Brin de soleil | Une association au service des familles et proches de personnes incarcérées à Rennes et Rennes Vezin

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  • Lettres depuis la taule des femmes #de #Rennes
    https://nantes.indymedia.org/articles/39972

    Voici 3 lettres écrites depuis la taule des femmes de Rennes pendant ce mois de janvier 2018, qui viennent parler de la situation actuelle à l’intérieur (avant et pendant la grève des maton.ne.s).Dans cette période où les maton.ne.s (et leurs syndicats) prennent toute la place avec leurs discours réacs et sécuritaires, dans la rue comme dans les médias (qui relaient allègrement leur vomi), on voulait rendre visible ces lettres de Maïté et Marina, enfermées au Centre Pénitentiaire pour Femmes. On publie ces lettres, parce qu’au delà de ce contexte particulièrement dégueu, on voit toujours du sens à briser le silence, à exprimer notre rage et notre solidarité directe, avec les moyens qui nous semblent pertinents et par l’auto-organisation, pour la destruction de toutes les #prisons et du monde qui en a (...)

    #contrôle #social #aéroport #notre-dame-des-landes #/ #centres #rétention #transports #gratuits #contrôle,social,aéroport,notre-dame-des-landes,/,prisons,centres,de,rétention,transports,gratuits

    • Mais le cas de cette femme est symptomatique de ce qui se passe dans les prisons française. Comme le dit une autre femme qui a très bien connu les geôles françaises « la prison est une entreprise de destruction sociale ». À mon sens, le mal-être des surveillantes est justement la conséquence directe de l’augmentation de la répression et la déshumanisation croissante dans les prisons françaises. Elles demandent plus de sécurité lorsqu’elles créent elles-mêmes les conditions d’insécurité ; et cela veut dire pour nous les prisonnières, la dégradation croissante de nos conditions d’incarcération qui sont en fait nos conditions de vie. Nous savons toutes que plus d’oppression et plus d’humiliations se traduit par plus de rage et plus de violence.

      … et aussi

      Mais je voudrais surtout dénoncer leur façon de faire la grève, en tout cas dans cette prison, car les seules personnes qui avons subi les conséquences du blocage avons été les détenues et nos familles. En effet, ils ont empêché l’entrée aux médecins, aux personnes qui s’occupent du travail en détention, aux intervenants éducatifs et culturels, ainsi qu’aux proches qui sont venus nous rendre visite aux parloirs. Cependant, toutes les surveillantes, la hiérarchie pénitentiaire, Monsieur le Directeur, le personnel de la Direction Inter-régionale et tout le reste est bien entré. Et après ils et elles, les grévistes, se réclament comme étant des travailleurs et travailleuses qui luttent pour leurs droits.

    • La construction d’une nouvelle taule pour les femmes à Rennes n’est pas à l’ordre du jour et pour cause, cette centrale n’est pas surpeuplée. (CP = Centrale pour condamnée longue peine.)
      Maïté le dit dans sa lettre, ils isolent les récalcitrantes dans le D1, au milieu de 20 cellules vides.

      Nous avons toutes été témoins de la persécution et l’acharnement de l’Administration Pénitentiaire sur cette femme, laquelle a passé les derniers mois entre le confinement dans sa cellule, le QD (quartier disciplinaire), le D1 (une division de 20 cellules vidée de toute autre occupante à l’exclusion de la détenue maintenue en isolement total) et l’UHSA (unité psychiatrique réservée aux détenu.e.s du centre hospitalier Guillaume Régnier). Étant en fin de peine et voyant s’enchaîner punition sur punition, cette femme a tout simplement pété les plombs car sa situation était insupportable.

      Il y a des associations qui se bougent pour ne pas laisser ces femmes emmurées vivantes mais celles-ci ne doivent pas aller suffisamment dans le sens des autorités religieuses.

      La prison républicaine française ne pardonne pas celles qui veulent vivre librement et dignement leurs croyances religieuses. Je veux dire, leurs croyances religieuses musulmanes. Car lorsqu’on est catholique ou protestante, exercer sa liberté de culte est beaucoup plus facile entre ces quatre murs. Dans cette prison laïque, il y a trois sœurs catholiques, voilées, qui circulent tous les jours dans les cursives ou dans les divisions clef dans la main (je n’ai jamais vu d’aumônière musulmane en division). De même, à l’intérieur du CPF il y a une chapelle digne d’un village (avec ses curés, ses messes, ses célébrations et même ses visites d’évêques). Mais si une femme musulmane veut sortir de sa cellule avec la tête voilée, elle aura au nom de la laïcité un Compte Rendu d’Incident (CRI) qui l’expose à des sanctions disciplinaires et plus, à une accusation de radicalisation (!).

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      Le programme de substitution aux drogues dures est plutôt une bonne chose (subutex, méthadone...) le problème c’est le marché parallèle, comme à l’extérieur ça devient la drogue du pauvre et ouvert aux dérives. Je connais une fille qui a tirée 8 ans de cabane dont 4 à « la maison des milles lourdes » de Rennes. Elle a failli me rendre chèvre.

      En premier lieu, la drogue. Il faut savoir qu’en prison, c’est un véritable fléau. Cependant, il faut savoir que le principal et plus gros dealer en prison est le service médical. En effet, contrairement à celles qui se procurent par leurs propres moyens leur hasch pour se faire un joint, l’UCSA fournit et distribue en toute légalité les drogues les plus dures, celles qui font le plus de dégât, des substitutifs de l’héroïne et de la cocaïne, avec l’entière complicité de l’AP car cela lui sert à isoler, à contrôler, à annihiler et à soumettre les prisonnières.

      http://prison.eu.org/spip.php?page=cartographie&id_organisation=288

      Mise en service en 1878, la prison des femmes de Rennes est le seul établissement pénitentiaire en France exclusivement réservé aux femmes. Il est situé en centre ville, à proximité de la gare SNCF. Le centre pénitentiaire de Rennes accueillit les femmes condamnées de la centrale de Montpellier à sa fermeture en 1933, puis celles de Haguenau et de Doullens au début de la guerre de 1940. De nombreuses résistantes y furent incarcérées, puis à la Libération, y furent regroupées les condamnées politiques aux travaux forcés. De 1953 à 1959, des travaux furent réalisés dans l’ancienne infirmerie, qui accueillit en 1962 les détenues FLN. Le domaine de 9 hectares comprend le centre pénitentiaire, la direction régionale des services pénitentiaires de Rennes et des logements pour les personnels.

      Que ce soit chez les hommes ou les femmes le mouvement de grève du personnel pénitentiaire se retourne une fois de plus contre les détenus.es.

      Devant ses proches, Emmanuel Macron a déploré la faiblesse des syndicats pénitentiaires et leur infiltration par le Front national. D’où, selon lui, leur dureté dans les prisons. « Les syndicats ne tiennent rien ! s’est-il plaint. FO-pénitentiaire est noyauté par le FN, ce qui explique sa position jusqu’au -boutiste. »
      A tel point que Nicole Belloutet a passé un coup de fil à Jean-Claude Mailly pour tenter d’obtenir une médiation de sa part. Réponse embarrassée du patron de FO : « Moi, je ne les connais pas bien, ceux de la pénitentiaire. »
      La garde des sceaux aurait peut-être dû appeler Marine Lepen...

      Le Canard enchaîné - 31 janvier 2018

  • « Il n’y a que l’amour qui nous fait venir dans les parloirs »
    Entretien avec Stéphane Mercurio et Chantal Vasnier sur les familles de détenus

    Propos recueillis par Clémence Durand et Ferdinand Cazalis

    Pendant que Stéphane Mercurio tournait son documentaire À côté (2007) sur les familles de détenus, elle a rencontré Chantal Vasnier, qui a passé 34 ans de sa vie à aller voir en prison Georges Courtois, son ex-mari. Entretien croisé.

    http://jefklak.org/?p=3209

    Il y a des moments assez forts dans le film, avec certaines femmes qui craquent, et qui sont soutenues par les autres présentes…

    Stéphane : Certaines femmes qui viennent au parloir ont leur vie suspendue à la prison, comme si tout ce qui se passait à l’extérieur n’était qu’une parenthèse.

    Chantal : Je pense que j’ai tenu aussi longtemps parce que j’ai refusé de rentrer dans ce schéma. Mais quelqu’un comme Séverine dit aussi dans le film qu’en une heure et demie de parloir, elle a une relation d’amour plus forte que la plupart des gens qui vivent tous les jours dans la même maison. Dans À coté, il y a une dame, en larmes, qui dit : « On est punies d’aimer quelqu’un qui a fait une connerie. » Moi aussi, je le dis. Il n’y a que l’amour qui nous fait venir dans les parloirs pendant aussi longtemps, seuls les sentiments permettent de résister à tout ça. J’aurais pu me dire au bout d’un moment « ça suffit », mais c’est une question de lien entre lui et moi. Les détenus deviennent vite égocentriques. Ils s’imaginent que ce sont eux les victimes, c’est-à-dire que ce sont eux qui sont à plaindre, et ils ne se rendent pas compte de ce que les familles vivent. Moi, je n’ai pas vécu ça. Il ne m’a jamais imposé de venir à tel rythme, jamais reproché de ne pas être venue pendant trois semaines… J’ai fait mes choix et n’ai pas eu besoin de les réaffirmer durant toutes ses années de détention : si j’ai décidé de ne pas couper les ponts, autant aller jusqu’au bout. Cela dit, il ne faut pas s’obliger à y aller toutes les semaines.

    Stéphane : Je pense quand même qu’il y a une part très importante d’imaginaire dans ces relations. Parfois, elles viennent de rencontrer leur homme au moment où il est incarcéré, du coup, il y a une soif de vivre plus. Et une relation fantasmée.

    Chantal : Quand deux personnes se voient tous les jours, elles s’engueulent parfois, mais elles se réconcilient deux heures plus tard en général. Au parloir, si tu commences à t’engueuler, c’est fini, tu repars avec ça, et au parloir suivant, t’es toujours sur l’engueulade. D’un parloir à l’autre, la relation est suspendue. En même temps, un parloir, c’est un endroit où les familles ne vont pas raconter les ennuis qu’elles ont à la maison : le détenu ne peut rien y faire, il n’a pas besoin de s’inquiéter pour rien. En gros, il y a deux sortes de détenus : ceux qui racontent les problèmes qu’ils ont à l’intérieur, et ceux, comme Georges, qui ne se plaignent jamais de leurs conditions de détention devant leurs proches.

    Stéphane : Mais ce silence crée du fantasme aussi… Il y a beaucoup d’angoisse sur ce qui peut arriver à l’intérieur. Quand je me suis rendue à Rennes pour tourner la première fois, j’avais entendu parler de l’histoire de Georges Courtois, et je savais que Chantal allait dans la maison Ti Tomm. Je me disais qu’elle connaissait trop bien la prison, et que je préférais rencontrer des femmes qui découvraient cet univers, pour que le spectateur le découvre avec elles. Mais la première fois que j’ai filmé Chantal, Georges n’était pas là, elle n’avait pas pu le voir, et je l’ai vue littéralement nouée par l’angoisse, en train de se demander ce qu’il avait pu arriver, s’il était ci ou ça, s’il était chez le juge… Je me suis dit « Au bout de tant d’années, elle est toujours prise par cette angoisse ! » Je trouvais ça incroyable : qu’on ne s’habitue pas. Toutes les familles vivent dans la peur. Je me souviens d’une maman qui se demandait à chaque fois si elle allait retrouver son fils entier. Elle ne disait pas clairement ce qu’elle craignait, mais j’imagine qu’elle avait peur des suicides, des bagarres, des viols, de tout ce qu’on pense sur la prison…

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      Un détenu reçoit des paquets. On peut les lui confisquer sans l’avertir. Ainsi Georges Courtois a découvert des mois après que des livres qui lui étaient adressés par des amis nantais étaient consignés par l’administration pénitentiaire. L’amie d’un autre détenu s’est vue remettre à #Nantes un paquet d’une vingtaine de ses lettres, qui n’ont jamais été remises depuis des mois : l’adresse, le numéro de cellule, tout y est, sauf le numéro d’écrou. Arbitraire total, d’autres lettres sans numéro d’écrou arrivent parfaitement. Plus qu’une simple tracasserie, cette mesure sert à désespérer le #taulard qui se dit que sa #femme l’a abandonné. L’effet est double sur cette femme qui ne peut comprendre pourquoi il ne répond jamais. Qui a intérêt à ça ? Personne vraiment, mais c’est un genre de #double_peine permanente.

      Vêtue d’un pantalon comportant une ceinture métallique qui sonne au portique, une femme ne peut aller voir son homme au #parloir. C’est prévu. Un jogging de remplacement lui est prêté. Sauf que le surveillant le lui tend sans vestiaire pour se changer. Elle doit se déshabiller devant lui. Imaginez le moral et la rage du détenu quand il apprend l’humiliation de sa femme.

      À la maison d’arrêt de Nantes, un autre taulard bénéficie d’une sortie pour les obsèques de son beau-père, qui l’a élevé. Pour acheter des fleurs, il demande qu’on lui sorte un peu d’argent sur son pécule gagné par son travail en prison. Refus tout net des surveillants.
      Après des rencontres avec leur famille au parloir, certains détenus subissent une fouille à corps par un surveillant qui enfile un gant pour sonder d’un doigt dans le cul l’éventuelle cachette intime. Une humiliation de plus évoquée par très peu de détenus, par pudeur d’une atteinte proche d’un viol.

      La brimade la plus usuelle, c’est les changements de prison. En un mois, Georges Courtois en a subi trois. Sans que jamais la famille ne soit avertie. Ni l’avocat, qui se casse régulièrement le nez en allant voir un client changé d’adresse. Du coup, femmes et #enfants se retrouvent devant une grille sans que l’administration ne divulgue la nouvelle destination. Faut attendre une lettre du détenu après déménagement, ou obtenir le rencard du service social. Alors qu’une bonne agence de voyage en annexe aux parloirs, ça ferait quand même plus classe.

      http://www.lalettrealulu.com/Peine-perdue-Brimades-des-moeurs_a1178.html

      http://www.jetfm.asso.fr/site/stockage/destination_loubards/destinationloubards46courtois1.mp3
      http://www.jetfm.asso.fr/site/Entretien-avec-Georges-Courtois.html
      http://www.jetfm.asso.fr/site/stockage/destination_loubards/destinationloubards%2047%20courtois%202.mp3
      http://jefklak.org/?p=2609

      A Micha
      « Le #couple dont l’un des deux est en prison peut-il vivre autrement qu’au rythme de la prison ? La société qui a quelque part mauvaise conscience, va faire pression sur la #femme_du_taulard. On lui tient un double discours : "Reste, il a besoin de toi" et par ailleurs : "Vis, bouge, ne t’enferme pas avec lui". On nous parle de dépendance quand on comptabilise les heures et les kilomètres consacrés aux parloirs. Mais le foyer du prisonnier est au parloir. Si la maudite table qui nous sépare peut avoir quelque valeur de symbole c’est en la comparant à la table familiale. Elle est aussi le lit d’amour, ô dérision ! Mais il faut faire avec. J’ai toujours été étonnée de l’incohérence de la société vis-à-vis de ses prisonniers. Elle leur impose un temps de non-vie qui se déroule, immuable, sur des années. Et sous prétexte d’ouverture elle introduit dans ce temps inexorable le temps des gens libres avec ses caractéristiques qui ne peuvent avoir leur raison d’être que dans le fait qu’ils sont libres. Par exemple l’enseignement en prison qui ne se fait, par les instituteurs détachés, que pendant le temps qui est imparti aux enfants à l’extérieur : aux vacances scolaires, plus d’enseignement en prison. Pour les prisonniers c’est le retour à la cellule et à l’inactivité. Comment ne voit-on pas ou ne veut-ont pas voir une telle incohérence ? Ce sont les femmes de parloirs que l’on taxe d’incohérence car elles viennent partout les temps et même pendant les sacro-saintes vacances de la société de consommation, impassibles au temps des autres ; et ça dérange cette constance hors du temps, hors des règles, hors du commun. Quelle cohérence y a-t-il à suivre dans le temps-prison l’homme que j’aime enfermé ? C’est ça aimer un prisonnier. »
      Duskza

      http://prison.eu.org/rubrique.php3?id_rubrique=520