Avec quelques jours de recul je pense que ce que dit Arundhati Roy sur Bandit Queen vaut aussi pour La loi de Téhéran . On y omet des éléments essentiels nécessaires pour saisir la vérité du personnage central. Dans les deux films ce sont les véritables relation de classe, la religion et la révolte, bref comment arriver à devenir maître ou maîtresse de son propre destin. Le film iranient contourne ces sujets pour des raisons évidentes et le film indien a été interdit malgré ces omissions parce que son auteur n’a pas assez bien joué le jeu de la censure.
Pour le public local les omissions ne sont pas un problème car il y a assez de nouveaux thèmes et il comprend le soustexte. Pour moi les personnages dans Téhéran évoquent peu d’empathie par rapport à la gravité des choses qui leur arrivent. Elles occupent d’abord toutes une position symbolique importante.
Téhéran est un film brillant et impressionnant mais il traite la corruption comme si c’était une grande bataille dans une pièce de Shakespeare - on la raconte mais on ne la montre pas. Les flics qu’on voit sont durs mais de bons gens honnêtes. Au contraire de Serpico qui traite expressément le même sujet de corruption policière Téhéran est profondément pessimiste. Il n’y a pas de changement, les raisons des problèmes sont hors-champ pour la police et la démission du personnage de policier n’a rien d’un départ pour de nouvelles aventures.
Peut-être c’est ce qui a échappé aux censeurs iraniens : c’est un film dans le style états-unien qui constate que l’Iran se trouve dans une impasse.
On sait d’ailleurs que les puissants on l’habitude de dénouer une telle situation par une bonne guerre. Mais c’est du hors-champ.
Roger Ebert cite un collègue indien :
I recommend this movie as a must see but don’t watch if you are looking for entertainment.
C’est vrai pour ces polars qui touchent au limites du système.