Le leader français de la protection sociale menacé de privatisation
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Le groupe paritaire AG2R La Mondiale, spécialiste de l’assurance et de la protection patrimoniale, connaît une crise interne sans précédent. Les syndicats s’opposent à un projet de privatisation dont le risque est de casser le système de retraite par répartition. La direction s’entête.
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Ce n’est pas la première fois que le monde des assurances part à l’assaut des autres structures non capitalistiques du secteur. L’exemple de Claude Bébéar qui, à partir des Mutuelles de Normandie, a créé AXA , un des géants mondiaux de l’assurance, donne des idées à certains. Mais AG2R La Mondiale, c’est autre chose, un groupe à part.
De l’extérieur, personne ne le connaît, hormis pour son équipe cycliste qui participe au Tour de France. Le groupe appartient à cette nébuleuse de l’assurance, un monde complexe, opaque. Mais il est plus qu’une assurance ou qu’une mutuelle. C’est un groupement de protection sociale qui est régi par le code de la Sécurité sociale et est dirigé et contrôlé par les organisations syndicales (entreprises et salarié·es).
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Car il n’y a pas que l’État qui lorgne sur les réserves de l’Agirc-Arrco. Depuis plusieurs années, les assureurs, les fonds de pension, les gérants d’actifs, à l’instar de BlackRock, tournent autour de cette manne qui leur échappe et cherchent par tous les moyens à miner l’édifice de la retraite par répartition. « Cela fait des années que les vautours tournent autour de notre système de retraite, insinuent le doute dans les esprits sur sa solidité pour le mettre à terre », relève un proche du dossier. « Réussir à privatiser AG2R porterait un coup terrible à l’ensemble du système », reconnaît un représentant syndical qui redoute l’effet domino.
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La situation au sein du groupe est devenue incontrôlable. Alimentant les peurs, la direction évoque le risque d’une implosion. « AG2R est en danger. Bruno Angles divise le corps social. Il n’est plus en capacité de diriger le groupe », affirme Sophie Binet. « En moins de deux ans, on ne peut que constater que les dégâts internes et externes provoqués par la gestion de Bruno Angles sont considérables. Il faut que cela s’arrête. […] Il est incompréhensible que Bruno Angles soit encore en place, sinon à considérer qu’il a de solides appuis dans un cercle très proche du pouvoir qui ne rêve que de donner aux fonds de pension les retraites complémentaires du privé », complète François Hommeril.