person:nikola gruevski

  • Macedonia extends Border Emergency until end of year

    The Macedonian Parliament on Monday voted to extend the state of emergency enforced in the areas on the southern and northern borders until 31 December 2016 as a result of the migrant crisis.


    http://macedoniaonline.eu/content/view/29164/45
    #Macédoine #asile #migrations #réfugiés #fermeture_des_frontières #Balkans #urgence #militarisation_des_frontières

    • La Macédoine, vigie des frontières extérieures de l’UE

      Skopje se montre intraitable depuis le début de la crise des réfugiés : alors que la plupart des migrants ne faisaient que passer par la Macédoine, le pays a décidé de fermer sa frontière avec la Grèce. Pendant que le Conseil européen se réunit à Bruxelles pour accoucher d’un nouveau plan, focus sur cette Macédoine qui gère, de facto, une frontière extérieure de l’Union sans en être membre.

      Un nouvel épisode à la frontière gréco-macédonienne, en début de semaine, est venu démontrer s’il était besoin la détermination des migrants et l’absurdité de la politique de fermeture des frontières. Lundi 14 mars, après des heures de marche pour contourner la clôture mise en place par Skopje, plusieurs centaines de migrants ont fini par traverser une rivière en crue pour aller fouler le sol macédonien, où ils ont été cueillis par l’armée. D’après les autorités macédoniennes, ces personnes seront toutes renvoyées en Grèce, sans préciser où, ni les modalités ni le cadre juridique. Certaines ont même déjà été forcées de rebrousser chemin, à pied.

      Cela fait plusieurs semaines maintenant que les migrants sont coincés du côté grec de la frontière, autour de la ville d’Idomeni, en attendant de pouvoir s’engouffrer dans la route des Balkans afin de rejoindre les pays d’Europe du Nord, Allemagne en tête. D’après les autorités hellènes, ils étaient, mercredi 16 mars, plus de 10 500 à Idomeni, et plus de 43 000 en transit dans tout le pays. Déjà, depuis le 18 novembre, une sévère sélection s’était mise en place et seuls les Syriens, les Afghans et les Irakiens pouvaient passer. Le 25 février, l’étau s’était resserré aux Syriens et aux Irakiens, au nombre de 580 par jour. Et depuis la semaine dernière, c’est zéro. À la suite de la Slovénie qui a fermé hermétiquement sa frontière, Skopje a décidé de faire de même, au moins jusqu’à l’issue du conseil européen des 17 et 18 mars : aucun migrant ne passe, en ce moment, au poste-frontière d’Idomeni.

      Lundi 14 mars 2016, des centaines de migrants traversent une rivière en crue pour rejoindre la Macédoine, avant de se faire refouler © Reuters
      Problème : avec cette décision unilatérale, la Macédoine, pays non membre de l’Union européenne, contrôle de facto une frontière extérieure de l’UE et de l’espace Schengen, à savoir celle qui la sépare de la Grèce. Mais c’est aussi la frontière d’entrée dans les Balkans et donc, par ricochets, celle qui permet d’accéder à l’UE, via la Hongrie ou la Slovénie. Skopje fait ainsi reposer tout le poids de la vague d’immigration actuelle sur la Grèce qui, elle, est bien membre de l’UE. Et use de méthodes qui posent question : intimidations, répression policière et intervention de l’armée sont la règle ; et les droits des migrants – et notamment celui de déposer une demande d’asile – ne sont pas respectés.

      Or selon la Convention de Genève, que la Macédoine a signée le 18 janvier 1994, les individus, quelle que soit la manière dont ils entrent dans un pays, ne peuvent en aucun cas être reconduits à la frontière s’ils n’ont pas eu la possibilité de demander l’asile, et l’asile, une fois obtenu, leur garantit une protection. « Aucun des États contractants n’expulsera ou ne refoulera, de quelque manière que ce soit, un réfugié sur les frontières des territoires où sa vie ou sa liberté serait menacée en raison de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques », stipule la Convention de 1951, tandis que la Déclaration des Nations unies sur l’asile territorial, adoptée en 1967, précise : « Aucune personne visée au paragraphe 1 de l’article premier ne sera soumise à des mesures telles que le refus d’admission à la frontière ou, si elle est déjà entrée dans le territoire où elle cherchait asile, l’expulsion ou le refoulement vers tout État où elle risque d’être victime de persécutions. »

      Et ce n’est pas tout. Le 29 février, la police macédonienne allait jusqu’à tirer des gaz lacrymogènes sur des personnes qui tentaient de franchir la frontière afin de les empêcher de passer… Un pays tiers de deux millions d’habitants qui fait la pluie et le beau temps sur la politique migratoire de l’UE et ses frontières : comment en est-on arrivé là ?

      Pour le journaliste Iseni Bashkin, Albanais de Macédoine résident en Suisse, certes, l’attitude de la Macédoine est condamnable et le racisme des autorités « insupportable » : « Ce pays a hérité d’une logique totalitaire dans la manière de gérer les migrants et il y a une réelle incapacité, un manque de savoir-faire en la matière. » Mais l’UE est tout aussi responsable, selon ce fondateur d’un site d’information sur les Balkans. « L’UE se dédouane en stigmatisant ces petits pays qui n’ont ni ressources ni maturité pour gérer ces milliers de personnes. Mais en vérité, cela l’arrange que la Macédoine bloque la frontière ! Et lorsque Donald Tusk [le président du Conseil de l’UE – ndlr ] vient à Skopje pour dire aux réfugiés “ne venez pas en Europe”, c’est à la limite du ridicule ! L’Europe n’est pas à la hauteur de la tâche. D’autant que les Balkans resteront toujours un lieu de passage, donc il faut se donner les outils, en termes de savoir-faire et de droits humains, pour gérer ce problème structurel. Il faut arrêter de le traiter comme si c’était un problème d’urgence. »

      En réalité, explique Erwan Fouéré, du think tank bruxellois Center for European Policy Studies, « la Macédoine a suivi ce qui a été décidé le 24 février à Vienne où le gouvernement autrichien avait invité les pays des Balkans, mais pas la Grèce, ni l’Allemagne, ni les institutions européennes. La décision de Vienne était elle-même unilatérale : elle a été prise en dehors du cadre européen et elle est révélatrice du manque de coordination et de solidarité européennes ». La décision a d’ailleurs fâché tout le monde, et Athènes a aussitôt rappelé son ambassadeur à Vienne.

      Mais l’alignement de Skopje sur les Balkans est aussi lié à la situation politique intérieure macédonienne. Avec un exécutif très contesté dans la rue depuis l’an dernier, qui fait face à des accusations persistantes de fraudes électorales et d’abus de pouvoir, et dont certains anciens membres se trouvent aujourd’hui sous le coup de poursuites judiciaires, la situation est critique pour le parti de droite au pouvoir alors que des élections doivent se tenir en juin prochain. Comme le racontait le Courrier des Balkans la semaine dernière, « l’autoritarisme croissant du régime de Nikola Gruevski [l’ex-premier ministre qui a démissionné en janvier, conformément à l’accord de sortie de crise – ndlr] a littéralement fait main basse sur l’État macédonien. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder la décision de la Cour constitutionnelle, rendue il y a quelques jours. Celle-ci permet au président de la République d’élargir le champ d’application de l’amnistie aux personnes soupçonnées de fraude électorale. Une décision tout sauf accidentelle, car elle fait suite à l’acte d’accusation que la Procureure spéciale a déposé il y a quelques semaines contre deux anciens ministres du gouvernement Gruevski, tous deux soupçonnés d’avoir commis des irrégularités durant les élections de 2012. Les juristes ont qualifié cette décision de la Cour constitutionnelle de “coup d’État” ».

      Pour Erwan Fouéré, joint à Bruxelles, la stratégie est claire : « Le gouvernement macédonien utilise la crise des réfugiés à la fois pour essayer de cacher ces accusations de fraude et à la fois pour montrer à l’UE qu’elle fait tout pour mettre fin à cette route migratoire. Elle veut être reconnue pour cela, ce qui lui permettrait de remettre la question de son adhésion à l’UE sur le tapis. »

      Entre Grèce et Macédoine, un lourd passif

      S’aligner sur Vienne et Budapest concernant la question des frontières n’est pas gratuit : pour Skopje, c’est l’occasion d’obtenir, en sous-mains, un soutien non négligeable pour son gouvernement contesté. De fait, aucun de ces deux pays n’a fait de commentaire quant aux scandales qui pèsent sur l’exécutif macédonien, alors que la situation se dégrade à tous les niveaux dans le pays. En six ans, la Macédoine a perdu plus de 80 places dans le classement de Reporters sans Frontières, ce qui la place aujourd’hui au 117e rang, soit la dernière position de la zone UE-Balkans. Vu sous cet angle, on peut comprendre pourquoi le pays a le soutien de la Hongrie de Viktor Orban… Du côté de l’Autriche, ce n’est pas tant une proximité idéologique que des intérêts économiques qui semblent à la manœuvre. Vienne a en effet toujours soutenu la perspective d’une adhésion de la Macédoine à l’UE. Or l’actuel commissaire européen à l’élargissement, Johannes Hahn, est autrichien… Et sa carrière antérieure lui a permis d’établir de solides liens avec Skopje, ainsi que le relatait Le Courrier des Balkans en février. Le commissaire est en effet l’ancien PDG de Novomatik, une entreprise autrichienne de casinos qui, entre autres, loue des machines à sous en Macédoine et se trouve, aujourd’hui, sous le coup d’une enquête en Autriche pour blanchiment d’argent.

      Rien d’étonnant, dès lors, à ce qu’aucune réaction officielle de la Commission n’ait fait suite à la fermeture de la frontière macédonienne et aux méthodes qui y sont employées, pourtant contraires au droit européen. Seul l’usage des gaz lacrymogènes a semblé émouvoir le porte-parole de la Commission. « La Commission est très inquiète de voir ces images, a ainsi déclaré Margaritis Schinas au lendemain des tirs de gaz, début mars. L’ancienne République yougoslave de Macédoine a bien sûr le droit de défendre ses frontières, mais ces images montrent bien que la seule solution possible est une solution européenne, collective. » En définitive, seule Angela Merkel, désormais très isolée sur le plan intérieur comme sur la scène européenne, a critiqué le blocage de cette frontière en s’opposant fermement à la fermeture de la « route des Balkans ».

      Signe que l’attitude de Skopje, dans le fond, ne gêne pas grand monde, la candidature de la Macédoine à l’UE n’est par ailleurs absolument pas remise en cause pour l’instant et les institutions européennes restent partie prenante d’un processus national de sortie de crise engagé l’an dernier. À Bruxelles, la porte-parole « politique de voisinage et négociations d’élargissement » pour les affaires étrangères européennes, Maja Kocijancic, explique : « La question migratoire, ce n’est pas mon dossier, elle est complètement déconnectée du dossier élargissement. » Mais s’il y a violation des droits de l’homme à la frontière ? « Nous ne sommes pas encore au stade où nous discutons des droits de l’homme avec l’ancienne république yougoslave de Macédoine : nous ne sommes pas rentrés dans la phase des négociations. C’est un pays qui est encore en pleine transition politique et économique, la situation est complexe, et nous sommes encore loin d’avoir ouvert les chapitres des négociations. » Le pays a le statut de candidat depuis 2005. « En 2009, la Commission européenne a émis des recommandations préalables à l’ouverture des négociations en vue de l’adhésion, précise la porte-parole. Mais les conditions n’étant pas remplies, le Conseil de l’UE a rejeté, pour l’instant, le processus. L’UE participe toutefois à la mise en œuvre d’un accord politique national. Le commissaire Johannes Hahn lui-même ainsi que trois eurodéputés se sont rendus à Skopje pour aider à la signature de cet accord qui doit permettre la bonne tenue des élections, début juin. » Ces trois députés, ce sont le Slovène Ivo Vajgl, le Slovaque Eduard Kukan, et le Britannique Richard Howitt. Ce n’est pas un hasard : deux sont issus de ces pays d’Europe centrale dont les gouvernement partage les positions de la Macédoine en matière de réfugiés…

      En réalité, l’exécutif macédonien joue sur tous les tableaux. Alliance avec Vienne et Budapest, recherche de soutien à Bruxelles, critique sans vergogne de la Grèce… Tous les arguments sont bons pour se poser en victime de la crise des réfugiés, sans crainte de verser dans la mauvaise foi. Dans une interview à Bild parue la semaine dernière, le président Gjorge Ivanov déclare ainsi que la Macédoine aurait déjà dépensé 25 millions d’euros pour l’accueil des réfugiés tandis qu’elle n’aurait pas touché un centime européen pour la gestion de la frontière (alors que les Grecs « obtiennent tout ce qu’ils veulent »). C’est faux : Skopje a déjà touché dix millions d’euros de la part de la Commission européenne pour améliorer sa gestion des frontières et la situation des migrants. Le chef d’État s’érige par ailleurs en défenseur de l’UE et de Schengen face à une Union incapable de se coordonner et une Grèce considérée comme laxiste, voire favorisant l’arrivée de migrants sur le continent : « Certains prétendus réfugiés voyagent avec de fausses identités à travers le continent et la Grèce leur donne tout simplement le tampon pour continuer le voyage », assure-t-il au quotidien allemand. Ce type d’accusation a redoublé lundi avec le convoi de migrants tentant de se frayer un passage : Skopje insinue que tout cela se fait avec l’aide des autorités grecques…

      Mais jeter la pierre sur les institutions européennes ou sur sa voisine hellène ne convainc guère. Le pays « sait accueillir des réfugiés », fait remarquer Erwan Fouéré, qui fut en poste à Skopje entre 2005 et 2011, comme représentant de l’UE. « Il en a accueilli 320 000 pendant la guerre du Kosovo, il avait très vite mis en place des campements à l’époque. » La demande de financement doit, elle aussi, être relativisée. « Quand on sait que Skopje a dépensé près de dix millions d’euros dans la construction d’une statue d’Alexandre le Grand dans la capitale, il est difficile de croire qu’elle n’a aucun moyen financier... »

      Quant à l’accusation visant la Grèce, elle n’est pas fortuite. Elle est à lire à travers le prisme des antagonismes liant les deux pays depuis la dislocation de la Yougoslavie. Skopje et Athènes se sont en effet opposées dans les années 1990 sur la « querelle du nom », la première revendiquant le nom de Macédoine et l’héritage antique d’Alexandre le Grand tandis que la seconde le lui refusait, faisant valoir que la Grèce comptait déjà une région appelée Macédoine où reposent nombre de vestiges liés à l’empire d’Alexandre. La Grèce a fini par obtenir gain de cause auprès de l’Union européenne : si, en dehors de la Grèce, le nom « Macédoine » s’est imposé dans le langage courant pour cet État des Balkans, reste qu’officiellement, pour les institutions européennes, le pays porte le nom d’« ancienne République yougoslave de Macédoine » (« Fyrom », en grec).

      « Avec cette crise, la Macédoine tient sa revanche sur la Grèce, analyse Pierre Sintès, géographe à l’université d’Aix-en-Provence et spécialiste des Balkans. Certes, la fermeture de cette frontière résulte d’abord d’un enchaînement européen. Mais localement, ce sont d’autres déterminants, d’autres leviers qui s’animent. Et la suspicion mutuelle entre les deux pays liée aux conflits passés rend toute coordination à la frontière impossible. » Signe que cette tension est bien présente, des deux côtés : ce mercredi, le ministre grec délégué à la politique migratoire, Yannis Mouzalas, a parlé de « Macédoine » et nom de « Fyrom » comme il est d’usage en Grèce. Levée de boucliers immédiate à Athènes, dans les rangs de la droite mais aussi chez le partenaire de coalition de Syriza, les souverainistes d’Anel, qui demande la démission du ministre…

      Tous les experts le disent : outre tous les problèmes juridiques, politiques et diplomatiques que pose la fermeture de cette frontière, elle ne résout en rien la crise des réfugiés. « Le blocage d’une route conduit à l’ouverture d’autres itinéraires, rappelle Pierre Sintès. Le passage par la Bulgarie semble compliqué, le gouvernement bulgare ayant annoncé la construction d’une clôture à sa frontière avec la Grèce. Mais le flux peut se déplacer ailleurs : les routes maritimes au départ des ports grecs de Patras et Igoumenitsa, qui desservent l’Italie, peuvent reprendre de l’ampleur. Et la route albanaise va certainement attirer du monde, même si elle est dangereuse en raison de son caractère montagneux et des températures très basses qui règnent encore en cette saison. » Dans les années 1990, des dizaines de milliers d’Albanais avaient emprunté cette route pour venir s’installer et travailler en Grèce, où vit aujourd’hui une communauté de plus de 500 000 personnes. Aujourd’hui, ces Balkans qui ont tant profité de l’ouverture occidentale après la chute du rideau de fer se referment, semblant oublier combien les migrations leur ont été – et leur sont encore – bénéfiques.

      https://www.mediapart.fr/journal/international/170316/la-macedoine-vigie-des-frontieres-exterieures-de-lue?onglet=full

  • Macédoine : l’opposition toujours mobilisée pour réclamer la démission du premier ministre

    Une centaine de sympathisants de l’opposition macédonienne, répondant à l’appel de leur chef Zoran Zaev, ont passé la nuit devant le siège du gouvernement après la manifestation qui a réuni 20 000 personnes dimanche à Skopje selon l’AFP. Les protestataires exigent la démission du premier ministre, Nikola Gruevski, impliqué dans un vaste scandale d’écoutes illégales.

    Le pouvoir a de son côté annoncé pour lundi soir une manifestation d’ampleur devant le siège du Parlement en soutien au chef du gouvernement conservateur au pouvoir depuis neuf ans. La présence d’un grand nombre de sympathisants du pouvoir alors que l’opposition manifeste encore fait craindre de possibles incidents.
    Grave #crise politique

    Les journaux macédoniens proches de l’opposition décrivaient la manifestation de dimanche comme un « rassemblement grandiose » tandis que les médias progouvernementaux critiquaient une manifestation organisée par ceux qui veulent « déstabiliser » la #Macédoine.....

    http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/05/18/macedoine-l-opposition-toujours-mobilisee-pour-reclamer-la-demission-du-prem

  • A l’origine de la crise en Macédoine, une folle histoire d’écoutes illégales

    Dans les comptes-rendus des manifestations à Skopje (Macédoine), ces derniers jours, l’une des raisons de la colère est généralement expédiée en une phrase : le Premier ministre en poste depuis 2006, Nikola Gruevski, « est impliqué dans un vaste scandale d’écoutes illégales ».

    Cette affaire contribue à pourrir le climat politique en Macédoine depuis plusieurs mois. L’histoire, digne d’un roman d’espionnage, mérite d’être racontée un peu plus en longueur, grâce à l’éclairage de Goran Sekulovski, chargé de cours à l’Institut Saint-Serge à Paris et spécialiste de la #Macédoine.

    En février, le leader de l’opposition, Zoran Zaev (social-démocrate), lance publiquement les hostilités. Il annonce avoir découvert que le Premier ministre conservateur, connu pour ses penchants autoritaires, a illégalement écouté plus de 20 000 citoyens macédoniens (soit 1% des deux millions d’habitants du pays), enregistrements et retranscriptions de conversations à l’appui.......

    http://rue89.nouvelobs.com/2015/05/18/a-lorigine-crise-macedoine-folle-histoire-decoutes-illegales-259245

    #crise #services_secrets #NikolaGruevski #ZoranZaev

    • « Il affirme que des hommes politiques, des juges, des ­policiers, des responsables religieux et des ambassades étrangères sont espionnés. Les journalistes suivaient mollement ce remue-ménage jusqu’à ce qu’ils apprennent que 200 d’entre eux étaient aussi suivis à leur insu. »

      Pourquoi ça m’étonne plus ...

  • La Macédoine au bord d’une nouvelle guerre civile ? par Jean-Arnault Dérens

    Le gouvernement macédonien assure avoir défait le « groupe terroriste le plus dangereux des Balkans », mais au lendemain des violents affrontements du week-end à Kumanovo, nul ne connaît les motivations de ce mystérieux groupe. Le bilan est pourtant très lourd : huit policiers ont trouvé la mort, ainsi que quatorze « terroristes » – des Albanais, originaires de Macédoine et du Kosovo.

    Dès samedi, le gouvernement avait évoqué une infiltration venant « d’un pays voisin » – entendre le Kosovo. La ville de Kumanovo, où cohabitent Macédoniens et Albanais, se situe en effet à quelques kilomètres des frontières de ce pays, mais aussi de celles de la Serbie, en l’occurrence de la région de Presevo, où vit également une forte minorité albanaise. La police serbe a d’ailleurs envoyé des renforts dans cette région, où les tensions sont très vives.

    Néanmoins, aucune revendication n’a jamais été émise, et tous les partis albanais ont vivement condamné les opérations militaires du week-end, appelant la population albanaise à ne pas tomber dans le jeu de la « provocation ». Même le général Nikolovski, ancien chef d’état-major de l’armée macédonienne, qui avait dirigé les opérations militaires contre la guérilla albanaise en 2001, a reconnu que les Albanais n’avaient aujourd’hui « aucun intérêt à déstabiliser la région ».

    Une crise politique inédite

    Petit pays de 2,1 millions d’habitants, la Macédoine est plongée dans une crise politique inédite. Depuis janvier, #Zoran_Zaev, le chef de l’opposition sociale-démocrate, rend publics d’étonnants enregistrements qui révèlent comment le Premier ministre Gruevski et ses proches, notamment le tout-puissant chef des services secrets Nikola Mijalkov, contrôlent la justice et les médias, dirigent la corruption et gèrent le pays en marge des institutions légales. Nul ne sait comment l’opposition a réussi à se procurer ces enregistrements accablants, et le gouvernement dénonce un « complot de l’étranger » aux contours imprécis – de plus en plus désavouées par ses partenaires occidentaux, les autorités de Skopje se sont d’ailleurs beaucoup rapprochées de Moscou ces derniers mois.

    Lundi dernier, les dernières révélations ont montré comment les plus hautes autorités de l’Etat avaient essayé de masquer les responsabilités de la police dans le meurtre d’un étudiant macédonien, en 2011. Aussitôt, les parents de la jeune victime ont appelé à une manifestation, violemment réprimée par la police, qui a réuni des milliers de personnes dans le centre de #Skopje. Depuis, les rassemblements se poursuivent chaque jour à 18h, et, dimanche prochain, l’opposition appelle à un grand meeting.

    Dans ce contexte tendu, les incidents se multiplient. Dans la nuit du 20 au 21 avril, un poste de police a été attaqué par 40 « hommes armés », qui ont pris la fuite au bout de quelques heures. Aucune revendication n’a été transmise, l’identité de ces assaillants jamais éclaircie et la réalité même de l’opération demeure incertaine. Beaucoup de Macédoniens sont convaincus que le gouvernement a mis en scène cette pseudo-attaque terroriste pour essayer de détourner l’attention de l’opinion publique. L’affaire de #Kumanovo relève-t-elle d’un scénario du même type qui aurait dérapé ?

    Des risques énormes

    Jouer ainsi avec le feu présente des risques énormes. En 2001, la Macédoine avait déjà failli éclater. Six mois de conflit armé provoqué par l’apparition d’une guérilla albanaise s’étaient soldés par la signature des accords de paix d’Ohrid, qui prévoyaient des droits accrus pour la minorité. Bien peu de choses ont changé, même si un parti albanais est associé au pouvoir macédonien. En réalité, il s’agit d’un simple deal mafieux entre le VMRO-DPMNE de Nikola Gruevski et l’Union démocratique pour l’intégration (BDI), de l’ancien chef de la guérilla Ali Ahmeti, les deux formations s’entendant pour se partager les prébendes de l’État – des représentations diplomatiques jusqu’aux postes de fonctionnaires et même aux contrôles des péages d’autoroute.

    Alors que la Macédoine a le statut de pays candidat à l’intégration européenne depuis 2005, les officiels de l’UE se sont trop longtemps contentés de cette illusion de coopération intercommunautaire, faisant croire à la « stabilité » de la #Macédoine. En réalité, depuis les accords d’Ohrid, les deux principales communautés nationales du pays n’ont jamais cessé de s’éloigner toujours plus l’une de l’autre. Les villages sont monoethniques, les quartiers des villes de plus en plus ségrégués et Albanais et Macédoniens ont de moins en moins d’occasions de se rencontrer.

    La menace du radicalisme islamique

    Dans le même temps, le VMRO-DPMNE a connu une dérive autocratique sans cesse plus évidente, contrôlant les médias, la justice et l’ensemble de la vie sociale et économique. Même dans les petites entreprises privées, il est « recommandé » d’embaucher des militants du parti pour éviter les contrôles fiscaux. Les appels à l’aide de la société civile, étouffée par le pouvoir, qui la taxe de « cinquième colonne de l’étranger », n’ont jamais été entendus par la communauté internationale.

    Dernier facteur d’inquiétude, le radicalisme islamique a solidement pris pied dans le pays : ballotée entre les deux partis albanais rivaux – le BDI et ses adversaires du Parti démocratique des Albanais (PDSh) –, la Communauté islamique a perdu le contrôle d’un bon tiers des mosquées du pays où officient des prédicateurs radicaux. Beaucoup de jeunes musulmans de Macédoine – Albanais, Turcs ou Macédoniens musulmans – sont partis se battre au Proche-Orient. Dans le baril de poudre macédonien, où s’accumulent les frustrations, la moindre provocation revient donc à jouer avec des allumettes.

    http://www.rfi.fr/europe/20150510-macedoine-nouvelle-guerre-civile-affrontements-kumanovo-kosovo-albanais

    #crise

  • #Macédoine : l’inexorable dérive autocratique du VMRO-DPMNE de Nikola Gruevski

    Lors des élections du printemps 2014, les nationalistes du VMRO-DPMNE ont remporté une nouvelle victoire écrasante, mais l’opposition sociale-démocrate boycotte le Parlement. Alors qu’une lourde chape de plomb pèse sur la presse et les organisations de la société civile, accusées d’être la « cinquième colonne » de l’étranger, la Macédoine est-elle en train de se transformer en dictature ?

    http://www.courrierdesbalkans.fr/elections-macedoine