Faut-il les empêcher d’entrer ? La question a accaparé ondes et pixels toute la journée de jeudi en Israël, à deux jours de l’arrivée prévue de deux élues démocrates américaines, farouches opposantes à Donald Trump et partisanes résolues de la cause palestinienne. Finalement, le Premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a tranché. « Nous n’autoriserons pas ceux qui nient notre droit à exister dans ce monde à entrer en Israël », a annoncé sa vice-ministre des Affaires étrangères. Ainsi Ilhan Omar, députée du Minnesota, et Rashida Tlaib, du Michigan, sont officiellement persona non grata.
Accusées « de provocations et de promotion du BDS [Boycott, Désinvestissement et Sanctions ; un mouvement international de boycott d’Israël pour mettre fin à l’occupation, ndlr] », ces deux figures de l’aile gauche du Parti démocrate étaient interdites de mettre un pied sur le tarmac de l’aéroport Ben-Gourion, à Tel-Aviv, d’où elles comptaient rallier les Territoires palestiniens, dont la visite était tout l’enjeu de leur venue, présentée comme « une délégation du Congrès dans les Territoires occupés de Palestine ». Les deux femmes devaient sillonner la Cisjordanie du 18 au 22 août, de Bethléem à Hébron, en passant par Ramallah, afin de « voir l’occupation de leurs propres yeux et ce que l’argent américain finance réellement en Israël », selon une personnalité impliquée dans le déplacement avorté. Une visite de l’hypersensible site de l’esplanade des Mosquées était au programme pour les deux premières musulmanes au Congrès.
Pour justifier sa décision, le gouvernement israélien invoque un amendement voté à la Knesset en 2018, qui enjoint le ministère de l’Intérieur à refuser l’entrée de tout étranger ayant « publiquement appelé au boycott de l’Etat d’Israël ». C’est la première fois que cet arsenal législatif, dont la Cour suprême a déjà cassé plusieurs des tentatives d’application, est utilisé contre des élus d’un pays allié d’Israël.
Jeudi dans la soirée, le cabinet du Premier ministre a toutefois fait savoir que Rashida Tlaib, d’origine palestinienne, pourrait recevoir un simple « visa humanitaire » pour rencontrer ses grands-parents et sa belle-famille, résidents d’un village de Cisjordanie, à condition de promettre ne pas « promouvoir le boycott d’Israël ». Ilhan Omar, elle, reste bannie. « Un affront », a-t-elle dénoncé jeudi soir dans un communiqué. (...)