@reka A chaque fois que je vois passer un signalement sur seenthis pour un article de Lordon, je pense à toi, je me dis il va le lire et puis ça va pas lui plaire même si et j’y vois comme une torture pour toi. Ce qui me navre. Crois-le.
Je suis désolé pour celles et ceux ici qui aiment bien Lordon.
Tu aurais compris que je fais plutôt parti de ce gang-là.
Dans le cas présent je trouve l’article très utile dans cette forme justement. Cela tient à sa force de démonstration à son cheminement pour aboutir à ce que de mon côté je commence à voir en pleine clarté mais que j’ai du mal à exprimer précisément aussi clairement que Lordon, à savoir :
Muriel Pénicaud explique sans ciller que la nouvelle disposition des ruptures conventionnelles constitue « un atout pour les salariés » (10). La même, qui a constitué une partie de son patrimoine par des plus-values sur stock-options consécutives à ses licenciements, est bien partie pour économiser 49 000 euros d’ISF – et l’on se demande ce qui, de ce fait ou de la fausse nouvelle d’un compte de Macron aux Bahamas, offense le plus l’esprit public.
Ce que je trouve vraiment réussi dans cet article, c’est qu’il part des Grecs finalement, pour nous parler d’une machinerie infernale, ce qui va lui permettre de nous démontrer qu’il s’agit d’un défaut originel dont l’issue normale devrait être que l’arroseur est arrosé, mais que non pas du tout, retournement du sens (références appuyées à 1984 d’Orwell), on aboutit à une tension psychologique (celle du pouvoir emberlificoté dans sa communication de plus en plus mensongère) là où la clarté était promise.
Quant à la conclusion de l’article elle est assez belle je trouve, elle dit en une pirouette l’impossibilité désormais de prédire quoi que ce soit tant tout est devenu irrationnel.
Je commence à te connaître un peu (d’ailleurs c’est assez drôle ce sentiment que nous sommes quelques unes et quelques uns qui commençons à nous connaître et nombreux parmi nous qui pourrions nous croiser dans la rue sans nous reconnaître ) et je vois bien que tu n’es pas sensible, hors d’un contexte purement littéraire, au plaisir d’écrire. Or Lordon prend plaisir à écrire, c’est manifeste. Et il y a une certaine jouissance je trouve à certaines métaphores et quelques comparaisons parfois admirables, en tout cas il y a souvent de très belles images, pour cela tu devrais mettre de côté ta façon plus analytique de voir les choses et te laisser envahir par le plaisir de la lecture de phrases qui sont très bien écrites par ailleurs. Ce faisant tu aurais peut-être à découvrir que la réflexion à propos de la chose politique n’a pas nécessairement à être écrite dans une langue austère et qu’une certaine élégance et une certaine beauté de la langue ne sont pas nécessairement étrangères à la réflexion au contraire, autrefois on appelait cela l’éloquence et c’était même très prisé.
Et tu devrais pouvoir en profiter d’autant plus facilement que pour moi qui lis Lordon depuis une dizaine d’années, avant je lisais ses essais de philopsophie économiques, il a grandement réduit la voilure, s’inspirant en cela, il me semble, de l’écriture du Comité invisible : bref il s’est radicalisé sur internet et c’est tant mieux, parce que oui, tu as raison de temps en temps il faut quand même s’accrocher un peu au bastingage.
Amicalement, crois-le
Phil