Le socialisme de Victor Serge, Susan Weissman, BALLAST
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« Autant d’entrailles que de cervelle ; rétif, mauvais caractère, pas accommodant pour un sou. En stratégie de carrière, zéro pointé. Irrécupérable. […] Alors, entre le chichi artiste et l’emmerdance savante, saumâtre entre-deux, un centaure mi-russe mi-français, mi-anar mi-bolcho, mi-esthète mi-activiste, travaille en cachette quarante ans durant, contre vents et marées, page après page, à rendre l’avenir des hommes un peu plus supportable », écrivait Régis Debray en 1985, encore marxiste, dans sa préface aux Carnets de Victor Serge. Le portrait est juste. Sa biographe de référence, la professeure et journaliste étasunienne Susan Weissman, appelle aujourd’hui à nous réapproprier la mémoire de l’écrivain et militant disparu en 1947 afin de bâtir le socialisme démocratique du XXIe siècle.
Victor Serge eut un impact considérable sur le développement de la conscience des marxistes révolutionnaires, des libertaires et des anarchistes du monde entier. Il fut le trotskyste le plus connu de son temps, bien que sa relation avec le mouvement trotskyste ait été pour le moins controversée. Lorsque je raconte aux gens que j’écris sur Serge, ils me disent, invariablement, lesquels de ses livres les ont touchés ou influencés le plus : dans le monde anglo-saxon, il s’agit le plus souvent de son roman dialectique ayant trait aux purges, L’Affaire Toulaév, ou de ses Mémoires d’un révolutionnaire. En France : S’il est minuit dans le siècle. Quant aux militants trotskystes, ils mentionnent généralement L’An I de la Révolution russe ou De Lénine à Staline, qu’il a écrit en seulement quinze jours, en 1936. En Amérique latine, son travail le plus lu est sa petite brochure Ce que tout révolutionnaire doit savoir sur la répression.
Cela pour dire que Serge renvoie à l’expression concrète et poétique d’une époque. Il était aux côtés des révolutionnaires marxistes qui ont refusé de se rallier à la contre-révolution stalinienne et qui ont lutté afin que leurs idées échappent aux tentatives exterminatrices de Staline. C’est ce qui rend son travail si puissant. On a appelé Serge le poète, le barde, le journaliste et l’historien de l’Opposition de gauche1. Il était également sa conscience. À l’instar de ses camarades de l’Opposition, Serge a été mis en marge de l’Histoire parce qu’il rejetait, d’un même élan, le capitalisme et le stalinisme.
Ce que tout révolutionnaire doit savoir sur la répression
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