La Ligue Communiste Révolutionnaire et la commémoration du 8 mai

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  • La LCR et la commémoration du 8 mai (Lutte de classe, juin 1975)
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    Le 8 mai 1945 serait pour la LCR, la date de la victoire sur le nazisme, victoire de « la résistance ouvrière en populaire », que l’on aurait volé aux masses.

    Cette version des événements est contestable à plusieurs titres. Tout d’abord au niveau des faits. En présentant ainsi les choses, la LCR exagère l’ampleur de la Résistance en France, qui n’a jamais rassemblé, au maximum de sa force, que quelques milliers d’hommes. Mais cette présentation d’une réalité déformée n’est pas sans signification politique. Pour la Ligue Communiste Révolutionnaire aujourd’hui, comme pour les organisations dont elle est issue, le POI et le PCI, la Résistance était un mouvement national duquel était sorti le mouvement de classe. Qu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, on ait développé une telle analyse relevait de l’opportunisme le plus grossier, de l’abdication de toute politique de classe devant l’union sacrée. pratiquée par le mouvement stalinien. Car comment pouvait-on prétendre que la Résistance, entièrement contrôlée par le PCF qui subordonnait toute sa politique à celle de la bourgeoisie française, représentée par de Gaulle, représentait, ne serait-ce qu’en germe, un mouvement de classe ? Alors qu’à aucun moment la classe ouvrière n’est intervenue de façon autonome, sur ses objectifs propres. Mais aujourd’hui, alors que trente ans sont passés, alors que les faits sont venus vérifier la fausseté d’une telle analyse, la Ligue Communiste Révolutionnaire la fait toujours sienne. Et pourtant, il est particulièrement difficile aujourd’hui de prétendre que la « résistance populaire, ouvrière » ait été frustrée de sa victoire. Quelle résistance ? Celle organisée par le PCF ? Mais en quoi était-elle ouvrière ? Parce qu’elle était contrôlée par le PCF, parti ouvrier ? Mais cette résistance était en fait contrôlée par de Gaulle, par l’entremise justement de ce PCF Vouloir y voir en quoi que ce soit un caractère ouvrier relève de la cécité politique, ou de l’escroquerie. D’ailleurs, à partir d’une telle analyse, si l’on poussait le raisonnement jusqu’à ses ultimes conclusions, on aboutirait à des absurdités insoutenables tant elles sont évidentes. Ainsi affirmer par exemple que le mouvement - ou la Résistance - populaire, ouvrier, a été frustré de sa victoire, c’est prétendre qu’à un moment ou un autre existait dans le pays une dualité de pouvoir. La Ligue Communiste Révolutionnaire n’ose tout de même pas prétendre que la présence de dirigeants du PCF aux côtés de Bidault au sein du Conseil National de la Résistance, ou encore la présence de ministres du PCF dans le gouvernement présidé par de Gaulle représentait cette dualité de pouvoir. Mais alors, dans quelles circonstances ? Sous quelles formes, par quel moyen la « Résistance populaire et ouvrière » a-t-elle été frustrée de sa victoire ? Question que la Ligue Communiste Révolutionnaire laisse sans réponse, et pour cause ! Parce qu’alors il faudrait trouver dans les événements quelque chose qui ressemble à une tentative contre-révolutionnaire. Or non seulement de Gaulle n’eut nullement besoin de recourir à la répression, mais ce fut lui qui quitta le pouvoir, laissant le PCF et le PS majoritaires à la tête du gouvernement, sans que le pouvoir échappe à la bourgeoisie.