• Crise diplomatique entre Israël et l’Espagne | Le Grand Continent
    https://legrandcontinent.eu/fr/2023/11/24/crise-diplomatique-entre-israel-et-lespagne

    Le déplacement de Sánchez s’est terminé ce vendredi 24 novembre en Egypte. C’est depuis Rafah qu’il s’est exprimé et que ses propos ont entraîné une réaction israélienne immédiate.

    En prenant la parole pour faire un bilan de sa tournée diplomatique dans la région, le Premier ministre espagnol a notamment déclaré : « Je réaffirme le droit d’Israël à se défendre, mais dans le cadre des paramètres et des limites imposés par le droit humanitaire international. Ce n’est pas le cas. La tuerie sans distinction de civils innocents, dont des milliers d’enfants, est tout à fait inacceptable . La violence ne fera qu’engendrer plus de violence. Nous devons remplacer la violence par l’espoir et la paix ».
    Ces propos — finalement assez semblables à ceux tenus durant la réunion de la veille entre Sánchez et Netanyahou — ont entraîné une réaction des autorités israéliennes qui considèrent que l’Espagne « soutient le terrorisme ».

    Le ministère des Affaires étrangères israélien a par la suite publié un communiqué annonçant la convocation de l’ambassadrice espagnole en Israël pour consultations afin de tenir une « ferme #conversation de réprimande ».

    Le ministre des Affaires étrangères espagnol, José Manuel Albares, a rétorqué en fin de journée que les accusations faites par Israël étaient « fausses et inacceptables ».

    Pedro Sánchez avait annoncé dans son discours d’investiture que la reconnaissance de l’État palestinien faisait partie de son programme.

    C’était en réalité l’un des points de négociations que défendait — et qu’a donc obtenu — #Sumar pour accepter de former un gouvernement de coalition avec le PSOE.

    La deuxième vice-présidente du gouvernement espagnol et cheffe de Sumar, Yolanda Díaz, a salué la prise de position et les propos de Sánchez.

    Dans le même temps, la maire de Barcelone a annoncé aujourd’hui une « interruption » des relations institutionnelles de la ville avec le gouvernement d’Israël jusqu’à ce qu’un « cessez-le-feu définitif » soit décrété.

    #respect

  • Bon, d’accord, le nouveau taré argentin a l’air sévèrement taré. Mais est-ce quelqu’un aurait des articles avec un peu de fond qui analysent pourquoi ce nouvel étron bolsonaro-trumpiste est parvenu à se faire élire ? (Culture-war réactionnaire ? Nullité du camp d’en face ? Gauche qui aurait abandonné les pauvres ? Classes moyennes barbarisées ?)

    • Notamment cette partie je pense :
      "Le discours de M. Milei touche surtout les jeunes, particulièrement exposés aux réseaux sociaux et aux conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire. « Jamais, depuis la fin de la dictature, la droite radicale n’a eu une résonance aussi puissante auprès des jeunes », constate Ariel Goldstein, chercheur au Conseil national de la recherche scientifique et technique (Conicet) à Buenos Aires. Selon un sondage du cabinet de conseil Synopis (9), la moitié des militants de M. Milei, majoritairement des hommes issus des classes moyenne et populaire urbaines, ont moins de 29 ans. Pendant la pandémie, « l’État est devenu leur ennemi », explique Sergio Morresi, politiste de l’université nationale du Littoral. « À leurs yeux, le discours progressiste selon lequel l’État est celui qui prend soin de nous, nous protège, nous aide, n’a pas de sens. Leur seule expérience est celle d’un État qui ne fonctionne pas. »"

    • taux de participation de 76 %

      Ils veulent apparemment le changement, quel qu’il soit.

      De mon côté, suivi de loin, je me souviens :
      – accusations de corruption contre les dirigeants de gauche
      – arrivée au pouvoir de la droite corrompue, marasme économique
      – retour d’une certaine gauche, mais sans retour à la normale
      – tensions sur la monnaie, historique lourd de ce point de vue, marchés internationaux peu amicaux
      – inflation incontrôlable

    • une salve de « vive la liberté, bordel ! », son slogan préféré, crié d’une voix rocailleuse de rockeur.

      « On peut s’attendre à un scénario de grande conflictualité sociale », estime Lara Goyburu, politiste à l’université de Buenos Aires, avec la probable mobilisation des syndicats et des organisations sociales. A moins, ajoute-t-elle, que Javier Milei n’opte pour la répression afin d’imposer ses réformes.
      Le président élu ne dispose pas de majorité au Congrès, ni de gouverneur provincial ou de maire appartenant à sa coalition : les doutes sur sa capacité à gouverner restent entiers. « Cela peut provoquer une paralysie institutionnelle. Car même en comptant sur les députés d’une partie de la droite, il n’aura pas de majorité qualifiée, observe la politiste. Aussi, il ne pourra peut-être pas retirer l’avortement légal ou dollariser l’économie, mais il va pouvoir couper de nombreuses dépenses publiques en gouvernant par décret. »

      dans Le Monde
      https://archive.ph/YfWEQ

      edit vu l’ampleur de la #pauvreté et le taux d’#inflation, on voit mal comme un ministre de l’économie aurait pu contrer ce sale type

      #Argentine

    • à propos de Milei un seen de @deun, " extrême droite et misère de position"
      https://seenthis.net/messages/1019616

      cite DES INSURRECTIONS SANS LUMIÈRES
      https://lundi.am/Des-insurrections-sans-lumieres

      à quoi ont ajouter la parution aujourd’hui de
      QUI EST JAVIER MILEI LE NOUVEAU PRÉSIDENT ARGENTIN LIBERTARIEN ? (D’après Pablo Stefanoni, La rébellion est-elle passée à droite ?)
      https://lundi.am/Qui-est-Javier-Milei-le-nouveau-president-argentin-libertarien

      une ode punk a icelui

      https://www.youtube.com/watch?v=6-g2OjuuNCs

      « Allez vous faire foutre, salauds d’empresaurios[empresario (entrepreneur) et dinosaurio (dinosaure) ] / Allez vous faire foutre, sodomites du capital / On en a marre des ordures keynésiennes / Le moment libéral est arrivé / Nous avons un leader, et c’est un référent majeur / Qui arrive toujours à incommoder l’État / Javier Milei, notre futur président / Javier Milei le dernier des punks / Toujours mobilisé contre la pression fiscale / Toujours mobilisé contre l’étatisme prédateur / Luttant pour une Argentine libertarienne / Et pour la liberté du peuple travailleur. »

      un résumé vidéo du Monde via @sandburg
      https://www.lemonde.fr/comprendre-en-3-minutes/article/2023/11/19/qu-est-ce-que-la-figure-de-javier-milei-nous-dit-des-crises-que-traverse-l-a

      #extrême_droite #paléolibertarianisme #libertariens

    • Argentine : Javier Milei n’est ni Trump ni Bolsonaro, il est pire,
      Ludovic Lamant
      https://www.mediapart.fr/journal/international/201123/argentine-javier-milei-n-est-ni-trump-ni-bolsonaro-il-est-pire

      L’Argentin Javier Milei est le dernier avatar d’un mouvement de fond des droites extrêmes « anti-système » qui s’épanouissent dans les failles et insuffisances des démocraties actuelles. Mais les rapprochements avec Donald Trump ou Jair Bolsonaro échouent à saisir la spécificité du phénomène.
      Le « saut dans le vide » tant redouté par les gauches argentines s’est produit : le #libertarien Javier Milei a été élu dimanche 19 novembre, avec un score sans appel et bien supérieur à ce qu’annonçaient des instituts de sondage décidément très peu fiables pour prendre le pouls du malaise qui traverse ce pays.
      Milei a devancé de plus de onze points son adversaire péroniste, le ministre de l’économie sortant, Sergio Massa, rassemblant pas moins de 14,5 millions de voix (sur 36 millions d’inscrit·es) . Sa formation, La liberté avance, s’est imposée dans 21 des 24 provinces du pays. Il a profité d’un report massif des voix des candidat·es arrivé·es en troisième et quatrième places au premier tour.

      Sans surprise, Donald Trump est l’un des premiers à avoir félicité sur X le vainqueur : « Je suis très fier de toi. Tu transformeras ton pays et lui redonneras de nouveau sa grandeur ! » Lors du premier tour, le 22 octobre, le fils de l’ancien président brésilien Jair Bolsonaro, Eduardo Bolsonaro, député à Brasilia, avait fait le déplacement à Buenos Aires pour soutenir Milei : « Javier incarne l’espoir que les choses changent », avait-il dit, alors qu’il arborait ce jour-là une pince à cravate en forme de pistolet devenue virale sur les réseaux.
      Dès le mois d’août dernier, à l’approche des primaires dont Milei était déjà sorti vainqueur, Jair Bolsonaro en personne s’était fendu d’une vidéo de soutien : « [Milei et moi] partageons beaucoup de choses en commun. [...] Nous défendons la famille, la #propriété_privée, le #libre_marché, la liberté d’expression, le droit à se défendre. »

      Le énième avatar d’une « internationale national-populiste » ?

      Le triomphe de l’outsider Milei s’inscrit dans ce mouvement de montée en puissance des #droites les plus extrêmes, engagées dans une #guerre_culturelle contre les gauches progressistes. Milei tempête contre « la caste » comme Trump l’a fait contre « l’establishment » de Washington. Milei s’est fait connaître en tant qu’expert des plateaux de télévision à partir de 2015, comme Trump est passé par la télé-réalité dans les années 2000 pour accroître sa notoriété.
      En plus de leur style agressif, extravagant et télégénique, les trois – avec Jair Bolsonaro – tonnent contre « le communisme » et/ou « le socialisme » et défendent - sur des registres à peine différents - le droit de chaque citoyen à porter une arme pour se défendre. Trump, Milei ou encore Boris Johnson du temps du Brexit se sont nourris d’une explosion des inégalités dans leur pays, capitalisant sur le mal-être d’une classe moyenne appauvrie.

      « Des petits commerçants, des indépendants, qui gagnent peu, sont très remontés contre le #péronisme, et voient qu’ils gagnent quasiment la même chose que des chômeurs qui bénéficient de plans sociaux, expliquait à Mediapart le sociologue Gabriel Vommaro, du centre de recherche argentin Conicet et de l’EHESS à Paris. C’est une vieille histoire en sociologie politique, qui se répète : celle du jeune Blanc aux États-Unis, ou du Brexiter en Angleterre. »
      Interrogé par le site en espagnol de CNN, le patron de la version argentine du Monde diplomatique, José Natanson, identifie un autre point commun : tous ont profité, avant leur victoire, d’une « sous-estimation » : « Il y a l’idée qu’ici, cela ne peut pas arriver, qu’un personnage pareil ne peut pas devenir président de l’Argentine, du Brésil, de l’Uruguay... Jusqu’à ce que cela arrive. »
      Mais le jeu des échos et comparaisons s’arrête là, au sein de cette « internationale national-populiste ». Les raccourcis qui présentent Milei comme un « Trump argentin » ne suffisent pas à comprendre ce qui se joue à Buenos Aires. L’ascension de Milei s’inscrit d’abord dans un contexte de dégradation du système politique argentin. Et beaucoup de ses caractéristiques sont très spécifiques.

      Un homme sans parti

      Aux États-Unis, Donald Trump s’est imposé aux primaires du parti républicain. Au Royaume-Uni, les partisans du Brexit ont pris d’assaut le parti conservateur (Tories). À Buenos Aires, Milei a construit son ascension sans ancrage national. Son pseudo-parti, La liberté avance, a enchaîné les mauvais scores aux différentes élections régionales qui ont ponctué l’année 2023, preuve que cette entité peine à exister si Milei ne se présente pas.
      Cela signifie d’abord que Milei a les mains libres pour fixer sa ligne radicale, en toute indépendance, avec quelques personnes clés de son entourage. À commencer par son énigmatique sœur cadette, Karina, qu’il surnomme, au masculin, « El jefe » (le chef), ou encore « Le messie », et qui fut la stratège en chef de sa campagne victorieuse.
      Revers de la médaille : à ce stade, son parti est loin de détenir les clés de la Chambre des député·es. Milei ne détiendra que 38 élu·es à la chambre basse (contre trois sur le mandat précédent). La majorité absolue est à 129. Il devra donc convaincre des député·es de la droite plus traditionnelle, par exemple au sein du PRO de Patricia Bullrich et Mauricio Macri.
      D’où les analyses de certains observateurs, qui font déjà de l’ancien président #Mauricio_Macri (2015-2019), le premier à avoir soutenu Milei durant l’entre-deux-tours, le « parrain » de la présidence Milei à venir.

      Une ascension éclair

      Au Chili, le candidat néo-pinochetiste José Antonio Kast, qui a failli l’emporter face à Gabriel Boric en 2021, est élu pour la première fois député en 2002. Au Salvador, Nayib Bukele, devenu l’une des figures les plus inquiétantes de l’extrême droite au pouvoir dans les Amériques après son élection à la présidence en 2019, a démarré sa carrière politique en 2012, depuis la gauche.
      Là encore, Milei tranche avec ce type de parcours. Il a été élu député national pour la première fois en décembre 2021. L’ascension éclair de ce novice en politique, dénué a priori de toute capacité de négociation politique, s’explique en grande partie par un contexte très local : le bilan calamiteux de la présidence péroniste d’Alberto Fernández depuis 2019. En particulier sur le front économique : une inflation de 648 % sur la période, des dévaluations du peso à répétition, et un taux de pauvreté en hausse, à 40,1 % de la population (18,5 millions d’Argentin·es).

      Un candidat « mono-thématique »

      Milei a longtemps été le candidat d’une seule proposition, la dollarisation de l’économie argentine face à l’inflation galopante (et son pendant, la fermeture de la Banque centrale), qu’il a martelée sur les plateaux télé. « Trump parlait d’économie mais de beaucoup d’autres choses, notamment d’international. Milei est davantage mono-thématique : il critique la caste et parle d’économie », relève le sociologue Gabriel Vommaro.
      Carlos Pagni, l’éditorialiste du quotidien La Nación l’explique autrement à Mediapart : « Milei n’est pas Bolsonaro, il serait plutôt comme la fusion de Bolsonaro et [Paulo] Guedes dans la même personne », en référence au conseiller économique ultralibéral de la présidence Bolsonaro.
      Si l’attention des médias, surtout à l’étranger, s’est fixée sur la personne extravagante de Milei, le triomphe électoral de dimanche est bien le fruit d’un binôme. Son choix de s’entourer de Victoria Villaruel comme candidate à la vice-présidence, a été un coup de maître.
      Il lui a permis de se faire entendre sur d’autres sujets que l’économie (critique des féminismes, opposition au droit à l’#avortement, dénonciation de la politique mémorielle sur la dictature menée par les Kirchner, etc.). Villaruel a permis à Milei à se relier à cette internationale ultra-conservatrice, de Giorgia Meloni en Italie à Santiago Abascal en Espagne, pour laquelle le libertarien n’avait jusqu’alors montré que peu d’intérêt.

      Un programme encore plus extrême

      Milei se dit « libéral libertarien » ou encore « anarcho-capitaliste ». Au-delà du vertige des étiquettes, son programme semble aller encore plus loin que ceux de Bolsonaro, Trump ou Kast. L’économiste portègne veut tout à la fois supprimer les ministères de l’environnement et de l’éducation, privatiser les médias publics et les compagnies énergétiques. « Tout ce qui peut se retrouver aux mains du secteur privé, sera remis aux mains du secteur privé », a-t-il déclaré lundi 20 novembre, lors de son premier entretien post-élection.
      Il veut encore libéraliser les ventes d’organes, faciliter le port d’armes et abroger le #droit_à_l’avortement. Il est revenu en fin de campagne sur ses promesses de privatiser l’école et l’éducation, reconnaissant lundi qu’il s’agit d’une compétence des provinces... Victoria Villaruel a de son côté encore électrisé la fin de campagne en promettant de fermer le musée ouvert depuis 2015 dans l’un des principaux centres de torture de la dictature argentine (1976-1983) à Buenos Aires, l’ESMA.
      À ce stade, celles et ceux qui pariaient sur un assouplissement de Milei une fois élu, contraint à des compromis avec des partis traditionnels pour former des majorités au sein de la Chambre, comme l’anticipait durant la campagne Guillermo Francos, annoncé comme son futur ministre de l’intérieur, en sont pour leurs frais. L’économiste de 53 ans, qui préfère « la mafia à l’État », a prévenu dès dimanche soir : « Il n’y a pas de place pour le gradualisme, la tiédeur ou les demi-mesures. »

      Un autre rapport à la religion ?

      Donald Trump et surtout Jair Bolsonaro ont pu compter sur le soutien des évangéliques. Milei confère lui aussi une place centrale au religieux, mais cela s’est surtout traduit, durant sa campagne, par une série de vives critiques à l’encontre du pape argentin François, accusé par des pans de la droite d’être trop progressiste (et de soutenir la campagne des péronistes). Bousculé sur le sujet par Sergio Massa durant le premier débat télévisé début octobre, Milei avait dû faire en partie marche arrière.
      Surtout, Milei assume une forme de mysticisme, qui transparaît dans les entretiens qu’il a donnés sur un registre plus personnel. Lorsqu’il était un peu moins connu, Milei a par exemple expliqué que la Banque centrale était « le malin », et que le socialisme avait été inventé par « le diable ». Son biographe, le journaliste Juan Luis González, auteur d’El Loco (Le fou, Planeta, 2023), décrit un « leader messianique », qui compare ses actions à des passages des textes sacrés, mais se compare aussi lui-même à des figures de la Bible, comme Moïse.
      Milei est persuadé que Dieu, non seulement existe et qu’il est libertarien, mais aussi qu’il lui est arrivé d’échanger avec lui. Il a déjà expliqué très sérieusement qu’il parlait à Dieu à travers son chien, Conan, mort en 2017, et dont il avait fait réaliser, peu de temps avant sa mort, six clones aux États-Unis.
      L’économiste reprend aussi souvent à son compte une citation de l’Ancien Testament, devenue très populaire sur les réseaux : « À la guerre, la victoire ne dépend pas du nombre de soldats, mais des forces du ciel. » L’un de ses autres slogans durant les meetings – « Je suis venu pour réveiller les lions », en référence à ses électeurs –, porte aussi cette couleur messianique, dont on peine à savoir, à ce stade, comment elle jouera sur sa manière de présider l’Argentine.

      #messianisme (de bazar)

    • #Milei_fou_furieux Après le #narco_capitalisme, l’#anarcho_capitalisme (en tant que dernier avatar du #capitalisme_de_désastre)

      L’économiste reprend aussi souvent à son compte une citation de l’Ancien Testament, devenue très populaire sur les réseaux : « À la guerre, la victoire ne dépend pas du nombre de soldats, mais des forces du ciel. » L’un de ses autres slogans durant les meetings – « Je suis venu pour réveiller les lions », en référence à ses électeurs –, porte aussi cette couleur messianique, dont on peine à savoir, à ce stade, comment elle jouera sur sa manière de présider l’Argentine.

      Pour ce dernier point, c’est pourtant assez facile à imaginer ...

    • En Argentine, la naissance du fascisme religieux de marché
      https://legrandcontinent.eu/fr/2023/08/21/en-argentine-la-naissance-du-fascisme-religieux-de-marche

      On pourrait nommer « fascisme religieux de marché » ou « autoritarisme technocratique » le type de régime que les libertariens et les nationalistes conservateurs entendent fonder en Argentine. Une pareille formule a déjà existé dans l’histoire de l’Amérique latine : dans le Chili de Pinochet, dans l’Argentine de Videla, dans le Pérou de Fujimori et dans le Brésil de Bolsonaro. Elle combine des réformes néolibérales avec l’autoritarisme politique, qui s’est exprimé dans les régimes dictatoriaux des années 1970 en Amérique latine et au Brésil ces dernières années. Une différence avec le phénomène Bolsonaro pourrait être que ce dernier bénéficiait d’un fort soutien de la part des militaires et des évangélistes, ce qui ne serait pas si évident à réaliser pour Milei.

      " La victoire de Milei aux primaires montre qu’une partie importante de la société considère que la voie de la recomposition sociale par le biais d’une proposition conflictuelle et autoritaire est plus appropriée. "
      Ariel Goldstein

      Le libéralisme de Milei et la démocratie libérale ne sont pas compatibles. Aucune société démocratique ne peut supporter ces réformes d’ajustement sans autoritarisme. Ce qui est intéressant, c’est la façon dont son langage combine les appels religieux avec la doctrine économique néolibérale. Il utilise des versets bibliques pour justifier ses positions économiques de réduction des dépenses publiques, telles que « tu gagneras ton pain à la sueur de ton front » (Genèse 3 : 19).

      Une phrase revient souvent dans La révolution libérale, un documentaire de Santiago Oría qui défend l’héritage de Milei, ainsi que dans sa campagne : « la guerre la victoire ne va pas aux plus nombreux, car c’est du Ciel que vient la force » (Maccabées 3 : 19).

      Milei est l’instrument de la revanche d’une partie de la société contre une classe politique perçue comme inutile, parasitaire et uniquement tournée vers ses propres intérêts. L’adhésion à un leader désigné comme celui qui punira un ennemi explique la montée en puissance de Milei, comme tous les phénomènes de droite radicale16.

      « Ceux qui jettent des pierres, je vais les mettre en prison et s’ils encerclent la Casa Rosada, ils devront me sortir mort » a-t-il déclaré lors de l’une de ses dernières apparitions télévisées. Milei mise ainsi sur une violence rédemptrice qui le montre, dans cette vision guerrière et religieuse, comme le grand illuminé. Il semble, en ce sens, avoir un profil plus fondamentaliste que Trump et Bolsonaro, qui dérive peut-être du fait qu’il a moins d’expérience politique que ces derniers.

      Ce que nous vivons est une nouvelle destruction de la composante rationaliste du libéralisme par un autoritarisme et un fondamentalisme religieux qui se l’approprient. Il appartient à la gauche, aux sociaux-démocrates, aux progressistes et aux libéraux de s’unir pour défendre cet ensemble d’idées et de valeurs afin de préserver la démocratie. En effet, le processus de normalisation, sous Milei, a été extraordinairement rapide. Aucun cordon sanitaire n’a été formé comme en Europe.

      Milei semble avoir un profil plus fondamentaliste que Trump et Bolsonaro, en raison de sa moindre expérience politique.

      Il a une vision fanatique de la réalité dans laquelle il fait une distinction entre les personnes « pures » et « impures ». Par exemple, cette réflexion adressée à la dirigeante de l’opposition, Elisa Carrió : « Chacun est gouverné par la morale et l’éthique, les gris disparaissent et les tièdes deviennent de parfaits complices des criminels (ils ne diffèrent que par les formes) ». Dans ce type de réflexion, il défend une croisade morale contre les « impurs », qui est évidemment dangereuse pour la pérennité du système démocratique. Dans cette vision complotiste, ceux qui ne sont pas d’accord avec lui sont transformés en ennemis qui représentent un danger pour son existence.

    • L’ouragan Milei. Les sept clés de l’élection argentine
      https://www.contretemps.eu/argentine-milei-libertarien-extreme-droite-macri

      Cette victoire d‘un économiste qui se définit comme « anarcho-capitaliste » – et qui appartient plus précisément au courant « paléolibertarien » analysé notamment par Pablo Stefanoni – ouvre en tout cas un scénario inédit et imprévisible. Comment comprendre ce basculement politique qui a porté au pouvoir un homme sans expérience politique ni véritable mouvement structuré derrière lui, mais appartenant à une nouvelle extrême droite globale ?

    • « La victoire de Javier Milei en Argentine s’inscrit dans un contexte mondial de consolidation des droites radicales », Olivier Compagnon, Historien, David Copello, Politiste
      https://archive.ph/p1Uu3

      Une fois que l’on s’est accoutumé au spectacle de foules saccageant le Capitole à Washington, comme cela s’est produit le 6 janvier 2021, ou le palais du Planalto à Brasilia, le 8 janvier 2023, on se formalise moins qu’un nouveau venu, étranger à la scène politique il y a encore trois ans, fasse campagne, tronçonneuse à la main et insultes aux lèvres, en promettant de libéraliser le port d’armes et le commerce d’organes.
      La victoire de Milei s’inscrit donc dans un contexte régional – mais aussi global – de consolidation de droites radicales qui ne cherchent plus à masquer les aspects les plus extrêmes de leur programme, mais les mettent en scène pour en faire des produits d’appel. (...) l’essentiel réside désormais dans l’hubris, la démesure, la provocation, voire la bouffonnerie.

      Ces droites ont des phobies communes, du nord au sud de l’Amérique et de part et d’autre de l’Atlantique – l’avortement, la « théorie du genre » [terme employé pour marquer un rejet des études de genre], les communautés LGBTQIA+, le « marxisme culturel » [une théorie conspirationniste mettant en cause les élites intellectuelles], les migrants, etc. Elles désignent à la vindicte populaire leurs nouveaux ennemis de l’intérieur, qui se sont substitués aux communistes depuis la fin de la guerre froide. Se présentant sous les atours de la nouveauté, leur discours de rejet de la « caste » politique ne s’en accommode pas moins du recyclage de barons de la politique locale, changeant d’étiquettes partisanes au gré des occasions, ou de vieilles gloires des années passées.

      (...) Seize années de kirchnérisme (2003-2015 et 2019-2023), entrecoupées par le mandat du libéral Mauricio Macri (qui n’a pas hésité une seconde avant d’apporter son soutien à Milei), n’ont pas permis de réenchanter durablement le politique, de stabiliser une économie minée par la dette et les crises cycliques ni de mettre en place des politiques de redistribution pérennes.
      Epuisés par l’un des confinements les plus stricts du monde au plus fort de la pandémie de Covid-19, asphyxiés par une inflation qui pourrait atteindre, selon la Banque centrale du pays, plus de 180 % fin 2023, lassés des scandales de corruption, les Argentins ont voté en majorité pour une altérité radicale, bien que celle-ci ne présage pas vraiment de jours meilleurs.
      Le suffrage des plus jeunes, particulièrement prononcé en faveur de Milei, attire l’attention. Celles et ceux qui, nés en 2007, ont voté pour la première fois lors de ces élections n’ont connu, leur vie durant, que des taux d’inflation et des indices de pauvreté supérieurs à 20 %. Face à la misère, la relativisation des crimes passés de la dictature par Milei et sa vice-présidente, Victoria Villarruel, ainsi que leur dénigrement du travail de mémoire ne suscitent guère que l’indifférence.

    • Bon, je ne vois pas beaucoup de réponses à ta question dans les commentaires, donc en voici une réponse largement pompé de cet article :
      https://www.humanite.fr/monde/argentine/argentine-javier-milei-la-victoire-du-fmi

      1ere raison : le fond de crise

      C’est bien la droite de Mauricio Macri, président de 2015 à 2019, qui a créé les conditions de l’arrivée de Milei à la Casa Rosada (maison rose), avec l’aide de l’organisme financier siégeant à Washington.

      En doublant le poids de la dette publique extérieure (69 % du PIB) et en signant, fin 2018, le prêt le plus important jamais accordé par le FMI à un pays (56 milliards de dollars), le gouvernement Macri s’est plié aux recettes du FMI et a plongé l’économie dans une spirale récessionniste. En effet, la stratégie de « l’austérité expansionniste » promue par le programme de réajustement du FMI n’a en rien fonctionné.

      Ce que prédisaient déjà à l’époque nombre de détracteurs de l’accord. « Si le gouvernement s’en tient aux objectifs de ce programme, des millions d’Argentins connaîtront des souffrances et des difficultés accrues à mesure que le chômage et la pauvreté augmenteront avec la récession », prévenaient, fin 2018, les économistes Mark Weisbrot et Lara Merling.

      Ainsi, avec son couteau placé sous la gorge de la banque centrale argentine, le FMI n’a fait qu’accentuer ses difficultés macroéconomiques. Fuite de capitaux, dépréciation du peso, hausse du poids des devises étrangères dans la dette, croissance du déficit de la balance courante…

      L’« assainissement budgétaire » et le resserrement monétaire, appliqué à la lettre par le gouvernement de droite, ont piégé le pays dans le bourbier d’une dette ingérable, alimentée par une spirale inflationniste et dépréciative au coût humain catastrophique.

      Au terme du mandat de Macri, la pauvreté a augmenté de 50 % et l’inflation atteint les 54 %. Seuls vrais gagnants de ce désastre économique : les fonds vautours états-uniens, véritables charognards des marchés financiers, n’hésitant pas à traîner le pays devant les tribunaux américains pour empocher des milliards de dollars, après avoir racheté pour une bouchée de pain des parts de la dette extérieure de Buenos Aires.

      2eme raison : une gauche pas à la hauteur

      Fin 2019, la gauche péroniste reprend les rênes du pays. Mais, dans ces conditions, il est bien difficile pour le président Alberto Fernandez (centre gauche) de redresser la barre. Avec son ministre de l’Économie, Sergio Massa, il hérite d’une situation exécrable et la renégociation d’une partie du prêt du FMI, ramené à « seulement » 44 milliards, n’y changera rien, bien au contraire.

      Contrairement à Néstor Kirchner (2003-2007) et à Cristina Fernandez de Kirchner (2007-1015), qui avaient réussi à relever le pays après la terrible crise de 1998-2002 qui avait poussé 65 % des Argentins en dessous du seuil de pauvreté, lui est pieds et poings liés par un FMI qui se retrouve en position de force, accentuée par un défaut de paiement dès mai 2020.

      Le Fonds continue ainsi d’imposer des coupes à la hache dans les dépenses publiques et sociales. Le contexte mondial ne joue pas en la faveur de l’Argentine, avec d’abord les conséquences économiques de la pandémie de Covid, puis une sécheresse exceptionnelle qui a diminué de 20 % les recettes du secteur des exportations agro-industrielles, pilier de l’économie nationale.

      4,9 milliards d’euros d’« aide » ont été de nouveau débloqués, en avril dernier. En échange de ces crédits, le FMI impose baisse du déficit budgétaire et politique de contrôle des dépenses, avec, par exemple, une suspension des subventions sur l’énergie. « Ce sont des usuriers, ils nous asphyxient avec les intérêts de l’argent qu’ils nous ont prêté », dénoncera plus tard le président Fernandez, conspuant des positions aussi inflexibles qu’« idéologiques ». Le pays est alors traversé par des mouvements sociaux contre l’austérité et l’inflation qui conspuent autant le FMI et sa dette « illégitime » que le gouvernement qui met en place ses exigences.

      Finalement, avec des taux d’inflation frôlant tous les records, les classes populaires subissent une précarisation accélérée et le bilan des années Fernandez est – forcément – mauvais. C’est dans ce contexte que surgit Javier Milei. Quoi de plus simple pour lui que de s’en prendre à l’« establishment », de surfer sur le mécontentement populaire et, au final, de remporter la mise, avec le soutien de la droite qui lui aura préparé le terrain.

      3eme raison : le soutien de la droite traditionnelle entre les 2 tours

      Avec des mesures d’austérité que la gauche n’a pas été en mesure de résilier, la droite a en effet ouvert la porte à l’arrivée de l’extrême droite, ce qui s’est d’ailleurs confirmé après le premier tour. En effet, entre le maintien au pouvoir du centre gauche et l’arrivée d’un néofasciste, celle-ci n’a pas longtemps hésité à se prononcer en faveur de Milei.

      Après sa qualification pour le second tour, celui-ci a en effet reçu le soutien de Patricia Bullrich (22 % au premier tour), candidate malheureuse de la droite traditionnelle, ainsi que de l’ancien président Mauricio Macri en personne.

      4eme raison, en finir avec le Péronisme

      Particularité de ce tribun facho : Il avait en face de lui les héritiers du péronisme, (donc de la dictature, des escadrons de la mort, etc.) . Il ne pouvait donc pas se réclamer du soutien de l’armée comme Bolonaro. Voilà pourquoi son camp a communiqué sur son pseudo « anarchisme de droite » (avec plein de guillemets, hein ? parce que l’anarchie, ça ne peut pas être de droite). Parce qu’il a connoté dans sa campagne, le dépassement de toute forme d’autoritarisme (c’est un comble, mais ça a fonctionné).

      C’est bien résumé ici :
      https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/peron-peronismo-argentine-election-politique-javier-milei

  • Le climat, la gauche et l’histoire | #Jean-Baptiste_Fressoz
    https://legrandcontinent.eu/fr/2023/11/03/le-climat-la-gauche-et-lhistoire

    Plusieurs auteurs, cités par Paul Magnette ont cru discerner dans l’histoire de l’énergie le capitalisme dans ses basses œuvres : la machine à vapeur aurait simplement servi à échapper à la contrainte de localisation et à exploiter une main d’oeuvre urbaine et abondante (Andreas Malm) ; le pétrole aurait eu pour effet, voire fonction, de contourner les mineurs et leurs syndicats grâce à sa fluidité (Timothy Mitchell). Ces récits séduisants ne résistent pas à l’analyse : le charbon sert surtout à produire de la chaleur. En Angleterre son extraction commence quand le prix du bois de feu augmente, tirée par la croissance urbaine — la machine à vapeur est davantage un symbole que la cause de l’Anthropocène. Quant au pétrole, il ne contourne pas les mineurs, tout simplement parce qu’il ne remplace pas le charbon ; il sert avant tout à faire avancer des voitures qui pour leur fabrication consomment énormément de charbon ; en outre, la baisse du nombre des mineurs n’est pas causée par le pétrole mais par le progrès technologique dans les mines. L’attrait de l’histoire « politique » de l’énergie qui est aussi son défaut, est qu’elle tend à présenter le changement climatique comme l’effet secondaire d’une entreprise de domination capitaliste. Cette historiographie, apparemment radicale mais rassurante pour la gauche anti-capitaliste, sous-estime l’énormité du défi climatique : sortir du carbone sera autrement plus difficile que sortir du capitalisme, une condition tout aussi nécessaire qu’insuffisante.

    [...]

    Le réchauffement est un phénomène historique, mais comme il fait la somme de l’ensemble de l’agir humain sur la planète il échappe largement à l’histoire. S’il est assez facile pour un historien d’expliquer le réchauffement, identifier ce qui pourrait l’arrêter dépasse l’imagination historique.

    Face au titan climatique, les sciences sociales proposent souvent des « solutions » sans avoir jaugé la profondeur du problème. Les verrous techniques sont écartés, laissés à l’expertise du groupe III du GIEC. On fait comme si la décarbonation était un simple problème d’investissements, un problème d’ingénierie sociale, un problème de volonté politique. [...]

    Dans les années 1990-2000, beaucoup d’énergie a été dépensée pour débattre des avantages respectifs de la taxe carbone ou des droits à polluer, alors qu’il aurait fallu expliquer qu’on ne saurait décarboner l’acier, le ciment, l’aviation etc. et donc convenir des moyens démocratiques et équitables d’en réduire drastiquement la consommation. Il en découlerait une redéfinition du débat climatique centré sur la répartition juste et efficace des biens matériels à l’échelle mondiale : la grande question de la gauche depuis son origine et le trait d’union qui relie le socialisme à l’éco-socialisme.

    • Contrairement à l’expression de « crise environnementale » qui sous-entendait une épreuve brève dont l’issue serait imminente, l’Anthropocène désigne un point de non-retour. Ce que nous vivons n’est pas une simple crise mais une bifurcation à l’échelle de l’histoire géologique de la Terre. Le développement économique des derniers siècles modifiera l’environnement de ceux à avenir. Nous ne nous sortirons pas de l’Anthropocène et nous ne connaîtrons plus les climats de l’Holocène. Ce qui a été moins compris — et la faute en revient à une vision aberrante de l’histoire matérielle — est que cette irréversibilité s’appliquait presque autant à l’anthropos qu’à la planète. L’Anthropocène désigne une double irréversibilité, une double accumulation, un cumul de cumuls : non seulement les flux de matière s’empilent dans les différents compartiments du système-terre, mais les flux matériels anthropogéniques suivent eux-aussi une logique additive.

      Toute discussion sérieuse sur les questions environnementales devrait partir du constat historique quelque peu inquiétant que les innovations technologiques n’ont, jusqu’à présent, jamais fait disparaître un flux de consommation matérielle. Au cours du XXe siècle, dans le monde, l’éventail des matières premières s’est élargi et chacune a été consommée en quantité croissante [3]. Les processus de substitution technologiques ont donc pour l’instant toujours été compensés par l’élargissement des marchés, par les effets rebonds et par les réorientations d’usage.

      [3] Sur les soixante-dix matières premières principales, Christopher L. Magee et Tessaleno C. Devezas ne recensent que six qui ont décru depuis 1960 : l’amiante, le mercure, le beryllium, le tellurium, le thallium et la laine de mouton, auxquels on pourrait ajouter l’huile de baleine.

  • Grèce : un virage autoritaire aux répercussions continentales | Le Grand Continent
    https://legrandcontinent.eu/fr/2023/11/02/grece-un-virage-autoritaire-aux-repercussions-continentales

    La Grèce a pris un virage autoritaire. Son gouvernement reprend certaines des théories d’extrême droite les plus brutales. Et l’Europe ne s’en soucie pas. Dans cette étude riche et informée, Pavlos Roufos réfléchit à cet aveuglement, qui pourrait aboutir à une altération profonde du consensus libéral-démocratique.

    L’Europe suit, avec application.

  • Guerre à Gaza : Israël inondera les tunnels du Hamas de gaz neurotoxiques sous la supervision de la marine américaine
    Par David Hearst | Published date : Jeudi 26 octobre 2023 | Middle East Eye édition française
    https://www.middleeasteye.net/fr/actu-et-enquetes/guerre-palestine-gaza-israel-tunnels-hamas-gaz-neurotoxiques-marine-a

    Les groupes de la résistance palestinienne à Gaza s’attendent à ce qu’Israël inonde les tunnels du Hamas de gaz neurotoxiques et d’armes chimiques sous la surveillance des commandos américains de la Delta Force dans le cadre d’une attaque surprise contre la bande côtière, a déclaré à Middle East Eye une source arabe de haut niveau proche de ces groupes.

    Israël et les États-Unis espèrent obtenir un effet de surprise afin de pénétrer dans les tunnels du Hamas, sauver environ 220 otages et tuer des milliers de combattants des Brigades al-Qassam, la branche armée du Hamas, a indiqué la source dans un communiqué, notant que l’information provenait d’une fuite aux États-Unis.

    Middle East Eye n’est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations contenues dans la fuite.

    « Le plan repose sur l’élément de surprise afin de gagner la bataille de manière décisive, en utilisant des gaz interdits sur le plan international, en particulier des gaz neurotoxiques, et des armes chimiques. De grandes quantités de gaz neurotoxiques seraient pompées dans les tunnels », a indiqué la source.

    La Delta Force américaine supervisera « le pompage de grandes quantités de gaz neurotoxiques dans les tunnels du Hamas, capables de paralyser les mouvements corporels pendant une période comprise entre six et douze heures ».

    « Pendant cette période, les tunnels seraient infiltrés, les otages sauvés et des milliers de soldats d’al-Qassam tués », a-t-elle ajouté.

    Middle East Eye a contacté la Maison-Blanche et le Département américain de la Défense mais n’a obtenu aucun commentaire.

    Les États-Unis collaborent avec Israël au sujet de son invasion prévue de Gaza. (...)

    #7oct23

    • « Inonder les tunnels de gaz », comme c’est joliment euphémisé. Ça avance comme la guerre de Corée. A la fin, y-a un général qui va proposer d’envoyer une bombe atomique. Mais ils se contenteront de tout aplatir à coup de bombes traditionnelles, au point que les survivants seront ceux qui auront réussi à se terrer dans les grottes et les sous-sols. Et après, on ne comprendra pas pourquoi le territoire est dirigé par des paranoïaques notoires.

      (on écrit Mélenchon ;-) )

    • c’était un grand progrès pour les nazis que d’avoir inventé les chambres à gaz pour mettre en oeuvre une tuerie de masse, quotidienne, décentralisée et sur le long terme de personnes prisonnières dans leurs camps, conjointement au flux continu de crémations que cela exigeait.
      utiliser pour tenter de préserver des otages des gaz incapacitants pour ensuite flinguer un par un des combattants est aussi une toute autre scène, de guerre, de combat, que l’extermination industrielle à quoi aboutira(it) une prolongation des bombardements sur Gaza (un Hiroschima-Nagasaki au ralenti et sans emploi du nucléaire).
      on nous promet une guerre toujours plus technique, enfin ciblée, humanitaire et utopique. ça a tout d’une diversion destinée à afficher une attention aux vies des civils.

    • « Prochaines étapes » des combats en préparation : l’armée israélienne face aux tunnels de la bande de Gaza | Le Grand Continent
      https://legrandcontinent.eu/fr/2023/10/27/prochaines-etapes-des-combats-en-preparation-larmee-israelienne-fac

      L’armée israélienne a annoncé au matin du 26 octobre avoir mené un raid « ciblé » au sol dans la bande de Gaza, « en préparation des prochaines étapes du combat ». La forme que pourrait prendre une offensive terrestre de l’armée israélienne reste encore incertaine. L’armée fait face au défi stratégique posé par le réseau de tunnels traversant la bande de Gaza.

    • A Jabaliya a eu lieu une forme de résumé du conflit en cours. L’armée israélienne a privilégié les notions opérationnelles. (...) Le coût humain et politique d’opérations similaires risque de devenir difficilement acceptable aux yeux des soutiens d’Israël. L’ancien conseiller national à la sécurité, Eyal Hulata, désormais à l’Institut national du contre-terrorisme de l’université Reichman, à Tel-Aviv, en est convaincu : « Nous sommes face à un compte à rebours, en termes diplomatiques. Le temps nous est compté. »

      Pour autant, la situation de piège dans laquelle se trouve l’armée israélienne n’est peut-être pas complètement gelée. D’une part, le réseau des tunnels, s’il est en partie endommagé, peut empêcher la coordination entre les différents groupes du Hamas. Les conduits sont équipés de moyens de #communication, mais la section des câbles qui courent sur leurs parois aurait pour effet d’isoler les combattants, cassant leur #coordination. De plus, dans un réseau en profondeur, l’alimentation en #oxygène est vitale. Sans renouvellement de l’air, les combattants terrés dans les conduits seraient peu à peu asphyxiés. A mesure que le réseau s’est étendu, les besoins pour y renouveler l’#air se sont accrus. Techniquement, il faut des moteurs pour opérer cette circulation, et donc du carburant pour les faire fonctionner. Le Hamas a stocké des quantités importantes de carburant en prévision de cette confrontation, mais cette capacité n’est pas infinie. Selon plusieurs sources, elle accorde au groupe armé et à ses alliés une autonomie qui se compterait en semaines. Ensuite, si le carburant devait faire défaut et le système d’aération s’arrêter, le résultat serait simple : « Les combattants seraient obligés de sortir comme des lapins, et nous, nous les attendrons  », assure une source militaire israélienne.

      [...]

      « Il n’y a aucune technique miracle pour venir à bout de ce réseau [de tunnels]. Il faudra sans doute procéder par quadrillages, et utiliser toute une gamme de techniques pour détruire ses différents tronçons, en fonction des conditions », avertit Daphné Richemond-Barak.

      https://www.lemonde.fr/international/article/2023/11/02/frapper-le-hamas-parmi-la-population-civile-l-impossible-strategie-de-l-arme

      https://archive.ph/qAgzz

      #tunnels

    • Personne n’arrêtera l’état sioniste et ce dernier n’arrêtera pas tant qu’il n’aura pas subi de très lourdes pertes.

      A ce moment là et à ce moment là seulement il prétendra que c’est sous la pression de ses alliés qu’il s’est arrêté, ces derniers se hâtant de confirmer en fumistes sans vergogne qu’ils sont.

  • La Commission dévoile le nom des entreprises clés dans le cadre de la régulation numérique | Le Grand Continent
    https://legrandcontinent.eu/fr/2023/09/06/la-commission-devoile-le-nom-des-entreprises-cles-dans-le-cadre-de-

    Le commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton a désigné aujourd’hui les six entreprises du numérique Alphabet, Amazon, Apple, ByteDance, Meta et Microsoft comme contrôleurs d’accès (gatekeepers) dans le cadre du Digital Market Act1.

    Evidemment, il n’y a pas SeenThis dans cette liste, ni Mastodon. L’UE jamais à court d’argument pour ne pas inclure les fleurons des réseaux sociaux européens !

  • RIP Mario Tronti
    https://www.repubblica.it/politica/2023/08/07/news/mario_tronti_morto_politico_92_anni-410335343

    È morto a 92 anni Mario Tronti, politico e filosofo, una vita a sinistra. Già militante del Partito comunista italiano, Tronti è stato anche parlamentare. Eletto la prima volta al Senato nel 1992 con il Pds e, successivamente, nel 2013 con il Partito democratico. È scomparso questa mattina intorno alle 10 e 30 a Ferentillo, in provincia di Terni, conferma il dem umbro Pierluigi Spinelli.

    Si definiva un “rivoluzionario conservatore”, ma da alcuni anni si era allontanato dai riflettori della politica: «Sono in ritiro spirituale, nel monastero di Poppi, nel Casentino, retto dalle monache camaldolesi. Mercoledì compio 90 anni e questo passaggio bisogna farlo bene, sentirlo interiormente», disse a Repubblica in occasione del suo novantesimo compleanno. “La morte? L’attendo con serenità”, aggiunse. “Ho vissuto abbastanza. Spero tuttavia che sia un passaggio facile. Per dirla con Montaigne confido che la fine mi colga mentre sto coltivando le mie rape nell’orto".

    • Connaît vraiment celui qui hait vraiment. L’usine et la société, Mario Tronti, 1962.

      Mario Tronti, Michel Valensi
      https://www.cairn.info/revue-lignes-2013-2-page-143.htm

      La question du « populisme » hante la politique italienne (et européenne) depuis – et c’est l’analyse de Mario Tronti – « qu’il n’y a plus de peuple ». À quel moment ce concept-réalité s’est-il désagrégé et se peut-il qu’il se réagrège dans une société où la classe est devenue une catégorie sociologique ? « Je n’ai jamais plus oublié la leçon de vie apprise aux grilles des usines, quand nous débarquions avec nos tracts prétentieux qui invitaient à la lutte générale anticapitaliste, et la réponse, toujours la même, des mains de ceux qui prenaient ces bouts de papier et disaient en riant : “c’est quoi ? c’est du pognon ?” Telle était la “rude race païenne” », écrit Mario Tronti dans Nous opéraïstes. Le “roman de formation” des années soixante en Italie, Paris, Éditions de l’éclat, 2013, p. 24. « Peuple », parce qu’il y eut un « peuple communiste », dont l’Italie a témoigné, peut-être plus durablement qu’ailleurs en Europe, et dont la voix de Mario Tronti témoigne à son tour. Issu des milieux populaires romains, il sera l’une des figures les plus importantes de l’opéraïsme italien, au sein duquel s’est forgé ce style « scandé, ciselé, combatif, constant, agressif et lucide » (ibid., p. 19) dont il est l’héritier et qui donne à ses écrits une dimension quasi unique dans la prose politique du xx-xxi e siècle. Ce texte est une contribution à une discussion sur la question du « populisme » organisée par le Centro per la Riforma dello Stato. L’original italien a été publié dans la revue Democrazia e diritto, n° 3-4/2010.

      #Mario_Tronti #operaïsme

    • L’AUTONOMIE DU POLITIQUE CHEZ TRONTI, Toni Negri
      http://www.euronomade.info/?p=11938

      C’est à cette figure-là de l’histoire moderne, bien différente de la sienne, que j’étais, moi, profondément lié ; et je l’avais précisément appris d’Ouvriers et capital : il fallait suivre « l’histoire interne de la classe ouvrière », c’est-à-dire l’histoire de sa subjectivation progressive. Ce que je tentais de mettre en pratique, c’était le développement de l’intuition trontienne qui insistait sur la nécessité d’évaluer le degré de maturité auquel était arrivée la subjectivation de la force de travail, au point de – je cite Ouvriers et capital« compter vraiment deux fois dans le système de capital : une fois comme force qui produit le capital, et une autre fois comme force qui refuse de le produire ; une fois dans le capital, une fois contre le capital ».

      Ouvriers et capital, Mario Tronti (pdf)
      https://entremonde.net/IMG/pdf/entremonde-ouvriers_et_capital-tronti-livre-2-2.pdf

      #refus_du_travail #subjectivation #classe_ouvrière

    • "History has become small"
      Mario Tronti: I am defeated
      https://cominsitu.wordpress.com/2015/03/08/mario-tronti-i-am-defeated

      Under the soles of his shoes, you can still recognise the dirt of history. “This is all that remains. A mix of straw and shit by which we delude ourselves into erecting cathedrals to the worker’s dream.” Here’s a man, I say to myself, imbued with a consistency that bursts through in a total melancholy. It’s Mario Tronti, the most celebrated of the theorists of Operaismo. He has only recently finished writing a book on this subject: the origins of his thought, how it has changed and what it is today. I don’t know who will publish it (I would guess a decent publisher). I read a profound sense of despair. Like a chronicle of defeat articulated through the long agony of a past that has not yet passed at all, that refuses to die, but is no longer wanted.

      [...]

      How did your interest in Tai Chi start?

      Thanks to my daughter who loves and practices oriental culture. She would have wanted to become a nun, so she chose the same profound consistency in this world that I’ve only touched.

      Is there an element of unpredictability with children?
      Always: with individuals, just like with history.

      Did you expect that the story – I mean yours – would end this way?
      I always expect the best. Then come the knocks. Coming up against facts without an airbag can do you damage. I was a communist, marxist, operaista. Some things end. Some things last. I have learnt and applied the lesson of political realism: you can’t ignore the facts.

      And the facts today are indicative of a great crisis?

      Great and long. It concerns all of us a little, at many diverse levels. It’s lasted at least seven years and still nobody is able to tell us how to get out of it. We’re living in a time without epoch.

      What does it mean?
      It is our time, however it lacks an epoch: this period that has arisen and will continue into the future. History has become small, the daily report has prevalence: gossip, complaints, platitudes.

      #défaite #mélancolie_théorique (≠rien) #histoire #communisme

    • Partialité, initiative, organisation : les usages de Lénine par Tronti
      https://www.contretemps.eu/lenine-tronti

      Dans cette intervention, nous voudrons tenter un examen critique des usages de Lénine dans l’œuvre de Mario Tronti, en nous focalisant essentiellement sur les textes réunis dans Ouvriers et capital (1966), ouvrage central de l’expérience opéraïste classique telle qu’elle a été définie et délimitée par Tronti lui-même. Nous partons de l’idée que l’un des aspects les plus intéressants, sinon l’originalité principale de ce marxisme, a consisté dans l’affirmation de la centralité politique du travail. Affirmation théorique, mais qui est ancrée dans une situation sociale concrète : c’est au contact des jeunes générations ouvrières des années 60 et de leurs pratiques spécifiques d’insubordination que la pensée opéraïste découvre une subjectivité politique radicale à même le rapport social de production.

    • Un aventurier révolutionnaire dans l’interrègne. Mario Tronti (1931-2023)
      https://legrandcontinent.eu/fr/2023/08/08/un-aventurier-revolutionnaire-dans-linterregne-mario-tronti-1931-20

      Il est difficile de penser à une autre intelligence européenne qui soit passée de la culture du parti communiste et de l’horizon de la politique révolutionnaire — il était le cofondateur de l’influente revue Classe Operaia — à la participation parlementaire — en tant que sénateur du Partito Democratico — pour finir par un engagement profond dans la grammaire théologico-politique du christianisme occidental — allant jusqu’à professer une admiration univoque pour le pontificat de Benoît XVI, attitude théologique d’une gauche qu’on a pu qualifier de « marxiste ratzingerienne ». La pensée et l’activité politique de Tronti pourraient très bien être placées sous le signe de la figure de l’aventurier, c’est-à-dire de quelqu’un qui s’engage à prendre des risques, envers et contre toutes les mains tendues par le sens commun. Tronti gravitait en fait à cheval entre l’ethos de deux figures distinctes : l’aventurier preneur de risques et l’homme politique par vocation. Mais au fond de lui-même, il était convaincu que seule la première pouvait permettre à un homme politique passionné de s’acquitter véritablement de sa tâche.

      « Chez le Tronti tardif, la passion révolutionnaire devient une révocation de la politique moderne, sans pour autant renoncer au schisme contre la vie sociale comme condition préalable à la sérénité existentielle. » Gerardo Muñoz

    • « L’histoire, c’est eux, nous, c’est la politique ». Entretien avec Mario Tronti

      Mario Tronti (1931-2023), figure centrale de la culture marxiste de la seconde moitié du 20e siècle, est décédé le 7 août dernier. Dans cet entretien de 2016, inédit en français, il revient sur sa trajectoire militante et intellectuelle 👇

      https://www.contretemps.eu/mario-tronti-marxisme-operaisme

      Cet entretien a été conduit par Martin Cortes à Rome en février 2016 et fait partie de l’édition espagnole de La autonomía de lo político [L’autonomie du politique] (Buenos Aires, Prometeo, 2018). Il a été repris dans Jacobin America Latina le 8 août 2023. La traduction et les intertitres sont de Contretemps.

      https://twitter.com/SRContretemps/status/1690273066092244992

  • La défaite du modèle Tsipras et la victoire de la stratégie Mitsotakis : 10 points pour comprendre les résultats en Grèce | Le Grand Continent
    https://legrandcontinent.eu/fr/2023/05/22/la-defaite-du-modele-tsipras-et-la-victoire-de-la-strategie-mitsota

    Dimanche soir, les urnes grecques sont venues contredire une idée reçue tenace : le temps des partis de masse serait derrière nous, l’avenir appartiendrait aux mouvements centrés sur une seule figure. La victoire de Mitsotakis — qui ne lui garantit pas une majorité et se rejouera lors d’un prochain scrutin pour éviter la crise politique — illustre exactement le contraire. C’est l’une des nombreuses leçons de ce vote.

    Les gauchistes n’ont que ce qu’ils méritent. Ils sont tous tellement nuls que même les vrais gauchistes les conchient à longueur de temps. (bis)

    • Parler de « gauchistes » à propos de politiciens de la gauche gouvernementale, ça n’a pas de sens (si les mots ont encore un sens). Pas plus que d’appeler, en France, « extrême gauche » la gauche gestionnaire (genre LFI) comme le font la droite (Renaissance, Modem et LR) et l’extrême-droite (RN)…

    • C’est pas les « vrais gauchistes » qui conchient Tsipras, c’est la soumission de cette gauche aux dures lois de l’économie qui l’a discrédité parmi les grecs qui n’ont pas voté pour elle. C’est le trajet du socialisme français, en accéléré. Et la sanction électorale qui s’en suit.

  • L’IA Potemkine et le futur du travail, une conversation avec Antonio Casilli | Le Grand Continent
    https://legrandcontinent.eu/fr/2023/04/07/lia-potemkine-et-le-futur-du-travail-une-conversation-avec-antonio-

    D’abord, il faudrait rappeler comment on arrive à faire ce micro-travail. Si une personne voulait commencer aujourd’hui à faire du micro-travail, elle devrait d’abord savoir vers où se tourner. Il y a plusieurs manières, la plus simple étant de passer par des plateformes sur Internet. Elles ressemblent à des sites classiques d’annonces d’emplois sauf qu’il ne s’agit pas d’emplois formels. C’est du freelancing extrême parce qu’on vous recrute pendant une minute pour regarder 15 photos ou pour laisser un commentaire sur un moteur de recherche. Vous êtes payés quelques centimes, voire quelques dollars. L’inflation monte, impactant ces micro-tâches. Il y a quinze ans, elles étaient payées quelques centimes ; aujourd’hui elles commencent à être payées autour d’un dollar. Quand on fait des estimations, on voit que la médiane tourne autour de deux dollars de l’heure. Ces personnes-là ne sont pas embauchées pour travailler sous contrat, elles n’ont pas d’horaires à proprement parler, elles sont payées pendant les quelques minutes où elles travaillent.

    Quelques mois après le lancement de ChatGPT, le magazine Time a découvert qu’il y avait des personnes au Kenya qui faisaient ce type de micro-tâches, et qui étaient payées entre 1,34 et 2 dollars de l’heure. Ces micro-tâches montrent un changement dans notre manière de fonctionner ; une partie de ces activités se situe en dehors de la civilisation salariale, en dehors de la protection du Code du travail.

    Certaines inégalités se manifestent de manière plus forte chez les populations déjà fragilisées et marginalisées, et qui ont déjà des difficultés d’accès au marché du travail. Dans les pays plus riches du Nord, les femmes sont légèrement majoritaires parmi ceux qui travaillent sur ce type de plateforme. En France, dans notre dernière enquête de 2019, 56 % des micro-travailleurs sont des femmes. Or elles sont systématiquement celles qui gagnent le moins ; celles qui se tournent vers ce type d’activité ont besoin de compléter leur salaire principal, parce qu’elles travaillent à mi-temps. Dans notre enquête, ce sont surtout des femmes vivant seules avec un enfant. Elles doivent jongler entre leur activité principale, le micro-travail, le travail domestique et le soin des enfants. Dans ce contexte-là, elles n’ont pas de temps pour consacrer du temps à chercher les meilleures micro-tâches ou à s’entraîner ; c’est pourquoi elles sont les micro-travailleurs les moins bien payés.

    #IA #travail #micro_travail

  • Écologie et géopolitique de la réforme des retraites, Patrice Maniglier - Le Grand Continent
    https://legrandcontinent.eu/fr/2023/03/07/ecologie-et-geopolitique-de-la-reforme-des-retraites

    Une chronique de la journaliste Françoise Fressoz publiée le 24 janvier 2023 pose les bases de ce recadrage2. Elle y propose une analyse du raisonnement qui a conduit Emmanuel Macron à persévérer dans sa réforme des retraites, contre l’avis de certains de ses alliés les plus proches, alors même que l’équilibre du système n’est pas vraiment menacé et que les risques sociaux et politiques d’une telle réforme sont considérables. Françoise Fressoz part du déplacement d’Emmanuel Macron à Barcelone le jour de la première grande journée de mobilisation pour signer un traité entre la France et l’Espagne, qui s’inscrit dans le cadre de l’agenda européen du président français. Elle assure qu’il ne s’agit ni d’une coïncidence anecdotique ni d’une manœuvre maladroite, mais bien d’un message de la part du Président : la réforme des retraites s’inscrirait dans la volonté d’Emmanuel Macron de reconstruire une « souveraineté européenne en matière de défense et d’industrie ». Quel rapport y a-t-il donc entre la protection sociale française et les ambitions de puissance de l’Europe ? 

    Pour l’autrice, la réponse est simple et s’inscrit dans une tradition biopolitique : travailler plus permettrait aux nations de gagner plus de puissance. Elle écrit : « le recul de l’âge de départ à la retraite (…) ne vise pas seulement à équilibrer le régime de retraite par répartition en tentant de dégager 12 milliards d’euros à l’horizon 2030. Il doit permettre d’augmenter durablement le volume de travail en France, au moment où le pays et ses alliés européens sont confrontés au retour de la guerre à leur porte et à l’affrontement sino-américain ».

    il faut aller vite pour enclencher les pas d’après, dont l’obligation d’inscription des allocataires RSA à #France_travail (ex pôle emploi), voire des formes d’encouragement à la natalité.

    #travailler_plus #travail #retraites #puissance

    • L’analogie avec la dissuasion nucléaire peut être éclairante : on peut toujours discuter de savoir si la course aux armements nucléaires est un facteur de paix ou de risque aggravé, et si le désarmement nucléaire ne serait pas la meilleure réponse à l’existence de l’arme atomique ; mais il est certain qu’il ne peut rien y avoir de rationnel dans la course à la puissance productive dans un monde fini : seul un désarmement de cette puissance est une option raisonnable. Cela est désormais évident dans le cadre des négociations climatiques internationales : que font certains pays du Sud, lorsqu’ils exercent aujourd’hui un chantage à l’égard des pays du Nord (comme la République Démocratique du Congo à la dernière COP) en leur disant qu’ils relanceront l’exploitation des énergies fossiles ou la déforestation de leurs puits de carbone naturels si les pays riches ne compensent pas le manque à gagner de cette exploitation, au titre de leur responsabilité particulière dans le réchauffement climatique ? La réponse est que ces pays ne font rien d’autre qu’appuyer sur le bouton rouge dans le terrible jeu de dissuasion auquel les négociations climatiques sont désormais en partie arrivées. On peut les comprendre : l’incapacité de ces pays du Nord à tenir leurs engagements, ne serait-ce que dans le financement des fameux 100 milliards promis pour aider les pays en développement à faire face au dérèglement climatique, est aussi une manière d’appuyer sur le bouton rouge… Les négociations climatiques ont rejoint la grande tradition de la réflexion stratégique, en son point le plus terrifiant : la dissuasion.

      Il n’y a tout simplement pas de solution de puissance à la structure conflictuelle du monde présent. Les logiques de puissance à l’âge de l’Anthropocène, en prise avec Gaïa, conduisent uniquement à un jeu perdant-perdant. S’il y avait quelque chose à apprendre de ces dernières 15 années de « crise », ou de polycrise, c’est qu’il faut sortir collectivement d’une logique de la puissance.

      On retrouve ici, sur la question géopolitique, le même paradoxe que nous avons vu sur la question économique. La mondialisation s’était faite au nom de l’accroissement de la production. La démondialisation, imposée par une certaine forme de réalisme géopolitique se fait paradoxalement au nom de l’accroissement de la production. Les élites politiques et économiques de ce monde sont en train de commettre, au moment de sortir du paradigme néolibéral, la même erreur qu’elles ont commise en y entrant : croire qu’il n’y a de salut que dans la puissance, croire que l’harmonisation ne pourra se faire qu’en aval, une fois libérées les énergies particulières en concurrence les unes avec les autres – soit, en somme, ne pas mettre la solidarité avant la rivalité. La mondialisation n’a pas été négociée en vue d’un meilleur partage des richesses à toutes les échelles (internationales autant qu’intranationales et même intragénérationnelles), conduisant à une augmentation des tensions géopolitiques entre entités gorgées de puissance. Une démondialisation non négociée, menée dans la panique, nous conduira encore plus loin : vers un déchaînement de ces puissances en rage, convaincues de lutter pour leur survie et œuvrant en réalité à leur destruction collective. Nous n’avons besoin ni de mondialisation, ni de démondialisation, mais d’une autre mondialisation. Le protectionnisme n’est pas en soi une solution ; il ne l’est qu’à condition de ne pas faire de la puissance son objectif principal, mais de fonctionner comme un outil pour réorienter la mondialisation afin qu’elle tienne compte de sa signification terrestre.

      Ici comme ailleurs il faut réintroduire le sens étymologique du préfixe « géo », voulant dire « terrestre ». Il n’y a pas de sens à inscrire la réforme des retraites dans une stratégie géopolitique européenne si on ne définit pas cette stratégie en tenant compte des limites planétaires et des réactions du Système-Terre. On comprend donc que c’est pour la même raison que la réforme des retraites est un enjeu écologique et qu’elle est un enjeu géopolitique : parce qu’elle touche à la manière dont on conçoit la place de la production dans les ruses par lesquelles les êtres humains se font un séjour vivable sur cette terre.

      Plutôt que de miser sur l’échelon européen pour construire une puissance, il faudrait miser sur lui pour proposer une voie de désescalade productive.