Chemins ruraux : comment enrayer leur disparition

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  • voit bien que l’espace public se raréfie et rétrécit comme peau de chagrin, même ici — SURTOUT ici dans les provinces : à tel endroit c’est un koulak qui déplace petit à petit les piquets qui délimitent son champ afin de s’approprier quelque chemin vicinal (« ni vu ni connu j’ t’embrouille »), ailleurs c’est un terrain vague accaparé par des petit·e·s bourgeois·es qui vont y faire ériger un pavillon à leur gloire, encore ailleurs c’est une friche qui se fait recouvrir par un entrepôt en tôle ondulée ceint de remparts et de caméras de surveillance comme s’il allait abriter le Saint Graal.

    C’est drôle, hein, vous allez encore dire que la Garreau étale sa kolossale Kultur (ce qui est le cas, c’est l’apanage des gens qui en ont peu) mais quelque part la situation lui fait de plus en plus penser à ce vieux bouquin de Tardi et Forest, « Ici Même ». Mais si, souvenez-vous, l’histoire de ce type qui est obligé de ne vivre et de ne se déplacer que sur le faîte des murs mitoyens de son village parce que c’est la seule surface qui ne soit pas encore privée, c’est-à-dire la seule que tou·te·s celleux qui se revendiquent « propriétaires » n’ont pas encore réussi à voler au bien commun.
    La vieille punkàchienne est un peu pareille, finalement : elle se promène sur l’étroite bande qui reste libre entre les murs et les barbelés.

    Si elle en avait encore la force elle haïrait ce monde — désormais elle est hélas trop usée pour ça aussi.