir/ville-feministe-de-leslie-kern

    Les études urbaines privilégiant le genre sont encore rares, aussi convient-il de saluer cet ouvrage de la géographe Leslie Kern, qui dirige des recherches sur le genre à l’Université Mount Alison au Nouveau-Brunswick. Évitant toute langue de bois, l’auteure rend compte, subjectivement, de sa propre expérience de femme enceinte (où s’asseoir ?), puis de jeune mère... Voir l’article

  • Human Rights Violations Against Migrants in Yemen Increase Amid Soaring Arrivals
    https://mailchi.mp/32f5e7091dc8/human-rights-violations-against-migrants-in-yemen-increase-amid-soaring-arri

    Human Rights Violations Against Migrants in Yemen Increase Amid Soaring Arrivals
    Women migrants walk along a highway in Yemen en route to the border with the Kingdom of Saudi Arabia. Photo: Rami Ibrahim/IOM 2022
    Aden – At least 27,800 people have crossed from the Horn of Africa to war-torn Yemen in the first five months of 2022, more than the total who made the journey all of last year along what was the world’s busiest maritime migration route prior to COVID-19, according to the International Organization for Migration’s (OIM) Displacement Tracking Matrix (DTM).
    IOM last year reported that an estimated 27,700 migrants entered Yemen through the so-called Eastern Route, down from 138,000 in 2019 due to heightened COVID-19 mobility restrictions. Approximately 37,500 made the journey in 2020. The rise in arrivals is cause for alarm in a country now grappling with its eighth year of conflict. “We are increasingly concerned about the safety and well-being of people moving through Yemen,” said Christa Rottensteiner, IOM Yemen’s Chief of Mission. “Our teams meet migrants every day who have been injured in the conflict or become stranded on their journeys.”
    A variety of factors may be influencing this year’s increase, including a loosening of COVID-19 mobility restrictions, more favorable weather conditions, and the security situation and drought in Ethiopia, where most migrants originate from. Upon arriving in Yemen, migrants face perilous onward journeys to Gulf countries in search of work. They often travel across conflict frontlines and face grave human rights violations such as detention in inhumane conditions, exploitation and forced transfers across lines of control. Women and girls often report experiencing gender-based violence, abuse or exploitation, usually at the hands of traffickers and smugglers.  In the north of the country, IOM’s partners and the local community have reported that over 1,000 migrants – including women and children – have been injured or killed by attacks this year. Every month, hundreds are treated for gunshot wounds at an IOM-supported hospital near the border town of Sa’dah. In Ma’rib – some 25 kilometres from one of the conflict’s frontlines – approximately 4,500 migrants are stranded, unable to continue their journey onward or return back. More than 900 migrants departed on Voluntary Humanitarian Return (VHR) flights from Aden in May (as of 31/05 mid-day), but greater funding is needed to help thousands of others waiting to leave from Aden, Sana’a and Ma’rib.
    “One of the main ways we can offer relief and protection is to open more opportunities for migrants who wish to return home to do so, and to provide life-saving assistance and medical aid to those in need,” said Rottensteiner. “At a time when funding for the Yemen response is on a decline, we must not turn our backs on stranded migrants who are often forgotten in times of crisis. We urgently require greater funding to ease the suffering of more than 190,000 migrants in need of assistance in Yemen.”
    IOM is currently appealing for USD 7.5 million to support thousands of stranded migrants to voluntarily return from Yemen to Ethiopia, through IOM’s VHR programme. The Organization also requires USD 9 million to continue its displacement and mobility tracking activities

    #Covid-19#migrant#migration#yemen#ethiopie#sante#routemigratoire#corridor#retour#violence#genre#humanitaire#conflit

  • Pour un regard féministe matérialiste sur le queer. | Cairn.info
    https://www.cairn.info/revue-mouvements-2002-2-page-44.htm

    Ces courants trouvent une inspiration philosophique centrale dans l’analyse foucaldienne du discours, en ce qu’il norme et fixe les comportements (hétéro)sexuels, et produit du pouvoir. Celle-ci s’appuie sur le rejet d’une conception du pouvoir comme « opposition binaire et globale entre les dominateurs et les dominés  » et incite à « l’autocritique des identités et discours que nous adoptons comme partie de nos luttes  ». Plus largement, je place le queer dans un vaste contexte idéologique marqué par le rejet de l’analyse en termes de rapports sociaux et qui présuppose la fin de la modernité, des classes, des utopies, du travail, et maintenant : du genre ! Ce n’est pas un hasard si le queer se distingue des études gays et lesbiennes et des « politiques de l’identité », qui ont mis l’accent depuis le début des années soixante-dix sur la défense des droits des homosexuel-le-s, et passe à l’analyse du langage et des discours qui produisent un savoir et des pratiques autour du sexe.

    […]

    La pensée queer par contre ne me renvoie pas vers une position privilégiée mais incite par l’accent qu’elle met sur la performativité, la sexualité, le discursif, à se croire indépendant des structures sociales. Comme si je pouvais aller vers où bon me semblait, et que quasi toute transgression de l’ordre symbolique hétéronormatif était politiquement pertinente. Comme si nous étions tou-te-s des atomes libres survolant genre, hétérosexualité et oppression des femmes par les hommes. Ça ne risque pas trop de faire comprendre aux hommes que c’est plutôt une restriction de notre pouvoir et marge de manœuvre qui serait nécessaire…

    #Sabine_Masson #Léo_Thiers-Vidal #queer #féminisme #féminisme_matérialiste #genre #sociologie #philosophie

  • L’envolée de la #censure des #livres aux États-Unis

    À l’automne 2021, l’#Association_américaine_des_bibliothèques a indiqué avoir reçu le nombre “inédit” de 330 #signalements. "Une hausse sans précédent", selon la responsable de l’association…

    Depuis plusieurs années déjà, quelques responsables politiques, une poignée d’éditorialistes, quelques intellectuels inquiets nous alertent sur les dangers d’une vague déferlante venue d’Amérique. La "cancel culture". Soit un pseudo "cancer" de la culture, par le truchement duquel des statues sont déboulonnées, des pièces de théâtre empêchées, certains classiques de la littérature passés au grill de la morale "gauchiste", "identitaire", "antiraciste".

    Et Maintenant ? Dans ce constat, une chose au moins se vérifie : les États-Unis sont rongés par la "cancel culture". Dans de nombreux comtés : enseignants, parents et militants exigent de concert la mise à l’index d’un nombre croissant de livres. Ainsi, à l’automne 2021, l’Association américaine des bibliothèques a indiqué avoir reçu le nombre "inédit" de 330 signalements. "Une hausse sans précédent", selon la responsable de l’association…

    Toutefois, contrairement à ce qu’on entend souvent, la #gauche et les #campus ne sont pas les premiers initiateurs de ce mouvement. Et la "cancel culture" est, très largement, l’œuvre et l’instrument du camp conservateur, qui s’attaque aux livres traitant de thèmes allant du #racisme à l’#identité_de_genre. Un exemple : à l’automne dernier, la commission scolaire d’un comté du Kansas a annoncé le retrait de la circulation de 29 livres dans les #bibliothèques_scolaires. Parmi eux : L’Œil le plus bleu de #Toni_Morrison, qui raconte l’histoire d’une jeune afro-américaine durant la Grande Dépression, raillée pour sa peau sombre. La Servante écarlate, dystopie de #Margaret_Atwood et symbole des luttes féministes. Et beaucoup d’œuvres dites progressistes ou qui portent un message, une sensibilité, d’une telle nature. Esther Cyna, docteure en civilisation américaine, spécialiste d’histoire de l’éducation et enseignante chercheuse à l’université Sorbonne Nouvelle, détaille cette tendance effarante.

    https://www.franceculture.fr/emissions/et-maintenant/et-maintenant-du-mercredi-30-mars-2022

    #conservateurs #racisme_anti-noirs #genre #sexe

    ping @isskein @karine4 @_kg_

    #Etats-Unis #USA #cancel_culture

    ping @isskein @karine4 @cede

    • … contrairement à ce qu’on entend souvent, la gauche et les campus ne sont pas les premiers initiateurs de ce mouvement. Et la « cancel culture » est, très largement, l’œuvre et l’instrument du camp conservateur, qui s’attaque aux livres traitant de thèmes allant du racisme à l’identité de genre.

    • Oui, d’où le fait que je trouve que c’est une mauvaise idée de reprendre le terme « cancel culture », terme inventé par les racistes, masculinistes et autre homophobes américains. C’est amusant ponctuellement d’en inverser le sens, mais le banaliser est par contre problématique, parce que je pense que ça entretient la confusion souhaitée par l’extrême-droite ricaine (ah ah là, nous on veut juste interdire ces livres qui veulent nous empêcher de dire ce qu’on pense).

  • Recension de « La conjuration des ego , d’Aude VIDAL, publiée sur le blog Les Ruminant.e.s | « TRADFEM
    https://tradfem.wordpress.com/2022/04/04/recension-de-la-conjuration-des-ego-daude-vidal-publiee-sur-le-bl

    Le féminisme est une lutte pour toutes les femmes et contre toutes les violences – physiques, psychologiques, verbales – qu’exercent les hommes sur les femmes. Il est incompatible avec les nombreux privilèges dont bénéficient les hommes du fait de leur domination. Que cette domination soit consciente ou pas, de nombreuses études démontrent que la vie commune hétérosexuelle bénéficie aux hommes qui profitent du travail domestique de leur compagne. Cette situation d’exploitation plus ou moins acceptée permet aux hommes de mieux réussir que les femmes dont le temps de travail et le salaire sont réduits. Les femmes, rendues dépendantes économiquement, sont plus facilement victimes de l’accaparement de leurs corps par les hommes qui profitent ainsi de services sexuels, domestiques ou reproductifs.

    Si les hommes peuvent s’approprier et dominer les femmes, c’est parce que les individus sont socialisés selon qu’ils naissent avec une vulve ou un pénis. L’homme est socialisé de telle manière qu’il pense légitime de s’approprier les femmes. Les femmes sont socialisées de façon à accepter leur asservissement. Cette différenciation binaire des sexes est socialement construite. La société divise les individus selon les deux catégories sexuelles – mâle ou femelle – auxquelles elle assigne un genre masculin ou féminin. Personne n’échappe à ces assignations binaires, elles nous façonnent et nous les intégrons malgré nous. Être une femme, c’est subir cette assignation. Puisque le genre est un fait social, une expérience collective, alors on « ne peut être une femme, quelle que soit sa naissance et son vécu, que quand on est perçue et traitée comme une femme dans la société, quand on a en partage cette expérience avec les autres membres de la classe des femmes. » (p. 53)

    C’est pour cela qu’exercer sa liberté individuelle en se définissant non-binaire ou transgenre n’apporte aucune liberté aux autres femmes. D’autant que, comme l’explique l’autrice, la personne qui s’auto-identifie à un genre revendique un genre socialement construit par et pour une société patriarcale. Les non-binaires eux-mêmes tiennent à un pronom plus qu’à un autre. C’est pourtant cette assignation des genres qui doit être combattue collectivement, dans la dimension institutionnelle mais aussi intime.

    #féminisme #identités

  • Women must build the metaverse | Information Age | ACS
    https://ia.acs.org.au/article/2022/women-must-build-the-metaverse.html
    https://ia.acs.org.au/content/dam/ia/article/images/2022/metaverse+vr.jpg

    Women have to build the metaverse if the next major leap in human-computer interaction is to be used by everybody, the audience at ADMA’s Global Forum 2022 heard on Wednesday.

    In a panel discussion titled ‘Demystifying the Metaverse’, Carli Johnston, co-founder of augmented and virtual reality (AR/VR) company Virtual Method, said there was a great need for women to be at the forefront of metaverse content design to ensure the technology develops out of a diverse set of needs and experiences.

    Et si justement elles ne voulaient pas de ce fantasme... d’homme ?

    #Metaverse #Genre

  • #Schwa: storia, motivi e obiettivi di una proposta

    Una dichiarazione di intenti

    «Lo statuto della sociolinguistica è simile a quello di molte scienze umane; essa accoglie e fonde nozioni del senso comune, assiomi e concetti tecnici, esigenze di formalizzazione e di quantificazione; presuppone nel suo cultore più anime coesistenti; alla sintesi impressionista oppone il linguaggio delle statistiche e dei questionari, ma rivendica poi l’insostituibilità dell’intuizione, dell’empatia antropologica; aspira a generalizzazioni ampie e insieme spia le particolarità del vivere quotidiano. Se il linguista è un curioso di parole, che può osservare anche nelle pagine di un dizionario, il sociolinguista è un curioso di discorsi, che deve necessariamente spiare nella pratica viva dell’interazione. Ma a caratterizzarlo non è soltanto il campo visuale delle sue osservazioni; è la spinta a interpretare quel che vede, a cercare correlazioni pertinenti tra i comportamenti linguistici da un lato e la struttura della società, dei suoi ruoli, status, funzioni, istituzioni, dall’altro. A differenza del linguista, non considererà estranee alla sua attenzione categorie come il potere e l’autorità, il conflitto e l’antagonismo, la subordinazione, lo scambio, la legittimazione, la solidarietà; al contrario, ne cercherà le manifestazioni, ordinarie o solenni, e i meccanismi di controllo e manipolazione».

    Apro il mio pezzo con una lunga citazione di Giorgio Raimondo Cardona (Introduzione alla sociolinguistica, a cura di Glauco Sanga, UTET, Torino, 2009, pp. 5-6); lo faccio non tanto per richiamare un argumentum auctoritatis, quanto per mettere subito in chiaro quale sia l’impostazione di studio e ricerca che ho fatto mia da molti anni. In particolare, ritengo una necessità quella di non scindere i fatti linguistici dai fatti sociali, pena – a mio avviso – una visione solo parziale del quadro che si ha di fronte. Per questo, parlerò qui di (socio)linguistica, certo; ma vorrei che al centro del discorso rimanessero coloro che troppo spesso ne vengono estromesse, ossia le persone.

    Che cos’è lo schwa e come mai se ne discute

    La questione di cui mi occupo da qualche anno ha come suo fulcro un simbolo: lo schwa o scevà, nome che indica una e ruotata di 180°, ossia ə, un simbolo appartenente all’IPA, International Phonetic Alphabet o Alfabeto Fonetico Internazionale, un alfabeto “di lavoro” usato in ambito linguistico per descrivere i suoni linguistici delle lingue del mondo. Osservando la trascrizione fonetica di una parola, dunque, è possibile, posto che si conosca l’IPA, comprenderne la pronuncia.

    In particolare, lo schwa indica una vocale media-centrale, che si situa al centro del quadrilatero vocalico: se, dunque, per pronunciare le altre vocali occorre “deformare la bocca” (pensiamo ad a-e-i-o-u), per pronunciare lo schwa la bocca va tenuta in posizione rilassata, semiaperta. È il suono iniziale dell’inglese about, come pure quello finale del napoletano jamm; tale suono non è presente nell’italiano standard, e il simbolo manca dal nostro alfabeto; in compenso lo schwa, seppure con un valore fonetico leggermente diverso, fa parte da qualche tempo dell’alfabeto latino della lingua azera e anche di quello pan-nigeriano; si noti, peraltro, che in azero la versione maiuscola dello schwa è lo stesso carattere aumentato di dimensioni, ə-Ə, mentre nel pan-nigeriano lo schwa maiuscolo è una E rovesciata: ə-Ǝ.

    Il motivo per cui questo simbolo è diventato oggetto di un’accesa discussione, che ha portato fino alla creazione di una petizione su change.org intitolata “Lo schwa (ə)? No, grazie. Pro lingua nostra” (https://www.change.org/p/lo-schwa-%C9%99-no-grazie-pro-lingua-nostra), è che negli ultimi anni il suo uso ha iniziato a diffondersi in vari contesti per cercare di superare quello che alcune categorie di persone giudicano come un limite espressivo della lingua italiana, ossia il fatto che non sia possibile non esprimere il genere di una persona o di un gruppo di persone.

    L’italiano, una lingua con genere grammaticale

    L’italiano, come è noto, è una lingua dotata di due generi grammaticali: sostantivi e pronomi sono o di genere maschile o di genere femminile, tertium non datur (per un’analisi dettagliata, cfr. Federica Formato, Gender, Discourse and Ideology in Italian, Palgrave Macmillan, London, 2019, specialmente cap. 2, An Overview of Grammatical Gender in Italian, pp. 39-80). Mentre per oggetti inanimati e concetti la distinzione appare convenzionale (anche se non del tutto priva di conseguenze a livello semantico, come argomenta ad esempio la scienziata cognitiva e psicologa Lera Boroditsky), per animali ed esseri umani il genere grammaticale tende a essere scelto in accordo con il sesso dell’animale o il genere della persona che si va a designare. Sebbene più fonti colleghino tradizionalmente il genere grammaticale al sesso biologico, ritengo che, quando si parla di persone, sarebbe ancora più preciso dire che il genere grammaticale viene scelto in base al genere percepito di una determinata persona (si pensi al personaggio femminile interpretato dall’attore Gianluca Gori, Drusilla Foer, normalmente nominato al femminile al di là del suo sesso biologico: nella percezione, infatti, è una donna). Aggiungiamo, infine, che l’italiano ha notoriamente perso il neutro, che esisteva in latino in riferimento, principalmente, a concetti astratti e oggetti.

    Sesso, genere, orientamento sessuale: cerchiamo di fare chiarezza

    Oggigiorno, la percezione diffusa è ancora che il mondo sia composto di esseri umani di sesso maschile e di sesso femminile. Nel suo importante libro Queer. Storia culturale della comunità LGBT+ (Einaudi, Torino, 2021), Maya De Leo spiega come questa concezione dicotomica del sesso, ossia il dimorfismo sessuale, si diffonda massicciamente nel XVIII Secolo anche grazie alle (supposte) scoperte in campo medico. Precedentemente, il centro del sistema era rappresentato dal maschio, rispetto al quale la femmina non era altro che una «versione imperfetta» (p. 19); d’altro canto, però, la concezione androcentrica permetteva concettualmente l’esistenza di altri sessi «a minor grado di perfezione» (p. 13), comprese persone intersex (una volta definite ermafrodite) e in altri modi non conformi al genere. Il dimorfismo sessuale, che ancora oggi è la concezione prevalente, «non prevede […] la possibilità di corpi non riconducibili a uno dei due poli» (p. 20). Eppure, nel frattempo, la medicina, e la conoscenza dell’essere umano in generale, sono andate avanti, permettendo di scoprire che esiste una percentuale di persone con caratteristiche cromosomiche “non standard”, quindi non-XX e non-XY, ma anche che l’identità di genere di una persona è ben più complessa del suo sesso biologico. Per l’esattezza, per ogni essere umano possiamo identificare:

    1) Il sesso biologico assegnato alla nascita: normalmente maschile o femminile, dunque; e siccome l’assegnazione del sesso alla nascita si basa, nella maggioranza dei casi, sull’osservazione delle caratteristiche fisiche dell’infante, è possibile che situazioni di intersessualità non vengano scoperte in quel momento, e in alcuni casi addirittura mai.

    2) L’identità di genere: è un insieme di fattori psicologici e culturali e risponde, all’incirca, alla domanda “come mi sento”: maschio, femmina, altro? Si definisce con il termine cappello transgender una persona che, genericamente, non si identifica nel sesso assegnatole alla nascita, mentre da qualche tempo viene definita cisgender chi, al contrario, vi si riconosce. Io, ad esempio, sono una donna cisgender. Sotto il termine transgender abbiamo, invece, persone transessuali, ma anche non binarie, gender-fluid, agender, genderqueer, genderflux, genderfuck, in generale gender non-conforming. Molta terminologia del settore, al momento, è in inglese, perché la consapevolezza rispetto a questi temi è sicuramente più avanzata in ambito angloamericano (cfr. Sally Hines, Il genere è fluido?, Nutrimenti, Roma, 2021, traduzione di Martina Rinaldi di Is Gender Fluid?, 2018).

    3) Non ovunque, però, è possibile manifestare liberamente la propria identità di genere, giacché il coming out come persona transgender implica spesso molte difficoltà, se non veri e propri pericoli, a livello sociale (su questo rimando ancora alla disamina di De Leo 2021). Dunque, un terzo fattore è proprio l’espressione di genere, che all’incirca risponde alla domanda “come mi presento”.

    4) Infine, ogni persona ha un orientamento sessuale: semplificando, è la risposta alla domanda “chi mi piace”. Normalmente, sempre come lascito della visione dicotomica di cui sopra, tenderemo a pensare che esistano persone eterosessuali e omosessuali; in realtà, ultimamente sta venendo nominata una pletora di altre sessualità come, ad esempio, la bisessualità, la pansessualità, l’asessualità, ecc. (per questa nomenclatura rimando alle pagg. 16-21 di AA.VV., Questioni di un certo genere. Le identità sessuali, i diritti, le parole da usare: una guida per saperne di più e parlarne meglio, Iperborea, Milano, 2021).

    Identità di genere e schwa

    Questa lunga premessa era, a mio avviso, necessaria per cercare di comprendere meglio la radice della questione dello schwa. L’apertura del ventaglio delle identità di genere verso “generi altri” crea una tensione con la tipologia della nostra lingua, che de facto prevede solo maschile e femminile. Dunque, chi non si riconosce in questo dimorfismo, prova un disagio dovuto all’incapacità di trovare una sistemazione all’interno del sistema-lingua.

    Normalmente, a questo ragionamento si obietta in due modi: il primo ricorre all’affermazione che, in fondo, la questione è residuale perché impatta direttamente solo su un numero molto limitato di persone; come scrive Cecilia Robustelli su Micromega (30 aprile 2021): «la quasi totalità delle persone è identificabile su base sessuale come maschio o femmina. È vero, le persone intersex (1%) restano fuori, ma eliminare le desinenze grammaticali significa impedire la rappresentazione di metà della popolazione italiana, quella di sesso femminile» (si noti che si rimane sul piano del sesso biologico, nominando le persone intersex, e non si parla di identità di genere). In realtà, ricordando che non si tratta di eliminare le desinenze grammaticali, ma di ricercare ulteriori modi per esprimersi, al di là del problema posto dalla necessità di nominare direttamente le persone non binarie esistono numerose situazioni in cui forse sarebbe meglio non creare alcun bias di genere (si pensi a un annuncio di lavoro). La seconda obiezione è che la soluzione migliore, quella prevista dalla grammatica italiana, rimarrebbe quella di ricorrere senza distorsioni al maschile sovraesteso (chiamato di volta in volta inclusivo, non marcato, neutro ecc.), come ci ricorda Paolo D’Achille nella sua dettagliata analisi pubblicata sul sito web dell’Accademia della Crusca.

    Mi sento di dissentire da entrambe le affermazioni; tornerò al primo punto nel prosieguo, mentre qui vorrei fare riferimento ai diversi studi che rilevano come l’uso del maschile sovraesteso sia tutt’altro che “naturale”, quanto piuttosto motivato da questioni storiche e culturali: «La lingua quotidiana riflette e amplifica una divisione già di per sé così netta come quella sessuale, e il predominio sociale dei ruoli maschili impronta di sé anche la nostra concezione della lingua; infatti quella che viene sempre assunta come forma “normale” di una lingua è proprio quella usualmente parlata dagli uomini» (Cardona, op. cit., p. 74). Non solo, ma è anche dato ormai verificato che l’uso del maschile non è privo di conseguenze a livello cognitivo: lo studioso Pascal Gygax lo rileva da molti anni (qui una lista delle sue pubblicazioni; qui la sua presentazione al simposio di studi Équivalences; Gygax viene citato anche da Giuliana Giusti in un suo recente articolo sul tema. Cfr. anche Federica Formato, op.cit., cap. 3, Feminine Forms Between Recommendations and Usages, pp. 81-133).

    La strada dello schwa si incrocia con la questione di genere all’incirca una decina di anni fa, quando nelle comunità LGBTQIA+, nei collettivi transfemministi, intersezionali o anarca-femministi (per questa definizione, cfr. Chiara Bottici, Manifesto anarca femminista, Laterza, Roma-Bari, 2022), iniziano a manifestare la propria presenza persone gender non-conforming. Per tenere conto di loro, in vari gruppi si ricorre a soluzioni “fatte in casa” per cercare di superare non solo il maschile sovraesteso, sentito già come non sufficiente dalle donne, in particolare le femministe (come già argomentato da Alma Sabatini nel suo famoso saggio Il sessismo nella lingua italiana, 1987), ma anche la doppia forma (“Buonasera a tutte e tutti”), osservando semplicemente che quel “tutte e tutti” non comprende tutta la varietà umana esistente.

    Le soluzioni adottate – tuttora in circolazione – sono molte, dall’asterisco (“Buonasera a tutt*”) alla chiocciola, all’apostrofo, alla barra; dalla u (“Buonasera a tuttu”) alla x, alla z, allo schwa (“Buonasera a tuttə”). Queste soluzioni (di cui ho cercato di fornire un elenco, per quanto parziale, nel 2020, qui, e che sono recentemente state sottoposte a una prima analisi quantitativa da Gloria Comandini, Salve a tuttə, tutt*, tuttu, tuttx e tutt@: l’uso delle strategie di neutralizzazione di genere nella comunità queer online, “Testo e senso”, 23, 2021) rispondono ad almeno due necessità: quella di rivolgersi a una moltitudine mista e quella di parlare a una persona che non si riconosce nel binarismo di genere. Dunque, sarebbe forse corretto identificare questi tentativi come la ricerca non di un neutro o di un terzo genere, ma di una forma priva di genere. È difficile trovare attestazioni di questa prima fase, perché il grosso di tali sperimentazioni è avvenuto all’interno delle specifiche comunità, in assenza di una regia comune.

    La prima vera e stabile attestazione dello schwa è dunque rappresentata da un articolo pubblicato online nel 2015 a firma di Luca Boschetto, “Proposta per l’introduzione della schwa come desinenza per un italiano neutro rispetto al genere, o italiano inclusivo”; successivamente, nel 2020, il testo di quell’articolo è diventato parte del sito web Italiano Inclusivo, creato e mantenuto a oggi sempre da Boschetto; non un linguista, dunque, ma una persona interessata a fatti di lingua che fa parte della comunità queer. La proposta di Boschetto è di integrare l’italiano con due caratteri diversi: lo “schwa breve”, “ə”, per il singolare, e lo “schwa lungo”, “ɜ”, per il plurale; sul sito vengono fornite anche delle linee guida piuttosto puntuali per il loro uso.

    Quando, nel 2020, la casa editrice effequ decise di tradurre e pubblicare Feminismo em comum, un libro della femminista brasiliana Marcia Tiburi (che è apparso in Italia, nella traduzione di Eloisa Del Giudice, con il titolo Il contrario della solitudine. Manifesto per un femminismo in comune), si trovò di fronte una difficoltà: in un paio di occorrenze l’autrice usa nel testo il plurale “inclusivo” in e che esiste ufficiosamente sia in spagnolo sia in portoghese: accanto a todas e todos, dunque, anche todes. Si noti, peraltro, che queste sperimentazioni linguistiche hanno destato e destano proteste da parte del mondo accademico nei paesi ispanofoni e lusofoni.

    Nel 2019, era stato pubblicato dalla stessa casa editrice il mio libro Femminili singolari. Il femminismo è nelle parole, che accenna al tema dello schwa in un breve trafiletto di una decina di righe (pp. 184-185):

    «In italiano, alcuni tentativi per far riemergere una sorta di neutro hanno portato all’impiego, nello scritto, dell’asterisco in fine di parola: car* tutt*; un uso interessante e molto espressivo, forse più elegante del raddoppio care tutte e cari tutti, che può effettivamente diventare molto farraginoso, ma con un difetto che non può che limitarne l’impiego su ampia scala: l’impronunciabilità. Proprio tenendo conto di questo limite oggettivo, qualche tempo fa avevo proposto (ma non sono stata la prima a farlo) l’impiego, in questi contesti, dello schwa, ossia della vocale indistinta che, nell’alfabeto fonetico internazionale, viene identificata con il simbolo ə: lo si trova in molti dialetti, in fine di parola (per esempio, in napoletano), ed è la vocale che potremmo descrivere come il suono che emettiamo quando abbiamo la bocca ‘a riposo’, non contraiamo nessun muscolo ed emettiamo semplicemente un suono così, con il viso rilassato. Certo, lo schwa ha a sua volta un limite: il simbolo non è presente sulla tastiera standard, e anzi, è noto solo a una parte della comunità dei parlanti. Ciononostante, chissà che non possa un giorno porsi come alternativa valida per i casi in cui non identificare il genere di una moltitudine o di una persona è rilevante: Carə colleghə, siete tuttə benvenutə.»

    A partire da questa idea in nuce, effequ iniziò a pensare alla possibilità di rendere todes con lo schwa, tuttə; un impiego, quindi, che è differente da quello proposto da Italiano Inclusivo (che all’epoca di quella prima formulazione non era noto né a me né a effequ), e alla cui sistematizzazione ho successivamente lavorato assieme alla casa editrice; secondo la “scuola di pensiero” che io stessa seguo, basta un solo simbolo in più per gestire sia il singolare sia il plurale, dato che nella quasi totalità dei casi gli accordi intrafrasali sono sufficienti per disambiguare il significato: “lə scrittorə sceltə dalla commissione vincerà un premio in denaro” vs “ə scrittorə sceltə dalla commissione vinceranno in premio in denaro” (cfr. Cos’è quella “e” rovesciata, in Questioni di un certo genere, op.cit., pp. 24-33).

    Dopo quella prima sperimentazione, dunque, effequ ha deciso di impiegare lo schwa al posto del maschile sovraesteso nella sua collana di saggistica (i “Saggi Pop”). Proprio la necessità di usare il simbolo con consistenza e coerenza, pur nella consapevolezza che si tratta di un esperimento, ha reso necessaria la creazione di una norma redazionale consistente, che riporto qui per sommi capi, e che compare anche nel già citato Questioni di un certo genere, p. 32.

    – Sostantivi (singolare): la sindaca, il sindaco, lə sindacə; la dottoressa, il dottore, lə dottorə; la poeta, il poeta, lə poeta; l’autrice, l’autore, l’autorə, un’amante, un amante, unə amante.

    – Sostantivi (plurale): le sindache, i sindaci, ə sindacə; le dottoresse, i dottori, ə dottorə; le poete, i poeti, ə poetə, le autrici, gli autori, ə autorə; delle amanti, degli amanti, deə amanti.

    – Pronome personale 3a persona singolare: lei, lui, ləi; a lei/le, a lui/gli, a ləi, lə.

    La scelta, nel caso di termini come lettore/lettrice, di unire lo schwa alla radice lettor-, nasce dall’osservazione che i femminili dei nomi in -tore e -sore prevedono, tra gli esiti possibili, quello a suffisso zero (come gestora accanto a gestrice, o assessora, o incisora). Il pronome personale ləi pone senz’altro delle difficoltà in più, poiché normalmente lo schwa si trova in posizione atona, non tonica; tuttavia, esistono esempi, nelle lingue del mondo, di ə in posizione tonica, a testimonianza del fatto che non si tratta di un’articolazione foneticamente impossibile, per quanto indubbiamente complessa, soprattutto per una persona italofona.

    È interessante notare che da qualche tempo in tedesco si usa, con funzione “epicena”, la doppia suffissazione (Bürger+Bürgerinnen=Bürger*innen); uno degli ostacoli citati più spesso da coloro che si oppongono all’esperimento è quello della difficoltà di pronuncia. In realtà, come argomentato dal sociolinguista Carsten Sinner durante un recente convegno, il modo più semplice per pronunciare tali nessi è inserendo un colpo di glottide, che i germanofoni impiegano già inconsciamente in molte altre occasioni (ad es, nella pronuncia di Rührei ‘uovo strapazzato’); dunque, un po’ come per lo schwa in italiano, si tratta di rendere consapevole una pronuncia presente inconsapevolmente nei parlanti.

    Chiaramente, gli esempi offerti non coprono tutta la casistica che si incontra in una lingua, ma a oggi le due “scuole” (Italiano Inclusivo ed effequ) sono quelle che presentano lo stadio più avanzato di sistematicità nell’uso; d’altro canto, è evidente (e anche normale) che in una fase di sperimentazione diffusa ci siano numerose incertezze, non esistendo una direzione normante e comune, quanto piuttosto il desiderio di provare a impiegare un linguaggio meno connotato per genere. Per quanto, dunque, le sperimentazioni con lo schwa siano diventate più diffuse, si notano oscillazioni nel suo impiego (si veda, ad es. Michela Murgia, Chiara Tagliaferri, L’uomo ricco sono io, Mondadori, Milano, 2021), che non sono altro che l’ulteriore dimostrazione della mancanza di quell’“imposizione dall’alto” che viene invece spesso paventata da più parti.

    Nel 2021 Femminili singolari è stato ripubblicato con l’aggiunta di un capitolo intitolato L’avventura dello schwa, che tenta di ricostruire quanto successo tra il 2020 e oggi. In più, il volume è stato aggiornato inserendo nel testo lo schwa al posto del maschile sovraesteso; recentemente, ne è stata pubblicata la versione audiolibro, letta quindi con lo schwa. Per dare invece un esempio di testo scritto con lo schwa, ecco un passaggio da In altre parole. Dizionario minimo di diversità, di Fabrizio Acanfora (effequ, Firenze, 2021, p. 42):

    «È importante essere consapevoli del ruolo fondamentale del linguaggio nella costruzione della nostra realtà e della realtà di coloro che incontriamo sul nostro cammino. Il modo in cui ci rivolgeremo a loro, le parole che useremo per posizionarci nei confronti deə altrə e per descrivere la loro identità in relazione al nostro mondo, avrà un’influenza diretta sulle loro vite non solo a livello personale ed emotivo, ma contribuirà a forgiare la percezione che il mondo avrà di loro influendo anche su aspetti come i diritti, le leggi, le libertà. Bisogna essere consapevoli che garantire a ciascunə il diritto a esistere non toglie nulla a noi e ai nostri diritti. È importante domandarci come le persone diverse da noi desiderino essere definite e rappresentate, perché questo semplice gesto garantisce loro l’esistenza, almeno nel nostro mondo, e non è poco. E dobbiamo capire che allargare le nostre possibilità linguistiche interrogandoci ad esempio sull’uso dei pronomi e su quanto le nostre consuetudini non includano una fetta anche piuttosto consistente della popolazione, abbia conseguenze dirette sulla loro visibilità come individui aventi gli stessi diritti e le stesse opportunità di chiunque altrə».

    Come si può notare, la presenza del simbolo non è così impattante come si potrebbe pensare, e viene ridotta al minimo indispensabile. In generale, l’idea che segue effequ è di limitare il ricorso allo schwa allo stretto necessario, preferendo, ove possibile, formulazioni alternative (come sto cercando di fare anche in questo articolo), ad esempio tramite il ricorso a termini semanticamente neutri come persona, individuo, essere umano, o a circonlocuzioni come la cittadinanza, la popolazione studentesca, chi lavora in questa azienda ecc.

    Il passaggio da questione di nicchia al mainstream

    La questione dello schwa sarebbe probabilmente rimasta interna a contesti specifici, se il 25 luglio 2020 il giornalista Mattia Feltri non avesse pubblicato un trafiletto intitolato Allarmi siam fascistə sulla prima pagina del quotidiano La Stampa. Riporto qui il testo, rimandando a Manuel Favaro, Linguaggio inclusivo e sessismo linguistico: un’introduzione (Testo&Senso, 23, pp. 7-9) e al già citato estratto da Femminili Singolari (2021) per una disamina dei fatti attorno alla sua uscita.

    «Anche se non siete entomologi dei social, anzi entomolog*, vi sarà capitato d’imbattervi in parole scritte con l’asterisco al posto dell’ultima vocale. L’asterisco indica un plurale né femminile né maschile, poiché in italiano il plurale neutro finisce in -i, e coincide col maschile. Dunque è sessismo. Cioè, se scrivo cari amici intendo cari amici e care amiche, ma il maschile che psicologicamente prevale sul femminile fa di me un fascio. Quindi scriverò car* amic*. Francamente, non so se scrivendo car* lettor* sono lo stesso un po’ fascio, essendo il femminile lettrici, e qui l’asterisco fallisce. Comunque l’asterisco è perfetto anche nel singolare se converso con una persona fluida, cioè dal genere inespresso dalle rudimentali categorie maschio/femmina. Ma quando passo alla comunicazione orale? Su Facebook un’accademica della Crusca – dove ritengono oltraggioso per la nostra lingua se i ragazzi dicono spoilerare anziché svelare il finale – suggerisce l’uso dello schwa. È un fonema che si pronuncia a metà fra la a e la e come nell’inglese about, e si scrive ə. Penso ai professori, anzi professor*, anzi professorə. Quando vi rivolgete aglə studentə d’ora in poi dovete scrivere e dire studentə. Forza, ripetete con me: “Ragazzə, aprite il libro a pagina ventuno”. Dai dev’essere qualcosa fra ragazzae e ragazzea. Non è chiaro? Facciamo così: fino a ragazz ci siamo, poi dite una vocale che sia una specie d’abbozzo di sbadiglio, ragazzaoew. Vabbè, pensate a Stanlio e Ollio e sarà sufficiente. L’uditorio, maturo e consapevole, apprezzerà lo sforzo e non vi sputerà addosso: non è che potete diventare democraticə dalla sera alla mattina, bruttə fascistə.»

    Questo testo è rilevante, nella vicenda, perché rappresenta a mio avviso il momento dello spillover, della tracimazione dell’istanza da ambiti circoscritti a un pubblico indistinto; ed essendo il trafiletto scritto con un tono ben preciso, di scherno misto a indignazione, è anche il testo che definisce, in buona parte, il tenore della discussione successiva, portando a una repentina quanto violenta polarizzazione tra schwaisti e contrari allo schwa (sulla disamina dei vari contributi di intellettuali, linguisti e linguiste pubblicati nei mesi successivi a tale elzeviro, rimando ai testi già citati di Favaro e Gheno).

    È importante sottolineare un aspetto: stiamo discutendo di una tra le soluzioni “ampie” nate in seno alle comunità LGBTQIA+, usata da membri di tali comunità e da simpatizzanti con la causa, generalmente in un numero limitato di contesti e spesso non in maniera consistente, che ha raggiunto un certo grado di standardizzazione perché almeno una casa editrice ha deciso di usarlo in maniera regolare in una sua collana, mentre diverse altre lo hanno impiegato in alcuni dei loro volumi (ad es. Grada Kilomba, Memorie della piantagione. Episodi di razzismo quotidiano, Capovolte, Alessandria, 2021, traduzione di Mackda Ghebremariam Tesfaù e Marie Moïse di Plantation Memories. Episodes of Everyday Racism, 2008; Zoe Mendelson, Pussypedia, Fabbri, Milano, 2022, traduzione di Angela Lombardo e Stefania Ionta dell’omonimo originale del 2021).

    Dunque, successivamente alla sua nascita e alla sua iniziale circolazione, si è sentita l’esigenza di definirne l’uso in maniera più precisa, anche se tali norme non sono usate univocamente e in maniera diffusa. Si può, considerato tutto questo, parlare davvero di un uso “inventato a tavolino” e “imposto dall’alto”? Dove si riscontra tale obbligo? Eppure, uno dei punti forti della già citata petizione è proprio la supposta imposizione, tanto che nel testo si parla della «proposta di una minoranza che pretende di imporre la sua legge a un’intera comunità di parlanti e di scriventi»; peraltro, di tali direttive impositive non viene fornito alcun esempio.

    In un altro passaggio della stessa petizione, il promotore scrive:

    «Lo schwa e altri simboli (slash, asterischi, chioccioline, ecc.), oppure specifici suoni (come la «u» in «Caru tuttu», per «Cari tutti, care tutte»), che si vorrebbe introdurre a modificare l’uso linguistico italiano corrente, non sono motivati da reali richieste di cambiamento. Sono invece il frutto di un perbenismo, superficiale e modaiolo, intenzionato ad azzerare secoli e secoli di evoluzione linguistica e culturale con la scusa dell’inclusività».

    Penso che il disagio linguistico manifestato da una minoranza che fa in ogni caso parte della nostra comunità di parlanti sia reale (basta, del resto, confrontarsi con le persone direttamente interessate alla questione per averne una conferma), e che questo fermento linguistico ne sia un segnale concreto, per quanto rimanga assolutamente imprevedibile la direzione che la riflessione prenderà: non è da escludere che si possa, un giorno, tornare pacificamente all’uso del maschile sovraesteso, ma solamente se questo avverrà con una mentalità completamente diversa da quella attuale. Ma questo è un problema diverso.

    Lo schwa in contesti ufficiali

    In realtà, la pietra dello scandalo, per molti tra quelli che hanno sottoscritto la petizione, pare essere il fatto che lo schwa (breve e lungo) sia finito in sei verbali di una commissione ministeriale per l’Abilitazione Scientifica Nazionale. Si noti che di questo si occupa un singolo passaggio della suddetta petizione, che infatti è stata più comunemente interpretata come una sorta di grido di allarme contro il presunto degrado della lingua italiana.

    Sono d’accordo che dei documenti ministeriali non siano il contesto più adatto per una sperimentazione linguistica (così come avevo avuto qualche perplessità quando l’amministrazione comunale di Castelfranco Emilia aveva deciso di adottare lo schwa nella sua comunicazione social; a quanto vedo, peraltro, il Comune è successivamente tornato sui suoi passi). La prima strategia di non-espressione del genere dovrebbe rimanere quella di scegliere, ove possibile, circonlocuzioni semanticamente neutre; non si può, infatti, prestare attenzione alla questione di genere dimenticandosi di chi potrebbe subire un danno nella sua capacità di decodificare il testo (ad esempio persone anziane o con una scarsa conoscenza dell’italiano). Insomma, la leggibilità deve venire preservata, soprattutto per documenti che devono essere fruibili da un pubblico ampio e indistinto.

    Per lo specifico caso dei verbali in discussione, tuttavia, considerando che si è trattato della decisione di un singolo estensore, il professor Maurizio Decastri, che successivamente ha spiegato le proprie ragioni in una lettera pubblicata sul blog del Corriere La 27a ora, non credo che la strada giusta per discutere della sua scelta fosse quella di creare una petizione pubblica: contro cosa, esattamente? Con quali finalità? Per ottenere quale risultato? (per una critica dettagliata al testo della petizione, consiglio la visione del video registrato dal filoso femminista ed estetologo Lorenzo Gasparrini e la lettura di Matteo Pascoletti, L’assurda petizione per ‘difendere’ la lingua italiana, “Valigia Blu”, 9 febbraio 2022, nonché di Dario Accolla, La congiura (inesistente) dello schwa, ibid., 13 febbraio 2022).

    Contro lo schwa

    Il popoloso fronte di anti-schwaisti solleva numerose obiezioni. Vediamo le principali; per un approfondimento su questo tema, rimando a un articolo recentemente uscito su Valigia Blu (Schwa, asterisco e linguaggio inclusivo: proviamo a rispondere alle critiche più frequenti, 4 marzo 2022).

    Lo schwa crea difficoltà di lettura

    In primis, lo schwa rappresenterebbe un problema per persone dislessiche, neurodivergenti o, in generale, con difficoltà di lettura (per esempio le persone anziane). Questa questione è reale e da non sottovalutare. Tuttavia, la difficoltà di fronte alle forme di linguaggio ampio non è unanime, come si legge in questa lettera aperta comparsa sulla pagina Facebook di Fərocia e promossa da «persone neurodivergenti appartenenti alla comunità lgbtiaq+, insegnanti, attivistə e semplici allies». Il già citato Fabrizio Acanfora è autistico (lui sceglie per sé la definizione identity first, per cui la uso in ossequio al suo desiderio), e ha più volte ribadito, assieme ad altri membri della sua comunità, di non provare particolari difficoltà nella lettura e nell’uso dello schwa. Del resto, se si riflette in una prospettiva intersezionale (sul concetto di intersezionalità cfr. Barbara Giovanna Bello, Intersezionalità. Teorie e pratiche tra diritto e società, FrancoAngeli, Milano, 2020), appare più chiaro come non abbia senso mettere una minoranza (quella di dislessici e neurodivergenti) contro un’altra (quella delle persone gender non-conforming); intanto, perché ci sono persone che appartengono a entrambe le categorie; secondariamente, perché se le soluzioni oggi in circolazione non soddisfano ogni soggettività, nulla vieta di cercare altre vie o di ricorrere ad altre soluzioni.

    Lo schwa non è supportato dalla tecnologia

    In secondo luogo, lo schwa sarebbe difficile da usare perché le tastiere non lo riportano; in più, non è riconosciuto dai lettori vocali di testo, essenziali, tra l’altro, per rendere fruibili i testi per persone cieche e ipovedenti. Questa è una questione reale e seria quanto quella precedente. Tuttavia, in questo caso i problemi sono legati alla tecnologia, più che alle persone, e questo vuol dire che forse sono risolvibili più facilmente.

    Intanto, nella primavera del 2021 il sistema operativo Android ha inserito lo schwa tra le alternative della lettera e sulla tastiera di cellulari e tablet che lo montano; a settembre dello stesso anno la medesima innovazione è stata introdotta da Apple per iOs. Al momento, digitare lo schwa sulla tastiera di un computer è più difficile, ma non impossibile, anche se indubbiamente è necessario ricorrere a qualche accorgimento in più. Per quanto riguarda, invece, la tecnologia assistiva, il problema non è di facile risoluzione; tuttavia, se ci fosse un vero interesse a impegnarsi per superare questo limite, ossia la leggibilità dello schwa da parte dei software di lettura, la questione potrebbe probabilmente essere risolta in tempi contenuti.

    Lo schwa e gli ostacoli presenti nel sistema lingua

    Lo schwa sarebbe de facto “impossibile” a livello di sistema linguistico: su questo hanno dato il loro parere molte persone di grandissima competenza, come Roberta D’Alessandro («Una regola come quella dello schwa, nel sistema italiano che marca il genere binario e ha il maschile di default (cioè lo usa nei verbi impersonali o in quelli meteorologici) non è acquisibile» [Huffington Post, 21 settembre 2021]), Cristiana De Sanctis, presente anche in questo Speciale («Decidere di agire sulla terminazione o sul corpo delle parole per occultare il genere, in ogni caso, non equivale a intervenire solo sull’ortografia (non si tratta di cambiare una lettera, sostituendola con un simbolo più “neutro”): vuol dire intaccare in profondità la morfologia della nostra lingua, smagliandone anche la sintassi (che non può prescindere dalla regola dell’accordo) e la testualità (l’accordo delle parole, anche a distanza, è uno dei requisiti della buona formazione dei testi perché contribuisce alla coesione, cioè alla compattezza del discorso). Sarebbe comodo, certo, pensare di estendere un espediente ‘semplice’ (facilmente accessibile oramai sulle tastiere alfanumeriche) per risolvere i nostri problemi di (in)tolleranza e convivenza civile, se non ci fosse una controindicazione tanto forte da agire come dissuasore: non solo avalleremmo una soluzione semplicistica, ma ci sottrarremmo alle regole grammaticali della nostra lingua, acquisite in modo libero e spontaneo da ogni parlante madrelingua» [Treccani, 9 febbraio 2022]), Giuliana Giusti (cfr. Inclusività della lingua italiana, nella lingua italiana: come e perché. Fondamenti teorici e proposte operative, in “DEP – Deportate, esuli, profughe. Rivista telematica di studi sulla memoria femminile” n° 48, 1/2022”), Cristina Lavinio (Generi grammaticali e identità di genere, in “Testo e senso”, n° 23, dicembre 2021, pp. 31-42), ecc.

    Ritengo che continuare a discutere sulla liceità di un uso sperimentale già diffuso sia fuori fuoco: un “fatto di lingua” esiste nel momento in cui ci sono persone che vi fanno ricorso; questo non implica però che tale uso debba arrivare in alcun modo “a regime”. In altre parole io stessa, da persona che sta studiando il fenomeno (e che, in quanto ally della comunità LGBTQIA+, usa lo schwa in alcune situazioni per rimarcare il proprio interesse per l’istanza), non credo che lo schwa sia la soluzione definitiva al problema, quanto piuttosto il segnale di un’esigenza per la quale, al momento, non è stata pensata una risposta più sostenibile di questa. Tutto questo, per quanto mi riguarda, non toglie minimamente rilevanza agli esperimenti inclusivi. Bisognerebbe quindi casomai riflettere sulla loro praticabilità o sulla possibilità di altre soluzioni, come si è fatto recentemente al già citato simposio multilingue Équivalences (i materiali condivisi in tale occasione dal sociolinguista Carsten Sinner sono utilissimi perché forniscono una disamina delle varie soluzioni inclusive implementate in tedesco e francese).

    Approcci di studio differenti non sono insoliti all’interno della stessa branca del sapere; dunque, anche quella che genericamente potrebbe essere definita “linguistica” è fatta da mille rivoli differenti: dalla pragmatica alla glottologia, dalla psicolinguistica alla sociolinguistica, dalla storia della lingua alla linguistica descrittiva, ecc. Quando ventun anni fa iniziavo a ragionare sulla mia tesi di laurea, che volevo dedicare al linguaggio dei newsgroup, tra le prime forme di aggregazione virtuale, professori e professoresse con cui mi ero consultata per il tema ne misero in dubbio la rilevanza, chiedendomi se fossi sicura di scrivere una tesi di laurea su un argomento “che entro qualche anno perderà qualsiasi rilievo”. Più di due decenni dopo, quasi non esiste linguista che non abbia detto la sua sulla comunicazione mediata dal computer. È con lo stesso spirito laico, ma da entusiasta frequentatrice della comunità LGBTQIA+, che adesso studio le molte realizzazioni del linguaggio ampio (e non inclusivo, così come cerco di non usare inclusività, ma preferisco l’espressione convivenza delle differenze, seguendo il ragionamento del già citato Acanfora).

    Lo schwa e la cancellazione del femminile

    Infine, spesso si parla dello schwa come di un tentativo di “opacizzazione del genere”, di cancellazione del femminile che a oggi, va riconosciuto, è ancora poco strutturato nell’uso. Nella mia esperienza personale, che del resto condivido con molte altre persone (si pensi solo alla visione anarca-femminista di Bottici, già menzionata precedentemente), lo schwa, se usato al posto del maschile sovraesteso e là dove doppie o triple forme à la Marcia Tiburi sarebbero insostenibili, non va a sostituire o nascondere il femminile, ma semplicemente a evitare il maschile sovraesteso con tutte le conseguenze cognitive legate al suo uso. La mia impostazione di femminista intersezionale non mi fa vedere le due istanze di visibilizzazione, quella femminile e quella queer, come in contrasto, bensì in continuità, come teorizza anche la linguista Manuela Manera (La lingua che cambia. Rappresentare le identità di genere, creare gli immaginari, aprire lo spazio linguistico, Eris Edizioni, Torino, 2021).

    Allo stesso modo, non penso che sia corretto pensare di sistemare prima la situazione femminile, riservando a un momento successivo la riflessione sulle persone gender non-conforming, perché in questo modo non si farebbe altro che spostare il confine del privilegio, senza però rimuovere le iniquità che, certo, sono sociali, ma che si realizzano anche a livello linguistico (su questo argomento, cfr. Kübra Gümüsay, Lingua e essere, Fandango, Roma, 2021, trad. di Lavinia Azzone di Sprache und Sein, 2020 e Vera Gheno, La lingua non deve essere un museo. La necessità di un linguaggio inclusivo, in AA.VV., Non si può più dire niente?, UTET, Torino, 2022, pp. 107-124).

    Il momento storico richiede studio, collaborazione, discussione e riflessioni sul tema nella maniera meno polarizzata possibile, prendendo atto dell’esistenza di un’esigenza che può inizialmente essere di difficile definizione ma, soprattutto, lavorando a contatto con le comunità LGBTQIA+, i cui malesseri e le cui richieste vengono ancora ascoltate troppo poco. Nella polarizzazione, esattamente come prevede il concetto dell’ingiustizia discorsiva («l’appartenenza a un gruppo sociale discriminato […] sembra distorcere e a volte annullare la possibilità di agire efficacemente con le proprie parole», cit. Claudia Bianchi, Hate speech. Il lato oscuro del linguaggio, Laterza, Roma-Bari, 2021, p. 17), la voce del mondo queer viene spesso ignorata quasi del tutto. Come si può pensare di affrontare la questione senza dare ascolto a chi di questa riflessione linguistica sente il bisogno?

    Al di là delle questioni linguistiche, di sistema, è urgente mantenere una visione internazionale (già, perché la ricerca di una lingua abitabile comodamente anche dalle persone non binarie è in corso in molti idiomi) e soprattutto, come già menzionato, rimettere al centro le persone. Ho la sensazione che spesso si neghi l’esistenza di un indubbio privilegio, quello di avere una lingua a propria immagine e somiglianza, giustificandolo come uno stato di cose naturale e immutabile. Come scrive Sarah Schulman (The gentrification of the mind. Witness to a lost imagination, University of California Press, Berkeley, 2012, p.167):

    «In order to transform the structures, we who benefit from them would have to accept that our privileges are enforced, not earned. And that others, who are currently created as inferior, just simply lack the lifelong process of false inflation and its concrete material consequence. Facing this would mean altering our sense of self from deservingly superior to inflated. That would be uncomfortable. […] Being uncomfortable or asking others to be uncomfortable is practically considered antisocial because the revelation of truth is tremendously dangerous to supremacy. As a result, we have a society in which the happiness of the privileged is based on never starting the process towards becoming accountable».

    Invito chi ritiene che l’intera istanza sollevata dallo schwa sia una moda, o che determinate persone “soffrano” di una “fluttuazione del genere” (e non, invece, per le ingiuste conseguenze sociali date dall’avere un’identità di genere non conforme), o ancora, che queste questioni siano leziosità figlie di un’ossessione per il “politicamente corretto” (sul tema rimando a Federico Faloppa, Breve storia di una strumentalizzazione. Alle origini dell’espressione “politically correct”, in Non si può più dire niente?, op.cit., pp. 69-88), a leggere il testo di questo messaggio privato arrivatomi un anno fa su Facebook, che a mio avviso spiega la questione – e il mio approccio – meglio di qualsiasi dato empirico, oggettivo (il messaggio è riprodotto nella forma originale).

    «[…] Mia figlia adolescente, che sta vivendo un momento di passaggio probabilmente a un futuro genere maschile, non ama ovviamente essere interpellata al femminile. Io cerco di adeguarmi ma con grandissima fatica e spesso mi rendo conto di pronunciare la schwa come estremo tentativo di tenere in equilibrio i due generi che compongono la sua personalità. Sarà pure aborrita dai puristi della lingua ma io ci trovo un segnale di inclusività e amore verso il genere umano nelle sue infinite sfaccettature che non riesco a spiegare altrimenti se non raccontando la mia esperienza».

    Tutta questa riflessione è, forse, davvero marginale; ma del resto, come ci ricorda bell hooks (Elogio del margine. Razza, sesso e mercato culturale, Feltrinelli, Milano, 1998, trad. di Maria Nadotti), è proprio al margine che si manifestano fermenti, innovazioni, istanze che talvolta, da una posizione centrale, si fatica a vedere.

    https://www.treccani.it/magazine/lingua_italiana/speciali/Schwa/4_Gheno.html

    #écriture_inclusive #schwa #italien #langue #genre

    • LO SCHWA TRA FANTASIA E NORMA

      COME SUPERARE IL MASCHILE SOVRAESTESO NELLA LINGUA ITALIANA

      Tra i problemi di cui mi occupo c’è quello dei cosiddetti nomina agentis, cioè i nomi professionali, declinati al femminile (ministra, assessora, ecc.). Nell’ambito delle questioni di genere, una discussione correlata riguarda il modo di rivolgersi a una moltitudine mista; la norma dell’italiano prevede che, anche in presenza di un solo maschio, si adotti il maschile sovraesteso (da non confondere con il neutro, che in italiano non esiste come genere a sé stante).

      Già Alma Sabatini, nelle sue Raccomandazioni (1987), consigliava di usare, ove ci fosse prevalenza femminile, il femminile sovraesteso, ma tale consuetudine non si è mai diffusa in modo massiccio. Nel corso del tempo, parallelamente all’aumento dell’attenzione nei confronti delle istanze queer, si è iniziato a ragionare sulla necessità di superare in qualche modo il binarismo linguistico, dato che esistono persone che non si identificano né con il maschile né con il femminile.

      Questo discorso non è stato accolto in maniera unanimemente positiva da tutti gli ambienti femministi, perché ad alcuni è sembrato che ragionare su una forma neutra sottintendesse la volontà di cancellare il femminile; ma come argomenta Jennifer Guerra nel suo libro Il corpo elettrico (Tlon),

      «Per un certo periodo è sembrato che le teorie queer volessero cancellare ogni differenza fra i generi e negare la differenza sessuale tout court. Ma non è così. Innanzitutto, non dobbiamo pensare alle teorie queer come a una sostituzione del femminismo o a una sua deriva.

      Le persone queer sono sempre esistite […]. Inoltre, i queer studies non suggeriscono affatto la distruzione o l’appiattimento del genere, ma la distruzione o, ancora meglio, la decostruzione delle norme di genere. Le stesse norme di genere che anche i femminismi si prefiggono di abbattere. Allora più che della sola identità, possiamo cominciare a parlare delle identità, più che di differenza possiamo cominciare a parlare delle differenze.».

      Il dibattito si è acuito recentemente in seguito alla condivisione social di una nota inserita all’inizio del libro di Valentine Wolf Post porno. Corpi liberi di sperimentare per sovvertire gli immaginari sessuali (Eris Edizioni), in cui l’autrice fa una scelta particolare, che decide, giustamente, di chiosare:

      «Nota: in questo libro si è scelto di non usare il maschile generalizzato previsto dalla norma grammaticale italiana in quanto espressione di un uso sessista della lingua. L’uso dell’asterisco al posto del suffisso finale di una parola permette di superare la dicotomia di genere femminile/maschile e usare una forma neutra, in un’ottica di inclusività. In un caso si troverà anche l’uso del suffisso non binario “u”».

      L’autrice è un’attivista e il libro tratta di una questione molto specifica: non si tratta di un testo rivolto a un pubblico generico. La nota, condivisa inizialmente – e con un giudizio favorevole rispetto alla scelta dell’autrice – il 17 luglio dalla linguista e studiosa delle questioni di genere Manuela Manera, inizia a girare, per lo più in forma decontestualizzata rispetto all’intento del post iniziale, privata dei suoi crediti, dando adito a commenti talora irripetibili. Pubblica la foto, sempre senza crediti, anche Diego Fusaro (nel suo post del 21 luglio si legge: «Le nuove rivoluzioni ortografiche. Quelle che davvero fanno male ai padroni e ai loro interessi»).

      Pochi giorni dopo, la casa editrice EffeQu, per la quale ho pubblicato, nella collana Saggi pop, un saggio intitolato Femminili singolari, annuncia di avere adottato una mia proposta inizialmente giocosa (che ho solo contribuito a divulgare, dato che esisteva già) di usare, per i plurali ambigeneri, lo schwa invece dell’asterisco, che pone un oggettivo problema di pronuncia. Lo spunto è un saggio sul femminismo dell’autrice brasiliana Marcia Tiburi, Il contrario della solitudine (trad. di Eloisa Del Giudice). Nel caso del saggio di Tiburi, la scelta di EffeQu serve per tradurre una forma terza usata dall’autrice nella sua lingua, ossia todes invece di todos e todas. L’idea di usare lo schwa, dunque, nasce in maniera ponderata per non cancellare, nella traduzione, la soluzione linguistica militante di Tiburi.

      Credo sia rilevante ribadire che in entrambi i casi abbiamo a che fare con testi nei quali la questione di genere è centrale alla trattazione. Questo aspetto è importante, perché è evidente che al momento – e forse anche per un tempo indefinitamente lungo – queste istanze saranno trattate solo in determinati testi e in determinati contesti. Nessuno sta puntando a cambiare la lingua italiana in blocco. Comunque, poiché ritengo rilevante che si discuta di queste questioni, vi ho accennato anche durante un mio intervento il 23 luglio a Prendiamola con filosofia, serata organizzata a Roma da Tlon.

      Il 25 luglio viene pubblicato, sul quotidiano La Stampa, un breve elzeviro a firma di Mattia Feltri (qui il testo integrale).

      Il pezzo, che contiene diverse imprecisioni (compreso il riferimento a una fantomatica accademica della Crusca: ce ne sono cinque, attive su Facebook, e nessuna di loro ha scritto nulla, pubblicamente, sullo schwa), mi spinge a una replica su Facebook. E la discussione continua, con interventi più o meno centrati.

      Ho riportato l’intera vicenda degli ultimi giorni per contestualizzare questo articolo. La discussione riguardo a forme linguistiche che vadano oltre il binarismo appare sovente viziata da preconcetti, scarse conoscenze e – perché no? – anche paure, come se fosse in corso un piano per sovvertire le regole dell’italiano as we know it.

      L’italiano è una lingua con genere grammaticale (nella quale, dunque, i sostantivi non possono che avere genere maschile o femminile); questo ha portato da anni a tentativi per trovare delle forme neutre nei contesti in cui si presta particolare attenzione al genere, in cui l’asterisco circola da anni; tuttavia, non c’è mai stata una vera linea comune, tanto è vero che sono state adottate molte soluzioni.

      Eccone una lista, compilata grazie ai miei contatti su Facebook:

      – Il tradizionale maschile sovraesteso: Cari tutti, siamo qui riuniti…

      – La doppia forma: Care tutte e cari tutti, siamo qui riunite e riuniti…

      – La circonlocuzione: Care persone qui riunite…

      – Il femminile sovraesteso: Care tutte, siamo qui riunite…

      – L’omissione dell’ultima lettera: Car tutt, siamo qui riunit…

      – Il trattino basso: Car_ tutt_, siamo qui riunit_…

      – L’asterisco: car* tutt*, siamo qui riunit*…

      – L’apostrofo: Car’ tutt’, siamo qui riunit’…

      – La chiocciola: car@ tutt@, siamo qui riunit@…

      – Lo schwa: Carə tuttə, siamo qui riunitə…

      – La u: Caru tuttu, siamo qui riunitu…

      – La x: Carx tuttx, siamo qui riunitx…

      – La y: Cary tutty, siamo qui riunity…

      – L’inserimento di entrambe le desinenze: Carei tuttei, siamo qui riunitei…

      – Entrambe le desinenze divise dal punto: Care.i tutte.i, siamo qui riunite.i…

      – Le desinenze divise con la barra: Care/i tutte/i, siamo qui riunite/i…

      Quattro gruppi di soluzioni, dunque, ognuna con i propri pregi e i propri limiti. Ho una preferenza per lo schwa perché questo simbolo, che appartiene all’alfabeto fonetico internazionale o IPA, International Phonetic Alphabet, rappresenta la vocale media per eccellenza: quella che possiamo pronunciare senza deformare in alcun modo la bocca (laddove A-E-I-O-U richiedono di fare… delle smorfie). Per chi non ne avesse chiaro il suono (che però è naturalmente presente in molti dialetti del Meridione), è una specie di forma intermedia tra A ed E. Per questa sua caratteristica, mi pare particolarmente adatto per il ruolo di identificatore del mix di generi maschile e femminile o di una moltitudine mista. Il vantaggio è che, al contrario di altri simboli non alfabetici, ha un suono (e un suono davvero medio, non come la U che in alcuni dialetti denota un maschile). Il problema principale è che il simbolo non compare al momento sulle tastiere di cellulari o computer; personalmente, o lo recupero dalla mappa caratteri oppure lo cerco e copio da Google. Per chi volesse approfondire la questione, esiste un intero sito, Italiano inclusivo, dedicato proprio a incoraggiare l’uso di questo segno.

      Ritengo che sia socialmente e culturalmente rilevante l’esistenza di una discussione in merito alla questione. Tutto questo va letto, a mio avviso, come un arricchimento dell’italiano, non come un attacco alla sua tradizione (anche perché, nel caso, si tratta di aggiungere qualcosa alla nostra lingua, non di sostituire). Sono d’accordo con Francesco Quatraro, una delle due teste che compongono EffeQu assieme a Silvia Costantino, quando scrive in un post su FB:

      «Per me la lingua è molto, praticamente tutto. Di questo tutto qui richiamo tre aspetti che trovo pertinenti: la fantasia, la norma e l’attenzione. Se non abbiamo una norma in grado di designare entrambi i generi non dico di inventarcela, ma almeno di cominciare a immaginarcela, a lavorarci su. Questo è uno dei compiti editoriali: fare una proposta, tracciare una (propria) norma, diffonderne le possibilità. E sia chiaro: ribadisco che il detto tentativo della nostra casa editrice lo considero del tutto provvisorio, anche perché manca ancora della fluidità e della precisione che solo il tempo e l’uso possono fornire. Inoltre, ognuno può, e sa, usare la norma che vuole – basta che ne sia consapevole. Però una cosa è importante: l’attenzione. […] Questo è uno dei punti di partenza per riflettere e far vivere una lingua, che alla fine dovrà essere sufficientemente ampia ed elastica per descrivere un altrettanto ampio ed elastico stato di cose: prestare attenzione al singolo, per evitare dunque di generalizzare (perché lo sappiamo, così nascono sdruciti stereotipi), e per riuscire a essere inclusivə. Tutto il corollario ideologico (che c’è perché la lingua FA ideologia) è comunque strumentale e tangenziale: qui si ragiona di possibilità, e noi come editori proviamo a preparare il campo».

      Mi sento di aggiungere un’unica cosa: dobbiamo discutere, dobbiamo scontrarci, anche, ma possiamo farlo in maniera pacata, senza per forza farne una guerra. La discussione linguistica può portare molti frutti, perché più teste ragionano sicuramente meglio.

      Il litigio perenne, lo sberleffo, la presa in giro dell’avversario invece portano solo a inutili polarizzazioni nelle quali, alla fine, si perde di vista l’oggetto stesso del contendere.

      https://lafalla.cassero.it/lo-schwa-tra-fantasia-e-norma

    • Salve a tuttə, tutt, tuttu, tuttx e tutt@: l’uso delle strategie di neutralizzazione di genere nella comunità queer online.*

      Gli ultimi mesi hanno visto protagonista del dibattito politico l’uso dello schwa come morfema di genere neutro, adatto a far riferimento alle persone non binarie, che non si identificano né nel genere femminile, né in quello maschile.

      Questo studio propone un’analisi delle diverse strategie di neutralizzazione di genere sub-standard italiane, utilizzate nella comunicazione scritta e informale delle comunità LGBTQIA+ online, con l’obiettivo di offrire una prima panoramica preliminare sull’effettivo uso che viene fatto di questi fenomeni. Attraverso l’annotazione manuale di CoGeNSI (Corpus of Gender Neutralization Strategies in Italian), un corpus formato da testi prodotti su pagine Facebook queer, si mostreranno le regolarità e le irregolarità nell’applicazione di queste strategie, le differenze d’uso tra i riferimenti alla propria persona e quelli ad altre persone, e il loro raro uso prettamente politico. Infine, si rifletterà su come queste strategie di neutralizzazione di genere sub-standard siano un fenomeno ampiamente caratterizzato dalla velocità e dall’espressività della comunicazione mediata dal computer informale.

      https://testoesenso.it/index.php/testoesenso/article/view/524

    • Femminili singolari. Il femminismo è nelle parole

      Sindaca, architetta, avvocata: c’è chi ritiene intollerabile una declinazione al femminile di alcune professioni. E dietro a queste reazioni c’è un mondo di parole, un mondo fatto di storia e di usi che riflette quel che pensiamo, come ci costruiamo.
      Attraverso le innumerevoli esperienze avute sui social, personali e dell’Accademia della Crusca, l’autrice smonta, pezzo per pezzo, tutte le convinzioni linguistiche della comunità italiana, rintracciandone l’inclinazione irrimediabilmente maschilista.

      Questo libro mostra in che modo una rideterminazione del femminile si possa pensare a partire dalle sue parole e da un uso consapevole di esse, vero primo passo per una pratica femminista. Tutto con l’ironia che solo una social-linguista può avere.

      https://www.effequ.it/saggi-pop/femminili-singolari

  • Quand les lesbiennes étaient « séparatistes »
    https://metropolitiques.eu/Quand-les-lesbiennes-etaient-separatistes.html

    Alors que les féministes de la seconde vague ont largement défendu les groupes non mixtes comme un outil de leur combat, Ilana Eloit retrace la lente et difficile légitimation d’espaces autonomes pour les femmes lesbiennes au sein même de ce mouvement. Dossier : Espaces non mixtes : l’entre-soi contre les inégalités ? 21 mai 1970, université expérimentale de Vincennes. Un petit groupe de dix-huit femmes, vêtues pour certaines de T-shirts arborant un poing levé dans le symbole de Vénus, donne le coup #Terrains

    / non-mixité, #genre, #féminisme, homosexualité

    #non-mixité #homosexualité
    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_eloit.pdf

  • Gender backlash - AOC media - Analyse Opinion Critique
    https://aoc.media/analyse/2022/03/07/gender-backlash

    Une réflexion passionnante sur la raison pour laquelle les masculinistes et les néo-dictateurs marchent main dans la main dans le refus des théories du genre.

    Ces dernières années, la condamnation violente des études féministes et de genre s’est fait sentir aussi bien de la part de dirigeants autoritaires que dans des pays en apparence plus progressistes. Ce retour de bâton a de quoi inquiéter, mais il témoigne aussi du fait que le travail de dénaturalisation des normes de genre opéré par ces études est perçu comme une véritable menace par les ennemis du changement social.

    #Genre #Féminisme #Politique #Masculinisme

  • Celles qui restent : #jeunes filles en milieu #rural
    https://metropolitiques.eu/Celles-qui-restent-jeunes-filles-en-milieu-rural.html

    Ayant mené l’enquête auprès de jeunes #femmes résidant loin des grandes agglomérations, Yaelle Amsellem-Mainguy décrit, dans leur diversité, les expériences quotidiennes d’une frange peu visible de la jeunesse. Si la littérature scientifique est prolixe sur les jeunesses populaires urbaines, celle consacrée aux jeunes des milieux ruraux est plus récente et moins abondante. Dans la lignée revendiquée des travaux de Nicolas Renahy (2005) sur Les Gars du coin et de ses prolongements récents avec Ceux qui #Commentaires

    / #genre, #campagnes, jeunes, femmes, rural

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met-guerandel2.pdf

  • Géographies féministes et queers

    Dans ce podcast de 57 minutes, #Marion_Tillous, #Judicaëlle_Dietrich, #Marianne_Blidon et #Cyril_Blondel discutent des géographies féministes et queers. Elles expliquent comment ces géographies permettent de mieux saisir les #rapports_de_domination construits sur le #genre et la #sexualité. Elles affirment que ces géographies transforment notre manière de comprendre les #espaces et de penser la #production_scientifique. Ces approches questionnent aussi nos pratiques pédagogiques et nos positions au sein des institutions universitaires. Aujourd’hui, face à la multiplication des attaques, quelles sont nos perspectives de lutte ?

    Depuis l’été 2020, le gouvernement français a lancé une offensive contre les travaux universitaires en #sciences_sociales, et plus particulièrement contre les #savoirs_critiques. C’est d’abord Emmanuel Macron qui a accusé les universitaires de « casser la République en deux » , puis Jean-Michel Blanquer et Frédérique Vidal, respectivement ministres de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur et de la recherche ont lancé la chasse aux supposé·es « islamogauchistes » qui a sans doute atteint son paroxysme avec le colloque de la honte des 7 et 8 janvier 2022, réunissant universitaires et intellectuel·les engagé·es dans la lutte contre le wokisme et le point médian… Cette offensive a nourri un déchainement de violences (venues principalement de l’extrême droite) contre des travaux de sciences sociales et celle·ux qui les conduisent, violences qui ciblaient principalement des chercheuses et des travaux sur les rapports sociaux de sexe et de race, ou les questions coloniales, et plus particulièrement plusieurs géographes féministes. Mais ces attaques ne datent pas d’hier, et si Rachele Borghi a été violemment prise à parti en tant que chercheuse et militante queer, par Nathalie Heinich et ses collègues du prétendu « Observatoire du décolonialisme » , elle était, depuis sa nomination à l’Université Paris Sorbonne en 2013, l’objet d’attaques de groupes d’extrême droite et de catholiques intégristes, appelant à sa démission, et provoquant des appels au viol et au meurtre. Anne-Laure Amilhat Szary, directrice du laboratoire PACTE, a elle aussi été victime d’attaques similaires, cette fois provoquées par sa défense de l’emploi du terme d’islamophobie dans un espace universitaire.
    C’est dans ce contexte qu’a été enregistré, en juin 2021, ce podcast consacré aux géographies féministes et queers.

    Pour aller plus loin, nous vous recommandons :

    - Notice « Genre » sur Hypergéo, de Marianne Blidon : https://hypergeo.eu/genre
    - « Les études de genre ont-elles transformé la géographie française ? » de Claire Hancock : https://journals.openedition.org/hrc/4182
    - « De la géographie féministe à la ”gender geography ” : une lecture francophone d’un concept anglophone » de Sophie Louargant : https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00261480/document
    - Et pour suivre l’actualité de la commission de géographie féministe du CNFG : https://twitter.com/geofem_cnfg : https://twitter.com/geofem_cnfg

    https://spectremedia.org/podcast/geographies-feministes-et-queers/?episode=638

    #géographie_féministe #géographie_queer #podcast #géographie

    ping @_kg_

  • These women are shaping web3 and the metaverse
    https://www.fastcompany.com/90722634/women-web3-metaverse

    By Ruth Readerlong Read

    Talk about the collection of technologies and ideas known as Web3 often focuses on making up for the transgressions of Web 2.0 companies, which have centralized control over online experiences and mined our personal data for their own profit. Whether or not you think the future of the internet involves AR, VR, NFTs, DAOs, the multiverse, or some combination thereof, there is an immense amount of money flooding into those sectors from the usual suspects. But if the same companies and people who ran Web 2.0 are at the helm of Web3, how much can really change?

    At its core, Web3 is about paying creators for their work. Music, artwork, digital fashion—any kind of intellectual property— is turned into or somehow attached to NFTs, so that the work can be certified, tracked, and transacted on a public blockchain. This infrastructure allows creators to be paid directly for their work. In this grand vision, the new internet is decentralized, with no one entity controlling it.

    How that will function is still being worked out. And right now, many of the people showing the most excitement about Web3 are the tech bro types you probably envision. But there’s also a cadre of women taking up their pickaxes and heaving them into the fertile new internet. They’re creating incentives to draw more women to Web3, so they can have a say in the next web.

    One of the splashiest efforts is BFF, a community that is designed to teach women how to get in on the crypto boom. Only one month old, it is already 14,000 members strong. BFF is led by Brit Morin, a former Googler and the founder of women’s media brand Brit + Co. She cofounded this new community for the “crypto curious” with a list of 50-plus celebrities (Tyra Banks, Gwyneth Paltrow, and Mila Kunis), technologists, and entrepreneurs.
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    Another group, launched in 2018, is Black Women in Crypto, which aims to welcome more black women into the crypto space. There are also women-focused NFT collections such as Boss Beauties, WomenRise, and Crypto Coven. Some of these concentrate on art pieces, but Crypto Coven is selling avatars for the metaverse, the persistent VR/AR experience that could sit on top of Web3. Increasingly, there is funding for women content creators. Last week, Randi Zuckerberg—an entrepreneur who got her start in tech working for her brother Mark’s company—launched an accelerator called Big Hug that aims to elevate female creators with funding and mentorship.

    The timing of these ventures is propitious. In November, art market research firm ArtTactic noted that only 16% of NFT sales were going to female artists (the stats for non-white women were even more dismal). On NiftyGateway, an NFT marketplace owned by the Winklevoss twins, less than 4% of the artworks come from artists in Africa, less than 2.5% comes from Latin America, and less than 1% comes from artists in the Near East, the report says.

    In the metaverse, we’re all world builders—now is your time to build.”

    Cathy Hackl
    On top of that, CEOs in charge of the biggest metaverse platforms so far—Fortnite, Roblox, Sandbox, Decentraland, and Meta—are all white men, though at least two of those companies have a woman in the role of COO. Discord, widely thought to be at the leading edge of social networking, also has a white man at the wheel; however the company has a female head of engineering, Prachi Gupta. In crypto, the landscape is even worse, with only 5% of crypto companies being led by women, according to a recent estimate. Meanwhile, global venture capitalists poured $25 billion into blockchain companies last year, according to CB Insights. Pitchbook reports venture capitalists have also been investing about $2.2 billion per year since 2018 in augmented and virtual reality.

    Much of the current effort to bring women onto futuristic internet platforms is as content creators, rather than engineers of the underlying technology. Web3 is in some ways like the early 1990 iteration of the web, free and open to whoever is willing to develop in it. The goal of these various efforts to attract women to these new platforms is to ensure they have the same opportunity to capitalize as men do. It’s becoming clear that in the next version of the online world, having technical skill may be less important than being able to attract a band of devotees.

    “I’m a big proponent of saying, in the metaverse we’re all world builders—now is your time to build,” says tech futurist Cathy Hackl. While giving women a chance to build out the next big internet space is undoubtedly important, there is a question as to whether this will necessarily lead to a safer and more inclusive internet for all. Much of that will depend on who controls the technology that content is built on top of.
    [Metajuku: courtesy of Everyrealm]
    The ultimate creator economy

    While men still dominate in the nascent metaverse, female creators in Web3 are already rising to the top. Krista Kim is one of the most notable, for selling her digital Mars House for half a million dollars. Natalie Johnson, who spent much of her early career as a fashion buyer, is now building out a digital fashion house called Neuno. Everyrealm, a metaverse company with a majority female leadership team, garnered attention for its million-dollar land grab in Decentraland (the company has since invested $4.2 million into nearly 800 land parcels in The Sandbox).

    Janine Yorio, cofounder and CEO of Everyrealm, has a background in private equity and in real estate. After selling her real estate investment app Compound to investment platform Republic, she started speculating on metaverse properties for fun. This gambit quickly became the foundation of Everyrealm, her metaverse investment company. She says one of the most important things to understand about developing in the metaverse and making NFTs is that these products need communities.

    [Everyrealm executives from left to right: CEO Janine Yorio, CCO Jacqueline Schmidt, Metaverse and NFT lead Julia Schwartz, CMO Katie Witkin, courtesy of Everyrealm]
    “Crypto and the metaverse are so community-focused that you can build the coolest project ever, but if you don’t have a community and if you don’t know how to market it, then it’s worthless,” says Julia Schwartz, cofounder of Everyrealm who leads metaverse and NFT development.

    “A lot of the work that we do … involves the community and the storytelling,” adds Jacqueline Schmidt, Everyrealm’s creative director. Schmidt spent much of her previous career in design and real estate. Now she’s translating that skill into world-building.

    “It’s almost like if you were selling condos on spec: there’s an artist rendering and people are like, okay, I’ll take the penthouse. But then they put their deposit down and every month they’re like, okay, where is it? What’s happening? And so you have to show them mood boards and storyboards and bring them along for the ride— there are a lot of similarities to real world real estate development in that sense.”

    [Jonathan Simkhai Metaverse Fashion Week Show: credit Everyrealm, Blueberry, Jonathan Simkha]
    Because the metaverse and NFTs are so community-based, many women feel that they have a certain edge over men. “A woman-driven community is definitely a little more chill, a little more supportive,” says serial entrepreneur Gizem Mishi McDuff. “There are good vibes there and then there’s a lot less toxicity, because we care about that so much and that allows for the community to grow a lot faster in a better way.” The beauty of NFTs and a universally accepted blockchain, she argues, is that if a given community no longer suits you, you pick up your digital property and take it to a new one. You’re not chained to any one platform.

    McDuff owns a digital fashion company called Blueberry and says she came to virtual worlds almost by accident a decade ago. “There was this musical artist called Skye Galaxy and he did his concerts on Second Life,” she says. “So I ended up downloading Second Life and joining his shows just to see his concerts and I’ve been obsessed ever since.” Pivotally, she met a really cute guy at one of the shows. “The next time I saw him, I wanted my avatar to look cool. So I went shopping a little bit and I installed Photoshop and I made myself a cute little dress and it worked. He’s my husband now.”

    This experience was the spark for Blueberry, which designs clothes for Second Life and has 20 million digital assets. More recently, her company put on a runway show in Second Life for Jonathan Simkhai during New York Fashion Week.

    One thing McDuff worries about is how the platforms within the metaverse will be run as the ecosystem grows up. “There are a couple of things that are going on that will blow up in our face,” she says. These include how metaverse platforms compensate creators. Roblox, for example, only gives developers on its platform a quarter of every dollar spent, retaining a 75% cut on their creations.

    “When there is such a high tax on the content you create, it is not as motivating, so the quality of the content is a little less or the innovation is a little less,” she says. McDuff also believes that the fact that Roblox is profiting from the labor of kids will lead to regulation that slows down the development of the metaverse. “Kids are making this company a ton of money,” she says. (The company reported $1.9 billion in revenue in 2021.)
    The unlikelihood of a decentralized web

    The kids who are developing in Roblox also can’t take what they built with them. Which brings me back to the original question: A diversity of people, including more women, may be developing content and communities on top of Web3 and the metaverse, but does it matter if don’t they own the underlying platforms themselves?

    “A platform is only as strong as its infrastructure; if the infrastructure is designed in a biased or non-inclusive way, the ripple effects of that are profound,” says Danah Boyd, a Microsoft researcher and the founder of Data & Society, via email. She’s speaking about technology generally, though this rational could apply to Web3 or the metaverse.

    Platform owners wield immense control. Reddit allowed hate speech to flourish on its platform, because its executives prioritized a free speech policy. For years, Facebook allowed misinformation to spread freely to its users. When Twitter was first designed, its originators were not thinking about the potential for harassment and it took the company 15 years to create features to combat toxic behavior on its platform. (Safety Mode is still in beta.) Community moderators play important role in keeping communities safe, but they are ultimately limited or supported by the larger rules of the platforms.

    You don’t own “web3.”

    The VCs and their LPs do. It will never escape their incentives. It’s ultimately a centralized entity with a different label.

    Know what you’re getting into…

    — jack⚡️ (@jack) December 21, 2021

    Twitter cofounder and recently-departed CEO Jack Dorsey recently got in trouble with venture capitalist Marc Andreessen for suggesting that Web3 will not be as decentralized as promised. Dorsey tweeted that venture capitalists, who funded the companies that came to own Web 2.0, will also control Web3. He also posits that the web of the future is far more likely to be centralized than decentralized.

    Currently, many of the companies working on the next version of the web are building on top of Ethereum, a decentralized blockchain initially created by Canadian programmer Vitaly Dmitriyevich Buterin. While there is a lot of debate about whether Ethereum is truly decentralized, the bigger question is whether big tech companies will develop on a decentralized blockchain. More likely, they’ll create their own blockchain and try and incentivize developers to build on top of it.

    There’s a bit of conflict right now between kind of the complete utopian decentralization and the centralized web.”

    Randi Zuckerberg
    Meta (née Facebook) has tried to get its own blockchain going (to no avail). Gaming companies already have their own world specific economies, though players can’t take any of the stuff they build or buy off the platforms. So far, Dorsey’s other company, which rebranded from Square to Block (yes as in Blockchain), is the only outfit working on a blockchain it doesn’t own, by working on decentralized finance apps built on Bitcoin. Even if Ethereum does win out, big tech could still find a way to control it. Amazon’s AWS already runs 25% of Ethereum workloads, giving it outsized impact on the platform.

    “I agree that there’s a bit of conflict right now between kind of the complete utopian decentralization and the centralized web,” says Randi Zuckerberg. “I don’t think either of those extremes are correct, but I think we’re going to have to figure out where we net out in the middle of complete decentralization and complete centralization.” She notes that being in crypto right now doesn’t feel safe. “You’ve got to have your own back or you’re going to get scammed,” she says. While she doesn’t know exactly how centralization will come into play, she thinks it’s necessary for there to be accountability on the platform.

    Zuckerberg says it absolutely matters who is building the underlying technology in Web3 as well as the virtual reality platforms that make up the metaverse. “If you go into Discord communities, I think there is a super strong and immediate difference that you sense in a Discord community where the project has even one woman on the team versus projects that are all crypto bros,” she says. “There’s an immediate difference in what the discussion is like, what they’ll tolerate in those communities, and the mission, the goals and the ethos.”

    However the next version of the internet shapes up, it is perhaps promising that more women are deciding what companies get funded. In addition to Randi Zuckerberg, Beryl Li, cofounder of Yield Guild Games, is investing in play-to-earn game companies. At venture capital firm a16z, Arianna Simpson is leading investments in crypto and Web3 (one investment she was involved with is in a woman led company called Iron Fish, which is developing a privacy layer for blockchains). Projects like BFF create even more ways for women to play around with this burgeoning technology.

    “In this new era we’re very empowered,” says Hackl of herself and other women. In the last year she’s been invited to invest in several companies: “I’ve never seen myself as an investor, but now I do.”
    About the author

    Ruth Reader is a writer for Fast Company. She covers the intersection of health and technology.

    #Metaverse #Web3 #Blockchain #Féinisation #Genre #Infrastructure

  • Première : le musée des Beaux-Arts de Gand lance une visite guidée LGBTQ+ Anne François, Belga
    https://www.vrt.be/vrtnws/fr/2022/02/08/premiere-le-musee-des-beaux-arts-de-gand-lance-une-visite-guid

    Le musée des Beaux-Arts de Gand (MSK) a lancé lundi une visite guidée sur le thème de l’orientation sexuelle LGBTQ+. Cette nouveauté invite les visiteurs à découvrir l’histoire méconnue de douze œuvres et questionne, notamment, la représentation du genre à travers les époques. Il s’agit, selon le MSK, de la première initiative de ce type dans un musée des Beaux-Arts en Belgique. Elle a déjà été menée dans d’autres pays voisins.

    L’objectif de la visite guidée est d’inciter les visiteurs, quel que soit leur genre ou leur orientation sexuelle, à réfléchir à des thèmes auxquels ils n’auraient peut-être jamais pensé lors de leurs visites précédentes. La visite peut également être une façon pédagogique d’aborder différentes thématiques avec des groupes scolaires.

    Les visiteurs peuvent notamment admirer un tableau de famille du 17e siècle de la main de Cornelis De Vos (photo) sur lequel les jeunes garçons portent des robes longues, ainsi qu’une œuvre représentant la transformation d’Hermaphrodite, un dieu grec représenté comme une figure féminine possédant des organes génitaux masculins.

    La collection du musée contient également un vieux portrait d’un « homme ayant eu une relation avec un autre homme ». « Pour certaines œuvres, on voit immédiatement que le thème fait allusion au thème de la visite guidée, pour d’autres une explication est nécessaire afin de voir comment l’artiste a abordé le thème des genres de façon subtile ou explicite il y a des siècles », indiquait Bart Ooghe du MSK.

    Cette visite guidée a été inspirée par des initiatives menées précédemment au Victoria & Albert Museum à Londres et au Amsterdam Museum, où elles rencontrent beaucoup de succès. Le MSK considère l’inclusion de la communauté LGBTQ+ comme une étape importante dans la recherche de nouvelles perspectives permettant d’enrichir et d’actualiser les collections.

    La visite guidée sera amenée à évoluer au fil du temps et d’autres œuvres pourraient être présentées à l’avenir. A long terme, le MSK veut inclure une information permanente sur le thème LGTBQ+ pour une série de ses œuvres.

    La collection du Musée des Beaux-Arts de Gand est accessible en permanence, mais pour la visite guidée LGTBQ+ il faut réserver. La première d’entre elle est prévue pour samedi 12 février.

    #lgbt #lgbtq #lgbtq+ #genre #queer #lgbtq+ #pinkwashing #mode

  • Sacrilegio sul Monte Athos
    https://www.balcanicaucaso.org/aree/Grecia/Sacrilegio-sul-Monte-Athos-215007

    «Sacrilegio», romanzo d’esordio di Alessia Biasatto, edito da La nave di Teseo, narra l’avventura di Theodora, che ritornata in Grecia dopo anni vissuti all’estero, decide di introdursi sotto le mentite spoglie di uomo nel territorio sacro del Monte Athos. Una recensione

    • #Sacrilegio

      Quando Theodora, una giovane donna che ha lasciato la Grecia per cercare lavoro e opportunità che il suo paese non le dava, decide di tornare in patria, nessuno immagina quale sia il suo reale obiettivo. Ha deciso di introdursi sotto mentite spoglie nel luogo più sacro della Chiesa ortodossa, il monte Athos, dove nessuna donna è mai stata ammessa. Cosa spinge Theodora a lasciare i parenti e gli amici che festeggiano il suo ritorno a tagliarsi i capelli e fingersi Theòdoros, giovane pellegrino in viaggio tra i monasteri della sacra penisola? Forse l’esempio dello zio Euthymios, devoto del monastero di Vatopedi, che le ha trasmesso il fascino di quel luogo di pace e preghiera? O forse è la ricerca delle sue stesse radici e di una serenità perduta e mai ritrovata in nessun altro luogo? Il sacro monte però non è esattamente come si aspettava e il peccato, l’intrigo e l’inganno esistono anche tra le mura dei monasteri: Theodora lo scoprirà presto a proprie spese.
      Tecnologia e spiritualità, purezza e corruzione, femminismo e fanatismo religioso, un romanzo affascinante e coinvolgente ambientato in un luogo misterioso come il monte Athos, in cui le vicende di una donna alla ricerca di sé si intrecciano con riti millenari ma anche con oscure e pericolose manovre politiche.

      http://www.lanavediteseo.eu/item/sacrilegio
      #livre #Mont_Athos #Grèce #genre #femmes #hommes #roman

  • Gestes suicidaires chez les adolescentes : SOS d’une jeunesse en détresse – Libération
    https://www.liberation.fr/checknews/gestes-suicidaires-chez-les-adolescentes-sos-dune-jeunesse-en-detresse-20

    Chez les filles de moins de 15 ans, les admissions aux urgences pour gestes suicidaires ont très fortement augmenté, progressant sur les 43 premières semaines de 2021 de plus de 40 % par rapport à la moyenne des admissions sur la même période lors des trois années précédentes. Le nombre d’admissions chez les garçons de moins de 15 ans sur les 43 premières semaines de 2021 est quant à lui parfaitement stable par rapport aux trois dernières années.