• Quand la macronie rencontre l’esport - AOC media
    https://aoc.media/analyse/2024/02/22/quand-la-macronie-rencontre-lesport

    Quand la macronie rencontre l’esport

    Par Vincent Bresson
    Journaliste

    Cette fin de semaine se tiendra à la Cité des sciences à Paris, le Villette esport 24. Secteur en pleine croissance issu de la rencontre entre tech et sport, l’esport est, sur le papier, « macron compatible ». Une déclaration sur la responsabilité des jeux vidéo dans les émeutes de cet été aura suffi à briser l’idylle, même si Emmanuel Macron et ses équipes continuent de multiplier les gestes à destination d’une pratique sportive de plus en plus structurée.

    https://justpaste.it/ds2ja

    #WTF #esport #start_up_nation

  • La préfète protège les bois ? L’État la vire
    https://reporterre.net/La-prefete-protege-les-bois-L-Etat-la-vire

    La préfète d’Indre-et-Loire Marie Lajus a été limogée car elle voulait... faire respecter la loi. Elle s’opposait à un projet immobilier destructeur de terres. Ses soutiens, dont moult élus, dénoncent une « injustice ».

    « Vive la presse... vive la presse libre ! » C’est une vidéo publiée sur le réseau social Twitter et massivement relayée qui a contribué à mettre en lumière cet événement. On y voit l’ex-préfète d’Indre-et-Loire Marie Lajus brandir un article du Canard enchaîné mis sous verre et offert par ses collègues. Cette enquête parue le 14 décembre dans le journal satirique révèle les conditions obscures pour lesquelles Marie Lajus a été évincée de son poste de préfète une semaine plus tôt. On y apprend qu’une banale affaire d’urbanisme aurait provoqué sa chute et que ce sont certains élus locaux qui auraient fait pression pour démettre l’ex-préfète de ses fonctions. (...)

  • Naarea, la start-up qui veut laver le nucléaire plus blanc que blanc

    https://www.nouvelobs.com/economie/20220216.OBS54554/naarea-la-start-up-qui-veut-laver-le-nucleaire-plus-blanc-que-blanc.html

    Cette deep-tech française planche sur un mini-réacteur sans danger ni déchets. Ce rêve peut-il devenir réalité ou sert-il d’autres desseins ?

    #suspense

    #nucléaire #nucléaire_vert #start_up #deep_tech #SMR #AMR #illusion #green_washing #france_2030

    • Construire un mini-réacteur nucléaire contenu dans un cube d’un mètre de côté, qu’on pourrait installer partout sur la planète et qui contribuerait de façon sûre et propre à l’avènement du monde neutre en carbone que nous devons atteindre d’ici 2050 : tel est le grand projet de Jean-Luc Alexandre, ingénieur quinquagénaire passé par Spie Batignolle, Alstom et Suez, et d’Ivan Gavriloff, consultant en innovation industrielle. Ensemble, ils ont fondé la start-up Naarea, qui doit donner naissance à ce nucléaire qui lave plus blanc que blanc.

      En les écoutant, il se peut que vous soyez traversé par l’image de Peter Isherwell, ce personnage emblématique du film « Don’t look up », entrepreneur convaincu que sa technologie sauvera la planète de la comète qui la menace... Naarea peut-elle vraiment contribuer à lutter contre le réchauffement climatique ou fait-elle miroiter des solutions impossibles ?

      Dans le milieu assez conservateur du nucléaire français, on regarde avec une certaine prudence cette jeune pousse disruptive qui veut ouvrir la voie à un atome qui ne soit ni super-étatique, ni super-centralisé. Tout le contraire de la façon dont cette énergie s’est développée jusqu’à présent dans le monde. A la manière américaine, Jean-Luc Alexandre et Ivan Gavriloff veulent faire collaborer des scientifiques et entreprises ultrapointus peu habitués à travailler ensemble, lever des millions auprès de différents investisseurs, candidater aux appels d’offres publics destinés à soutenir l’innovation, et avancer sur leur voie.

      Les réacteurs à sels fondus

      Aux Etats-Unis, cette stratégie a permis à plusieurs start-up de pousser des projets de petits réacteurs nucléaires, les Small Modular Reactors (SMR), dont la puissance ne dépasse pas 300 mégawatts (MW) (contre 1 650 pour un EPR). Parmi elles : Nuscale ou TerraPower, soutenue par Bill Gates, qui planche sur deux technologies de réacteurs dont l’une partage beaucoup avec celle retenue par Naarea. Nos deux aventuriers de l’atome ont d’ailleurs « pitché » le célèbre milliardaire, au même titre que des dizaines d’autres investisseurs, en vue d’attirer leurs deniers. Objectif : lever « plusieurs dizaines de millions d’euros dans les prochaines semaines, en amorçage », avant de recommencer, pour rassembler au total 650 millions d’euros sur cinq ans.

      Que racontent-ils à leurs potentiels investisseurs ? Que le nucléaire sauvera la planète du réchauffement, et qu’ils disposent d’une technologie qui peut résoudre les problèmes aujourd’hui posés par l’atome. Jean-Luc Alexandre explique : « Le nucléaire représente aujourd’hui 4 à 5 % de l’énergie mondiale. Ce n’est pas à ce niveau qu’on peut avoir un rôle sur le climat. Pour qu’il remplace en grande partie les énergies fossiles, il faut faire dix fois plus. Et pour y arriver, il faut le rendre acceptable en s’attaquant à ce qui ne l’est pas aujourd’hui : les déchets et la sûreté. »

      Le réacteur Naarea, plus petit qu’un SMR avec une puissance de 1 à 40 MW, fabriquerait à la fois de l’électricité et de la chaleur. Sur le papier, il fonctionne avec une technologie dite « à sels fondus », contrairement à la quasi-totalité des réacteurs existants qui sont « à eau pressurisée ». Son combustible, liquide, ne remet pas en cause le principe de base de la fission, mais n’a pas besoin d’eau pour se refroidir. Ce qui ouvre des possibles en termes d’implantation : chauffer les villages les plus reculés, aujourd’hui alimentés en fuel, propulser des porte-conteneurs, voire des avions et des fusées, faire tourner des usines, et, pourquoi pas, alimenter les bornes de recharge des véhicules électriques sur les aires d’autoroute.

      Cette technologie est aussi censée réduire très fortement le risque d’accident. Comme le détaille l’ingénieur : « Le sel fondu se dilate quand la température augmente. Si celle-ci s’élève trop, il sort de la zone critique et la température descend d’elle-même. Il n’y a pas de risque de fusion comme à Tchernobyl. » Par ailleurs, contrairement aux réacteurs existants, celui de Naarea ne sera pas sous pression, ce qui simplifie sa conception, réduit les contraintes de sûreté et les coûts associés. Une casserole d’eau bouillante reste plus sûre qu’une Cocotte-Minute sans soupape...

      Après Astrid

      Enfin, parce qu’il s’agit d’un réacteur de 4e génération, il doit produire bien moins de déchets que les réacteurs de 2e génération qui fonctionnent en ce moment en France, ou de 3e génération - celle des EPR de Taishan en Chine, d’Olkiluoto en Finlande ou de Flamanville en France. Il aura en effet la capacité, en fonctionnant avec des neutrons rapides, de valoriser les combustibles usés, y compris les matières hautement radioactives, qui s’accumulent aujourd’hui dans les piscines d’Orano La Hague et d’EDF, et d’éviter qu’ils ne deviennent des déchets. Dans les plans de Naarea, un prototype pourrait être mis en service dès 2026 et construit en série, le réacteur pourrait sortir un mégawattheure à « moins de 40 euros, moins que le charbon » en 2030.

      On serait tenté d’y voir des marchands de rêve, si des pointures de la recherche ne faisaient partie de l’aventure. Comme Daniel Heuer, physicien soixantenaire et cerveau du futur réacteur, qui a déjà son bureau au siège de Naarea. Fraîchement retraité, cet ancien directeur de recherche au CNRS a travaillé pendant plus de vingt ans sur... les réacteurs à sels fondus.

      Car la technologie n’est pas nouvelle : développée dans les années 1950 aux Etats-Unis, elle a été abandonnée au profit des réacteurs à eau pressurisée, pour lesquels « le retraitement du combustible n’était pas envisagé à l’époque », explique Daniel Heuer, et qui se révélaient plus compétitifs. C’est lui qui dirigera la réalisation des études et du design du réacteur, tout en s’appuyant sur les experts du Commissariat à l’Energie atomique (CEA), auquel Naarea ouvre un nouvel horizon après l’abandon par le gouvernement, en 2018, de son projet de construction d’Astrid, un réacteur de 4e génération à neutrons rapides au sodium.
      Jean-Claude Garnier, ancien chef de projet R&D d’Astrid et aujourd’hui responsable du programme Réacteurs de 4e génération au CEA, raconte : « Le cahier des charges d’Astrid avait été défini dans les années 2000. Or, dix ans plus tard, le contexte énergétique et la façon de penser le nucléaire avaient changé. On s’est mis à réfléchir à des réacteurs plus petits, capables de trouver leur place dans un mix contenant beaucoup d’énergies renouvelables... »

      Une équipe d’une vingtaine de personnes (contre 200 à l’époque d’Astrid) s’est remise à l’ouvrage sur les différentes technologies qui permettent un recyclage infini des combustibles nucléaires usés, et particulièrement sur les sels fondus. Parmi ces experts, des figures bien connues dans le milieu, comme Joël Guidez, ex-conseiller scientifique du CEA, qui rejoindra lui aussi Naarea. « Ils parlent d’innovation de rupture mais c’est un petit club de retraités ! », s’amuse un expert du nucléaire auprès de l’Agence internationale de l’Energie.

      L’appel du pied de Macron

      Pourquoi donc ce retour en grâce de la 4e génération, dans un pays qui semblait avoir tourné la page en fermant en 1997 Superphénix, un prototype de réacteur à neutrons rapides au sodium, puis en enterrant le projet Astrid ? Jean-Claude Garnier affirme : « Au début des années 2000, la filière nucléaire s’est demandé comment aller vers plus de sobriété dans la consommation d’uranium, dans l’hypothèse d’un redéveloppement du nucléaire. Un peu comme on a cherché à faire des voitures qui consommaient moins. La 4e génération y contribue. »

      Le besoin s’est aussi fait sentir de fabriquer des réacteurs nucléaires ne produisant pas seulement de l’électricité, mais aussi de l’hydrogène décarboné et de la chaleur - un atout de la 4e génération, qui atteint des températures plus élevées. La Pologne et les Pays-Bas ont d’ailleurs déjà montré leur intérêt pour ce nucléaire pour faire tourner leurs usines.

      Enfin, en France tout particulièrement, face à la saturation inquiétante des capacités d’entreposage du combustible usé, alors que les pistes de retraitement actuelles rencontrent des difficultés et que l’Autorité de Sûreté nucléaire (ASN) appelle le gouvernement à prendre d’urgence une décision sur l’opportunité de poursuivre l’entreposage de matières radioactives pour un hypothétique usage futur qui n’arrive pas, les opérateurs du traitement du combustible réfléchissent à leur avenir.

      Les Etats-Unis, le Canada, la Chine et la Russie n’ont pas tergiversé comme la France. Le gouvernement américain a relancé dès les années 2000 son industrie nucléaire moribonde en lançant des appels à projets, et créé une dynamique de start-up à l’affût de différenciation et d’innovation. Selon Jean-Claude Garnier : « Ce qu’on voit aujourd’hui en France correspond à ce qui s’est lancé il y a dix ans aux Etats-Unis. Et il se passe autant de choses en Chine, qui investit sur toutes les technologies sans exception, mais on en entend moins parler... »

      A ce jour, trois réacteurs à neutron rapide au sodium type Astrid sont en construction en Russie et en Chine, et quelques start-up s’intéressent aux sels fondus outre-Atlantique (TerraPower aux Etats-Unis, Terrestrial au Canada..)

      Comme là-bas, Naarea, le CEA et d’autres partenaires potentiels tentent de monter un consortium qui pourra répondre à l’appel à projet sur « des technologies de transformation et de rupture sur le nucléaire », annoncé par le président Emmanuel Macron dans le cadre du plan d’investissement France 2030, sur lequel il est encore revenu lors de son discours de relance du nucléaire le 10 février. Celui-ci prévoit en effet d’y allouer 1 milliard d’euros, dont la moitié pour le SMR Neward et l’autre moitié pour des projets type Naarea.

      Verrous technologiques

      Le sérieux technique de l’entreprise ne fait pas tellement débat dans la filière. En revanche, les « verrous technologiques » sont encore nombreux et laissent planer le doute sur la faisabilité à court terme du projet. « Un réacteur, c’est de la physique et des matériaux. On doit être sûr qu’on peut maîtriser son fonctionnement même, et que les matériaux résisteront à des températures très élevées, à l’irradiation et à la corrosion », explique Jean-Claude Garnier.

      Dans ces conditions, Valérie Faudon, porte-parole de la Société française de l’Energie nucléaire (Sfen), bras armé de l’atome en France, doute du calendrier : « D’ici 2030, on sera avant tout dans une phase de recherche et développement, et c’est le sens de l’annonce du président sur France 2030. Avant de pouvoir construire un prototype, il faut passer plusieurs jalons avec l’autorité de sûreté. Beaucoup disent que ces réacteurs n’arriveront à l’échelle industrielle qu’à la fin des années 2030. Pour la fusion, on parle de 2100, même si cela fait débat. » Et d’ajouter : « Tout dépend des moyens qu’on y mettra et bien sûr des exigences de l’Autorité de Sûreté nucléaire, qui devra valider la conception de ces réacteurs, sachant qu’on est sur des technologies de rupture. Aujourd’hui, l’ASN est bien occupée par les prolongations décennales des centrales existantes, les EPR2 en projet et le SMR Nuward... »

      Il faudra aussi trouver comment traiter le combustible dont le caractère liquide suppose une opération complexe de retraitement en fonctionnement, et une solution au risque de dissémination. Yves Marignac, expert de l’association NégaWatt, met en garde : « Ils disent que leurs petits réacteurs pourront aller partout. Or, à chaque fois qu’il y a une matière radioactive quelque part, il y a un risque de dispersion, qu’elle soit accidentelle ou malveillante. Plus vous disséminez ces matières, plus vous disséminez le risque. A la différence d’un panneau photovoltaïque, vous ne pouvez pas laisser la gestion d’un réacteur à un chef de village. »

      Un problème que Daniel Heuer ne nie pas, quand Jean-Luc Alexandre promet « des réacteurs surveillés et contrôlables à distance », dont Naarea resterait propriétaire et qui présenteraient un faible intérêt pour une personne mal intentionnée... « Tout cela est extrêmement illusoire, tranche Yves Marignac. La promesse d’apporter à l’humanité une énergie nucléaire propre, accessible à tous et compétitive est fausse. Mais elle entretient l’idée qu’un nucléaire est envisageable sans effet négatif. Naarea réactive cet imaginaire, mais sa seule vraie finalité est de donner de l’assise au nucléaire. »

      Un acteur y a en tout cas vu son intérêt. En novembre dernier, Naarea a annoncé la signature d’un partenariat avec Assystem, ingénieriste réputé dans le secteur nucléaire, qui accompagnera la start-up dans la réalisation d’un jumeau numérique du réacteur, qui simulera son comportement avant d’engager la construction d’un prototype. Un processus qui permet de gagner temps et argent, voire de limiter les mauvaises surprises. « Les bénéfices qu’Assystem dit attendre de son association avec cette entreprise sont révélateurs, observe Nicolas Goldberg, expert chez Colombus Consulting. Le petit réacteur, c’est aussi l’histoire qu’on raconte pour avancer sur d’autres sujets : le développement du numérique, la R&D appliquée, les conditions de certification du nucléaire... »

      Naarea, un outil de financement de toute la filière nucléaire ?

      Morgane Bertrand

    • Voir aussi la communication officielle sur le site du partenaire stratégique, qui vaut son pesant de cacahuètes au thorium :

      ... solution énergétique sûre, décarbonée, circulaire, non intermittente, décentralisée, économique, produite à partir de déchets industriels, qui élargit la voie des renouvelables ... conviction que le climat est notre patrimoine ... réaliser la transition écologique à l’échelle collective et atteindre une abondance juste et partagée ... développement d’une écologie citoyenne et stimulante, pour accroître la résilience des territoires, réformer l’économie, susciter de nouvelles générations d’entrepreneurs, et élargir le champ des possibles ...

      #sans_vergogne

  • Services publics : quand dématérialisation rime avec marchandisation La gazette des communes
    https://www.lagazettedescommunes.com/787485/services-publics-quand-dematerialisation-rime-avec-marchandisa

    La dématérialisation des services publics ne pose pas seulement la question de l’exclusion numérique. Elle fait aussi émerger de nouveaux acteurs, privés, qui se posent en intermédiaires entre les usagers et les administrations. « La Gazette » vous propose une enquête en plusieurs volets pour décortiquer l’émergence de ces acteurs qui proposent aux usagers des services payants afin d’accéder aux aides sociales auxquelles ils sont éligibles. Ces pratiques, dont la légalité pourrait être discutée, questionnent la capacité des services publics à se rendre accessibles aux publics qui en ont le plus besoin.

    C’est une rente sur le dos des usagers ! » : l’alarme a été donnée via une volée de courriers envoyés le 9 janvier dernier. L’expéditeur, Joran Le Gall, président de l’Association nationale des assistants de service social (Anas), alerte sur une situation qu’il juge critique : un acteur privé qui propose des services payants pour permettre aux usagers d’accéder aux aides sociales auxquelles ils sont éligibles. Destinataires une ribambelle d’administrations, telles que la Cnaf, la Cnam, la Cnav mais aussi le ministre de la Santé, Olivier Véran, ainsi que Claire Hédon, la Défenseure des droits.

    « La Gazette » a enquêté sur l’apparition de ces intermédiaires d’un nouveau genre, qui s’immiscent au cœur du service public : parmi eux, on retrouve notamment le site « Mes-allocs », « Wizbii », « Toutes mes aides », ou encore l’application Fastoche développée par Payboost, filiale de Veolia, qui ne semble, toutefois, plus en activité.

    Leurs slogans se veulent très engageants et aidants :
    Comme la plupart des gens, vous ne connaissez peut-être pas toutes les aides auxquelles vous avez droit, et les démarches administratives vous découragent. Vous hésitez avant de vous lancer ? » (…)
    Découvrez vite les aides auxquelles vous pouvez prétendre !
    Fini de se perdre dans la jungle administrative, on s’occupe de trouver les aides auxquelles vous êtes éligible.

    « On ne devrait pas pouvoir faire de l’argent sur le dos des personnes pauvres et de la Sécurité sociale », se désole Joran Le Gall, selon qui ces pratiques « viennent pointer l’accès aux services publics et les difficultés que rencontrent les personnes dans l’accès aux droits ».
Un point qui avait aussi été dénoncé par plusieurs chercheurs à l’occasion d’un colloque sur les impacts de la dématérialisation sur les droits des usagers https://www.lagazettedescommunes.com/748478/quels-impacts-de-la-dematerialisation-sur-les-droits-des-usage , organisé par l’université de Lorraine en juin dernier. A ce stade, difficile de connaître le nombre d’usagers utilisant ces intermédiaires, et donc la largeur du trou dans la raquette des services publics.

    Simulateur gratuit, démarches payantes
    Concrètement, le mode opératoire de ces acteurs privés est sensiblement le même et se décline en deux temps : d’abord mettre à disposition un simulateur agrégeant des aides sociales, à l’utilisation gratuite, basé sur le logiciel « Open Fisca », une API mise à disposition par l’Etat depuis 2014 dans une logique d’ouverture des données et des codes sources publics. Elle permet de simuler des prestations sociales, afin de montrer à l’usager qu’il est potentiellement éligible à des aides.
Ensuite, deuxième étape, proposer de réaliser les démarches administratives à la place de l’usager afin de les lui faire percevoir, moyennant rétribution.
    Cette logique en deux temps est celle qu’applique le site « Mes-Allocs », qui s’est lancé en 2018 et propose un simulateur agrégeant 1 200 aides tant nationales, régionales, que locales.
L’utilisation du simulateur est gratuite, mais pour obtenir les aides en passant par l’accompagnement de Mes-Allocs, il en coûtera 29,90 euros de frais d’inscription, auxquels s’ajoute également un forfait de 29,90 euros par trimestre à compter du mois suivant (un forfait résiliable).
L’entreprise apparaît labellisée dans les start-up à impact dans la catégorie « inclusion et lien social », selon le classement de la BPI et France Digitale, lui-même présenté comme rassemblant les « Porte-étendards de la Tech for Good ».
    « Plus d’un million de personnes se renseignent sur notre site chaque mois, et 22 000 personnes sont passées par nos services d’accompagnement », détaille Joseph Terzikhan, fondateur du site, qui assure lutter contre le non-recours puisqu’en moyenne, un utilisateur de Mes-Allocs récupère 3 200 euros d’aides par an. Il précise également que si Mes-Allocs a démarré avec Open Fisca, désormais « au moins 99,5 % des aides sont calculées en interne sur nos serveurs ».
    Viser de nouveaux publics ?
    « L’accès à l’information sur les aides est gratuit. Je comprends que certains puissent avoir du mal à concevoir notre concept, qui est nouveau, mais il est possible de faire payer un service tout en ayant un impact concret sur la vie des utilisateurs. Sans nous, ils ne feraient rien. Ces publics ont des revenus, ils sont en situation intermédiaire et oubliés des aides sociales. Ce ne sont pas les mêmes que ceux qui viennent voir des assistantes sociales et qui sont en situation de grande précarité », assure-t-il, considérant que l’initiative est « complémentaire » des services publics. Ainsi, il indique à « La Gazette » que les aides les plus demandées par son intermédiaire sont celles liées au logement, au soutien familial, à la prime d’activité, et pas forcément le RSA.

    Un autre acteur privé fait lui aussi appel à cette stratégie en deux temps, mais a décidé de se spécialiser sur un segment bien spécifique : la jeunesse. Il s’agit de #Wizbii, entreprise grenobloise qui offre plusieurs services à destination des jeunes, dont Wizbii Money, lancé fin 2019, qui accompagne les jeunes dans leurs recherches d’aides financières.

    Depuis le lancement, 2 millions de jeunes ont utilisé le simulateur, qui se base lui aussi sur Open Fisca et recense près de 500 aides nationales, régionales et locales. 3 000 jeunes ont décidé de confier à Wizbii le soin de réaliser les démarches pour obtenir leurs aides, nous indique Roman Gentil, cofondateur de la société. Dans ce cas, ils doivent débourser un pourcentage fixe : 4 % des aides sociales perçues sont prélevées par Wizbii tous les mois, durant toute la durée de l’octroi de l’aide, « avec un plafonnement à 9 euros par mois maximum », précise Romain Gentil.

    « Dans 90 % des cas, on est en capacité de proposer au moins une aide. Et la moyenne des simulations s’établit entre 2 400 à 2 600 euros d’aides par an », détaille-t-il. « Les aides du #Crous, la prime d’activité, les #APL, ainsi que beaucoup d’aides régionales, départementales ou locales », sont celles qui reviennent le plus.

    « Je peux comprendre que cela questionne, mais le sujet devrait être pris dans l’autre sens : nous apportons une expertise pour toucher un maximum de jeunes sur le territoire, et notre job est de leur faciliter le recours à ces aides. Ils ont le choix de faire appel à nous pour un accompagnement poussé, comme ils peuvent les réaliser eux-mêmes. Il doit y avoir de la place pour tout le monde, on devrait tous avoir une logique collaborative », estime Romain Gentil.

    Des contrats en cours avec l’Etat et les collectivités
    L’entreprise mise déjà sur le #collaboratif puisqu’elle travaille pour le compte d’acteurs publics : elle a ainsi remporté à l’automne 2020 l’appel d’offres du gouvernement pour créer la plateforme vitrine du programme « 1 jeune, 1 solution ».
    
Elle souhaite également multiplier les partenariats auprès des collectivités, pour lesquelles elle propose, sous marque blanche, des plateformes recensant les services proposés à destination des jeunes. C’est chose faite avec Pau depuis mi-2021, ainsi que pour Garges-lès-Gonnesses depuis fin2021. « Dans ce cas, c’est la collectivité qui prend en charge toutes les dépenses d’accès aux services, et les usagers ont y accès gratuitement », indique Romain Gentil, qui espère multiplier ce type de partenariats.

    Autre acteur privé qui voulait également se rapprocher des collectivités : Fastoche, initiative lancée par la filiale de #Veolia, #Payboost. Cette initiative consistait en un « #coach budgétaire et social » qui indiquait notamment les aides sociales auxquelles l’utilisateur pouvait prétendre, pour un coût mensuel de 0,99 euro TTC/mois, à l’exception du premier mois gratuit. Malgré nos multiples sollicitations, il a été impossible d’obtenir un échange. L’application n’est aujourd’hui plus disponible sur les stores, et le site web n’est plus fonctionnel.

    Une « complémentarité » avec les services publics ?
    Mais l’histoire reste éclairante : eux aussi vantaient la collaboration et la complémentarité avec les services publics, et notamment avec les missions des travailleurs sociaux, comme l’indiquait Frédéric Dittmar, président de Payboost, dans un publicommuniqué de Fastoche https://www.unccas.org/fastoche-fr-une-appli-pour-gerer-son-budget-et-ses-droits paru sur le site de l’Union nationale des centres communaux et intercommunaux d’action sociale (Unccas) en septembre 2018 : « Fastoche est un outil de prévention pour toucher des publics qui ne viennent pas voir le CCAS, ou bien qui viennent le voir quand il est déjà trop tard et que la situation s’est détériorée. Et #Fastoche permet aussi de démultiplier l’action du travailleur social. On peut déléguer au numérique l’accompagnement quotidien des bénéficiaires, en complément des rencontres humaines avec le travailleur social qui ont lieu sur des temps plus espacés », expliquait-il.
    
Contactée, l’#Unccas n’a pas donné suite à nos propositions d’interview.

    La trajectoire d’une autre initiative, baptisée « Toutes mes aides », est, elle, un peu particulière : projet phare de la première saison de 21, l’accélérateur d’innovation de la #Croix-Rouge française, elle est aussi née d’une volonté de lutter contre le non-recours, mais a fait pivoter son modèle économique, comme toute #start_up qui se respecte, « afin que le coût de l’application ne repose que sur les établissements et les professionnels, et non pas sur les bénéficiaires », comme le précisait https://21-croix-rouge.fr/l-ia-une-solution-pour-r-duire-le-non-recours-aux-aides-de-l-etat-75f le fondateur Cyprien Geze, en avril 2020.

    Aujourd’hui, le site internet s’adresse aux entreprises et mentionne être employé par 43 000 utilisateurs : « chaque employé découvre en moyenne 110 euros d’aides par mois qu’il ne réclamait pas », précise le site, qui vante un moyen de « booster leur pouvoir d’achat » et de leur offrir un « complément de revenus », le tout au prix de 2 euros par mois par collaborateur, avec des tarifs dégressifs pour les structures de plus de 200 collaborateurs.

    « Une taxe sur l’accès aux droits »
    « Comment on en arrive là ? A un système social si complexe, si illisible, avec de moins en moins d’accompagnement et d’accueil des usagers, au point que des usagers abdiquent volontairement une partie de leurs droits sociaux pour y avoir accès ? », interroge Arnaud Bontemps, fonctionnaire et l’un des porte-parole du collectif Nos Services Publics, qui avait publié en avril dernier un rapport sur l’externalisation des services publics. https://www.lagazettedescommunes.com/742967/services-publics-un-collectif-dagents-publics-sonne-lalarme « En faisant payer ces services aux usagers, ces acteurs privés font de l’optimisation fiscale à l’envers : il ne s’agit pas d’aider les gens à échapper à la solidarité nationale, mais de prélever une taxe sur leur accès aux droits », dénonce-t-il.

    Le sujet est brûlant, puisque l’Etat a adopté depuis plusieurs années une stratégie de dématérialisation massive, dénoncée régulièrement par le Défenseur des droits comme étant source d’inégalités dans l’accès aux services publics https://www.defenseurdesdroits.fr/sites/default/files/atoms/files/rapport-demat-num-21.12.18.pdf .

    Aujourd’hui, le gouvernement traduit cette volonté par la dématérialisation d’ici fin 2022 des 250 démarches administratives les plus utilisées par les Français, même s’il se défend d’une stratégie « tout numérique ». https://www.defenseurdesdroits.fr/sites/default/files/atoms/files/rapport-demat-num-21.12.18.pdf Face aux 13 millions de personnes considérées aujourd’hui éloignées du numérique et qui peuvent être perdues dans leurs démarches administratives numérisées, il consacre 250 millions d’euros du plan de relance à l’inclusion, déploie 4 000 conseillers https://www.lagazettedescommunes.com/775257/inclusion-numerique-les-elus-locaux-reclament-la-perennisation et développe le maillage territorial en « France Services », héritières des Maisons de services au public. https://www.lagazettedescommunes.com/779918/que-vont-devenir-les-maisons-de-services-au-public-non-labelli Sollicités, ni les ministères de la Transformation et de la fonction publiques, ni celui de la Cohésion des territoires, n’ont donné suite à nos demandes d’entretiens.

    #Service_Public #Dématérialisation #droits #marchandisation #Numérique #Administration #Aides #usagers #services_publics #Travailleurs sociaux #Action_Sociale #Revenus #accès_aux_Droits #Système_Social #solidarité #externalisation #privatisation #Solidarité confisquée

  • #israel : La face cachée de Payoneer, la compagnie qui va enrichir Naftali Bennett Simona Weinglass
    https://fr.timesofisrael.com/la-face-cachee-de-payoneer-la-compagnie-qui-va-enrichir-naftali-be

    Des documents du Trésor US révèlent que la firme, entrée en bourse et dans laquelle le Premier ministre avait investi à ses débuts, a travaillé avec les bas-fonds d’internet.


    Le Premier ministre israélien Naftali Bennett dirige une réunion du cabinet au bureau du Premier ministre de Jérusalem, le 20 juin 2021. (Crédit : Alex Kolomoisky/POOL)
    Pour Naftali Bennett, 2021 n’est pas seulement l’année qui lui aura permis de réaliser son rêve de devenir le Premier ministre de l’État d’Israël. C’est une année où il va également empocher les bénéfices généreux issus de son investissement, il y a maintenant plus d’une décennie, dans une firme de services financiers – une société qui a, entre autres, aidé des entreprises travaillant dans une sphère peu reluisante d’internet à gagner de l’argent.

    La compagnie concernée, Payoneer, a été introduite au NASDAQ cette semaine par le biais d’une fusion avec une SPAC – une entreprise sans activité dont le but est de lever de l’argent lors d’une entrée en bourse – avec une valeur de 3,3 milliards de dollars.

    Selon l’édition israélienne de Forbes, Bennett devrait empocher environ cinq millions de dollars lors de cette opération après avoir investi plusieurs centaines de milliers de shekels dans Payoneer, il y a environ treize ans. Le porte-parole de Bennett a confirmé au Times of Israel que le nouveau Premier ministre israélien avait bien investi dans la firme, mais il a refusé de préciser la somme que pourrait toucher Bennett suite à l’opération boursière, affirmant simplement que le montant s’élèverait à « quelques millions de dollars ».

    Payoneer est une entreprise qui a été fondée en Israël en 2005 par Yuval Tal et Yaniv Chechik. Aujourd’hui, elle est considérée comme l’une des plus importantes plateformes de transfert de fonds en ligne dans le monde, permettant aux entreprises et à toute l’économie du freelance, dans différents pays, d’effectuer des transactions sur la Toile. Parmi ses partenaires, Amazon, Airbnb et Fiverr, et c’est Payoneer qui est chargé du transfert des paiements entre acquéreurs et vendeurs sur ces plateformes.

    Mais des documents du Trésor américain qui ont récemment fuité révèlent qu’en plus de ses clients réguliers, Payoneer a aussi offert ses services à des firmes offshore opaques qui seraient impliquées dans la pornographie, à des sites de rencontre arnaquant leurs clients, à une compagnie de Forex qui fait actuellement l’objet d’une enquête judiciaire en France ainsi qu’à des entreprises impliquées dans l’industrie frauduleuse des options binaires.

    Un porte-parole de Payoneer a reconnu devant le Times of Israel avoir pris en charge les paiements de telles compagnies, soulignant avec force que ce n’est plus le cas aujourd’hui.

    « En 2016, Payoneer a pris la décision commerciale de ne plus s’occuper des paiements des entreprises à haut-risque », a-t-il affirmé.

    « Nous ne traitons plus les transactions de ce type d’entreprise et nous ne le faisons plus, d’ailleurs, depuis des années. Le programme de mise en conformité de Payoneer respecte les normes les plus strictes de l’industrie, notamment en ce qui concerne la déclaration des Rapports d’activité suspecte (SAR) et par le biais d’audits réguliers qui sont réalisés par les plus grandes firmes d’audit dans le monde et par le biais de régulateurs financiers issus de juridictions multiples. Jamais Payoneer n’a été mis en cause pour avoir violé ses obligations AML par la FinCEN, ou par un régulateur ou une autorité quelconque dans le monde. Et aujourd’hui, Payoneer se targue de bénéficier de la confiance d’un grand nombre des plus grandes firmes numériques du globe, notamment Amazon, Airbnb, Google et Upwork, ainsi que de la confiance de millions de PME dans le monde entier. »


    Une diapositive extraite d’une présentation aux investisseurs du mois de mai 2021. (Crédit : Etoro)
    La fuite des documents de la FinCEN
    Au mois de septembre 2020, BuzzFeed News, aux côtés du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) et de plus de 100 organisations du secteur de l’information dans le monde, avait publié une série de reportages d’investigation sur la base des contenus de 2 500 documents qui avaient fuité de la FinCEN, l’autorité chargée des crimes financiers et de la lutte antiblanchiment au sein du département du Trésor américain.

    La plus grande partie de ces documents étaient des « rapports d’activité suspecte » – ou SARs – soumis par 90 banques et autres institutions financières à la FinCEN entre 2011 et 2017.

    Les banques américaines et les autres institutions financières sont tenues, par la loi, de soumettre un SAR lorsqu’ils soupçonnent qu’une transaction – ou une série de transactions – pourrait donner lieu à des activités de blanchiment d’argent. Les 2 500 documents qui ont fuité ne représentent qu’une toute petite partie des 12 millions de rapports d’activité suspecte soumis entre 2011 et 2017 – mais ils ont offert un rare aperçu du côté sombre du système financier global.

    Les documents qui ont fuité et que l’ICIJ a partagé avec le Times of Israel révèlent que de nombreux clients et partenaires commerciaux de Payoneer, ainsi que l’entreprise Payoneer elle-même, ont fait l’objet de SAR déposés par les banques à la FinCEN entre 2011 et 2016. Inscrite sous le statut d’Entreprise de service monétaire aux États-Unis, Payoneeer est dans l’obligation de se doter d’un programme anti-blanchiment rigoureux et elle est même sommée de soumettre ses propres rapports d’activité suspecte.

    « Le fait est que les entreprises qui proposent ce type de service financier ont la responsabilité de devoir écarter elles-mêmes toute possibilité de participation délibérée ou involontaire à des activités de blanchiment d’argent », commente Kieran Beer, analyste de l’ACAMS, l’association des spécialistes certifiés Lutte Anti-Blanchiment d’argent, une organisation qui rassemble des spécialistes de la lutte contre le crime financier dans le monde, auprès du Times of Israel.

    « Il y a une norme globale face à laquelle les entreprises doivent être à la hauteur. Cela implique d’avoir un responsable compétent et habilité en ce qui concerne le blanchiment d’argent. Cela implique qu’il faut qu’il y ait des moyens mis en place pour que ce responsable puisse se faire entendre. Et cela implique de la formation », continue-t-il.

    Le degré d’implication de Bennett dans les opérations de Payoneer reste indéterminé. Si c’est lui qui aurait présenté la directrice-générale de la branche israélienne de l’entreprise, Keren Levy, au fondateur de la firme, Yuval Tal, il est difficile de déterminer clairement le degré de contribution qu’un actionnaire de son niveau a pu réellement et concrètement apporter à la compagnie. Le porte-parole de Payoneer a refusé, de son côté, de répondre à cette question publiquement – comme cela a aussi été le cas du porte-parole de Bennett, que le Times of Israel a interrogé sur le rôle tenu par le nouveau Premier ministre dans les opérations de la firme.

    Entrepreneur hi-tech avant de lancer sa carrière politique, Bennett a gagné des millions lorsque les compagnies dont il était propriétaire ou actionnaire ont été absorbées par des firmes plus importantes – ce qui est connu en Israël sous le nom « d’exit ».

    En 1999, il avait été cofondateur d’une entreprise travaillant dans le secteur de la sécurité de l’information, Cyota, qui avait été revendue à RSA Security en 2005 pour un montant de 145 millions de dollars. Il est également l’ancien directeur-général de Soluto, une entreprise achetée en 2013 par Asurion moyennant cent millions de dollars. Bennett aurait empoché plusieurs millions de dollars dans chacune de ces exits.

    L’information de la SPAC de Payoneer a été rendue publique au mois de février. En mars, d’autres informations sont apparues portant sur la possibilité que Bennett empoche des millions de dollars lors d’une exit qui n’avait pas été précisée. Interrogé à ce sujet par le Times of Israel, il avait refusé de donner le nom de l’entreprise et le lien entre Bennett et Payoneer devait rester secret jusqu’à sa révélation par Forbes, début juin.

    Bennett n’a pas répondu à une demande de réaction de la part du Times of Israel, se contentant de reconnaître qu’il avait bien investi, par le passé, dans Payoneer.

    Le fait qu’un rapport d’activité suspecte ait été soumis ne signifie pas nécessairement qu’il y ait eu des activités illicites – mais simplement qu’un modèle de transaction financière a pu éveiller les soupçons d’une banque lorsqu’elle a examiné sa conformité. La plus grande partie des SAR n’entraînent aucune poursuite judiciaire, en partie en raison de leur volume et du sous-financement des services chargés de faire appliquer la loi, explique Beer.

    Toutefois, les documents qui ont fuité montrent que Payoneer a envoyé et reçu des paiements pour une longue liste d’entreprises qui évoluent dans la sphère la plus douteuse de la Toile.

    Interrogé par le Times of Israel, Payoneer a reconnu avoir, par le passé, pris en charge les transactions des entreprises citées ci-dessous, ajoutant depuis avoir mis un terme aux contrats qui la liaient à chacune d’entre elles, il y a déjà plusieurs années.

    De la chambre à coucher à la banque
    Le 2 août 2016, la branche new-yorkaise de la Barclays Bank PLC avait soumis un rapport d’activité suspecte au sujet d’Alcuda Limited, compagnie chypriote qui exploitait les sites internet, entre autres, Shagaholic.com, Saucysingles.com, Freesexmatch.com, Getanaffair.com et Hornyasia.com.


    Le site internet Getanaffair.com tel qu’il apparaissant au mois de mars 2016. (Capture d’écran)
    Alcuda n’était pas une compagnie directement cliente de la Barclays, mais celle-ci gérait un compte bancaire appartenant à Earthport PLC, fournisseur de services de paiements, tandis qu’Earthport, de son côté, détenait un compte bancaire de Payoneer Inc, qui était utilisé par Alcuda Limited pour déplacer des fonds, avait fait savoir la Barclays.

    « En tant que cliente de Payoneer, la firme Alcuda Limited a été signalée pour examen dans le cadre du programme de surveillance de la Barclays à New York », disait le SAR.

    Selon le rapport d’activité suspecte, Alcuda avait envoyé 29 transferts électroniques, pour une somme totale de 678 810 dollars, depuis ses comptes bancaires suisse et chypriote vers le compte bancaire de Payoneer.

    Barclays Bank avait soumis le SAR, avait souligné la banque, suite à des rumeurs qui avaient laissé entendre que les sites internet de l’entreprise étaient des escroqueries, et parce que l’hébergeur de ses plateformes, sur internet, avait été dénoncé pour avoir toléré des sites pédopornographiques.

    Alcuda Limited a été accusé sur de multiples sites qui recueillent des plaintes de clients d’avoir prélevé de l’argent sur des cartes de crédit sans autorisation.

    Selon un reportage d’investigation réalisé en 2020 par le site internet Snopes.com, les sites exploités par Alcuda Limited faisaient partie d’un réseau d’environ 200 sites de rencontre spécialisés – un grand nombre d’entre eux à l’apparence presque identique – qui permettaient aux utilisateurs de s’inscrire gratuitement en demandant ensuite une adhésion quasiment impossible à annuler. Les journalistes de Snopes.com avaient ouvert un compte gratuit sur l’un d’eux et avaient rapidement été contactés par une utilisatrice répondant au nom de « anatasia_mikov » dont, avaient-ils découvert, la photo de profil était un cliché volé à une mannequin professionnelle.

    « Quand ‘anatasia_mikov’ nous a envoyé un message (en Finlandais, Snopes examinant l’apparence du site dans d’autres pays à ce moment-là), elle nous a demandé si on voulait discuter avec elle. Et pour pouvoir envoyer un message à ‘anatasia’, il a fallu donner un numéro de carte de crédit », avait fait savoir Snopes.com.

    À l’époque du rapport d’activité suspecte, Alcuda Limited appartenait à l’homme d’affaires ukrainien Maxim Polyakov.

    Alors que la pornographie n’est pas illégale en général, plusieurs SAR qui ont fuité ont suggéré que Payoneer avait fait des transactions avec une compagnie qui – dans au moins un exemple – aurait employé des femmes victimes de trafic d’êtres humains.

    Un SAR transmis par la branche, à New York, de la Société générale avait rapporté des activités suspectes pour une somme de 7 196 694 dollars concernant trois entreprises : Alcuda Ltd. ; Payoneer Payment Solutions Ltd., une filiale de Payoneer Inc. basée à Belize ; et une entreprise enregistrée en Andorre nommée I.M.L. SLU, entre le 9 novembre 2011 et le 25 février 2014.

    Selon le rapport, le 10 avril et le 6 juin 2012, I.M.L. SLU, firme cliente de Payoneer, avait reçu deux transferts de fonds de 77 712,88 dollars et de 57 825,45 dollars respectivement de la part d’Alcuda Limited.


    Une diapositive d’une présentation de Payoneer aux investisseurs au mois de mai 2021. (Capture d’écran)
    I.M.L. SLU était une plateforme qui accueillait des sites variés de streaming vidéo pour adultes sur internet, dont Imlive.com. Ce site appartient à une compagnie parente de l’entreprise israélienne CoolVision, propriété de Muly Litvak, l’un des fournisseurs de pornographie les plus riches et les plus connus au sein de l’État juif.

    En 2006, le Manila Times avait fait savoir que des femmes et des fillettes originaires des Philippines, qui offraient des performances sexuelles en direct sur Imlive, avaient été les victimes d’un trafic d’êtres humains et qu’elles étaient détenues comme esclaves cyber-sexuelles dans des appartements de la ville de Manille.

    Un responsable philippin avait dit au journal que « l’entreprise garderait actuellement au moins 40 femmes et fillettes dans plusieurs appartements et dans des copropriétés de la métropole de Manille, en particulier à Quezon City ».

    En 2014, l’émission de télévision israélienne « Uvda » avait interviewé des femmes philippines se produisant sur Imlive. Elles avaient déclaré travailler douze heures par jour, être dans l’impossibilité de quitter leur lieu de travail et de sortir – sinon une journée par mois – et n’avoir que peu à manger.

    La même année, Payoneer Payment Solutions avait travaillé pour une autre entreprise offshore, Sellinge Management S.A., enregistrée dans les îles Vierges britanniques. Selon un rapport d’activité suspecte, Sellinge Management était propriétaire du site Anastasiadate.com qui, selon un reportage paru dans le Guardian en 2014, était une plateforme de rencontre en ligne mettant en contact des femmes ukrainiennes et des hommes occidentaux.

    Si certains hommes seraient finalement parvenus à trouver l’amour par le biais d’Anastasiadate.com, ils ont payé pour cela le prix fort. Les hommes devaient payer chaque minute passée à discuter avec les femmes et chaque message envoyé par chat.

    « L’industrie de la romance ukrainienne sur internet est florissante », avait indiqué The Guardian en évoquant Anastasiadate.com. « Mais après avoir discuté en ligne, avoir fait le voyage à Odessa et avoir tenté de séduire les femmes au cours de rencontres flash, la majorité des hommes reviennent seuls – et les poches vides. Sont-ils réellement malchanceux en amour ou ont-ils été purement et simplement escroqués ? »


    Capture d’écran de la page d’accueil du Anastasiadate telle qu’elle apparaissait au mois de mars 2012.
    Le Guardian avait conclu que si certaines femmes fréquentaient de bonne foi le site internet, un grand nombre d’autres arnaquaient les hommes de manière sophistiquée pour les dépouiller de leur argent. Et que même si le site n’était pas en lui-même impliqué dans ces escroqueries, il en tirait des bénéfices.

    « Anastasia International – sans être complice direct des manœuvres frauduleuses – a mis au point un modèle commercial hautement profitable qui permet aux escrocs de prospérer », avait conclu le journal.

    Ni Polyakov, ni Coolvision, ni Anastasia International n’ont répondu aux demandes de commentaire du Times of Israel.

    Forex et options binaires
    Selon les rapports d’activité suspecte qui ont fuité de la FinCEN, Payoneer a aussi fait des transactions avec des compagnies israéliennes impliquées dans les industries du Forex et des options binaires qui auraient dépouillé des millions de personnes dans le monde en leur vendant de faux placements d’investissement.

    Au mois d’avril 2014, selon un SAR, Payoneer avait envoyé un paiement à Reliantco Investments, une entreprise enregistrée à Chypre et responsable du site UFX.com, parent du site de vente d’options binaires Ubinary.com.


    Une mise en garde aux investisseurs accusant Reliantco d’avoir offert des options binaires aux résidents de Nova Scotia. (Capture d’écran)

    La branche de la Barclays à New York avait déposé un SAR au mois de janvier 2016 concernant ReliantCo et les entreprises qui lui étaient affiliées. La banque avait expliqué avoir émis un rapport d’activité suspecte en raison de la mauvaise réputation des deux firmes : « Premier point, elles sont situées et elles mènent des opérations bancaires dans des lieux à haut-risque concernant le blanchiment d’argent ; deuxième point : elles ont collectivement reçu des mises en garde des services financiers d’au moins vingt (20) différents pays pour leurs opérations menées en tant que firmes de trading de devises étrangères non-autorisées et non régulées et, troisième point, elles ont fait l’objet de nombreuses plaintes non-vérifiées dans le domaine public prétendant que leur modèle commercial est une escroquerie », selon le SAR déposé par la Barclays.

    L’industrie des options binaires a prospéré en Israël pendant une décennie avant d’être interdite par la Knesset en octobre 2017, en grande partie grâce à un travail d’investigation du Times of Israel qui a commencé avec un article de mars 2016 intitulé « Les loups de Tel Aviv ». Un grand nombre des firmes israéliennes ont depuis relocalisé leurs activités, toujours frauduleuses, à l’étranger. À leur paroxysme, des centaines d’entreprises en Israël employaient des milliers d’Israéliens qui auraient volé des milliards de dollars à des victimes du monde entier. Les sociétés frauduleuses faisaient croire aux victimes qu’elles investissaient et gagnaient de l’argent, les encourageant à déposer de plus en plus de capitaux sur leurs comptes, jusqu’à ce que la société finisse par couper le contact avec les investisseurs et disparaisse avec tout leur argent ou presque.

    Les firmes du Forex – foreign exchange companies – offrent aux investisseurs le moyen de gagner de l’argent à partir des fluctuations qui surviennent sur le marché des devises internationales et un grand nombre d’entre elles seraient aussi frauduleuses. L’industrie reste légale au sein de l’État juif et ses fraudeurs n’ont jamais été poursuivis devant les tribunaux.

    En 2014, Payoneer aurait reçu au moins deux transferts électroniques de la compagnie Aston Invest Ltd du secteur du Forex, selon un rapport d’activité suspecte soumis par la Barclays Bank.

    Aston Invest menait ses activités depuis un centre d’appels de Ramat Gan appelé Union Inter Ltd., selon des documents judiciaires israéliens. Ce centre d’appel appartenait à un Français qui s’était récemment installé en Israël, Samuel Shamal, dont le frère, Jimmy Shamal, travaillait aussi là-bas. Les deux hommes, avaient fait savoir les médias français, étaient soupçonnés d’avoir pris par à la fraude à la TVA sur les quotas de carbone – une fraude qui avait rapporté 1,6 milliards d’euros – connue sous le nom de « crime du siècle » en France.


    Capture d’écran du site Astonforex.com tel qu’il apparaissait en 2014. Le site appartenait à Aston Invest, qui a traité avec Payoneer
    En 2016, Aston Invest avait fait l’objet d’une enquête menée par un magistrat français pour fraude au Forex et l’un des procureurs en charge du dossier avait fait le voyage en Israël. Jimmy Shamal avait été finalement jugé et emprisonné en France, avaient noté les médias français qui n’avaient toutefois pas précisé pour quel crime il devait purger sa peine.

    Un porte-parole de Payoneer a fait savoir au Times of Israel que la compagnie ne traitait pas les paiements des compagnies liées au Forex ou aux options binaires et que le seul lien, à cette époque, était la fourniture de services à des réseaux qui leur étaient affiliés.

    Il a ajouté que si Payoneer avait pris en charge les transactions de distributeurs affiliés au site de Forex et d’options binaires, cela ne représentait qu’une petite partie des activités commerciales de l’entreprise.

    « Même en 2016, lorsque nous avons pris la décision de cesser de nous occuper des paiements issus des industries à haut-risque, ces dernières ne représentaient qu’une petite partie de nos activités », a précisé le porte-parole.

    Des clients et des bénéficiaires « inconnus »
    Parmi d’autres SAR de la FinCEN : un document à l’origine du rapport d’activité suspecte révélant que Payoneer avait transféré des paiements à un fournisseur de service financier dont les bénéficiaires finaux étaient inconnus à la banque.

    En 2016, Le groupe Bank of New York Mellon avait soumis un SAR établissant qu’entre le 11 février et le 17 mai 2016, elle avait constaté 768 transferts électroniques suspects pour un total de 14 218 008,19 dollars au bénéfice de Moneynetint Ltd. Parmi les entités qui avaient transféré l’argent à Moneynetint, Borderless Commerce Limited, une filiale de Payoneer Inc. Le 25 avril 2016, la compagnie avait effectué un transfert d’un montant de 1 000 000 de dollars au profit ultime de Moneynetint ltd. Dans la mesure où Moneynetint est elle-même une entreprise de paiement, il est probable que les fonds étaient destinés à un ou plusieurs de ces paiements.

    L’une des raisons ayant motivé l’émission du SAR par le groupe Bank of New York Mellon, avait fait savoir ce dernier, c’est qu’il n’était pas parvenu à déterminer qui était le destinataire des fonds.

    « Ces transferts sont suspects parce qu’un grand nombre d’entre eux ne dévoilent pas l’identité du vrai bénéficiaire/du client donneur d’ordre et/ou parce que certaines contreparties de Moneynetint sont des sociétés écrans, des coquilles vides ou des vendeurs de Forex/d’options binaires », avait indiqué le SAR.

    Moneynetint était en fait un processeur de paiement majeur pour l’industrie frauduleuse des options binaires, selon des documents bancaires consultés par le Times of Israel.

    D’autres documents de la FinCEN indiquent que Moneynetint avait effectué des transactions avec d’autres firmes qui auraient été des escroqueries.

    Parmi elles, Avilan Marketing LLC, une entreprise vendant des compléments favorisant les performances sexuelles masculines et des produits contrefaits. En 2008, Cartier avait remporté près d’un million de dollars en dommages et intérêt après avoir traduit la compagnie devant la justice parce qu’elle vendait des montres contrefaites se réclamant de la célèbre marque de luxe. Un reportage paru en 2018 dans le magazine économique Capital, en Allemagne, avait accusé les membres de la famille Ben-Menachem, propriétaire de l’entreprise, de publicité frauduleuse sur Facebook. Un autre client de Moneynetint était Clicksure Payments, une firme de marketing affiliée à l’industrie des options binaires.


    Capture d’écran du mois de juin 2015 du site Kingreplica.com qui était exploité par Avilan Marketing LLC et qui vendait des contrefaçons de montres. (Capture d’écran)

    Aviv Ben Menachem d’Avilan Marketing n’a pas répondu à une demande de commentaire du Times of Israel.

    Moneynetint, pour sa part, a fait parvenir au journal la réponse suivante : « Moneytint veille à toujours préserver la confidentialité de l’identité de nos clients. Comme toutes les autres institutions financières majeures et dignes de confiance, Moneynetint fournit des services à des industries et à des clients influents des technologies financières. Nous sommes fiers de notre implication croissante et de notre statut de leader dans l’arène financière. Concernant nos ‘anciens clients’, notre implication et les faits qui sont décrits sont incorrects. Moneytint tire une grande fierté de toujours préserver la confidentialité et la sécurité de nos vrais clients. »

    Si Payoneer a reconnu avoir utilisé Moneynetint dans le cadre de ses infrastructures afin de procéder à des paiements locaux sur les comptes bancaires de ses clients, la firme a affirmé ne jamais avoir reçu de fonds de la part de la compagnie.

    Les technologies financières et leurs mauvais acteurs
    Des sources de l’industrie des paiements qui se sont exprimées sous couvert d’anonymat auprès du Times of Israel ont indiqué que les firmes issues des technologies financières en général faisaient souvent des transactions avec d’autres fournisseurs de paiement, de manière à ce que les départements chargés de la conformité des opérations ne puissent pas toujours avoir connaissance de l’identité du client ou du bénéficiaire final.

    Selon ces sources, les arnaques sont si banales dans le monde du e-commerce que même une entreprise de fintech dotée des meilleures intentions peut avoir du mal à mettre un terme à sa relation avec un marchand qui s’avère être un escroc.

    Malgré la difficulté qu’il y a à déraciner les mauvais acteurs de l’industrie, il revient aux entreprises offrant des services financiers de tenter de le faire, note Beer, l’analyste anti-blanchiment d’argent.

    Le nom de Payoneer revient dans 24 des 2 500 documents de la FinCEN ayant fuité. Dans certains, le nom de la compagnie apparaît à des dizaines d’occasions.

    « Est-ce compromettant ? », s’interroge Beer. « Non, pas nécessairement – mais cela soulève toutefois des questions sur la solidité du programme financier anti-blanchiment d’argent et anti-terrorisme mis en place par l’entreprise. Payoneer a-t-il déposé des SAR auprès de la FinCEN sur les transactions qui sont par ailleurs mentionnées par les autres institutions bancaires ? »

    Payoneer n’a pas fait savoir si des Rapports d’activité suspecte avaient été émis sur ces clients spécifiquement, ajoutant en déposer auprès de la FinCEN de manière régulière. Son porte-parole a déclaré au Times of Israel que « le programme de conformité de Payoneer est à la hauteur des normes les plus exigeantes de l’industrie, notamment en ce qui concerne l’émission des SAR et l’entreprise fait l’objet d’audits réguliers réalisés par des firmes majeures de ce secteur et par des régulateurs financiers de juridictions multiples ».

    La fraude en tant qu’industrie de croissance
    Les 2 500 documents qui ont fuité de la FinCEN sont parvenus initialement à BuzzFeed News par l’intermédiaire de Natalie Mayflower Sours Edwards, une ancienne employée de la FinCEN. Le 3 juin, Edwards a écopé d’une peine de six mois de prison pour avoir laissé fuiter les documents de manière illégale.

    Dans une note transmise au moment de sa condamnation, Edwards a expliqué avoir laissé fuiter ces documents parce qu’elle soupçonnait des faits de corruption au sein du département du Trésor – et que, plus précisément, elle soupçonnait une autre unité de rassembler illégalement des informations sur les registres financiers américains et que les responsables du département du Trésor échouaient, selon elle, à coopérer avec l’enquête lancée au Congrès concernant l’interventionnisme russe lors des élections présidentielles de 2016.

    BuzzFeed avait utilisé les documents pour écrire une série d’articles, en 2017 et 2018, consacrés au président Donald Trump, à ses proches et à leurs liens avec les personnalités politiques et les hommes d’affaires russes.


    Natalie Mayflower Sours Edwards, au centre, quitte le tribunal après avoir été condamnée à six mois de prison pour avoir laissé fuiter des rapports financiers auprès de journalistes de Buzzfeed à New York, le 3 juin 2021. (Crédit : AP Photo/Larry Neumeister)
    Des individus et des entreprises israéliennes apparaissent dans au moins 450 des 2 500 documents rendus publics illégalement (ce qui constitue une toute petite fraction des plus de 12 millions de SAR qui ont été déposés entre 2011 et 2017). Un grand nombre d’Israéliens cités dans ces documents ont été soupçonnés d’être impliqués dans les industries de la pornographie, du jeu, du Forex ou des options binaires, ainsi qu’à des entreprises travaillant pour ces industries – processeurs de paiement ou services de commercialisation affiliée. D’autres Israéliens et entreprises israéliennes cités dans les documents sont liés à l’industrie des ventes d’armes et à l’industrie du diamant israéliennes, ainsi qu’à des individus originaires de l’ex-Union soviétique et qui résident aujourd’hui au sein de l’État juif ou qui ont la citoyenneté israélienne.

    Mikhail Reider-Gordon, experte anti-blanchiment d’argent au sein de l’organisation Affiliated Monitors qui est aussi professeure à l’Académie internationale anti-corruption, en Autriche, dit avoir découvert cette constellation d’arnaques liées à la pornographie, au jeu, au Forex, aux options binaires – une liste non-exhaustive – lorsqu’elle a enquêté sur #Wirecard, l’entreprise allemande de Fintech qui fait aujourd’hui l’objet d’investigations de la part de procureurs de différents pays pour blanchiment d’argent.

    « Le secteur de la pornographie, le secteur des options binaires, le secteur du casino offshore – un grand nombre de ces entreprises entretiennent des liens avec le crime organisé et avec des acteurs parfois proches de l’État qui se trouvent dans l’obligation de blanchir de l’argent de toutes les manières possibles, un argent qui a été obtenu à partir d’activités illicites comme le trafic d’êtres humains, le trafic de stupéfiants, le trafic d’armes et le trafic d’animaux sauvages illégal », explique-t-elle.

    Selon Reider-Gordon, un grand nombre de ces secteurs illicites de l’économie – en ligne mais pas seulement – s’entremêlent les uns aux autres.

    « Si vous avez besoin de blanchir de l’argent russe, d’échapper aux sanctions contre la Corée du Nord ou contre l’Iran, vous allez faire passer cet argent par le biais de ces entités », poursuit-elle.

    L’État d’Israël est largement considéré comme étant la « start-up nation ». Le pays compte le plus grand nombre de start-ups par habitant dans le monde et il se classe sixième dans la liste établie par Bloomberg en 2020 des économies les plus innovantes. Le pays est aussi premier dans le monde en termes de capital-risque par tête.

    Mais comme le Times of Israel l’a montré et documenté, il y a une facette plus sombre qui accompagne cette économie de la start-up. Une minorité substantielle d’entre elles s’engagent dans des activités frauduleuses ou non-éthiques.


    Capture d’écran d’un rapport réalisé par l’incubateur de start-up TheTimes, financé par le gouvernement israélien, en collaboration avec le quotidien économique The Marker.
    En 2012, un incubateur de start-ups financé par le gouvernement israélien, TheTime, a publié un rapport sur l’industrie de l’internet grand public au sein de l’État juif, où il s’est penché sur les entreprises totalisant un revenu de presque dix millions de dollars par an ou plus. Parmi ces dernières, Payoneer, le fournisseur de sites pornographique CoolVision, ainsi que plusieurs firmes de jeu en ligne et un grand nombre de compagnies de Forex et d’options binaires qui étaient de toute évidence frauduleuses.

    Parmi ces dernières, 4XPlace, dont le directeur-général Yossi Herzog a été mis en examen en 2019 par un grand jury aux États-Unis pour fraude présumée, Tradologic, qui fait l’objet d’une enquête en Autriche ou SpotOption, une firme récemment accusée de fraude massive par la SEC (Securities and Exchange Commission) américaine. Et non seulement jamais aucune poursuite judiciaire n’a été lancée au sein de l’État juif contre ces entités mais un incubateur de start-ups financé par le gouvernement israélien les a citées en 2012 pour illustrer les success stories à l’israélienne.

    Spotoption a, par ailleurs, bénéficié en coulisses de l’argent du contribuable pour élargir ses opérations à l’étranger.

    Le rapport de 2012 s’était penché sur le fait qu’un grand nombre de ces firmes à haut-revenu affichaient aussi un certain niveau d’opacité – les désignant comme des « compagnies de l’ombre ». Un rapport émis deux ans plus tard, en 2014, avait pour sa part prédit – avec optimisme – que l’industrie saurait se débarrasser de ses mauvais aspects au gré de son évolution naturelle.

    Payoneer affirme avoir servi des clients quelques peu sombres mais avoir depuis avoir nettoyé les souillures qui en avaient résulté. Toutefois, les documents de la FinCEN suggèrent que, concernant une grande partie de l’industrie israélienne de l’internet, cela n’est pas tout à fait vrai.

     #finance #argent_sale #blanchiment #start_up #pornographie #pédo_pornographie #fraude #opacité #start-up_nation #mafia #drogue #esclavage #services_financiers #technologies_financières #e_commerce

  • Israeli firm raises $5 million for tech to recognize mask-covered faces - Reuters
    https://www.reuters.com/article/us-health-coronavirus-facial-recognition-idUSKCN22809S

    TEL AVIV (Reuters) - Israel’s Corsight AI, which has developed technology to recognize faces concealed by masks, goggles and plastic shields, raised $5 million from Awz Ventures, a Canadian fund focused on intelligence and security technologies.

    Corsight said on Sunday it will use the funds to market the platform and to continue development.

    In March, China’s Hanwang Technology Ltd said it has come up with technology that can recognize people when they are wearing masks, as many are today because of the coronavirus.

    Corsight said it offers a facial recognition system able to process information captured on video cameras and can address difficulties resulting from the outbreak, where a large portion of the population is moving about with faces partially covered.

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    The technology can be used to issue alerts of people who are in violation of quarantine and have gone outside to public areas while covering their faces with masks, Corsight said.

    ADVERTISEMENT

    If a person is found to have COVID-19 within an organization the system can quickly produce a report of people who were near the sick individual, the company said.

    Corsight said it has permanent systems installed in European airports and hospitals, Asian cities, South American police departments and border crossings, and African mines and banks.

    Tel Aviv-based Corsight was founded in late 2019 and has 15 employees. It is a subsidiary of Cortica Group, which has raised over $70 million to develop artificial intelligence technology.

    @etraces

    #IA #start_up #surveillance

  • Doctolib bouscule les professionnels de la #santé | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr//doctolib-bouscule-professionnels-de-sante/00089033

    Le modèle de Doctolib a pourtant déjà convaincu 75 000 médecins. « Sur les 500 000 professionnels de santé, déjà 15 % ont souscrit à nos services, et en moyenne 3 000 nouveaux médecins s’y ajoutent chaque mois », précise Julien Meraud, directeur produit et marketing de l’entreprise. La start-up propose à ces derniers une plate-forme de prise de rendez-vous en ligne, où les patients ont directement accès aux agendas des professionnels de santé et réservent eux-mêmes les créneaux disponibles. Doctolib se charge même de relancer les patients par SMS ou mail, avec la promesse de réduire les rendez-vous non honorés et les frais de secrétariat. Le tout pour 129 euros par mois facturés aux professionnels de santé.

    • #publireportage #publicité #journalisme
      Le journaliste n’a pas fait son travail en ne dénonçant pas l’existence même de doctolib, une plateforme privé qui stocke des données confidentielles.

      Il trouve même des excuses risibles qu’il met en dame blanche

      Ce secteur répond à des règles déontologiques fortes qu’un acteur privé innovant n’intègre pas forcément pleinement

      Mais oui, c’est ça, cette pauvre #start_up de doctolib est à plaindre, elle est en fait trop moderne, si si bien entendu elle raconte ne rien comprendre aux données privées., c’est beau comme du Zuckerberg !

      En octobre dernier, des médecins attaquaient doctolib qui s’était largement servi dans leurs fichiers, mais pour des raisons concurrentielles :/ Encore des histoires de fric

      https://www.lejdd.fr/Societe/Sante/des-medecins-declarent-la-guerre-a-doctolib-3788729

      De la « vente forcée » selon des médecins

      Deux reproches sont plus particulièrement faits à la plateforme.

      Premier grief : les praticiens qui quittent Doctolib ont la surprise de toujours voir leurs noms y figurer. Ainsi, quand un patient les recherche, il les trouve mais est redirigé vers un de leurs confrères, qui lui a recours aux services de la plateforme. Pour Franck Chaumeil, il s’agit ni plus ni moins de « vente forcée ».
      Second grief : tous les médecins de France, c’est-à-dire ceux répertoriés dans l’annuaire de l’Ordre de cette profession, figurent sur Doctolib. "Doctolib utilise l’Opendata pour pomper nos coordonnées, ce qui est légal, s’agace Bertrand Legrand. Ce qui ne l’est pas, en revanche, c’est que tous les médecins de France n’ont pas consenti de manière explicite à se retrouver dans ce qui est plus un annuaire qu’un agenda en ligne. C’est une grave violation du RGPD

      Sauf que les médecins n’ont pas d’ovaires, sous le prétexte fallacieux qu’ils sont surbookés ils refilent les données de leurs patients sans leur accord explicite. Je le sais pour l’avoir vécu à maintes reprisesmalgré ma demande de radiation de leurs fichiers. Il y a bien des syndicats de médecins mais jamais de syndicats pour ceux qui se font peler la laine sur le dos, ici les patient·es et des données confidentielles dont vont se repaitre les banques et les assureurs.

      Jacques Lucas, le responsable du Conseil de l’Ordre des médecins en charge, a tenté de siffler la fin de la controverse dans un tweet : « Il serait en effet difficile de soutenir que le médecin qui s’abonne à un service de prise de RDV en ligne le fait pour détourner de la clientèle vers lui, alors même que tous se disent surbookés. Il y a cependant une interrogation sur le référencement Google, en cours d’examen. » Du côté des médecins, la colère s’est dissipée. « #Doctolib a mis en œuvre un référencement plus respectueux de l’éthique professionnelle des médecins », a ainsi tweeté le docteur Bertrand Legrand. Fin du #Doctolibgate pour moi !"

      #fichage_généralisé

    • Et comme ça m’ennerve vraiment, je cite les responsables du massacre, l#ordre_des_médecins lui même. C’est un peu comme la vente des autoroutes entre le pouvoir et les marchands de pétrole. Toi petit patient·e, tais-toi, les patrons qui t’auscultent décident pour toi de refourguer tes données au numérique.

      « Nous sommes en relation avec les plates-formes de prise de rendez-vous en ligne et leur faisons des recommandations, confirme Jacques Lucas, vice-président du Conseil national de l’ordre des médecins et délégué général au numérique. Et Doctolib se développe parce que les professionnels de santé y ont recours. »

    • Je colle les entreprises qui soutiennent Doctolib et essaierai d’en faire un retour

      Ses actionnaires historiques, l’organisme public #Bpifrance, les sociétés d’investissement françaises #Eurazeo et #Kernel et celle de capital-risque américaine #Accel, continuent à la soutenir. Un autre s’est récemment ajouté avec la levée de fonds de 150 millions d’euros de mars 2019 : le fonds d’investissement américain #General_Atlantic.

      #lobbying #santé #marché_des_données_de_santé

      –------
      General Atlantic
      Pas besoin de creuser beaucoup …

      Henri de Castries rejoint le fonds General Atlantic
      Après plusieurs mois consacrés à la campagne électorale de François Fillon, l’ancien patron d’AXA va rejoindre la société d’investissement américaine.

      À noter
      L’ancien patron d’AXA restera administrateur de HSBC et de Nestlé, et continuera de présider l’Institut Montaigne.

      #assureurs #bigpharma #Groupe_Bilderberg

  • France : plus de 250 000 micro-travailleurs en France payés « quelques centimes » par clic sur internet
    https://www.crashdebug.fr/actualites-france/15673-france-plus-de-250-000-micro-travailleurs-en-france-payes-quelques-

    1 ... Comme j’ai dit, la loi Travail va favoriser le travail à la journée/tâche/mission, vers des contrats zéro heure

    2 ... La preuve en Belgique : ... 1 indépendant sur 6 est déjà sous le seuil de pauvreté

    3 ... La jeunesse paiera un lourd tribu et ira se réfugier dans la Révolution

    Contributeur anonyme

    Une étude se penche sur le nombre de personnes en France qui réalisent des micro-tâches numériques rémunérées à la pièce. Un phénomène comparable voire supérieur aux effectifs des plateformes VTC et de livraison-express.

    Une « nouvelle forme de mise au travail des populations [qui] pousse à l’extrême les logiques de précarité et d’exclusion déjà constatées autour du statut des travailleurs ubérisés. Il nous paraît donc urgent de nous pencher sur ce phénomène émergent ». Voici le constat que viennent de (...)

    #En_vedette #Actualités_françaises

    • Merito Ce ne sont pas des micro-tâches numériques, mais c’est pas mieux

      https://www.olivierdauvers.fr/2019/02/17/le-coup-de-pub-du-dimanche-merito

      Merito, sur un sujet souvent casse-tête pour les magasins, la gestion du personnel.

      Merito a deux activités. L’une est assez classique, baptisée “Staff” : une plateforme de recrutement digitalisée qui met en relation ceux qui cherchent (du boulot) et ceux qui en proposent (du boulot).

      Y’a certes un brin d’intelligence artificielle derrière pour rendre le process plus efficient mais ce qui me fait réclamer votre attention dominicale, c’est le second volet de la solution, bigrement malin : “Share”.

      Là, l’idée, c’est que les collaborateurs (volontaires) d’une enseigne proposent leurs services sur la plateforme et que les magasins environnants (de la même enseigne) y puisent la ressource lorsqu’ils en besoin.

      Bien sûr, l’entreprise pourrait organiser elle-même ces échanges. On appelle ça le service RH 

      Mais la plateforme apporte une solution plus fluide et assure en outre le volontariat de ceux (en temps partiel par exemple) qui veulent “travailler plus pour gagner plus”. Pour le magasin qui utilise la plateforme, lorsqu’il est confronté à des situations d’absentéisme, il évite l’intérim (coûteux) et y gagne une main d’œuvre habituée à l’enseigne, à ses process, donc plus efficace.

      En région parisienne (où l’absentéisme et le turnover sont plus importants qu’ailleurs), Auchan utilise déjà Mérito et le revendique => VIDEO . J’imagine d’ici que Franprix (ou d’autres) pourrait suivre, tellement il y a une forme d’évidence dans la solution. Ca méritait bien un coup de pub ! Désintéressé comme toujours. 

      https://www.youtube.com/watch?v=6-m6Nf-ce7Q

      #esclavage #intérim #start_up #grande_distribution #merito

  • #Apple vs #Facebook et #Google : pour défendre sa doctrine, Tim Cook a-t-il raison de sortir les armes ? - Politique - Numerama
    https://www.numerama.com/politique/459847-apple-vs-facebook-et-google-pour-defendre-sa-doctrine-tim-cook-avai

    À la question « qui régule Apple si Apple devient un régulateur ? », la réponse est donc le spectre de l’#abus de #pouvoir. Pour la marque fruitée, retirer une #application majeure de l’#App_Store reviendrait à recourir à l’arme nucléaire. C’est un vecteur de #dissuasion dont le rôle est de menacer sans avoir à être utilisé. Dès lors, mieux vaut ne pas le dégainer de manière inconsidérée. Au début de la #Guerre froide, les #États-Unis maniaient la bombe sous la doctrine des « représailles massives », menaçant l’Union soviétique de guerre nucléaire au moindre débordement. Après que la crise de Cuba a manqué de faire vitrifier la planète en 1962, Washington a trouvé plus raisonnable de passer à la doctrine de la « riposte graduée », répondant aux accrochages de manière proportionnée et non nucléaire.

    La question de l’abus de pouvoir fait aussi que si la firme à la pomme veut (pour son propre intérêt) exercer des représailles graduées, elles doivent également être perçues comme légitimes par l’essentiel des acteurs du #numérique. On est encore loin de l’idéal des Nations-Unies, mais c’est déjà cela.

    #GAFA #web #internet #start_up

  • L’irrésistible ascension du #lecteur_vidéo « #VLC », une révolution française
    https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/01/28/l-irresistible-ascension-du-lecteur-video-vlc-une-revolution-francaise_54157

    Capable de lire n’importe quelle vidéo sur n’importe quel support, le petit #logiciel gratuit VLC s’est imposé en vingt ans comme un indispensable. Il est développé par des Français.

    #logiciel_libre #start_up

  • Citoyens et consommateurs dévisagés pour garantir leur « bien-être »
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/19/citoyens-et-consommateurs-devisages-pour-garantir-leur-bien-etre_5399814_323
    #pub #smile_you_re_being_analyzed
    #video_surveillance

    Une start-up de Metz, Two-I, rencontre un succès rapide en développant des solutions d’analyse des images de #caméras de surveillance, qui permettent non seulement de compter les passants, mais de décrypter en temps réel leur sexe, leur âge et les émotions exprimées par leur visage. Son credo : s’imposer comme un « outil de la #smart_city » en fournissant une mesure objective du « bien-être » pour guider la gestion de la ville.

    Les métropoles de #Metz, de #Nancy, de Nice et quelques autres se sont déjà laissé convaincre, comme plusieurs gestionnaires de stades. Depuis cet automne, la société signe également des contrats à Dubaï, où ses technologies pourraient être mises à profit par le « ministère du bonheur » créé par les Emirats arabes unis pour garantir le « bien-être social » et la « positivité ».

    L’analyse des émotions permet aussi d’évaluer « l’expérience client » dans un centre commercial, ou le ressenti face à une #publicité. « Nous avons de grosses commandes à #Dubaï liées à l’affichage publicitaire », indique M. Trombini. Grâce aux caméras intégrées aux écrans, les annonceurs savent si leur message est bien vu par le public voulu ou s’il rate sa cible, et comment il est perçu.

    Après une première levée de fonds de 250 000 euros lors de la création de la #start_up, en juillet 2017, la société, qui compte désormais quatorze collaborateurs, a réuni un million d’euros supplémentaires en mai. « On fera peut-être encore un tour de table, mais notre objectif est d’atteindre la rentabilité en 2019. On entre en phase d’industrialisation », indique Julien Trombini.

    • Comment des villes « hyper connectées » contrôlent l’espace public
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/19/au-nom-de-la-smart-city-des-villes-sous-surveillance_5399527_3234.html

      De Nice à Valenciennes (Nord), de Marseille à la Défense ou à Nîmes, de plus en plus de collectivités se laissent tenter par des plates-formes numériques organisées autour des outils de surveillance et de contrôle de l’espace public.

      Un mouvement de fond, en phase avec de puissants intérêts industriels et porté par des subventions publiques, qui prospère dans un certain flou juridique et inquiète les associations de défense des libertés publiques. Construits autour d’une vidéoprotection dernier cri, dopée à l’intelligence artificielle, aux algorithmes et au « big data », ces dispositifs ont l’avantage de rendre bien concret l’un des rêves fondateurs de la smart city : la gestion centralisée de la ville depuis un poste unique de commandement.

      C’est le début d’une révolution : la fibre optique et les technologies numériques permettent l’interopérabilité de tous les systèmes, une interconnexion des différents métiers de la ville, qui fonctionnaient jusque-là en silos : l’éclairage public, la mobilité et le stationnement, la sécurité, les parcs et jardins, les réseaux d’eau ou d’énergie… « Le même matériel permet d’imbriquer la sécurité avec d’autres enjeux et d’autres fonctions. En mutualisant les équipements, nous multiplions les services, que ce soit dans la gestion quotidienne, pour les grands événements ou en cas de crise », explique Nathalie Allegret, directrice du marché Villes et territoires connectés chez Engie Ineo, l’un des poids lourds du secteur.

    • https://www.laquadrature.net/2018/12/19/reconnaissance-faciale-au-lycee-lexperimentation-avant-la-generalisati

      Le 14 décembre dernier, le Conseil Régional de #PACA a voté une mesure visant à faire installer, à partir de 2019, des dispositifs de #reconnaissance_faciale à l’entrée de deux #lycées de Nice et de Marseille. Dès le mois d’octobre, La #Quadrature_du_Net avait demandé à la CNIL la communication des documents en sa possession sur ce dossier, cette dernière ayant été consultée par la région pour la mise en place de ces dispositifs. L’analyse de ces documents, ainsi que les précisions apportées par Christian Estrosi, confirment l’impuissance de la CNIL à enrayer la banalisation d’une technologie particulièrement liberticide et qui vise ici à s’étendre à l’ensemble des établissements scolaires de la région.

      De quoi s’agit-il ? En octobre 2017, Renaud Muselier, président de la région PACA, demande les conseils de la CNIL pour la mise en place dans deux lycées de Nice et de Marseille de dispositifs de « portiques virtuels » associant « des moyens classiques d’identification (…) à un dispositif biométrique utilisant des technologies de comparaison faciale, seuls à même d’après nos premières investigations, d’apporter une solution fiable et rapide dans un contexte de contrôle d’accès portant sur un nombre potentiellement élevé de personnes ». Cette nouvelle étape est la suite logique de sa politique sécuritaire ayant conduit, entre 2016 et 2017, à ce que plus de 1 300 caméras de vidéosurveillance soient installées dans l’ensemble des lycées de la région. La technologisation à outrance est également présentée par la région comme une réponse au contexte d’austérité budgétaire :

  • Strasbourg : Facebook au marché de Noël . . . . Justine Saint-Sevin - France 3 Régions - 1 Décembre 2018
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/bas-rhin/strasbourg-0/strasbourg-facebook-au-marche-noel-presence-qui-detonne

    Vendredi 30 novembre, Facebook a investi pour la première fois le marché de Noël de Strasbourg. Son chalet niché au cœur du Village du partage au milieu des associations solidaires surprend.

    Un nouveau venu, nommé Facebook, a pris place dans le chalet jusqu’alors tenu par l’association Emmaüs sur le Village du partage au petit matin ce vendredi. Et qu’ils soient bénévoles, habitués de l’incontournable marché strasbourgeois ou touristes à peine débarqués d’un train, un même questionnement les unit : « mais que vient faire Facebook ici ? » .
    . . . . .

    . . . . .
    La présence d’une société qui brasse des milliards, pointée du doigt pour son impôt dérisoire versé à la France, au milieu des Petits Frères des Pauvres ou du Secours populaire, n’est pas anodine. Facebook dont l’image s’est effritée après les nouvelles révélations de fuites de données personnelles se doit de redorer son blason. Au côté des initiatives de dons ou de la formation gratuite aux différentes fonctionnalités proposées, les passants sont d’ailleurs invités à apprendre à optimiser la sécurité de leurs données sur l’application. Coïncidence ? 

    #facebook #Emmaüs #Petits_Frères_des_Pauvres #Secours_populaire #Strasbourg #google #surveillance #internet #censure #réseaux_sociaux #publicité #données #profiling #bigdata #manipulation #marketing #vie_privée #foutage_de_gueule #start_up_nation

  • La boutique parodiant celle de l’Élysée reverse ses gains à trois associations Alexis Feertchak - 2 Novembre 2018 - Le figaro
    http://www.lefigaro.fr/politique/2018/11/02/01002-20181102ARTFIG00090-la-boutique-parodiant-celle-de-l-elysee-reverse-s

    Le projet « Enlysée »https://enlyseeboutique.fr lancé par trois jeunes de Calais et Lille a enregistré 3000 commandes en seulement un mois. Les 30.000 euros de revenus sont reversés ce vendredi à trois associations qui œuvrent pour l’aide aux migrants et aux sans-abri.


    « Le jour où tu veux faire la Révolution, t’apprends d’abord à faire ton café et à te nourrir toi-même. » Pour boire son café le matin, quoi de mieux qu’une maxime d’Emmanuel Macron imprimée en bleu, blanc, rouge sur sa tasse ? Pardon, en « rouge, bleu, blanc, rouge » si l’on en croit les termes d’« Enlysée », boutique en ligne qui parodie celle lancée en septembre par la présidence de la République. Cette initiative, lancée par trois trentenaires de Calais et Lille, a engendré 3000 commandes en seulement un mois. Ses bénéfices vont être reversés à trois associations venant en aide aux migrants et aux sans-abri, selon France Info.

    30.000 euros seront ainsi partagés ce vendredi à Calais entre la Fondation Abbé Pierre, l’Auberge des migrants et Salam. Pour cette dernière association qui distribue près de 500 repas par jour à Calais, les 10.000 euros représentent 10% de leurs dépenses. « On vit beaucoup sur les dons, les récupérations et là ça nous permet de faire ce qu’on ne fait jamais, d’acheter un peu de fruits à des grossistes, acheter des chaussettes, des gants, etc. Ce sont des frais qu’on est souvent amené à reporter », confie à France Info le président de Salam, Jean-Claude Lenoir.

    « Boutique officielle du ruissellement »
    « Vous savez maintenant où va partir ce pognon, qu’on espère de dingue ! », déclare l’« Enlysée » sur son site, référence à la petite phrase d’Emmanuel Macron, qui avait déclaré en juin dernier : « On met un pognon de dingue dans les minima sociaux ». C’est l’expression phare de la boutique qui propose t-shirts, sweat-shirts et sacs avec l’imprimé « Je coûte un pognon de dingue ». D’autres saillies présidentielles s’affichent également à la vente : « Phransaizilaitrée », « Gaulois réfractaire », « Dernier de cordée », « Mafia bretonne » (avec Jean-Yves Le Drian portant le smoking de Marlon Brando dans Le Parrain), « champion du monde » (avec Alexandre Benalla, casqué, en bleu, blanc, rouge) ou « champion de la Terre » (avec Emmanuel Macron, torse nu, portant la planète sur ses épaules). Les articles « Maison » promettent quant à eux d’apporter « une ambiance de maison inspirée par le mépris présidentiel ».

    En plus des trois fondateurs, une équipe d’une quinzaine de bénévoles conçoit, réalise, met en ligne et envoie les produits parodiques. La boutique « Enlysée » ne veut pas s’arrêter là. Elle attend beaucoup des fêtes de Noël et prépare à cet effet un « pack spécial de fin d’année » pour la semaine prochaine. Pour continuer d’abreuver les finances d’associations, elle espère aussi de nouvelles petites phrases présidentielles. « Que ce soit le ‘pognon de dingue’ ou ‘traverser la rue’, on n’aurait pas pu les imaginer nous-mêmes, donc franchement, on le remercie beaucoup. S’il pouvait nous en ressortir quelques-unes, d’ici Noël et jusqu’à la fin du quinquennat, on pourrait reverser beaucoup d’argent », déclare Manu, l’un des fondateurs, à France Info. Le trentenaire aimerait aussi qu’Emmanuel Macron devienne le parrain de ce projet joliment défini comme « la boutique officielle du ruissellement ».

    #Elysée #Enlysée #ruissellement #Calais #Lille #emmanuel_macron #migrants #pognon_dingue #traverser_la_rue #start_up #ruissellement #perlimpinpin #manu #en_marche

    La suite de https://seenthis.net/messages/724130

  • Ils lancent « Enlysée, la boutique officielle du ruissellement », une boutique en ligne parodiant celle de l’Élysée, au profit d’associations Emmanuel Magdelaine - 23 Septembre 2018 - France3 Région
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/pas-calais/calais/ils-lancent-enlysee-boutique-ligne-parodiant-celle-elys

    Une quinzaine de personnes (étudiants, graphistes, musiciens, communicants sociaux...) ont décidé de lancer une boutique de vente en ligne d’objets dérivés baptisée « Enlysée ». Une parodie de celle lancée récemment par la Présidence de la République. Au profit d’associations.

    Un t-shirt « Je coûte un pognon de dingue », un sweat « Dernier de cordée », un mug « Je traverse la rue » ou encore un tote bag "Président de la Start-up France... Ce sont quelques-uns des produits que l’on peut désormais trouver dans une boutique en ligne nommée « Enlysée, la boutique officielle du ruissellement ». https://enlysée.fr

    Une boutique en ligne classique (on peut vraiment acheter) mais parodique (tout est à lire au second degré). Elle reprend les codes graphiques de la boutique officielle de l’Elysée lancée il y a quelques jours par la Présidence de la République pour mieux les détourner, les moquer. Le tout à des prix beaucoup plus raisonnables. Ici, pas de montres à 169 euros, de tee-shirt « Poudre de perlimpinpin » à 55 euros, ou de mugs à 24,90 euros. Les prix oscillent plutôt entre 10 et 30€. 

    #pognon_dingue #traverser_la_rue #start_up #ruissellement #perlimpinpin #manu #en_marche

  • Macron : « Nous ne serons pas les bouffons de la Startup Nation ! »
    https://mrmondialisation.org/macron-nous-ne-serons-pas-les-bouffons-de-la-startup-nation
    https://vimeo.com/253027619

    Afin de résister à la « Startup Nation » dont Emmanuel Macron s’est fait le défenseur dans un récent discours, le collectif « Opposition à la Startupisation de l’Economie française » (OSEF) a lancé ce 27 janvier un mouvement pour dénoncer un modèle de « domination, d’exploitation, de logiques sécuritaires » sur fond de libéralisme économique et d’injustices sociales croissantes. Avec une sélection de médias indépendants, Mr Mondialisation est signataire du manifeste publié à cette occasion.

    Partout, dans les discours des dirigeants et des éditocrates, le vocabulaire des startups s’impose. Dans les administrations, dans les services publics, dans les universités, dans les entreprises et jusque dans le monde associatif, l’« open innovation disruptive » et les « méthodes agiles » de la Silicon Valley tiennent lieu de nouveau paradigme gestionnaire. On nous jure que, grâce aux « corporate hackers » et autres transfuges du « digital », il serait désormais possible de « changer le système de l’intérieur », de « libérer les énergies ».

    Derrière cette énième incarnation de vieilles rengaines technocratiques, c’est en fait l’intensification des funestes logiques néo-libérales qui est à l’œuvre. Les promoteurs de la « Startup Nation » entendent légitimer un ordre social injuste, poussant à une précarisation toujours plus grande du travail, à la marchandisation des sciences et des savoirs. Ils ravalent la notion d’intérêt général à la seule efficacité économique, œuvrant à la mise en compétition de tous contre tous pour faire entrer le calcul dans les moindres recoins de nos vies quotidiennes.

    Afin d’attirer les flux financiers internationaux sur le territoire, le projet de « Startup Nation » conforte le rôle des grandes multinationales des technologies au cœur de l’économie, et légitime leurs modèles économiques fondés sur la surveillance. Peu à peu, se construit un horizon ultratechnologique où l’asservissement des femmes et des hommes par le biais des machines – à force d’ubérisation, de robotisation, de gouvernance algorithmique, de contrôle – doit permettre d’endiguer l’effondrement d’un modèle de société à bout de souffle, sur fond de crise environnementale sans précédent.

    Pour parvenir à leurs fins, les « technocrates 3.0 » nous dépossèdent de notre vocabulaire, s’approprient nos aspirations communes et, ce faisant, parviennent à recruter de nouveaux adeptes qui le plus souvent ne pensent pas à mal. Mais nous ne sommes pas dupes : renommer l’infamie pour la déguiser de « cool » ne change en rien sa nature, faite de domination, d’exploitation, de logiques sécuritaires.

    Contre la marchandisation et la technologisation de tout, nous continuerons de faire proliférer les espaces de simplicité, d’autonomie, de don et de partage. Contre l’artificialisation des relations, nous démultiplierons les solidarités sincères. Contre l’anéantissement de la politique, nous userons de nos libertés pour faire foisonner les alternatives. Nous ne serons pas les bouffons de ces « startufferies ».

  • Les salariés de Teleperformance prochaines victimes d’une rupture conventionnelle collective ?
    http://www.revolutionpermanente.fr/Les-salaries-de-Teleperformance-prochaines-victimes-d-une-ruptu

    Décidément, le patronat ne perd pas de temps pour mettre en application les ruptures conventionnelles collectives (RCC). Après PSA ou encore Pimkie, les travailleurs de Teleperformance pourraient être touchés. 240 emplois seraient concernés.

    #RCC

    Et si finalement, ce dispositif, c’était pour éviter aux dirigeants d’avoir leurs chemises déchirées, conséquences de ruptures « non-conventionnelles » ? Il est très fort le nouveau PDG de la #start_up_France

  • Emmanuel Macron rencontre des difficultés à obtenir un visa pour le Burkina Faso

    http://stateafrique.com/emmanuel-macron-rencontre-des-difficultes-a-obtenir-un-visa-pour-le-bu

    Ce serait jouissif si c’était vrai :) Je trouve l’idée vraiment bonne et me fait penser à la scène géniale du film de Jean Rouch qui montre un anthropologue Nigérien étudier les spécimens parisiens sur la place du Trocadéro... #renversement_des_rôles

    Alors qu’il doit se rendre en visite officielle à Ouagadougou le mardi 28 novembre 2017, Emmanuel Macron n’a toujours pas obtenu son visa. Le président français se plaint d’un traitement humiliant de la part des employés de l’ambassade du Burkina Faso à Paris. Il menace de renoncer à ce séjour pourtant capital pour le Burkina Faso.

    “C’est insupportable tous ces va-et-vient au consulat alors que je remplis toutes les conditions”, peste-t-il.

    Le président français évoque le ton condescendant des fonctionnaires consulaires et dit ne pas comprendre pourquoi son visa ne lui est toujours pas délivré alors qu’il a respecté toutes les conditions posées par les autorités consulaires du Burkina Faso.

    Preuve de liens familiaux et économiques qui obligent le postulant à retourner dans son pays après son séjour au Burkina Faso
    Justificatifs d’hébergement
    Lettre de l’employeur précisant les fonctions exercées la date d’embauche et le salaire mensuel
    3 derniers bulletins de salaire
    Relevés bancaires récents indiquant les mouvements sur une période de trois moi
    Assurance rapatriement…

    Le dossier d’Emmanuel Macron semble complet. Et pourtant, les autorités du Burkina Faso en demandent toujours plus. Il dit craindre d’essuyer un refus, ce qui serait catastrophique.

    • Plus sérieux :

      LE PRESIDENT EMMANUEL MACRON se rend en visite officielle au Burkina Faso dans les heures qui viennent.

      Il prononcera demain matin son ’discours sur l’Afrique’ a l’université de Ouagadougou devant un parterre d’étudiant(e)s et d’officiels français et burkinabé.

      Des sources proches de l’Elysee indiquent qu’un des themes majeurs de son discours sera l’education. Comble d’ironie, le gouvernement du Burkina Faso a decide de fermer les écoles pendant 48 heures, histoire de reserver a son illustre visiteur
      une reception digne des légendes « africaines » de l’hospitalité !
      Toujours, vous le voyez bien, ce complexe servile si typique de ceux qui sont supposes être les garants de notre destinée...

      AU LIEU D’AVOIR A REAGIR A SES PROPOS, Felwine et moi avons pris les devants et avons commis une tribune qui sera diffusée dans la soiree sur le site du ’Monde Afrique’.

      CETTE TRIBUNE EST une analyse sans complaisance de la relation entre la France et ses ex-colonies. Elle s’interroge en particulier sur le point de savoir s’il y a quoique ce soit a sauver de ce rapport, et si oui, a quel prix.

      L’espoir est qu’en publiant cette tribune, l’opinion africaine en particulier disposera d’un outil supplémentaire pour un débat sur l’avenir du continent, mais un débat qui déborde le cadre des declarations officielles et met a nu les contradictions que tout discours gouvernemental cherche a masquer.

    • Je reviens sur ce fil de discussion après avoir lu ça dans « Libération » : le Macron aurait provoqué un "incident diplomatique au cours de sa conférence à l’université et les politicards s’en donnent à cœur joie pour jouer les « vierges effarouchées ». Alors que le bonhomme est au mieux de sa forme et qu’il nous fait du « Macron », à savoir qu’il surjoue (tout simplement) son rôle de président directeur général de la #start_up_France avec force mépris et condescendance envers celles et ceux qui n’ont pas eu l’heur d’être comme lui « bien né·es »

      http://www.liberation.fr/desintox/2017/11/29/macron-a-t-il-cause-un-incident-diplomatique-lors-de-sa-visite-a-ouagadou

      Aiguillonné par une salle survoltée, le président français ne s’interdit pas les traits d’humour. Répondant à la salve de questions d’une étudiante, Macron se fend d’abord d’une longue tirade de plusieurs minutes.
      Il conclut en abordant le sujet des coupures d’électricité et de climatisation qui affecte l’université (à partir de 10:44 dans la vidéo) : « Nous allons demain ouvrir une centrale. J’ai dit quel était l’engagement de la France en matière de renouvelable, et l’engagement que nous allons faire en termes d’investissements dans l’entrepreneuriat, dans les entreprises, pour aider justement le Burkina Faso et tous les pays de la région à développer l’énergie et à lutter justement contre les coupures. »
      Et c’est là que débute le passage qui fait l’objet de toutes les exégèses. « Mais vous m’avez parlé comme si j’étais le président du Burkina Faso ! » Face aux rires et aux applaudissements, Emmanuel Macron s’interrompt et tente de reprendre la parole plusieurs fois. « Et quelque part, interrogez-vous […] sur le sous-jacent psychologique qu’il y a derrière votre interpellation et l’enthousiasme que ça a créé, intime le président français. Vous me parlez comme si j’étais toujours une présence coloniale. »

      Et de lancer : « Mais moi je ne veux pas m’occuper de l’électricité dans les universités au Burkina Faso ! [acclamations, longue pause] C’est le travail du président [applaudissements]. » Le président en question, Roch M.C. Kaboré, décide alors de s’éclipser avec quelques membres de son équipe, ce que remarque Emmanuel Macron, qui lui lance, tout sourire : « Du coup, il s’en va… Reste là ! » A ce moment-là, l’image de la caméra de France 24 permet d’apercevoir un président burkinabé qui salue d’un geste de la main l’assistance en quittant la scène.

      Et Macron enchaîne : « Du coup, il est parti réparer la climatisation », avant de conclure sa réponse « plus sérieusement ». Alors qu’un autre étudiant prend la parole, Emmanuel Macron se tourne vers la porte par laquelle Kaboré est sorti, probablement pour s’adresser au staff qui n’a pas quitté la salle avec lui. Il interroge du regard, en montrant la chaise laissée vide par le chef de l’Etat africain. Puis il hoche la tête et se retourne vers l’assistance, manifestement rassuré.

      #qu'est-ce_qu'on_rigole ...

      Plus sérieusement ;-) et heureusement, à ce sujet, loin de la fureur médiatique touitto-compatible, on trouvera ici une analyse d’une autre qualité : https://burkina24.com/2017/11/30/burkina-faso-le-faso-de-2017-comme-la-france-de-macron-en-1791

      Intelligent, aidé par le contexte de protestation, une lointaine préparation organisationnelle et intellectuelle, puis l’immaturité intellectuelle d’étudiants sélectionnés pour l’affronter, Macron a compris, qu’il réussirait s’il engageait un corps à corps avec eux sur leur propre terrain, l’audace sankariste : « oser inventer l’avenir ! ». Ainsi, il les a poussés à l’arrogance à laquelle conduit forcément la mauvaise manipulation de l’audace et du courage de Sankara sans le génie de l’homme ! Ce génie était simplement du côté de Macron.

      Au-delà de cet incident, la fin du discours permet de cerner la subtilité de la démarche de Macron : « une insurrection économique et financière jusqu’aux plus petites artères du circuit économique, précédé de l’appât culturel ». Si chaque jeune africain est touché, dans le capital de son affaire par le virus de l’investissement français et si l’argument de l’appropriation de la langue et le leurre de la mobilité de l’élite fonctionnent, que restera-t-il de l’authenticité africaine ? Rien. Il s’agit-là ni plus ni moins que de la reproduction économique de la stratégie de Monsanto. Condescendance suspecte contre laquelle Sankara nous a toujours mis en garde !

      Macron ne veut simplement pas que cette citoyenneté nouvelle et ce nouvel État africain se construisent sur les ruines de la France. Mieux, il veut en être le maître d’ouvrage, avec son Conseil présidentiel pour l’Afrique (CPA) pour maître d’œuvre. Ainsi entend-il garder, sinon accroître, la marge de sécurité économique nécessaire pour la formulation et la mise en œuvre des réformes incontournables de construction de la France du futur. Mais malheureusement, il ne s’est pas trouvé un seul intellectuel durant tout son parcours pour le contredire. L’avenir se prépare aujourd’hui et Macron veut oser inventer cet avenir africain et mondial pour les Français. Les étudiants n’étaient pas à la hauteur d’un défi où la barre était trop haute pour eux.

      C’est cette vision qu’il a simplement vendue sous une forme enrobée à la jeunesse africaine. Certes, dans le nouvel ordre mondial, tous les pays sont interdépendants et il n’y a aucun avenir pour un pays qui veut établir des relations intéressées à sens unique. Mais, même dans la loi des intérêts partagés, la conquête se fait au plus fort et au plus rusé. Le théâtre du Burkina Faso, pour cette vente aux enchères de la vision macroniste des relations franco-africaines, se justifie par le fait que c’est un théâtre qui donne tout le recul idéologique nécessaire pour l’émergence du nouveau type de citoyen et d’un nouveau type d’État, qui sont en train de s’imposer par cette loi mathématique rappelée par Macron.

      À contrario, dans les autres théâtres, tunisien en particulier qui a connu une révolution similaire, la réflexion n’est pas vraiment neutre à cause de la proximité et de la domination de la pensée islamique. C’est une méfiance qui se justifie certainement et est confortée par la faible emprise de la France sur les pays d’Afrique du Nord, comparativement à ceux du Sud du Sahara.

      Ousmane DJIGUEMDE

      Et du coup, on se dit que les autorités consulaires burkinabées avaient raison d’hésiter à délivrer un visa à Manu l’Macron, représentant d’un pays qui ose encore se prévaloir de l’esprit des « Lumières ».

  • affordance.info : La #politique de la #loterie dans la #Start-up Nation.
    http://affordance.typepad.com//mon_weblog/2017/11/start-up-nation-crowdfunding-politique-.html
    http://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef01b7c935e52c970b-600wi

    La république en marche dans la start-up nation c’est donc cela : des élus qui proposent un loto pour sauver le patrimoine et un crowdfunding pour financer les associations. Non. Mais. Sans. Déconner. Comme le faisait judicieusement remarquer Mandilou sur Twitter :

    « Putain mais vous n’avez pas été élus au comité de fêtes de la commune !!! »

    Rajoutant au passage :

    « Prochaine étape : vendre des gâteaux à la sortie de l’école pour payer les profs ».

    La spectacularisation de l’action politique pour pallier son incurie à assumer les missions régaliennes qui sont pourtant les siennes n’est bien sûr ni récente ni inédite. Le Téléthon et autres Sidaction ont - hélas - montré à quel point le recours à la mise en scène de la maladie et de la souffrance était devenu la condition sine qua non de l’existence d’une recherche publique de pointe sur ces questions.

  • Interruption du séminaire au Collège de France de monsieur start-up nation , le conseiller de la présidence Philippe Aghion - Quelques travailleurs du dimanche et multirécidivistes du refus
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=8788

    D’une pierre trois coups. En dénonçant pour le prime time des « multirécidivistes du refus d’emploi » , Macron criminalise tous ceux qui n’acceptent pas de travailler dans n’importe quelles conditions et à n’importe quel tarif. Il prépare une vague de radiations des chômeurs et, en même temps , par ce choix du terme pénal « multirécidiviste », menace toute opposition qui ne serait pas sans conséquences .

    Mardi 31 octobre, des chômeuses, intermittentes et précaires, sont intervenues au séminaire de Philippe Aghion au Collège de France, conseiller « officieux » de la présidence, pour y diffuser le tract qui suit et prendre la parole pour en restituer l’argument : le discours de cet économiste du régime a pour fonction de masquer la terrible violence sociale organisée par les dirigeants économiques en charge de l’entreprise France.

    Une partie d’un public nombreux constitué majoritairement de septuagénaires à l’allure bourgeoise sans doute venus vérifier la qualité de leur placement a tenté de mettre fin à la main à cette intervention rapidement relayés par les vigiles maison. Refusant de participer au pugilat qui s’annonçait et menaçait de tourner au lynchage, les contradicteurs ont alors décidé d’aller prendre l’air.

    Tout ce que nous souhaitons à Macron et à ses semblables est d’avoir à subsister en conduisant un fenwick dans un entrepôt frigorifique en équipe de nuit.

    À quoi peut donc servir un économiste du régime ? (...)

    On peut voir le clip de #Philippe_Aghion à droite de cette page
    http://www.college-de-france.fr/site/philippe-aghion/course-2017-2018.htm

    #toctoc #militants_de_l'économie #start_up_nation #violence_sociale #économiste #Philippe_Aghion #luttes #chômeurs #précarisation #croissance

  • Emmanuel Macron, président directeur général de la #start_up_France. De la désespérance en milieu salarié.

    Pour Macron, on a raison de ne pas se révolter | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/152183/macron-se-revolter

    Rien n’est plus précis qu’une trivialité, et nul n’est plus vrai que le président Macron, quand il punit de son verbe des ouvriers blousés, qui manifestent contre un sort injuste au lieu de toquer à la porte d’une fonderie corrézienne. Le seul bordel est celui des commentaires, si l’on s’offusque au lieu de comprendre. Emmanuel Macron, cette semaine, a voulu dire quelque chose d’important au salariat : on a raison de ne pas se révolter.

    Ce n’est pas rien, d’admettre cela, quand toute l’histoire du mouvement ouvrier fut un refus et un combat, contre l’absolutisme patronal jadis, les inégalités sociales ensuite, et depuis cinquante ans contre la mort des usines : la fin d’un monde sans douceur, mais structurant. Tout cela s’achève, explique Emmanuel Macron, rudement, pour que l’on comprenne. Les cris sont vains désormais, comme les grèves ou les manifestations ou les pierres qu’on lance au ciel.

  • Après l’abondance - Le blog de Seb Musset : Flexibilité : Quand Macron et Collomb jouent aux Playmobils
    http://sebmusset.blogspot.fr/2017/10/flexibilite-quand-macron-et-collomb.html

    La vraie France de la Win ne se plaint pas. Elle est en marche. Elle fait des séminaires de remotivation le dimanche. Elle prend son petit déjeuner à Lyon vers 7h, déjeune sur le pouce à la cantine de Matignon, avant de faire quelques tournées l’après-midi en Uber (les chaises à porteur du XXIe siècle, la disruption est totale) dans les usines populacières de nos colonies de lointaine province pour sermonner aux feignants, virés au bout de 30 ans de boulot, comment mieux travailler pour moins cher à 5 heures de route de chez eux. Attention, il est important d’être armé pour affronter la bêtise crasse du salarié désemparé, un costume de chez Jonas et Cie fera l’affaire. C’est important pour être respecté, d’autant que c’est filmé. N’allez pas chercher la sophistication, puisque vous êtes chez les pauvres : un simple modèle à un Smic fera l’affaire.

    • Mais l’hyper-mobilité de la modernité en marche n’empêche pas de se détendre un peu. Vers 18h, la France de la Win se réunit à Cannes pour un afterwork constructif avec les derniers soutiens de gauche encore dans la secte. Le sujet : comment mieux récompenser ceux qui ont déjà tout, et leur assurer une meilleure sécurité dans ce monde de flexibilité ? Les tapas seront servis par Bruno Roger Petit.

      Il est déjà 22h. Voilà un lundi bien rempli : 15h de boulot. Mais ça fait déjà trop « droit acquis » de compter ses heures, la France de la Win compte en kilomètres : 1840 kms dans la journée. Petite forme. Il est l’heure de se reposer. La journée de travail de demain risque d’être dérangée par les fonctionnaires. Mardi 10 octobre, les cyniques rétrogrades arpenteront en guenilles les rues de France pour la défense de quelques privilèges du monde ancien (salaire, retraite et autres luxes qui bouffent la marge nette de l’actionnaire). Don’t care. La France de la Win est flexible, elle restera donc inflexible, et poursuivra son brainstorming sur la casse du code du travail par Google Hangout.

      merci @monolecte

    • Le fayot du jour : Collomb disserte sur « le bordel »

      Fayot forever, Gérard Collomb a à nouveau assuré le SAV d’Emmanuel Macron, dimanche au micro de « BFM Politique ». Revenant sur la polémique du « bordel », déclenchée la semaine dernière par le président, il s’est réjoui de ce franc-parler, un « langage cash ». Mais sur le fond du dossier, le ministre estime que les ouvriers creusois pourraient très bien aller travailler en Corrèze, à 180 kilomètres de chez eux, où il y a des emplois non pourvus :
      "Ce n’est pas le problème […] si vous êtes relié par une autoroute ou une voie ferrée qui peut y aller… Je viens de Lyon, je n’ai pas de problème pour venir chez vous."

      http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/le-reveil-politique/20171009.OBS5716/l-interminable-divorce-de-philippot-le-bordel-selon-collomb-le-

  • Exclusif - Le séminaire « team building » des députés macronistes : 250.000 euros aux frais du contribuable
    https://www.marianne.net/politique/exclusif-le-seminaire-team-building-des-deputes-macronistes-250000-euros-a
    https://www.marianne.net/sites/default/files/styles/mrn_article_large/public/groupe_lrem.jpg?itok=sUhzNDMU

    Le séminaire des députés LREM, clos ce mardi 19 septembre, a innové en proposant aux élus des jeux de rôle et des mises en situation. Un esprit « start up » particulièrement onéreux pour le groupe et donc le contribuable ...

    • Un mot sur la « classe affaire » de JLM peut-être ? :-)))
      C’est pour le symbole quoi.
      Un gars qui défend la plèbe et qui se comporte comme un aristocrate quoi, c’est pas la preuve que le gars, il est pas sincère ?
      Alors qu’avec LREM, y-a pas d’lézard, y sont de l’aristocratie de notre époque, et ils mentent pas eux. Enfin... Ils mentent pas sur leur camp et sur leurs intentions. Pour le reste... hein... clin d’oeil. « à la Balkany » quoi.

    • « Et si la presse se portait plus mal encore que ce qu’on pouvait l’imaginer »…

      En marge de la manifestation parisienne contre la loi travail XXL, certains « confrères » en quête de confidences accrochent des militants de la FI au sujet du voyage de JLM à la Réunion.
      –Que pensez-vous du fait que JLM voyage en « première » et les autres députés en seconde pour aller à la réunion.
      –Mais ce n’est pas la FI qui a payé des billets différents, ce sont les députés qui ont payés sur leurs propres deniers et certains, plus fatigués et plus sollicités ont besoin de mieux se reposer…
      –non mais pour le symbole qu’en pensez vous ?
      –Mais, je vous ai dit…
      –Mais les symboles c’est important, qu’en pensez-vous ?
      Et la même question posée plus de 12 fois à la même personne. Un véritable acharnement. En attendant, rien sur la situation catastrophique de la Réunion, rien sur la misère qui s’y développe, rien sur les mobilisations en cours, rien sur la politique du gouvernement Macron-Philippe, rien, sinon la recherche de « d’états d’âme » pour créer une affaire là où il n’y en a pas. On savait le « Mélenchon-bashing » d’autant plus en vogue que le mécontentement est grandissant dans le pays. La capacité de ces « confrères » à agir de la sorte qui est très préoccupante. Normalement l’honneur d’un journaliste est son indépendance. Décidément la presse se porte mal, très mal, ou trop bien pour suivre les ordres de l’oligarchie médiatico politico financière…"

      Jacques Cotta

    • Des députés qui se prêtent à un jeu de rôle, un foulard sur la tête, en prononçant des mots-concepts en anglais, cela aurait pu être un sketch des Monty Python. La scène a pourtant bien eu lieu ce lundi 18 septembre, aux Docks d’Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, où les députés macronistes organisaient, jusqu’à ce mardi, un séminaire politique d’un genre nouveau. Le séminaire « teambuilding ».

      Au menu, pas le moindre discours à la tribune, mais une succession d’ateliers inspirés par l’univers des « start-up ». Autour de thèmes tels que « se rencontrer et commencer à construire une aspiration de groupe » ou « Nous et notre écosystème », près de 290 élus du parti d’Emmanuel Macron (sur 313) ont échangé de façon ludique… pour faire avancer leurs idées. « Le double objectif, c’est de préparer la rentrée législative avec des ateliers sur le fond, mais aussi de construire un esprit de groupe, car chaque député ne connaissait pas plus de 15% de ses collègues avant de venir », explique à Marianne le député Frédéric Descrozaille, membre du groupe de travail qui a organisé la réunion. Le député du Rhône Bruno Bonnell, qui a lui aussi été associé à l’opération, revendique l’originalité de la démarche, dans un monde politique souvent conformiste : « Innover, c’est une de nos missions politiques et on n’a pas fini de vous étonner ».

      #start_up_nation

    • Évidemment, tout le monde a voyagé en classe économique. La preuve : aucun journaliste « impertinent » n’aborde le sujet. Eux mêmes n’étaient pas dans l’avion sans doute. Ou bien seulement en classe éco. Ou en bagage accompagné ?

      JO Paris 2024 : l’exorbitant voyage de la délégation française au Pérou

      Hôtel cinq étoiles au cœur de la ville, meilleur restaurant du pays, avion spécial... La délégation française présente à Lima au Pérou pour le grand oral des jeux Olympiques 2024 s’est fait plaisir. Selon Mediapart, le voyage a coûté pas moins de 1,5 million d’euros pour une délégation de quelques centaines de personnes, leur nombre n’ayant pas été communiqué. Selon une source ministérielle citée, entre 250 et 320 personnes étaient présentes. Ce qui fait, selon le calcul de Mediapart, une note à 4.687 euros par tête en prenant la fourchette haute. Ce coût était à la charge du GIP Paris 2024 (Groupement d’intérêt public), financé à 50% par de l’argent public. Le site d’information détaille ce qui a notamment provoqué cette facture.

      Un restaurant parmi les meilleurs du monde ...

      http://tempsreel.nouvelobs.com/sport/20170926.OBS5185/jo-paris-2024-l-exorbitant-voyage-de-la-delegation-francaise-au-perou.html?xtref=https%3A%2F%2Fwww.facebook.com%2F#https://www.facebook.com

  • La redoutable stratégie des barbares digitaux : Reflets
    https://reflets.info/la-redoutable-strategie-des-barbares-digitaux

    De la stratégie digitale et des barbares qui vont tout disrupter

    Une bonne policy digitale, enfin une bonne stratégie, parce que bizarrement, là, on garde le terme français, passe par la disruption. Tout le monde le sait et on se demande s’il est nécessaire d’en parler plus avant. Même Macron s’est emparé du concept, puisqu’il est un « candidat disruptif ». Pour épater la galerie des ignares, parlons de disruption. Mais vite fait.

    La disruption, c’est de l’innovation, voyez-vous. Une façon d’innover qui casse tous les codes établis auparavant, qui fait table rase du passé, pour inventer des trucs que personne n’a encore vu ou osé faire. Sarkozy, sans le dire, était un candidat disruptif avec sa « rupture ». Parce que c’est ça la disruption : une rupture. Dans le monde du digital, l’innovation doit être disruptive, sinon ce n’est pas vraiment de l’innovation digitale. D’où le fait que les vrais innovateurs digitaux, en France, se nomment eux-mêmes les « Barbares ». Comme une partie de nos ancêtres venus du froid, qui avaient des casques à pointes et maniaient la hache avec autant de vélocité que les startupers manient le touchpad, les disrupteurs digitaux veulent tout envahir et tout changer. Whaaaa. On en tremble.

    #disruption #start_up #digital (prononcer didjitol)

  • Éric Sadin : « La start-up est le consensus social-libéral de notre époque » | L’Humanité
    http://www.humanite.fr/eric-sadin-la-start-est-le-consensus-social-liberal-de-notre-epoque-629268

    Le philosophe Éric Sadin est depuis une quinzaine d’années l’un des observateurs les plus critiques des conséquences du numérique sur notre société, et de la vision du monde qui en découle. Entretien.

    Pourquoi cette glorification des start-up et des jeunes entrepreneurs ?

    Éric Sadin Cela vient du mythe du garage. De ces ingénieurs qui s’affranchissaient d’une forme d’autorité et qui s’inscrivaient dans la prise de risque, l’audace et l’aventure technologique. Les deux grandes figures sont Steve Jobs et Steve Wozniak qui, dans les années 1970, ont fondé Apple. Depuis dix ans, ce mythe du garage est devenu celui de la start-up. L’audace entrepreneuriale est désormais accessible au commun des mortels. Cela induit un nouvel horizon du capitalisme qui permet à tout le monde de s’y raccorder. Du start-uppeur qui a une idée, au codeur, au « collaborateur créatif » ou encore à l’autoentrepreneur « indépendant ». Chacun peut devenir milliardaire, comme le promeut Macron. Ce mythe est récupéré et célébré par quasiment tous les bords politiques, car tout le monde peut y piocher des arguments. En cela, la start-up incarne le consensus social-libéral de notre temps. Elle est aussi glorifiée comme célébration de la jeunesse ; la start-up permet d’offrir une cure de jouvence au capitalisme. Mais le développement des start-up ne consiste souvent qu’à trouver des moyens de collecter des données relatives à chaque séquence de notre existence, avec des applications et des capteurs que l’on veut placer partout : sur les biberons, les balances, les miroirs, les vêtements connectés… Dans le but de monétiser tous les champs de la vie. Et tout cela est considéré par la société comme un modèle bienvenu, qui va nous guérir de tous nos maux, sans en saisir les conséquences. Comment un tel aveuglement est-il possible ?

    #start_up #capitalisme #monétisation (à tous les étages)

    • Mais le développement des start-up ne consiste souvent qu’à trouver des moyens de collecter des données relatives à chaque séquence de notre existence, avec des applications et des capteurs que l’on veut placer partout : sur les biberons, les balances, les miroirs, les vêtements connectés…

      La croissance n’existe plus, y a que les bulles qui font illusion.
      Et le big data est la prochaine bulle qui va faire pschittt prochainement.
      Le big data c’est l’illusion de penser qu’en connaissant tous les faits et gestes du consommateur, on va pouvoir vampiriser son pognon en lui vendant tout et n’importe quoi..
      Le big data ne crée pas de valeur, c’est juste une charge économique supplémentaire induit par l’hyper-concurrence, comme la publicité..
      Bref, encore une nouvelle étape dans la fuite en avant qui nous rapproche du mur en nous faisant miroiter la prospérité..

      On va vers une disqualification à terme de l’action humaine

      Ou simplement une dévalorisation du travail.
      Ce qui a désormais de la valeur dans cette énième version du capitalisme, ce n’est pas le fait de produire, mais c’est le fait de programmer le robot qui produira à la place de l’humain.
      C’est qui est valorisé, c’est l’idée qui permettra à son propriétaire d’accéder à une rente.. Les richesses que cette idée va pouvoir générer, elles, semblent accessoires (et on ne parle pas du coût de production.. en terme d’impact social..).
      La start up, c’est juste un conte de fée, le « ça peut arriver à tout le monde », comme le fait de gagner au loto.. Le mythe de Rockefeller en version « équipe », « bande de jeunes », post salariat..
      Une nouvelle étape de la lutte des classes : le capitalisme cherche à se débarrasser du salariat. Mais se montre évasif sur ce qu’il y aura à la place.. alors pour se rassurer on se raconte de belles histoires..

    • "Ou simplement une dévalorisation du travail." : oui, on privilégie le "faire savoir" au "savoir faire".
      Une start up (ou jeune pousse en français, y a des jardinier-ère-s dans le coin, non ?), c’est savoir quelle sonnette tirer pour débusquer un bon gros filon de "fraîche", promettre la lune aux investisseurs et aux actionnaires, faire trimer de jeunes diplômé-e-s à vil prix en leur faisant croire qu’ils-elles vont devenir une élite bien récompensée de ses efforts.

      "La start up, c’est juste un conte de fée, le « ça peut arriver à tout le monde », comme le fait de gagner au loto.. Le mythe de Rockefeller en version « équipe », « bande de jeunes », post salariat.."
      Donc un gros enfumage à base de #storytelling à dormir debout. Hé ! Ho ! les chômeurs, les SDF et traine-la-guêtre de tous horizons, faudrait voir vous sortir le doigt parce que ça viendra pas tout seul. Vous voyez ces braves p’tits jeunes : c’est ça l’exemple à suivre !

      Pour celles et ceux qui jardinent, on sait bien que dans un semis, il y a beaucoup de jeunes pousses qui n’arrivent jamais à maturité, on est même souvent obligé d’éclaircir.

  • Stagiaire pour une startup : six mois de ma vie avec des cons | VICE | France
    http://www.vice.com/fr/read/stagiaire-pour-une-startup-six-mois-de-ma-vie-avec-des-cons

    Depuis la fin des années 1990, startups et jeunes entreprises fleurissent de toutes parts en France sous le regard tendre des puissances publiques. Celles-ci voient en elles une opportunité unique de relancer notre économie prétendument malade. De fait, tout le monde adore les startups : elles sont « innovantes », « jeunes », « modernes » et surtout, elles sont « cool ». Dans l’imaginaire collectif, elles travaillent d’une manière que l’on pourrait qualifier de « désinvolte » – dixit Wikipédia – et « remettent de l’humain » à l’endroit même où les méchantes multinationales broient impitoyablement leurs employés. Évidemment, c’est du pipeau. J’en ai fait la douloureuse expérience en travaillant dans l’une de ces startups.

    #travail #salariat (au rabais) #start_up #subordination