• Environnement . Dans le nord du Japon, des “tonnes” de poissons échoués et beaucoup de questions
    https://www.courrierinternational.com/article/environnement-dans-le-nord-du-japon-des-tonnes-de-poissons-ec

    Des plages de la ville de Hakodate entièrement recouvertes de poissons morts, le 7 décembre 2023, sur l’île de Hokkaido. Photo YOSHINORI YASUI/The Yomiuri Shimbun/AFP

    Dans le nord du Japon, des “tonnes” de poissons échoués et beaucoup de questions

    Ces derniers temps, une quantité impressionnante de sardines et de maquereaux se sont échoués sur des plages de Hokkaido, dans le nord de l’archipel. Alors que les médias étrangers pointent le rejet d’eau contaminé de Fukushima, la presse japonaise note que tout peut s’expliquer par des raisons naturelles et que le phénomène ne serait pas si exceptionnel.

    Que se passe-t-il dans les fonds marins japonais ? Dans le sud de l’île de Hokkaido, dans le nord du Japon, les habitants voient ces derniers jours des sardines et maquereaux s’échouer massivement sur des plages. Ainsi, dans la ville d’Esashi, qui donne sur la mer du Japon (ou mer de l’Est), des pêcheurs locaux ont trouvé une tonne de sardines mortes le 13 décembre, a rapporté la chaîne de télévision locale STV News. Les autorités locales appellent à ne pas consommer ces poissons tant que la cause de leur mort est inconnue.

    Cet incident fait suite à un phénomène similaire, mais d’une plus grande ampleur, constaté le 7 décembre sur les côtes de la ville de Hakodate, où des plages entières ont été littéralement recouvertes par des sardines et maquereaux échoués. “On estime la quantité à 1 200 tonnes”, a rapporté le journal Asahi Shimbun.

    Incident diplomatique
    Très spectaculaires, les images de ces plages jonchées d’un tapis de poissons morts ont même fait le tour du monde, au point de provoquer un petit incident diplomatique. En effet, certains médias étrangers ont attribué la cause du phénomène au rejet dans l’océan Pacifique de l’eau contaminée de la centrale de Fukushima, endommagée lors de l’accident de 2011.

    https://youtu.be/Y13sm_svv5s?feature=shared

    “Des milliers de tonnes de poissons morts se sont échoués sur une plage du nord du Japon, alimentant l’hypothèse selon laquelle le rejet d’eau radioactive en provenance de la centrale nucléaire de Fukushima aurait causé des ravages dans l’écosystème local”, écrivait, le 8 décembre, le tabloïd britannique The Daily Mail.

    Les autorités locales rejettent en bloc le lien entre la contamination radioactive et l’échouage de poissons. “C’est une fausse information sans fondement scientifique”, tranche le gouvernement de Hokkaido, cité par le journal régional Hokkaido Shimbun. Jugeant l’article du Daily Mail “inapproprié”, le ministère des Affaires étrangères nippon a admis avoir pris contact avec le quotidien britannique, en avançant qu’“aucune anomalie n’a été constatée” depuis le début du rejet des eaux de Fukushima en août, selon le journal national Chunichi Shimbun.

    Phénomène pas si rare

    Quant aux scientifiques japonais, ils se montrent également très sceptiques sur le bien-fondé de cette théorie. Si la cause précise est encore inconnue, le phénomène a eu lieu “soit parce qu’un banc de poissons s’est retrouvé coincé dans une masse d’eau froide et est resté bloqué, [soit] peut-être [parce] que les poissons ont été acculés jusqu’à la côte par des prédateurs comme des dauphins pour au final s’échouer sur les plages”, analyse le biologiste marin Takashi Fujioka, interrogé par l’édition japonaise du Huffington Post.

    De fait, en dépit de ces images spectaculaires, l’échouage de poissons sur des plages est un phénomène parfois constaté, surtout en hiver. “C’est un phénomène qui se produit une fois par poignée d’années”, continue Fujioka, en rappelant qu’en décembre 2021 un nombre massif de sardines se sont échouées sur la plage de la ville de Matsumae, également dans le sud de l’île de Hokkaido.

  • Yiddish : comment la langue a survécu à l’anéantissement
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/l-info-culturelle-reportages-enquetes-analyses/yiddish-comment-la-langue-a-survecu-a-l-aneantissement-4339427

    Un film sort en salles, tourné en yiddish par un jeune cinéaste français, alors que l’on croyait la langue sur le point de disparaître. Retour sur l’histoire de cette langue devenue objet d’études grâce à une pionnière nommée Rachel Ertel, et sa survie souterraine.

    Shtetel ”, en yiddish, la langue des juifs d’Europe centrale et orientale, désigne les villages et les bourgades de cette partie du monde où des juifs, il y a mille ans, ont partagé une langue par-delà les frontières. Shttl , c’est le nom du film du réalisateur français Ady Walter qui sort en salles ce 13 décembre 2023 avec la particularité d’avoir été tourné en yiddish à un âge tout le monde tenait la langue pour morte, ou à peu près. Le titre de ce film de fiction qui raconte les 24 dernières heures d’un village de l’actuelle Ukraine à l’époque du nazisme a perdu son E : c’est un hommage du cinéaste à Georges Perec. En 1969, avait paru La Disparition, entièrement écrit sans la lettre E, pourtant la plus courante de la langue française. Par cette contrainte faite à sa littérature et le pari un peu fou d’écrire malgré tout, Perec entendait à l’époque manifester l’encastrement des béances laissées par la Shoah : l’absence de sa mère, déportée et assassinée à Auschwitz, et aussi la perte de la langue.

    Tourné en yiddish cinquante ans plus tard à la faveur d’un casting ardu qui n’a pas recruté que des comédiens juifs, Shttl montre que le yiddish n’est pas mort. Le film fait exister la langue vernaculaire des juifs d’Europe, qui emprunte à 75% à l’Allemand mais aussi à l’araméen, au français, à l’hébreu, ou encore à l’anglais. Et le yiddish, paraît ainsi sortir du souterrain. Alors que 11 millions de locuteurs le parlaient ordinairement à la veille de la Seconde guerre mondiale, l’idiome n’a pas réellement résisté à l’anéantissement des juifs sous le nazisme : le yiddish dans la vie de tous les jours n’est plus la langue de grand monde. Rachel Ertel, traductrice et grande pionnière des études yiddish, dira même que c’est “ la langue de personne ” : c’est le titre d’un grand livre qu’elle signait en 1993 aux éditions du Seuil, dans la collection “ Librairie du XXIe siècle ” de Maurice Oleander. Pour autant, le yiddish n’est pas mort tout à fait, loin s’en faut. Et c’est notamment à Rachel Ertel qu’on le doit.

    La langue apparaissait pourtant décimée pour de bon, et un mille-feuilles de brimades, d’antisémitisme et de vieilles hiérarchies avaient en effet resurgi dès la chute du nazisme. Par exemple parce que l’Union soviétique de Staline, déjà, avait fait interdire le yiddish. Il suffit de voir qu’au procès des grands criminels nazis, à Nüremberg, le premier témoin juif (et pourtant ils ne seront pas nombreux) n’avait pas obtenu ce qu’il avait pourtant clairement réclamé : s’exprimer dans sa langue, c’est-à-dire celle d’avant la Shoah, mais aussi celle des morts.

    Ce témoin s’appelait Avrom Sutzkever et parce qu’il a écrit sur son passage devant les juges de Nüremberg, on sait combien il importait pour lui de parler yiddish alors. Et comment il s’était lui-même trouvé fort étonné du niveau somme toute assez correct du russe qui lui était venu aux lèvres in extremis alors qu’on lui avait refusé sa langue maternelle : Sutzkever, qui était un grand poète, avait survécu parce qu’il avait réussi à s’extirper du ghetto de Varsovie par les égouts, avant de rejoindre le territoire soviétique. Lui qui était revenu dans sa Pologne natale aux côtés des troupes de l’armée rouge était devenu le témoin de la délégation soviétique, à Nüremberg. Et en même temps un témoin privé de sa langue. Le 17 février 1946, la veille de son témoignage, il avait pourtant écrit : " J’irai à Nuremberg. […] Je mesure la responsabilité écrasante qui m’incombe, dans ce voyage. Je prie pour que les âmes évanouies des martyrs se manifestent à travers mes paroles. Je veux parler en yiddish. Pas question d’une autre langue. " Ironiquement, c’est parce que, plus tard, Rachel Ertel notamment, a traduit ces pages, qu’on en a connaissance. Mais lui-même le racontera aussi dans les médias français qui l’inviteront dans les années 1980 : dans les archives de France culture, rediffusées par les Nuits ultérieurement, on retrouve par exemple cinq émissions avec Sutzkever au micro d’André Velter en 1988 :

    Langue sans frontières ni patrie
    La création de l’État d’Israël, en mai 1948, n’avait pas non plus été une bonne nouvelle pour le yiddish. Israël avait choisi l’hébreu, jusque-là une langue plutôt plus religieuse que le yiddish contrairement à ce qu’on croit parfois, et en avait fait sa voix nationale. A nouveau, l’hybride yiddish, sans frontières ni patrie, tranchait avec l’objectif national. Pour toujours alors, le yiddish apparaîtra comme la langue de la diaspora et en Israël, parler yiddish sera longtemps modérément toléré, voire déconseillé ou méprisé.

    Mais à New York et dans quelques communautés établies ici ou là en Amérique du Nord, l’idiome avait résisté. Un théâtre en yiddish existait à New York depuis 1882 déjà. Sur place, les ultra-orthodoxes notamment le parleront plus tardivement qu’ailleurs, et en préserveront en partie la trace. C’est notamment pour cette raison que le yiddish embarquera sur le tard une dimension plus spirituelle et religieuse que celle qu’il avait jamais eu avant la Seconde Guerre mondiale. Au risque de se voir souvent accoler à tort l’image d’un vieux rabbin avec une barbe. Alors que la vitalité très séculaire de la vie yiddish telle qu’elle s’ouvrait dans les années 1920 ou 1930 n’avait pas grand chose de religieux. Les mélodies klezmer embarquent encore la trace d’une vie rythmée. Mais entre-temps, la langue avait aussi revêtu une dimension sacrée du fait même qu’elle avait été, et restait la langue des disparus.

    Mais l’Amérique du Nord n’était pas resté le seul lieu de la culture yiddishophone survivante. Qui sait qu’à Paris, dans les années 1980, paraissait encore le tout dernier quotidien yiddishophone au monde ? Toute une activité culturelle souterraine perdurait, à bas bruit le plus souvent. Des livres, pourtant, se publiait : il en paraîtra même davantage dans les années 1950 ou 1960 que dans l’entre-deux guerres à partir du moment où les survivants chercheront à témoigner de la Shoah (le genre porte un nom yiddish : ’Yizker-bikher -’et si vous êtes germaniste vous reconnaitrez “ livre ” derrière bikher .

    Mais la transmission cependant ne se faisait pas, ou trop peu. Et c’est la pratique du yiddish comme langue du quotidien. qui s’évaporait. Il n’était plus " la langue de la mère ", le mameloshn comme cela se dit en yiddish, et cela charrie à la fois affection, attachement, et désormais mélancolie. C’est à ce moment-là, et parce qu’elle était devenue une spécialiste de littérature américaine, que Rachel Ertel a intensément contribué à la préservation du yiddish. Non seulement comme langue, en tant que traductrice, et fine exégète de tant de poètes pour qui elle édifiera des anthologies ; mais encore de la culture yiddish. Et d’ailleurs, l’universitaire préfère souvent dire " culture yiddish " à " culture juive ", faisant exister au passage le monde yiddishophone et ses onze millions de locuteurs d’avant-Hitler comme un peuple en soi.

    Clivage psychologique
    Parce qu’elle avait étudié aux Etats-Unis, puis soutenu une thèse sur les écrivains juifs américains, Rachel Ertel a rapporté le yiddish dans ses bagages : c’est alors qu’elle enseignait la littérature des minorités américaines à l’université de Jussieu à Paris, dans les années 1970, qu’elle a créé le tout premier cours sur la littérature yiddish. Puis des cours de yiddish, tenant ensemble la langue, et l’enseignement de la culture. Le tout débouchera plus tard sur la première chaire d’études yiddish, qu’elle occupera : les deux tenaient ensemble. De ces cours, l’intellectuelle racontera plus tard qu’ils étaient d’abord suivis par des étudiants " clivés ", venus chercher là l’introuvable : " L’obstacle le plus dur à surmonter ne fut pourtant pas d’ordre matériel. Il était d’ordre psychologique. Les étudiants étaient clivés. Ils ne savaient pas au juste ce qu’ils venaient chercher. Ils venaient surtout combler des vides incomblables. Écrire la langue au tableau était exposer quelque chose qui était de l’ordre de leur intimité. Une fois ceci accepté, des étudiants bardés de diplômes, qui avaient appris le grec, le latin, le sanscrit, le russe, l’allemand, s’obstinaient à dire que leurs grands-mères ne déclinaient pas, ne conjuguaient pas. Eux qui avaient appris plusieurs alphabets ne parvenaient pas à retenir les vingt-deux lettres de l’aleph-beys yiddish. "

    Native de 1939 dans l’actuelle Lituanie, Rachel Ertel avait passé la guerre en Sibérie, écartée par le pouvoir soviétique au prétexte que son père, bundiste, était ce qu’on appelait un " ennemi du peuple ". A la chute du nazisme, sa mère et son beau-père s’installeront en France et c’est à Paris, rue Denis Patin, dans ce foyer où s’était installé sa famille entourée de quantité d’écrivains yiddishophones, qu’elle avait pour de bon chevillé à elle cette langue. Elle le racontait notamment sur France culture dans la série A voix nue, en 2017 :

    Pologne-Sibérie-Pologne : 1939-1948
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/a-voix-nue/pologne-siberie-pologne-1939-1948-3798843

    Adulte, Rachel Ertel ne cessera de la restituer. Non seulement en étant celle qui fera du yiddish, et de cette culture, un objet d’études. Mais encore en traduisant de nombreux ouvrages, là où dans les années 1990, on ne comptait encore que trois cents ouvrages traduits du yiddish au français par exemple. Traductrice, Rachel Ertel exhumera cette langue et cultivera cette histoire. Mais elle a aussi des mots très subtils pour exprimer la manière dont son activité de traductrice dynamique l’a toujours plongée dans un état émotionnel bien particulier - à la différence de l’anglais, qu’elle traduit aussi : alors qu’elle fait vivre cette histoire littéraire et en même temps celle de ces auteurs yiddish comme personne, elle explique avoir toujours eu une conscience aigue du fait qu’elle contribuait malgré tout à enterrer cette langue dès lors que des traductions seraient disponibles. Rares seront ceux, en effet, qui feront le geste d’ouvrir la version originale.

    En 1996, le Conseil de l’Europe alertait : le yiddish allait disparaître. L’année précédente seulement, le tout premier colloque jamais organisé avait enfin un lieu. La collection " Domaine yiddish " créée et animée par Rachel Ertel, d’abord au Seuil puis chez Julliard et enfin Liana Levi, avait fini par faire des petits : le yiddish se lisait, se racontait, se distribuait. C’est dans la foulée que sortiront des limbes la Maison de la culture yiddish, à Paris en 2002, et sa bibliothèque. Des cours, aussi, ouvraient comme jamais au tournant du siècle, et quatre fois plus d’élèves se formeront pour apprendre le yiddish en l’intervalle de vingt ans. La langue n’était pas morte.

    Signe de sa reconnaissance institutionnelle, en 2012, les ambassadeurs de France, d’Israël et des Etats-Unis auprès de l’Unesco assistaient à Paris à un colloque sur la culture yiddish devant un public de six cents personnes. C’est Rachel Ertel qui prenait en charge la leçon inaugurale du colloque cette année-là, et elle prononçait notamment ces mots : " Dans l’Histoire que nous vivons maintenant la marginalité a remplacé la centralité. Si le peuple juif pendant longtemps a été, par son caractère diasporique, exceptionnel, cette exceptionnalité est devenue la centralité du monde contemporain. Les guerres de plus en plus meurtrières, les changements climatiques qui provoquent famines et misère économique, imposent à des populations de plus en plus nombreuses une existence diasporique. Ces populations seront de plus en plus souvent amenées à des langues de fusion. Si je déplore les guerres et la misère, je suis loin de déplorer le métissage et la bâtardise, fondement même de la langue yiddish, qui peu à peu deviendra le paradigme de langues de plus en plus nombreuses. Car la vie est dans la mutabilité, sa permanence est dans la mutabilité."

  • Un jeune homme meurt après un « refus d’obtempérer » à Marseille
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/bouches-du-rhone/marseille/un-homme-de-22-ans-meurt-apres-un-refus-d-obtemperer-a-

    Un jeune homme est mort dans la nuit du vendredi 15 au samedi 16 décembre, en tentant d’échapper à un contrôle de police, dans le 9e arrondissement de Marseille.

    Un jeune homme âgé d’une vingtaine d’années est mort après un accident de scooter, à la suite d’un « refus d’obtempérer », selon deux sources policières. C’est en prenant un dos d’âne à vive allure, au guidon de son scooter de 650 cm3 que le jeune homme aurait perdu le contrôle de son véhicule, vers minuit, dans la nuit du 15 au 16 décembre, avenue de la Soude, dans le 9e arrondissement de Marseille.

    D’après une source policière, la victime aurait été en « défaut de permis de conduire, n’avait pas d’assurance et était en possession d’une petite quantité de stupéfiants et d’un couteau à cran d’arrêt ».

    « La caméra des policiers était enclenchée. Ils étaient à une centaine de mètres au moment de la perte de contrôle du véhicule », poursuit cette même source.

    L’homme vivait dans les quartiers Sud de Marseille. Le parquet de Marseille a indiqué à France 3 Provence-Alpes qu’il communiquerait sur les faits dans la journée.

  • The Stranglers - Ground Control - Regarder le programme complet | ARTE Concert
    https://www.arte.tv/fr/videos/114220-000-A/the-stranglers

    https://api-cdn.arte.tv/img/v2/image/q2uTKwpdEs9Q7HkZXpfDwf/1920x1080?type=TEXT&watermark=true

    [...]

    2021

    0:51 Water
    5:14 I’ve Been Wild
    8:59 This Song
    12:11 Norfolk Coast
    16:01 Always The Sun
    20:52 Don’t Bring Harry
    25:39 White Stallion
    30:30 Relentless
    35:34 Hanging Around
    39:55 No More Heroes
    43:37 The Last Men on the Moon
    50:21 Walk on by
    56:16 Go Buddy Go
    1:00:08 Tank

  • Rémi Lemaître, sociologue : « Vivre du RSA, c’est un vrai boulot ! » | Propos recueillis par Sabine Germain
    https://www.alternatives-economiques.fr/remi-lemaitre-sociologue-vivre-rsa-cest-un-vrai-boulot/00108982

    Le sociologue Rémi Lemaître a mené une étude de terrain pour le compte du département de l’Hérault afin de comprendre le fossé qui semble se creuser entre les personnes en insertion et le monde du #travail.

    Entre février 2022 et février 2023, ce spécialiste de la jeunesse dans les quartiers et en milieu rural a conduit 130 entretiens avec des institutionnels, des professionnels de l’insertion et de l’#emploi, des demandeurs d’emploi, des #allocataires du #RSA et des employeurs. Il a observé que les pratiques actuelles d’insertion amènent les allocataires à vivre dans un monde parallèle de #solidarité et de #débrouille qui les fait décrocher progressivement du monde du travail.

    Selon la Cour des comptes, sept ans après leur entrée au RSA, 34 % des allocataires ont retrouvé un emploi dont un tiers seulement est stable. Aujourd’hui, sur les 1,89 million de bénéficiaires (6,9 millions avec les conjoints et les enfants à charge) du revenu de solidarité, 65 % vivent en deçà du seuil de pauvreté. Rémi Lemaitre revient sur les ressorts qui les isolent du monde du travail et sur la relative impuissance des recruteurs et des professionnels de l’insertion.

    Vous vous êtes intéressé à la représentation que les demandeurs d’emploi ont du monde du travail. Pourquoi ?

    Rémi Lemaître : Le département de l’Hérault a voulu comprendre pourquoi un fossé semble se creuser entre les demandeurs d’emploi – dont les allocataires du RSA – et le monde du travail. Les conseillers en insertion ont le sentiment que l’emploi n’occupe plus une place centrale dans leur tête. Ils ont besoin de comprendre pourquoi.

    Je suis allé chercher des réponses sur le terrain, à la rencontre des trois acteurs de l’insertion : les conseillers, les bénéficiaires et les employeurs. Je les ai tous trouvés très démunis : les professionnels de l’insertion, dont les dispositifs n’attirent plus grand monde ; les employeurs qui, du petit artisan à la grosse PME, n’arrivent plus à recruter ; et les demandeurs d’emploi, qui ne trouvent plus de sens au monde du travail.

    Comment cela se manifeste-t-il du côté des allocataires du RSA ?

    R.L. : Il faut se rendre compte de la plongée que représente l’entrée en RSA : c’est un changement radical de vie. Le soulagement d’avoir ce filet de sécurité qui permet de « ne pas tomber plus bas » est très vite gâché par la #honte et le sentiment d’être jugé. Les allocataires du RSA apprennent alors à vivre avec cette honte, la #peur permanente de perdre son RSA au moindre faux pas et le sentiment d’extrême précarité qui envahit leurs jours et leurs nuits. Vivre avec 607,75 euros par mois1, c’est apprendre à économiser sur tout : l’alimentation, l’énergie, les déplacements…

    C’est une nouvelle identité ?

    R.L. : Dans une assemblée, un allocataire du RSA repère ses semblables au premier coup d’oeil. Il reconnait en eux cette expérience de la honte et de la précarité. De façon plus positive, il se rend compte qu’il peut partager avec eux ses expériences, ses galères, ses bons plans : après avoir déposé les enfants à l’école, par exemple, il a le temps de trainer et d’échanger avec ses « collègues ».

    Cela crée une forme de « nous », par opposition aux « autres », ceux qui ne peuvent pas comprendre ce qu’est la vie au RSA tant qu’ils ne l’ont pas vécue. C’est un « nous » très fort, mais un « nous » fait d’expériences plus que de valeurs partagées, qui ne conduit pas à des actions collectives.

    Ce « nous » les isole-t-il des « autres » ?

    R.L. : Vivre au quotidien avec le RSA mobilise une énergie considérable pour se nourrir, élever ses enfants, trouver des aides pour payer une facture… Peu à peu, les allocataires du RSA apprennent à vivre autrement, dans un monde parallèle où l’on sait se débrouiller sans consommer ni se déplacer, où l’on développe des liens de solidarité très forts. Cela les éloigne progressivement de la société.

    Certains finissent par penser que le monde qu’ils sont en train de créer est meilleur que le monde dans lequel ils vivaient auparavant : c’est un monde plus « essentiel », où l’on consomme et l’on pollue peu, où la solidarité et importante. On peut y voir une façon de retourner le stigmate : l’opinion publique les voit comme des bons à rien et des profiteurs ; ils se voient comme l’avant-garde d’un monde plus vertueux. Certains deviennent très critiques à l’égard de la société, avec des positionnements politiques très forts.

    Un retour à l’emploi est-il possible ?

    R.L. : L’emploi n’est généralement que l’une des difficultés des allocataires du RSA qui ont aussi des problèmes de famille, de santé, d’addictions… Dans ces conditions, le retour vers un emploi à plein temps et en CDI est illusoire. En général, quand un allocataire du RSA retravaille, c’est pour une durée très courte et peu de revenus. Mais cela peut suffire à lui faire perdre le bénéfice de ses allocations.

    Des mécaniques perverses se mettent alors en place : certains allocataires préfèrent renoncer à une mission, cacher certaines informations à leur conseiller, travailler au noir ou même bénévolement pour ne pas risquer de « perdre leur RSA ». D’autres s’isolent et s’écroulent. Dans un cas comme dans l’autre, on ne peut pas dire que cela les rapproche de l’emploi.

    Les rapprocher de l’emploi, c’est pourtant la mission – et bien souvent la vocation – des professionnels de l’insertion…

    R.L. : Là encore, des mécaniques perverses contribuent à enlever tout sens au travail et à l’emploi. Les logiques de l’#insertion reposent en effet sur des dispositifs (les #chantiers_d’insertion par exemple) que les conseillers doivent « remplir », quitte à orienter des demandeurs d’emploi vers des métiers qui ne les intéressent pas.

    Cela participe de la démobilisation de tous les acteurs : les demandeurs d’emploi, mais aussi leurs conseillers qui n’ont pas l’impression de bien les accompagner, et les employeurs qui se retrouvent avec des travailleurs orientés par défaut. C’est une façon d’ôter toute valeur aux notions de profession et de métier à un moment où l’on ne cesse de vanter la valeur travail.

    De retirer de la valeur au travail ou à l’emploi ?

    R.L. : Les deux ! C’est un mouvement que j’observe dans l’ensemble de la société, et pas seulement dans le monde de l’insertion. Je l’ai vu récemment avec un jeune serveur qui aimait réellement son travail. A la demande de son employeur qui ne voulait plus le salarier, il s’est établi en tant qu’auto-entrepreneur.

    Au fil du temps, il a été appelé pour d’autre missions : des petits déménagements, des transports d’objets… Plus le temps passe, moins il est serveur. Cela lui convient : il travaille moins qu’avant, avec des petites missions plus rémunératrices. Peu à peu, il ne cherche plus que ces petits boulots. Il n’a donc plus du tout l’idée d’avoir un emploi, une carrière.

    De même, les employeurs – échaudés par leurs difficultés à recruter et fidéliser des salariés – ne cherchent plus des personnes ayant des compétences ou de l’intérêt pour le métier qu’ils proposent : ils veulent juste quelqu’un qui vient au boulot à peu près à l’heure. Et s’il ne vient pas, ils essaieront d’en trouver un autre. Les notions de travail et d’emploi ont été dynamitées. Il n’en reste finalement plus que l’#argent qu’il procure…

    #chômeurs #salaire

  • Are You Ready (Live At Jacksonville Coliseum, FL, 1970 / Remastered 2002) - YouTube

    https://youtu.be/s54FiHdZL7c?feature=shared

    Quand il est question de Hard rock des 70’s on pense souvent aux grandes références anglaises (Deep Purple, Led zep, etc.). Il est rarement question de Grand Funk, ce groupe éminemment prolétaire (et souvent méprisé), usinant un rock brut de décoffrage des plus percutants. Le public ne s’y trompait pas. Le trio développait ses meilleures prestation en live, comme ici.

    Une fois passées ces première années explosives, Grand Funk s’est perdu dans des productions vaseuses. En 74 s’était déjà mort.

  • Le conflit israélo-palestinien bouscule les facs américaines
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-transition-de-la-semaine/le-conflit-israelo-palestinien-bouscule-les-facs-americaines-4772312

    https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/16740-09.12.2023-ITEMA_23578802-2023C49329S0343-21.mp3

    [...]
    Pourquoi l’affaire est-elle remontée jusqu’au Congrès ? "Le soutien très clair en faveur de la Palestine et une difficulté parfois à condamner ouvertement les événements du 7 octobre ont dérangé. L’usage du mot « Intifada » aussi a posé beaucoup de problèmes aux élus du Congrès qui ont demandé à des présidents d’universités d’expliquer l’usage de ce terme."
    [...]

    Et uniquement dans le podcast, vient :

    l’usage de ce terme [intifada] est vu [par les membres du congrès] comme une forme d’antisémitisme

    Le problème dans cette affaire est, me semble-t-il, l’amalgame opéré entre intifada et antisémitisme.

    Un amalgame qui n’est remis en question ni par les directrices d’université (visiblement) ni par les commentateurs, les « spécialistes » et les journalistes. S’agirait-il de la résurgence de nouvelles formes de maccarthysme ?

    • Partant de cet amalgame, l’interview déballe ensuite tranquillement les pires énormités : « appeler au génocide des juifs », référence aux défilés nazis aux USA dans les années 30...

    • quand on trouve pas d’antisémitisme à instrumentaliser, on l’invente. et voilà que les accusé.e.s elleux-mêmês ne récusent pas la prémisse fallacieuse dont relève leur procès...
      au delà de la situation en Palestine, [et puisqu’il s’agit du mot Intifada] c’est toute révolte, tout soulèvement qui sont visés. l’obscurité enveloppe ce monde.

    • Comment la guerre Israël-Hamas a déchiré Harvard
      https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/17/comment-la-guerre-israel-hamas-a-dechire-harvard_6206253_3210.html

      Interrogée le 5 décembre sur les débordements antisémites sur les campus, avec ses collègues de Penn University, Elizabeth Magill, et du Massachusetts Institute of Technology (MIT), Sally Kornbluth, Claudine Gay, 53 ans, est incapable de répondre clairement à la question posée par la représentante au Congrès, la républicaine Elise Stefanik. « Est-ce que l’appel au génocide des juifs viole le code de conduite » des universités en matière de harcèlement et d’intimidation ? « Cela peut être le cas, selon le contexte, comme cibler un individu », répond Claudine Gay, à l’instar de ses deux collègues.

      Obsédées par la défense de leur règlement intérieur sur la liberté d’expression, les trois présidentes restent rivées aux éléments de langage préparés par les juristes. « Cela ne dépend pas du contexte. La réponse est oui, et c’est pourquoi vous devriez démissionner », lance Elise Stefanik. Précision notable : cette représentante trumpiste avait démarré l’audition en assimilant le fait d’appeler à l’Intifada (« soulèvement » en arabe) à celui de « commettre un génocide contre les juifs en Israël et au niveau mondial ». Cette définition toute personnelle, non contestée en séance, a fait basculer le débat du soutien à l’Intifada à la question du génocide.

      https://jpst.it/3vwZp

      La pratique de la critique politique étant désormais durablement colonisée par les milieux universitaires, et cela, en particulier, dans le pays de l’oncle Sam, on en vient à considérer qu’il est plus important de mener des guerres de position que de défendre la rationalité factuelle, quant au fond ; à savoir, la non réfutation de l’amalgame entre « intifada » et « antisémitisme », évoquée dans mon précédent message. Une non réfutation qui pose de sérieux problème sur la capacité de cette personne à mener une méthodologie d’argumentation sur des bases scientifiques, me semble-t-il.

      Le plus important pour ces milieux, n’est visiblement pas la réalité factuelle - en particulier, ce qui se passe en Palestine - mais l’avenir de l’institution universitaire, à savoir :
      1) les profils des membres des directions, (sont-ils représentatifs de la « diversité » ?) ;
      2) le discours qui doit s’y tenir (doit-il y avoir un distinguo entre le discours scientifique des enseignants et la liberté d’expression des étudiants ?) ;
      3) et, surtout, le financement.

      Du rôle des intellectuels ?

    • Harvard Is Ignoring Its Own Antisemitism Experts
      https://jewishcurrents.org/harvard-is-ignoring-its-own-antisemitism-experts?token=5WMIOB4HE85XG

      But while Gay’s letter suggests that the task force will explore what she casts as a worrisome relationship between antisemitism and activism for Palestinian rights, none of its members have conducted scholarly research into this supposed intersection. Most notably absent from the advisory group was Derek Penslar, the director of Harvard’s Center for Jewish Studies and a leading scholar of Zionism and its critics. His acclaimed recent book, Zionism: An Emotional State, includes a chapter entitled “Hating Zionism,” on the different motivations that have driven Zionism’s opponents since its creation. Given the relevance of his scholarship, Penslar would have seemed an obvious choice for the advisory group. But according to four faculty members familiar with Jewish studies at Harvard who requested anonymity to discuss internal university affairs, not only was he not selected, he wasn’t even consulted. One professor compared snubbing Penslar to “creating a task force on AI without consulting the chair of the department of computer science.”
      Why wasn’t Penslar chosen? One likely factor is that he signed the Jerusalem Declaration on Antisemitism (JDA), which states that “criticizing or opposing Zionism” is not necessarily antisemitic. By contrast, most of the people appointed to the advisory group—none of whom have Penslar’s expertise—have made public statements alleging that anti-Zionism is antisemitic, or are affiliated with organizations that hold that view. Though Gay’s email claims that the advisory group is committed to “bringing our teaching and research mission” to bear in the fight against antisemitism, the group’s composition suggests that its members were selected less for their scholarly credentials than for their political beliefs, which align with those of influential donors, some of whom have already withdrawn funding or have threatened to do so.
      The advisory group’s composition suggests that its members were selected less for their scholarly credentials than for their political beliefs, which align with those of influential donors.
      Harvard is not the only university where political considerations have trumped scholarly ones in the wake of October 7th. The presidents of New York University and the University of Pennsylvania have also responded to alumni pressure to define anti-Zionism as Jew-hatred with initiatives designed to validate that view. In so doing, they are not only threatening pro-Palestinian speech; they are undermining their universities’ academic integrity. “Scholars with a more nuanced view of antisemitism know that challenging the activities of a government, or even questioning its legitimacy, is not antisemitism,” Lior Sternfeld, an associate professor of history and Jewish studies at Penn State, told me. “Yet their expertise is rejected or sidelined because it is not what the donors and the Jewish establishment want. They don’t want a more scholarly conversation about antisemitism.”

      Intellectuels, certes, mais avant tout employés jetables d’institutions universitaires dépendantes de fonds privés qui ne financent pas « la critique » mais la reproduction d’une élite. La prise en compte des titres et qualification intellectuelles ou scientifiques en dépend. Les rapports de forces politiques sont au centre du gouvernement de ces facs.

      #universités_américaines #antisémitisme #antisionisme #E-U

      edit

      In addition to Penslar, Harvard boasts Sara Roy, who in addition to being one of the world’s leading experts on Hamas and the political economy of the Gaza Strip, is a child of Holocaust survivors who has written powerfully about how the humiliation she witnessed in Gaza helped her understand her parents’ experience of antisemitism in Europe .

      #uprising #intifada #soulèvement #révolte #université #institutions

    • Que les universités aient pour principale fonction de reproduire les élites (et non de produire une quelconque forme de critique sociale effective), cela ne fait absolument aucun doute pour moi. C’est pour cela que j’ai indiqué que la critique politique était actuellement colonisée par les milieux universitaires, y compris en France où l’on ne manque jamais de faire références à telle ou telle « critique radicale » issue des universités étasuniennes.

    • Non, les universités n’ont pas pour principale fonction de reproduire les élites, sinon il n’y aurait pas 2 millions d’étudiants en France. On parle là d’universités d’élite (qui fabriquent aussi des salariés ordinaires), comme on parlerait ici de grandes écoles ou de filères de luxe (il serait plus que temps d’en finir y compris avec le discours sur les « chiens de garde la bourgeoisie » à propos dune université dont les effectifs se sont massifiés à un tel point). Mais ce n’était pas le point que je soulevais qui était plutôt d’observer comment cette madame Gay, et d’autres, peuvent passer pour complaisants avec l’antisémitisme (attaque des conservateurs) et tout faire, y compris sans aucun scrute intellectuel, jusqu’à exclure la critique du sionisme, pour tenter d’éviter que ce soit le cas, afin de ne pas perdre des postes de « direction » dont les bureaux et CA des universités décident.

    • Ah oui ! faut distinguer « élite » et « élites » ;-)

      Le fait qu’il y ait une massification n’est pas contradictoire avec la finalité de la construction sociale des élites (je maintiens), même si le choix des filières et le placement dans les grandes écoles constituent les critères déterminants.

      Alors, qu’il y ait massification des universités, oui mais combien d’étudiants ne dépassent pas 3 ans d’étude, faute d’avoir les moyens de suivre le parcours complet ? Certaines filières sont si peu valorisée qu’elle ne permettent pas objectivement aux étudiants BAC+5 de rejoindre socialement et financièrement la classe des privilégiés. Oui.

      Que l’université, depuis longtemps, soit aussi cette fabrique de « salariés ordinaires », comme tu le dis, c’est indéniable.

      Pour autant, c’est la même institution universitaire qui (re)produit aussi, en partie, la classe qui détient le pouvoir.

      La classe sociale dominante, qu’on le veuille ou non, est toujours constituée de ces personnes ayant traversé avec succès ces lieux d’apprentissage du pouvoir - notamment, les « bonnes filières universitaires », celles qui sont suffisamment compétitives. Ce sont ces anciens étudiants qui ont été socialement et financièrement en capacité d’aller au terme du « bon » cursus.

      Mais effectivement, dans le sujet qui nous occupe ici, le problème principal n’est pas là. Pour moi, c’est l’attitude pitoyable de ces directions d’université aux USA qui ne sont pas capables de tenir un minimum de rigueur et de cohérence théorique dans leur argumentaire, et cela, uniquement pour continuer de garder leurs postes et le financement des établissements.

    • La présidente de l’université Harvard, Claudine Gay, a démissionné à la suite d’accusations de plagiat et de débordements antisémites sur le campus
      https://www.lemonde.fr/international/article/2024/01/02/la-presidente-de-l-universite-harvard-claudine-gay-annonce-sa-demission-a-la


      La présidente de Harvard, Claudine Gay, lors de son audition devant le Congrès, le 5 décembre 2023. MARK SCHIEFELBEIN / AP

      La présidente de l’université Harvard, Claudine Gay, a démissionné à la suite d’accusations de plagiat et de débordements antisémites sur le campus

      Nommée en juillet, elle était vivement critiquée depuis une audition au Congrès en décembre, au cours de laquelle elle n’avait pas explicitement condamné les appels au génocide des juifs.

      Le Monde avec AP

      Claudine Gay, présidente de l’université de Harvard, a finalement annoncé sa démission, mardi 2 janvier. Cette professeure de sciences politiques, devenue en juillet la première présidente noire de l’université Harvard, située près de Boston, était depuis quelques semaines sous le feu des critiques. Visée par des accusations de plagiat liées à ses travaux universitaires, alimentées par un site conservateur, elle était surtout critiquée depuis une audition au Congrès, sur la lutte contre l’antisémitisme sur les campus, où elle n’avait pas condamné clairement des appels au génocide des juifs.

      « C’est le cœur lourd mais avec un profond amour pour Harvard que je vous écris pour vous annoncer que je vais quitter mon poste de présidente », a déclaré Claudine Gay, 53 ans, dans une lettre de démission publiée mardi. « Il est devenu clair pour moi qu’il est dans l’intérêt de Harvard que je démissionne afin que notre communauté puisse traverser cette période de défi extraordinaire en se concentrant sur l’institution plutôt que sur ma personne », explique-t-elle.

      Depuis l’attaque sanglante du Hamas en Israël le 7 octobre, suivie de représailles meurtrières de l’armée israélienne dans la bande de Gaza, le conflit déchaîne les passions dans les universités américaines les plus renommées. Mardi 5 décembre, dans une ambiance tendue, Claudine Gay et ses homologues de l’université de Pennsylvanie (Penn) et du Massachusetts Institute of Technology (MIT), Elizabeth Magill et Sally Kornbluth, avaient répondu cinq heures durant aux questions d’élus de la Chambre des représentants.
      Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Comment la guerre Israël-Hamas a déchiré Harvard

      Elles avaient notamment été interrogées sans ménagement par l’élue républicaine Elise Stefanik, qui a assimilé les appels de certains étudiants à l’« Intifada » à une incitation à « un génocide contre les juifs en Israël et dans le monde ». Lorsque Mme Stefanik avait demandé si « appeler au génocide des juifs violait le règlement sur le harcèlement à Harvard, oui ou non ? », Mme Gay avait répondu : « Cela peut, en fonction du contexte », avant d’ajouter : « Si c’est dirigé contre une personne. » « Si le discours devient acte, cela peut devenir du harcèlement, avait répondu Mme Magill à la même question. C’est une décision qui dépend du contexte. »

      Leurs réponses, devenues virales, avaient provoqué un tollé jusqu’à la Maison Blanche, dont un porte-parole, Andrew Bates, avait jugé « incroyable que cela doive être dit : les appels au génocide sont monstrueux ».

      « Il a été pénible de voir mis en doute ma détermination à lutter contre la haine et à faire respecter la rigueur scientifique – deux valeurs fondamentales qui sont pour moi essentielles – et effrayant d’être soumise à des attaques personnelles et à des menaces alimentées par du racisme », souligne Mme Gay dans sa lettre de démission, appelant la communauté de Harvard à « lutter contre les préjugés et la haine sous toutes ses formes ».

      La deuxième présidente de l’Ivy League à démissionner

      Après son audition au Congrès, Mme Gay avait présenté des excuses, déclarant au journal étudiant The Crimson qu’elle s’était laissée entraîner dans un échange houleux et qu’elle n’avait pas dénoncé correctement les menaces de violence à l’encontre des étudiants juifs. « Ce que j’aurais dû avoir la présence d’esprit de faire à ce moment-là, c’est de revenir à la vérité qui me guide, à savoir que les appels à la violence contre notre communauté juive – les menaces contre nos étudiants juifs – n’ont pas leur place à Harvard et qu’ils ne resteront jamais sans réponse », avait-elle déclaré.

      Cet épisode a entaché le début du mandat de Mme Gay à Harvard et a semé la discorde sur le campus. Plus de 70 parlementaires, dont deux démocrates, ainsi que des anciens étudiants et des donateurs de renom avaient réclamé le départ de Mme Gay. La présidente avait toutefois reçu le soutien de la communauté éducative et avait été maintenue mi-décembre dans ses fonctions.

      Elle devient la deuxième présidente de l’Ivy League, qui rassemble huit universités d’élite, à démissionner. En décembre, Elizabeth Magill, de l’université de Pennsylvanie, avait annoncé son départ face aux pressions.

      La commission parlementaire avait annoncé qu’elle enquêterait sur les politiques et les procédures disciplinaires en vigueur à Harvard, au MIT et à Penn. Des enquêtes fédérales distinctes sur les droits civils ont déjà été ouvertes à Harvard, à Penn et dans plusieurs autres universités à la suite de plaintes déposées auprès du ministère de l’éducation américain.

      « Attaques personnelles »

      L’instance dirigeante de l’université Harvard, qui a accepté mardi la démission de Mme Gay, a salué sa « résilience remarquable face à des attaques continues et profondément personnelles ». « Si une partie de cette affaire a eu lieu de façon publique, une grande partie a pris la forme d’attaques immondes et dans certains cas racistes contre elle via des emails et des appels téléphoniques honteux », précise l’institution dans un communiqué.

      La républicaine Elise Stefanik a de son côté qualifié sur le réseau social X cette démission de « très tardive », assurant qu’il s’agissait du « début de ce qui constituera le plus grand scandale de toute l’université dans l’histoire ».

      « Résilience remarquable » ou esprit de sacrifice, peut importe les mots permettant de décrire une position défensive personnelle qui traduit avant tout la défaite de l’expression politique anticolonialiste et antiraciste - notamment, la cause palestinienne - sur les campus étasuniens, c’est à dire, là où elle est censée (selon ses détracteurs) être la plus répandue et la plus influente. Il ne faudra pas oublier de remarquer le rôle de l’administration politique démocrate dans cette affaire.

  • Au Texas, la Cour suprême suspend une autorisation d’avortement
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/09/au-texas-la-cour-supreme-suspend-une-autorisation-d-avortement_6204806_3210.


    Molly Duane, avocate du Center for Reproductive Rights, qui représente Kate Cox, devant le tribunal d’Austin, le 19 juillet, dans le cadre d’une précédente affaire. SUZANNE CORDEIRO / AFP

    La Cour suprême de cet Etat américain très conservateur a suspendu, vendredi, la décision d’une juge qui avait autorisé, la veille, une femme de 31 ans à la grossesse très risquée à bénéficier d’un avortement.

    Le Monde avec AP et AFP

    La Cour suprême de l’Etat américain conservateur du Texas a empêché, vendredi 8 décembre, une femme à la grossesse très risquée de bénéficier d’un avortement, ont rapporté des médias américains.

    Elle avait été saisie par le procureur général Ken Paxton en vue d’empêcher Kate Cox d’avoir recours à l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Dans une ordonnance d’une page, le tribunal a annoncé qu’il suspendait temporairement la décision, sans se prononcer sur le fond.

    Jeudi, Maya Guerra Gamble, une juge du Texas, avait autorisé cette femme de 31 ans – dont la grossesse pourrait, selon son médecin, menacer sa vie et sa fertilité – à recourir à l’IVG ; une décision remarquable dans cet Etat qui interdit l’avortement sauf très rares exceptions, une des législations les plus strictes en la matière aux Etats-Unis.
    Lire aussi : Une juge du Texas autorise une femme à la grossesse très risquée à avorter

    Kate Cox, enceinte de vingt semaines lorsqu’elle a poursuivi le Texas pour obtenir le droit d’avorter, avait eu la confirmation que son fœtus était atteint de trisomie 18, une anomalie chromosomique associée à des malformations graves. Selon ses arguments, elle présente une très forte probabilité de fausse couche ou de mortinatalité et de faibles taux de survie. En outre, les médecins lui ont déclaré que si le rythme cardiaque du fœtus s’arrêtait, déclencher l’accouchement entraînerait un risque de rupture utérine en raison de ses deux césariennes antérieures, et qu’une autre césarienne mettrait en danger sa capacité à porter un autre enfant.

    « Sans tenir compte du fond, la cour suspend administrativement la décision du tribunal de district » qui permettait à Mme Cox d’avorter, explique le Center for Reproductive Rights (CRR) qui représente la jeune femme devant la justice. Le CRR est un groupe de défense de droits tels que l’avortement, situé à New York et actif sur tout le territoire américain.

    Une plainte dans le Kentucky
    « Nous espérons toujours que la cour rejettera en fin de compte la demande de l’Etat et qu’elle le fera rapidement », explique Molly Duane, l’avocate principale du CRR. Elle craint que le report de la décision de justice soit synonyme de refus. Mme Cox a besoin de « soins médicaux urgents. C’est la raison pour laquelle les gens ne devraient pas avoir à supplier [d’obtenir] des soins médicaux devant un tribunal », a-t-elle déclaré.

    « La loi texane interdit les avortements volontaires », a déclaré, de son côté, le procureur général, un républicain ultraconservateur, qui avance que les arguments de Mme Cox ne répondent pas aux critères d’une exception médicale à l’interdiction de l’avortement dans l’Etat. Il a appelé la Cour suprême du Texas à « suspendre » la décision de la juge Guerra Gamble, affirmant qu’elle avait « abusé de son pouvoir » sans « aucune preuve ».

    Dans un communiqué assorti d’une lettre adressée à des établissements hospitaliers, M. Paxton avait mis en garde, jeudi, des hôpitaux du Texas que, malgré la décision de la juge qu’il qualifie de « militante », ils pourraient faire face à des conséquences juridiques s’ils autorisaient le médecin de Mme Cox à pratiquer l’avortement.

    A l’été 2022, la Cour suprême des Etats-Unis avait cassé son arrêt Roe vs Wade, qui garantissait depuis un demi-siècle le droit fédéral des Américaines à interrompre leur grossesse. Depuis, une vingtaine d’Etats ont interdit l’avortement ou l’ont très fortement restreint, comme le Texas, qui n’autorise les IVG qu’en cas de danger de mort ou de risque de grave handicap pour la mère.

    Vendredi, une femme enceinte du Kentucky, où l’IVG est aussi interdit, a également déposé une plainte exigeant le droit à l’avortement. Contrairement au procès de Mme Cox, cette plainte cherche à obtenir le statut de recours collectif pour inclure d’autres habitantes de l’Etat qui sont (ou vont devenir) enceintes et souhaitent avorter.

    #IVG #CRR #Cour_suprême_du_Texas

  • Qui est Myriam Lebkiri, dirigeante de la CGT, convoquée le 8 décembre par la gendarmerie ?
    https://www.humanite.fr/social-et-economie/cgt/qui-est-myriam-lebkiri-dirigeante-de-la-cgt-convoquee-le-8-decembre-par-la-

    La secrétaire confédérale cégétiste est entendue ce vendredi par la gendarmerie, après des actions contre la réforme des retraites.

    À 39 ans, Myriam Lebkiri n’imaginait pas devoir répondre de son engagement syndical devant les gendarmes. Pas plus que de recevoir, en main propre, sa convocation, un mercredi soir à 20 heures, devant ses enfants. Ce vendredi 8 décembre, la secrétaire confédérale de la #CGT sera pourtant entendue par la brigade de recherche de Pontoise (Val-d’Oise) pour « dégradation ou détérioration légère d’un bien par inscription, signe ou dessin ». Assise dans son bureau au siège de la confédération, à Montreuil, elle rétorque : « Concrètement, on me reproche d’avoir collé des affiches durant le mouvement contre la #réforme_des_retraites. »

    À la différence de Sébastien Menesplier, un autre secrétaire confédéral entendu en septembre, Myriam Lebkiri n’est pas convoquée pour ses responsabilités syndicales, mais bien comme une personne physique. Elle sera aussi entendue pour « menace, violence ou acte d’intimidation envers un élu public pour qu’il accomplisse ou s’abstienne d’acte de son mandat ». Durant le mouvement, les cégétistes avaient multiplié les interpellations de députés pour les convaincre de ne pas voter cette réforme injuste et rejetée par plus de 90 % des actifs.

    #répression_antisyndicale

    • Répression antisyndicale : « Il y a de façon quasi systématique des poursuites et des convocations des dirigeants »

      https://www.liberation.fr/economie/social/repression-antisyndicale-il-y-a-de-facon-quasi-systematique-des-poursuite

      Plusieurs responsables de la CGT s’inquiètent d’un ciblage des syndicats par le gouvernement dans le sillage de la réforme des retraites. Un rassemblement est prévu ce vendredi 8 décembre à Pontoise pour soutenir deux représentants locaux convoqués par les gendarmes.

      Sophie Binet dénonce un « contexte de répression antisyndicale inédit depuis l’après-guerre ». Dans une lettre envoyée mardi 5 décembre à Elisabeth Borne et consultée par Libération, la secrétaire générale de la CGT s’inquiète et s’insurge contre une « réelle volonté politique de porter atteinte à l’action » des syndicats de travailleurs, au premier rang desquels la centrale qu’elle dirige. Dans son courrier, la numéro 1 de la CGT indique que plus de 1 000 militants de son organisation sont aujourd’hui poursuivis devant les tribunaux pour des faits relevant d’actions syndicales, notamment pendant la mobilisation du premier semestre 2023 contre la réforme des retraites. Réclamant une « loi d’amnistie », Sophie Binet dénonce une « judiciarisation des conflits sociaux » et « une grave dérive qui fait peser sur des individus la responsabilité d’actions qui ont été décidées collectivement ».

      Dans ce contexte, deux dirigeants de la CGT du Val-d’Oise, Myriam Lebkiri (par ailleurs membre du bureau confédéral de la CGT, la direction nationale) et Marc Roudet, sont convoqués vendredi matin en audition libre à la gendarmerie de Pontoise, devant laquelle un rassemblement de soutien est organisé. « On me reproche deux choses : détérioration légère et menaces envers un élu, liste Myriam Lebkiri. Mais je ne sais pas à quelle occasion précise, ni de quels faits exacts il s’agit. Par contre, ce que je sais, c’est que c’est dans le cadre de revendications contre la réforme des retraites. »

      Chargée de l’égalité femmes-hommes au sein du syndicat, elle constate une « montée en puissance », ces dernières années, des procédures et des convocations dirigées contre les leaders de la centrale de Montreuil. L’augmentation serait même « exponentielle » depuis le début de l’année. Myriam Lebkiri prend pour exemple la convocation à la gendarmerie de son collègue au bureau confédéral, Sébastien Menesplier, également numéro 1 de la très active Fédération des mines et de l’énergie, le 6 septembre. Deux membres de la direction de la CGT convoqués coup sur coup, « c’est du jamais vu », selon elle.

      Prélèvement ADN

      A la tête de l’union départementale de l’Allier et également membre de la direction confédérale, Laurent Indrusiak situe le « changement de doctrine » à 2016, avec la loi El Khomri du gouvernement Valls. D’après lui, ce tournant a pris de l’ampleur l’année suivante avec les ordonnances travail de septembre 2017 : « A ce moment-là, on a senti qu’il y avait de façon quasi systématique des poursuites et des convocations des dirigeants, dès qu’une action était menée. »

      A titre personnel, « tableau Excel » à l’appui, Laurent Indrusiak a recensé « 28 convocations » le visant nommément. Ce qui fait probablement de lui le syndicaliste français le plus sollicité par la police et la justice ces dernières années. Les prétextes varient d’un jour à l’autre : « Diffamation, entrave à la liberté de circulation [lors de blocages, ndlr], entrave à la liberté du travail, vitesse insuffisante [après une opération escargot], agression sonore ou encore manifestation non-déclarée. » Ce dernier motif, lui a par exemple été signifié après une manifestation à Montluçon (Allier) dans le cadre de la réforme des retraites. Ce jour-là, le cortège s’était scindé en deux et une partie de la foule n’avait pas suivi l’itinéraire prévu : « J’ai dû expliquer à la police que je n’avais pas le pouvoir de commander un cortège de 6 000 personnes », s’amuse-t-il à moitié. Une autre fois, il a été poursuivi pour dégradation de mobilier urbain. La raison ? « Des autocollants de la CGT collés sur des horodateurs. »

      Dernièrement, à l’issue d’une audition, on lui a aussi demandé de soumettre à un prélèvement ADN. « J’ai refusé car j’estime qu’un syndicaliste n’a pas à être fiché comme un criminel. Pour ça, je fais à nouveau l’objet de poursuites. Au moment où je vous parle, j’ai six affaires me concernant en cours d’instruction. » Par le passé, il a été condamné en appel pour manifestation non déclarée et destruction de mobilier urbain (« un feu de palettes et de pneus sur un rond-point ») à 10 000 euros d’amende avec sursis et 16 000 euros de dommages et intérêts au civil.

      « Le gouvernement s’est senti vaciller »

      Au-delà de ce cas extrême, les militants de la CGT ont le sentiment d’être délibérément ciblés par les autorités. A l’issue d’actions ou de manifestations organisées pendant la bataille contre la réforme des retraites, beaucoup de meneurs cégétistes disent avoir été les seuls représentants syndicaux convoqués ou poursuivis. Pourtant, la plupart des actions menées à cette période ont été décidées par l’intersyndicale formée pour l’occasion avec la CFDT, FO, SUD… C’est par exemple le cas en Haute-Vienne, où Arnaud Raffier, secrétaire de l’union locale, rapporte avoir été le seul syndicaliste convoqué après une coupure de courant ayant visé la caisse d’assurance retraite de Limoges : « Les autres meneurs présents devant le bâtiment n’ont pas été inquiétés. »

      Pourquoi s’en prendre uniquement à la CGT ? Laurent Indrusiak a sa petite idée : « Malgré nos difficultés, on reste l’organisation capable de mobiliser le plus de monde dans l’action. C’est ce qui inquiète le gouvernement. » Sollicité à ce sujet par Libération, le ministère de l’Intérieur n’a pas répondu à nos questions. A ce jour, la lettre de Sophie Binet n’a pas non plus reçu de réponse de la part de la Première ministre. « Très en colère » à l’approche de son entrevue avec les gendarmes, Myriam Lebkiri estime, elle, que cette stratégie de « répression syndicale est à la hauteur de la peur qui a frappé le gouvernement » lors de ce dernier mouvement social. Pour elle, pas de doute, « il s’est senti vaciller et nous fait aujourd’hui payer l’addition ».

  • “Stay or pay” : les clauses qui obligent à payer en cas de démission
    https://www.courrierinternational.com/article/travail-stay-or-pay-les-clauses-qui-obligent-a-payer-en-cas-d

    De plus en plus d’employeurs américains obligent leurs employés à leur rembourser les frais de recrutement et de formation en cas de départ. Plusieurs millions de salariés seraient concernés, explique le “New York Times”.

    Aux États-Unis, les clauses #stay_or_pay (“reste ou paye”) sont courantes dans certains secteurs et certains métiers, comme les pilotes de ligne et les ingénieurs informatiques. Il s’agit de faire peser sur l’employé la charge financière de sa formation et de son recrutement en cas de démission. Ainsi, si le salarié décide de changer d’emploi avant une certaine période, il se retrouve dans l’obligation de payer une somme allant de quelques milliers à plusieurs dizaines de milliers de dollars, le forçant parfois à s’endetter pour rembourser.

    Selon le New York Times, cette pratique est désormais non seulement de plus en plus utilisée de façon abusive avec des sommes réclamées qui ne correspondent ni au montant des formations ni aux coûts du recrutement. De plus, elle “s’est développée rapidement au cours de la dernière décennie et semble avoir explosé depuis le début de la pandémie, alors que les entreprises tentent de retenir leurs travailleurs dans un marché du travail tendu”, note le quotidien.

    Désormais, tous les secteurs et les types de métiers, même les métiers manuels ou peu qualifiés, semblent touchés, et des salariés américains intentent des procès à leurs ex-employeurs pour ne pas avoir à payer. Les experts juridiques estiment que cela pourrait concerner un tiers des travailleurs américains. Selon Jonathan Harris, professeur de droit à l’université Loyola Marymount, à Los Angeles, cela représente des millions de personnes, notamment dans les secteurs de la santé, des transports et des technologies.

    La situation est si préoccupante que les agences de régulation, les responsables gouvernementaux et les hommes politiques commencent à s’emparer du problème. À la demande d’un élu démocrate, le Bureau de protection financière des consommateurs a lancé une enquête en juin 2023.

  • 3 militants blessés lors d’une action contre le photovoltaïsme en Haute-Provence
    https://reporterre.net/3-militants-blesses-lors-d-une-action-contre-le-photovoltaisme-en-Haute-

    7 décembre 2023

    La tension monte sur la montagne de Lure, dans les Alpes-de-Haute-Provence, où la multinationale Boralex a commencé la construction d’un #parc_photovoltaïque sur deux parcelles forestières communales.

    Au petit matin, le 6 décembre, plusieurs militants ont tenté de s’enchaîner aux engins pour entraver pacifiquement le travail des ouvriers, rapporte France 3. Des agents de sécurité sont intervenus pour essayer de les évacuer. Selon les informations de nos confrères, trois participants à l’action auraient été blessés, dont une à la côte. Cette dernière aurait écopé de quatorze jours d’interruption temporaire de travail (ITT).

    Boralex a fait état, de son côté, de trois gardiens blessés. Ces évènements ont eu lieu au lendemain d’une audience devant le tribunal correctionnel de Digne-les-Bains. Deux militantes de 60 et 72 ans y ont comparu pour avoir bloqué le chantier de parc photovoltaïque en octobre. « Nous n’avons pas le choix

  • ATSEM : des grèves de femmes à la grève féministe ? - CONTRETEMPS
    https://www.contretemps.eu/greves-femmes-feministe-atsem-aesh-ecole

    ATSEM : des grèves de femmes à la grève féministe ?
    Thomas Vaïsse 7 décembre 2023 ATSEM : des grèves de femmes à la grève féministe ?2023-12-07T11:13:40+01:00

    La situation des personnels non-enseignants est souvent occultée dans les débats sur l’École. Pourtant, leur rôle est crucial et créer l’unité entre l’ensemble des travailleurs-ses de l’école, qu’ils ou elles soient enseignant-es ou non, est incontournable pour parvenir à une mobilisation victorieuse contre les politiques néolibérales qui rendent le système scolaire toujours plus inégalitaire.

    Dans cet article, Thomas Vaïsse revient sur la situation spécifique et les grèves des #ATSEM, grèves de femmes qui ne se revendiquent généralement pas du féminisme mais qui posent la question du travail immatériel indispensable au fonctionnement de l’institution scolaire et, plus largement, de la société capitaliste.

    *

    La rentrée scolaire 2023 a été un moment de surexposition médiatique et politique de l’école. Mais alors que les articles et les polémiques se multipliaient à son sujet, des métiers, pourtant indispensables à son fonctionnement quotidien, ont encore brillé par leur invisibilité dans l’espace public : celles et ceux qui composent le personnel non-enseignant, majoritairement féminin.

    Cette « autre femme derrière la porte », pour reprendre les termes de Naïké Desquesnes au sujet des Agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (ATSEM), se pare d’une multitude de masques différents[1]. Elle est une ATSEM, chargée d’aider les enseignantes des écoles maternelles, une agente d’entretien ou de restauration, une Accompagnante d’élève en situation d’handicap (AESH), une animatrice du périscolaire. Leur recrutement et leur institution de rattachement posent d’entrée une difficulté pour élaborer un discours général, puisqu’elles sont recrutées par les mairies. Leurs conditions de travail et même l’étendue de leurs tâches peuvent donc largement varier.
    Des corps en colère

    Malgré tout, certains éléments se retrouvent partout sur le territoire et ouvrent à une analyse intersectionnelle puisque les caractéristiques sociales de ces travailleuses les placent dans des rapports multiples de domination ou d’exploitation, et nécessitent d’être pensées ensemble pour comprendre les raisons de leur colère et leurs formes de luttes. Car elles sont en colère, beaucoup d’entre elles en tout cas, comme l’automne 2022 nous l’a rappelé.

    Cette période a été l’occasion pour des syndicats d’ATSEM d’impulser un mouvement de grève nationale en vue de récupérer la prime prévue pour d’autres corps de métier lors du Ségur de la santé, mais aussi et surtout de revendiquer le passage en catégorie B de la fonction publique et d’obtenir la reconnaissance de la pénibilité de leur travail. Cet enjeu de reconnaissance de la technicité et de la pénibilité est un élément central dans les mobilisations collectives qui surgissent dans l’espace public. Celles-ci prennent régulièrement la forme de grèves, qui, au-delà de leurs conséquences sur le quotidien des familles, et donc sur leurs interactions avec les travailleuses et les institutions publiques, sont (quasiment) invisibilisées dans les débats politiques, dans l’actualité médiatique et dans les recherches académiques.

    Même dans l’univers politique de gauche, elles ne sont que peu mises en avant comme un acte de militantisme pensé et actif de la part d’un corps de métier central dans la société française. Pourtant, l’ampleur et l’efficacité de leur action militante pourraient être mises en exergue pour contredire deux discours très en vogue, l’un concernant la dépolitisation des classes populaires et l’autre la faiblesse inhérente de l’action syndicale, d’autant plus dans un secteur qui n’est pas un bastion historique du syndicalisme comme la pétrochimie ou l’énergie.
    Des ouvrières de l’usine sociale

    Vous avez sans doute noté la féminisation que j’apporte à chaque énonciation de métiers ; loin d’être une erreur, cette écriture vise à mettre en avant la présence quasiment exclusive de femmes dans l’école. En France, l’enseignement, qui est pourtant un corps de métier d’encadrement, donc potentiellement plus voué à attirer des hommes, est composé à 85,6 % de femmes. Les ATSEM, sur l’ensemble du pays, sont à 99,6 % des femmes, et le reste du personnel non-enseignant dans les écoles est composé très majoritairement de femmes (bien qu’il puisse y avoir une mixité plus importante dans la restauration ou l’animation).

    Ceci n’est guère étonnant au regard des pratiques et des qualités attendues dans cet espace qui sont encore largement assignées au genre féminin, c’est-à-dire pensées socialement comme relevant de l’activité des femmes. Elles consistent dans la grande majorité de leur activité quotidienne à reproduire dans un cadre professionnel des tâches qu’on retrouve dans la sphère domestique. S’occuper des enfants, les amener aux toilettes ou les changer, les faire manger, les surveiller, les mettre au lit et les endormir, les réconforter et faire le ménage : voici un ensemble de tâches pensées comme maternelles et ménagères qui inscrivent clairement l’étude de cette profession dans la lignée des débats et des réflexions portés par les travaux féministes sur la reproduction sociale, le care et le travail gratuit[2].

    Cette dimension genrée de ces métiers s’articule à des relations de subordination au sein de l’institution scolaire. À la différence du personnel enseignant, ces travailleuses ne sont pas diplômées de l’enseignement supérieur. Les ATSEM possèdent un CAP petite enfance et les autres agentes n’ont pas besoin de diplôme spécifique. Cette différence participe au fait que si elles sont au contact quotidien des enfants, elles demeurent au regard des institutions et des autres membres de la « communauté éducative » comme des actrices secondaires de l’éducation. Elles sont cantonnées en fait à exécuter les projets élaborés par le personnel enseignant ou à des travaux techniques et ouvriers.

    Dans une métaphore avec le monde de l’industrie, ces femmes peuvent être déplacées tout au long de la chaîne de montage, main-d’œuvre remplaçable sans réelle distinction individuelle. Le terme de chaîne de montage, certes un peu osé lorsque l’on parle de travail auprès d’enfants au sein des écoles, peut se défendre en s’inspirant de l’idée anthropologique que l’éducation consiste en l’activité d’une société en vue de produire de nouveaux êtres humains[3] ; c’est une usine sociale, comme Kylie Jarret[4] nomme ce travail immatériel indispensable à la perpétuation de la société capitaliste.

    Penser le lieu de l’école dans ces termes permet de conceptualiser le rapport entre agentes territoriales et enseignantes comme un rapport ouvrières / cadres. Dans ces interactions hiérarchiques, les secondes élaborent tandis que les premières exécutent[5]. Nombreuses sont celles qui ressentent alors ce que Simone Weil présentait comme le propre des conditions de travail à l’usine, c’est-à-dire « un abaissement de la possibilité de penser » du fait de « l’impossibilité d’ancrer la pensée dans l’action et d’établir un pont entre l’esprit et le contact que le corps déploie dans la matière », comme l’écrivent Furukawa Marques et Pascale Devette[6].

    Cette situation provoque une humiliation, le « vide imposé à la pensée ». Enfin, cette terminologie qui renvoie à l’industrie permet aussi de prendre au sérieux les paroles exprimées par les agentes pour pointer justement l’aspect répétitif et peu « humain » de leur travail et plus globalement de la prise en compte des enfants, et le ressentiment de n’être que des pions interchangeables.
    Circuler entre passion et pénibilité pour politiser leurs actions

    C’est de cette configuration précise et des interactions qui s’y développent qu’émane un ressentiment de dévalorisation qui trouve son origine dans l’écart entre les compétences attendues et l’utilité sociale revendiquée, d’une part, et la faiblesse des rétributions symboliques et matérielles d’autre part. Cet écart s’explique par plusieurs éléments. Ces métiers pensés comme devant être effectués « au nom de l’amour », pour reprendre une expression de Maud Simonet, sont naturalisés, c’est-à-dire renvoyés à des pratiques naturellement féminines.

    Cette naturalisation, articulée au peu de diplômes requis pour pratiquer, mène à un déni des compétences et de la technicité nécessaires, et entretient une forme de mépris que l’on retrouve d’ailleurs dans certaines critiques envers les grèves, qui écartent la pénibilité du travail et sa complexité. Celui-ci ne serait ni difficile, ni pénible, mais intéressant ou enrichissant, et ces femmes, parfois dénigrées comme peu compétentes du fait de leur langage ou de leur comportement, profiteraient des grèves pour « aller chez Zara ».

    Leurs problèmes physiques ou psychiques sont également naturalisés, et seraient les conséquences de leur nature fragile, de leur désinvolture et de leur paresse. Ces travailleuses doivent affronter en permanence les soupçons de fainéantise, de grossièreté, de grève de « confort », d’hystérie, etc. Loin d’être une nouveauté, ces préjugés naturalisés et naturalisant se sont toujours attachés à dévaloriser le travail des femmes des classes populaires, en critiquant aussi bien ce qu’elles font que ce qu’elles sont.

    Les agentes des écoles vont les réutiliser, dans une démarche similaire à ce que Fanny Gallot a montré au sujet d’ouvrières dans les années 1968, pour les transformer « finalement en preuve[7] » qui visibilisent leurs mauvaises conditions de travail. En produisant des discours et des revendications qui circulent entre pénibilité et passion caractéristique du travail reproductif, les agentes syndiquées, mais aussi celles qui ne le sont pas, pointent la fatigue due aux efforts physiques et mentaux constants comme un élément faisant partie de leur métier, qu’elles peuvent accepter du fait de l’amour qu’elles portent à celui-ci et à leur attachement à l’intérêt collectif.

    Elles déclarent aimer leurs métiers et les enfants dont elles ont la charge, mais en échange elles attendent une autre considération qui doit s’appliquer concrètement dans les conditions d’exercice de leur métier[8]. Leurs paroles insistent sur l’impossibilité de concilier le manque de gratification symbolique ou matérielle d’un travail qu’elles sont nombreuses à décrire comme pénible et fatigant, et la mise en pratique de l’amour qu’elles portent pour ce métier et pour les enfants.

    Les raisons des grèves sont alors montées en généralité à destination du bien-être de l’enfant et d’un service public de qualité. Si les grèves sont nécessaires, disent les grévistes, c’est parce que les conditions d’accueil ne sont pas adéquates aux attentes des familles et dangereuses pour les enfants.
    Valeur contre valeurs !

    Les mobilisations des ATSEM visent à revaloriser le travail reproductif en mettant en exergue ses valeurs morales au détriment d’une valeur marchande, comme bell hooks le prônait ; « on s’occupe de la prunelle de vos yeux », voilà les paroles fortes que les agentes clament régulièrement, portées par un mégaphone dans une manifestation ou dans une conversation lors d’un rassemblement.

    Elles participent ainsi à centraliser le débat public autour de la question de l’utilité sociale du travail, de ce qui est important pour la société, et à articuler la mise en visibilité et la mise en valeur du travail reproductif quotidien. Ce métier exige de prendre soin et de bien s’occuper des enfants, de fabriquer de la meilleure des façons des êtres humains. Elles articulent dans leur discours l’importance de leur métier pour la société tout en ne mettant jamais en avant une valeur monétaire et ainsi pointent le déséquilibre entre leur utilité sociale et le manque de rétributions matérielles et symboliques dont elles souffrent.

  • Palestine : Génocide en cours et complicité - OCL - Organisation Communiste Libertaire
    https://oclibertaire.lautre.net/spip.php?article4001

    Palestine : Génocide en cours et complicité

    vendredi 8 décembre 2023, par Courant Alternatif

    Il y a quelque chose d’obscène dans les réactions de presque tou.tes les dirigeant.es politiques et les médias français face à ce qui se passe en Palestine.

    Personne ne peut prétendre ne pas savoir.

    « Nous ne savions pas » ont dit beaucoup d’Européen.nes quand les preuves de l’extermination nazie sont devenues flagrantes. Cette prétendue culpabilité a abouti à faire payer le prix du génocide aux Palestinien.nes qui n’avaient aucune responsabilité dans ce crime.

    Comment prétendre aujourd’hui qu’on ne sait pas ce qui se passe à Gaza ?
    « Les Palestiniens sont des animaux humains » a déclaré le ministre israélien de la défense Yoav Galant. Et le ministre du « patrimoine » Amichaï Eliyahou a suggéré qu’Israël envoie une bombe atomique sur Gaza. Qu’importe : Israël est un « État démocratique », n’est-ce pas ?

    À l’heure des réseaux sociaux et d’Al Jazeera, on ne peut pas ne pas savoir ce qui est à l’œuvre : 13000 mort.es à ce jour dont une grande majorité de femmes, d’enfants et de vieillards. Des dizaines de tours et des centaines de petits immeubles écrabouillés, plus d’un million et demi de personnes chassées de chez elles et malgré tout bombardées, un acharnement contre les hôpitaux, la centrale électrique, les panneaux solaires, les journalistes (60 mort.es), les personnels de l’UNRWA (plus de 100 mort.es), l’immeuble du PNUD, celui de l’ONU, l’Institut Culturel Français, les écoles, les réservoirs d’eau ... Des familles entières visées et exterminées : 8 mort.es le premier jour dans la famille Abu Rock, 37 dans la famille Khuder, 48 dans celle de l’ambassadrice de Palestine en France, plus de 50 dans celle de la militante féministe Mariam Abu Daqqa … Ce ne sont pas des « bavures », c’est une volonté délibérée « d’élimination ».

    Les images montrant des pères transportant dans leurs bras des enfants morts ou mourants, celles où l’on voit les hôpitaux transformés en morgue et le sang omniprésent sont certes dérangeantes, mais tout le monde peut les voir. Le négationnisme vis-à-vis de ce massacre de masse n’est pas admissible.

    Lors des précédents bombardements meurtriers qui ont fait 5000 mort.es en 15 ans, Gaza s’était relevé. Le tissu social s’était reformé, la population avait recommencé à cultiver la terre, à pêcher, à commercer, à éduquer les enfants, à faire la fête. Là, on assiste sans pouvoir l’empêcher, à une éradication de la société de Gaza. C’est plus qu’un nettoyage ethnique.
    Tuer des humains et tuer l’histoire. Tuer le vocabulaire

    Le récit sioniste tue l’histoire. Selon lui :
    « Il n’y a pas eu de conquête coloniale de la Palestine, les Juifs sont rentrés chez eux après 2000 ans d’exil ».
    « La Palestine était une terre sans peuple pour un peuple sans terre, donc les Palestiniens sont des intrus ou n’existent pas ».
    « Les Arabes sont partis d’eux-mêmes en 1948, il n’y a eu aucun nettoyage ethnique ».
    « La création d’Israël est légitime et ceux qui en doutent sont des terroristes ».
    « Du désert, Israël a fait un jardin. Les intrus qui habitaient là étaient des arriérés ».
    « Israël était menacé d’anéantissement en 1967. L’attaque, la conquête de nouveaux territoires et la colonisation sont des actes de défense ».
    « Après Oslo, Arafat a refusé des offres généreuses ».
    « Les colons sont chez eux, Dieu leur a donné cette terre ».
    « Les Palestiniens sont tous des terroristes qu’on doit enfermer ou expulser puisqu’Israël a le droit de se défendre ».
    « Israël a le droit à la sécurité ». Même et surtout contre ses victimes.

    Ce discours qui n’a pas le début d’une vraisemblance historique continue d’être asséné avec le soutien inconditionnel de la majorité des médias et de l’Occident.

    Alors soyons clair sur ce qui est à l’œuvre.
    Ce n’est pas une guerre d’Israël contre le Hamas, c’est une guerre de destruction contre l’ensemble du peuple Palestinien.
    Israël ne se défend pas contre un peuple qu’il a expulsé (75% de la population de Gaza est constituée de réfugié.es) et qu’il enferme. Israël agresse en permanence une population qui vit dans une prison à ciel fermé depuis 17 ans. Il n’y a eu ni « riposte », ni « représailles ». D’ailleurs en 2019, les « marches du retour » totalement pacifiques ont eu un bilan terrible : 350 mort.es et 8000 estropié.es.
    Le but de l’agresseur n’est pas d’éradiquer le Hamas qu’il a largement contribué à mettre au pouvoir. Son but est « d’achever la guerre de 48 » pour reprendre une expression d’Ariel Sharon. Détruire définitivement Gaza. Transformer ce territoire en monceau de ruines vidé de ses survivant.es, annexer l’essentiel de la Cisjordanie.

    En Israël, la parole raciste s’est libérée. Sylvain Cypel prête ces propos à beaucoup d’Israélien.nes : « on ne veut pas vivre avec ces gens-là. Et on n’en a rien à foutre de ce que vous pensez ». Cette parole devenue majoritaire annonce une nouvelle « Nakba . Celles et ceux qui font semblant de ne pas le voir sont complices des fascistes suprémacistes au pouvoir en Israël.
    De l’usage du mot « terroriste ».

    Après 1945, le « droit international » s’est élaboré. Le concept de « terrorisme » n’existe pas dans le droit international. Si on considère qu’est terroriste tout groupe armé qui tue des civil.es désarmé.es, alors comment parler du terrorisme du Hamas sans parler de celui de l’armée israélienne et des colons ? Comment ne pas parler du terrorisme états-unien dans les guerres que ce pays a mené au Vietnam, en Irak ou en Afghanistan ? Comment ne pas parler du terrorisme de l’armée française en Indochine ou en Algérie ? Ou plus récemment au Sahel ?

    En fait, ce mot est systématiquement utilisé par les États dominants pour désigner tout groupe armé qui s’oppose à eux. Cela permet de gommer la « raison d’être » de ce qu’ils appellent le terrorisme. Quand quelqu’un s’évade de prison en tuant son gardien et ceux qui l’entourent, ce n’est pas un « terroriste ». C’est ce qui vient de se passer à Gaza. Gommer l’occupation, la colonisation et l’enfermement, c’est inverser les responsabilités.

    Par contre les termes « apartheid », « crimes de guerre », « crimes contre contre l’humanité » ou « génocide » sont parfaitement définis dans le droit international. Ils s’appliquent totalement à ce qui est à l’œuvre.

    Le fait que, malgré la nature évidente du régime israélien, il bénéficie d’un tel soutien signifie que le capitalisme ne fait plus semblant de respecter les droits de l’homme et les libertés fondamentales. On passe, au niveau mondial, à une nouvelle phase de violence sans limite contre les « dominés ».
    Manifestations et complicité.

    En Occident comme dans le monde arabe, il y a un divorce manifeste entre les dirigeants politiques et les peuples.

    C’est clair dans le monde arabe. Le Maroc a normalisé ses relations avec Israël qui l’aide militairement contre les Sahraouis. Et pourtant, les manifestations pro palestiniennes sont quotidiennes dans toutes les grandes villes du pays. En Égypte, les premières manifestations depuis le début de la dictature militaire ont eu lieu au Caire et à Alexandrie, et c’est pour soutenir la Palestine. En Jordanie, les manifestations ont forcé le roi à annuler un sommet de Biden avec les dirigeants arabes.

    En Amérique latine, où vit une importante communauté palestinienne, plusieurs pays ont rappelé leur ambassadeur en Israël.

    En Asie, les manifestations ont eu lieu dans des pays musulmans (Turquie, Malaisie, Bahreïn) mais aussi à Bangkok.

    En Grande-Bretagne, le divorce entre les dirigeant.es politiques et la population est flagrant. Malgré la complicité des leaders des deux grands partis, des centaines de milliers de manifestant.es ont défilé à Londres et une soixantaine de député.es travaillistes ont défié leur chef.

    Aux États-Unis où Biden s’est tiré une balle dans le pied en réarmant Israël et en apparaissant à juste titre comme celui qui aura empêché le vote d’un cessez-le-feu, de sérieuses fractures sont apparues, y compris dans l’establishment au pouvoir. Il y a aussi l’engagement de nombreux/ses Juifs/ves dans des actions spectaculaires contre le génocide en cours : occupation d’une gare, de la statue de la liberté …

    Pour arrêter la liquidation du peuple palestinien, il y a un espoir : que les peuples du monde entier se soulèvent.
    Mariam Abu Daqqa.

    En France, la complicité avec les suprémacistes israéliens a franchi un nouveau pas. Pour avoir rappelé ce qu’aurait été le positionnement d’un De Gaulle ou d’un Chirac, Dominique De Villepin est apparu comme un gauchiste. Macron, après avoir proposé l’engagement des troupes françaises contre le Hamas, a chargé Darmanin de criminaliser tout soutien à la Palestine.

    Le gouvernement a participé aux manifestations organisées par le CRIF.
    La présidente de l’Assemblée est allée en Israël avec Éric Ciotti et le député des colons Habib Meyer. Darmanin a interdit les premières manifestations avant d’être désavoué par la justice. Ses préfets en ont rajouté, celui du Tarn et Garonne considérant que « soutenir la Palestine était une atteinte à la dignité humaine ».

    Entre Télé Bolloré et Télé Drahi, sans oublier France Info, il y a eu un matraquage pour présenter les Israélien.nes comme des victimes du terrorisme islamique et surtout pas comme les citoyen.nes d’un État d’apartheid qui votent très majoritairement pour les diverses formes de l’extrême droite depuis des décennies.

    Le cas de Mariam Abu Daqqa est emblématique. Dirigeante du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP), militante féministe du monde arabe qui n’a jamais porté le foulard et qui est unanimement respectée à Gaza, elle a été arrêtée dans ma voiture le 16 octobre. Nous avons fait casser l’arrêté d’expulsion le 20 octobre. Darmanin a fait appel au Conseil d’État. Manque de chance, celui-ci était présidé sur cette affaire par celui qui avait rédigé l’état d’urgence à l’époque de Valls.

    Les affirmations de Darmanin contre Mariam sur le Hamas, l’incitation à la haine ou à la discrimination, l’assassinat d’Arras ont été balayées. Restait le « FPLP terroriste » ou plutôt considéré comme tel par l’Union Européenne. C’est le prototype de la complicité occidentale : à Oslo, l’OLP a été chargée d’assurer la sécurité de l’occupant et à ce titre, a bénéficié d’une reconnaissance internationale. Or, le FPLP est, après le Fatah, le deuxième parti de l’OLP.

    Pourquoi terroriste ? En 2001, l’armée israélienne assassine le secrétaire général du FPLP Ali Mustafa. En réponse, le FPLP exécute un authentique criminel de guerre, le général Rehavam Zeevi. Et toute la direction du FPLP, avec à sa tête Ahmed Saadat est capturée et se trouve en prison dans des conditions très dures depuis plus de 20 ans. Pour l’UE, c’est le FPLP qui est terroriste.

    Le Conseil d’État a rétabli l’expulsion de Mariam le 8 novembre. Le soir, elle animait le débat au cinéma sur le film Yallah Gaza. Elle a été enlevée violemment dans un lieu privé à minuit par quatre policiers en civil. SK qui l’accompagnait a été jetée à terre et a 45 jours d’ITT. Mariam a été trimbalée dans divers lieux de rétention jusqu’au CRA près de l’aéroport de Roissy. Alors qu’elle avait un billet pour le Caire le 11 novembre, ils ont essayé de l’embarquer vers Israël. Elle est finalement partie pour le Caire avec 24 heures d’avance. Tout ça pour ça.
    L’instrumentalisation de l’antisémitisme

    Il n’est plus possible aujourd’hui de parler des « actes antisémites » sans parler de leur instrumentalisation.

    Il y a un État qui se dit juif, des colonies qui se dites juives, un CRIF qui prétend parler au nom de tous les Juifs, un pouvoir qui assimile l’antisionisme à l’antisémitisme, un même pouvoir qui multiplie les actes et les déclarations contre tout ce qui est arabe, noir, rom, musulman, mais qui dit « contre les Juifs, c’est interdit ». Comme si ça protégeait les Juifs ! Il y a une propagande qui feint d’oublier que l’antisémitisme et le génocide nazi se sont déroulés en Europe et pas dans le monde arabo-musulman.

    L’antisémitisme a été un racisme à part au moment de l’extermination. Il ne l’est plus. C’est contre le racisme sous toutes ses formes qu’il faut lutter. La manifestation du 12 novembre « contre l’antisémitisme » au côté de tou.tes les racistes qui réhabilitent Pétain ou Maurras et laissent crever en mer les migrant.es avait un côté obscène. En plein génocide à Gaza, ça ressemblait beaucoup à une manifestation de soutien au carnage en cours.

    L’antisémitisme (le mot est impropre, il a été inventé par Wilhelm Marr, un des premiers racialistes du XIXème siècle) a été le dénominateur commun de toutes les idéologies d’extrême droite. L’antisémitisme, ça reste majoritairement le fait de l’extrême droite, à l’image d’un Elon Musk qui est toujours courtisé malgré ses propos.

    Les peuples dominés et stigmatisés ont été les peuples colonisés hors d’Europe, les Juifs et les Tziganes en Europe. Face à ceux qui feignent de ne pas savoir que la guerre au Proche Orient est une guerre coloniale et n’est ni « raciale », ni communautaire, ni religieuse, on doit rappeler que la haine du Juif n’est pas seulement immorale. Elle aide objectivement celles et ceux qui massacrent le peuple palestinien.

    La peur est un moteur pour l’apartheid israélien et pour l’adhésion de beaucoup de Juifs/ves à la politique meurtrière d’Israël.

    Rappeler sans arrêt que Juif, sioniste et israélien, ce n’est pas pareil, que la plupart des Palestiniens font cette distinction, que 40% des jeunes juifs des États-Unis (selon un sondage) considèrent qu’Israël est un État d’apartheid est bien plus efficace que défiler au côté de pompiers pyromanes ou d’antisémites pro israéliens.

    Enfin, on ne doit pas se taire vis-à-vis de courants prétendument progressistes qui sont bien silencieux sur l’apartheid israélien ou le génocide en cours et qui mettent toute leur énergie à réécrire l’histoire et à voir l’antisémitisme à gauche ou dans le mouvement de soutien à la Palestine. En Allemagne, ce sont les Antideutsches. Ici ce sont le RAAR (Réseau d’Actions contre l’Antisémitisme et tous les Racismes) et les JJR (Juifs et Juives Révolutionnaires).
    Défendre la Palestine, c’est lutter pour nous-mêmes.

    Le « Monde libre » a pu nous abuser un moment en dénonçant avec nous les crimes de guerre commis en Syrie, en Iran, contre les peuples ukrainien ou ouighour. L’appui inconditionnel donné aux massacreurs israéliens rappelle les pires moments : les guerres coloniales, le soutien aux militaires fascistes en Amérique Latine, le Vietnam.

    Ce monde libre est en passe d’organiser une nouvelle Nakba et l’annexion d’une bonne partie de la Cisjordanie. En appuyant le déplacement forcé de centaines de milliers de personnes, il montre qu’il n’a aucun problème à piétiner un « droit international » dont il prétend se réclamer. Les conséquences sont multiples : renforcement des mesures autoritaires, information muselée, interdiction de toute opinion anticolonialiste ou égalitaire. Ne les laissons pas faire !

    Pierre Stambul (20 novembre)

  • Le discret flirt entre le Rassemblement national et les lobbys
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/12/08/le-discret-flirt-entre-le-rassemblement-national-et-les-lobbys_6204574_82344

    [...]
    M. Bardella dit « amen » à tout, renouant parfois avec la période « reaganienne » de Jean-Marie Le Pen : « Je lui parle de diminuer le coût du travail, de la liberté d’entreprendre, il me dit que j’ai raison ! » Lorsque l’organisation lui a demandé de faire le tour du salon Impact PME avec le président du RN, jeudi 30 novembre, ses collègues de province l’ont regardé plein d’envie. Depuis qu’ils rencontrent des députés d’extrême droite sur leurs territoires, ils aiment beaucoup cette nouvelle espèce d’homme politique « qui ne dit rien et écoute ». « Les patrons ne peuvent qu’être d’accord ! », s’amuse le chef d’entreprise, qui se reprend : « L’ennui, c’est que je n’entends pas leurs propositions. C’est quoi, leur projet économique pour la France ? »
    [...]
    Le RN estime que si les patrons n’ont pas compris son programme économique, c’est qu’il le leur a mal expliqué. En guise de pédagogie, les chambres de commerce et d’industrie (CCI), les organisations patronales et syndicales recevront en 2024 un livret synthétisant les mesures économiques, fiscales et réglementaires du RN. « Le redressement du pays doit se faire en convergence avec les acteurs économiques. Ce sont nos murs porteurs », affirme Marine Le Pen au Monde. Elle confirme avoir « donné consigne aux députés de s’en rapprocher, de parler, d’expliquer notre position ».

    Les députés RN ont pour interlocuteurs favoris les policiers, pompiers et agriculteurs-viticulteurs. Mais ils se trouvent des passions insoupçonnées pour les soirées organisées par les CCI, où le discours populiste contre les normes environnementales et la fiscalité séduit. « Je leur ai dit ce que je pensais du tout-électrique, une folie ! Les patrons opinaient du chef, ils se sont dit : “Celui-là, c’est pas un minus habens [un idiot]” », se gargarise le député RN du Loir-et-Cher Roger Chudeau. « Dans les CCI, les retours sont dithyrambiques », assure le secrétaire général du groupe RN à l’Assemblée, Renaud Labaye – la direction nationale des CCI n’a pas souhaité s’exprimer.
    [...]
    A l’Assemblée, la promotion immobilière a trouvé un relais zélé en la personne du député RN du Var Philippe Lottiaux, ancien directeur des services de Patrick Balkany à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), puis directeur de cabinet de David Rachline à Fréjus (Var), deux villes particulièrement bétonnées. Le député y relaie les demandes fiscales les plus gourmandes, en dépit de préceptes affichés par le RN : la lutte contre le déficit et le bétonnage. Apogée de ce flirt entamé entre le lobby de la construction et l’extrême droite, plusieurs députés RN ont déjeuné cette année au siège de la FFB avec son président, Olivier Salleron. « On est œcuménique, on voit bien LFI [La France insoumise] !, relativise l’organisation. Deux ou trois députés reçus sur une centaine en 2023… »
    [...]
    Le premier pharmacien de France, Philippe Besset – président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France et de l’intersyndicale Les Libéraux de san[té –, a ainsi été sollicité par Mme Dumont pour savoir comment elle pouvait aider la profession. « On a l’impression que ce sont les seuls à écouter ce que l’on dit, c’est très perturbant, dit-il, affirmant toutefois avoir refusé tout rendez-vous. De façon systématique, ils vont dans le sens de ce que nous défendons et recherchent notre adhésion en adoptant des positions surprenantes. »
    [...]
    La Confédération nationale des buralistes a aussi trouvé dans le RN l’un de ses meilleurs alliés contre les hausses de taxes sur le tabac. Son chargé d’affaires publiques, Léopold Pinault, se félicite de pouvoir « travailler avec des députés qui connaissent nos problématiques », notamment… Joëlle Mélin.
    [...]
    L’ancien ministre de l’environnement Brice Lalonde, à la tête de l’association Equilibre des énergies, financée par les principaux émetteurs de gaz à effet de serre du pays (aéronautique, bâtiment, énergie), assume inviter les députés RN à ses ateliers et « les interroger, comme les autres partis ».

    https://jpst.it/3uMuL

  • Extrême droite : un responsable national de Sud-Rail menacé par le GUD - Rapports de Force
    https://rapportsdeforce.fr/breves/extreme-droite-un-responsable-national-de-sud-rail-menace-par-le-gud

    Le local syndical de Sud-Rail Paris Nord a été ciblé par l’extrême droite dans la nuit du mercredi 6 au jeudi 7 décembre. Sur ces collages, apparaissait notamment le visage du syndicaliste Erik Meyer, secrétaire fédéral Sud-Rail. Un collage revendiqué par le “Groupe union défense Paris” (GUD), qui rappelle que l’extrême droite raciste et xénophobe n’hésite pas à s’en prendre aussi au syndicalisme à la lutte sociale.

    Si l’extrême droite à l’habitude de s’en prendre aux syndicats, le GUD a aussi ciblé directement le syndicaliste Erik Meyer, dont le portrait a été affublé d’un “wanted”, “avec le style des affiches de Western“, note Sud-Rail. “Le choix d’être venu coller cette affiche sur notre porte n’est pas anodin. C’est un message qui se veut également une intimidation et des menaces contre le syndicat régional SUD-Rail Paris Nord et leurs syndiqués“, explique SUD-Rail par voie de communiqué, qui rappelle aussi “à quel point l’idéologie d’extrême droite est du côté de ceux qui nous exploitent“.

    #syndicalisme #idéologies_réactionnaires #extrême-droite

    (source : https://piaille.fr/@Larchmutz@mamot.fr/111540463544058985)

    • Une offensive qui rappelle que l’extrême-droite s’en prend non seulement aux habitants des quartiers populaires mais également aux militants du mouvement ouvrier, qui luttent contre l’ensemble des attaques qui visent notre classe, y compris les attaques racistes. Le GUD rappelle de quel côté de la barricade il se situe : celui des patrons et de l’État.

      Des intimidations qui ne peuvent qu’évoquer celles que subit Anasse Kazib, militant de SUD Rail Paris Nord fréquemment visé par l’extrême-droite, qui avait également lancé une campagne d’affichage contre sa venue à la Sorbonne en 2022, ainsi que d’autres militants du syndicat. Les cheminots de SUD Rail Paris Nord appellent dans leur communiqué à s’organiser pour « nous protéger, pour protéger nos locaux, pour protéger nos grèves ».

      Un rappel important, à l’heure où l’extrême-droite tente de reprendre la rue dans différentes villes de France. Le mouvement ouvrier doit organiser la solidarité avec chaque militant attaqué, par l’extrême-droite comme par la répression, et faire front face à ces attaques. Solidarité avec Erik !

      https://revolutionpermanente.fr/Wanted-un-syndicaliste-de-SUD-Rail-menace-par-un-groupuscule-fa

  • Parliament Funkadelic - The Mothership Connection (Live in Houston, TX, 1976)

    https://youtu.be/r5aHD5ruSZ0?feature=shared


    Parliament Funkadelic - The Mothership Connection (Live in Houston, TX, 1976)

    It was Halloween night and Parliament Funkadelic was about to tear the roof off the Houston Summit, ready to bless the crowd with their cosmic brew of interplanetary funk. George Clinton, Bernie Worrell, Bootsy Collins and the rest of the P-Funk collective were riding the success of their first Top 5 R&B hit, “Give Up The Funk (Tear The Roof Off The Sucker),” a track that had earned them the kind of radio play that would bring the masses out to see them live in a stadium-sized arena. The group was only five dates into the tour when they arrived in Houston, but they were definitely ready to take it to the stage for an out-of-this-world show like no other. Taped on October 31, 1976, these seldom-seen performances at the Houston Summit represent Clinton and Parliament Funkadelic in their ’70s prime, in the era of their Mothership Connection and The Clones Of Dr. Funkenstein LPs-a rare opportunity for everyone to get their proper dose of The P-Funk.

    ///////////// Setlist (by duncan) //////////////
    0:00:25 - 0:02:03 : Prelude
    0:03:31 - 0:10:57 : Cosmic Slop
    0:10:59 - 0:14:33 : Dr Funkenstein’s Supergroovalisticprosifunkstication Medley
    0:14:33 - 0:18:15 : Do That Stuff
    0:18:19 - 0:21:36 : Gamin’ On Ya
    0:21:37 - 0:26:32 : Standing On The Verge Of Getting It On
    0:26:31 - 0:34:27 : Undisco Kidd (The Girl Is Bad)/Pussy
    0:34:27 - 0:37:24 : Children Of Production
    0:37:24 - 0:46:29 : Mothership Connection (Star Child)/Swing Down Sweet Chariot
    0:47:14 - 0:52:19 : Dr Funkenstein
    0:52:19 - 0:55:46 : Comin’ Round The Mountain
    0:55:55 - 1:00:56 : P Funk (Wants To Get Funked Up)
    1:01:42 - 1:16:28 : Give Up The Funk (Tear The Roof Off The Sucker)/Night Of The Thumpasorus Peoples
    1:17:31 - 1:21:29 : Funkin’ For Fun

  • Lettre ouverte à Alexandre Bompard, Président Directeur Général du Groupe Carrefour - BDS France
    https://www.bdsfrance.org/lettre-ouverte-a-alexandre-bompard-president-directeur-general-du-groupe-

    02/12/23

    Lettre ouverte à Alexandre Bompard, Président Directeur Général du Groupe Carrefour
    Boycott
    | Actus | Carrefour | Lettres d’interpellation

    Monsieur le Président Directeur Général,

    Nous vous avons interpellé en mars de cette année sur la présence problématique du Groupe Carrefour en Israël, et précisément sur les contrats de franchise que vous avez signés en mars 2022 avec les sociétés israéliennes Electra Consumer Products et Yenot Bitan. Il y a aujourd’hui des magasins Carrefour dans les colonies israéliennes illégales en Palestine occupée. Carrefour profite ainsi directement de la colonisation.

    C’est dans le contexte de la guerre à Gaza que nous apprenons que “Carrefour Israël” a offert des colis personnels aux soldats de l’armée israélienne. Vous avez indirectement confirmé le fait en déclinant toute responsabilité du Groupe dans cette opération. Monsieur BOMPARD, ne vous cachez pas derrière votre petit doigt : un examen rapide des contrats de franchise avec les sociétés israéliennes précitées montre que le Groupe Carrefour peut s’opposer à ce genre d’initiative susceptible de porter tort à la marque Carrefour de la part d’un franchisé ; et a fortiori de la part de votre filiale “Carrefour Israël” détenue à 100% par le groupe.

    Vous savez que cette information a soulevé une énorme indignation sur les réseaux sociaux en Europe et aux États Unis, mais aussi dans les pays arabes du Moyen Orient où Carrefour est bien implanté via Majid Al Futtaim Group, son principal franchisé dans la région. La société civile et certains gouvernements des pays de la péninsule arabique, de Jordanie, d’Égypte, d’Iran et du Pakistan, culturellement attachées à la cause palestinienne, réagissent très fortement aux crimes de guerre que le gouvernement Netanyahou est en train de commettre à Gaza. Vous avez su la décision de Al-Ameed, la marque de café la plus populaire de Jordanie, de fermer à la fin de l’année ses 13 succursales situées dans les magasins Carrefour. Gageons que des initiatives de ce genre se multiplieront.

    Cette “petite” indignation rejoint la “grande” indignation, celle partagée par les opinions publiques de la plupart des pays du monde contre le régime d’apartheid infligé par Israël aux Palestiniens : colonisation massive des territoires palestiniens, occupation militaire de toute la Palestine, répression féroce de tout mouvement de protestation contre ce régime d’un autre âge, blocus de Gaza, enfermement de générations successives de Palestiniens…

    Certes le Groupe Carrefour n’est pas responsable des crimes d’Israël depuis sa création en 1948. Mais depuis la signature de vos accords de franchise en 2022, vous en êtes complice. Complice pour avoir choisi d’ignorer une situation pourtant largement documentée et dénoncée.

    Particulièrement concerné.es par le sujet, M. Hufnagel votre Directeur Exécutif Communication, Mme Kraus Directrice de l’Engagement, Mme Rault votre Directrice de la Stratégie et de la Transformation, Mme Dassié votre Directrice Executive Marketing responsable de la valeur de la marque Carrefour, ou encore Mme Domont Administratrice Présidente du Comité RSE vous ont-ils prévenu des risques réputationnels liés à l’implantation du Groupe dans un territoire en guerre larvée depuis des décennies ? S’ils et elles l’ont fait, pourquoi avez vous jusque là négligé leur avis ?

    En France, à notre initiative ou à l’initiative d’autres organisations, les actions citoyennes devant vos magasins se sont multipliées ces dernières semaines. Au simple énoncé des faits impliquant Carrefour dans la colonisation et de son soutien affiché à l’armée israélienne, des client.e.s de plus en plus nombreux font demi-tour, ou, à la sortie du magasin, disent qu’ils et elles ne reviendront pas de sitôt.

    Il semble bien qu’il est temps pour vous de choisir entre conserver les centaines de magasins au Moyen Orient et les quelques magasins implantés dans les colonies illégales en Palestine occupée. Nous savons combien il est compliqué de rompre un contrat dans le monde des affaires, mais ce serait pour vous une façon de sortir dans l’honneur de cette situation. Et ce avant que Carrefour ne devienne définitivement pour l’opinion publique un groupe financier profiteur au-delà de toute morale.

    Nous vous renouvelons l’assurance que notre campagne s’arrêtera le jour où vous dénoncerez ces contrats et où vous renoncerez à tout intérêt dans les colonies israéliennes illégales en Palestine occupée, ainsi qu’en Israël tant que son gouvernement viole impunément le droit international et les droits du peuple palestinien.

    Veuillez agréer, Monsieur le Président Directeur Général, l’expression de nos meilleures salutations.

    La Campagne BDS France

  • Freed Palestinians Were Mostly Young and Not Convicted of Crimes - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2023/12/01/world/middleeast/palestinian-prisoners-released-gaza.html

    Israel released a total of 240 Palestinian prisoners and detainees in exchange for 105 hostages freed by Hamas during a weeklong pause in hostilities, an arrangement that diplomats had tried to extend before it collapsed into fighting on Friday morning.

    A New York Times analysis of data on the Palestinians released showed that a majority of them had not been convicted of a crime. There were 107 teenagers under 18, including three girls. Another 66 teenagers were 18 years old. The oldest person released was a 64-year-old woman.

  • vermine - CABOU
    https://cabou.net/vermine

    [...]
    Je ne lis dans tous ces regards
    que haine et répugnance.
    Je ne suis qu’une infection
    qu’on purge sans défaillance,
    une brute vile et hideuse,
    sans aucune importance,
    une vermine qu’on écrase
    d’un geste de toute confiance,
    une pourriture qui expose
    aux pires déviances,
    un être dont la destruction
    vaut pour leur délivrance.

    Adaptée de La Métamorphose - Franz Kafka

  • Selon Israel Hayom, quotidien de droite pro-Netanyahou, le premier ministre a demandé à Ron Dermer (ministre des Affaires stratégiques) d’élaborer un plan de nettoyage ethnique de Gaza qui permettrait de contourner d’éventuelles objections américaines :
    https://www.israelhayom.co.il/magazine/hashavua/article/14889801

    לזה מצטרפת תוכנית נוספת. רוב שרי הקבינט לא יודעים עליה. גם לא שרי קבינט המלחמה. היא לא נידונה בפורומים אלה בשל נפיצותה הברורה: דילול אוכלוסיית עזה למינימום האפשרי. ביידן מתנגד בתוקף וכמוהו כל הקהילה הבינלאומית. גלנט, הרמטכ"ל וצמרת צה"ל טוענים שאין כל היתכנות כזאת. אבל נתניהו רואה בכך יעד אסטרטגי. הוא אף הטיל על נאמנו בקבינט המלחמה, השר רון דרמר, לגבש עבודת מטה בעניין.

    מדובר בתוכנית שתעקוף את ההתנגדות האמריקנית בלי עימות, את ההתנגדות הנחרצת של המצרים בלי שיתחילו לירות בפליטים שייכנסו לשטחם דרך ציר פילדלפי, ואת ההתנגדות הגלובלית הכללית שתקום כאשר ראשוני העזתים יעזבו את ביתם וינדדו למקום אחר.

    תופעת פליטות במוקדי מלחמה היא דבר מקובל. עשרות מיליוני פליטים עזבו אזורי קרבות על פני הגלובוס רק בעשור האחרון. מסוריה ועד אוקראינה. לכולם נמצאה כתובת במדינות שהסכימו לקבל אותם כמחווה הומניטרית. אז למה שעזה תהיה שונה?

    לא מדובר בטרנספר, אלא בשחרור טבעת החנק שבגבולות עזה. אמנם המעברים לישראל יישארו אטומים, אבל יש אפשרויות נוספות. רפיח זו אחת מהן, על אף ההתנגדות העזה של מצרים. המעבר הזה, בתקופות מסוימות, היה פרוץ ופתוח לחלוטין. גם היום מתנהל מעבר תת־קרקעי בין רפיח העזתית לזו המצרית בממדים של אוטוסטרדה. גם הים פתוח בפני העזתים. ברצונה, פותחת ישראל את המעבר הימי ומאפשרת בריחה המונית למדינות אירופה ולאפריקה.

    בהקשר עידוד ההגירה העזתית הפערים בין חברי הממשלה עצומים. בעוד סמוטריץ’, בן גביר ולא מעט משרי הליכוד רואים בכך הכרח, אחרים כמו גלנט, גנץ ואיזנקוט רואים בזה משהו בין פנטזיה לא מציאותית לתוכנית מתועבת ובלתי מוסרית.

    • Israël-Hamas : la fuite en avant dans la guerre de Benyamin Nétanyahou

      Le premier ministre israélien, obsédé par sa survie politique, refuse l’idée d’un Etat palestinien et n’offre que des solutions par défaut pour l’avenir de l’enclave côtière.

      En presque deux mois de guerre, le bilan est maigre. Moins de la moitié des otages sont rentrés et le Hamas, malgré des bombardements d’une ampleur inégalée – entre le 7 octobre et le 20 novembre, 27 000 munitions sont tombées sur l’enclave, selon les médias israéliens –, tient si bien Gaza que la trêve a tenu sept jours sans rupture significative. Avant que le mouvement palestinien, anticipant un échec des négociations visant à obtenir une reconduction de la « pause humanitaire » ne décide, vendredi 1er décembre au matin, d’envoyer ses roquettes sur le territoire israélien, montrant ainsi qu’il garde l’initiative. Avec 75 soldats morts côté israélien et plus de 15 000 côté palestinien, des civils dans l’immense majorité, cette confrontation est déjà la plus longue et la plus meurtrière de la série de guerres entre les deux camps, entamée en 2008. Si l’un des objectifs de cette guerre est de « détruire » le mouvement islamiste, le chemin sera encore difficile.

      Pendant ce temps, Benyamin Nétanyahou conforte son record de premier ministre le plus pérenne de l’histoire d’Israël. Malgré son impopularité, mise en évidence par les gigantesques manifestations contre la réforme de la Cour suprême, et malgré sa responsabilité dans le fiasco sécuritaire du 7 octobre, date de l’attaque initiale du Hamas, qui a causé 1 200 morts en Israël, rien ne garantit qu’il finisse par démissionner. « Il peut tout à fait résister à la pression publique. Il a tenu jusqu’à maintenant, malgré un procès, une mobilisation civile et des grèves générales sans précédent. La seule chose qui peut le faire plier, c’est de perdre sa majorité à la Knesset ou une rébellion au Likoud », estime l’analyste politique Dahlia Scheindlin. L’opinion israélienne, à la sortie de la guerre, « bougera vers la droite, mais pas à l’extrême droite », ajoute-t-elle.

      Le premier ministre se ménage un espace politique tout en grignotant des deux côtés. Ses alliés radicaux ne représentent pas une menace pour lui, selon Ksenia Svetlova, ancienne députée à la Knesset et membre du groupe de réflexion américain Atlantic Council : « Nétanyahou se bat pour sa survie. Il laisse l’extrême droite dire qu’il faut reconquérir Gaza, y reconstruire des colonies. Pour les contrer, il dit qu’il est le seul à pouvoir empêcher la création d’un Etat palestinien. Et de l’autre côté, il se vend comme le “M. Sécurité”. » Ceci, pour concurrencer l’ancien chef d’état-major Benny Gantz, figure aussi hiératique que muette, avec qui Benyamin Nétanyahou cohabite dans le cadre d’un gouvernement d’union nationale chargé de la conduite de la guerre.

      Riposte au projet américain

      C’est ainsi qu’on l’a vu, dimanche dernier, en pleine trêve, parader dans Gaza aux côtés des soldats, en casque et gilet pare-balles, et marteler inlassablement ses trois buts de guerre : « Eliminer le Hamas, ramener tous nos otages et garantir que Gaza ne redevienne pas une menace pour l’Etat d’Israël. »

      Depuis son entrée en politique, au début des années 1990, Benyamin Nétanyahou s’est toujours opposé à la création d’un Etat palestinien. Il y a bien eu le discours de l’université Bar-Ilan en 2009, où, sous la pression de Barack Obama, il fut le premier leader de la droite israélienne à accepter publiquement l’idée d’une solution à deux Etats – mais à des conditions tellement exorbitantes que cet engagement perdait toute signification. Et en 2017, dans la foulée de l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui préparait alors son « deal du siècle », il a déclaré devant les cadres du Likoud ne vouloir proposer aux Palestiniens qu’un « Etat-croupion ».

      Alors, quand les Américains, par la voix du porte-parole de la Maison Blanche John Kirby, du secrétaire d’Etat Antony Blinken et du président Biden lui-même, demandent à leur allié de mener des opérations militaires plus prudentes, dans l’optique d’une prochaine relance de la solution à deux Etats, il y a peu de chances que les Israéliens, à commencer par Benyamin Nétanyahou, s’exécutent. « L’administration américaine a dit ce qu’elle avait à dire. Elle a été le plus ferme possible. Mais tant qu’elle ne démontre pas qu’il y aura des conséquences concrètes si elle n’est pas entendue, cela reste des suggestions. Et sur la guerre, les Etats-Unis continuent à soutenir Israël », analyse Dahlia Scheindlin.

      Benyamin Nétanyahou se contente de répéter son message : « Tant que je serai assis sur cette chaise, l’Autorité palestinienne, qui soutient, enseigne et finance le terrorisme, ne dirigera pas Gaza au lendemain du [départ du] Hamas », a-t-il dit lors de la réunion du cabinet de guerre pendant la visite d’Antony Blinken en Israël, selon les médias israéliens. Une riposte au projet américain de ramener l’Autorité palestinienne à Gaza à l’issue de la guerre.

      Le premier ministre dépèce Gaza

      Benyamin Nétanyahou n’a à n’offrir qu’une stratégie par défaut, et maintient son approche qui a pourtant mené au désastre du 7 octobre. Le Hamas, qualifié d’« entité hostile », a longtemps servi au chef du gouvernement à diviser et discréditer le mouvement national palestinien. Ce modèle de gestion du conflit, conçu et entretenu par M. Nétanyahou, s’est écroulé le jour de l’attaque du Hamas. L’entité hostile est désormais considérée comme un ennemi existentiel, à chasser de Gaza, quel qu’en soit le prix pour la population.
      Quitte à envisager les solutions les plus radicales : selon le journal Israel Hayom, Benyamin Nétanyahou a demandé à son conseiller Ron Dermer un plan pour « réduire la population de Gaza au niveau le plus bas possible », et considérer l’ouverture des frontières maritimes de l’enclave, pour permettre « une fuite massive vers les pays européens et africains ». L’extrême droite applaudit, la droite condamne et Benyamin Nétanyahou existe.

      En attendant, l’armée israélienne organise un nouveau #déplacement_forcé. Après avoir vidé le nord de la bande de Gaza d’une grande partie de sa population, elle demande aux Gazaouis présents dans la localité de Khan Younès, dans le Sud-Est, dont des centaines de milliers de déplacés, d’évacuer cette zone. Au risque d’entasser deux millions de personnes à Rafah, l’extrême sud de l’enclave. En parallèle, Israël a informé plusieurs Etats arabes qu’il compte aménager une zone tampon sur le territoire gazaoui, selon l’agence Reuters. Ce qui était déjà l’un des territoires les plus densément peuplés au monde risque de rétrécir. Après avoir découpé la Cisjordanie, le premier ministre dépèce Gaza.

      « Ce gouvernement préférera rester dans le nord de la bande, pour la contrôler du mieux possible, pour ne pas céder la place à l’Autorité palestinienne et maintenir la pression sur le Hamas. Une porte de sortie pourrait être de déporter la direction du Hamas avec l’aide du Qatar, des Egyptiens et des Américains. Ça offrirait un succès à Israël. Et dans l’avenir, avec un autre gouvernement, on pourrait accepter le retour de l’Autorité palestinienne à Gaza, la mise en place d’une force internationale, et revenir au but stratégique de la solution à deux Etats », estime Michael Harari, ancien diplomate israélien et membre de l’institut Mitvim.

      Il faudra pour cela provoquer le départ de l’inamovible Benyamin Nétanyahou, qui répète jusqu’à l’envi : « Nous continuerons jusqu’au bout, jusqu’à la victoire. Rien ne nous arrêtera », sans que l’on sache s’il parle d’Israël ou de lui-même, tant l’homme a lié depuis longtemps son destin à celui de son pays.

      https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/02/israel-hamas-la-fuite-en-avant-dans-la-guerre-de-benyamin-netanyahou_6203527

      #Israël #Gaza #palestiniens #exode

  • La Caf des Landes condamnée pour avoir mis fin au RSA d’allocataires après un contrôle | StreetPress
    https://www.streetpress.com/sujet/1701427927-caf-landes-condamnee-rsa-allocataires-controle-aides-pauvret

    « Après des contrôles, il arrive que certaines Caf coupent le RSA à titre presque punitif et ne le rétablissent jamais ensuite », dénonce Maître Terrasson. D’après lui, il s’agit de mesures « illégales, vexatoires et humiliantes » :

    « D’éventuelles irrégularités déclaratives ne justifient en rien qu’il soit mis fin à des prestations de survie. Le RSA est un droit, pas une aumône. »

    L’autre problème, selon l’avocat, est le manque de précision comptable de l’institution qui ne justifie jamais les sommes qu’elle réclame. « La Caf est incapable d’avoir la précision qu’elle exige pourtant d’allocataires dans le besoin ! » tonne-t-il. Il n’est pas rare qu’elle récupère plus que ce qu’elle ne devrait, et se fasse ainsi de l’argent sur le dos des plus précaires. Ce qui s’expliquerait justement par le fait que les allocataires ne font que très rarement valoir leurs droits.

    • Le 13 novembre 2023, le tribunal administratif de Pau a jugé que la Caf n’avait pas à suspendre les aides d’un couple d’allocataires vivant sous le seuil de pauvreté.
      Magali et Serge, 48 ans, sans-emploi tous les deux, et leur fils de 22 ans, ont l’habitude de vivre avec presque rien. La famille remplit régulièrement son frigo aux Restos du Cœur. Dans son modeste appartement à Mont-de-Marsan, dans les Landes (40), elle n’a plus d’eau chaude ni de chauffage depuis un an, la faute à une dette de 4.000 euros auprès d’EDF. Tout a encore empiré depuis un contrôle de la caisse d’allocations familiales (Caf), en avril dernier. Depuis cette date, l’organisme leur réclame un trop-perçu de 17.722 euros qui a entraîné la suspension du revenu de solidarité active (RSA) de Serge et la baisse des allocations personnalisées au logement (APL) de Magali. Ils doivent désormais plus de 5.000 euros à leur fournisseur d’électricité, ne sortent même plus pour aller à la plage car il faudrait payer un ticket de bus et se demandent comment nourrir leurs deux chats.

      Alors, le 13 novembre 2023, en apprenant la décision du Tribunal administratif de Pau, ils ont eu l’impression de sortir un tout petit peu la tête de l’eau. Dans le cadre d’une procédure d’urgence, le juge des référés a estimé que la Caf des Landes n’avait pas le droit de mettre fin au RSA de Serge, le couple ayant des ressources inférieures au seuil de pauvreté. « C’était un gros gros soulagement », souffle Magali, la voix tremblante à travers le téléphone. « Les allocataires pensent souvent, à tort, que la Caf est toute puissante, mais cela prouve que les tribunaux peuvent encore être des garde-fous », estime leur avocat Clément Terrasson qui souligne une décision « rare ». En outre, la juridiction reproche à l’organisme de protection sociale d’avoir effectué des retenues sur leurs aides avant même d’avoir étudié les #recours des allocataires, pourtant faits dans les délais.

      Une affaire banale pour des allocataires de la CAF

      « C’est une affaire triste mais on ne peut plus banale », note maître Clément Terrasson. Comme StreetPress l’a raconté dans un précédent article, les #trop-perçus touchent des millions d’allocataires de la Caf ou de #Pôle Emploi souvent en raison d’une erreur de l’organisme, parfois à tort.

      Après avoir enchaîné les petits boulots, Magali a dû arrêter de travailler à cause d’une d’une polyarthrite rhumatoïde, une maladie auto-immune qui atteint les articulations. Depuis dix ans, la quadragénaire touche une pension d’#invalidité d’environ 430 euros par mois. Quant à Serge, auteur de quelques ouvrages sur le rock, il a perdu son emploi alimentaire dans une station-service et n’a plus le chômage depuis 2020. L’écrivain occasionnel touche un RSA de 450. À cela s’ajoutent des #APL de plus de 300 euros. Devant les juges, ils estiment vivre à trois avec 1.300 euros d’aides, dont 600 euros partent dans leur loyer.

      Le 5 avril 2023, une agent de la Caf se présente chez Magali et Serge pour un #contrôle, après leur avoir demandé de préparer des documents comme leurs relevés bancaires et leurs avis de non-imposition. Après avoir feuilleté leur dossier, la salariée de la Caf les informe qu’ils n’ont pas déclaré les aides familiales, conséquentes, qu’ils ont reçues ni les droits d’auteurs de Serge – autour de 250 euros en trois ans. Elle leur annonce qu’ils vont passer en « commission fraude ». « J’étais en larmes et j’ai eu l’impression que ça l’agaçait », se souvient Magali, qui s’est sentie humiliée. Elle assure :

      « Pour les anniversaires ou à Noël, ma famille nous envoie de l’argent pour nous aider… Je ne savais qu’il fallait déclarer ce qu’on touchait d’aide familiale ! » [mieux vaut éviter : en espèces, par mandat, ou par l’entremise d’un prête nom sans dossier Caf, ndc]
      Vingt jours plus tard, le RSA de Serge est interrompu et sur le site de la Caf, le couple découvre qu’il doit un total de 17.723 euros. Le 5 juin 2023, ils font un recours administratif préalable contre ces décisions, qui n’est jamais pris en compte.

      La famille est détruite

      « On n’a jamais eu énormément d’argent. Mais là, ça nous a détruits. C’est un peu comme si, quand on est pauvre, on ne peut jamais s’en sortir… » s’exaspère Magali. La maman en situation de handicap dit être tombée dans un état dépressif sévère avec l’envie de « passer à l’acte ».

      Au-delà des sommes qui représentent une véritable épée de Damoclès pour les allocataires touchés par un tel contrôle, c’est l’accusation de #fraude qui la heurte. Elle se souvient d’une conversation particulièrement blessante avec une #assistante_sociale du département. « Elle m’a dit que je vivais au crochet de la société depuis trop longtemps et qu’on allait me remettre au travail » , raconte Magali :

      « Quand on entend des choses sur les #fraudeurs à la télé, on ne se rend pas compte qu’on peut rentrer dans cette case. On n’a escroqué personne, on ne s’est pas enrichis… On n’a même pas de four à micro-ondes ! On essayait juste de survivre dans un quotidien un peu compliqué. »

      Le tribunal pour obliger la Caf à rendre des comptes

      La mère de famille, qui milite au sein de la #CGT_chômeurs et précaires, en parle à ses copains syndicalistes. C’est grâce à l’un d’eux qu’elle est mise en relation avec l’avocat Clément Terrasson, qui a fait de l’aide aux #allocataires de la Caf l’une de ses spécialités. Avec son conjoint, Magali décide de se battre pour leurs droits devant la justice. « J’ai eu l’impression d’avoir été piégée et qu’ils ne s’attendaient pas à ce qu’on se défende », dit-elle.

      [passage cité au-dessus]

      Le combat judiciaire du couple des Landes n’est pas fini. Si Serge devrait récupérer son #RSA dans quelques jours, la décision en référé est une mesure d’urgence et le jugement final aura lieu dans environ un an et demi. Magali conclut :

      « Je suis contente d’avoir gagné. Maintenant, on sait que c’est possible et qu’ils ne peuvent pas faire n’importe quoi. »

      #indus #droit #Caf #précaires #data_mining #société_punitive