Le SNU obligatoire, un rapport le préconise, les médias n’y croient pas (Revue de Presse)
Alors que le statut de l’objection de conscience[1] a été créé en 1963 (et renforcé en 1983) avant suspension et remplacement du Service National en 1997 et 2002 par un_Parcours Citoyen_, un rapport confié au général Daniel Ménaouine préconise l’impossibilité de refuser le Service National Universel (SNU) qui vient d’être lancé par le gouvernement.
Service national universel : obliger les jeunes, une option à risque (Le Monde)
►https://www.lemonde.fr/campus/article/2018/05/29/service-national-universel-obliger-les-jeunes-une-option-a-risque_5306157_44
Pour ceux qui demeureront réfractaires, le refus serait sanctionné par « l’impossibilité de passer le code, le baccalauréat ou un autre diplôme, l’exclusion des concours administratifs… », suggèrent les auteurs du rapport.
Si ce point a fait et fait débat comme l’indique l’article ci-dessus, mais le Secrétaire d’État en charge du dossier fait lors de ce lancement largement médiatisé des déclarations laissant penser qu’il sera en effet obligatoire.
Service national universel : « On ne pourra pas être réformé », annonce Gabriel Attal (Le Parisien)
►http://www.leparisien.fr/societe/service-national-universel-on-ne-pourra-pas-etre-reforme-annonce-gabriel-
on ne pourra pas être réformé du SNU. C’est le sens du mot « universel ».
Le contenu du SNU décrit par Gabriel Attal dans l’entretien ci-dessus commence à provoquer quelques critiques pour ses dimensions paramilitaires et d’embrigadement. Critiques trop timides pour certains qui relèvent que des mouvements liés à l’histoire de l’éducation populaire y ont été associés.
Un service national universel aux allures très militaires (Les Echos)
▻https://www.lesechos.fr/politique-societe/societe/un-service-national-universel-aux-allures-tres-militaires-1029855
Une cérémonie de lever des couleurs et une Marseillaise entonnée a cappella ont donné le coup d’envoi de cette première session du SNU. A ceux qui critiquent l’aspect très militaire du dispositif, Gabriel Attal défend, lui, le « patriotisme ».
SNU : des lycées-casernes pour la servitude nationale universelle (B. Girard, Blog Mediapart)
►https://blogs.mediapart.fr/b-girard/blog/170619/snu-des-lycees-casernes-pour-la-servitude-nationale-universelle
Aujourd’hui, lancement officiel du SNU (service national universel) : une période d’encasernement obligatoire, à forte dimension militaire, imposée à tous les jeunes de 15 ans (on a même vu, aujourd’hui des élèves de 3e incorporés !). Une initiative accompagnée par un silence assourdissant des enseignants et des milieux éducatifs.
Néanmoins experts et médias ne croient pas que le SNU puissent devenir obligatoire dans les faits.
Pourquoi le gouvernement aura du mal à rendre le SNU obligatoire (Bénédicte Chéron, Les Inrocks)
▻https://www.lesinrocks.com/2019/06/19/actualite/societe/pourquoi-le-gouvernement-aura-du-mal-a-rendre-le-snu-obligatoire
Il est annoncé depuis le départ que le dispositif sera obligatoire, à terme, avec des échéances variant de 2022 à 2026. Au-delà de la faisabilité matérielle (locaux, encadrement, budget…) se pose la question de la légitimité même du dispositif. Des sociologues qui ont travaillé dans le contexte de la suspension du service national en 1997 ont montré qu’il était beaucoup plus difficile de faire admettre par une population la légitimité d’un service civique ou civil que celle d’un service militaire. Le service militaire a pour fondement la réponse à des menaces armées. On peut débattre sur le fond, sur l’identification de ces menaces, sur l’opportunité d’y répondre par la formation au métier des armes de chaque classe d’âge, mais s’il y a un consensus relatif sur l’existence de la menace et la nécessité d’y répondre, alors le service militaire est porteur d’une logique propre.
Les services civiques ou civils reposent le plus souvent dans les autres pays européens sur le volontariat car la question se pose : au nom de quel impératif supérieur peut-on contraindre toute une classe d’âge à se soumettre à une obligation délimitée dans le temps, selon des formes prédéfinies par l’Etat en dehors de l’obligation d’instruction ? Au-delà des bonnes intentions (sur lesquelles il est toujours difficile de débattre), la réponse à cette question n’a rien d’évident.
Si le gouvernement souhaite réellement rendre le SNU obligatoire alors même qu’il ne sera jamais admis comme absolument légitime par l’ensemble de la population, alors il faut prévoir un régime de sanctions ferme et réellement dissuasif. Je ne suis pas sûre qu’un gouvernement soit prêt à en payer le coût politique…
« Le SNU est l’héritier d’une pensée magique née dans les années 1960 » (Bénédicte Chéron, Le Monde)
▻https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/18/le-snu-est-l-heritier-d-une-pensee-magique-nee-dans-les-annees-1960_5477713_
Justifié par un discours d’intégration, le service national universel (SNU), qui vient de débuter, est bercé par la nostalgie d’un service national disparu. Le rendre obligatoire le condamnerait à la même issue, estime l’historienne Bénédicte Chéron dans une tribune au « Monde ».
La réponse sera donc donnée par ce double enjeu :
– la définition des sanctions (celles mentionnées par le rapport initial ?)
– le coût politique et l’adhésion de la population sur des valeurs Républicano-Militaro-Patriotiques.
Pour information, pour cette première session (phase de test), il y avait plus de volontaires que de places (source : entretien avec G. Attal cité ci-dessus).
Le coût annoncé est de 1,5 milliard d’euros :
La lourde facture du nouveau service national (Capital.fr)
►https://www.capital.fr/economie-politique/la-lourde-facture-du-nouveau-service-national-1342445
Selon le secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, le dispositif devrait coûter 1,5 milliard d’euros par an.
Mais il pourrait être sensiblement plus élevé :
Le coût du SNU toujours en suspens (Educpros)
▻https://www.letudiant.fr/educpros/actualite/le-cout-du-snu-toujours-en-suspens.html
Lors de son audition devant le Sénat, le secrétait d’État auprès du ministère de l’Éducation nationale et de la jeunesse, Gabriel Attal, est resté discret quant au coût du SNU (service national universel). Un flou qui ne fait qu’accroître l’inquiétude des parlementaires.
Un budget qui pourrait être autrement employé ?
D’autant que le financement de la phase de test a été ponctionnée sur le budget de l’Éducation Nationale :
Qui fait quoi et qui paie ? La difficile mise en place du service national universel (Marianne)
▻https://www.marianne.net/societe/snu-service-national-universel-mise-place-test
Alors que la phase de test du service national universel doit démarrer le 16 juin 2019, la répartition des charges et des tâches entre Etat et collectivités locales paraît encore floue. Avec au centre des question : le financement du SNU.
Une dernière source documentée :
Service national universel : mode d’emploi (Les Echos)
▻https://www.lesechos.fr/politique-societe/dossiers/0301628259022/service-national-universel-mode-demploi-139040
[1] ▻https://fr.wikipedia.org/wiki/Objection_de_conscience#Histoire