L.L. de Mars

Créations artistiques et critiques, spectre large et désordonné

  • Pétition · Mesdames les Ministres de la Santé et de la Justice : faites cesser les mutilations des enfants intersexes
    https://www.change.org/p/mesdames-les-ministres-de-la-sant%C3%A9-et-de-la-justice-faites-cesser-les-m
    https://youtu.be/Mg3A0X3bbk0

    Aujourd’hui en France, les enfants intersexes* sont toujours soumi-se-s à des opérations chirurgicales ou/et des traitements hormonaux sans leur consentement éclairé et sans nécessité de santé.

    Ces actes constituent des violations des droits humains et ont été condamnés à plusieurs reprises par l’ONU en 2016 (Comité des droits de l’Enfant, Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, et Comité contre la torture).

    Des associations internationales de défense des droits humains telles que Human Rights Watch et Amnesty International se sont ouvertement positionnées pour l’arrêt de ces pratiques.

    En France, la DILCRAH appelle à l’arrêt de ces mutilations. En mai dernier la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme, et en juillet le Conseil d’État ont publié des avis dans le même sens.
    Pourtant, les protocoles médicaux continuent à recommander ces pratiques, et les équipes médicales à les effectuer.

    Nous réaffirmons que les variations intersexes sont des variations saines du vivant, et dans leur immense majorité sans danger pour la vie de l’enfant. Elles ne devraient pas conduire à de la stigmatisation et à de la médicalisation inutile et néfaste. A l’instar de l’homosexualité, l’intersexuation n’a pas à être soignée : c’est à la société d’accepter sa propre diversité.

    Il n’y a aucune urgence à agir médicalement sur un corps sain d’enfant. Il n’est pas du ressort des médecins ou des parents de décider d’attenter à l’intégrité physique d’un-e mineur-e sans nécessité vitale. Une circulaire de rappel à la loi s’impose.

    C’est à l’enfant intersexe lui/elle-même de décider.
    Changer son corps ou non, ce sera son choix.

    *qui présentent des caractéristiques sexuelles qui ne correspondent pas aux définitions binaires typiquement mâle ou typiquement femelle, que ces caractéristiques soient visibles à la naissance ou apparaissent plus tard au cours de la vie, notamment à la puberté.

  • Notre Dame de Paris, concours du Terrier (des tas de vues sous tous les angles en 3D de la cathedrale ont été mises à votre disposition) :

    les trucs ont été mis en ligne, les propositions commencent à s’accumuler gentiment. Nous avons donc une dizaine de projets de Philippe De Jonckheere, un de Bernard Laverie, une de Manuel Masson, un de B. Lenoir et un de bibi :

    http://www.le-terrier.net/notredame/index.htm


  • ça fait un moment qu’il est imprimé, mais c’est seulement sa sortie officielle ces jours-ci ; et comme il y a bien peu de chances que vous le trouviez en librairie ou que vous en entendiez causer, hé bien je fais moi-même la promo de ce Manuel de l’utilisateur de bandes dessinées :
    https://www.hobo-diffusion.com/catalogue/1866/bandes-dessinees-manuel-de-l-utilisateur-abibulles

    on peut le commander là :
    https://abiratoeditions.wordpress.com/commander-un-livre-un-numero-de-lechaudee
    (j’en ai aussi quelques exemplaires, pour ceux qui vivent dans le coin ou qui voudraient commander un exemplaire dédicacé)

  • Pourquoi Facebook n’aime pas le mot « lesbienne »
    https://www.numerama.com/tech/508425-pourquoi-facebook-naime-pas-le-mot-lesbienne.html

    Des activistes françaises ont tenté de créer une page Facebook pour améliorer la visibilité des lesbiennes en ligne. Facebook a censuré son nom a priori car il contenait... le mot lesbienne. « Ce nom d’utilisateur n’est pas disponible. Il comporte des mots qui ne sont pas autorisés sur Facebook ». Le mot concerné, c’est « lesbienne ». Sur la version française du réseau social de Mark Zuckerberg, il n’est pas autorisé de créer une page dont le nom comporte ce nom commun. C’est le constat qu’a fait Fanchon, (...)

    #Instagram #Facebook #Twitter #censure #discrimination #LGBT

    //c2.lestechnophiles.com/www.numerama.com/content/uploads/2019/04/lesbienne.jpg

  • En France, un enfant tué tous les cinq jours par ses parents ou leurs proches
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/04/26/en-france-un-enfant-tue-tous-les-cinq-jours-par-ses-parents-ou-leurs-proches

    En se penchant d’une part sur les 363 meurtres d’enfants commis « en milieu intrafamilial » entre 2012 et 2016, et d’autre part sur 45 dossiers judiciaires précis, les auteurs soulignent « l’impérative nécessité de mieux organiser l’échange des informations au sein de chaque service médico-social, de l’éducation nationale, de la police ou de la justice et entre ces services ».

    « Les morts d’enfants au sein de leur famille ne diminuent pas ces dernières années », déplorent les rapporteurs, avec en moyenne 72 victimes par an, soit « un peu moins de 10 % » du nombre total d’homicides en France. Le rapport suggère de mettre en place dans chaque département une commission d’experts qui serait chargée d’examiner a posteriori les cas de décès, afin d’analyser « ce qu’il s’est passé, ce qui aurait pu être fait différemment et comment les situations similaires peuvent être identifiées et prévenues ».

    #infanticide #enfant

  • Je suis gendarme et j’ai décidé de parler… | Le Club de Mediapart

    https://blogs.mediapart.fr/jean-marc-b/blog/160419/je-suis-gendarme-et-j-ai-decide-de-parler

    Dans les jours qui viennent de s’écouler, des gradés de la police ou de la gendarmerie ont pris publiquement la parole. Alors que le colonel de gendarmerie Michael Di Meo a par exemple reconnu en termes pesés l’existence « de violences policières » contre les GJ, le directeur de la police nationale Eric Morvan n’a pas tardé de justifier l’action des CRS contre les manifestants. La troupe elle, par discipline forcée a gardé jusque là le silence. Pour une des toutes premières fois, nous publions ici l’ITV que nous a adressée un simple gendarme qui porte l’uniforme depuis plus de 17 ans. Comme il nous l’a demandé, nous avons évidemment décidé de respecter totalement son anonymat, pour lui éviter les foudres d’une hiérarchie qui n’accepte pas que la parole puisse prendre la liberté de s’exprimer.

    Ce témoignage que j’ai recueilli me ramène en partie au travail que j’avais effectué pour mon documentaire « dans le secret du Burn out » avant le mouvement des Gilets jaunes, maladie qui touche plus qu’on ne le pense des membres des forces de l’ordre. Le rôle que le pouvoir fait jouer aux forces de polices, toutes catégories confondues, n’est pas pour soigner un corps profondément malade. Ce témoignage nous plonge au coeur du mouvement social des Gilets jaunes qui secoue le pays. Il est question de souveraineté, de relation entre « forces de l’ordre » et peuple, de Nation et de son avenir…

  • Qu’a-t-il donc compris? - Le Courrier
    https://lecourrier.ch/2019/04/25/qua-t-il-donc-compris

    Annonce d’une baisse de l’impôt sur le revenu – mais pas le retour de l’impôt sur la fortune (ISF) – tout en promettant de renforcer les services publics, ce qui nécessitera une réduction de la dépense publique… Vous avez dit antinomique ? Aux Français qui souffrent des emplois précaires aboutissant à de maigres retraites, il répond allongement du travail. Emmanuel Macron a eu beau marteler qu’il fallait « réhumaniser [son] projet de transformation de la société », l’intention est de poursuivre au pas de charge des réformes ultralibérales qui ont mis le pays à feu et à sang.

    Littéralement. Car sa méthode pour calmer les foules réside dans la répression par les forces de l’ordre. Gardes à vue à la pelle, fichage des manifestants depuis les hôpitaux de Paris, violences policières y compris envers des personnes pacifiques. On répondra qu’il y avait des casseurs, des insultes racistes et antisémites dans les cortèges… La France en est arrivée à l’arbitraire, la punition collective, sans droit à un jugement équitable.

    • J’ai eu la malchance de pouvoir écouter la radio d’état entre 17h et 18h hier, sur la route. Des tas de gens importants commentaient la prochaine intervention du Président.

      A aucun moment il n’a été supposé sérieusement que ce régime n’en avait rien à carrer de répondre sérieusement à l’instant présent.

      En fait, personne n’a supposé sérieusement qu’en fait, le Président avait l’intention de faire un bras d’honneur, de mépriser sans l’ombre d’une hésitation, l’ensemble de cet exercice, qui est de parler à ceux qu’il gouverne. Pour la simple raison qu’il doit le pouvoir à d’autres que ceux-ci, et que ceux qui sont gouvernés sont là pour obéir... et pas pour qu’on leur rendre des comptes.

      La semaine dernière, j’ai eu la malchance d’écouter l’allocution du Président qui a eu lieu juste après l’incendie. J’ai été affligé par la vacuité des mots prononcés, par l’absence de recherche. Non pas que l’instant en réclamait de particuliers. Mais s’il pouvait seulement s’exprimer pour dire quelque chose. Mais non. C’est comme la première citation de cet article du Courrier. Tu te demandes comment il est possible que nous ayons désormais des gens à ce point incapables de s’exprimer d’une façon qui impose un minimum de respect.

      «Je crois que j’ai compris beaucoup de choses»

      Je crois que ce Monsieur se moque de nous.

      Hier soir, les journalistes de la radio d’état nous gratifiaient de quelques enregistrements de De Gaulle ou Pompidou... même pas les meilleurs. Mais malgré tout. Et quoiqu’on pense de ces deux là. Au moins, quand ils s’exprimaient, les mots venaient naturellement... et pas sous forme de jets discontinus, comme Hollande ou Sarkozy avant lui.

      Ils se foutent de nous. Et lui particulièrement visiblement.

    • Je découvre la seconde citation :

      « Je crois aux symboles et à l’esprit du temps »

      C’est clair. Il se fout de nous.

      Les symbôles dont il nous parle, même pas au second degré, ce sont bien ceux-là :
      – 48h de GAV pour Glanz et tous les autres dont on ne parle pas ;
      – LBD dans la tête, et lacrimos y compris pour les enfants ;
      – Mise au pas de toutes les voix dissonantes (Yémen, NDDP, ...)

    • Il a compris qu’il pouvait dire n’importe quoi, mentir comme un vendeur de voiture d’occasion, car il a compris qu’il n’y aura aucune conséquences pour lui et ses ami·es de LaREM, et que même peut-être ils arriveraient en tête aux prochaines européennes à défaut d’alternatives crédible.

    • Tout est dans ce mot « crédible » et ce que nous croyons lui donner comme sens. Nous sommes à un tel point de sidération que nous ne sommes plus capables de reconnaître ce qui est crédible et ce qui ne l’est définitivement pas. Quand on juge crédible des gens qui mentent et qui estropient, c’est qu’on est arrivé à un point franchement inquiétant.

      Notre génération (on peut ajouter celle d’avant et celle d’après, tiens, je suis généreux) est à un point d’apolitisme crétin, que... ça en est sidérant, tiens.

      Quand les seuls qui ont un discours et un projet politique - au semble noble du terme - sont désignés comme les seuls dangers... dans l’esprit de la majorité des citoyens... c’est qu’il y a un vrai problème de culture politique. Voire d’intelligence tout court.

      Je vous l’ai déjà dit que je ne peux plus causer politique avec les gens que je côtoie sans être affligé par ce que j’entends ?

      « oh je sais pas pour qui voter ils sont tous nuls »
      "oh non pas lui, il est trop agressif"
      « oh non pas elle, elle est pas crédible »
      "oh non pas lui, il a pas de doudou comme le mien"

    • J’ai commencé par le regarder à la tv, sa gueule ne me revenant décidément pas, je me suis allongé en l’écoutant à la radio. 10 mn plus tard je me suis assoupi (il aurait récité l’annuaire que c’était pareil) une heure après, il causait toujours. C’est quand même dingue, ces gens qui n’ont rien à dire et qui cause tout le temps. Et tous les médias de retranscrire la parole présidentielle et de nous traduire la parole du premier de cordée, des fois qu’on n’aurait pas compris qu’il nous prend pour des cons.

    • Whoua, je découvre via @rezo et @monolecte que comme d’habitude, je suis loin d’être le premier à avoir dit la même chose, mais en moins bien :
      https://seenthis.net/messages/776978

      Nous sommes à peine capables de penser. Usés par des décennies de bourrages de crâne en tous genres. S’il ne doit rester que quelques mots de Slavoj Zizek, c’est ce constat : Nous arrivons plus facilement à imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme. On peut prolonger : Nous croyons plus au capitalisme qu’au monde. Nous croyons plus aux capitaux, aux cathédrales et aux machines, qu’aux êtres vivants, à nous et à nos enfants. Nous ne savons plus ce qui est important, ou alors si mal, si difficilement, si laborieusement. Wir sind die Roboter.

  • Macron moves to prosecute journalists who revealed French arms sales in Yemen war

    https://www.wsws.org/en/articles/2019/04/26/macr-a26.html

    Intéressant, dans une société où le journalisme fait naufrage (en mode câlins au pouvoir), que Macron s’attaque brutalement aux seul·es journalistes digne de ce nom.

    Macron moves to prosecute journalists who revealed French arms sales in Yemen war
    By Will Morrow
    26 April 2019

    In a far-reaching assault on democratic rights and free speech, the government of Emmanuel Macron is moving to prosecute journalists who have exposed both France’s complicity in Saudi Arabia’s illegal war in Yemen as well as the Macron government’s efforts to cover it up.

    The government’s actions are a response to the publication of a report on April 15 by the journalistic organization Disclose, in partnership with The Intercept, Radio France, Mediapart, Arte Info and Konbini. The report includes an internal intelligence report to the president and leading ministers from September last year with precise information on the use of French arms in Yemen. It proves that the Macron government’s claims that it had no evidence that French arms were being used in the war, which has killed tens of thousands of civilians, were lies.

    france #yémen #macron #scandale_d_état

    • Ce régime ne connait que la force. Une loi existe pour atteindre son objectif ? On l’utilise. Un juge ne veut pas interpréter la loi comme on le souhaite ? On change la loi pour que le doute n’existe plus. La modification de la loi est trop lente ? On vote une loi pour pouvoir légiférer par ordonnance et sans débat.

      Ce régime passe par la force et écrase tout ce qui s’oppose à lui.

      Un jour, on finira par le nommer pour ce qu’il est.

      Ce n’est pas parce qu’il ne pratique pas la torture et les exécutions extrajudiciaires qu’il ne mérite pas d’être nommé pour ce qu’il est.

    • Oui @aude_v, je pensais à Adama Traoré en écrivant... ou à l’animateur dont on souhaitait frapper les testicules et dont on n’a « que » déchiré l’anus. Mais pour certains, qui tiennent le crayon, tant que ce n’est pas écrit dans un manuel officiel, ça n’existe pas. Et... d’ailleurs... même quand c’est écrit, ça ne compte pas, parce que par nature, l’état et ses représentants sont là pour défendre le Bien. Et le Bien ne peut pas faire de mal, c’est évident, ça ne se discute même pas.

      C’est dans ce genre de glissements qu’on comprend comment il a été si facile pour tant de gens Biens de passer du Front Populaire flamboyant au Vichisme rabougri.

  • Gilets Jaunes : la révolution précède la grève, Jacques Chastaing
    https://blogs.mediapart.fr/jean-marc-b/blog/260419/gilets-jaunes-la-revolution-precede-la-greve-par-jacques-chastaing

    (...) Sonnant peut-être étrangement à des oreilles actuelles, cette formule de « la révolution qui précède la grève » était très largement partagée à ses origines et signifiait simplement que le mouvement ouvrier était né d’abord comme politique et révolutionnaire avant d’intégrer à soi le domaine des revendications économiques et sociales, syndicales et partielles avant que la tendance ne s’inverse.

    Comme cette formule peut paraître surprenante, nous voudrions ici éclairer le passé avec ce que nous apporte le soulèvement des Gilets Jaunes et comment ils nous disent que dans cette phase du capitalisme pourrissant nous sommes entrés dans une nouvelle ère de révolutions. Inversement, nous voudrions aussi ici éclairer le soulèvement des Gilets Jaunes à la lumière des premiers pas du mouvement ouvrier et de ses débats.

     On peut être surpris que j’associe la conscience de classe aux Gilets Jaunes alors que ce ne semble pas ce qui les définit le mieux. 

    C’est vrai. 

    Mais la conscience de classe n’est pas une chose qu’on trouve toute faite ou qui surgit soudainement au détour du chemin ou encore qui se transmet comme un trésor de génération en génération. Elle advient, se déploie, se renforce au décours de nombreux événements variés, dans des conflits qui opposent des intérêts différents, dans la tempête, les cris, les injures et les tumultes, puis s’estompe un moment, semble disparaître et se réanime à nouveau à l’occasion de nouveaux conflits. Elle ne se « définit » jamais de manière isolée, abstraite et transportable en livres à travers les temps, mais par ses conflits avec d’autres classes et le mouvement même de ces conflits.

    Ainsi Marx disait de la Commune de Paris en 1871 que c’était la première révolution ouvrière alors qu’il n’y avait pas ou quasiment pas d’ouvriers en son sein et que ses animateurs ne se pensaient surtout pas comme porteurs d’un message « ouvrier ». Il disait que la Commune était « ouvrière » par sa place et sa dynamique dans les circonstances internationales du moment. 

    De la même manière, le mouvement des Gilets Jaunes ne se définit pas que par lui-même mais aussi par son environnement, ses lisières, son évolution, l’évolution de ses porte-paroles, de ses combats, les hommes et les organisations qu’il entraîne comme alliés, ceux et celles qui le combattent et le dénoncent, ce qui est dit de lui, ce que lui-même dit des autres et des autres classes, bref par sa place dans la dynamique populaire actuelle dans les circonstances globales du parasitisme croissant et destructeur du capitalisme mondial.

    Le soulèvement des Gilets Jaunes est un mouvement de la classe ouvrière. Sa radicalité en est l’expression.

    Bien sûr, il s’agit surtout d’un « ton » radical. 

    Les Gilets Jaunes ne sont pas - pour le moment du moins - anti-capitalistes. Ils ne s’attaquent pas aux rapports de production, à la propriété privée des moyens de production. Ils en sont même très loin... mais aussi très prés tout à la fois.

    On pourrait dire en effet que si le sentiment global des Gilets Jaunes et de « classe », que leur composition sociale est majoritairement « ouvrière », « l’idéologie » dominante des Gilets Jaunes par contre est plutôt celle des petits producteurs, des artisans, des auto-entrepreneurs, des travailleurs indépendants, des travailleurs ubérisés qui ne veulent surtout pas être ouvriers et qui cultivent l’idéologie du « travail ». Parce que s’ils sont « ouvriers », ils sont ces ouvriers là. Il n’y a pas pire insulte pour les Gilets Jaunes que « cas sociaux » voire « chômeurs ». Ils déplorent la disparition du petit commerce indépendant, du petit artisan indépendant, du petit paysan, du petit producteur et dénoncent avec virulence les « grands », les hypermarchés, les grandes surfaces, les chaînes d’alimentation, les fast food... Leurs valeurs sont l’indépendance voire l’individualisme et le travail, la réussite par le travail. 

    En même temps, ils ont l’intuition que ce monde est fini, qu’internet qu’ils utilisent comme personne détruit l’indépendance du petit producteur, qu’Amazon et ses consœurs détruisent ce monde tout particulièrement à la campagne où ils travaillent et résident le plus souvent et que les auto-entrepreneurs, les aides à domicile, les chauffeurs de VTC, les livreurs en voiture ou à vélo ubérisés ne sont que de prolétaires déguisés soumis à la même discipline que dans les usines, voire pire, n’ont plus d’indépendance et perdent leur dignité non pas à vivre de leur travail, mais à s’auto-exploiter dans un capitalisme mondialisé.

    Aussi, ils ne sont pas « contre » les ouvriers comme la petite bourgeoisie a pu l’être lorsqu’elle pouvait échapper au prolétariat, ils les comprennent au contraire comme si c’étaient des travailleurs indépendants qui avaient perdu leur indépendance. Ils en sont très proches. Ils préfèrent cependant parler de pauvres et de riches parce que c’est leur ancien vocabulaire du temps où ils ont pu espérer un mieux plutôt que d’ouvriers et de bourgeois parce que ce vocabulaire a aussi été trahi, sali par les directions syndicales et politiques ouvrières. Cette conscience « ouvrière » se lit dans leur énorme solidarité à l’égard de ceux qui ont sombré, les SDF – et qui pourraient être eux demain. Autant ils ne supportent pas de s’entendre dire qu’ils ne veulent pas travailler autant ils pensent que ceux qui ont sombré ne sont pas des « fainéants » des « rien » des « alcooliques » ou des « illettrés » comme le dit Macron, mais ont des « droits » en tant que travailleurs qu’ils continuent à être mais travailleurs au chômage.

    Les Gilets Jaunes et les meilleurs de leurs portes paroles ont l’intuition qu’il n’y a plus que deux classes, que la classe moyenne et ses valeurs auxquelles ils adhèrent sentimentalement, s’estompent lentement. Ils ne se font pas d’illusion : la classe moyenne n’est pas un avenir possible pour eux. L’avenir est du côté de la classe ouvrière.

    #Gilets_Jaunes #classe_ouvrière #grève #histoire

  • j’ai eu l’immense déplaisir de me promener à Nantes il y a quelques jours ; hé bien croyez-moi, c’est une belle piscine de merde.
    Année après année, les manifestations spectaculaires consacrées aux formes les plus joviales et les plus puériles de l’art contemporain qui s’y déroulent abandonnent à cette ville absurde des vestiges de fêtes foraines tristes, qui viennent tiqueter graduellement le paysage comme autant de sémaphores de l’idiotie et de la marchandise.
    L’espace public est ainsi ponctué de gadgets toujours déjà vieux, car en traitant l’art contemporain avec les moyens de la mode on l’entraîne fatalement dans ses effets délétères ; mais il est plus facile de faire disparaitre discrètement un pantalon devenu honteux au bout d’un mois qu’une sculpture monumentale. Ces balises vulgaires ne témoignent de rien d’autre que la volonté de transformer la ville non pas en œuvre d’art, comme ont pu l’être en leur temps Florence, Ferrare ou Venise, mais en centre d’art contemporain, lieu qui retrousse la valeur muséale comme un gant : un centre d’art se passe de toute œuvre pour exister en tant que centre d’art ; elle peuvent y être bonnes ou mauvaises, présentées ou absentées, ça n’a aucune espèce d’importance. Là où le musée devient musée par les œuvres qu’il abrite, le centre d’art fait exister comme œuvre tout ce qui le traverse. Tout ce qui y existe ne sert qu’à le faire exister lui. Toute œuvre l’agrandit comme une brique indifférenciée agrandit un projet plus important qu’elle. La rengaine des centres d’art est « la puissance du lieu », ce qui a pour effet de transformer tout centre d’art en zone d’errance dont les œuvres sont les accidents fugaces ; elles sont constatées le court instant nécessaire pour garantir que le centre fonctionne. Comme lieu d’art. Comme lieu.
    Quel est le sens de cette transformation d’une ville en centre d’art contemporain ? Qu’apporte le centre d’art contemporain — passé ce cap utile où un Centre d’Art a servi d’éperon pour saborder un quartier populaire et le transformer en galerie marchande ou en parcs de bureaux -, qu’offre-t-il donc de si appétissant comme modèle urbain pour que la ville de Nantes y succombe à ce point ? Hé bien il apporte la promesse de la plus grande, de la plus totale paisibilité. Il n’existe aucun lieu plus pacifié qu’un Centre d’Art Contemporain. Un cimetière est plus riche en promesses agonistiques qu’un Centre d’Art Contemporain. chaque avancée de Nantes-en-tant-que-Centre-d’Art-Contemporain dévorant Nantes-la-ville est une portions d’espace conquise sur les tensions. Nantes est la promesse d’un monde serein, sans heurt, suite ininterrompue d’aspérités illusoires décoratives dont la profusion doit permettre, au bout du compte, une planéité complète de l’espace public dont la conséquence la plus étrange est celle-ci :
    condamnés à traverser leur ville hagards et heureux, flânants entre deux œuvres ludiques animées, un bar à chaï, un burger vegan et une librairie pour tatoueurs, les nantais sont en train d’habiter leur propre ville en badauds. Car c’est ça, le but de la ville de Nantes : transformer en touristes ses propres habitants.

    • Autant de questions sur « la dépossession que l’art contemporain a initiée concernant l’existence collective » auxquelles Annie Le Brun commencent à répondre dans son dernier livre : « Ce qui n’a pas de prix » (lecture obligatoire).

      À considérer le sort que les dernières décennies ont réservé à celui-ci, sous prétexte de le célébrer, il est difficile de ne pas y voir des similitudes avec les processus qui ont accéléré l’enlaidissement du monde en général. Il y a quelque chose d’aussi fatal dans la façon dont le « triomphe de l’esthétisme » aura réussi à contrefaire les corps que dans celle dont le paysage est en train de devenir la proie d’un tourisme qui le défigure et le détériore de manière irréversible. Plus encore, depuis que la surproduction de déchets ne peut plus cacher ses ravages, la nécessité d’une esthétisation d’urgence nous est présentée comme la réparation obligatoire. Comme si l’enlaidissement des villes, des paysages, des objets affectant progressivement les êtres devait être racheté, à tous les sens du terme, grâce à un éventail de marchés tout à la fois du camouflage et de la réparation, allant de la chirurgie esthétique au design généralisé, en passant par l’industrie du fitness et des compléments alimentaires, le tout sur fond théorique de résilience. Tel est le seul moyen de continuer à anéantir sans vergogne ce que l’on est justement en train d’anéantir. Toute l’industrie du tourisme fonctionne sur ce modèle. À ce stade, cette cosmétisation du monde tient de l’acharnement esthétique qui redouble l’enlaidissement en cours pour lui donner force de paradigme. À croire même que la beauté vive n’a plus droit de cité, quand c’est cette laideur proliférante qui désormais invente son contraire, non sans le surcharger d’une fonction de leurre. Des lèvres botoxées aux trésors du patrimoine, du bodybuilding au réaménagement des villes, il ne s’agit plus que de beauté surjouée jusqu’à la caricature.

      Le Brun, Annie. Ce qui n’a pas de prix (pp. 111-112). Stock.

    • @recriweb

      Autant de questions sur « la dépossession que l’art contemporain a initiée concernant l’existence collective » auxquelles Annie Le Brun commencent à répondre

      Qu’on s’entende bien, quand même, et qu’on ne se trompe pas de cible : ce n’est pas « l’art contemporain » qui dépossède qui que ce soit de quoi que ce soit, mais bien les cadres institutionnels qui en capturent le vocabulaire, les modes de socialisation, les flux etc. L’art contemporain, c’est l’ensemble des œuvres d’art produites par toutes sortes d’artistes pris dans des questions contemporaines à un moment m . Autant dire : un flot hétérogène de productions de toutes natures, formes, sens, conditions d’apparition sociale. « L’art contemporain », ça ne « fait » rien. Les œuvres, les artistes, « font » quelque chose, augmentent le monde sans qu’on puisse rien dire de général sur la valeur de cette augmentation. L’art contemporain, ce sont les œuvres, et rien n’existe entre elles qui ressemble de près ou de loin à une homéostasie éthique, plastique, politique, formelle, politique.
      Supposer que « l’art contemporain » se résume à ce qui se montre dans les centres d’art contemporain est à peu près aussi absurde que d’attendre une description de Macron pour se faire une idée de qui sont les Gilets Jaunes. Je préfère être clair ; qu’on ne s’imagine pas, par exemple, que je me sente proche de ce genre de conneries : https://lundi.am/Lettre-ouverte-au-monde-de-l-art
      que ce guignol se trouve une conscience héroïque de laisser l’activité « art » à l’indignité dans laquelle les marchands de camelote l’abaissent est aussi aberrant que contre productif (et ça dénote un sérieux problème de compréhension de ce que, précisément, l’art fait et que d’autres activités humaines ne font pas)

  • Mélanie, #gilet_jaune amiénoise frappée violemment dans la nuque par un policier samedi à Paris

    https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/melanie-gilet-jaune-amienoise-frappee-violemment-dans-la-nuque-par-un-pol

    Mélanie, 39 ans, mère de deux enfants, l’une des porte-parole des Gilets Jaunes d’Amiens, Les Réfractaires du 80, a été violemment frappée à la nuque, par derrière, par un policier lors de l’acte 23 de la mobilisation des gilets jaunes à Paris samedi. Elle a déposé plainte ce mardi.
    Mélanie s’est effondrée après avoir reçu un violent coup dans la nuque par un policier
    Mélanie s’est effondrée après avoir reçu un violent coup dans la nuque par un policier - Capture d’écran YouTube

    Amiens, France

    Mélanie est encore sous le choc. Elle porte une minerve et se dit psychologiquement marquée : « Je suis quelqu’un d’humain, j’aime les humains et je ne pensais pas qu’un jour quelqu’un puisse me taper dans le dos sans que j’ai fait quoi que ce soit ».

    #violence_policière #police_voyou cc @davduf

  • « #Gilets_jaunes » : la France rejette les critiques de l’ONU sur l’usage excessif de la force
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/04/24/gilets-jaunes-la-france-rejette-en-bloc-les-critiques-de-l-onu-sur-l-usage-e

    #ah_oui ?
    #oh_putain !
    #la_blague #abus #mythos

    En préambule, le document insiste sur les conditions « particulièrement difficiles » auxquelles ont été soumis #policiers et #gendarmes :

    « Ces manifestations ont été marquées par des violences graves commises par certains manifestants, à l’encontre des forces de l’ordre, des journalistes présents ou d’autres personnes. Il faut également souligner que des propos, inscriptions et agressions à caractère raciste, antisémite ou homophobe ont été constatés au cours ou en marge des mobilisations. »

    Une entrée en matière nécessaire pour appuyer la thèse du gouvernement qui sous-tend l’ensemble de la réponse de la France à l’#ONU : le cadre légal applicable n’est plus celui de la « manifestation » mais de « l’attroupement », à savoir « une manifestation qui a dégénéré dans la violence ». Ainsi se trouve justifié le recours massif aux « armes de #force_intermédiaire », les grenades lacrymogènes, de #désencerclement et plus particulièrement les fameux lanceurs de balles de défense (LBD) :

    « A aucun moment le #LBD n’est utilisé à l’encontre de manifestants, même véhéments, si ces derniers ne commettent pas de violences physiques, notamment dirigées contre les forces de l’ordre ou de graves dégradations. Mais alors il ne s’agit plus de manifestants, mais de participants à un #attroupement violent et illégal. »

  • BALLAST | « Castaner, ma mère est morte à cause de vos armes ! »
    https://www.revue-ballast.fr/castaner-ma-mere-est-morte-a-cause-de-vos-armes

    Vous étiez au téléphone avec votre mère lorsqu’elle a reçu la grenade en plein visage…

    J’ai assisté en direct à tout ça. On se parlait, on riait ensemble au téléphone ; elle m’a dit : « Attends, je vais fermer les fenêtres, il y a trop de gaz. » En tendant sa main vers la fenêtre, elle a croisé le regard de deux policiers armés — ça, elle me l’a raconté après. Et un d’eux a tiré vers elle. Le tir l’a atteint en plein visage, la grenade a explosé, ça l’a défigurée et fait saigner abondamment. Par voie de conséquence, ça a causé sa mort. Elle a vu le policier partir avec son collègue. Moi, j’étais au téléphone sans pouvoir rien faire, sans pouvoir lui porter secours. J’ai entendu ses cris… Heureusement, son amie Imen a pu l’aider par téléphone en appelant les pompiers, et la voisine est montée. Les pompiers ne sont pas intervenus tout de suite à cause de la manifestation — il a fallu les rappeler plusieurs fois pour leur dire que ma mère perdait du sang, que c’était urgent, qu’ils devaient venir à pied. Ils sont arrivés plus d’une heure après. Imen a attendu à l’hôpital de la Timone jusque 22 heures, avant qu’on lui permette de la voir, des points de suture à la mâchoire, tuméfiée de partout.

  • Jung Hyoun Lee est une artiste coréenne brillante, qui bosse à un rythme aussi infiniment lent qu’impérieux (car c’est le sien), sur des livres inouïs (voir « les jumeaux », chez FRMK).
    Elle est sans cesse menacée d’expulsion si elle n’apporte pas régulièrement des garanties d’inscription sociale à la con, malgré sa présence ici depuis 15 ans et ses publications ici. Elle ne veut pas retourner en Corée, c’est ici qu’elle a construit sa vie artistique. Elle vit pauvrement, très.
    Elle cherche des résidences d’artistes qui n’attendent pas d’elle autre chose que d’y faire son travail (ce à quoi est censée servir une résidence), ce qu’elle fait le mieux et que personne ne peut faire à sa place, et pas les clowneries sociales (animations, ateliers de quartiers etc.) qui sont désormais la contrepartie de toute résidence ou presque pour les plasticiens, conditions qui la paralysent, auxquelles elle est incapable de souscrire (ce qui serait aberrant de lui reprocher).
    Est-ce que vous connaissez de telles résidences ?

  • Menstruation and the Holocaust | History Today
    https://www.historytoday.com/archive/feature/menstruation-and-holocaust

    Menstruation and the Holocaust

    Periods are a fact of life, but little talked about. How did women in the concentration camps cope with the private being made public in the most dire and extreme circumstances?
    Jo-Ann Owusu | Published in History Today Volume 69 Issue 5 May 2019

    ‘Assignment to Slave Labour’, Auschwitz, Poland, c.1940.‘Assignment to Slave Labour’, Auschwitz, Poland, c.1940.

    Menstruation is rarely a topic that comes to mind when we think about the Holocaust and has been largely avoided as an area of historical research. This is regrettable, as periods are a central part of women’s experience. Oral testimonies and memoirs show that women felt ashamed discussing menstruation during their time in the concentration camps, but, at the same time, they kept bringing the subject up, overcoming the stigma that is attached to them.

    #menstruations #règles

  • A propos des « vermines » (et en soutien à Gaspard Glanz) | Frédéric Lordon
    https://lundi.am/A-propos-des-vermines-et-en-soutien-a-Gaspard-Glanz

    Dans le monde renversé, et délirant, du néolibéralisme fascistoïde, les offenses en mots ont plus de réalité que les offenses aux corps. Des mains sont arrachées, des yeux éclatés, des vies brisées, et cependant personne n’a encore traité de « vermines » Macron, Castaner et Nunes qui donnent les ordres. Doublement vermines, dirait-on si l’on allait par-là, qui, dans des scènes proprement dystopiques, se rendent dans les écoles pour expliquer aux enfants qu’on ne tire qu’au torse et aux bras – pendant qu’ils laissent viser les têtes. Source : Lundi matin

    • [...] yeux et oreilles bouchés, les singes de jade ont [...] la décence de se taire complètement, quand ceux des micros, qui ne voient rien, et n’entendent rien, eux, ne se taisent que sélectivement, et pour le reste parlent, parlent, parlent, n’en finissent pas de parler, mais dans une longue coulée de haine, de mépris, de racisme social, parfois de racisme tout court, comme une vomissure continue.

  • Les grandes générosités - Le Monolecte
    https://blog.monolecte.fr/2019/04/21/les-grandes-generosites

    Ce que mon grand-père aimait en moi, c’était très précisément mon côté clébard : cet amour inconditionnel qu’il achetait à grand coup de gros cadeaux qu’il offrait toujours devant une aimable assistance prompte à le louer de sa grande générosité, le fait que dans mon regard de gosse, il était plus grand, plus beau et plus merveilleux que le père Noël et la petite souris réunis et que cette image bigger than life, je la renvoyais à l’ensemble de ses courtisans de troquet.

    #stratégie_du_choc #catastrophe #domination