Manu, as-tu du (Ri)cœur ?
Sur l’immigration, il aura donc tenu un peu plus de deux ans, et encore ! Dès l’entame de son règne, la police maltraitait les clandestins de Calais, le ministre de l’Intérieur fustigeait les humanitaires, et lui-même, président, après avoir plaisanté sur les kwassa-kwassa transportant vers Mayotte les migrants des Comores qui risquent la noyade, faisait la leçon à une jeune marocaine dont les papiers n’étaient pas en règle. Ce n’était pas encore théorisé. Des oublis, simplement.
Nous y voilà. Il a, quel talent d’acteur, revêtu le costume mité du réalisme. Il faut, pour éviter Le Pen, tutoyer ses thèmes et flatter son public ; il faut, pour amadouer le peuple xénophobe, punir l’immigration ; il faut être ferme, et l’étranger est là pour le prouver. Il dit « régalien », le mot vient en bouche. Il découvre, le président, que la diversité nous peuple et n’a rien de simple. La belle affaire, mais où vivait-il avant ? Il redoute, notre chef d’État, des vagues migratoires qui nous submergeraient et c’est une étrange impression d’entendre sa porte-parole, Sibeth NDiaye, femme de gauche et binationale, parler comme une lectrice du Camp des saints, ce pauvre roman servant de guide à l’extrême droite.