Vanderling

La conversation n’est féconde qu’entre esprits attachés à consolider leurs perplexités.

  • Guerre à Gaza : la France équipe en secret des mitrailleuses utilisées par l’armée israélienne
    https://disclose.ngo/fr/article/guerre-a-gaza-la-france-equipe-en-secret-des-mitrailleuses-utilisees-par-l

    La France a autorisé, fin octobre 2023, la livraison à Israël d’au moins 100 000 pièces de cartouches destinées à des fusils mitrailleurs susceptibles d’être utilisés contre des civils à Gaza. Révélations de Disclose et Marsactu sur une cargaison expédiée en secret, et en totale contradiction avec les engagements du gouvernement. Lire l’article

  • Les liaisons dangereuses de l’industrie française de l’armement avec Israël - Observatoire des multinationales
    https://multinationales.org/fr/actualites/les-liaisons-dangereuses-de-l-industrie-francaise-de-l-armement-ave

    Depuis le début de l’offensive à Gaza, les livraisons d’armes occidentales à Israël sont dans le viseur du mouvement de soutien à la Palestine. Que sait-on des liens entre les industriels français et le complexe militaro-industriel israélien ?

  • Gaza : « L’Europe et l’Occident sont complices du génocide en cours »
    « Comment vos pays peuvent-ils se regarder dans le miroir ? » Le directeur du Centre palestinien pour les droits humains exhorte l’Europe à cesser de « couvrir » Israël face aux massacres à Gaza. « Les Occidentaux, dit-il, n’ont aucune volonté politique. Et donc ils soutiennent. »

    Mathieu Magnaudeix | 22 mars 2024 à 13h18 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/international/220324/gaza-l-europe-et-l-occident-sont-complices-du-genocide-en-cours

    RajiRaji Sourani est un avocat palestinien, fondateur en 1995 et directeur exécutif du Centre palestinien pour les droits humains (PCHR), une ONG située à Gaza. Ancien militant politique, il a été incarcéré à plusieurs reprises en Israël dans les années 1970 et 1980 pour son appartenance au Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP).

    Il a ensuite débuté une carrière juridique, qui lui a valu une reconnaissance internationale. Récipiendaire du prix Nobel alternatif en 2013, décoré en 2021 de l’ordre du mérite français, il a fait partie de l’équipe juridique de l’Afrique du Sud qui a introduit en début d’année une requête demandant à la Cour internationale de justice (CIJ) de qualifier de « génocide » la guerre israélienne à Gaza. Le 26 janvier, la Cour a reconnu un « risque plausible » de génocide et exigé des mesures conservatoires, ignorées par Israël.

    Mediapart : Raji Sourani, vous êtes en ce moment de passage en Europe. Quel message lancez-vous à vos interlocuteurs ?

    Raji Sourani : Nous sommes déçus par les États comme la France, l’Europe et l’Occident. La devise de votre pays, c’est « liberté, égalité, fraternité », non ? Alors pourquoi, face au génocide en cours, souscrivez-vous à la terminologie de l’autodéfense d’Israël ?

    Il s’agit d’une occupation criminelle qui dure depuis des décennies. Le président israélien n’a pas fait de distinction entre les civils et le Hamas. Le premier ministre Benyamin Nétanhayou a appelé à la destruction de Gaza. Le ministre de la défense a dit : « Gaza n’aura pas d’eau, d’électricité, de nourriture. » Il y a les destructions et les morts.

    Et malgré tout, les Européens et l’Occident soutiennent. Ils sont complices. Ils donnent les armes, les fonds, une couverture légale et politique à Israël. Quelles sont vos valeurs ? Que signifie la loi pour vous ? Comment vos pays peuvent-ils se regarder dans le miroir face à ce génocide en cours ? Comment peuvent-ils se dire impuissants ? Comment Joe Biden et son ministre des affaires étrangères peuvent-ils dire : « C’est très triste de voir mourir des enfants à Gaza », alors qu’il leur suffit d’une phrase pour tout stopper ?

    Je pense que les Occidentaux n’ont aucune volonté politique. Et donc ils soutiennent. Ma colère, ma vraie colère, elle est là.
    Illustration 1
    Raji Sourani, directeur du Centre palestinien pour les droits humains, à Madrid, le 22 janvier 2024. © Photo Daniel Gonzalez / EFE via MaxPPP

    La France plaide désormais ouvertement pour un cessez-le-feu. Et elle n’est plus la seule désormais...
    Mais il n’y a pas de cessez-le-feu ! Tout se passe selon les souhaits de Nétanyahou, et ses ministres [d’extrême droite – ndlr] Smotrich et Ben-Gvir : des tueries de masse, la destruction de masse, la famine de masse, le déplacement de masse. Une nouvelle Nakba est en cours. Un million et demi de personnes qui sont à Rafah en ce moment même, près de la frontière avec l’Égypte, peuvent être expulsées de Gaza d’une minute à l’autre.

    Nous sommes tués par des armes américaines et européennes. Pourquoi continuent-ils de soutenir Israël ? Je n’arrive pas à comprendre !

    Depuis des mois, nous assistons à un génocide. Ce ne sont pas des allégations : c’est la Cour internationale de justice, la plus importante du monde, qui a parlé de « génocide plausible ». Et vos pays ne font rien ! Nous sommes tués par des armes américaines et européennes. Pourquoi continuent-ils de soutenir Israël ? Je n’arrive pas à comprendre ! Les seuls États en Europe qui ne se comportent pas ainsi sont l’Espagne, la Belgique, le Luxembourg, la Slovénie.

    Que demandez-vous aux pays européens ?

    Le respect de la loi. Agissez envers la Palestine comme vous agissez pour l’Ukraine ! Arrêtez les tueries, arrêtez la famine, arrêtez les déplacements de population ! De nombreuses ONG internationales, mais aussi israéliennes, ont documenté la violation des droits des l’homme par Israël. Pourquoi les relations commerciales continuent-elles comme si de rien n’était, alors que le traité entre l’Union européenne et Israël mentionne le nécessaire respect des droits de l’homme ?

    Pourquoi Israël est-il à l’Eurovision ? Pourquoi Israël est-il présent aux Jeux olympiques ? Pourquoi les Israéliens peuvent-ils venir sans visa en Europe alors que les Européens, même des ministres, doivent demander aux autorités israéliennes s’ils veulent visiter Gaza, et la plupart du temps n’y sont pas autorisés ? Que quelqu’un me dise pourquoi ils sont récompensés parce qu’ils commettent un génocide !

    Les États-Unis présentent ce vendredi une résolution au Conseil de sécurité des Nations unies pour un « cessez-le-feu » et la libération des otages. La France annonce elle aussi une résolution sur un « cessez-le-feu immédiat ». Qu’en pensez-vous ?

    Ce sont des menteurs. Comment leur faire confiance, à moins d’être stupide, naïf ou les deux ? Ils fournissent les avions, les bombes. Des soldats occidentaux nous combattent. Des Français, des Italiens, des Américains. Ce n’est pas un secret, la population de Gaza le voit. Israël procède à une occupation militaire et criminelle depuis des décennies. C’est l’occupation la plus longue et la plus documentée au monde. L’Afrique du Sud mais aussi le Brésil donnent à l’Europe une leçon de morale et de droits humains.

    Vous êtes gazaoui…

    Je suis un fier résident de Gaza. Je dis « résident » et pas « ressortissant », parce que nous n’avons pas la nationalité, et ce sont les Israéliens qui décident de notre résidence.

    Au début de la guerre, votre propre maison a été bombardée.

    J’ai subi deux bombardements. Je monte les dossiers des crimes de guerre israéliens devant les tribunaux : je fais donc partie de ceux qui sont ciblés. J’ai été bombardé une première fois le 18 octobre, la nuit, chez moi, j’étais avec ma femme et mon fils. Ça a duré près de deux heures : un tapis de bombes dans le quartier, jusqu’à deux cent mètres de nous. Une bombe a même touché la maison. J’ai déménagé dans une autre maison à Gaza City.

    Le 23 octobre, à nouveau, la mosquée et le poste de police à côté de mon domicile ont été ciblés, bombardés par sept énormes bombes. Nous avons survécu. Chaque minute, chaque heure, nous avons eu peur que le bâtiment tombe sur notre tête. Il faut vous imaginer : ce sont des bombes gigantesques, qui vont jusqu’à 20 mètres dans le sol. Vous avez l’impression qu’elles vous atteignent directement.

    Des centaines, des milliers de ces bombes ont été utilisées à Gaza. J’ai tenté de partir au sud, à Khan Younès, mais je n’ai pas pu. La deuxième fois, un ami m’a enjoint à la dernière minute de revenir sur mes pas : d’autres gens avaient essayé de fuir, il y avait des dizaines de corps dans la rue. J’ai fini par rejoindre Khan Younès fin novembre, et j’ai pu finalement me rendre en Égypte.

    Je n’arrive toujours pas à réaliser le nombre de morts.

    Que sont devenus vos proches, vos ami·es ?

    Dès la première semaine, j’ai arrêté d’adresser des condoléances. Je n’arrive toujours pas à réaliser le nombre de morts. Chaque jour, j’entends parler d’amis, de voisins, de collègues morts, partout dans la bande de Gaza.

    J’ai connu les six guerres de Gaza, j’ai mené des enquêtes sur de nombreux crimes de guerre. Cette fois, dès le premier jour, j’ai compris que c’était différent. Pour la première fois, j’ai demandé aux 65 collaborateurs de mon organisation de ne pas bouger de chez eux, de ne pas aller enquêter sur place, de seulement documenter ce qui se passe dans leur voisinage.

    Onze collaborateurs sont partis au Caire, sept sont en Cisjordanie. Deux ont été tuées. L’une avec trente-sept membres de sa famille. Une autre avec sept de ses proches.

    Qu’est-ce qui est différent cette fois ?

    Dès le premier jour, les hôpitaux, les écoles, les abris, les locaux de l’UNRWA [l’agence onusienne des réfugiés palestiniens, cheville ouvrière de l’aide humanitaire à Gaza, victime d’une campagne d’Israël – ndlr] ont été ciblés. Mais aussi les boulangeries, les installations pour désaliniser l’eau, les systèmes d’assainissement, les usines d’électricité, les routes.

    C’était très clair dès le début. Il s’agit d’une stratégie planifiée et intentionnelle de nettoyer Gaza de ses civils. C’est une évidence. J’en ai beaucoup discuté avec mes collègues avocats, qu’ils soient palestiniens, européens, américains ou sud-africains. Au bout de dix jours, tout le monde était d’accord : c’est un génocide. Les faits sont clairs.

    Bombarder deux, trois, voire cinq hôpitaux, à la limite, on peut le concevoir. Mais pourquoi attaquer 38 hôpitaux ? Quelle est l’intention ? Pourquoi s’en prendre aux enfants malades, aux docteurs, aux ambulances ? Pourquoi attaquer les mosquées et les églises ? Pourquoi s’en prendre aux zones les plus peuplées ? Anéantir des familles entières, avec parfois des dizaines de morts, et selon nos estimations encore jusqu’à 10 000 tués encore sous les décombres ? Forcer les gens à quitter le nord tout en les bombardant ? Les affamer et empêcher l’accès de l’aide humanitaire ? Détruire des supermarchés ?

    Dans ce chaos, comment pouvez-vous documenter les crimes de guerre ?

    Le premier mois, cinq ou six d’entre nous ont commencé à collecter tout ce qu’ils pouvaient. Nous ne pouvons pas documenter les destructions contre les 38 hôpitaux. Mais nous pouvons nous concentrer sur ce qui s’est produit à l’hôpital Al-Shifa, à l’hôpital Al-Qods, à l’hôpital indonésien. Car ce qui s’y est passé s’est répété ailleurs, selon le même scénario.

    Donc nous recueillons de nombreux témoignages, relevons les munitions utilisées. Nous documentons les stratégies de famine, le déplacement. Et la torture. Personne ne parle des 4 000 prisonniers arrêtés à Gaza. Ils ont été torturés dans des conditions pires que Guantanamo et Abu Ghraib. Personne ne parle non plus des meurtres extrajudiciaires de l’armée israélienne contre des familles et des jeunes.

    Votre organisation a contribué à la procédure pour génocide de l’Afrique du Sud à la Cour internationale. Vous étiez vous-même à La Haye lors des auditions. Le 26 janvier, la Cour a exigé des mesures provisoires pour éviter un « génocide plausible ». Et depuis ?

    Israël affirme que tout cela n’existe pas. Mais ce qu’a dit la CIJ, ce n’est pas une discussion d’intellectuels dans un coin que personne ne devrait respecter ! Les mesures provisoires prononcées signifient que quelque chose de grave se passe et qu’il faut le stopper. La Cour n’a pas demandé un cessez-le-feu, mais en réalité elle a soulevé le sujet : car comment protéger les civils, arrêter les massacres, faire entrer les médicaments et la nourriture s’il n’y a pas de cessez-le-feu ?

    La CIJ a signalé à la communauté internationale que c’était à elle d’agir. La France et l’Allemagne s’étaient engagées à respecter sa décision. Et maintenant ? Les Français et les Allemands prient Israël d’autoriser l’aide humanitaire, de coopérer. Honte à eux ! Ils permettent à Israël d’exécuter son plan : faire sortir les Palestiniens de Gaza, mener son génocide. C’est une autorisation de tuer. À l’heure où nous parlons, un million et demi de Gazaouis se retrouvent dans une aire de 40 kilomètres carrés près de Rafah. À tout moment, en bombardant Rafah, Nétanyahou peut déclencher une nouvelle Nakba.

    Vous représentez des victimes palestiniennes devant la Cour pénale internationale depuis des années. Qu’attendez-vous d’elle ?

    C’est une question importante. En 2015, l’Autorité palestinienne est devenue membre de la CPI [elle a ainsi saisi la juridiction de la Cour sur les crimes présumés commis « dans les Territoires palestiniens occupés, Jérusalem-Est inclus, depuis le 13 juin 2014 – ndlr]. L’enquête a été réellement ouverte en 2021 par l’ancienne procureure générale, Fatou Bensouda.

    Nous étions soulagés. Nous nous sommes dit : enfin, Israël va payer pour ses crimes de guerre, ses persécutions et ses crimes contre l’humanité. L’actuel procureur, Karim Khan, a pris la tête de la CPI en juin 2021. Depuis, il n’a rien fait. Nous avons tous les dossiers. Nous l’avons imploré de nous recevoir. Il n’a jamais accepté.

    Après le 7 octobre, il s’est dépêché de voir les victimes israéliennes sur le théâtre des crimes. Mais il n’est pas venu à Gaza. Pour moi, il est l’homme de l’Allemagne, du Royaume-Uni et de l’Europe. Dans le cas ukrainien, il a commencé une enquête très vite. Il a émis un mandat d’arrêt contre Poutine un an après le début de la guerre. Pour nous, il n’a rien fait.

    Le procureur de la Cour pénale internationale nous a promis qu’il ne nous décevrait pas. C’était en janvier. Depuis ? Aucune nouvelle.

    Nous avons protesté, il a commencé à sentir notre pression. Il n’a demandé à nous rencontrer que lorsque nous avons déposé la requête devant la Cour internationale de justice. Nous lui avons parlé en visio le 11 janvier, le deuxième jour des auditions devant la CIJ. Je lui ai adressé toutes mes critiques. Je lui ai dit qu’il devrait être la conscience légale des victimes, que nous avons tous les dossiers, les preuves, les faits. Je lui ai dit : « Si vous aviez réagi avant, si vous aviez dans ce cas aussi déclenché des procédures, peut-être auriez-vous envoyé des messages à Israël et cet affreux génocide n’aurait pas eu lieu. »

    Il a reconnu que ce qui se passe n’est pas acceptable, nous a demandé de coopérer avec lui, nous a promis qu’il ne nous décevrait pas. C’était en janvier. Depuis ? Aucune nouvelle, ni rien de tangible. Notre sentiment, c’est qu’il ne veut pas qu’Israël rende des comptes. Je ne le respecte pas et je ne lui fais pas confiance.

    Depuis des semaines, des discussions ont lieu sur une trêve, la libération des otages israéliens et des prisonniers palestiniens, entre Israël et le Hamas, sous l’égide des États-Unis et du Qatar. Pourtant, elles n’aboutissent pas.

    Mais Israël se moque des otages ! Ils détiennent à peu près 3 000 prisonniers arrêtés en Cisjordanie, et 4 000 prisonniers de Gaza. À vrai dire, ceux de Gaza, nous ne connaissons même pas leur nombre exact. Déjà, parce que personne ne sait qui est mort ou vivant parmi ceux [les membres du Hamas et des autres groupes palestiniens – ndlr] qui étaient en Israël au moment du 7 octobre.

    Par ailleurs, c’est l’armée israélienne qui contrôle tout, au point que l’autorité israélienne chargée des prisons n’a pas d’informations précises. Les prisonniers sont dans des camps militaires. Ce que nous savons, c’est qu’ils sont d’abord interrogés, puis qu’une enquête est menée. Les prisonniers n’ont pas de nom, seulement un numéro. Nous avons documenté des centaines de cas de torture. C’est sans précédent. Certains prisonniers ont été tués.

    Ensuite, les prisonniers sont interrogés par le Shin Bet israélien [les services du renseignement intérieur – ndlr] dans un camp militaire près de Jérusalem. Tout cela se passe hors du droit. Imaginez ce qu’ils peuvent faire avec eux dans ces conditions. Israël a ramené et enterré de nombreux corps à Gaza. Sur ces cadavres, nous ne savons rien : pourquoi et comment Israël les détenait, qui ils sont, il n’y a aucun moyen de les identifier. Si vous ajoutez leurs cas à tous les morts déjà connus, nous avons là un crime de masse qu’il va falloir documenter.

    Les Palestiniens vivent l’époque la plus sanglante, la plus destructrice de leur histoire. Nous n’avons pas le droit d’abandonner ni le droit d’être de bonnes victimes aux yeux du monde. Nous défendons une cause juste. Nous sommes dans le bon sens de l’histoire. Je reste un optimiste stratégique et compte documenter les crimes en cours avec les armes du droit.

    Pour l’heure, la guerre est en cours. Un jour, elle s’arrêtera. Quelle est la solution politique ?

    Je me doutais que les accords d’Oslo allaient institutionnaliser l’occupation. Maintenant ? Nous voulons la fin de cette occupation. C’est tout. Il n’y a jamais d’occupation juste. Nous serons heureux avec les 22 % de la Palestine historique [les Territoires occupés par Israël – ndlr], et la possibilité de décider de notre futur, avec, je l’espère, un paysage politique qui pourrait changer si [le militant palestinien] Marwan Barghouti ou d’autres personnalités sont libérés de prison.

    Notre existence ne peut être niée. Nous avons toujours été là. Et nous serons toujours là. Et nous sommes d’autant plus forts que la société civile américaine, européenne et mondiale nous soutient. À elles et eux, je veux dire merci : nous sommes fiers de vous, nous savons ce que vous faites, vous êtes la clé du changement.

    Mathieu Magnaudeix

    • [...] c’est la Cour internationale de justice, la plus importante du monde, qui a parlé de « génocide plausible ». Et vos pays ne font rien ! Nous sommes tués par des armes américaines et européennes. Pourquoi continuent-ils de soutenir Israël ? Je n’arrive pas à comprendre ! Les seuls États en Europe qui ne se comportent pas ainsi sont l’Espagne, la Belgique, le Luxembourg, la Slovénie.
      [...]

      Boîte noire

      Raji Sourani était de passage à Paris jeudi 21 et vendredi 22 mars. L’entretien a eu lieu jeudi après-midi dans un café près de l’Assemblée nationale. Il n’a pas été relu par l’intéressé.

  • Dans l’est du #Congo, « la guerre régionale est déjà là »
    https://afriquexxi.info/Dans-l-est-du-Congo-la-guerre-regionale-est-deja-la

    Dans l’#est_du_Congo, « la guerre régionale est déjà là »
    Entretien · La tension n’a cessé de monter entre la République démocratique du Congo et le "Rwanda ces derniers mois, et la situation humanitaire, à la frontière, est dramatique. Mais quelle est précisément la situation sur le terrain ? Qui fait quoi, et au nom de quels intérêts ? Au-delà des fantasmes et des exagérations, le chercheur Onesphore Sematumba explique les tenants et les aboutissants de ce conflit meurtrier.

    #M23 #Goma

  • Alexandre Jaafari @coachouicoachv2 sur X 
    https://twitter.com/coachouicoachv2/status/1770445462455161254

    Soazig de la Moissonnière, photographe officielle de Macron, a publié ce matin ces deux clichés.

    Qu’est-ce que ça dit du rapport du président à la boxe ? Qu’est-ce qu’on peut penser des réactions des défenseurs et des critiques de la boxe qui vont suivre ?

    Un thread ⏬
    1/28

  • Voici la visite d’un poulailler abandonné situé en plein cœur du Massif-Central, dans un recoin de campagne éloigné de tout. Je l’ai découvert totalement par hasard, seulement intrigué par quelques végétations folles un peu anormales pour un tel site industriel.

    Allez je lance les chiffres qui donnent le tournis : un gérant qui s’occupait chez Carlier de 2,5 millions de poules, un poulailler de 114.000 poules, une bête livraison anecdotique de 145.000 œufs : le carnet est rempli de ça… Voilà la démesure !

    Le documentaire complet est disponible ici : https://tchorski.fr/25/poulailler.htm

    Un terrible conflit est apparu entre les deux associés en 2015 ; un jugement a mené à l’éviction de l’un d’eux en 2016. Les comptes ont été arrêtés en 2019 et la liquidation judiciaire a été prononcée en 2020. Voilà pour un survol de l’histoire, je vous passe l’ultra-obscur texte du jugement.

    Bien que les lieux soient totalement vides, j’ai bien aimé l’originalité. C’est sûr qu’avec toute l’installation, ça aurait été mieux.

  • An extraordinarily powerful protest as thousands line the seafront at San Sebastian in the Basque Country of Spain
    https://mastodon.scot/@alanferrier/112113188376024928

    An extraordinarily powerful protest as thousands line the seafront at San Sebastian in the Basque Country of Spain to denounce the ongoing massacre of Palestinian civilians by the Israeli state.

    The sirens you can hear in the background are those of Guernica.

    https://stockage.framapiaf.org/framapiaf/cache/media_attachments/files/112/113/196/028/625/827/original/1d90969f33d0f879.mp4

    • Je suis totalement admirative par la capacité de lutte et de mobilisation des Basques. (bon, ils ont été à l’école de la contestation à la dure, hein !).

      Il y a une quinzaine d’années, on se prenait une pause au bistrot du Guggenheim de Bilbao en été, c’était peinard, tranquille.

      Et d’un coup, comme surgis de terre, on s’est retrouvés cernés par des centaines et des centaines de manifestants. C’était dense, bruyant et super bien organisé. Les banderoles en plusieurs langues revendiquaient la libération des prisonniers politiques en Espagne (c’est comme ça qu’on a su que tous les indépendantistes n’étaient pas rentrés chez eux) et des tracts étaient lancés et distribués partout pour expliquer la mobilisation.

      Puis pouf, plus personne, comme ça, en un claquement de doigt. Ils se sont dispersés de manière super efficace, impossible de savoir qui avait fait quoi.

      Les poulets ne se sont même pas déplacés : pas le temps et plus rien à voir.

      À l’époque, on était en train de perdre la grande bataille sur les retraites et je me suis dit qu’avec les méthodes de ces gens, on était certains de gagner.

      Je le pense encore.

      Un tel niveau d’organisation et d’efficacité, on n’a pas.

  • Cyberattaque, soyez vigilants ! |France Travail
    https://www.francetravail.fr/candidat/soyez-vigilants/cyberattaque-soyez-vigilants.html

    Suite à une cyberattaque dont France Travail et Cap emploi ont été victimes, des informations personnelles concernant les demandeurs d’emploi actuellement inscrits à France Travail, les personnes précédemment inscrites au cours des 20 dernières années ainsi que les personnes non inscrites sur la liste des demandeurs d’emploi mais ayant un espace candidat sur francetravail.fr sont susceptibles d’être divulguées et d’être exploitées de manière illégale.

    Compte tenu des investigations techniques menées, les données personnelles exposées sont les suivantes : nom et prénom, numéro de sécurité sociale, date de naissance, identifiant France Travail, adresses mail et postales et numéros de téléphone.

    (...)

  • Notation des allocataires : la CAF étend sa #Surveillance à l’analyse des revenus en temps réel
    https://www.laquadrature.net/2024/03/13/notation-des-allocataires-la-caf-etend-sa-surveillance-a-lanalyse-des-

    Retrouvez l’ensemble de nos publications, documentations et prises de positions sur l’utilisation par les organismes sociaux – CAF, Pôle Emploi, Assurance Maladie, Assurance Vieillesse – d’algorithmes à des fins de contrôle social sur notre page dédiée et notre gitlab.

    Il…

  • Casquette #SS à la #Préfecture de #Police de #Paris, tatouage nazi à la municipale d’Orléans : les #fachos ne se cachent plus | Au Poste

    https://www.auposte.fr/casquette-nazie-a-la-prefecture-de-police-de-paris

    #fachist_alert

    Mars 2020, un fonctionnaire de la Direction Régionale de la Police Judiciaire de la Préfecture de Paris fait une embarassante découverte. Une casquette ornée d’une croix gammée trône dans le bureau d’un de ses collègues. À l’époque directeur du service, Christian Sainte est informé. Depuis, Sainte a été promu big boss de la Police Judiciaire nationale.

    Interrogée par Au Poste, la Préfecture de police de Paris confirme une enquête IGPN, classée sans suite : « après enquête interne, il s’avérait que le couvre-chef figurant sur le cliché était en réalité une casquette d’officier allemand et non SS, rapportée par un agent collectionneur passionné d’histoire pour la montrer à un collègue, également passionné de reconstitutions historiques. » 

    Entre-temps, en 2023, Matignon avait eu vent de l’affaire, et demandé à l’actuel Préfet de Police, Laurent Nuñez, que ses « services procèdent à un examen approprié ».

  • Gaza : la construction d’une prison à ciel ouvert depuis des décennies… avant le 7 octobre
    Noa Galili | +972 le 10 mars 2024 – cet article a été publié en hébreu sur Local Call ; traduction rédaction A l’Encontre
    http://alencontre.org/moyenorient/palestine/gaza-la-construction-dune-prison-a-ciel-ouvert-depuis-des-decennies-avan
    source : https://www.972mag.com/gaza-movement-permits-separation


    Travailleurs palestiniens au « poste-frontière » d’Erez, mars 2022. (Attia Muhammed/Flash90)

    (...) Pourtant, la plupart de ces informations tendent à considérer les pratiques actuelles de restriction et de privation de manière isolée. C’est une grave erreur.

    En fait, l’étau israélien sur les Palestiniens de Gaza s’est progressivement resserré au cours des décennies, comme moyen de contrôle, de pression et de punition collective. Même en temps « ordinaire », entre ses offensives militaires périodiques dans la bande de Gaza, les restrictions radicales imposées par Israël à la circulation des personnes et des biens ont longtemps sapé les conditions de vie de base à Gaza et violé d’autres droits de l’homme qui en dépendent – tels que les droits à la vie familiale, à l’éducation, aux soins médicaux et à la recherche de moyens propres de subsistance.

    La situation catastrophique actuelle doit être réinsérée dans le contexte des politiques israéliennes antérieures au 7 octobre, notamment en ce qui concerne la liberté de circulation des Palestiniens entre Gaza, Israël et la Cisjordanie. Depuis plus d’un demi-siècle, la violence de l’occupation israélienne, les offensives militaires répétées et la « politique de séparation » entre Gaza et la Cisjordanie ont engendré une bande de terre brisée et exsangue. Ces procédures ont créé et entretenu une catastrophe humanitaire. Elles ont séparé les Palestiniens de Gaza de ceux d’Israël et de Cisjordanie, et favorisé les objectifs politiques et démographiques illégitimes d’Israël.
    La naissance d’un régime de permis

    La bande de Gaza n’a jamais été censée exister en tant qu’unité territoriale distincte. Sa minuscule superficie ne contient pas suffisamment de ressources pour soutenir une économie indépendante, et certainement pas celle pour 2,3 millions de personnes qui sont privées du droit fondamental de se déplacer librement. Mais depuis des décennies, les restrictions israéliennes à la circulation des personnes et des biens ont entraîné une détérioration des conditions de vie dans la bande de Gaza et l’ont coupée du monde extérieur. (...)

    Noa Galili s’occupe des relations gouvernementales, de la recherche et du plaidoyer au Gisha

  • « C’est ramadan, mais le cœur n’y est pas »
    > Rami Abou Jamous > 11 mars 2024 > Orient XXI
    https://orientxxi.info/dossiers-et-series/c-est-ramadan-mais-le-coeur-n-y-est-pas,7130


    Des personnes sont assises près du feu dans un camp de déplacés palestiniens à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, à la veille du premier jour du mois de ramanda, le 10 mars 2024.
    MOHAMMED ABED / AFP

    (...) Les États-Unis envoient de l’aide humanitaire, et en même temps ils envoient des armes à Israël. Je n’arrive pas à comprendre s’ils se moquent de nous. C’est beaucoup plus que de l’hypocrisie. Biden peut, sur un simple coup de téléphone à Netanyahou, faire passer cinq cents ou même mille camions dans la bande de Gaza par les terminaux qui existent. Dans les périodes « normales » avant la guerre, il passait entre cinq cents et six cents camions par jour. On dit qu’il y a du marché noir à Gaza, que les gens confisquent les produits. Tout cela est vrai. Mais pourquoi les gens font-ils cela ? Parce qu’ils manquent de tout. Cela cessera si on fait entrer des quantités normales de marchandises. Plus personne n’attaquera de camion, plus personne ne revendra de l’aide humanitaire sur les marchés. Mais ce que cherchent les Israéliens c’est le chaos, c’est l’humiliation. Ce qui me fait mal, c’est de voir que cette guerre s’est transformée en un « problème humanitaire ». Mais c’est d’abord un problème politique. Les Israéliens veulent se débarrasser des Palestiniens. Ils veulent toute la terre. À Gaza, ils ont sorti l’épouvantail du Hamas, mais en Cisjordanie, le Hamas n’est pas présent, et les incursions n’arrêtent pas. Ils ne veulent pas la paix, et tout cela se passe sous les yeux des États-Unis. Cette aide humanitaire, c’est de l’arnaque. Arrêtez de vous moquer de nous. Nous ne sommes pas des idiots, nous sommes un peuple conscient et éduqué. Nous savons très bien ce que vous voulez. Toute la population est dans la misère, nous avons perdu nos enfants, nos maisons, nous avons tout perdu. Mais nous n’avons pas perdu notre raison. Ils veulent nous enlever la raison et casser notre dignité, mais ça n’aura pas lieu.

  • France : second exportateur mondial d’armes ! Les autorités se dérobent à leurs obligations de contrôle démocratique et de transparence. Jusqu’à quand ?
    https://www.obsarm.info/spip.php?article644

    Selon le dernier communiqué du Sipri, la France s’élève au rang de deuxième exportateur d’armes au monde après les États-Unis. L’augmentation des exportations d’armes est faramineuse : plus de 47 % entre les périodes 2014-2018 et 2019-2023. Alors que la contestation monte contre les ventes d’armes et de composants à double usage à Israël et à la Russie, le gouvernement fait traîner la mise en place de la Commission parlementaire d’évaluation de la politique d’exportation d’armement. (...) #Armements

    / Transferts / exportations, #Contrôle_des_exportations, #Biens_à_double_usage, #Droit_international_humanitaire, #Actions_contre_la_guerre, La (...)

    #Transferts_/_exportations #La_une
    https://www.obsarm.info/IMG/pdf/cp_france_second_exportateur_2024-02-11.pdf

  • Keith Richards célèbre Lou Reed sur “I’m Waiting for the Man”
    https://www.radiofrance.fr/fip/keith-richards-celebre-lou-reed-sur-i-m-waiting-for-the-man-1757566

    Lou Reed nous manque. Disparu en octobre 2013, l’ange noir du rock aurait fêté ses 82 ans il y a quelques jours tandis que son influence et son héritage, en solo ou avec le #Velvet_Underground, demeurent aujourd’hui encore immenses. Après avoir exhumé il y a peu une série d’archives poignantes du rockeur américain, le label américain Light in the Attic poursuit cette année son travail de mémoire en annonçant la sortie le mois prochain d’un album de reprises en forme d’hommage collectif à l’auteur de Walk on the Wild Side. Intitulée The Power Of The Heart : A Tribute To #Lou_Reed, cette célébration discographique couvre l’ensemble de la carrière du rockeur au travers de relectures inédites enregistrées par ses amis, compagnons de route, ou disciples tardifs, parmi lesquels Rosanne Cash, Lucinda Williams, Joan Jett and the Blackhearts, The Afghan Whigs, ou encore Maxim Ludwig & Angel Olsen.

    https://lightintheattic.net/products/the-power-of-the-heart-a-tribute-to-lou-reed-rsd-2024-world-exclusi
    https://loureed.bandcamp.com/track/i-m-waiting-for-the-man


    https://seenthis.net/messages/973894

  • Arundhati Roy on Gaza: N̶e̶v̶e̶r̶ Again
    https://scroll.in/article/1064867/arundhati-roy-on-gaza-never-again

    The richest, most powerful countries in the western world, those who believe themselves to be the keepers of the flame of the modern world’s commitment to democracy and human rights, are openly financing and applauding Israel’s genocide in Gaza. The Gaza strip has been turned into a concentration camp. Those who have not already been killed are being starved to death. Almost the entire population of Gaza has been displaced. Their homes, hospitals, universities, museums, infrastructure of every kind has been reduced to rubble. Their children have been murdered. Their past has been vaporised. Their future is hard to see.

    #génocide #gaza #sionisme #états-unis #genocide_joe « #nos_valeurs »

  • Violences sexuelles : les ambulanciers hors de contrôle
    https://disclose.ngo/fr/article/violences-sexuelles-les-ambulanciers-hors-de-controle

    Blessés, handicapés ou sédatés : les usagers des transports sanitaires sont des cibles idéales pour les agresseurs sexuels. Disclose, en partenariat avec la cellule investigation de Radio France, révèle qu’au moins 35 chauffeurs d’ambulance et de taxi médicalisé ont été condamnés pour violences sexuelles depuis 2005. La plupart ont continué d’exercer leur activité, trois d’entre eux sont toujours en poste. Lire l’article

  • Guerre Israël-Hamas : le bras de fer se durcit entre l’Etat hébreu et l’agence onusienne UNRWA, qui s’accusent mutuellement
    Le Monde avec AFP | Publié le 5 mars 23 à 03h54, modifié hier à 14h34
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/03/05/le-bras-de-fer-se-durcit-entre-israel-et-l-agence-onusienne-unrwa-qui-s-accu

    (...) Même si l’UNRWA n’est pas chargée des questions liées aux incarcérations, étant la seule agence présente à Kerem Shalom, elle a recueilli des témoignages. « Nous avons vu ces gens revenir de détention, certains après quelques semaines, certains après quelques mois. Et la plupart d’entre eux complètement traumatisés par le calvaire qu’ils avaient vécu », a expliqué Philippe Lazzarini.

    « Il s’agit d’une large gamme de mauvais traitements », a-t-il ajouté. « Des personnes systématiquement humiliées, des personnes prises en photo nues, sujettes à des abus verbaux et psychologiques, des menaces d’électrocution », ou encore « des privations de sommeil, l’utilisation de bruit extrême pour [les] empêcher de dormir », « l’utilisation de chiens pour [les] intimider ». Une partie de ces prisonniers étaient des employés de l’UNRWA, a-t-il noté.
    Lire aussi | Guerre Israël-Hamas, jour 150 : appel à un « cessez-le-feu immédiat » à Gaza, Israël accuse l’UNRWA d’employer « plus de 450 terroristes »

    Lundi, plus tôt dans la journée, l’agence avait accusé les autorités israéliennes d’avoir commis des actes de « torture » contre certains de ses employés arrêtés dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023. « Nos employés nous ont rapporté des choses atroces lors de leur détention et de leurs interrogatoires par les autorités israéliennes » comme « des tortures, des mauvais traitements, des abus et de l’exploitation sexuelle », a-t-elle dit dans un communiqué transmis à l’Agence France-Presse (AFP).

    « Certains de nos employés ont rapporté aux équipes de l’UNRWA qu’ils avaient été forcés à faire des aveux sous la torture » lorsqu’ils étaient « interrogés au sujet des relations entre l’UNRWA et le Hamas et sur [leur éventuelle] implication dans l’attaque du 7 octobre [2023] contre Israël », a-t-elle ajouté. (...)

  • Avec Rima Hassan, LFI met Gaza au cœur de la campagne des européennes
    Mathieu Dejean | 8 mars 2024 à 13h23 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/politique/080324/avec-rima-hassan-lfi-met-gaza-au-coeur-de-la-campagne-des-europeennes

    Au téléphone, la sérénité de sa voix contraste avec les réactions passionnées que sa candidature aux élections européennes sur la liste présentée par La France insoumise (LFI) déchaîne. Depuis la révélation de sa position éligible (7e) sur la liste conduite par Manon Aubry (eurodéputée sortante), les messages de militant·es antiracistes enthousiastes affluent : « La candidature de Rima Hassan est un énorme symbole politique. LFI est le mouvement le plus ouvert sur la réalité sociale du pays », a salué Youcef Brakni, du comité Adama Traoré sur le réseau social X.

    Tout comme les invectives mensongères de l’extrême droite, qui manipule et déforme régulièrement ses propos : « La présence de la militante pro-Hamas Rima Hassan sur la liste LFI en dit long sur une gauche prête à toutes les compromissions et tous les extrémismes », a notamment réagi le président du Rassemblement national (RN) Jordan Bardella, lui-même tête de liste pour le scrutin du 9 juin.

    Rima Hassan est habituée. Depuis les attaques du Hamas le 7 octobre 2023 et la riposte israélienne qui fait courir un « risque plausible de génocide » à Gaza selon la Cour internationale de justice (CIJ), la juriste en droit international de 31 ans est devenue une incarnation de la cause palestinienne. Dans un contexte de surenchère verbale du camp du « soutien inconditionnel » à l’État d’Israël, qui taxe sans discernement d’antisémitisme les soutiens des Gazaoui·es, son expression publique fait l’objet de multiples pressions.

    Pour le chercheur indépendant Thomas Vescovi, auteur de L’Échec d’une utopie (La Découverte, 2021), qui a témoigné du coût très élevé qu’il y a à s’exprimer sur le conflit, « les gens ne se rendent pas compte du harcèlement sur les réseaux sociaux qu’elle subit » : « Ce que j’ai vécu, qui a été très dur, c’est le quart de ce que Rima vit. » Au point qu’après deux interventions dans Mediapart et Blast en octobre 2023, qui lui ont valu des menaces de mort, la militante était partie en Syrie, retournant pour la première fois dans le camp de réfugié·es palestinien·nes où elle est née et a vécu pendant dix ans.

    Alors que le harcèlement sur les réseaux sociaux reprenait après l’annonce de sa candidature, l’avocat de Rima Hassan, Me Vincent Brengarth, a annoncé que « tous les propos qui tomberont sous le coup de la loi feront systématiquement l’objet de poursuites ».

    « Il y a peu de voix palestiniennes en France, dit Rima Hassan à Mediapart. Dès qu’on émerge, on est très vite ciblé, soit pour glorifier notre identité, soit pour l’attaquer. Mais ma boussole, c’est le droit international : les droits de l’homme dans leur globalité. » De retour en France – où elle est arrivée en 2002 –, la militante – qui a acquis la nationalité française en 2010 – s’expose donc à nouveau aux menaces en faisant son entrée en politique avec LFI.

    Mais l’urgence du moment l’y obligeait, explique-t-elle : « Si je ne l’avais pas fait, je n’aurais pas pu me regarder dans une glace. Il y a une urgence à agir politiquement maintenant, avec les procédures devant la CIJ sur les conséquences de l’occupation et de la colonisation israéliennes des territoires palestiniens, la requête pour génocide contre Israël portée par l’Afrique du Sud, l’accord commercial Union européenne-Israël qui doit être revu car il est conditionné au respect des droits de l’homme, la question des exportations d’armes… » Plus qu’une tribune, le Parlement européen est à ses yeux un lieu important de prises de décisions sur le Proche-Orient.

    L’alliance avec LFI s’est faite en plusieurs temps. D’abord aux universités d’été du mouvement, en août 2023, où elle est intervenue avec la députée Ersilia Soudais sur le sujet : « Israël-Palestine : après 75 ans de conflit, comment agir pour la paix ? » Alors que les massacres à Gaza s’intensifiaient, elle a ensuite incité les partis à politiser le sujet.

    Le député LFI David Guiraud et le militant antiraciste Taha Bouhafs ont alors encouragé Jean-Luc Mélenchon à la rencontrer, et plaidé pour qu’elle intègre la liste des européennes. Les écologistes lui avaient déjà proposé une place non éligible, qu’elle avait déclinée.

    Le triple candidat à la présidentielle a tendu une oreille intéressée, fin novembre au siège du mouvement. « Il a été très attentif à la question des camps de réfugiés et à la manière dont les Palestiniens racontent ce récit. Cela fait vingt ans qu’on a oublié cette question, et il avait à cœur de faire cette mise à jour. Le fait que je sois juriste lui plaisait aussi », raconte Rima Hassan. Plus tard, le comité électoral a validé sa candidature en 7e position, ce qui fait d’elle la première candidature féminine de la liste, tout de suite après les eurodéputées sortantes Manon Aubry, Marina Mesure et Leïla Chaibi.

    « Évidemment, c’est une victoire, se félicite David Guiraud. J’ai beaucoup poussé et je suis satisfait que mon organisation ait entendu que les personnes concernées doivent être mises en responsabilités politiques pour poursuivre le combat de leurs vies. »

    Joint par Mediapart, Taha Bouhafs abonde : « En tant que militant politique, je suis particulièrement satisfait. C’est le résultat d’une longue bagarre pour que la gauche soit capable de retenir des figures militantes comme Rima. C’est important pour la Palestine et pour les Arabes de France. Elle est le symbole de plein de choses, même sans le savoir. » (...)