« Je dessine ce que j’aurais voulu être » : le dernier entretien « de Sempé au « Monde »
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C’est la radio qui m’a sauvé la vie ! Grâce à elle, très tôt, vers 8-9 ans, j’ai pu entendre aussi bien de la musique classique que de la variété et du jazz. Et des textes, puisque il y avait des pièces radiophoniques. Je me levais la nuit pour écouter les émissions de la radio américaine. Je ne pensais qu’à ça, je fouillais les poubelles pour trouver les programmes de radio. J’ai même réussi à faire arrêter le car du patronage en racontant que mon père allait passer à la radio, pour ne pas rater mon émission de jazz. En pleine campagne du Béarn, on a été demander à des gens d’écouter l’émission chez eux. A la fin, j’ai dit : « Ben non, mon père n’est pas passé, il passera la prochaine fois ! », et on est repartis.
Comment êtes-vous venu au #dessin ?
Dans un magazine, j’ai vu qu’un type avait dessiné une situation et mis une phrase en dessous. J’ai trouvé ça rigolo, je me suis dit que j’allais essayer. Mon rêve, à cause de Duke Ellington, c’était d’apprendre le piano. Mais c’était plus facile de trouver un crayon et du papier qu’un piano… Je devais avoir 12 ans, quand j’ai commencé à dessiner comme un fou, tout le temps. Je m’étais persuadé que j’en avais envie. En fait, pas tellement, non. Même maintenant d’ailleurs. Je n’ai jamais eu très envie de dessiner. Ça m’a toujours semblé trop difficile. Mais je me disais que peut-être avec ça, j’allais pouvoir gagner un peu d’argent. Ah, ce n’était pas très poétique !