• #Terrorisme Nuit du 17 au 18 janvier 1962, l’OAS organise 18 attentats simultanés à Paris/en France

    L’Organisation secrète se livre à des démonstrations de masse, les « nuits bleues », dont celle du 17 au 18 janvier 1962, marquée par 18 plasticages à Paris. [...]. En fait, aucune des villes de grande ou moyenne importance n’est épargnée, même si c’est à Paris qu’ont eu lieu plus de la moitié des plasticages métropolitains.

    Le plastic a une fonction de menace et d’intimidation. Il sert à atteindre les immeubles et biens de l’administration, les domiciles, voitures ou permanences d’hommes politiques, les sièges de journaux réputés pour leur hostilité à l’OAS. Comme on pouvait le prévoir, avec 45% des hommes politiques et 27% des journaux concernés, le Parti communiste vient en tête des victimes. Il est suivi par les représentants de l’UNR (34%), puis le PSU (7%), pour ce qui est des personnalités politiques, et par Le Monde (14%), puis Le Figaro et France-Soir (environ 10% chaque), en ce qui concerne la presse".

    Frappant également des intellectuels ainsi que des militants politiques ou syndicaux de base, ces attentats soulèvent une indignation qui atteint un sommet lorsque, le 7 février 1962, un plasticage destiné à l’appartement d’André Malraux atteint par erreur une fillette, Deiphine Renard, gravement blessée aux yeux. [...]

    Le nombre total de victimes de l’OAS en métropole s’élève, selon Arnaud Déroulède, à 71 morts et 394 blessés. Le mois le plus meurtrier est celui de juin 1961, avec 24 morts et 132 blessés. L’explication de cette date surprenante par sa précocité tient à l’effet du déraillement d’un train Paris-Strasbourg, le 18 juin, accident dont l’attribution à l’OAS s’est faite d’autant plus tard que ses auteurs, très jeunes, n’ont pas tous été inculpés.

    Ces chiffres sont sans commune mesure avec ceux que l’on peut avancer pour l’Algérie, en dépit de l’incertitude des sources. En effet, en croisant les statistiques de la Sûreté nationale avec celles du préfet de police d’Alger, Charles-Robert Ageron se rallie à l’estimation faite de bonne heure par le journaliste américain Paul Hénissart, soit au moins 2200 morts au total ; pour la seule période qui va jusqu’à l’arrestation de Salan, le 20 avril 1962, ce serait 1622 morts, dont 239 Européens, et 5148 blessés, dont 1062 Européens, attribuables à une série de 12 299 explosions au plastic, 2546 attentats individuels et 510 attentats collectifs. En se fondant sur des sources internes et tout en reconnaissant qu’aucune indication n’est vraiment fiable, Arnaud Déroulède propose une évaluation plus faible : 9 000 à 12 000 plasticages, 1 500 tués, 5 000 blessés.

    Anne-Marie Duranton-Crabol, Le temps de l’OAS, éditions Complexe, 1995, page 142, puis 144 via LDH France